Anonymat et blog intime [fr]

[en] My reaction to a new French-speaking blogger who desires to remain anonymous because he will be dealing with private stuff on his blog.

I consider that it is not possible to blog anonymously in the long run. As you create relationships with readers, temptation to let out your real name to some of them will be great, and at some point somebody may let your name slip. Or if that doesn't happen, somebody who knows you might come upon your blog by chance and recognize you through the contents of your writing.

Writing with a pseudonym to keep oneself from unknown stalkers is fine. But when the pseudonym is there to keep people who know you from recognizing you, the consequences to face when it does happen may be very uncomfortable

Saturnin says his "blogging rule" is to not write anything he wouldn't be willing to stand up for if he was discovered. I ask him, then, what his anonymity adds to his blogging enterprise, apart from the fact he won't be easily googled for. If being anonymous helps him write more freely then if he was signing with, say, his first name, then maybe being anonymous is a trick he's playing on himself, and he might be brought to regretting it someday.

Saturnin entre en blogosphère il y a dix jours, avec un billet dont le contenu m’interpelle. Il nous annonce un blog intime, anonyme, et il nous en donne les raisons:

La condition : l’anonymat, quoi qu’on en pense. Impossible en effet de m’attacher à exprimer mes pensées et mes sentiments les plus secrets, impossible de livrer ma vie intérieure profonde sous mon vrai nom. Je suis enseignant. J’ai des élèves et des étudiants, que je vois chaque jour. Imagine, mon lecteur, que mes étudiants lisent mon blogue quotidiennement et sachent, avant même que j’entre en classe, dans quel état j’erre. Impossible.

Saturnin fait référence dans son billet à ma théorie des deux anonymats, et je sens justement dans son dernier billet, intitulé le droit à l’anonymat, un mélange un peu flou entre les deux.

Là où je rejoins entièrement Saturnin, c’est sur le fait que l’anonymat n’est pas mauvais en soi. Edicter une règle du style “Tu ne blogueras point anonymement” est inévitablement réducteur et ne tiens pas comptes des motivations du blogueur qui cherche à protéger son identité. Dans le passage reproduit ci-dessus, Saturnin nous dit clairement pourquoi la solution de l’anonymat s’est imposée à lui. Il désire parler de choses privées, intimes même, et ne désire pas être reconnu par un partie de son entourage (ses élèves en particulier — comme je le comprends).

Ma mise en garde contre l’anonymat qui cherche à préserver une intimité, c’est-à -dire à cacher ses écrits de personnes que l’on connaît, provient du fait que celui-ci peut s’écrouler. Sur le web, deux phénomènes peuvent précipiter cet écroulement (ou cet éclatement, suivant comment les choses se vivent).

  1. Le blog crée des conversations (comme celle-ci!) puis des liens entre le blogueur et ses lecteurs. Ces liens peuvent être forts, surtout dans le cas d’écrits intimes qui risquent de toucher profondément les lecteurs. Des correspondances par e-mail sont à prévoir. A un moment donné, le blogueur va peut-être donner sa véritable identité à quelqu’un dont il se sent proche. Des fuites sont alors possibles.

    J’ai vécu cela lorsque j’ai commencé à chatter en 1998. Mon identité véritable était un secret d’état. Assez rapidement cependant, je me suis fait des amis proches via le chat. On a échangé des mails. Vient un moment où l’on désire dire qui l’on est et ne plus se cacher derrière un pseudonyme. On résiste beaucoup la première fois, moins les suivantes. Un jour, par pure maladresse et sans aucune mauvaise intention, sans réaliser que c’était un problème pour moi, une fille avec qui je correspondais lâche mon nom complet en public, dans le chat. Bingo.

  2. Lorsque l’on écrit sur le web, les écrits ont tendance à s’accumuler. Il peut arriver, un jour, par hasard (et cela arrive!) que quelqu’un de notre entourage tombe sur nos écrits. Là , c’est le contenu de nos écrits qui nous trahit. Un billet ne trahira personne. Dix-huit mois de récit de vie, de cogitations, et d’états d’âme, oui.

Conclusion: l’anonymat sur le web n’est pas une chose sur laquelle on peut véritablement compter à long terme. Se pose alors la question de ce qui arriverait (les conséquences) s’il devenait connu publiquement que nos écrits précédemment anonymes nous appartiennent.

Quand je m’adresse à un public d’adolescents, clairement, il s’agit de prévenir des délits punissables par la loi ou des indiscrétions graves qui pourraient leur faire du tort. Beaucoup d’adolescents se sentent véritablement protégés par leur “anonymat” sur le web, qui est au fond très fragile.

Saturnin n’est plus un adolescent, par contre 😉 et ne va donc pas se croire “tout permis” parce qu’il ne signe pas de son nom. Même caché, il veut écrire de façon responsable:

Ma règle, c’est de fausser les noms et de ne rien publier que je ne pourrais assumer si j’étais découvert.

C’est fort bien. Assumer n’a ici pas une consonnance juridique, mais personnelle. Si Saturnin parle de sa vie sentimentale sur son blog, et que par un concours de circonstances encore inconnu, son nom devient public, alors il devra assumer face à son entourage ce dont il a parlé. Entourage qui inclut ses élèves.

Ma question à Saturnin: si ton anonymat “responsable et lucide”, comme j’ai envie de l’appeler, te fait choisir de n’écrire que des choses que tu es prêt à assumer face au monde, connu et inconnu, ton anonymat t’apporte-t-il réellement autre chose que la certitude qu’on n’aterrira pas sur ton blog lorsque l’on jette ton nom en pâture à Google? S’il te permet de te livrer plus qu’un simple “anonymat-discrétion” ou qu’une signature de ton simple prénom, n’est-il pas en train de te jouer un tour?

Tags and Categories are not the Same! [en]

[fr] Les tags et les catégories, ce n'est pas la même chose. En bref, les catégories forment une structure hiérarchique, prédéfinie, qui régit l'architecture de notre contenu et aide autrui à s'y retrouver. Les tags sont spontanés, ad hoc, de granularité variable, tournés vers le partage et la recherche d'information.

Update, Sept. 2007: when I saw Matt in San Francisco this winter, he told me he had finally “seen the light” (his words!) about tags and categories. Six months later, it’s a reality for WordPress users. Thanks for listening.

I got a bit heated up last night between Matt’s comment that tags and categories function the same and a discussion I was having with Kevin on IM at the same time, about the fact that Technorati parses categories as tags.

I went back to read two of my old posts: Technorati Tagified and Plugin Idea: Weighted Tags by Category which I wrote about a year ago. In both, it’s very clear that as a user, I don’t percieve tags to be the same thing as categories. Tags were something like “public keywords”. Is anybody here going to say that keywords and categories are the same thing? (There is a difference between keywords and tags, but this isn’t the topic here; keywords and tags are IMHO much closer in nature than tags and categories).

Here are, in my opinion, the main differences between tags and categories, from the “tagger” point of view.

  • categories exist before the item I’m categorizing, whereas tags are created in reaction to the item, often in an ad hoc manner: I need to fit the item in a category, but I adapt tags to the item;
  • categories should be few, tags many;
  • categories are expected to have a pretty constant granularity, whereas tags can be very general like “switzerland” or very particular like “bloggyfriday“;
  • categories are planned, tags are spontanous, they have a brainstorm-like nature, as Kevin explains very well: You look at the picture and type in the few words it makes you think of, move on to the next, and you’re done.
  • relations between categories are tree-like, but those between tags are network-like;
  • categories are something you choose, tags are generally something you gush out;
  • categories help me classify what I’m talking about, and tags help me share or spread it;

There’s nothing wrong with Technorati treating categories as tags. I’d say categories are a kind of tag. They are special tags you plan in advance to delimit zones of content, and that you display them on your blog to help your readers find their way through what you say or separate areas of interest (ie, my Grandma will be interested by my Life and Ramblings category and subscribe to that if she has an RSS reader, but she knows she doesn’t care about anything in the Geek category. (By the way, CTTS is not a good example of this, the categories are a real mess.)

So, let’s say categories are tags. I can agree with that. But tags are not categories! Tags help people going through a “search” process. Click on a tag to see related posts/photos. See things outside the world of this particular weblog which have the same label attached. Provide a handy label to collect writings, photos, and stuff from a wide variety of people without requiring them to change the architecture of their blog content (their categories). If you want to, yeah, you can drop categories and use only tags. It works on http://del.icio.us/. But have you noticed how most Flickr users have http://flickr.com/photos/bunny/sets/ in addition to tagging their photos? Sets aren’t categories, but they can be close. They are a way of presenting and organizing things for human beings rather than machines, search engines, database queries.

To get back to my complaint that WordPress.com does not provide real tags, it’s mainly a question of user interface. I don’t care if from a software point of view, tags and categories are the same thing for WordPress. As a user, I need a field in which I can let my fingers gush out keyword-tags once I’ve finished writing my post. I also need someplace to define and structure category-tags. I need to be able to define how to display these two kids of tags (if you want to call them both that) on my blog, because they are ways of classifying or labeling information which I live very differently.

Am I a tag weirdo? Do you also perceive a difference between tags and categories? How would you express or define it? If categories and tags are the same, the new WP2.0 interface for categories should make the Bunny Tags Plugin obsolete — does it?

DailyMotion Problems [en]

[fr] Un problème avec DailyMotion, heureusement réglé. Si vous n'avez pas pu voir la vidéo où je fais la bobette derrière Robert Scoble, c'est le moment d'y aller!

You probably know I like DailyMotion. I posted some feedback about DailyMotion yesterday, and bumped into some naughty problems today.

The problem with DailyMotion is that it doesn’t have a nice forum or a real devblog like coComment where we can leave feedback. So I’m posting it to my blog and tagging it in hope it will be found. By the way, I’ve been wondering what the best place is for this kind of feedback: here or on the Cheese Sandwich Blog? What’s your take?

After LIFT’06, I put this video of Robert being interviewed online and wrote a post about it here. Unfortunately, it seems at least one of my readers is not able to view it . (I guess there are at least 20 of you out there who just didn’t tell me about it.) The message says something about a key not being valid for this blog.

DailyMotion allows you to blog your videos directly from the site. That’s neat, but as I’m a control freak, I like dealing with the code myself. Back in November I had posted a video to my other blog, so I grabbed the code from over there, adapted it (video id), and it seemed to work. Actually, that was because I was still logged in to my DailyMotion account.

I first tried adding CTTS to my DailyMotion account, as a second blog. That failed (error message, just doesn’t work). As I was writing this post, I tried logging out of DailyMotion, and actually saw the message all my poor readers have been seeing these last days! In a click of my trackpad I was able to fix everything.

So, if you haven’t seen me goofing off behind Robert Scoble as David and Marc-O try to podcast him (red wine and Apple hardware involved), now’s the time to do it! Sorry for the buggy post, and thanks a lot to Raphael for pointing out the problem to me.

Back to Being a Low-Tech Audience [en]

[fr] Dans une conférence où beaucoup de blogueurs sont présents, on a besoin de pauses-blogging 😉 -- et peut-être aussi de présentations qui tiennent bien dans un billet? Suivent quelques suggestions pour les personnes qui font des conférences -- sachant que je ne fais certainement pas tout ce que je dis.

Running a bit late for Emmanuelle‘s talk on anonymity online, I decided to go in without my laptop, which was in the other room. Decision also fueled by my earlier cogitations about my decreasing attention span.

Well, there we are: I was more attentive and took notes on paper.

I was telling Robert that conferences like this lacked blogging breaks. The audience is in the real-time information business if you have lots of bloggers in the room, so if you don’t want them to spend half the talk time uploading photos, chatting, and writing up blog posts. So, how about give us blogging breaks, and plan post-sized talks? Wouldn’t that be neat?

For many people, the most interesting moments of a gathering like this is around and outside the talks. Try to change the balance a bit? I know there are organisational imperatives, but I’m sure a solution could be found.

Other than that, some ideas for speakers (and I’m aware I don’t do what I preach when I’m giving a talk):

  • Give me an outline of the talk, paper would be best (I’ll get lost somewhere else by trying to find it online). If I tune out of your talk for a minute (and I’m bound to) I need a chance to tune back in. An outline will help with that.
  • Be theatrical, keep me listening, or make me participate. Effective use of slides is good, but I don’t know how to do it so I won’t give you any advice on the topic.
  • Don’t talk to fast, particularly when the audio in the venue isn’t too good. Articulate. (Yeah. Sorry.)

Update: I took hand-written notes of Robert’s talk too. Lesson learnt.

My Notes of Robert Scoble's Talk

Now let’s see if you can decypher my handwriting!

LIFT'06 et Bloggy Friday [fr]

[en] LIFT'06 STOP BLOGGY FRIDAY STOP SEE YOU GENEVA STOP PLEASE COMMENT STOP

Très bref pour cause de surbookage. Bloggy Friday comme annoncé, vendredi à  Genève — peut-être qu’on combine ça avec la fête de fin de LIFT si on a le droit. Qui veut rejoindre le Bloggy Friday? Et chers lecteurs, qui sera à  LIFT, histoire qu’on rate pas une occasion de se croiser en chair et en os, le nez vissé à  nos écrans de laptop? Mettez un mot en commentaire.

Mon numéro de tél. mobile est disponible sur demande si jamais.

(PS: si vous avez un canapé inutilisé du côté de Genève, ça m’intéresse…)

Requirements for a Multilingual WordPress Plugin [en]

[fr] Quelques réflexions concernant un plugin multilingue pour WordPress.

My blog has been bilingual for a long time now. I’ve hacked bilingualism into it and then plugged it in. Other plugins for multilingual bloggers have been written, and some unfortunately got stuck somewhere in the development limbo.

Defining specs is a hairy problem. They need to work for the person visiting the site (polyglot or monoglot). They need to work for the person (or people! translation often involves more than one person) writing the posts. They need to work for all the robots, search engines, and fancy browsers who deal with the site.

Here is what I would like a multiple language plugin to do (think “feature requirements”, suggestion, draft):

  1. Recognize the browser language preference of the visitor and serve “page furniture” and navigation in the appropriate language. This can be overridden by a cookie-set preference when clicking on a “language link”.
    • “WordPress” furniture can be provided by the normal localization files
    • how do we deal with other furniture content in the theme (navigation, taglines, etc.)? should the plugin provide with guidelines for theme localization? do such guidelines already exist? extra information appreciated on this point
    • “language links” shouldn’t be flags, but language names in their respective languages; can this list be generated automatically based on present localization files? otherwise, can it be set in an admin panel?
    • upon “language change” (clicking on a language link), could the localization (action) be done in an AHAH– or AJAX-like way?
    • inevitable hairy problem: tag and category localization
  2. Manage “lazy multilingualism” in the spirit of the Basic Bilingual plugin and “true multilingualism” elegantly and on a per-post basis.
    • allow for “other language abstracts”
    • allow for actual other language version of the post
    • given the “general user language” defined above, show posts in that language if a version for that language exists, with mention of other language versions or abstracts
    • if that language doesn’t exist, show post in “main blog language” or “main post language” (worst case scenario: the wordpress install default) and show alongside other language abstracts/versions
    • abstract in one language (would be “excerpt” in the “main” language) and existence of the post in that language are not mutually exclusive, both can coexist
    • does it make more sense to have one WordPress post per language version, or a single post with alternate language content in post_meta? For lazy multilingualism, it makes more sense to have a single WP post with meta content, but fore “translation multilingualism”, it would make more sense to have separate posts with language relationships between them clearly defined in post_meta
  3. Use good markup. See what Kevin wrote sometime back. Make it nice for both polyglot and monoglot visitors. Inspiration?
    • use <div lang="xx"> and also rel attributes
  4. Provide a usable admin panel.
    • when I’m writing the other version of a post, I need access to the initial version for translation or abstracting
    • ideally, different language version should be editable on the same admin panel, even if they are (in the WordPress database) different posts
    • languages in use in the blog should be defined in an options screen, and the plugin should use that information to adapt the writing and editing admin panels
    • idea: radio button to choose post language; N other language excerpt/abstract fields with radio buttons next to them too; abstract radio buttons change dynamically when main post language is set; in addition to other language abstract fields, another field which can contain a post id/url (would have to see what the best solution is) to indicate “this is an equivalent post in another language” (equivalent can be anything from strict translation to similar content and ideas); this means that when WP displays the blog, it must make sure it’s not displaying a post in language B which has an equivalent in language A (language A being the visitor’s preferred language as defined above)
  5. Manage URLs logically (whatever that means).
    • if one post in two languages means two posts in WP, they will each have their own slug; it could be nice, though, to be able to switch from one to an other by just adding the two-letter language code on the end of any URL; a bit of mod_rewrite magic should do it
  6. Integrate into the WordPress architecture in a way that will not break with each upgrade (use post-meta table to define language relationships between different posts, instead of modifying the posts table too much, for example.)
    • one post translated into two other languages = 3 posts in the WP posts table
    • excerpts and post relationships stored in post_meta
    • language stored in post_meta

I have an idea for plugin development. Once the specs are drafted out correctly, how about a bunch of us pool a few $ each to make a donation to (or “pay”) the person who would develop it? Who would be willing to contribute to the pool? Who would be willing to develop such a plugin (and not abandon the project half-way) in these conditions?

These specs need to be refined. We should start from the markup/reader end and get that sorted out first. Then, think about the admin panel/writer end. Then worry about code architecture. How does that sound?

We’ve started a discussion over on the microformats.org wiki. Please join us!

Update: this post is going to suffer from ongoing editing as I refine and add ideas.

Etre Madame Blogs [fr]

[en] You may or may not know that I've become the person journalists contact around here when they have an article to write about blogs. Not always, but often. Media fame is neat, but can be tiring when it becomes routine, and you're filled with self-doubts on the part you're playing in giving the public a biased vision of what blogs and blogging are. A bit of history, some thoughts, and a little rant. If you don't read French, you're lucky -- you can come back later when I have more constructive things to say.

Je me souviens du tout premier téléphone que j’ai reçu de la part d’un journaliste. J’allais sur mes 19 ans, j’étais cheftaine scoute, et il s’agissait d’une sombre histoire concernant le terrain que nous désirions occuper durant notre camp d’été. J’ai bredouillé quelques réponses à  des questions dont je ne comprenais pas vraiment l’objet, sans même saisir que j’allais être citée dans un article.

Plusieurs années passent. Je suis en Inde. Je suis en train de marcher vers l’arrêt des taxis lorsqu’un homme à  scooter s’arrête à  ma hauteur et propose de me prendre en stop. J’accepte. Nous échangeons quelques banalités sur les raisons de ma présence en Inde. Il est journaliste. Il désire m’interviewer. Contre toute attente, l’interview se fait, et l’article paraît.

On est en Inde, le pays des aventures extraordinaires. Je rentre donc en Suisse avec l’article sous le bras, des tirages des photos, et une promesse morte-née de rôle dans un film hindi qui perdra son financement lors des événements du 11 septembre 2001. Je n’en reviens pas, je n’y crois qu’à  moitié, mais en Inde, tout peut arriver : il y a eu un article à  mon sujet dans le Pune Times.

Entre 2002 et 2004, je compte cinq interviews, dont quatre sur les blogs. C’est très excitant, je me sens tout à  fait honorée d’être digne de l’attention de ces Messieurs-Dames journalistes. C’est même assez incroyable de penser que ma petite activité sur Internet a une répercussion dans « le vrai monde ». Je passe à  la radio pour la première fois de ma vie, et je découpe quelques articles dans lesquels apparaissent mon nom.

Début 2005. Là , tout s’accélère : dès la publication de « Née pour bloguer » dans Migros Magazine, les interviews s’enchaînent. Le 20 février, je suis l’invitée du plateau de Mise au Point à  la Télévision Suisse Romande : 10 minutes de direct. Pour un baptême-télé, c’est énorme. Ça continue.

Pourquoi diable est-ce que je vous raconte tout ça ? Il y a deux raisons. La première, c’est qu’il y a depuis quelque temps des petites voix (dans mon entourage et ailleurs) qui chuchotent que je prends un peu trop de place dans la presse romande, et qu’il y a en Romandie des tas d’autres personnes aussi (voire plus) compétentes que moi en matière de blogs. La deuxième, c’est que je commence à  me sentir passablement blasée face à  toute cette attention médiatique, même si je l’apprécie, et que donner des interviews et voir mon nom dans la presse a perdu l’attrait de la nouveauté.

Je ressens ces temps le besoin de me situer un peu par rapport à  l’attention que portent les médias, et au statut de « Madame Blogs » qui semble être devenu le mien. je me pose beaucoup de questions. Est-ce que je fais du tort « aux blogs » en étant un peu l’interlocutrice privilégiée des médias sur le sujet ? Est-ce un peu de ce ma faute si maintenant, un blog est en Romandie un « journal intime d’adolescent plein de photos », à  l’exclusion de toute autre chose ? Est-ce que je sais vraiment de quoi je parle ? Devrais-je refuser des interviews ? Est-ce que je pourrais faire encore plus pour envoyer les journalistes qui me contactent vers d’autres blogueurs compétents que je connais ? Est-ce que je fais preuve de complaisance envers la presse ? Est-ce que la célébrité me monte à  la tête et m’aveugle…?

Pour commencer, disons-le haut et fort, je ne m’imagine nullement être l’autorité ultime en matière de blogs. Certes, j’ai des tas de choses à  dire sur le sujet, je connais la blogosphère (non ! une petite partie de la blogosphère !) de l’intérieur et depuis belle lurette, et je porte sur elle un regard doublement double : technique et humain, francophone et anglophone. Je sais bien qu’il y a des tas d’aspects des blogs et de l’Internet social qui m’échappent. Je ne peux pas tout suivre !

Mon métier principal n’a rien à  voir avec Internet et les blogs : il consiste à  enseigner l’anglais et le français à  des adolescents. Internet bouge vite, la blogosphère aussi, et de plus en plus de personnes travaillent dans le domaine. Il est normal que je paraisse « larguée » sur certains points : je suis une généraliste du blog, avec, un peu à  mon corps défendant au départ, une petite spécialisation dans les affaires adolescentes. Les généralistes en savent toujours moins que les spécialistes, c’est bien connu.

Plus j’y réfléchis, plus je me dis que ma principale qualité d’interviewée, avant ma « connaissance de la blogosphère », c’est peut-être simplement mon talent de vulgarisation. Je sais généralement expliquer les choses de façon à  ce que les gens comprennent. Je n’éprouve aucune difficulté à  mettre mes idées en mots. Je m’exprime plutôt bien, que ce soit par oral ou par écrit. Une journaliste avec laquelle j’avais sympathisé m’a dit une fois : « Tu te demandes pourquoi on t’appelle autant ? Mais c’est parce que tu nous mâches le travail ! »

Donc, voilà . Les journalistes romands ont leur « spécialiste-généraliste du blog » qui est plutôt bavarde (un ami journaliste m’a raconté son interview-cauchemar : un interviewé qui répondait à  ses questions par un grognement à  mi-chemin entre le oui et le non), qui leur facilite la tâche… et qui en plus est photogénique. Moi, je réponds aux interviews, qui se suivent et commencent à  se ressembler, je me creuse la tête (je vous promets !) pour leur proposer d’autres noms lorsqu’ils en cherchent ou lorsque leurs questions nouvelles dans des domaines qui me paraissent mieux maîtrisés par d’autres.

Souvent, je suis un peu empruntée : qui est la bonne personne à  interviewer sur tel ou tel aspect des blogs ? Je ne sais pas toujours… De loin pas. Je songe parfois à  mettre sur pied une liste de blogueurs romands avec leurs compétences. Mais par où commencer ? Qui inclure, qui exclure ? Je ne connais pas tout le monde ! Si je cite Untel mais que j’oublie Teltel, on va m’en vouloir, surtout si les personnes concernées gagnent leur vie (ou une partie) avec les blogs… C’est bête, mais je commence à  avoir peur du poids de mes mots.

Je trouve d’autant plus difficile de déterminer quelle est « l’attitude juste » à  avoir face aux médias que je suis bien consciente d’avoir des intérêts personnels en jeu. D’une part, les blogs me permettent également de gagner une partie de ma vie (enfin, j’essaye). D’autre part (pour des raisons bassement psychologiques que vous pouvez vous amuser à  interpréter si ça vous chante), je trouve du plaisir à  être sous l’oeil du public, tant que cela reste à  doses raisonnables, bien sûr : j’ai adoré passer à  la télé, j’aime parler en public, être prise en photo, voir mon nom écrit ailleurs que sur un écran… Vous voyez le topo. À quel moment ces intérêts personnels risquent-ils de prendre le pas sur mon ambition d’être une informatrice fiable et consciente de ses limites ? Mon rôle d’interprète de la blogosphère, pour les personnes qui m’interviewent, peut-il être corrompu par ma recherche d’attention ou des considérations pécuniaires, malgré la lucidité que j’essaie d’avoir à  leur sujet ? Au cas où vous en douteriez, je suis quelqu’un qui se pose beaucoup (trop) de questions.

Pour tenter de clore ce trop long billet, je reviens sur la situation concrète qui m’a incitée à  le rédiger : l’effet de nouveauté des interviews est passé. Ça me met un peu mal à  l’aise de dire ça, mais c’est devenu un peu la routine. Bien sûr, je réponds encore volontiers aux questions des journalistes, et ça me fait toujours plaisir que l’on s’adresse à  moi. Cependant (et là , je vous volontiers que ce sont les motivations pécuniaires qui me poussent), les interviews, cela prend du temps. Or les interviews (une amie à  moi était fort surprise de l’apprendre l’autre jour) ne sont pas rémunérées, et le temps est une denrée précieuse qui me manque toujours, même si je n’ai pas mon pareil pour le gaspiller. (Je vous épargne le triste récit de ma situation financière.)

Donc, je disais que je prenais volontiers de mon temps pour accorder des interviews. Mais. S’il vous plaît, Mesdames et Messieurs les journalistes, faites vos devoirs avant de m’interviewer. Allez visiter quelques blogs. Mettez les pieds sur le mien, c’est la moindre des choses. Allez jeter un coup d’oeil aux articles de vos collègues, afin de ne pas me faire répéter ce que j’ai déjà  dit trois fois. Il se trouve que j’ai écrit un article (bien modeste) sur les blogs, intitulé Les blogs : au-delà  du phénomène de mode. Allez au moins y jeter un coup d’oeil, cela vous donnera une petite idée de ce que je pense des blogs, en plus de quelques points de départ pour vous faire une idée par vous-même. Et, s’il vous plaît, évitez de me dire : « Donc, un blog, c’est un journal intime d’adolescent, c’est bien juste…? »

Blogs Can Hurt Reputations [en]

[fr] Mena Trott parle d'une situation ou une accusation erronnée contre une entreprise demeure néanmoins numéro deux dans les résultats Google pour le nom de ladite entreprise.

While the reason why Zawodny received the mail and everything else was more or less amicably sorted out, the original post is now the number 2 result in Google for “Krause Taylor.” And throughout a number of weblogs, the post was linked to by its original title “Krause Taylor spams weblogs.”

A firm like KTA, which has been around for years, can luckily rely on its positive reputation to lessen the blow of an inflammatory weblog post. But regardless of the circumstances or reality of the situation, they still have to deal with this post being a part of the permanent Google record.

Mena Trott

As I say in French in my previous post about Google and the use of full names in blogs, we bloggers have power, and with that power comes responsability. Are we really prepared for it?

Google et les noms [fr]

Citer le nom de quelqu’un sur un blog n’est pas un acte anodin. Sommes-nous préparés à  la responsabilité qui va avec le pouvoir de la parole publique? Quelques exemples de situations… embarrassantes.

[en] Mentioning the name of somebody in one's blog can have embarrassing consequences. People with less web presence than the blogger might find their official site behind a blog post that mentions them in passing when they google their name. How do you know if people will be happy to get your google juice or not? Bloggers are always happy with google juice... but what about the non-blogging crowd?

As people with the power to express themselves in public, bloggers have responsabilities they might not be well-prepared for. Here are a few embarrassing experiences I made: for exemple, unintentionally google-bombing people I had no hard feelings against, or not giving google juice when it would have been appreciated.

Tagging adds to the difficulty for the blogger, as tags are often chosen for private reasons, but as they are links that are indexed, they have an impact on the online presence of other people when they are of the firstname+name form.

Depuis quelque temps, je médite sur la responsabilité du blogueur qui nomme dans son blog d’autres personnes que lui, particulièrement si celui-ci a passablement de “google juice”, comme on dit en anglais. En effet, si je nomme une personne dans mon blog, il y a de fortes chances que mon article se retrouve en position assez proéminente lorsque l’on recherche le nom de cette personne.

Si vous cherchez mon nom dans Google, la grande majorité des liens sur les deux ou trois premières pages m’appartiennent — je suis responsable de la présence de mon nom dans ces pages. C’est le cas, bien entendu, parce que je suis quelqu’un qui a une très forte présence en ligne et une vie sociale “internautique” importante. (Je rassure les lecteurs qui ne me connaîtraient pas assez… ma vie sociale “non-internautique” se porte également très bien!)

Ce “pouvoir” que me donne mon blog peut être utile lorsque quelqu’un désire obtenir plus de visibilité sur le net (hop! un petit lien, ça donne un coup de pouce au référencement d’un site qui se lance, par exemple), mais c’est surtout une petite bombe qui peut se déclencher de façon involontaire si je ne fais pas particulièrement attention. Par exemple, je suis allée mercredi à  un concert que j’ai apprécié. J’évite de mettre le nom de l’artiste dans le titre de mon billet, de peur qu’il n’arrive ce qui arrive à  l’école d’arts martiaux dans laquelle je m’entraîne: en cherchant le nom de l’école dans Google, mon article est placé avant le site officiel de l’école. C’est un peu embarrassant!

Il y a encore bien pire: reprenons le cas de l’artiste de mercredi, dont j’écoute les chansons régulièrement depuis quelque temps. J’ai un compte LastFM, qui établit des statistiques sur les morceaux que j’écoute avec iTunes. Je publie sur la première page de Climb to the Stars la liste des derniers morceaux écoutés; cette liste renvoie aux pages consacrées aux morceaux en question sur LastFM (par exemple: We Will Rock You (Queen). On peut y lire combien de personnes ont écouté le morceau, et encore bien d’autres choses fort sympathiques. Si on cherche le nom de l’artiste (LB) dans Google, on voit que la page LastFM qui lui est consacrée (et qui existe par ma faute, si on veut) sort droit derrière son site officiel. Limite embarrassant, également!

Donc, je ne mets pas son nom complet dans ce billet. Premièrement, cet article ne lui est pas consacré en tant qu’artiste, ce qui m’embarrasserait triplement s’il finissait bien placé dans Google pour une recherche sur son nom. Deuxièmement, mon Cheese Sandwich Blog est bien plus récent que Climb to the Stars, moins bien référencé, et avec un peu de chance il le restera, puisqu’il est consacré à  mon petit quotidien plutôt qu’à  des questions d’importance nationale comme celle que vous êtes en train de lire maintenant. Une mention “en passant” du nom de LB dans le corps d’un article ne porte pas à  conséquence sur mon “petit blog”, mais qu’en serait-il dans celui-ci? Je ne veux pas prendre le risque.

L’expérience me rend prudente. Il y a quelques mois, on m’a demandé de retirer un nom de mon blog. La personne en question avait fait des photos de moi pour l’article dans Migros Magazine, et m’avait gentiment autorisé à  les mettre en ligne sur Flickr. Comme je considère qu’il faut citer ses sources et l’annoncer lorsqu’on utilise le travail de quelqu’un d’autres, j’avais consciencieusement mis son nom dans mon article et également dans les tags des photos en question. Ce que je n’avais pas prévu, c’est que ces photos, qui ne sont pas forcément représentatives de son travail, et qu’elle m’a laissé à  bien plaire mettre dans mon album photos en ligne, se retrouveraient en première position lorsque l’on cherchait son nom dans Google. Ma présence en ligne étant plus forte que la sienne, j’ai littéralement fait mainmise sur son nom sans m’en rendre compte. Bien entendu, j’ai immédiatement fait de mon mieux pour réparer les choses quand elle me l’a demandé (à  juste titre!), et si j’en crois ce que je vois dans Google, les choses sont maintenant rentrées dans l’ordre. Néanmoins, expérience embarrassante (j’ai déjà  utilisé ce mot aujourd’hui?)

La généralisation des folksnomies pour catégoriser et classer l’information, à  l’aide de “tags” ou “étiquettes”, ajoute encore des occasions de commettre des impairs malgré soi. Sur Flickr, par exemple, il est souvent d’usage d’accoler un tag nom+prénom lorsqu’une photo représente quelqu’un. Mais lorsque je mets en ligne une série de photos passablement floues prises après le concert dont j’ai parlé, est-ce que je vais mettre le nom et le prénom de chaque personne sur chacune des photos? Du coup, j’ai commencé à  être un peu plus parcimonieuse dans ma distribution de tags: nom+prénom pour un petit nombre de photos, et un prénom ou un diminutif pour les autres. Le problème avec les tags, c’est que je les utilise surtout pour pouvoir m’y retrouver dans les 4000+ photos que j’ai mises en ligne. Mais en même temps, les tags sont également des liens, et sont également indexés par Google. Ma façon d’organiser mes photos va avoir un impact sur la présence en ligne d’autres personnes. Potentiellement embarrassant quand il s’agit de noms de personnes!

Comment peut-on deviner si une personne donnée préfère que son nom soit mis en avant sur le web, ou pas? Dans le doute, mieux vaut s’abstenir — c’est le message que je tente de faire passer aux ados lors de mes conférences. Ces conférences, en passant, c’est très bien pour moi: à  force de répéter les choses aux gens, je suis forcée d’y réfléchir, et des fois je me rends compte que ma position à  certains sujets est en mouvement…

Cependant… s’abstenir n’est pas une solution sans risques. Plus récemment, alors que je préparais un site dans lequel on parlait du parcours de quelques personnes, j’ai justement évité de mettre en ligne des pages vides (ou presque) ayant pour titre le nom de quelqu’un lorsque je n’avais rien de précis à  y mettre. Ce que je n’avais pas prévu, c’est que l’absence de page signifiait également l’absence du nom dans ce qui ressemble à  la “table des matières” du site et créait un déséquilibre dans la présence en ligne des différents acteurs — ce qui m’a été reproché (à  juste titre également).

A moins que la personne nommée ne soit un blogueur, je dirais que mettre un nom dans un billet est une chose délicate. Plus ou moins délicate, selon que le nom est dans le corps du billet, sur du texte lié, dans le titre du billet, ou pire, dans le titre de la page. Plus ou moins délicat également selon la visibilité du blog dans lequel c’est fait.

Les gens vont-ils nous en vouloir d’avoir cité leur nom? Vont-ils nous en vouloir de ne pas l’avoir fait, ou pas assez? Il n’est pas toujours possible de vérifier auparavant avec la personne en question. De plus, même si on vérifie, la personne est-elle pleinement des conséquences de l’une ou l’autre route? Une vérification sérieuse ne pourra manquer de s’accompagner d’une explication du fonctionnement du référencement, ce qui risque de crisper certains… à  tort.

Voici à  mon sens démontrée une nouvelle fois l’utilité d’une forte présence en ligne. Vous pouvez mettre mon nom où vous voulez, ça ne me dérange pas, car je sais que sur Google, c’est moi qui possède mon nom.

Ce que démontre également ce genre de situation, c’est la responsabilité qui va avec ce que j’appelle la “parole publique”. La parole publique est un pouvoir, et avant internet, ce pouvoir était en principe limité aux personnes dont c’était le métier (journalistes, politiciens, écrivains). Avec internet, ce pouvoir se démocratise, et c’est une bonne chose. Mais nous sommes peu préparés à  la responsabilité qui va avec. Avec la façon dont fonctionnent les moteurs de recherche comme Google, on ne peut plus écrire sans avoir présent à  l’esprit les conséquences que cela pourrait avoir pour le référencement d’autres sites.