L'art de la modération: donner le ton [fr]

[en] How I approach moderation or "community management" of the facebook groups I'm admin of.

Une fois qu’un groupe Facebook existe et tourne, le travail n’est pas terminé. Tout comme on a soigné le démarrage, il faut soigner l’évolution.

Une communauté c’est quelque chose de vivant, et en tant que tel, dans un état de déséquilibre constant. De temps en temps il faut donner une chiquenaude pour que le déséquilibre ne se transforme pas en perte d’équilibre.

Comment on fait ça? Avec du tact, de la subtilité, et un sain rapport aux normes. Et quand? Tout le temps, souvent sans en avoir l’air. J’aime penser que si on fait bien son boulot, la plupart des gens ne remarqueront rien.

J’ai appris un principe extrêmement important lors de mes débuts comme blogueuse: la théorie de la vitre cassée. Appliquée au blog et à ses commentaires, ça donne: si tu n’effaces pas le spam de ton blog, tu en attireras plus. Ou encore: si tu laisses les gens faire de la pub dans tes commentaires, ça va encourager d’autres à le faire aussi. Si tu écris n’importe comment, les autres n’auront pas de scrupules à écrire en langage SMS.

Dans une situation sociale nouvelle, on tend à modeler son comportement sur ce qu’on peut observer. Ce qui est observable est donc très important: c’est le contexte. L’expression qui me vient toujours à l’esprit quand je pense à la modération, c’est “donner le ton”. “Modérer”, ça met trop l’accent sur “retenir les excès”. Alors oui, c’est ce qu’on fait, mais on s’y prend tellement plus en amont. C’est pour ça qu’en anglais on a commencé il y a quelques années à parler de “community management”, plutôt que “moderation”. Mais c’est un terme qui vient aussi avec son lot de casseroles, dont je parlerai peut-être une autre fois.

Concrètement, on va recadrer des comportements qui, s’ils s’intensifient ou se généralisent, risquent de mettre l’avenir du groupe en péril. Mais attention! Il ne s’agit pas de faire le flic et de tomber à bras raccourcis sur toute personne qui fait un pet de travers. Rien ne tue l’ambiance plus vite que le sentiment de se retrouver dans une cour de récréation, ou à l’école. Le ton va donc être capital.

Je vous donne un exemple de “recadrage sans en avoir l’air”: dans mon groupe pour indépendants, j’invite toujours les nouveaux venus à se présenter (une bonne pratique pour beaucoup de groupes, à mon avis). Je tourne ma formule d’invitation de façon à ce que ça parte dans la bonne direction, mais parfois, je lis des présentations qui donnent un peu l’impression que la personne est là pour “vendre son business”, alors que le ton du groupe est plutôt “entraide” ou “échange de pratiques”. C’est généralement subtil, mais quand je vois que ça part “visitez mon site pour en savoir plus sur ce que je fais et n’hésitez pas à me recommander autour de vous”, j’agis.

Ce que j’évite absolument: confronter directement la personne en disant, par exemple, “attention, ici l’auto-promo n’est pas bienvenue, on est ici pour partager nos préoccupations d’indépendants entre nous et s’entraider.” C’est techniquement correct, mais c’est beaucoup trop frontal. Si ça se trouve la pauvre personne ne pensait pas à mal et n’a même pas réalisé qu’elle mettait les pieds dans le plat.

Au lieu de cela, ce que je fais c’est relancer la personne sur quelque chose plus en ligne avec l’esprit du groupe: je la remercie de s’être présentée, et j’enchaîne avec, par exemple, “est-ce que tu as des préoccupations en tant qu’indépendant que tu voudrais partager avec le groupe? raconte-nous un peu ce qui fonctionne bien et moins bien pour toi dans ta vie indépendante.” Je pars du principe que tout naturellement, la personne va comprendre ce qu’on fait dans le groupe, et se rendant compte que personne ne fait de l’auto-promo, elle n’en fera pas non plus.

Après, si la personne persévère dans sa mauvaise route, il faudra peut-être être plus clair. Souvent, un petit mot en privé passe mieux qu’une remarque publique, mais suivant le contexte, ça peut être utile que ce soit public, car ça donne aussi un signal aux autres membres du groupe.

Pour la diplomatie, je ne sais pas trop quoi donner comme conseils, j’avoue. Ménager la “face” de l’autre (très intéressant: l’idée qu’une des choses importantes qui régit la communication c’est les questions autour de “garder/perdre la face”) tout en étant clair et ferme. Eviter les attaques personnelles, parler en “je”, être respectueux, un brin d’humour si c’est dans son tempérament. Et la diplomatie, c’est un continuum. On s’adapte à la situation. Si deux membres du groupe sont en train de s’insulter, on va probablement intervenir de façon plus sèche que si quelqu’un a juste posté une photo qui dévie un peu des préférences pour le groupe.

Autre exemple de modération “souple”: je fais partie de l’équipe de modération d’un groupe où les membres postent des photos de leurs chats (mais si, mais si). C’est la vision de base du groupe: des gens qui postent des photos de leurs chats ou qui en parlent, et qui gagatent dessus, plutôt que des lolcats et autres chats d’internet (ainsi que les inévitables annonces de chats perdus ou à adopter) que les amoureux de chats ont aussi tendance à partager.

On aurait pu être rigide et interdire tout ce qui n’était pas du “chat maison”. Mais ça, typiquement, c’est le genre d’approche qui va inévitablement mener au clash: qu’est-ce qu’on fait, quand un membre poste quelque chose qui n’est pas approprié? Le supprimer? Avec un groupe assez gros (plus de 500 personnes), on va passer son temps à “censurer”. Même avec un groupe plus réduit, une gestion à base “d’interdits” passe généralement plutôt mal.

Ce qu’on fait, alors, c’est qu’on revient aux principes: il s’agit d’un groupe de détente et d’échanges centrés principalement autour de nos chats. On peut donc y tolérer une certaine proportion de publications autres. La modération, dès lors, consistera à garder un oeil attentif sur cet équilibre, et à intervenir en douceur pour le rétablir s’il bat de l’aile.

De nouveau, l’approche “je fais une grande annonce frontale: ici on veut pas de chats d’internet” est à mon avis moins souhaitable sur le long terme que d’autres stratégies, comme donner les moyens aux membres du groupe de comprendre par eux-mêmes quel est “l’esprit” du groupe (via le descriptif, l’accueil qu’on fait aux nouveaux, l’exemple que donnent les membres actifs et modérateurs…).

Le résultat dans ce cas-ci c’est qu’on accepte la présence de publications “autres” (il m’arrive d’ailleurs même d’en publier moi-même!) — tout est une question de dosage. On va intervenir par contre (discrètement) si une même image est publiée à répétition (vous savez comment c’est avec les choses qui tournent sur facebook… je le vois aujourd’hui, toi demain, Louis dans une semaine), ou si sa nature s’oppose fortement à la “mission” du groupe (par exemple les photos d’animaux maltraités, pas terrible quand on vient sur le groupe pendant sa pause pour gagater sur le zolis chats…).

Vous l’aurez compris à travers ces deux exemples: j’ai une vision de la modération comme quelque chose qui se fait très en amont. On va être à l’affût de ce qu’en gestion de crise on appelle les “signaux faibles” (merci Fabienne!), les signes avant-coureurs d’une potentielle crise mais qui sur le moment semblent sans importance.

Après, si un crise éclate, il faut la gérer… Ça pourrait être un autre billet, tiens. Mais ce n’est de loin pas ma spécialité, alors on verra si je suis inspirée!

Un autre volet très important de la modération, sur lequel je ne vais pas m’étaler parce que cet article est déjà bien assez long, c’est d’encourager la participation positive. Ça se fait par l’exemple, en étant un membre actif et généreux de sa communauté (pas besoin toutefois d’être hyperactif): publier, répondre, participer… Mais pour de vrai, hein. Le faux, ça se sent. Et aussi en encourageant les autres à le faire, si le groupe devient trop calme et menace de mourir d’inactivité, par exemple. De nouveau, ça ne se fait pas forcément en disant aux gens “mais participez, bon sang”, mais par des moyens détournés: lancer un sujet qui sera bien repris, rebondir sur une publication faite ailleurs mais qui pourrait enrichir le groupe, etc…

Voilà! Le modérateur chanceux est celui qui fait un peu tout ça sans trop y réfléchir, parce que c’est dans sa nature. On peut toujours apprendre, bien sûr, mais l’investissement en énergie est du coup plus grand!

Similar Posts:

Synchronisez vos smartphones, sauvegardez vos données! [fr]

[en] Backups, backups.

Je suis régulièrement un peu estomaquée de réaliser combien mon entourage est vulnérable à la perte de données. Quelques suggestions.

Smartphone

Tout d’abord, synchronisez votre smartphone avec votre ordinateur. C’est trop con de perdre ses contacts avec son téléphone quand on pourrait en avoir une copie sur son ordinateur.

iCloud c’est bien joli (et c’est déjà ça) mais à moins de payer, ça ne suffit pas à sauvegarder toutes vos données. 5Gb d’espace sur iCloud… maintenant tout le monde ou presque a bien plus de données mobiles que ça. Sauvegardez donc votre smartphone sur votre ordinateur. Voici comment le faire sur un disque externe si c’est nécessaire (ça l’est pour moi, avec un iPhone de 64Gb bien plein et un disque dur de MacBook Air de 256Gb bien plein également).

Ça peut aussi vraiment valoir la peine (pour un iPhone) d’activer Find my iPhone, qui permet de le bloquer à distance en cas de perte. Attention cependant, ne l’activez pas sans réfléchir pour votre ordinateur, c’est un peu plus délicat côté conséquences possibles.

Ordinateur

Il vous faut des sauvegardes tant locales que distantes. Si vous en êtes encore à vous envoyer vos documents par e-mail ou bien à les mettre sur une clé USB, c’est le moment de vous mettre à la page. Avec Mac, il y a un truc qui s’appelle Time Machine. Achetez un disque dur externe, et utilisez-le Ça marche assez tout seul, faut juste penser à brancher le disque externe de temps en temps.

Une sauvegarde locale c’est déjà bien, mais ce n’est pas suffisant. Si quelqu’un vous cambriole et prend tout ce qu’il y a d’électronique chez vous, vous êtes mal. Ou si une autre catastrophe touche votre domicile… Bref, sans être catastrophiste, c’est relativement facile de se prémunir contre la perte de toutes ses données si ça devait arriver.

Pour vos documents, une solution assez simple peut être de tous les mettre dans Google Drive. J’ai fait ça récemment. Du coup je paie pour avoir un peu plus de stockage. Ça veut aussi dire que mes documents me sont accessibles depuis n’importe où. On peut aussi utiliser Dropbox pour ça. Ou Copy. Ou…

Mais il y a mieux. En plus de ça, utilisez CrashPlan. CrashPlan vous permet de faire une sauvegarde distante sur leurs serveurs (c’est payant) ou bien chez des amis. C’est là que c’est intéressant. Mettez-vous à deux ou à trois, achetez chacun un gros disque dur externe, et faites vos sauvegardes (encryptées bien sûr) les uns chez les autres avec Crashplan.

C’est vraiment trop bête de risquer de perdre ses données parce qu’on se fait voler son téléphone ou que son disque dur meurt.

3e #back2blog challenge (6/10), avec: Brigitte Djajasasmita (@bibiweb), Baudouin Van Humbeeck (@somebaudy), Mlle Cassis (@mlle_cassis), Luca Palli (@lpalli), Yann Kerveno (@justaboutvelo), Annemarie Fuschetto (@libellula_free), Ewan Spence (@ewan), Kantu (@kantutita), Jean-François Genoud (@jfgpro), Michelle Carrupt (@cmic), Sally O’Brien (@swissingaround), Adam Tinworth (@adders), Mathieu Laferrière (@mlaferriere), Graham Holliday (@noodlepie), Denis Dogvopoliy (@dennydov), Christine Cavalier (@purplecar), Emmanuel Clément (@emmanuelc), Xavier Bertschy (@xavier83). Follow #back2blog.

Similar Posts:

A lire: recherche académique sur les risques courus par les adolescents sur internet [fr]

Un des avantages déjà perceptibles de mes efforts pour passer de “penser mes journées” à “penser mes semaines” est que je recommence à donner un peu plus de priorité à mes travaux d’écriture et de recherche. Je suis ainsi en train de gentiment avancer dans la lecture de l’annexe C du rapport Enhancing Child Safety and Online Technologies, paru il y a déjà un an (!) et co-dirigé par mon amie danah boyd.

Toute personne qui prétend parler des risques que courent les enfants et adolescents sur internet devrait lire ce rapport. L’annexe C, par laquelle je commence mon exploration, est une méta-étude qui tente de rassembler toutes les recherches académiques publiés au sujet des adolescents et internet.

La lecture du livre Bad Science il y a quelques mois m’avait déjà sensibilisée à l’importance de ce genre de démarche, mais plutôt dans le domaine médical: plutôt que de se baser sur une seule étude, on fait le point sur toutes les études cliniques qui ont été faites pour tester un médicament (par exemple), les examinant pour des problèmes méthodologiques et compilant/comparant leurs résultats lorsque c’est pertinent. C’est comme ça qu’on survit aux études “contradictoires” (l’une montre que oui, l’autre montre que non — on les confronte).

On est donc ici bien loin des titres racoleurs d’articles dont le contenu sent bon la soupe de restes (on prend les mêmes et on recommence: “ne mettez pas en ligne ce que vous n’êtes pas prêt à assumer davant tout le monde, futur patron y compris, et Facebook n’est pas une exception”). Se plonger dans la littérature académique est d’autant plus important que la question de la sécurité en ligne de la jeune génération souffre douloureusement de la prépondérance des anecdotes sur les statistiques dans la construction de notre compréhension du monde. Dans l’édito du numéro 45 d’Allez Savoir!, le rédacteur en chef Jocelyn Rochat entre ainsi en matière:

C’est dur à accepter pour un intellectuel, pour un homme du chiffre et de l’écrit, mais c’est une réalité. Il est quasi impossible de trouver des mots ou des statistiques qui soient capables d’effacer une photo choc. Surtout quand l’image est géniale, et qu’elle pèse de tout son poids dans l’imaginaire collectif.

Jocelyn Rochat parle de deux sujets abordés dans le magazine: les Gaulois, que l’on croit connaître via Astérix (bien moins historiquement correct qu’on voudrait le croire), et le grand requin blanc, proclamé tueur d’hommes assoiffé de sang par le film Les dents de la mer. Réalise-t-il que nous sommes dans exactement la même situation avec le thème des “pièges d’internet” pour les jeunes, sujet d’un article en page 44 du même numéro. Là aussi, d’ailleurs, Allez Savoir! fait un assez bon travail de remise à l’heure des pendules, même si l’on pourrait à mon avis encore appuyer un peu plus fort.

Tout ça pour vous dire que maintenant, fin 2009, contrairement à il y a quelques années quand j’ai commencé à donner des conférences sur le sujet dans les écoles de Vaud et d’ailleurs, il commence à y avoir un sacré paquet de recherche académique sur le sujet. Grâce à internet, elle est à porté de souris et d’écran — il suffit de s’y plonger. Si l’on veut prendre des décisions fondées et faire de la prévention efficace, il est indispensable de comprendre correctement comment les jeunes utilisent internet et quels sont les risques réels qu’ils courent (pas juste ceux de nos fantasmes, colportés par les médias grand public à coups d’anecdotes frappantes mais… anecdotiques).

Quelques points de départ, donc (et oui, désolée, faut se taper l’anglais, pour la recherche académique — et la plupart des liens vont télécharger des PDF):

Quant à moi, je vais me remettre à ma lecture!

Similar Posts:

Cessons de paranoïer au sujet de la grippe A (H1N1) [fr]

Je salue brièvement au passage la page 3 du Lausanne-Cités d’aujourd’hui, qui via l’interview du médecin et éthicien Martin Winkler, s’élève contre la paranoïa ambiante au sujet de la grippe A.

Extraits choisis:

  • Au 6 août 2009, l’OMS recensait 1500 morts sur la planète… Chaque année, la grippe classique (A H3N2) fait entre 250 000 et 500 000 morts…

  • Dans le canton de Vaud, le médecin cantonal – en charge des mesures sanitaires – a laissé entendre qu’il convenait, dès à présent, d’éviter de se serrer la main et de s’embrasser. Qu’en pensez-vous?

    Que ça me fait penser à ce qu’on disait au moment où le SIDA faisait peur à tout le monde, qu’il ne fallait pas toucher une personne séropositive. Cette recommandation est anti-scientifique. Ca accentue la panique et l’inquiétude dans une société qui n’a pas besoin de plus de méfiance sociale qu’elle n’en a déjà. C’est la grippe, bon dieu, ce n’est pas la peste, le choléra ou la variole! Ne pas s’embrasser ou se serrer la main? Personnellement, je rejette ce genre de recommandation. Médicalement et éthiquement parlant, c’est inacceptable!

  • [L]’angoisse actuelle est majorée par la situation économique. Objectivement, personne n’a envie que les grands pays industrialisés soient paralysés par une épidémie, parce que ça ne serait pas bon pour les entreprises… donc, pour les actionnaires. Il y a là une indécence insupportable. Ce n’est pas la santé des populations qui inquiète nos dirigeants, c’est celle de l’économie.

Merci de faire votre contribution à la lutte contre la paranoïa auprès de votre entourage!

Similar Posts:

Facebook, employés et entreprises [fr]

[en] A radio talk show tomorrow will be devoted to facebook at the workplace. Swiss companies in general completely ignore facebook, and employees are often very naive in the way they expose personal information on their profiles. Teenagers aren't the only ones who need to learn about social media and how to use it responsibly: all newcomers make the same mistakes.

I've been giving talks on these topics in schools for a while now, and I'm looking forward to having the opportunity to do it in corporate settings too.

En tant que contributrice du Grand 8 à la Radio Suisse Romande, je reçois régulièrement (quotidiennement, probablement) un e-mail m’annonçant le sujet de l’émission du lendemain. Une ou deux fois, je suis allée laisser un commentaire (“contribuer”), mais la plupart du temps, pour être honnête, je zappe.

Pas aujourd’hui. Le titre? [Entreprises: craignez facebook!](http://g8.rsr.ch/?p=335) Titre un peu à faire peur, certes, mais bon, le mot “Facebook” a mon attention. Je lis. C’est pertinent. Je commente.

Extrait:

> Facebook, comme d’autres réseaux sociaux, fonctionne sur le partage d’information. De TOUTES les informations! On y trouve des souvenirs de vacances, des albums photos, des histoires plus ou moins salaces. On y lit les dernières aventures de nos “amis”, leurs exploits en tous genres, voire la dernière sortie avec les collègues de travail. Sans parler des groupes de discussions plus ou moins débiles auxquels on décide d’adhérer, parce qu’on y croit vraiment ou pour le fun. Du style “I hate les CFF” ou “I’m student and I work at Coop… shit”. Et pendant ce temps, que font les entreprises? Rien ou pas grand chose! D’après notre enquête réalisée auprès d’une dizaine de grandes entreprises suisses, à peine connait-on l’existence de Facebook. Pourtant, autant dire que certaines en prennent pour leur grade sur le net. Sans parler de l’image que certains employés peuvent véhiculer au travers de leur profil. Visiblement les entreprises ont une guerre de retard. Stéphane Koch parle carrément d’incompétence.

Entreprises: craignez facebook!

Comme je le dis dans mon commentaire, cette problématique n’a rien de vraiment nouveau. C’est le lot de ceux qui débarquent dans “l’internet relationnel”: on sous-estime sa visibilité, sa trouvabilité, et les conséquences que peuvent avoir nos publications sur nos vies (professionnelles par exemple). Les exemples (à ne pas suivre) abondent, mais l’éducation aux nouveaux médias manque cruellement.

L’éducation aux médias, il faut la faire non seulement dans les écoles, où je donne régulièrement des conférences pour parents, enseignants, élèves depuis bientôt 4 ans, mais également dans les entreprises.

Les personnes qui utilisent les réseaux sociaux comme Facebook pourraient vraiment bénéficier de quelques conseils avisés de la part d’une personne bien renseignée en la matière (suivez mon regard), et les personnes qui ne sont pas familiers avec, cadres ou collègues, trouveront certainement bien utile une petite “visite guidée” de ce monde aux allures parfois impénétrables.

Alors, j’attends. J’attends qu’on commence à [me contacter](http://stephanie-booth.com/fr/contact/) pour que je vienne donner ce genre de conférence en entreprise. Ça viendra, parce que même si les entreprises font l’autruche, comme le montre du doigt l’annonce du Grand 8 de demain, elle ne vont pas le faire éternellement. Les premières à sortir la tête du sable seront aussi les premières à avoir l’occasion d’apprendre comment tirer parti de tous ces médias participatifs — et pas juste à en avoir peur.

**Mise à jour jeudi midi:** après avoir écouté l’émission (que j’ai trouvée très bien) j’ai fait quelques commentaires en vidéo que vous pouvez écouter ici.

Commentaires sur le Grand 8 de ce matin
Je n’en fais pas beaucoup usage, mais je suis une ‘contributrice’ de l’émission le Grand 8 à la Radio Suisse Romande.
Ce matin, une émission au sujet de Facebook dans les entreprises, et l’attitude un peu passive de ces dernières face à certaines publications pas toujours très malignes de leurs employés.
http://g8.rsr.ch/?p=335 et http://climbtothestars.org/archives/2008/10/08/facebook-employes-et-entreprises/
Je recommande chaudement la lecture du livre The Cluetrain Manifesto (en anglais seulement malheureusement). Voir http://climbtothestars.org/archives/2007/12/07/blogs-en-entreprise-un-peu-en-vrac/

Recommandations de lecture pour entreprises et curieux (entre autres, The Cluetrain Manifesto).

*(Oui, je sais, je ne devrais pas me frotter le nez quand je fais de la vidéo, mais ça chatouillait!)*

Similar Posts:

Ressources for Parents and Teachers (ISL Talks on Social Networking) [en]

[fr] Quelques liens, points de départ pour mes deux conférences plus tard dans la journée (parents et enseignants, au sujet des adolescents et des réseaux sociaux comme Facebook).

I’m giving two talks today at the [ISL](http://www.isl.ch/), one for teachers and another for parents, about teenagers and social networking (that the request was specifically for “social networking” makes me happy, because we’re finally moving away from the whole “blog” thing). I think we’re moving away further and further from the “internet as library” metaphor, and the “internet as city/village” image is the one that most people are starting to have.

I have already gathered many links with useful information all over the place, but I think it’s a good thing to collect some of them here for easier access. If you’re reading this not long after I posted it, you’ll find a whole series of quotes in [my Tumblr](http://steph.tumblr.com/), too.

**General starting-points**

– my bookmarks tagged [teens](http://del.icio.us/steph/teens), [youth](http://del.icio.us/steph/youth), [fear](http://del.icio.us/steph/fear), [digitalyouth](http://del.icio.us/steph/digitalyouth), [edublogging](http://del.icio.us/steph/edublogging) (click on “related tags” at the top right of each page to explore more)
– search Wikipedia for [Bebo](http://en.wikipedia.org/wiki/Bebo), [Facebook](http://en.wikipedia.org/wiki/Facebook), [MySpace](http://en.wikipedia.org/wiki/MySpace), etc
– search [digital youth on Google](http://www.google.com/search?q=digital+youth) for educational resources and research
– visit [Facebook](http://facebook.com), [MySpace](http://myspace.com) or [skyrock](http://www.skyrock.com/) to explore or create a profile there

**Fear of sexual predators**

This is by large the most important fear linked to teenagers and the internet. Thankfully, it is much exaggerated and no more of concern than fear of predators *offline*. Three starting-points:

– [Predator Panic: Reality Check on Sex Offenders](http://www.livescience.com/strangenews/060516_predator_panic.html)
– [MySpace Banning Sex Offenders: Online Predator Paranoia](http://climbtothestars.org/archives/2007/07/25/myspace-banning-sex-offenders-online-predator-paranoia/) (contains relevant quotes and figures from [a 2007 research presentation](http://www.zephoria.org/thoughts/archives/2007/05/11/just_the_facts.html) one can view/read in full online)
– [My Advice to Parents](http://climbtothestars.org/archives/2007/07/25/parents-teenagers-internet-predators-fear/)

**The real issues**

You’ll see that these are much less “newsworthy” than sexual predators.

– privacy (in the sense of revealing too much about yourself or in an inappropriate context, which leads to embarrassement or social problems) — a look at Facebook privacy settings
– permanence of online media
– weakness of anonymity
– misunderstanding of how online interactions affect communication and relationships (“chat effect”, flame wars…)
– [slide-show of a presentation I gave](http://climbtothestars.org/archives/2006/10/01/teenagers-and-skyblog-cartigny-powerpoint-presentation/) about the kind of mischief teenagers get upto on blogs (what I managed to lay my hands on, with screenshots — no fear, it’s pretty mild)
– intellectual property (copyright)
– necessary to move away from a model of “education through control” as everything is available at a click of a mouse (age-restricted content like porn, shopping, gambling)
– rumors, hoaxes and urban legends (use [snopes.com](http://snopes.com/) to debunk them)
– bullying and many other unpleasant online phenomenons are also offline phenomenons, but sometimes less visible to adults; the core issue does not change — if these problems are addressed properly offline, then they will also be online
– [cyberaddiction](http://climbtothestars.org/archives/2007/03/06/technological-overload-or-internet-addiction/) is not common at all, despite what some articles might want to have you believe — unhealthy usage of the computer usually is not the problem in itself, but an element of a larger problem which needs to be addressed
– the jury is still out on [gaming](http://del.icio.us/steph/gaming) — though it’s clearly not healthy to be spending *too* much time immersed in interactive virtual worlds when you’re learning to get to grips with reality, it seems that participating in multi-player online games [can have a significant positive impact](http://spotlight.macfound.org/main/entry/gina_svarovsky_thinking_like_an_engineer/#When:19:52:00Z) on ability to work in teams and solve problems creatively

**Other links or comments**

– [Notes of round table discussion with 4 International School teenagers from the Geneva region](http://climbtothestars.org/archives/2008/06/12/lift08-david-brown-workshop-teenagers-and-generation-y/)
– [blog of “web2.0-enabled” educator Ewan McIntosh](http://edu.blogs.com/)
– [blog of danah boyd, PhD researcher on youth and digital spaces](http://www.zephoria.org/thoughts/)
– tip for teachers present in social networks where students are: make “public” part of profile “school-compatible”, don’t send out friend requests to students, but accept incoming ones (people outside the teaching sphere have similar issues between “personal life” and “business)
– the computer is not the only device which gives access to the living web
– [should parents spy on their kids online? (Facebook)](http://www.viddler.com/steph/videos/3/)
– a good book for parents: [Totally Wired: What Teens and Tweens Are Really Doing Online](http://www.amazon.com/Totally-Wired-Tweens-Really-Online/dp/0312360126)
– beyond teenagers, into business (there are many, but two pointers): [How Blogging Brings Dialogue to Corporate Communications](http://climbtothestars.org/archives/2007/09/24/how-blogging-brings-dialogue-to-corporate-communications/), and [The Cluetrain Manifesto](http://cluetrain.com/book.html), a book that gives you the bigger picture

I will probably add to this article later on, following the requests made during the talks. If you want to suggest a topic or ask a question, feel free to do so in the comments.

Similar Posts:

First Draft of Book Presentation [en]

[fr] Un premier jet de ce que pourrait être une présentation de mon projet de livre, en anglais.

*// Here’s a first draft of what a short presentation of [my book project](http://climbtothestars.org/archives/2007/10/08/a-book-on-teenagers-and-the-internet/) would be. Comments and nitpicking welcome. Is this convincing? Does it sound solid?*

#### A Book About Teenagers and the Internet

Teenagers are very active internet users. Parents and educators, however, less so. There is often quite a bit of confusion over what teenagers are doing online and how risky their online occupations are. Attitudes range from complete lack of interest (probably fuelled by fear of technological incompetence) to outright panic (particularly about sexual predators, with complicity of the media).

Adults who are not particularly internet-savvy (and even those who are familiar with it) need a sane guide to precisely what all this “online stuff” is about. What is beneficial? What is harmless? Where are the real dangers? How does being “totally wired” (in Anastasia Goodstein’s terms) influence relationships and social life?

This book will be is a guide to understanding today’s online world, aimed at parents, teachers, and educators. It will helps them make informed educational decisions about teenagers’ use of the internet. The focus will be is on de-dramatizing a lot of the “risks” the mainstream media have been very vocal about (sexual predators, for instance) and on promoting a deep understanding of how online and offline are integrated in teens’ lives. This brings about new issues with are maybe not dramatic, but which can be challenging for our youth, and which they should not have to face without the support of the adults they love or trust in their lives.

Part “tourist guide to the online world”, part essay, this book should be is a precious ally for those living or working with teenagers, and who sometimes feel at loss with what the internet is all about;, as well as contributing it also contributes to a more general understanding of how the internet is changing our lives.

#### About the Author

Stephanie Booth has been a very active and respected online citizen for close to ten years. After graduating in arts (Indian religions and culture, philosophy, French), she worked first as a project manager and then as a middle-school teacher. She left teaching in 2006 to devote herself exclusively to helping others understand internet culture and technology, and make good use of it.

An important part of her work has been giving lectures in French-speaking Switzerland about “the living internet” (blogging, instant messaging…) to teenagers, parents, and schoolteachers. Her extensive personal experience of “internet life” married to a strong academic background and her ability to explain tricky concepts to a variety of audiences in a down-to-earth and convincing fashion have led her to be recognized by both the media and school authorities as an expert on “teenagers and internet” issues.

She has been writing regularly on her blog Climb to the Stars for over seven years, both in English and in French. A lot of her thinking about the internet can be found there.

#### Contents

– Kids online, parents offline: why is it a problem?
– How teenagers use the internet: it’s a town, not a library
– Where can it go wrong?
– Core online publication issues: anonymity, permanence, findability
– How afraid should we be of sexual predators?
– How online communication affects relationships
– What can parents do?
– The bigger picture: media education

Similar Posts:

Public cible ou blabla promotionnel [fr]

[en] Who my book will be for: parents, educators, and people interested in how the internet is affecting our lives.

*// Je stocke sur mon blog les bouts que j’écris par-ci par-là — ça me permet de les retrouver, et je profite également de votre immense sagesse si vous décidez de me faire part de vos réflexions. (C’est pas obligatoire bien sûr, hein.)*

Cet ouvrage se veut à la fois un guide touristique de l’internet d’aujourd’hui, à l’attention de parents perplexes ou même perdus face à la vie en ligne de leurs enfants, et une réflexion sur l’impact de ces nouveaux espaces technologiques sur les relations humaines.

Il intéressera également ceux qui travaillent avec les adolescents (enseignants, éducateurs, psychologues) et toute personne qui se préoccupe des changements qu’amène internet dans nos vies.

Similar Posts:

Informations et prévention: adolescents et internet [fr]

[en] An overview of the different talks and trainings I can do regarding teenagers on the internet. I can do them in English too, but most of my clients here are French-speaking. If you'd like more information about this in English, please leave a comment or drop me a line.

Alors qu’un ami me raconte un épisode désastreux de conférence consacrée aux “dangers d’internet”, je me dis qu’il est temps que je récrive à la directrice d'[Action Innocence](http://www.actioninnocence.org/suisse/index.asp?antenne_news=22&navig=15), avec qui j’ai eu une discussion tout à fait sympathique et intéressante il y a quelques semaines.

“Déçue en bien”, comme on dit par ici. Si [nos avis](http://climbtothestars.org/archives/2007/07/27/myspace-supprime-les-profils-de-29000-delinquants-sexuels/) [divergent](http://flickr.com/photos/julianbleecker/385705252/) quant au risque réel que courent les enfants et adolescents d’être victimes de pédophiles à cause de leurs activités en ligne (chat, diffusions d’informations personnelles) nous sommes assez sur la même longueur d’onde pour le reste, ce qui me réjouit, vu l’important travail de prévention que fait Action Innocence dans les écoles de la région. (Après, on peut discuter des détails. Je n’aime personnellement pas trop leur matériel, par exemple, que je trouve alarmiste, mais dans le fond, on cherche la même chose: informer et prévenir sans diaboliser internet.)

Le mail que j’ai envoyé contient des informations sur le travail que j’accomplis dans le domaine “adolescents et internet”. Comme c’est une assez bonne synthèse et que [mon site professionnel](http://stephanie-booth.com) n’est plus trop à jour (quand je dis que [la meilleure formule de site professionnel c’est le blog](http://climbtothestars.org/archives/2007/09/08/comment-se-faire-connaitre-comme-independant/), je ne rigole pas!), je vais reproduire-adapter tout ça ici.

Donc, voici quelques informations sur les services que je fournis dans le contexte “éducatif” ou “adolescents et internet”, et mes tarifs. Je suis toujours ouverte à d’autres propositions — je n’ai pas de “liste de prestations” fixe dont je ne dévie pas.

#### Conférences

Généralement dans des écoles/associations. Approche information-prévention. Contenu adapté aux besoins du client (général, accent sur les blogs, accent sur le chat, la permanence des contenus numériques), et même si nécessaire en réaction spécifique à des “problèmes” concrets qui ont été rencontrés.

**Parents**: visite guidée de l’internet social, discussion des risques et difficultés rencontrés par les ados en ligne (environ 1h30)

**Enseignants, Educateurs**: présentation des différents outils de l’internet social, utilisation par les adolescents (+risques), ouvertures pédagogiques (45-90 minutes)

**Adolescents, Elèves (dès la 5ème)**: adapté à la tranche d’âge, en groupes de 2-3 classes max. (environ 50 élèves), sensibilisation aux différents enjeux d’une présence active en ligne, prévention contre les risques qu’ils peuvent y rencontrer (45-75 minutes)

#### Formations

Diverses formations sont possibles, contenu précis à négocier au cas par cas. Exemples:

– formation plus spécifique de responsables informatique, médiateurs, animateurs santé aux enjeux liés à la socialisation sur internet
– formation d’intervenants “prévention/information” (générale ou spécifique, théorique ou pratique)
– comprendre les mondes virtuels (Second Life) et les dynamiques relationnelles dans les relations “online”
– technique: ouvrir un blog et l’alimenter
– applications pédagogiques du blog, du wiki, et des outils associés
– accompagnement lors de projets pédagogiques utilisant internet

#### Tarifs

Mes tarifs évoluent, mais au jour d’aujourd’hui, ils sont les suivants pour les écoles et autres clients “éducatifs-non-lucratifs”: dès CHF 500 par demi-journée, minimum une demi-journée (+ frais).

Par exemple, si je viens à midi, que je fais deux conférences pour des élèves l’après-midi, et une pour les parents le soir, on arrive à deux demi-journées = CHF 1000

Une conférence isolée compte comme demi-journée, donc CHF 500. Mais si je fais une conférence + une réunion dans la même demi-journée, c’est le même prix.

Pour les mandats plus complexes ou longs (formation, accompagnement de projet), les tarifs sont à discuter et fixer pour le mandat dans sa globalité.

#### A mon propos

– une [collection de “bios”](http://stephanie-booth.com/bio) si jamais c’est nécessaire
– [mes coordonnées](http://stephanie-booth.com/contact/)
– [page d’infos “conférences”](http://stephanie-booth.com/conferences/) (a besoin d’une mise à jour, mais ça donne une idée)
– le [matériel “thème internet”](http://ciao.ch/f/internet/infos) rédigé pour ciao.ch
– la liste (d’une longueur effrayante) de [mes interventions dans la presse](http://climbtothestars.org/about/presse) (pas toutes au sujet des ados et internet)

J’approche internet comme une culture étrangère avec laquelle il faut se familiariser, afin de la connaître et de la comprendre. Je suis immergée dans cette culture depuis maintenant bientôt dix ans, et je la comprends en profondeur aussi bien de l’intérieur que de l’extérieur, avec le recul que me donne ma formation universitaire en sciences humaines.

Similar Posts:

MySpace supprime les profils de 29'000 "délinquants sexuels" [en]

Il y a quelques jours, on a attiré mon attention sur [cet article de la BBC](http://news.bbc.co.uk/2/hi/technology/6914870.stm), qui rapporte que le site [MySpace](http://myspace.com) (une sorte de super-[Skyblog](http://skyblog.com) d’origine américaine) a supprimé de son site les profils de 29’000 “délinquants sexuels” (“sex offenders”).

J’ai écrit deux billets à ce sujet en anglais, qui ont reçu pas mal de couverture dans la blogosphère anglophone. J’ai aussi été interviewée par la radio BBC World suite à mon message leur signalant ma réaction.

– [MySpace Banning Sex Offenders: Online Predator Paranoia](http://climbtothestars.org/archives/2007/07/25/myspace-banning-sex-offenders-online-predator-paranoia/) (liens vers ce billet chez d’autres blogueurs: [cosmos Technorati](http://technorati.com/search/http%3A//climbtothestars.org/archives/2007/07/25/myspace-banning-sex-offenders-online-predator-paranoia/))
– [Parents, Teenagers, Internet, Predators, Fear…](http://climbtothestars.org/archives/2007/07/25/parents-teenagers-internet-predators-fear/) (liens vers ce billet chez d’autres blogueurs: [cosmos Technorati](http://technorati.com/search/http%3A//climbtothestars.org/archives/2007/07/25/parents-teenagers-internet-predators-fear/))
– [interview BBC World](http://www.bbc.co.uk/radio/aod/networks/wservice/aod.shtml?wservice/world_hys_wed) (je parle à la minute 34, le sujet commence à 29:30)

Ces deux billets comportent un résumé bref en français que je reproduis ici pour plus de commodité.

> MySpace exclut de son site 29’000 “sex offenders” (des gens qui ont été accusés de crimes sexuels) enregistrés. C’est problématique d’une part car suivant l’Etat dans lequel elles ont été condamnées, ces personnes enregistrées peuvent être coupables de choses aussi anodines que: relations homosexuelles, nudisme, uriner dans un lieu public, faire l’amour dans un lieu public, etc. D’autre part, je rappelle les chiffres provenant d’une récente étude sur les crimes sexuels impliquant des minteurs, qui vont à l’encontre de l’idée qu’on se fait habituellement de ce genre de cas. En agissant ainsi, possiblement poussés par la paranoïa ambiante, MySpace contribue à cette paranoïa. Je regrette que la presse joue systématiquement le jeu de la peur et ne se fasse pas l’avocate d’une attitude moins paniquée face à la question des prédateurs sexuels en ligne. (En résumé: les enfants courent plus de risques hors ligne qu’en ligne, et probablement bien plus à chaque fois qu’ils montent dans une voiture ou traversent la route…)

Stephanie Booth, MySpace Banning Sex Offenders: Online Predator Paranoia

Conseils aux parents (après mon interview à la BBC ce soir au sujet des “sex offenders” bannis de MySpace):

  • pas de panique, les prédateurs sexuels tels que nous les présentent les médias ne sont pas légion, votre enfant ne court pas des risques immodérés en étant sur internet;
  • dialoguez avec votre enfant; intéressez-vous à ce qu’il fait en ligne;
  • souvenez-vous que fournir des informations personnelles n’est pas un très grand risque; par contre, s’engager dans des relations de séduction avec des inconnus ou des amis adultes en ligne l’est.

J’ai écrit relativement peu en anglais à ce sujet jusqu’à maintenant. En français, lisez Adolescents, MySpace, internet: citations de danah boyd et Henry Jenkins, De la “prévention internet”, les billets en rapport avec mon projet de livre sur les adolescents et internet, et la documentation à l’attention des ados que j’ai rédigée pour ciao.ch.

Stephanie Booth, Parents, Teenagers, Internet, Predators, Fear…

Donc, en faisant ma tournée sur [technorati, pour voir qui a mentionné dans son blog l’article de la BBC](http://technorati.com/search/http%3A//news.bbc.co.uk/2/hi/technology/6914870.stm), je suis tombée sur [un billet en français qui se réjouissait de la nouvelle](http://etjesigne.free.fr/blog/?p=57). Mon long commentaire à ce billet devenant trop long, j’ai décidé de le faire ici, sur mon blog, et du coup, de parler un peu de cette histoire pour mes lecteurs francophones:

> Bonne nouvelle signée MySpace qui vient de supprimer 29.000 profils de délinquants sexuels américains errants sur son espace qui compte 80 millions internautes. La suppression a été effectuée grâce à son partenariat avec le bureau de vérification Sentinel Tech Holding Crop qui développe une base de données nationale de délinquants sexuels. La législation américaine facilite cette tâche car elle permet de consulter librement les fiches de ces déliquants sur le site du ministère de la justice…

M/S, MySpace a les yeux sur les délinquants sexuels

Comme je l’explique donc dans [ma réaction à l’article de la BBC](http://climbtothestars.org/archives/2007/07/25/myspace-banning-sex-offenders-online-predator-paranoia/) **ce n’est pas une si bonne nouvelle que ça**. Ce sont les états qui définissent ce qu’est un “délinquant sexuel”, et suivant où, on peut être sur une de ces listes pour avoir montré ses fesses en public. De plus, les profils supprimés seraient ceux où l’adresse e-mail fournie correspond à celle qui se trouve dans le dossier des délinquants sexuels. Vous pensez vraiment qu’un “pervers à la recherche de victimes” (et encore, voir plus bas pour ma réfutation de la forme qu’on donne au problème) serait aussi bête?

Aussi, la problématique des prédateurs sexuels sur internet est dramatisée et déformée par les médias. Tout d’abord, on perd de vue que la grande majorité des crimes sexuels sur mineurs impliquent la famille ou des amis proches de la famille (et non des inconnus ou “connaissances” provenant d’internet). Les cas faisant intervenir internet sont une minorité, et sont plus de l’ordre “relation de séduction d’ados” que “duperie et enlèvement d’enfants”. On peut légitimement se demander si une telle action de la part de MySpace est vraiment utile (il s’agit en fait plus de sauvegarder leur image), et si on n’est pas en train de se donner bonne conscience tout en évitant de faire de la prévention utile, mais quelque peu plus complexe (puisqu’il s’agit d’aller plonger dans la façon dont les adolescents vivent l’éveil de leur sexualité et de leurs premières relations amoureuses). Voir à ce sujet [De la “prévention internet”](http://climbtothestars.org/archives/2007/06/17/de-la-prevention-internet/), billet qui, au milieu de mes grands questionnements, aborde cette question.

Mon ami [Kevin Anderson](http://strange.corante.com), journaliste américain vivant à Londres, a écrit un excellent billet au sujet de toute cette histoire suite à un interview assez frustrant qu’il a donné à la BBC: [‘Think of the children’. Yes, but also think about the journalism](http://strange.corante.com/archives/2007/07/26/think_of_the_children_yes_but_also_think_about_the_journalism.php). Entre autres, il en appelle à la presse, qui couvre systématiquement ce genre d’événement selon l’angle “mon Dieu, ça grouille de pédophiles sur internet, enfin on fait quelque chose, mais est-ce suffisant?”

> I am taking an issue with the format and the journalistic assumptions made. Yes, there is a problem here, but it’s not the one that is being shouted in the headlines. The facts don’t support the sensationalist story of a predator lurking behind every MySpace profile or blog post. As Steph points out in her posts, the threat to youth isn’t in them having blogs or being on social networks. The problem is one of emotionally vulnerable teens being preyed upon by opportunistic adults. It’s more complicated and less emotive than saying: Keep the paedos off of MySpace.

Kevin Anderson, ‘Think of the children’. Yes, but also think about the journalism

Après mon interview à la BBC il y a deux jours, j’ai envoyé à quelques (3-4) journalistes romands de ma connaissance un e-mail contenant un appel à une couverture plus “réaliste” que “sensationnelle” de cette histoire. Voici à quelques variations près le message que j’ai envoyé:

> Vous avez peut-être entendu parler du fait que MySpace a “viré” de son
site 29’000 personnes se trouvant sur les listes de délinquants
sexuels tenues par les Etats aux USA. J’ai écrit une assez longue
réaction à ce sujet (en anglais) et me suis également faite
interviewer par la BBC.

> En deux mots:

> – la définition de “sex offender” est problématique (dans certains
états, on peut finir sur ces listes pour avoir montré ses fesses ou eu
des relations homosexuelles)
– une telle action de la part de MySpace (pour sauver leur image,
principalement) est problématique d’une part car elle renforce la peur
(peu justifiée) ambiante autour des prédateurs sexuels en ligne, et
d’autre part car c’est une mesure peu utile car elle est déconnectée
de la réalité des “problèmes/agressions à caractère sexuel” que
rencontrent les ados en ligne.

> [liens vers mes deux articles]

> Je ne sais pas si c’est votre rayon ou non et si ça vous intéresse,
mais si vous connaissez quelqu’un qui serait susceptible de couvrir
cette histoire sous cet angle (un angle qui manque cruellement dans
les médias “traditionnels”) n’hésitez pas à leur dire de prendre
contact avec moi (+41 78 625 44 74).

Deux réponses intéressées à ce jour (une personne en vacances qui a retransmis le mail, et un quotidien local pour qui ce n’est peut-être pas évident de couvrir un tel sujet international). Je réitère donc ici mon appel: y’a-t-il une publication romande qui veuille relever le défi?

Similar Posts: