Recherche de Fonds [fr]

[en] Basically, some version of A Day at the Frankfurter Buchmesse.

Je reviens de Francfort avec les idées un peu plus claires. Même si cette dans l’ensemble peu encourageant, j’ai trouvé à la foire du livre des informations qui me permettent d’avancer. En particulier, une discussion avec le responsable de l’ASDEL et une autre avec Hunter Lovins et mon ami Joi Ito m’ont fourni des informations précieuses.

Tout d’abord, j’abandonne mon espoir un peu naïf d’obtenir une avance via un agent ou un éditeur. Le monsieur de l’ASDEL (dont j’ai oublié le nom) m’a fait remarquer qu’il fallait vendre beaucoup d’exemplaires (500 déjà !) pour pouvoir donner ne serait-ce que CHF 1000 à un auteur. De ses mots : « il n’y a aucune raison que les éditeurs entretiennent certains auteurs pour qu’ils puissent écrire… » ou quelque chose comme ça.

Certes. En attendant, je trouve qu’il y a quelque chose de cassé avec ce système. Je ne parviens pas encore tout à fait à mettre mes pensées à ce sujet clairement en mots. Je pense que cela a quelque chose à voir avec le fait que ce n’est pas en se pliant aux impératifs économiques que l’on fait avancer le monde. Enfin si, chercher à être rentable fait bouger les choses, mais je remarquais l’autre jour que les « amateurs » avaient un avantage sur les « professionnels » : il peuvent se consacrer à leur passion sans se soucier de sa rentabilité.

Je digresse un peu. Pour en revenir à ma situation, me lancer dans l’écriture d’un livre est quelque chose de stressant. C’est une entreprise difficile, mais dans laquelle je désire me lancer, d’une part parce que je crois vraiment qu’un livre au sujet des adolescents et Internet, à destination des parents et en français, sera utile à de nombreuses personnes (sans avoir pour autant la prétention de m’imaginer que ce sera un best-seller), et d’autre part parce que je m’écrire, et que je suis certaine qu’une fois dedans, je trouverai une certaine satisfaction personnelle à mener à terme un tel projet d’écriture.

Et sans vouloir avoir l’air de me plaindre (parce que c’est bien moi qui l’ai choisi), un statut d’indépendante s’accompagne d’un stress financier certain. Même si j’en aurais objectivement le temps, cela me rend d’autant plus difficile de me libérer l’esprit pour écrire (tâche qui n’est déjà pas simple en soi) alors que je « devrais » être en train de faire 50’000 autres choses pour améliorer ma visibilité professionnelle et attirer des clients (si tant est qu’une chose pareille est possible).

Bref, dans ces circonstances, très difficile de m’y mettre. Ne serait-il donc pas « raisonnable », d’un point de vue « société », qu’il existe un moyen pour me permettre de produire cet ouvrage qui — je l’espère — sera une aide précieuse à une génération de parents ? Vous voyez où je veux en venir… Je ne suis pas sûre des ramifications politiques de mes idées… Mais à une certaine époque, il y avait des mécènes ? (Non, je ne suis pas une artiste, je suis au courant…)

Encore une fois brève, parce que je vois que je divague franchement, j’abandonne l’idée d’obtenir une avance de la part d’un éditeur, et (à plus forte raison puisqu’il s’agit d’un projet à visée éducative) je vais simplement chercher un organisme qui consentira à subventionner ce projet. Cela doit bien exister quelque part ?

On m’a suggéré la Loterie Romande, mais d’après ce que je vois, elle ne subventionne que des institutions qui sont là à long terme. Je pense regarder aussi du côté de l’enseignement et de la santé, mais pour le moment, cela reste un peu vague. Ou précisément ? À qui m’adresser ?

Côté publication, par contre, cela paraît relativement simple : le marché est complètement saturé et les éditeurs croulent sous les manuscrits (encore plus en France qu’en Suisse). Faut pas rêver. Heureusement, à l’ère d’Internet, l’auto publication est presque devenue un jeu d’enfant, grâce à Blur ou Lulu.com, par exemple. Pourquoi aurait-on encore besoin d’un éditeur ?

Le monsieur de l’ASDEL (qui m’a d’ailleurs indiqué trois ou quatre éditeurs romands susceptibles de publier des ouvrages du genre du mien) me répond : « parce que l’éditeur, lui, sait ce qui est bon ». Donc, mise en avant du travail d’édition. Hunter Lovins, quant à elle, me dit qu’à moins de toucher une avance faramineuse, il n’est pas utile de s’encombrer d’un éditeur, et que l’expertise éditoriale que celui-ci peut apporter ne fait que mettre des bâtons dans les roues. D’après elle, le rôle principal de l’éditeur est de négocier avec l’imprimeur et les distributeurs, puis de prendre une généreuse part des bénéfices. En faisant un peu ses devoirs et avec un bon réseau, on peut facilement s’en passer. Son expérience avec les éditeurs est américaine cependant ; peut-on transposer ses conclusions à la Suisse ? Le désavantage, là, clairement, ce qu’il faut avancer l’argent pour l’impression.

Joi, lui, suggère d’auto-publier si je rencontre trop de difficultés à intéresser un éditeur. Une fois que le livre aura commencé à se vendre, et aura attiré un peu d’attention médiatique (online et offline), il devrait être plus facile d’en trouver un. Scénario optimiste je l’admets, mais c’est aussi vers celui-là que je penche. J’ai l’avantage d’avoir déjà un bon réseau, une crédibilité déjà établie dans le domaine, et une certaine maîtrise dans l’art de se rendre visible via Internet.

Dans tous les cas, la question de l’éditeur est moins urgente maintenant, puisque mon premier souci est de m’assurer une certaine tranquillité financière afin d’écrire. Si je décroche un mandat en or « au travail », ou que je gagne Lotto (il faudrait déjà commencer par acheter des billets), cela peut aussi jouer 😉

Très chers lecteurs, je fais donc comme d’habitude appel à votre soutien et à vos sages conseils. À qui m’adresser pour une demande de fonds ? Avez-vous des contacts directs avec des personnes qui pourraient m’aider ? Êtes-vous un riche mécène qui cherchait justement un auteur en devenir à subventionner ?

Il va sans dire que je prépare un dossier en béton qui démontrera que ce livre répond à un vrai besoin et qu’il se vendra extrêmement bien !

Note: article dicté, et pas vraiment relu, donc pas de craintes si vous voyez des fautes bizarres: c’est la faute au Dragon!

A Day at the Frankfurter Buchmesse [en]

[fr] Etat des lieux sur mes recherches de fonds et exploration du monde de l'édition pour mon livre sur les ados et internet. Envies de publier (via internet) des livres avec mes photos, aussi.

A month or two ago, I was chatting about my book project and decision to find funding to Joi. He suggested that a trip to the Frankfurt book fair might be useful.

First on, the Messe is just huge. I spent a morning there and just walked, and walked, and walked. Overall, I found my visit rather disappointing, though I did learn some useful things (though they weren’t exactly what I wanted to hear). Here’s the information I gathered, from a visit to the Swiss booth and discussions with a few people.

  • I have a list of Swiss (French-speaking) publishers, and a shortlist of 4-5 who could be suitable for my project.
  • Publishers, distributors, and bookstores are all part of the same organisation (in CH).
  • The market is saturated, publishers are swamped with manuscripts, and it’s even worse in France than Switzerland (so, I should stick with local publishers — the fact I’m already recognised as a local authority also pushes in that direction).
  • I can forget about a deal with an advance, so I need to look at other sources to finance the writing part (Loterie Romande, educational associations, foundations… I’ll hunt around a bit to compile a list.)
  • Swiss publishers don’t like agents, and having one might make it even more difficult for me to find a publisher.
  • The publisher deals with the printing guys to get the book published, and deals with the distribution guys to get it distributed. Hunter, a seasoned bookwriter, tells me that unless I’m getting a huge advance, having a publisher is not worth it — I can deal with printers and distributors myself. Will just have to check if this is a viable approach in the Swiss market.
  • The publisher is precious for the editing process, because he knows what is good and what is not, the head of this Swiss association tells me. Hunter, on the contrary, tells me this mostly gets in the way. A good editor can be precious but chances are I won’t be getting one.
  • If I go the self-publishing way (offline), then I’ll need funding for the printing, which could be a problem.
  • One option, which Joi suggests and I’d been getting at, is to start off by online-self-publishing (Lulu, Blurb, or another), and once there is enough buzz, sales, reviews, etc, approaching publishers.
  • I really need to work on a proper proposal, and I have a better understanding of what such a proposal needs to look like. I got some advice from talking with a publisher over dinner (thanks again!) and Chris Webb left me a pointer to his interesting series on book proposals in the comments to my previous post. From what I gather, the more there is in the proposal, the better.

So, where do I go from now?

  • Write a proper proposal in French (as the book will be in French). This obviously needs to be broken down into manageable pieces (GTD-style), and I realise that the big nasty bit for me is the outline. I have tons of ideas of stuff that I want to put in the book, but I’m not sure how to organise it all yet. I’ve been mind-mapping, but it’s a bit overwhelming and messy. So I’ll start by writing all the rest (the easy bits).
  • Write a project funding proposal which will probably not be as detailed as the one for the publisher.
  • Ask around for leads to getting funding, compile a list, send out funding requests with proposal.
  • Send the proposal to the 4-5 publishers on the list, once it’s done.

Language? Isn’t it kind of weird I’m speaking about this in English? On the other hand, I don’t want to “cut out” my English network by blogging exclusively in French about this book project.

All this thinking about self-publishing has given me the desire to put together one or more photo books. I’ve barely been printing since I went digital, and it’s nice to have photos in physical form too, as Moo‘s success demonstrates. My friend Andrea Lindenberg has put together a collection of her best riding show photographs — if you like horses, you should definitely check it out. She’s very talented.

My Flickr photo collection is approaching 10’000 photos. So, again, the inevitable choice problem. I’ll certainly make a book of my best Indian photos at some point (most of them aren’t on Flickr but are either slides (first trip), negatives (second trip), or digital-dumped-in-directories (third trip). I have a set called My Favourites, but it’s very out-of-date and doesn’t contain any recent photos. I can probably dig out the photos I use for Moo cards or stickers and add them, though.

Any opinions? If you see any photos of mine that you think deserve ending up in the (a) photo book, don’t hesitate to tag them “forthebook”. Thanks!

BarCamp Lausanne: former des « webmasters 2.0 »? [fr]

[en] Discussing the differences between skills of the old-school webmaster and the "webmaster 2.0" (eeek!) -- basically, a profile for the one to take care of site maintenance once we've done shiny 2.0 things with WordPress and plugins. It's a different skillset, and I'm not certain it's the same kind of person.

Samedi, à l’occasion du premier BarCamp Lausanne, j’ai animé une discussion sur l’avenir du métier de webmaster. Je pense que c’est un rôle qui se voit profondément transformé par l’arrivée du tout l’attirail « 2.0 », et qui est donc effectivement en voie d’extinction tel que nous le connaissons encore aujourd’hui. Je pense cependant qu’il reste une place pour ce que j’appellerai le « webmaster 2.0 », quelque part entre les consultants, développeurs, designeurs, professionnels de la communication ou autres qui se partage le gâteau 2.0.

Cela fait quelques années maintenant que « j’aide les gens à faire des sites » (c’est malheureusement principalement comme ça que je suis perçue — j’ai encore de la marge côté efforts en communication). Je me rends compte que si des outils magnifiques comme WordPress permettent de se libérer du webmaster pour de nombreuses tâches (c’est en effet un « argument de vente » : plus besoin de s’adresser au webmaster pour mettre à jour le contenu de votre site), ils ne sont tout de même pas autosuffisants : ils cessent des fois de fonctionner pour des raisons mystérieuses, il faut les mettre à jour, installer des plug-ins, faire des modifications mineures… Bref, ils requièrent de la maintenance.

Mon point de départ pour cette discussion lors de BarCamp était de mettre en regard les compétences du « webmaster » (j’expliquerai tout soudain les guillemets) avec celles qui seraient à mon avis nécessaires pour la maintenance de sites simples « 2.0 ». Ce rôle (je préfère parler de rôle plutôt que de « métier ») de webmaster disparaît-il, ou bien évolue-t-il ? S’il évolue, les compétences sont-elles assez similaires pour que ce rôle soit repris par la même personne, ou bien ce qu’il requiert un « background » différent ?

Donc, « webmaster » entre guillemets. Inévitablement, je vais parler ici en utilisant des clichés. Les webmasters qui me lisent ne se reconnaîtront probablement pas, et je le sais. Ce que je décris, c’est un des rôles un peu stéréotypés qui intervient dans l’écologie du site Web. Ce rôle (tel qu’il m’intéresse pour cette discussion) se retrouve dans des petites structures (petites entreprises, associations). Il y ait des professionnels qui portent le titre de « webmaster » dans des entreprises plus grandes ou avec plus de moyens, et qui font un travail qui n’a rien à voir avec ce que je décris ici. Le « webmaster » auquel je pense n’est souvent pas un professionnel de la branche, et ne fait probablement pas ça à temps plein. C’est quelqu’un que l’on paye à l’heure ou sous forme de forfait pour l’année, et dont on utilise les services de façon plus ou moins régulière.

Sandrine a eu la gentillesse de spontanément filmer le début de ma présentation, disponible en vidéo chez Google. Il y en a pour treize minutes, je vous laisse regarder si le coeur vous en dit.

Malheureusement, cela s’arrête lorsque la conversation démarre (le morceau le plus intéressant, à mon avis !) — j’imagine que des impératifs techniques sont entrés en ligne de compte…

Pour simplifier, même si je n’aime pas les étiquettes, j’ai proposé que l’on parle de « webmaster 1.0 » et de « webmaster 2.0 ».

Webmaster 1.0

  • FTP
  • mise à jour de contenu
  • HTML/DreamWeaver
  • scripts Perl/PHP
  • images (redimensionner, insérer dans HTML)
  • design (un peu)
  • mailing-lists/newsletter

Webmaster 2.0

  • mises à jour (versions) des « CMS 2.0 »: WordPress, Drupal, MediaWiki, PhpBB…
  • choisir et changer des thèmes/skins
  • compréhension de base du fonctionnement d’un CMS (applications Web PHP/MySQL, quelques notions de base de données, utilisation de PhpMyAdmin…)
  • (X)HTML/CSS, standards Web
  • installer des plug-ins

En fait, le rôle du webmaster 2.0 correspond un peu à celui d’un apprenti sysadmin. Cela reste un rôle technique, la gestion de la communauté étant à mon avis du ressort des personnes qui vont créer le contenu.

Ma motivation principale à tenter de définir ce rôle est en fait économique : bien sûr, un développeur ou un consultant un peu branché technique (comme moi) est tout à fait capable de remplir ce rôle de webmaster 2.0. Mais il n’est pas nécessaire d’avoir toutes les compétences d’un développeur ou d’un consultant pour faire ce genre de travail. Cela signifie qu’il ne devrait pas être nécessaire pour le client de payer du travail de maintenance relativement simple (même s’il requiert des compétences techniques qui dépassent celles de l’utilisateur lambda) à des tarifs de consulting ou de développement. Et personnellement, ce n’est pas (plus !) le genre de tâche que j’ai envie de faire pour gagner ma vie.

Mon expérience est que malheureusement, les personnes en place à jouer le rôle de webmaster 1.0 peinent souvent à acquérir par elles-mêmes les compétences nécessaires pour assurer la maintenance des sites « 2.0 » plus complexes techniquement. Si le webmaster 1.0 est souvent autodidacte, les compétences « 2.0 » sont à mon avis plus difficile à acquérir par soi-même — à moins d’être justement tellement immergé dans ces technologies que l’on est déjà un développeur.

Qui donc pourraient être ces « webmasters 2.0 » qui manquent à mon avis cruellement dans le paysage romand ? Peut-être serait-il intéressant de mettre sur pied une formation continue pour « webmasters 1.0 » ? Le problème avec ça à mon avis, ce que beaucoup de webmasters le sont à titre bénévole ou presque. Est-ce qu’il y a des CFC qui pourraient inclure ce genre de compétences à leur programme ? Pour le moment, la solution qui me paraît le plus immédiatement réaliste est de considérer ce rôle comme une étape de l’évolution professionnelle de quelqu’un. À ce moment-là, cela pourrait être un travail idéal pour des personnes en cours de formation.

Quentin Gouédard, à la tête de l’hébergeur unblog.fr, a suggéré lors de la discussion que ce genre de service pourrait être intégrée à une offre d’hébergement. C’est une idée que je trouve très intéressante.

J’aimerais revenir sur un pont qui a occupé pas mal notre discussion : il y un certain nombre de tâches de maintenance, qui même si elles sont techniques, sont encore relativement simples, et qui ne nécessitent à mon sens pas de faire intervenir des développeurs. Je pense qu’à l’avenir, on va avoir de plus en plus besoin — par intermittence probablement — de personnes ayant cet éventail de compétences, sans pour autant qu’ils aient une spécialisation plus poussée. Je pense aussi que (durant les quelques années à venir en tout cas) ces personnes devront avoir une présence locale. Le contact humain direct reste important, surtout pour des associations ou entreprises dont le métier premier n’est pas le Web.

J’ai conscience que ma réflexion n’est pas encore tout à fait aboutie. J’envisage en ce moment de former deux ou trois étudiants à qui je pourrais confier la maintenance (ou tout du moins une partie de celle-ci) des sites que je mets en place avec mes clients, pour un tarif raisonnable. Je ne peux en effet pas proposer à mes clients des solutions pour leur présence en ligne, si je n’ai rien à leur offrir côté maintenance. La maintenance ne m’intéresse personnellement pas en tant que tel, mais j’avoue ne pas avoir connaissance dans la région d’individus ou d’entreprises dont les compétences sont satisfaisantes et qui ne facturent pas des tarifs de développement (sauf ceux dont on a parlé, Samuel, et c’est justement la solution « étudiante »).

Avec un peu de chance, mes informations sont incomplètes, et quelqu’un va laisser un mot dans les commentaires en proposant ses services 🙂

Y a-t-il un webmaster (2.0) dans la salle ?

Ils parlent de cette discussion sur leur blog:

Informations et prévention: adolescents et internet [fr]

[en] An overview of the different talks and trainings I can do regarding teenagers on the internet. I can do them in English too, but most of my clients here are French-speaking. If you'd like more information about this in English, please leave a comment or drop me a line.

Alors qu’un ami me raconte un épisode désastreux de conférence consacrée aux “dangers d’internet”, je me dis qu’il est temps que je récrive à la directrice d’Action Innocence, avec qui j’ai eu une discussion tout à fait sympathique et intéressante il y a quelques semaines.

“Déçue en bien”, comme on dit par ici. Si nos avis divergent quant au risque réel que courent les enfants et adolescents d’être victimes de pédophiles à cause de leurs activités en ligne (chat, diffusions d’informations personnelles) nous sommes assez sur la même longueur d’onde pour le reste, ce qui me réjouit, vu l’important travail de prévention que fait Action Innocence dans les écoles de la région. (Après, on peut discuter des détails. Je n’aime personnellement pas trop leur matériel, par exemple, que je trouve alarmiste, mais dans le fond, on cherche la même chose: informer et prévenir sans diaboliser internet.)

Le mail que j’ai envoyé contient des informations sur le travail que j’accomplis dans le domaine “adolescents et internet”. Comme c’est une assez bonne synthèse et que mon site professionnel n’est plus trop à jour (quand je dis que la meilleure formule de site professionnel c’est le blog, je ne rigole pas!), je vais reproduire-adapter tout ça ici.

Donc, voici quelques informations sur les services que je fournis dans le contexte “éducatif” ou “adolescents et internet”, et mes tarifs. Je suis toujours ouverte à d’autres propositions — je n’ai pas de “liste de prestations” fixe dont je ne dévie pas.

Conférences

Généralement dans des écoles/associations. Approche information-prévention. Contenu adapté aux besoins du client (général, accent sur les blogs, accent sur le chat, la permanence des contenus numériques), et même si nécessaire en réaction spécifique à des “problèmes” concrets qui ont été rencontrés.

Parents: visite guidée de l’internet social, discussion des risques et difficultés rencontrés par les ados en ligne (environ 1h30)

Enseignants, Educateurs: présentation des différents outils de l’internet social, utilisation par les adolescents (+risques), ouvertures pédagogiques (45-90 minutes)

Adolescents, Elèves (dès la 5ème): adapté à la tranche d’âge, en groupes de 2-3 classes max. (environ 50 élèves), sensibilisation aux différents enjeux d’une présence active en ligne, prévention contre les risques qu’ils peuvent y rencontrer (45-75 minutes)

Formations

Diverses formations sont possibles, contenu précis à négocier au cas par cas. Exemples:

  • formation plus spécifique de responsables informatique, médiateurs, animateurs santé aux enjeux liés à la socialisation sur internet
  • formation d’intervenants “prévention/information” (générale ou spécifique, théorique ou pratique)
  • comprendre les mondes virtuels (Second Life) et les dynamiques relationnelles dans les relations “online”
  • technique: ouvrir un blog et l’alimenter
  • applications pédagogiques du blog, du wiki, et des outils associés
  • accompagnement lors de projets pédagogiques utilisant internet

Tarifs

Mes tarifs évoluent, mais au jour d’aujourd’hui, ils sont les suivants pour les écoles et autres clients “éducatifs-non-lucratifs”: dès CHF 500 par demi-journée, minimum une demi-journée (+ frais).

Par exemple, si je viens à midi, que je fais deux conférences pour des élèves l’après-midi, et une pour les parents le soir, on arrive à deux demi-journées = CHF 1000

Une conférence isolée compte comme demi-journée, donc CHF 500. Mais si je fais une conférence + une réunion dans la même demi-journée, c’est le même prix.

Pour les mandats plus complexes ou longs (formation, accompagnement de projet), les tarifs sont à discuter et fixer pour le mandat dans sa globalité.

A mon propos

J’approche internet comme une culture étrangère avec laquelle il faut se familiariser, afin de la connaître et de la comprendre. Je suis immergée dans cette culture depuis maintenant bientôt dix ans, et je la comprends en profondeur aussi bien de l’intérieur que de l’extérieur, avec le recul que me donne ma formation universitaire en sciences humaines.

BarCamp à Lausanne le 29 septembre [en]

[fr] BarCamp in Lausanne, September 29th. Come and join us!

Réservez la date du 29 septembre : BarCamp débarque à Lausanne !

BarCamp Lausanne Banner

Barcamp ? C’est un rassemblement informel, généralement d’un week-end, de personnes qui vont échanger leurs expériences, réflexions, et savoirs. Disons que le thème qui rassemble ces gens est Internet, au sens très large : il sera donc question de technologie, mais aussi de toutes les problématiques stratégiques, économiques, sociales, et même philosophiques touchant aux bouleversements numériques que vit notre époque. Et si un autre sujet pointait le bout de son nez… Il serait bien entendu le bienvenu.

Ce n’est donc pas une conférence : c’est une non-conférence. Un BarCamp est initié par une personne ou un groupe de personnes, et souvent sponsorisé, car l’événement est généralement gratuit pour ceux qui y participent. Chacun est encouragé à mettre la main à la pâte en aidant à l’organisation ou à l’animation de la journée, en faisant une démonstration, une présentation, en modérant une discussion, ou au minimum en étant un auditeur actif lors des séances. Si vous êtes curieux, allez donc lire comment le concept est né.

Vous l’aurez compris, le succès d’un BarCamp repose sur la participation de la communauté, et non sur les épaules d’une ou deux personnes qui organiseraient le tout pour les autres. Le BarCamp sera ce que l’on en fera. Ce n’est pas un événement totalement anarchique, cependant : il y a quelques règles.

  • 1ère règle: Tu parleras de BarCamp.
  • 2ème règle: Tu blogueras à propos de BarCamp.
  • 3ème règle: Si tu veux faire une présentation, tu dois inscrire ton sujet et ton nom dans un slot de présentation.
  • 4ème règle: Des intros de trois mots seulement.
  • 5ème règle: Autant de présentations à la fois que l’infrastructure le permet.
  • 6ème règle: Pas de présentations réservées à l’avance, pas de touristes.
  • 7ème règle: Les présentations iront tant et aussi longtemps qu’elles le doivent, où jusqu’à ce qu’elles se heurtent à l’heure de début de la présentation suivante.
  • 8ème règle: Si c’est votre première fois à BarCamp, vous DEVEZ présenter. (Bon, on ne va pas vous forcer, mais essayez de trouver quelqu’un avec qui présenter, ou posez des questions et soyez un participant actif.)

source

Concrètement ?

« Ah oui, sympa, je vais venir voir mais je présenterai quelque chose la prochaine fois… »

Justement pas ! Un BarCamp, c’est justement l’occasion rêvée pour expérimenter, se jeter à l’eau, et prendre quelques risques. On est entre nous. Pensez « animer une discussion sympa avec une poignée de gens intéressés », et non « donner une conférence ex cathedra avec présentation PowerPoint léchée devant un parterre de 150 inconnus qui vont vous juger ».

Program for Blogcamp.ch

Chacun a quelque chose à raconter, à partager, à montrer, à discuter. On est tous des passionnés. Pas besoin de choisir un « grand sujet », digne d’un livre ou d’un dossier dans un magazine. Si vous êtes en panne d’inspiration, demandez à vous lecteurs, ils sauront, eux. Si vous êtes prêts à vous lancer, voici un article (en anglais) qui vous donnera de bons conseils.

« Mais c’est tout en anglais ! On est en Suisse romande, non ? »

La page d’organisation de BarCamp Lausanne est effectivement en anglais, mais l’événement lui-même est multilingue. Les présentations et discussions peuvent avoir lieu en n’importe quelle langue (mais merci de préciser !)

Vu le côté inévitablement un peu « local » de ce genre d’événement, on peut s’attendre à ce qu’il y ait une majorité de francophones, mais il y aura aussi certainement des gens venant de plus loin, ou quelques-uns de nos amis suisses-allemands.

Donc, voilà. La langue, j’avoue que c’est un sujet un peu flou, et malgré mes grandes réflexions sur la pluralité linguistique, je ne suis pas certain qu’elle serait la meilleure formule. On verra donc ce qui se passe ! Ce qui est certain, en tout cas, c’est que ce ne sera pas monolingue, et qu’il y aura donc la place pour tout le monde !

Bloggy Friday de septembre vendredi! [fr]

[en] Friday, meeting of local bloggers in Lausanne, Café de l'Evêché.

Pour une fois, je suis en Suisse, et libre, le premier vendredi du mois — date du traditionnel Bloggy Friday quelque peu négligé ces derniers mois.

Et en plus, Sylvie a pris les devants pour organiser. Allez vite vous inscrire dans les commentaires de son billet!

Rappel: le Bloggy Friday est une rencontre toute à fait informelle de blogueurs du coin (c’est volontairement vague). On se retrouve au Café de l’Evêché, au centre de Lausanne, pour manger une bonne fondue (ou autre chose si le coeur vous en dit). On parle des fois de blogs, souvent d’autre chose. Pas besoin de faire partie d’un “club” ou de montrer patte blanche pour venir (juste une adresse de blog, tout de même).

Je me réjouis de vous voir vendredi!

Blog du Paléo [en]

[fr] A quick feedback I gave about the blog of a local (but very popular) festival.

Une fois n’est pas coutume, je vais essayer de faire court. (Je soutenais hier à mon examinatrice de demi-licence de philo 😉 qu’on pouvait faire très court sur un blog, qu’il suffisait d’aller regarder, par exemple, le mien… ahem. Oui je sais, je suis la reine de la tartine.)

J’étais au Paléo hier sur invitation de l’association CIAO (je suis leur partenaire pour le thème internet), ce qui tombait bien, car j’adore les feux d’artifices de ce festival. Bref, avant de partir, j’ai fait un petit tour sur le site du Paléo et j’ai découvert qu’ils avaient un blog. (Je l’ai appris plus tard, une expérience “assez à l’arrache” (sic), donc tout à fait pardonnable qu’il y ait des choses à redire.)

Vous me connaissez, je suis à peu près incapable de la fermer. J’ai donc laissé un petit feedback concernant ce blog dans leur forum, qui a d’ailleurs été fort bien reçu. Je le reproduis ici:

  • dans l’ensemble, le blog part dans la bonne direction. Infos un peu “coulisses”, je crois que c’est la direction à donner à un blog de festival.

  • côté ton, par contre, ça varie selon les rédacteurs. Nombre de billets sont trop “journalistiques” (pas un compliment en l’occurrence, les journalistes font parfois les pires blogueurs). Un bon truc pour trouver le ton: parler en “je” (ça aide à être un peu “personnel”, sans pour autant que ça doive faire “journal intime”) et choisir comme public-cible de ses écrits un group d’amis qui nous apprécie.

  • dommage que le blog ne soit pas plus mis en valeur ailleurs sur le site (e.g. intégrer à la page d’accueil un flux RSS avec titres des derniers billets, voire — au secours! — le blog entiter?) L’année prochaine peut-être?

  • les commentaires… quel dommage de les rediriger vers ce forum, où il faut s’inscrire, cliquer dans l’e-mail de confirmation, se connecter! Le plus gros risque avec un blog, c’est de ne pas avoir de commentaires — pas d’être débordé. Tout ce qui rend la conversation facile est bienvenu, et tout ce qui pourrait être un obstacle est à proscrire (jusqu’à preuve d’éléments nuisibles parmi le lectorat).

  • quelques détails concernant la maquette: liens “haut” un peu désuets, pas de permaliens (si je veux faire un lien vers un article depuis mon blog, je fais comment?), pas de flux RSS pour s’abonner… etc. On dirait que le moteur de blog a été “fait sur mesure”, ce qui est une solution que je déconseille absolument, à moins d’avoir des moyens considérables à disposition et une bonne connaissance des outils de blog (on ne s’improvise pas créateur d’outil de blog, même si on a une grande expérience dans la fabrication des sites web). Histoire de ne pas réinventer la roue, WordPress est un excellent outil, gratuit, et facilement intégrable à d’autre composantes d’un site.

Voilà! J’ajouterai juste, à nouveau, que si faire un blog est facile (tant du point de vue de l’installation de l’outil que de son utilisation), les aspects stratégiques et rédactionnels de ce média ne vont pas de soi. J’en profite pour vous envoyer regarder la vidéo que j’ai enregistrée il y a quelque temps déjà, et qui tente d’expliquer cet apparent paradoxe: bloguer c’est super facile, mais se former pour le faire correctement n’est pas superflu.

MySpace supprime les profils de 29'000 "délinquants sexuels" [en]

Il y a quelques jours, on a attiré mon attention sur cet article de la BBC, qui rapporte que le site MySpace (une sorte de super-Skyblog d’origine américaine) a supprimé de son site les profils de 29’000 “délinquants sexuels” (“sex offenders”).

J’ai écrit deux billets à ce sujet en anglais, qui ont reçu pas mal de couverture dans la blogosphère anglophone. J’ai aussi été interviewée par la radio BBC World suite à mon message leur signalant ma réaction.

Ces deux billets comportent un résumé bref en français que je reproduis ici pour plus de commodité.

MySpace exclut de son site 29’000 “sex offenders” (des gens qui ont été accusés de crimes sexuels) enregistrés. C’est problématique d’une part car suivant l’Etat dans lequel elles ont été condamnées, ces personnes enregistrées peuvent être coupables de choses aussi anodines que: relations homosexuelles, nudisme, uriner dans un lieu public, faire l’amour dans un lieu public, etc. D’autre part, je rappelle les chiffres provenant d’une récente étude sur les crimes sexuels impliquant des minteurs, qui vont à l’encontre de l’idée qu’on se fait habituellement de ce genre de cas. En agissant ainsi, possiblement poussés par la paranoïa ambiante, MySpace contribue à cette paranoïa. Je regrette que la presse joue systématiquement le jeu de la peur et ne se fasse pas l’avocate d’une attitude moins paniquée face à la question des prédateurs sexuels en ligne. (En résumé: les enfants courent plus de risques hors ligne qu’en ligne, et probablement bien plus à chaque fois qu’ils montent dans une voiture ou traversent la route…)

Stephanie Booth, MySpace Banning Sex Offenders: Online Predator Paranoia

Conseils aux parents (après mon interview à la BBC ce soir au sujet des “sex offenders” bannis de MySpace):

  • pas de panique, les prédateurs sexuels tels que nous les présentent les médias ne sont pas légion, votre enfant ne court pas des risques immodérés en étant sur internet;
  • dialoguez avec votre enfant; intéressez-vous à ce qu’il fait en ligne;
  • souvenez-vous que fournir des informations personnelles n’est pas un très grand risque; par contre, s’engager dans des relations de séduction avec des inconnus ou des amis adultes en ligne l’est.

J’ai écrit relativement peu en anglais à ce sujet jusqu’à maintenant. En français, lisez Adolescents, MySpace, internet: citations de danah boyd et Henry Jenkins, De la “prévention internet”, les billets en rapport avec mon projet de livre sur les adolescents et internet, et la documentation à l’attention des ados que j’ai rédigée pour ciao.ch.

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p class=”sig”>Stephanie Booth, Parents, Teenagers, Internet, Predators, Fear…

Donc, en faisant ma tournée sur technorati, pour voir qui a mentionné dans son blog l’article de la BBC, je suis tombée sur un billet en français qui se réjouissait de la nouvelle. Mon long commentaire à ce billet devenant trop long, j’ai décidé de le faire ici, sur mon blog, et du coup, de parler un peu de cette histoire pour mes lecteurs francophones:

Bonne nouvelle signée MySpace qui vient de supprimer 29.000 profils de délinquants sexuels américains errants sur son espace qui compte 80 millions internautes. La suppression a été effectuée grâce à son partenariat avec le bureau de vérification Sentinel Tech Holding Crop qui développe une base de données nationale de délinquants sexuels. La législation américaine facilite cette tâche car elle permet de consulter librement les fiches de ces déliquants sur le site du ministère de la justice…

M/S, MySpace a les yeux sur les délinquants sexuels

Comme je l’explique donc dans ma réaction à l’article de la BBC ce n’est pas une si bonne nouvelle que ça. Ce sont les états qui définissent ce qu’est un “délinquant sexuel”, et suivant où, on peut être sur une de ces listes pour avoir montré ses fesses en public. De plus, les profils supprimés seraient ceux où l’adresse e-mail fournie correspond à celle qui se trouve dans le dossier des délinquants sexuels. Vous pensez vraiment qu’un “pervers à la recherche de victimes” (et encore, voir plus bas pour ma réfutation de la forme qu’on donne au problème) serait aussi bête?

Aussi, la problématique des prédateurs sexuels sur internet est dramatisée et déformée par les médias. Tout d’abord, on perd de vue que la grande majorité des crimes sexuels sur mineurs impliquent la famille ou des amis proches de la famille (et non des inconnus ou “connaissances” provenant d’internet). Les cas faisant intervenir internet sont une minorité, et sont plus de l’ordre “relation de séduction d’ados” que “duperie et enlèvement d’enfants”. On peut légitimement se demander si une telle action de la part de MySpace est vraiment utile (il s’agit en fait plus de sauvegarder leur image), et si on n’est pas en train de se donner bonne conscience tout en évitant de faire de la prévention utile, mais quelque peu plus complexe (puisqu’il s’agit d’aller plonger dans la façon dont les adolescents vivent l’éveil de leur sexualité et de leurs premières relations amoureuses). Voir à ce sujet De la “prévention internet”, billet qui, au milieu de mes grands questionnements, aborde cette question.

Mon ami Kevin Anderson, journaliste américain vivant à Londres, a écrit un excellent billet au sujet de toute cette histoire suite à un interview assez frustrant qu’il a donné à la BBC: ‘Think of the children’. Yes, but also think about the journalism. Entre autres, il en appelle à la presse, qui couvre systématiquement ce genre d’événement selon l’angle “mon Dieu, ça grouille de pédophiles sur internet, enfin on fait quelque chose, mais est-ce suffisant?”

I am taking an issue with the format and the journalistic assumptions made. Yes, there is a problem here, but it’s not the one that is being shouted in the headlines. The facts don’t support the sensationalist story of a predator lurking behind every MySpace profile or blog post. As Steph points out in her posts, the threat to youth isn’t in them having blogs or being on social networks. The problem is one of emotionally vulnerable teens being preyed upon by opportunistic adults. It’s more complicated and less emotive than saying: Keep the paedos off of MySpace.

Kevin Anderson, ‘Think of the children’. Yes, but also think about the journalism

Après mon interview à la BBC il y a deux jours, j’ai envoyé à quelques (3-4) journalistes romands de ma connaissance un e-mail contenant un appel à une couverture plus “réaliste” que “sensationnelle” de cette histoire. Voici à quelques variations près le message que j’ai envoyé:

Vous avez peut-être entendu parler du fait que MySpace a “viré” de son
site 29’000 personnes se trouvant sur les listes de délinquants
sexuels tenues par les Etats aux USA. J’ai écrit une assez longue
réaction à ce sujet (en anglais) et me suis également faite
interviewer par la BBC.

En deux mots:

  • la définition de “sex offender” est problématique (dans certains
    états, on peut finir sur ces listes pour avoir montré ses fesses ou eu
    des relations homosexuelles)
  • une telle action de la part de MySpace (pour sauver leur image,
    principalement) est problématique d’une part car elle renforce la peur
    (peu justifiée) ambiante autour des prédateurs sexuels en ligne, et
    d’autre part car c’est une mesure peu utile car elle est déconnectée
    de la réalité des “problèmes/agressions à caractère sexuel” que
    rencontrent les ados en ligne.

[liens vers mes deux articles]

Je ne sais pas si c’est votre rayon ou non et si ça vous intéresse,
mais si vous connaissez quelqu’un qui serait susceptible de couvrir
cette histoire sous cet angle (un angle qui manque cruellement dans
les médias “traditionnels”) n’hésitez pas à leur dire de prendre
contact avec moi (+41 78 625 44 74).

Deux réponses intéressées à ce jour (une personne en vacances qui a retransmis le mail, et un quotidien local pour qui ce n’est peut-être pas évident de couvrir un tel sujet international). Je réitère donc ici mon appel: y’a-t-il une publication romande qui veuille relever le défi?

De la "prévention internet" [en]

[fr] Thursday evening, I went to listen to a conference given by a local high-ranking police officer who has specialised in tracking down pedophiles on the internet. His presentation was titled "Dangers of the Internet", and I was expecting to hear warnings about excessive pornography consumption and predators lurking in chatrooms.

That's exactly what I heard.

Before going, I had intended to blog viciously about the conference. I changed my mind. I changed my mind because first of all, I spoke up a few times during the conference to ask for numbers, give information I had gathered from other sources, or simply state my discomfort with some of the "official" messages targeted at kids to "keep them safe".

Then, after the talk, I went to have a chat with the speaker. I realised that we agreed on quite a few things, actually. Our angle is different when presenting, of course, and more importantly, his job is to hunt down pedophiles, not talk about the internet and teenagers to the public (which, in a way, is mine).

To cut a long story short, I had a few interesting conversations during that evening, which left me more motivated than ever to get on with my book project on the subject of teenagers and the internet. Problems are complex, solutions aren't simple. And around here, there is little money available to run awareness operations correctly.

Jeudi soir, je suis allée assister à une conférence sur les dangers d’internet, donnée par Arnold Poot, Inspecteur principal adjoint à la police cantonale vaudoise, spécialisé dans la traque au matériel pédophile sur internet. J’y suis allée prête à me retrouver devant le “discours attendu” au sujet des prédateurs sexuels sur internet. Je n’ai pas été déçue. Pour être brutalement honnête, j’avais aussi la ferme intention de bloguer tout ça, de prendre des notes, et de montrer méchamment du doigt les insuffisances d’une telle approche.

J’ai changé d’avis. Pas sur le fond, non. Je pense toujours qu’on exagère grandement le problème des prédateurs sexuels sur internet, et qu’à force de placer des miroirs déformants entre la réalité et nos discours, on finit par ne plus s’y retrouver. Par contre, je n’ai plus envie de démonter point par point la présentation qui nous a été faite.

Ceci n’est donc pas le billet que j’avais l’intention d’écrire. Attendez-vous donc à quelques ruminations personnelles et questionnements pas toujours faciles dans le long billet que vous avez commencé à lire.

Qu’est-ce qui a amené ce changement d’état d’esprit? C’est simple: une conversation. Au lieu de fulminer dans mon coin et de cracher du venin ensuite sur mon blog (mon projet initial — pas très reluisant, je l’admets), je suis à intervenue à quelques reprises durant la présentation pour apporter des informations qui m’amènent à avoir un autre regard sur certaines choses dites, et même pour exprimer mon désaccord face à une certaine conception de la prévention internet (“ne pas donner son nom ni d’informations personnelles”).

Il y a des semaines que je désire écrire un billet (toujours pas fait, donc) en français qui rend compte de la table ronde sur la victimisation des mineurs à laquelle a participé mon amie danah boyd, chercheuse travaillant sur la façon dont les jeunes construisent leur identité dans les espaces numériques. A cette table ronde, trois autres chercheurs actifs dans le domaine des crimes commis à l’encontre de mineurs. Je rentrerai dans les détails plus tard, mais si vous comprenez un peu d’anglais, je vous encourage vivement à lire ce que dit le Dr. David Finkelhor, directeur du Crimes against Children Research Center, en pages 3 à 6 de la retranscription PDF de cette discussion. (Le reste est fascinant aussi, je n’ai d’ailleurs pas fini de lire les 34 pages de la retranscription, mais l’essentiel pour comprendre ma prise de position ici se trouve dans ces trois-quatre pages.)

Mais ce n’est pas tout. Après la conférence, je suis allée discuter avec l’intervenant. Pour m’excuser de lui être ainsi rentré dans le cadre durant sa présentation, d’une part, mais aussi pour partager mon malaise face à certains messages véhiculés de façon générale autour de la question des pédophiles sur internet. Et j’ai été surprise.

Parce qu’en fin de compte, on était d’accord sur de nombreux points. Parce que son discours, comme il le dit, c’est celui “d’un flic qui arrête des pédophiles” — et pas autre chose. Son métier, c’est d’être policier, j’ai réalisé. Il nous a fait une présentation sur les dangers d’internet tels qu’ils apparaissent dans son quotidien de professionnel — ce qui n’est pas forcément la même chose que “rendre compte de la situation sur internet dans sa globalité” ou même “faire de la prévention”.

J’ai discuté longuement avec lui, puis avec deux enseignantes (dont une avait assisté à ma rapide présentation de l’internet social à la HEP en début d’année scolaire) qui font de la prévention internet dans les classes du primaire. Discussions intéressantes et sympathiques, mais où encore une fois, je n’ai pu que constater à quel point nous manquons de moyens (en fin de compte, cela reviendra toujours à une question d’argent) pour faire de la prévention “correctement”.

Je voudrais pouvoir former des gens à faire le genre d’intervention que je fais dans les écoles — et pas juste en leur donnant un survol de la situation durant 45 minutes. Mais qui, comment, avec quel argent? De plus, je réalise de plus en plus que pour faire de la prévention intelligente, d’une part il faut avoir identifié le problème (les dangers) correctement — ce qui est à mon avis souvent pas le cas lorsqu’il s’agit d’internet — et d’autre part, on retombe inévitablement sur des problèmes éducatifs de base (la relation parents-enfants, le dialogue) qui renvoient à un contexte de société encore plus général.

Que faire? Allez toquer chez Mme Lyon? Peut-être. Mais honnêtement, je n’aime pas “démarcher les gens à froid”, et je n’ai pas l’énergie pour ça. (Peut-être que je devrais le faire plus, mais pour le moment, c’est comme ça que je fonctionne.) Il y a assez de travail à faire avec les gens motivés, à moitié convaincus, ou au moins curieux, qui me contactent d’eux-mêmes. Oui, on critiquera peut-être, mais j’attends qu’on vienne me chercher. Ça changera peut-être un jour, mais je n’en suis honnêtement pas certaine.

Donc, que faire? Du coup, je retrouve un bon coup de pêche (pas que je l’avais perdue) pour mon projet de livre. Je crois que le public le plus important à toucher, c’est les parents, en l’occurrence. Et les gens “en charge de la prévention”. Peut-être qu’un livre serait utile.

J’ai fait plusieurs lectures ces derniers temps qui m’ont marquée. Tout d’abord, “Blink” et “The Tipping Point” de Malcolm Gladwell. Le premier s’intéresse à l’intuition, d’un point de vue scientifique. J’y ai retrouvé, exposées de façon bien plus précises, fouillées et argumentées, de nombreuses idées que j’avais fini par me faire, au cours des années, sur la question. Le deuxième examine ce qui fait “basculer” certains phénomènes: qu’est-ce qui fait qu’une idée ou une tendance à du succès? Il y parle de la propagation des idées, des différents types de personnalité qui y jouent un rôle clé, et donne aussi quelques exemples d’application des ces principes à… des problématiques de prévention.

Ensuite, livre dans lequel je suis plongée en ce moment: “The Culture of Fear” (Barry Glassner) — une critique sans complaisance de la façon dont la peur est promue par les médias et les gouvernements pour, entre autres, encourager à la consommation. C’est américain, oui. manchettes-peur Mais on est en plein dedans ici aussi: les chiens dangereux, le loup, l’ours maintenant, les étrangers bien sûr, les jeunes, la technologie… et les pédophiles tapis dans les chats sur internet, prêts à se jeter sur nos enfants sans défense. Ce n’est pas pour rien que le premier obstacle au bonheur est la télévision, où l’on nous rappelle sans cesse et si bien de quoi avoir peur et à quel point notre monde va mal.

Mes réflexions ces temps ont pour toile de fond ces lectures. Il y a aussi, dans la catégorie “billets jamais écrits”, “The Cluetrain Manifesto”. Achetez ce livre. Lisez-le. Ou si vous ne voulez pas l’acheter, lisez-le gratuitement sur le site. Ne vous arrêtez pas aux 95 thèses traduites en français que vous pouvez trouver sur internet. Le livre est bien moins obscur et va bien plus loin.

Bref, preuve en est ce billet destructuré, écrit petit bout par petit bout dans les transports publics de la région lausannoise, ça bouillonne dans mon cerveau. Et je me dis que la meilleure chose à faire, juste là maintenant, c’est de formaliser tout ça, par écrit. J’en parle, j’en parle, mais je réalise que je blogue très peu à ce sujet, parce qu’il y a trop à dire et que je ne sais pas très bien par où commencer. Quand j’ai décidé de partir cinq semaines aux Etats-Unis, je me suis dit que si rien ne se présentait côté “travail payé” (ce qui est le cas pour le moment, même si ça peut tout à fait changer une fois que je serai là-bas) ce serait une excellente occasion de me plonger sérieusement dans la rédaction de mon livre. Et là, je me sens plus motivée que jamais à le faire — même si au fond, je n’ai aucune idée comment on fait pour écrire un livre.

Merci Lausanne [fr]

[en] Lausanne has free wifi. Not absolutely everywhere, but almost. Unfortunately all my attempts to connect to this day had failed ("There was an error connecting to the network Wifi Ville de Lausanne"). This time, I decided to do something about it and headed for InfoCité (Place de la Palud). They were very helpful, rung up the multimedia guy and let me talk to him. He was very nice too. My wifi magically started working, but now I have the number to call next time it doesn't.

So here I am, sitting on the steps of the Place de la Palud, typing a blog post. Lovely.

Tout d’abord, merci pour le wifi gratuit. Aux Etats-Unis, tout le monde s’extasie devant le fait que San Francisco est en train d’offrir du wifi gratuit à ses résidents. Ici, dans le petit village de Lausanne, on est tout connectés dans divers endroits de la ville.

Et ensuite, merci pour l’excellent service clientèle: InfoCité à la Place de la Palud. Ils m’ont mis en contact avec le service multimédia (un très gentil monsieur) pour mon problème de wifi (qui s’est résolu tout seul, mais maintenant j’ai le numéro à appeler en cas de problème — 0213158282), ont appelé “M. Piétons” pour ma requête concernant une carte piétonne de Lausanne (pour la future-ex-automobiliste que je suis, et qui réalise que les chemins pour les pieds les plus efficaces ne sont pas ceux que l’on emprunterait en voiture), et m’ont même gentiment informée lorsque j’ai demandé comment faire ajouter un choeur à leur liste.

Me voici donc assise sur les marches de la fontaine de la Palud, en train d’écrire ce billet. Merveilleux.

Donc, merci. Ça fait plaisir quand les services fonctionnent et que les gens sont gentils — et ça arrive malheureusement assez rarement qu’il vaut la peine de le relever.