[en] I write a weekly column for Les Quotidiennes, which I republish here on CTTS for safekeeping.
Chroniques du monde connecté: cet article a été initialement publié dans Les Quotidiennes (voir l’original).
Vous avez sûrement déjà entendu que le FBI a diffusé une photo de Ben Laden, artificiellement vieilli, puisque le dernier portrait du monsieur très recherché date d’il y a une dizaine d’années, et qu’il a dû un peu changer depuis. Le hic, c’est que le FBI s’est vraisemblablement basé pour ce faire sur le portrait d’un politicien espagnol, Gaspar Llamazares, trouvé sur internet. (Ce monsieur-là, du coup, n’est pas très très content, comme vous pouvez l’imaginer.)
“Mais j’ai trouvé la photo sur internet!” s’est sans doute exclamé le responsable de ce mauvais photoshopping. “Je ne savais pas qu’il s’agissait d’un homme politique espagnol!”
En l’occurrence, le fait qu’il s’agisse d’une personnalité publique n’a en fait aucune importance.
Ce qui m’interpelle ici, c’est que même au FBI, on semble se satisfaire de l’idée naïve qu’une photo trouvée via Google Images peut être utilisée comme bon nous semble. Eh ben non.
Mesdames, messieurs, accrochez-vous donc bien à vos fauteuils: pour changer, je m’en vais me ranger cette fois du côté des droits d’auteurs. Il faut varier les plaisirs dans la vie, non? (N’ayez cependant crainte, il n’y a là rien de contradictoire, sauf peut-être pour les adeptes de prises de position simplistes.)
Ce n’est pas parce qu’une photo a été trouvée sur internet qu’elle est libre de droits.
Souvenez-vous de vos premiers cours de traitement de texte ou de fabrication de pages web, si Google existait déjà à l’époque. Un des exercices consistait très probablement à aller chercher une image “quelque part sur internet” pour l’incorporer dans votre document. Fatale erreur! On enseigne ainsi à une génération d’internautes que tout ce qui se trouve dans un moteur de recherche est “à disposition”. On confond allègrement “à disposition pour consultation” et “à disposition pour réutilisation”, voyez-vous.
Oh, c’est une erreur répandue, et je passe mon temps à remettre les pendules à l’heure: auprès d’élèves et de parents, mais aussi auprès d’enseignants et de professionnels de la communication. Et j’aurais peut-être dû faire un saut au FBI…
Alors je le répète ici: si vous trouvez une image “sur internet”, cela ne signifie pas qu’elle fait partie du domaine public. Il y a toutes les chances qu’au contraire, quelqu’un en détienne les droits.
Cette problématique trahit en fait une méconnaissance bien plus grave à mes yeux: une méconnaissance de la nature même des contenus qui composent internet.
Tout ce que l’on trouve sur internet y a été mis par quelqu’un: un particulier, une entreprise, une association, un gouvernement ou une organisation quelconque. On peut espérer que les personnes qui mettent des choses en ligne en aient les droits (ou au moins le droit). Mais même si ce n’est pas le cas, ce n’est pas parce tout le monde copie et recopie à droite et à gauche que cela nous autorise à le faire, comme on nous le répète à l’envi lorsqu’il s’agit de musique ou de films.
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