Stress [en]

A few lines on the stressful life of an apprentice-teacher. Don’t tell me we don’t deserve our holidays. Ever. Again.

[fr] Un petit aperçu du stress de l'enseignant. Et qu'on ne vienne pas me dire qu'on se la coule douce, qu'on est trop payés, et qu'on ne mérite pas nos vacances.

I’ve been thinking a lot about stress this week. I’m pretty stressed these days. I didn’t feel the stress much before the autumn holidays. I just felt very tired. Now I’m much less tired, and much more stressed.

Even though my sources of stress are multiple (private and professional, emotional and simply the sheer amount of work to do) it translates into a permanent background of “thinking of my pupils.” I just can’t get them out of my head. I go to sleep thinking of them, I wake up in the morning dreaming of them, I worry about them during the day, and even when I try to relax, they just won’t leave me alone. I’m usually pretty good at “blanking out” and thinking of “nothing”, but it just doesn’t work anymore nowadays.

It doesn’t help that I don’t have much time to do non-school things. Most of the time I have out of school is spent correcting and marking tests, preparing tests and classes, or discussing various school issues (relational or directly educational) with various people (some of whom must really be sick of hearing about all this stuff by now). Oh, and sleeping. Did I meantion dreaming about school? To put it shortly, I’m finding it hard to unwind.

However, even though I’m having a hard (sometimes rough) time, I’m confident that I’m doing what is necessary to improve the situation, and that I’m handling it as best I can. I am surrounded by competent and helpful people, and that helps a lot. It won’t last forever, and things are under control.

Just don’t tell me that teachers do nothing but sit on their arse all day waiting for their undeservedly long holidays, and go on “strike” because they think they’re not being paid enough. It pisses me off ever so slightly.

Récupération [fr]

Un petit texte que je n’utiliserai pas pour l’exercice de français que je prépare. Je le colle ici plutôt que de le ficher à  la poubelle.

[en] A small text snippet I wanted to use in an exercice for my pupils. Not adapted, so I'm sticking it here instead of throwing it away.

Trop compliqué et subtil pour l’exercice de français que je préparais (l’idée était de faire ensuite récrire ce petit morceau d’histoire du point de vue de l’extra-terrestre caché dans les feuilles), mais bon, je le garde — ça peut toujours servir!

Notre vaisseau se posa doucement sur le sol. Je fus le premier à  sortir. Une peu méfiant, je descendis les marches et regardai longuement autour de moi. C’était toujours à  la fois excitant et effrayant d’être le premier à  fouler le sol d’une nouvelle planète. Tout était vert autour de moi: des plantes immenses et des arbres qui touchaient le ciel, recouverts de lianes entrelacées. J’étais en train de me retourner pour faire signe à  mes camarades, encore bien cachés dans le vaisseau, quand je crus voir quelque chose bouger dans la verdure, à  quelques dizaines de mètres. Je m’immobilisai et fixai l’endroit en question. Pendant quelques instants, il ne se passa rien. Soudain, dans un grand bruit de feuillage et de brindilles cassées, une forme à  première vue humaine prit la fuite à  travers les arbres.

C'est les vacances… [fr]

C’est les vacances. Quelques mots sur les semaines écoulées, depuis la rentrée scolaire.

[en] Holiday time. A few words on how the beginning of school went. Not easy, tiring, but overall, I like the job.

Pour la première fois depuis avant la rentrée scolaire, je suis en mesure de déclarer officiellement que mon appartement n’est plus “zone sinistrée”. J’ai passé l’aspirateur, fait la vaisselle, rangé, entassé, remis le matelas-canapé à  sa place (je vais pouvoir utiliser ma télé à  nouveau!) et même arrosé les plantes.

Je suis restée au lit ce matin, tâchant sans trop de succès de me débarrasser du sentiment lancinant que j’avais des corrections à  faire et des cours à  préparer. Pas aujourd’hui! Ca peut attendre, j’ai deux semaines sur lesquelles étaler mon travail. Demain, par contre, déclaration d’impôts. Ca va faire mal, mais c’est nécessaire. (Oui, oui, celle qu’il fallait rendre en mars. Sans commentaire.)

Je sens que ça va être dur de déconnecter, de ne pas penser (dans le sens “souci”) à  mes élèves, d’oublier l’école pendant quelque temps. Difficile de penser à  autre chose quand on n’a presque fait que ça durant sept semaines. Hier, je suis allée au cinéma pour la première fois depuis la rentrée — moi qui y allais en général au moins une fois par semaine!

Le rythme “debout 5h30, dodo 21h00” ce n’est pas terrible pour soigner sa vie sociale. Surtout quand entre 16h00 et 21h00 il faut (1) décompresser de la journée, (2) manger, (3) faire des corrections, (4) préparer des cours. Si j’avais eu des doutes, c’est maintenant très clair pour moi pourquoi dans l’enseignement, nous avons autant de vacances. C’est un métier exigeant et fatiguant, dans lequel on donne beaucoup de soi-même émotionnellement. C’est quelque chose qui me plaît, mais il faut faire une pause de temps en temps.

Je suis un peu fâchée (et attristée) quand j’entends les réactions “bateau” concernant le fait que nous nous sommes mis en grève ces dernières semaines: “ils trouvent qu’ils sont pas assez payés, avec toutes les vacances qu’ils ont!” Surtout quand ça vient des élèves. C’est normal et prévisible, mais ça me déçoit quand même que les gens ne voient pas plus loin que le bout de leur nez et pensent que l’on ne descend dans la rue que pour des histoires de salaire.

Ces dernières semaines n’ont pas été faciles. Classes difficiles, beaucoup de travail, de stress, et peu de temps pour moi (je me répète?) Une bonne surprise en ce début d’année, ça a été les collègues. Je ne me suis jamais sentie seule pour faire face aux situations difficiles auxquelles j’ai été confrontée, et j’ai reçu beaucoup de soutien de la part de mes collègues et du doyen. J’aime beaucoup l’ambiance de la salle des maîtres et l’atmosphère qui règne dans le collège en général. Quant à  mes élèves, même si l’atmosphère en classe est souvent bruyante et tendue, je les trouve plutôt sympathiques et attachants que franchement déplaisants.

Sur ce, après avoir nettoyé l’appartement, je vais m’occuper de ma petite personne en me plongeant dans un bon bain chaud, agrémenté d’une ou deux petites choses de chez Lush!

Holidays! [en]

Tired and looking forward to holidays. Doing good apart from that and the messy flat.

[fr] A la veille des vacances, je ne peux que confirmer que ce n'est pas pour rien que les enseignants ont tant de vacances. On en a besoin! Je suis fatiguée mais je vais bien, et je me réjouis d'avoir un semblant de vie sociale durant les deux semaines qui viennent. Ah oui, et aussi de ranger l'appartement et de préparer les cours jusqu'à  Noël. Peu de chances que je m'ennuie!

Tomorrow is the last day before the holidays. I can tell you it’s high time! I’m tired, a bit stressed out, and my flat looks like a dump (no trespassing). Some people wonder why teachers have “so many” holidays — I tell you, it’s simply because this job couldn’t be done with only 4 weeks off in a year!

Having seen the office world and the classroom world, I can say two things: I like the classroom better, but it’s much more tiring.

Holidays will be devoted to sleeping, reconstructing my social life, catching up on cinema, and preparing classes, tests, and course material until Christmas. Oh, I almost forgot: I also intend to turn my flat back into a place I can invite people into.

Aside from being tired and worn out, I’m doing pretty good. The feeling of these last months that my life is finally heading somewhere and that I know where I am seems to be there for good.

"Alors ils leur font la guerre" [fr]

Les compositions de mes élèves semblent inévitablement mener à  la guerre.

[en] I'm a bit worried by the omnipresence of war as the outcome when the heroes meet the aliens in my pupils' SF essays. Is conflict the only way to meet "the other"?

Je corrige des compositions françaises sur le thème de la science-fiction. Les élèves avaient comme point de départ un “canevas” qui plantait le décor (leur donnant le contexte de leur histoire) et leur donnait des instructions assez précises pour guider leur texte.

Parmi celles-ci:

Le personnage central est un représentant pacifique d’un système qui veut repeupler la terre.

(Je souligne.)

A quelques exceptions près, les histoires sont construites sur le schéma suivant: nos héros arrivent sur terre avec leur vaisseau, rencontrent d’autres êtres (autres mutants, extra-terrestres, ou même Aliens), et pour une raison ou l’autre on se fait la guerre, et tout finit en destruction (de la planète, des héros, des ennemis, à  choix).

Personne n’a imaginé qu’ils discutent? Qu’ils trouvent un intérêt commun et qu’ils s’entendent? Qu’ils fuyent? Le conflit semble être la seule voie possible face à  l’altérité.

Oui, ils ont entre 13 et 15 ans, c’est un peu normal.

Je reste toutefois un peu songeuse, et un peu soucieuse.

Ca s'empile… [fr]

Au programme de mon week-end d’enseignante: beaucoup de corrections.

[en] A busy week-end ahead: lots of tests to correct and prepare.

Qui a dit que les enseignants se la coulaient douce? Au programme du week-end:

  • corriger les tests de verbes
  • corriger les corrections des deux derniers tests de verbes
  • corriger les corrections des deux derniers tests d’anglais
  • corriger le test significatif de maths
  • corriger l’exercice-contrôle d’orthographe sur le pluriel des noms
  • corriger et évaluer à  l’aide d’une grille à  20 points les rédactions d’une classe
  • corriger les résumés faits par l’autre classe
  • préparer le corrigé des exercices supplémentaires de grammaire
  • préparer le test de grammaire
  • préparer l’interrogation de vocabulaire anglais
  • préparer les cours…

Et dire qu’il y en a qui se demandent pourquoi on a tellement de vacances!

(P.S. Si seulement ils pouvaient faire moins de fautes dans leurs tests! Dire qu’il y en a également qui pensent que les enseignants préparent exprès des tests pour que leurs élèves y fassent plein de fautes…)

A Brief Update [en]

A very brief summary of my first four weeks of teaching. Tired, difficult, but I’m OK.

[fr] Un très bref état des lieux après quatre semaines d'enseignement. Fatiguée mais vivante. Vacances d'automne en vue. Pas beaucoup de temps ni d'énergie pour le weblog ou ma vie sociale.

I’ve started teaching. Four weeks have gone by already. I’m exhausted, physically and emotionally, and looking forward to the time when everything will be running smoother.

I’m finding it harder than expected. Teenagers (13-14) aren’t easy, and as all my colleagues have told me, the first year is always tough. No exception for me.

It’s a new experience for me to be teaching English and French. I’ve had to lower my expectations a lot, and I expect to lower them yet more. I’m flabbergasted at how much difficulty many pupils have at following simple instructions.

We’ve started a weblog project, as I mentioned previously, and it seems to be starting off not too badly. This gave me a chance to have a peek at the non-school weblogs a few of the pupils have set up on skyblog.com — I doubt many of the parents are aware of what their children are posting online (lots of photographs, personal information, and sometimes also sexually explicit stuff).

I haven’t been having much social life lately, and I feel drained enough that I don’t have much to write here. I’m OK though, no need for concern. Things will start falling into place (I’m already used to getting up at 5:45 every morning), I’ll soon be a bit less tired and emotionally stressed, and more visible to those (online or offline) around me. Three weeks to go until autumn holidays.

Des weblogs à  l'école [fr]

Weblogs à  l’école (8VSG). Le projet a démarré et peut être suivi sur la Centrale des weblogs (le weblog du projet).

[en] I'm doing weblogs in school with two of my classes. The project blog is open, but in French, unfortunately.

Le “Projet weblogs” a démarré la semaine passée avec mes deux classes de 8VSG. Toutes les informations sur le déroulement de cette aventure se trouveront dans la Centrale des weblogs, le weblog de projet.

Pendant qu’on est dans le sujet, ne ratez pas cet intéressant article Blogs et enseignement (via Corinne, via MediaTIC, merci Ollie.)

Weblogs à  l'école [fr]

Les weblogs à  l’école. Vous êtes parent, enseignant? Vous en connaissez des exemples? Partagez-les ici!

[en] A call to information and opinions on weblogging in schools. In particular, would you post photographs of the weblog owners on the blog, or their full name?

Cette année scolaire (ouille, le rentrée approche) va être pour moi l’occasion de travailler avec des élèves sur un projet de weblogs (un weblog par élève ou petit groupe, a priori).

Avez-vous fait une expérience semblable? Avez-vous des liens sur le sujet? Est-ce que votre école publie sur le web les photos des élèves qui y écrivent et leur nom? Qu’en pensez-vous?

Que vous soyez enseignants ou parents (ou même, autre!), votre avis sur la question m’interesse. Il y a Mario, il y a les élèves de St.-Joseph, il y a SchoolBlogs… mais encore?

Cours de maths-base [fr]

Avec la suppression des “sections” en VSB, l’enseignant en maths se retrouve à  devoir gérer jusqu’à  la fin de la scolarité obligatoire des classes passablement hétérogènes quant à  leur facilité dans cette branche. Un commentaire sur mon expérience.

[en] In canton Vaud, the school organisation has changed a lot during these last years, resulting in more heterogenous classes. I talk about my experience teaching maths in classes where you have "maths-specialists" and "language-specialists" (who are often less at ease with maths) in the same classes.

Mon premier “challenge” d’enseignante, lors de mes remplacements, cela a été les cours de “maths-base” — à  savoir les cours de maths donnés à  la classe entière, sans faire intervenir les différents choix d’options spécifiques qu’ont fait les élèves. En effet, on trouve maintenant dans une même classe de VSB aussi bien des latinistes, des scientifiques, que des élèves ayant choisi comme option spécifique l’italien (“langues modernes”) ou l’économie.

Ces élèves suivent en commun les cours d’allemand, d’anglais, de français, de maths, d’histoire (etc.) et se séparent pour suivre les quatre (cinq) heures de cours hebdomadaires consacrées à  leur option spécifique: l’italien, le latin, l’économie, ou des maths supplémentaires. Les cours “maths-option” couvrent des domaines qui ne sont pas abordés par le cours maths-base. Ainsi, les élèves de maths-option ne se trouvent pas favorisés lors de ceux-ci.

Mais, il y a un mais. Nous ne sommes pas tous égaux devant les maths. Si je crois fermement que chacun est capable de comprendre et maitriser les mathématiques enseignés au collège (si on fait preuve de patience et de compétence pédagogique, et qu’il y a assez de temps à  disposition — ce qui n’est en général pas le cas), il me parait cependant évident que certaines personnes comprennent plus vite que d’autres. Au risque de tomber dans le cliché (mais en étant consciente que ceci est une généralisation, à  manier donc avec des pincettes), il y a fort à  parier que l’on trouve chez les élèves ayant choisi les maths en option spécifique une forte proportion de personnes ayant de la “facilité”, comme on dit, et dans les options plus littéraires, un plus grand nombre d’élèves ayant besoin d’un peu plus de soutien pour appréhender les mathématiques.

Lorsque l’école secondaire était divisée en sections bien distinctes, on attendait clairement plus des scientifiques durant les cours de maths, quel que soit le sujet abordé, que des modernes (pour rester dans les gros clichés). Les latines étaient considérées comme des littéraires, certes, mais puisque c’étaient des latines (traditionnellement la section pour les “meilleurs” élèves, à  tort ou à  raison), certains enseignants avaient tout de même des exigences un peu plus élevées que pour des élèves en section moderne.

On va tenter de s’arrêter là  avec les clichés, espérant tout de même que mon argumentation aura été claire: certains comprennent plus vite les maths que d’autres. (Et ne nous limitons pas aux maths, les problèmes que je soulève ici se retrouvent dans l’enseignement des langues et probablement d’autres branches encore.)

Prenez donc une classe de 7VSB. A force d’exercices et de persuasion, on leur présente l’addition et la multiplication des fractions. Quelques élèves auront compris dès la première explication ou le premier exercices. D’autres auront besoin encore de longues heures d’explications bien plus détaillées, accompagnées de force schémas et analogies, mettant à  l’épreuve la créativité de l’enseignant et dans bien des cas, sa patience. (Et très personellement, c’est là  un des aspects de l’enseignement que je trouve le plus stimulant.)

Reste la question: que faire avec ceux qui ont compris, qui ont fini en cinq minutes l’exercice que vous avez donné à  faire, et qui s’ennuient durant les explications que vous donnez à  ceux qui ont encore du chemin devant eux? Si vous leur faites prendre de l’avance dans les exercices à  faire pour les occuper, cela ne fait que repousser le problème. Leur donner à  faire des exercices supplémentaires, que ne feront pas les autres élèves? Cela me paraît la moins mauvaise solution. Elle demande bien entendu préparation, organisation, et travail supplémentaire de la part de l’enseignant.