Etre malade quand on enseigne [fr]

Avant d’être enseignante, j’ai travaillé dans le secteur privé. J’avais un joli salaire, je bossais 4 jours par semaine (80%), je sortais régulièrement en semaine. Arriver au boulot un peu fatigué quand on travaille dans un bureau, c’est pas top, mais au pire on n’est pas très productif. Idem lorsqu’on est malade: soit on reste à  la maison et le travail n’avance pas, soit on va quand même travailler et on fait de son mieux.

Quand on enseigne, tout ça devient très différent. Pour commencer, on travaille plus et on est payé moins (eh oui!) Je sais, on a plein de vacances, mais on en a besoin (j’vous jure!) et on choisit pas quand on les prend. Manque de pot, elles tombent toujours durant les vacances scolaires…

Ensuite, je crois qu’on n’imagine pas, si on ne l’a jamais fait, à  quel point il faut être en forme pour enseigner valablement. On peut plus ou moins faire le zombie au bureau si on n’est pas dans son assiette, mais essayez seulement de faire le zombie devant une classe d’ados! Donc, si on est en train de couver quelque chose, pas question de se laisser aller. Il faut faire tourner le moteur à  plein régime et assurer.

On n’est vraiment pas bien? On songe à  se faire porter pâle? On hésite… Oui, on hésite, parce que d’une part il faut préparer le travail que feront les élèves pendant qu’on se bourre de PrétuvalC ou de NéoCitran, et d’autre part, on sait que les choses seront toujours plus mal faites par le remplaçant que soi-même (malgré toute la bonne volonté de ce premier). Il faut souvent reprendre une bonne partie de la matière quand on revient. L’équation commence à  prendre forme? Arrêt maladie = plus de travail. Ce n’est pas parce qu’on est malade que l’école s’arrête de tourner et que les élèves rentrent chez eux (quoique parfois, devant la pénurie de remplaçants…)

On attend donc en général que notre état soit bien avancé pour en arriver à  cette solution de dernier recours: se faire remplacer. (En plus, parfois c’est un collègue avec des heures de blanc qui s’y colle, et on sait tous à  quel point c’est désagréable…) Mais une fois qu’on est vraiment bien assez malade pour se faire remplacer — c’est-à -dire qu’on n’est plus capable de grand-chose — il faut encore préparer le remplacement! Eh oui!

C’est trop cool, prof, comme métier. Tant qu’on ne tombe pas malade.

Idée de nouveau blog [fr]

J’envisage d’ouvrir un second blog qui serait mon “blog de prof”.

[en] I'm thinking about setting up a second blog for teaching-related stuff (for students and collegues).

Plusieurs personnes m’ont fait remarquer que mes billets s’étaient faits rares ces derniers mois. C’est vrai, et je ne sais pas exactement pourquoi. Moins de choses à  écrire, moins besoin d’écrire, une petite rechute de TMS, la vie qui va bien… Ce blog n’est pas abandonné pour autant. Disons simplement que c’est une période creuse.

Depuis quelques jours, je cogite l’ouverture d’un second blog, en parallèle de celui-ci, centré sur mon travail d’enseignante. L’autre jour, je donnais à  mes élèves une adresse internet que j’utilise pour préparer des exercices d’entraînement de vocabulaire. Ce serait tellement plus simple de mettre ça sur mon “blog de prof” dont ils auraient l’adresse! Je pourrais également l’utiliser pour d’autres communications officieuses. Le site pour les exercices de vocabulaire, ça intéresse également mes collègues. Ce serait sympa d’avoir un endroit où centraliser tout ça! Si des collègues me lisent… qu’en pensez-vous?

Sans le savoir [fr]

Jolie citation. On devient adulte sans le savoir.

[en] A citation I like. We become adults without being aware of it.

Comment les élèves voient-ils le futur ? Ils imaginent un autre monde, là -bas, derrière le mois de septembre prochain. Derrière cette porte fermée à  clef. Un autre univers, radicalement différent de celui-ci. Un monde peuplé d’adultes. On devient adulte, Amélie, sans le savoir. Parfois, parce que l’on devient parents. Parfois, au moment où l’on perd ses parents. Parfois, jamais.

L’avenir, Tentative d’épuisement d’un lieu d’enseignement

Humour enseignant [fr]

Les enseignants comprendront. Petit gag tiré d’un échange véritable.

[en] A teacher's joke about what I'm reading now with my pupils.

– Et alors, vous lisez quoi avec vos élèves, en anglais?

– J’essaie de leur faire lire la consigne.

Correction cérébrale [fr]

Légère commotion cérébrale au judo vendredi. Quelques jours de repos s’imposent.

[en] Mild concussion at judo. Working this week hasn't helped. Seeing the doctor tomorrow and taking a few days rest.

Une “correction cérébrale” — voilà  ce que j’ai dit à  l’une de mes élèves hier, alors qu’elle me demandait si j’avais corrigé les tests de grammaire. Le pire c’est que je ne m’en suis absolument pas rendu compte.

“Zéro virgule zéro virgule zéro– euh… zéro virgule zéro zéro deux” — ça, c’était durant le cours de maths de la période d’avant.

Vendredi à  l’entraînement de judo, alors que je me trouvais au sol après avoir effectué sur mon partenaire un magnifique tani-otoshi (technique que j’affectionne particulièrement), le ciel m’est soudainement tombé sur la tête. Autrement dit, un judoka voisin (pas celui avec lequel je pratiquais) m’a chuté lourdement sur le sommet du crâne.

Résultat: un occiput pas très content, et la boîte crânienne un peu malmenée.

Conséquences concrètes: un mal de tête persistant, de la difficulté à  me concentrer, la nuque qui fait “bloc”, des absences, de petits trous de mémoire et troubles de la parole. Plus, bien entendu, l’effet “je me sens assommée” d’une légère commotion. Une fois que j’ai donné mes cours de la journée, je suis dans un état relativement moyen pour préparer mes cours, et surtout (à  deux semaines de la fin de la période!) faire mes corrections.

La pile de papiers fait maintenant une dizaine de centimètres d’épaisseur, et malgré ma visite chez l’ostéo mardi, mon état ne s’améliore pas. Au contraire, il empire presque — à  force de rester active et de courir dans tous les coins.

Les commotions, je commence à  bien connaître. Celle-ci n’est pas très forte, mais le fait que j’aie travaillé toute cette semaine, et que je sois également fatiguée et stressée n’aide pas du tout. Quand je conduis, je me rends bien compte que je ne suis pas en état.

Il a fallu qu’on me pousse un peu (“ah non, la semaine prochaine ils ont plein de tests, je peux pas me faire remplacer, peut-être dans dix jours, ou bien en début de période prochaine?”) mais demain, médecin, et arrêt de travail de quelques jours.

C'est les vacances… [fr]

C’est les vacances. Quelques mots sur les semaines écoulées, depuis la rentrée scolaire.

[en] Holiday time. A few words on how the beginning of school went. Not easy, tiring, but overall, I like the job.

Pour la première fois depuis avant la rentrée scolaire, je suis en mesure de déclarer officiellement que mon appartement n’est plus “zone sinistrée”. J’ai passé l’aspirateur, fait la vaisselle, rangé, entassé, remis le matelas-canapé à  sa place (je vais pouvoir utiliser ma télé à  nouveau!) et même arrosé les plantes.

Je suis restée au lit ce matin, tâchant sans trop de succès de me débarrasser du sentiment lancinant que j’avais des corrections à  faire et des cours à  préparer. Pas aujourd’hui! Ca peut attendre, j’ai deux semaines sur lesquelles étaler mon travail. Demain, par contre, déclaration d’impôts. Ca va faire mal, mais c’est nécessaire. (Oui, oui, celle qu’il fallait rendre en mars. Sans commentaire.)

Je sens que ça va être dur de déconnecter, de ne pas penser (dans le sens “souci”) à  mes élèves, d’oublier l’école pendant quelque temps. Difficile de penser à  autre chose quand on n’a presque fait que ça durant sept semaines. Hier, je suis allée au cinéma pour la première fois depuis la rentrée — moi qui y allais en général au moins une fois par semaine!

Le rythme “debout 5h30, dodo 21h00” ce n’est pas terrible pour soigner sa vie sociale. Surtout quand entre 16h00 et 21h00 il faut (1) décompresser de la journée, (2) manger, (3) faire des corrections, (4) préparer des cours. Si j’avais eu des doutes, c’est maintenant très clair pour moi pourquoi dans l’enseignement, nous avons autant de vacances. C’est un métier exigeant et fatiguant, dans lequel on donne beaucoup de soi-même émotionnellement. C’est quelque chose qui me plaît, mais il faut faire une pause de temps en temps.

Je suis un peu fâchée (et attristée) quand j’entends les réactions “bateau” concernant le fait que nous nous sommes mis en grève ces dernières semaines: “ils trouvent qu’ils sont pas assez payés, avec toutes les vacances qu’ils ont!” Surtout quand ça vient des élèves. C’est normal et prévisible, mais ça me déçoit quand même que les gens ne voient pas plus loin que le bout de leur nez et pensent que l’on ne descend dans la rue que pour des histoires de salaire.

Ces dernières semaines n’ont pas été faciles. Classes difficiles, beaucoup de travail, de stress, et peu de temps pour moi (je me répète?) Une bonne surprise en ce début d’année, ça a été les collègues. Je ne me suis jamais sentie seule pour faire face aux situations difficiles auxquelles j’ai été confrontée, et j’ai reçu beaucoup de soutien de la part de mes collègues et du doyen. J’aime beaucoup l’ambiance de la salle des maîtres et l’atmosphère qui règne dans le collège en général. Quant à  mes élèves, même si l’atmosphère en classe est souvent bruyante et tendue, je les trouve plutôt sympathiques et attachants que franchement déplaisants.

Sur ce, après avoir nettoyé l’appartement, je vais m’occuper de ma petite personne en me plongeant dans un bon bain chaud, agrémenté d’une ou deux petites choses de chez Lush!

Ca s'empile… [fr]

Au programme de mon week-end d’enseignante: beaucoup de corrections.

[en] A busy week-end ahead: lots of tests to correct and prepare.

Qui a dit que les enseignants se la coulaient douce? Au programme du week-end:

  • corriger les tests de verbes
  • corriger les corrections des deux derniers tests de verbes
  • corriger les corrections des deux derniers tests d’anglais
  • corriger le test significatif de maths
  • corriger l’exercice-contrôle d’orthographe sur le pluriel des noms
  • corriger et évaluer à  l’aide d’une grille à  20 points les rédactions d’une classe
  • corriger les résumés faits par l’autre classe
  • préparer le corrigé des exercices supplémentaires de grammaire
  • préparer le test de grammaire
  • préparer l’interrogation de vocabulaire anglais
  • préparer les cours…

Et dire qu’il y en a qui se demandent pourquoi on a tellement de vacances!

(P.S. Si seulement ils pouvaient faire moins de fautes dans leurs tests! Dire qu’il y en a également qui pensent que les enseignants préparent exprès des tests pour que leurs élèves y fassent plein de fautes…)