Femina: une promesse de blog [en]

Malgré tout le mal que j’ai pu dire du site de Femina, il s’y trouve une page qui me paraît fort prometteuse: nos potins.

A premier coup d’oeil, ça ressemble à  un blog — enfin, ça en a la mise en page. C’est joli, c’est aéré, on a envie de lire. Le ton est personnel, assez informel, authentique, comme celui du magazine, d’ailleurs.

Si on regarde de plus près, cependant, on remarque qu’il manque un certain nombre d’éléments pour que cette “promesse de blog” (dixit Anne Do) puisse être véritablement un blog digne de ce nom. Ce n’est pas juste une question d’appellation (surtout pas, en fait!) mais de rôle que devrait pouvoir jouer une telle publication.

A quoi peut donc bien servir un “blog de la rédaction” pour une publication comme Femina? Un blog, c’est bien pour un certain nombre de choses:

  • communiquer de façon transparente, directe et immédiate avec le “public” (les clients, les lecteurs, les électeurs…);
  • créer du dialogue, de la conversation avec le “public” et d’autres acteurs de la blogosphère (qui ne sont pas nécessairement des lecteurs du journal, par exemple) — ce qui renforce la “communauté”;
  • indirectement (car c’est une conséquence du succès dans les deux points mentionnés ci-dessus), augmenter sa visibilité dans les moteurs de recherche, avec toutes les conséquences réjouissantes que cela peut comporter.

Pour qu’un blog puisse mener à  bien cette mission, il y a un certain nombre de pré-requis, techniques et éditoriaux:

  • chaque billet doit avoir une adresse web stable et unique pour qu’on puisse y référer (le fameux “permalien”);
  • idéalement, les visiteurs doivent pouvoir laisser des commentaires ou au moins indiquer qu’ils ont écrit une réaction sur leur propre blog au moyen d’un trackback;
  • le billets doivent pouvoir être rattachés à  leur auteur (un être humain!), plutôt qu’être anonymes ou “collectifs” (on tombe alors dans la situation peu agréable où c’est l’institution ou l’entreprise qui parle);
  • le balisage (HTML et CSS) doit être structural (et non présentationnel) afin d’accomoder les moteurs de recherche comme Google, mais aussi les outils plus spécifiquement axés “blogs” comme Technorati, coComment, TailRank, ainsi que les divers annuaires répertoriant les blogs;
  • le blog devrait également être disponible sous forme de fil RSS/atom afin qu’on puisse s’y abonner et le suivre sans devoir se rendre sur le site lui-même;
  • être très ouvert par rapport au contenu du blog et des commentaires: éviter la censure ou les lourdeurs éditoriales MarCom ou RP;
  • la rédaction et la tenue du blog prend du temps; il faut prévoir du temps à  y consacrer pour qu’il reste vivant.

Il y a sûrement d’autres choses, mais avec ça, c’est déjà  bien parti. Difficile? Non. Il suffit d’utiliser pour son blog un outil de blogging, plutôt que de s’amuser à  vouloir réinventer la roue. La plupart des outils de blogging ont derrière eux plusieurs années d’existence et des équipes de développeurs enthousiastes — il est un peu illusoire de penser qu’on peut faire mieux seul dans son coin, surtout si l’on ne baigne pas déjà  dans la blogosphère. Donc, si on ne désire pas une solution hébergée comme WordPress.com ou TypePad, on installe sur le serveur de son site WordPress, DotClear ou encore MovableType (liste non exhaustive, bien sûr). Comme ça, on est sûr d’avoir sous la main le kit du parfait petit blogueur.

Je reviens à  Femina. Voici ce qui manque à  mon avis cruellement à  la jolie promesse de blog pour qu’elle puisse déployer ses ailes et occuper la place qu’elle mérite dans la blogosphère romande:

  • des permaliens
  • la possibilité de laisser des commentaires et des trackbacks
  • le nom de la personne qui a écrit le billet
  • côté “derrière la scène”: fil RSS/atom, balisage correct, service de ping…

Ce qu’il y a déjà ?

  • un ton de proximité, où l’on sent bien que ce sont des gens qui parlent
  • une jolie mise en page
  • la volonté de faire un blog 🙂

Alors, Femina — si tu relevais le défi?

Blog pour les nuls [en]

Un dénommé Petzi, lecteur de ce blog, a laissé ici un commentaire me demandant quelques conseils pour blogueur débutant. Je tente de répondre à sa demande ici. (Soit dit en passant, merci à mes lecteurs d’éviter à l’avenir squatter les commentaires de n’importe quelle page pour des communications générales — à la différence de Robert Scoble, je reçois une quantité tout à fait gérable d’e-mail, même si je tarde parfois un peu à y répondre…)

Tout d’abord, Petzi me demande si j’ai un livre à recommander. Personnellement, je n’ai pas lu beaucoup de livres sur les blogs, mais ce que j’ai lu de Blog Story était tout à fait bien. C’est une bonne intro générale au “phénomène blogs”. Mais ce n’est pas exactement un livre de recettes.

Quel que soit le blog que l’on désire faire, je crois que mes conseils principaux vont se résumer à ceux-ci:

  • parlez de quelque chose qui vous passionne
  • si vous êtes dans les domaines politiques ou professionnels, évitez la langue de bois, la poudre aux yeux, le language marketing — bref, parlez comme un être humain et non pas comme une agence de comm’
  • encouragez la discussion: lisez d’autres blogs, commentez, réagissez, interpellez vos lecteurs

Ensuite, un peu d’étiquette:

  • soyez respectueux des autres blogueurs, que ce soit dans leurs écrits sur leurs blogs ou dans vos commentaires
  • ne “cassez” pas la conversation en effaçant commentaires ou billets auxquels d’autres auraient pu réagir (trolls exceptés)
  • évitez trop d’auto-promotion directe

Quelques infos techniques:

Et un mot de prudence:

  • n’oubliez pas que tout le monde peut techniquement lire votre blog (sauf si vous lui mettez un mot de passe!) — n’y écrivez donc rien qui vous mettrait dans l’embarras si vos parents, amis, voisins ou employeurs tombaient un jour dessus!

Voilà , Petzi — j’espère avoir un peu répondu à ta question. Quant à te donner un exemple de blog suisse comme modèle… je suis un peu empruntée, parce que je ne comprends pas assez clairement ce que tu désires faire comme blog. Mais tu peux toujours aller fouiller sur SwissBlogs ou blog.ch.

Happy blogging!

Mise à jour: Il y a de longues années, j’avais écrit Conseils Premier Blog sur SpiroLattic. C’est un peu basique, mais c’est encore actuel…

Anonymat et blog intime [fr]

[en] My reaction to a new French-speaking blogger who desires to remain anonymous because he will be dealing with private stuff on his blog.

I consider that it is not possible to blog anonymously in the long run. As you create relationships with readers, temptation to let out your real name to some of them will be great, and at some point somebody may let your name slip. Or if that doesn't happen, somebody who knows you might come upon your blog by chance and recognize you through the contents of your writing.

Writing with a pseudonym to keep oneself from unknown stalkers is fine. But when the pseudonym is there to keep people who know you from recognizing you, the consequences to face when it does happen may be very uncomfortable

Saturnin says his "blogging rule" is to not write anything he wouldn't be willing to stand up for if he was discovered. I ask him, then, what his anonymity adds to his blogging enterprise, apart from the fact he won't be easily googled for. If being anonymous helps him write more freely then if he was signing with, say, his first name, then maybe being anonymous is a trick he's playing on himself, and he might be brought to regretting it someday.

Saturnin entre en blogosphère il y a dix jours, avec un billet dont le contenu m’interpelle. Il nous annonce un blog intime, anonyme, et il nous en donne les raisons:

La condition : l’anonymat, quoi qu’on en pense. Impossible en effet de m’attacher à exprimer mes pensées et mes sentiments les plus secrets, impossible de livrer ma vie intérieure profonde sous mon vrai nom. Je suis enseignant. J’ai des élèves et des étudiants, que je vois chaque jour. Imagine, mon lecteur, que mes étudiants lisent mon blogue quotidiennement et sachent, avant même que j’entre en classe, dans quel état j’erre. Impossible.

Saturnin fait référence dans son billet à ma théorie des deux anonymats, et je sens justement dans son dernier billet, intitulé le droit à l’anonymat, un mélange un peu flou entre les deux.

Là où je rejoins entièrement Saturnin, c’est sur le fait que l’anonymat n’est pas mauvais en soi. Edicter une règle du style “Tu ne blogueras point anonymement” est inévitablement réducteur et ne tiens pas comptes des motivations du blogueur qui cherche à protéger son identité. Dans le passage reproduit ci-dessus, Saturnin nous dit clairement pourquoi la solution de l’anonymat s’est imposée à lui. Il désire parler de choses privées, intimes même, et ne désire pas être reconnu par un partie de son entourage (ses élèves en particulier — comme je le comprends).

Ma mise en garde contre l’anonymat qui cherche à préserver une intimité, c’est-à -dire à cacher ses écrits de personnes que l’on connaît, provient du fait que celui-ci peut s’écrouler. Sur le web, deux phénomènes peuvent précipiter cet écroulement (ou cet éclatement, suivant comment les choses se vivent).

  1. Le blog crée des conversations (comme celle-ci!) puis des liens entre le blogueur et ses lecteurs. Ces liens peuvent être forts, surtout dans le cas d’écrits intimes qui risquent de toucher profondément les lecteurs. Des correspondances par e-mail sont à prévoir. A un moment donné, le blogueur va peut-être donner sa véritable identité à quelqu’un dont il se sent proche. Des fuites sont alors possibles.

    J’ai vécu cela lorsque j’ai commencé à chatter en 1998. Mon identité véritable était un secret d’état. Assez rapidement cependant, je me suis fait des amis proches via le chat. On a échangé des mails. Vient un moment où l’on désire dire qui l’on est et ne plus se cacher derrière un pseudonyme. On résiste beaucoup la première fois, moins les suivantes. Un jour, par pure maladresse et sans aucune mauvaise intention, sans réaliser que c’était un problème pour moi, une fille avec qui je correspondais lâche mon nom complet en public, dans le chat. Bingo.

  2. Lorsque l’on écrit sur le web, les écrits ont tendance à s’accumuler. Il peut arriver, un jour, par hasard (et cela arrive!) que quelqu’un de notre entourage tombe sur nos écrits. Là , c’est le contenu de nos écrits qui nous trahit. Un billet ne trahira personne. Dix-huit mois de récit de vie, de cogitations, et d’états d’âme, oui.

Conclusion: l’anonymat sur le web n’est pas une chose sur laquelle on peut véritablement compter à long terme. Se pose alors la question de ce qui arriverait (les conséquences) s’il devenait connu publiquement que nos écrits précédemment anonymes nous appartiennent.

Quand je m’adresse à un public d’adolescents, clairement, il s’agit de prévenir des délits punissables par la loi ou des indiscrétions graves qui pourraient leur faire du tort. Beaucoup d’adolescents se sentent véritablement protégés par leur “anonymat” sur le web, qui est au fond très fragile.

Saturnin n’est plus un adolescent, par contre 😉 et ne va donc pas se croire “tout permis” parce qu’il ne signe pas de son nom. Même caché, il veut écrire de façon responsable:

Ma règle, c’est de fausser les noms et de ne rien publier que je ne pourrais assumer si j’étais découvert.

C’est fort bien. Assumer n’a ici pas une consonnance juridique, mais personnelle. Si Saturnin parle de sa vie sentimentale sur son blog, et que par un concours de circonstances encore inconnu, son nom devient public, alors il devra assumer face à son entourage ce dont il a parlé. Entourage qui inclut ses élèves.

Ma question à Saturnin: si ton anonymat “responsable et lucide”, comme j’ai envie de l’appeler, te fait choisir de n’écrire que des choses que tu es prêt à assumer face au monde, connu et inconnu, ton anonymat t’apporte-t-il réellement autre chose que la certitude qu’on n’aterrira pas sur ton blog lorsque l’on jette ton nom en pâture à Google? S’il te permet de te livrer plus qu’un simple “anonymat-discrétion” ou qu’une signature de ton simple prénom, n’est-il pas en train de te jouer un tour?

Archives en ligne de trois quotidiens romands: quel désastre [fr]

Etude du désastre que sont les archives en ligne sur les sites de 24 Heures, Le Temps, et Le Matin. Moteurs de recherche cassés, archives payantes, mauvaise indexation par Google en l’absence de liens externes… Il est temps que nos quotidiens se réveillent et découvrent comment utiliser le web de façon plus profitable, et compatible avec leur mission d’information!

[en] An overview of the sorry state of online archives for three local Swiss newspapers: Le Temps, 24 Heures, and Le Matin. Time to wake up and use the web correctly!

Une des caractéristiques merveilleuses du blog, c’est la façon dont sont organisées les archives. Un vieil article peut être assez facilement retrouvé si l’on se souvient à  peu près quand il a été écrit, dans quelle catégorie il avait été classé, ou encore de quoi il parlait (en utilisant le moteur de recherche du blog).

On s’attendrait à  ce que les sites de quotidiens comme 24 Heures, Le Matin ou encore Le Temps en prennent de la graine. Que nenni ! Alors que les vieux journaux servent principalement à  protéger la moquette lors du rempotage annuel de notre plante verte préférée (quand on ne les trouve pas autour de la caisse du chat ou roulés en boule au fond de vieilles baskets détrempées), les archives en ligne de nos quotidiens sont mises à  disposition du grand public chez Swissdox pour la modeste somme de SFr 3.80 par article pour une consultation occasionnelle.

Un petit exemple : dans la base de données Swissdox, cherchez « Stephanie Booth » sans restriction de date. Voici donc une ribambelle d’articles offerts à  votre consultation, pour autant que vous soyez munis d’une carte de crédit. Et s’il y avait une autre solution ? Certains de ces articles sont encore en ligne, accessibles gratuitement à  qui sait les trouver. Partez de ma page presse et explorez un petit peu. Les articles du Matin, par exemple, sont encore en ligne. Sympathique ! Celui du Temps également. Pour 24 Heures, par contre, il faudra repasser : à  peine quelques jours après la sortie d’un article, celui-ci est retiré du site Web.

La situation ne serait-elle donc pas si dramatique que ça ? Un petit coup de moteur de recherche, et hop ! l’article tant désiré pourrait se retrouver sur nos écrans ? Essayons. Recherchons mon nom sur le site du Matin et sur celui du Temps. C’est pas trop mal ! On pourrait donc en conclure que notre ami Google est capable de nous extraire des deux sites mentionnés ci-dessus n’importe quel article qui aurait échappé à  notre marque-pages.

Minute, papillon ! Ne nous excitons pas ! Il ne faudrait pas oublier que les articles mentionnant ma modeste personne sont offerts en pâture aux moteurs de recherche dès la minute ou un blogueur (souvent moi, je dois l’avouer) fait un lien vers l’article. Les articles sur les blogs intéressent les blogueurs, c’est naturel, et ils bénéficient donc d’une visibilité artificielle dans les moteurs de recherche, pour des articles de quotidiens. Qu’en serait-il donc d’un article n’intéressant pas particulièrement les blogueurs, et qui n’aurait donc pas la chance d’avoir été indexé par Google ?

Regardons tout d’abord si les moteurs de recherche propres aux sites de ces quotidiens peuvent nous aider. Pour tester un moteur de recherche, rien de plus facile : on essaye tout d’abord avec des mots clés dont on sait qu’ils sont censés fournir un résultat (« Stephanie Booth », au hasard). Histoire d’être certaine de ne pas introduire des paramètres superflus avec mon navigateur Firefox pour Mac, j’ai même été jusqu’à  utiliser Internet Explorer sous Windows XP pour cette expérience. Résultat des courses :

  • 24 heures : moteur de recherche visiblement cassé ; en plus de nous gratifier d’un pop-up à  chaque requête, il s’avère incapable de nous retourner même un article pour le mot-clé « Lausanne ».
  • Le Matin : moteur de recherche également cassé (je pourrais également commenter longuement l’aspect visuel du site, mais ce n’est pas le sujet du jour) ; la recherche dans la base de données Swissdox, par contre, fonctionne.
  • Le Temps : le moteur de recherche fonctionne, mais lorsque l’on clique sur l’article, on nous annonce que l’accès à  celui-ci est payant ; oui, il s’agit bien du même article que celui auquel nous venons d’accéder gratuitement, en passant par Google ou par ma page presse.

Moralité : si Google ne peut rien pour vous, et il ne vous reste qu’à  faire un saut à  la BCU, chercher l’article sur microfilms, et commander des photocopies au tarif relativement modeste que vous pourrez ensuite scanner pour les envoyer par e-mail à  votre grand-mère ou votre petit ami vivant aux États-Unis.

Une chose me chicane concernant le site du Matin. Visiblement, tous les articles ayant été un jour en ligne le sont pas encore. S’ils ont été indexés par un moteur de recherche, on y accède facilement. Pourquoi diable rendre impossible leur accès via le site ? Qu’est-ce que l’éditeur y gagne ? On peut ne pas être d’accord avec la politique de 24 Heures, qui consiste purement et simplement à  ne pas garder en ligne des anciens articles, ou avec celle du Temps, qui part du principe que si l’on est trop bête pour utiliser Google, on n’a qu’à  payer pour voir les articles, mais il y a une logique derrière cette façon de faire. Les concepteurs du site comptaient-ils sur le moteur de recherche interne ? (Soit dit en passant, la présence de moteurs de recherche cassés sur des sites d’une importance régionale pareille en dit long quant au budget consacré à  ces sites, ou à  la compétence des personnes qui s’en occupent.)

Donc, Mesdames et Messieurs qui prenez des décisions concernant les sites Internet de nos quotidiens, je vous demande, en tant que blogueuse et sujet occasionnel de vos articles, de vous donner la peine de faire bien ce que vous faites déjà  à  moitié.

Laissez en ligne et libre d’accès les anciens articles. Souvenez-vous que s’il s’agissait de papier, ils n’auraient même pas la valeur de l’encre avec laquelle ils ont été imprimés. Demander SFr 3.80, plus encore que le prix du journal, pour pouvoir accéder à  un ancien article en ligne, c’est pour le moins excessif.

En 1998, Jakob Nielsen s’inquiétait de la quantité de liens cassés sur le Web, et rappelait à  ses lecteurs cet article de Tim Berners-Lee, l’inventeur du Web : Les URLs sympas ne changent pas. Ôter du Web un article qu’on y a mis ou le rendre inaccessible, c’est faire un magistral bras d’honneur à  tous ceux qui se sont donné la peine d’en parler en ligne, que ce soit pour le faire lire, le commenter, voire le critiquer. Est-ce ainsi qu’un quotidien veut traiter ses lecteurs, et ceux qui cherchent à  attirer l’attention sur les articles qu’il publie ?

Ensuite, permettez aux visiteurs de votre site (qui sont souvent des lecteurs ayant payé la version papier de l’article) de s’y retrouver facilement dans vos archives. Une organisation chronologique, des catégories, un moteur de recherche qui fonctionne… Est-ce trop demander ? Des milliers de blogs, mis en place et gérés par des amateurs ne déboursant pas un centime, le font très bien, et depuis plusieurs années. Les journaux ne sont-ils pas censés être les professionnels de l’information ?

Presse traditionnelle, il est temps de te réveiller et d’utiliser le Web correctement.

Google et les noms [fr]

Citer le nom de quelqu’un sur un blog n’est pas un acte anodin. Sommes-nous préparés à  la responsabilité qui va avec le pouvoir de la parole publique? Quelques exemples de situations… embarrassantes.

[en] Mentioning the name of somebody in one's blog can have embarrassing consequences. People with less web presence than the blogger might find their official site behind a blog post that mentions them in passing when they google their name. How do you know if people will be happy to get your google juice or not? Bloggers are always happy with google juice... but what about the non-blogging crowd?

As people with the power to express themselves in public, bloggers have responsabilities they might not be well-prepared for. Here are a few embarrassing experiences I made: for exemple, unintentionally google-bombing people I had no hard feelings against, or not giving google juice when it would have been appreciated.

Tagging adds to the difficulty for the blogger, as tags are often chosen for private reasons, but as they are links that are indexed, they have an impact on the online presence of other people when they are of the firstname+name form.

Depuis quelque temps, je médite sur la responsabilité du blogueur qui nomme dans son blog d’autres personnes que lui, particulièrement si celui-ci a passablement de “google juice”, comme on dit en anglais. En effet, si je nomme une personne dans mon blog, il y a de fortes chances que mon article se retrouve en position assez proéminente lorsque l’on recherche le nom de cette personne.

Si vous cherchez mon nom dans Google, la grande majorité des liens sur les deux ou trois premières pages m’appartiennent — je suis responsable de la présence de mon nom dans ces pages. C’est le cas, bien entendu, parce que je suis quelqu’un qui a une très forte présence en ligne et une vie sociale “internautique” importante. (Je rassure les lecteurs qui ne me connaîtraient pas assez… ma vie sociale “non-internautique” se porte également très bien!)

Ce “pouvoir” que me donne mon blog peut être utile lorsque quelqu’un désire obtenir plus de visibilité sur le net (hop! un petit lien, ça donne un coup de pouce au référencement d’un site qui se lance, par exemple), mais c’est surtout une petite bombe qui peut se déclencher de façon involontaire si je ne fais pas particulièrement attention. Par exemple, je suis allée mercredi à  un concert que j’ai apprécié. J’évite de mettre le nom de l’artiste dans le titre de mon billet, de peur qu’il n’arrive ce qui arrive à  l’école d’arts martiaux dans laquelle je m’entraîne: en cherchant le nom de l’école dans Google, mon article est placé avant le site officiel de l’école. C’est un peu embarrassant!

Il y a encore bien pire: reprenons le cas de l’artiste de mercredi, dont j’écoute les chansons régulièrement depuis quelque temps. J’ai un compte LastFM, qui établit des statistiques sur les morceaux que j’écoute avec iTunes. Je publie sur la première page de Climb to the Stars la liste des derniers morceaux écoutés; cette liste renvoie aux pages consacrées aux morceaux en question sur LastFM (par exemple: We Will Rock You (Queen). On peut y lire combien de personnes ont écouté le morceau, et encore bien d’autres choses fort sympathiques. Si on cherche le nom de l’artiste (LB) dans Google, on voit que la page LastFM qui lui est consacrée (et qui existe par ma faute, si on veut) sort droit derrière son site officiel. Limite embarrassant, également!

Donc, je ne mets pas son nom complet dans ce billet. Premièrement, cet article ne lui est pas consacré en tant qu’artiste, ce qui m’embarrasserait triplement s’il finissait bien placé dans Google pour une recherche sur son nom. Deuxièmement, mon Cheese Sandwich Blog est bien plus récent que Climb to the Stars, moins bien référencé, et avec un peu de chance il le restera, puisqu’il est consacré à  mon petit quotidien plutôt qu’à  des questions d’importance nationale comme celle que vous êtes en train de lire maintenant. Une mention “en passant” du nom de LB dans le corps d’un article ne porte pas à  conséquence sur mon “petit blog”, mais qu’en serait-il dans celui-ci? Je ne veux pas prendre le risque.

L’expérience me rend prudente. Il y a quelques mois, on m’a demandé de retirer un nom de mon blog. La personne en question avait fait des photos de moi pour l’article dans Migros Magazine, et m’avait gentiment autorisé à  les mettre en ligne sur Flickr. Comme je considère qu’il faut citer ses sources et l’annoncer lorsqu’on utilise le travail de quelqu’un d’autres, j’avais consciencieusement mis son nom dans mon article et également dans les tags des photos en question. Ce que je n’avais pas prévu, c’est que ces photos, qui ne sont pas forcément représentatives de son travail, et qu’elle m’a laissé à  bien plaire mettre dans mon album photos en ligne, se retrouveraient en première position lorsque l’on cherchait son nom dans Google. Ma présence en ligne étant plus forte que la sienne, j’ai littéralement fait mainmise sur son nom sans m’en rendre compte. Bien entendu, j’ai immédiatement fait de mon mieux pour réparer les choses quand elle me l’a demandé (à  juste titre!), et si j’en crois ce que je vois dans Google, les choses sont maintenant rentrées dans l’ordre. Néanmoins, expérience embarrassante (j’ai déjà  utilisé ce mot aujourd’hui?)

La généralisation des folksnomies pour catégoriser et classer l’information, à  l’aide de “tags” ou “étiquettes”, ajoute encore des occasions de commettre des impairs malgré soi. Sur Flickr, par exemple, il est souvent d’usage d’accoler un tag nom+prénom lorsqu’une photo représente quelqu’un. Mais lorsque je mets en ligne une série de photos passablement floues prises après le concert dont j’ai parlé, est-ce que je vais mettre le nom et le prénom de chaque personne sur chacune des photos? Du coup, j’ai commencé à  être un peu plus parcimonieuse dans ma distribution de tags: nom+prénom pour un petit nombre de photos, et un prénom ou un diminutif pour les autres. Le problème avec les tags, c’est que je les utilise surtout pour pouvoir m’y retrouver dans les 4000+ photos que j’ai mises en ligne. Mais en même temps, les tags sont également des liens, et sont également indexés par Google. Ma façon d’organiser mes photos va avoir un impact sur la présence en ligne d’autres personnes. Potentiellement embarrassant quand il s’agit de noms de personnes!

Comment peut-on deviner si une personne donnée préfère que son nom soit mis en avant sur le web, ou pas? Dans le doute, mieux vaut s’abstenir — c’est le message que je tente de faire passer aux ados lors de mes conférences. Ces conférences, en passant, c’est très bien pour moi: à  force de répéter les choses aux gens, je suis forcée d’y réfléchir, et des fois je me rends compte que ma position à  certains sujets est en mouvement…

Cependant… s’abstenir n’est pas une solution sans risques. Plus récemment, alors que je préparais un site dans lequel on parlait du parcours de quelques personnes, j’ai justement évité de mettre en ligne des pages vides (ou presque) ayant pour titre le nom de quelqu’un lorsque je n’avais rien de précis à  y mettre. Ce que je n’avais pas prévu, c’est que l’absence de page signifiait également l’absence du nom dans ce qui ressemble à  la “table des matières” du site et créait un déséquilibre dans la présence en ligne des différents acteurs — ce qui m’a été reproché (à  juste titre également).

A moins que la personne nommée ne soit un blogueur, je dirais que mettre un nom dans un billet est une chose délicate. Plus ou moins délicate, selon que le nom est dans le corps du billet, sur du texte lié, dans le titre du billet, ou pire, dans le titre de la page. Plus ou moins délicat également selon la visibilité du blog dans lequel c’est fait.

Les gens vont-ils nous en vouloir d’avoir cité leur nom? Vont-ils nous en vouloir de ne pas l’avoir fait, ou pas assez? Il n’est pas toujours possible de vérifier auparavant avec la personne en question. De plus, même si on vérifie, la personne est-elle pleinement des conséquences de l’une ou l’autre route? Une vérification sérieuse ne pourra manquer de s’accompagner d’une explication du fonctionnement du référencement, ce qui risque de crisper certains… à  tort.

Voici à  mon sens démontrée une nouvelle fois l’utilité d’une forte présence en ligne. Vous pouvez mettre mon nom où vous voulez, ça ne me dérange pas, car je sais que sur Google, c’est moi qui possède mon nom.

Ce que démontre également ce genre de situation, c’est la responsabilité qui va avec ce que j’appelle la “parole publique”. La parole publique est un pouvoir, et avant internet, ce pouvoir était en principe limité aux personnes dont c’était le métier (journalistes, politiciens, écrivains). Avec internet, ce pouvoir se démocratise, et c’est une bonne chose. Mais nous sommes peu préparés à  la responsabilité qui va avec. Avec la façon dont fonctionnent les moteurs de recherche comme Google, on ne peut plus écrire sans avoir présent à  l’esprit les conséquences que cela pourrait avoir pour le référencement d’autres sites.

Blogs, émeutes, radio (RSR1) ce matin [fr]

Plutôt des skyblogueurs inconscients qu’un noyau dur d’organisation des émeutes. Interviewée par la RSR1.

[en] I gave a phone interview for the RSR1 yesterday evening, about the skybloggers arrested in the context of the Paris riots. Without much direct information on the affair, my point would be that even if blogs are useful for organising communities, this is probably just another occurrence of teenagers being unaware of how public their blog is (something I've had a chance to note again and again when I give conferences for teenagers on the risks related to blogs).

Interviewée hier soir par téléphone, mon intervention a passé à  la radio ce matin à  6h30 (je ne sais pas si elle sera rediffusée).

Mise à  jour 12h20: interview disponible en ligne (page HTML avec lien vers enregistrement RealPlayer).

Prise un petit peu à  froid (la journaliste m’a appris l’arrestation des trois skyblogueurs), nous avons bavardé un bon moment avant d’enregistrer une petite interview. Je n’ai pas entendu le montage, donc je ne sais pas ce que ça donne, maisJe n’ai pas dit trop d’idioties, mais quand même, voici quelques précisions après avoir fait mes devoirs (comprendre “quelques lectures sur internet”), mangé ma pizza, et dormi.

Est-ce que les blogs sont la “centrale d’organisation” des émeutes? Je ne pense pas. Le blog est un outil puissant pour mettre en place des communautés, communiquer, s’organiser, mais son gros (dés)avantage est qu’il est sur la place publique (pas le choix chez skyblog). Pas si futé pour mettre sur pied des activités illégales.

Par contre, ce que je sais d’expérience, c’est que même si les jeunes connaissent la leçon (“ce qui est sur internet est accessible à  tous”), ils ne prennent pas la mesure de ce que cela signifie concrètement pour leurs blogs.

Quand, lors d’une conférence, j’énumère les personnes qui sont englobées dans “tout le monde” (les parents, les copains, les grands-parents, les profs, le directeur, la police…), je suis inévitablement témoin de quelques yeux ronds, quelques regards échangés, et une petite vague d’inquiétude qui traverse certains jeunes. Ils n’y avaient simplement pas pensé! Pas réalisé que leur modeste skyblog, visité au quotidien par une dizaine de copains, était aussi accessible par ces personnes.

En ce qui concerne les skyblogueurs arrêtés, je ne m’avancerai pas trop vu les maigres informations à  disposition, mais je pense qu’il s’agit plutôt d’un simple cas “d’inconscience”, où l’on retrouve sur les blogs ce qui se dit généralement en privé, parce que les auteurs n’ont pas réalisé que mettre quelque chose sur un blog, c’est l’équivalent de le placarder partout en ville.

Liens en rapport, en vrac:

Si vous trouvez le lien direct vers mon intervention sur le site de la RSR1, merci de le mettre dans les commentaires.

Mise à  jour 12h20: mal réveillée ce matin, j’ai oublié l’essentiel. Comme le dit bien Cyril, les téléphones portables sont certainement bien plus efficaces pour les blogs pour coordonner les actions des émeutiers (pensez smart mobs).

Idée de nouveau blog [fr]

J’envisage d’ouvrir un second blog qui serait mon “blog de prof”.

[en] I'm thinking about setting up a second blog for teaching-related stuff (for students and collegues).

Plusieurs personnes m’ont fait remarquer que mes billets s’étaient faits rares ces derniers mois. C’est vrai, et je ne sais pas exactement pourquoi. Moins de choses à  écrire, moins besoin d’écrire, une petite rechute de TMS, la vie qui va bien… Ce blog n’est pas abandonné pour autant. Disons simplement que c’est une période creuse.

Depuis quelques jours, je cogite l’ouverture d’un second blog, en parallèle de celui-ci, centré sur mon travail d’enseignante. L’autre jour, je donnais à  mes élèves une adresse internet que j’utilise pour préparer des exercices d’entraînement de vocabulaire. Ce serait tellement plus simple de mettre ça sur mon “blog de prof” dont ils auraient l’adresse! Je pourrais également l’utiliser pour d’autres communications officieuses. Le site pour les exercices de vocabulaire, ça intéresse également mes collègues. Ce serait sympa d’avoir un endroit où centraliser tout ça! Si des collègues me lisent… qu’en pensez-vous?

Incident diplomatique [fr]

On m’a demandé récemment de retirer un nom de quelques billets, ce que j’ai bien entendu fait. Prétexte à  une petite réflexion sur la façon de contrôler son image sur internet.

[en] I was asked to remove a name from some of my posts. First of all, this led me to realize that even though I name names pretty happily when the people in question are "online people" and happy about the exposure, I wouldn't dream of mentioning my friends' or collegues' names in my blog.

In this case, the person was a journalist, and I unwittingly treated her as an "online person" (because her name appears in print, and online, and it's a "normal thing" that it does), when in fact, her sensitivity about online presence is more that of an "offline person".

A pretty clumsy side-effect of my mentioning her was that my site came up first in Google results for her name -- which was clearly not my intention, but which was embarrassing to her. You should read Anil Dash's Privacy Through Identity Control if you're interested in the topic.

Il y a quelque temps, mon blog a vécu son premier véritable incident diplomatique. Oh, rien de bien grave (et tout est rentré dans l’ordre sans que cela ne coûte trop à  quiconque), mais tout ça m’a donné à  réfléchir.

J’ai l’habitude de fréquenter des gens “en ligne” qui (avouons-le) sont généralement très contents de voir apparaître leur nom sur le toile, ou pousser des liens vers leur site. Du coup, quand je peux nommer quelqu’un, je nomme la personne. Et je lie. J’aime bien citer mes sources et les personnes impliquées, voyez-vous.

Par contre, j’ai bien conscience que mes fréquentations “hors ligne” ne verraient pas forcément d’un très bon oeil que je mentionne leur nom dans mon blog. Il ne me viendrait d’ailleurs pas à  l’idée de donner le nom complet d’une de mes amies, ou de mes collègues.

En somme, il y a les gens qui ont déjà  une présence en ligne, dont je vais volontiers citer le nom lorsqu’il est question d’eux dans ce blog, et les personnes hors ligne, que je traite avec plus de discrétion.

L’incident diplomatique en question? Une personne à  qui j’ai eu affaire lors de mes divers interviews m’a demandé de bien vouloir retirer son nom des billets où je la mentionnais. En effet, mon site apparaissait en premier dans Google lorsque l’on faisait une recherche sur son nom, et ce n’était pas forcément l’image qu’elle désirait donner d’elle. (Je précise que mon billet ne contenait rien de négatif, bien au contraire; ce n’est pas difficile pour qui le désire de retrouver de qui il s’agit, mais je vous prierais de bien vouloir respecter le désir de discrétion de cette personne.)

Il est vrai que vu la visibilité dont jouit ce site, il n’est pas difficile de le faire sortir parmi les premiers resultats pour un terme que je mentionne. Alors quand je mentionne le nom de quelqu’un, c’est un peu comme si je débarquais avec mon gros rouleau compresseur qui oblitère toute autre présence en ligne sur son passage.

Je me suis sentie un peu bête. J’avais voulu lui faire plaisir (voire éventuellement ensuite lui rendre service, en mettant un lien vers sa page ‘carte de visite en ligne’), et en fait, j’ai obtenu l’effet contraire. Quand j’y repense à  froid, je me rends compte que j’ai traité cette personne comme un personne “en ligne”, parce qu’elle appartenait au milieu du journalisme. En fait, j’aurais dû la traiter comme un personne “hors ligne” et rester discrète sur son identité. C’est vrai que ça ne va pas de soit, son nom apparaissant bien sûr dans les articles de presse qui se retrouvent en ligne.

Cette histoire, à  mon avis, met bien en avant l’importance pour un professionnel (et finalement, toute personne) d’avoir un site à  son nom, dans lequel il met en avant les aspects de sa personne et de son travail qu’il désire. Il sera alors assez naturel que l’on fasse des liens vers ce site-là  lorsque l’on parle de la personne, ce qui garantit qu’il sortira en bonne place dans les moteurs de recherche lorsque l’on cherchera son nom. Ainsi, chacun peut contrôler (toujours dans une certaine mesure) la couleur de sa présence en ligne. Le blog est bien entendu un format idéal et pratique pour ce genre de chose, surtout si l’on désire donner à  sa clientèle des “nouvelles du front”. Un simple site composé de quelques pages statiques peut cependant aussi suffire.

A lire à  ce sujet, un article de Anil Dash datant de 2002 (déjà  plus de trois ans!): Privacy Through Identity Control.

Friday Cat Blogging [fr]

Une photo de chat pour Laurent.

[en] Laurent launched the blogs without cats operation in reaction to Friday Cat Blogging. Here is a kitty for him. (Don't take this too seriously, it's an insider's joke!)

Pour Laurent, comme promis. Bagha te fait des namours.

Bagha le chat en train de faire sa sieste.

Encore des photos de Bagha. Laurent et les chats.