L'art de la modération: donner le ton [fr]

[en] How I approach moderation or "community management" of the facebook groups I'm admin of.

Une fois qu’un groupe Facebook existe et tourne, le travail n’est pas terminé. Tout comme on a soigné le démarrage, il faut soigner l’évolution.

Une communauté c’est quelque chose de vivant, et en tant que tel, dans un état de déséquilibre constant. De temps en temps il faut donner une chiquenaude pour que le déséquilibre ne se transforme pas en perte d’équilibre.

Comment on fait ça? Avec du tact, de la subtilité, et un sain rapport aux normes. Et quand? Tout le temps, souvent sans en avoir l’air. J’aime penser que si on fait bien son boulot, la plupart des gens ne remarqueront rien.

J’ai appris un principe extrêmement important lors de mes débuts comme blogueuse: la théorie de la vitre cassée. Appliquée au blog et à ses commentaires, ça donne: si tu n’effaces pas le spam de ton blog, tu en attireras plus. Ou encore: si tu laisses les gens faire de la pub dans tes commentaires, ça va encourager d’autres à le faire aussi. Si tu écris n’importe comment, les autres n’auront pas de scrupules à écrire en langage SMS.

Dans une situation sociale nouvelle, on tend à modeler son comportement sur ce qu’on peut observer. Ce qui est observable est donc très important: c’est le contexte. L’expression qui me vient toujours à l’esprit quand je pense à la modération, c’est “donner le ton”. “Modérer”, ça met trop l’accent sur “retenir les excès”. Alors oui, c’est ce qu’on fait, mais on s’y prend tellement plus en amont. C’est pour ça qu’en anglais on a commencé il y a quelques années à parler de “community management”, plutôt que “moderation”. Mais c’est un terme qui vient aussi avec son lot de casseroles, dont je parlerai peut-être une autre fois.

Concrètement, on va recadrer des comportements qui, s’ils s’intensifient ou se généralisent, risquent de mettre l’avenir du groupe en péril. Mais attention! Il ne s’agit pas de faire le flic et de tomber à bras raccourcis sur toute personne qui fait un pet de travers. Rien ne tue l’ambiance plus vite que le sentiment de se retrouver dans une cour de récréation, ou à l’école. Le ton va donc être capital.

Je vous donne un exemple de “recadrage sans en avoir l’air”: dans mon groupe pour indépendants, j’invite toujours les nouveaux venus à se présenter (une bonne pratique pour beaucoup de groupes, à mon avis). Je tourne ma formule d’invitation de façon à ce que ça parte dans la bonne direction, mais parfois, je lis des présentations qui donnent un peu l’impression que la personne est là pour “vendre son business”, alors que le ton du groupe est plutôt “entraide” ou “échange de pratiques”. C’est généralement subtil, mais quand je vois que ça part “visitez mon site pour en savoir plus sur ce que je fais et n’hésitez pas à me recommander autour de vous”, j’agis.

Ce que j’évite absolument: confronter directement la personne en disant, par exemple, “attention, ici l’auto-promo n’est pas bienvenue, on est ici pour partager nos préoccupations d’indépendants entre nous et s’entraider.” C’est techniquement correct, mais c’est beaucoup trop frontal. Si ça se trouve la pauvre personne ne pensait pas à mal et n’a même pas réalisé qu’elle mettait les pieds dans le plat.

Au lieu de cela, ce que je fais c’est relancer la personne sur quelque chose plus en ligne avec l’esprit du groupe: je la remercie de s’être présentée, et j’enchaîne avec, par exemple, “est-ce que tu as des préoccupations en tant qu’indépendant que tu voudrais partager avec le groupe? raconte-nous un peu ce qui fonctionne bien et moins bien pour toi dans ta vie indépendante.” Je pars du principe que tout naturellement, la personne va comprendre ce qu’on fait dans le groupe, et se rendant compte que personne ne fait de l’auto-promo, elle n’en fera pas non plus.

Après, si la personne persévère dans sa mauvaise route, il faudra peut-être être plus clair. Souvent, un petit mot en privé passe mieux qu’une remarque publique, mais suivant le contexte, ça peut être utile que ce soit public, car ça donne aussi un signal aux autres membres du groupe.

Pour la diplomatie, je ne sais pas trop quoi donner comme conseils, j’avoue. Ménager la “face” de l’autre (très intéressant: l’idée qu’une des choses importantes qui régit la communication c’est les questions autour de “garder/perdre la face”) tout en étant clair et ferme. Eviter les attaques personnelles, parler en “je”, être respectueux, un brin d’humour si c’est dans son tempérament. Et la diplomatie, c’est un continuum. On s’adapte à la situation. Si deux membres du groupe sont en train de s’insulter, on va probablement intervenir de façon plus sèche que si quelqu’un a juste posté une photo qui dévie un peu des préférences pour le groupe.

Autre exemple de modération “souple”: je fais partie de l’équipe de modération d’un groupe où les membres postent des photos de leurs chats (mais si, mais si). C’est la vision de base du groupe: des gens qui postent des photos de leurs chats ou qui en parlent, et qui gagatent dessus, plutôt que des lolcats et autres chats d’internet (ainsi que les inévitables annonces de chats perdus ou à adopter) que les amoureux de chats ont aussi tendance à partager.

On aurait pu être rigide et interdire tout ce qui n’était pas du “chat maison”. Mais ça, typiquement, c’est le genre d’approche qui va inévitablement mener au clash: qu’est-ce qu’on fait, quand un membre poste quelque chose qui n’est pas approprié? Le supprimer? Avec un groupe assez gros (plus de 500 personnes), on va passer son temps à “censurer”. Même avec un groupe plus réduit, une gestion à base “d’interdits” passe généralement plutôt mal.

Ce qu’on fait, alors, c’est qu’on revient aux principes: il s’agit d’un groupe de détente et d’échanges centrés principalement autour de nos chats. On peut donc y tolérer une certaine proportion de publications autres. La modération, dès lors, consistera à garder un oeil attentif sur cet équilibre, et à intervenir en douceur pour le rétablir s’il bat de l’aile.

De nouveau, l’approche “je fais une grande annonce frontale: ici on veut pas de chats d’internet” est à mon avis moins souhaitable sur le long terme que d’autres stratégies, comme donner les moyens aux membres du groupe de comprendre par eux-mêmes quel est “l’esprit” du groupe (via le descriptif, l’accueil qu’on fait aux nouveaux, l’exemple que donnent les membres actifs et modérateurs…).

Le résultat dans ce cas-ci c’est qu’on accepte la présence de publications “autres” (il m’arrive d’ailleurs même d’en publier moi-même!) — tout est une question de dosage. On va intervenir par contre (discrètement) si une même image est publiée à répétition (vous savez comment c’est avec les choses qui tournent sur facebook… je le vois aujourd’hui, toi demain, Louis dans une semaine), ou si sa nature s’oppose fortement à la “mission” du groupe (par exemple les photos d’animaux maltraités, pas terrible quand on vient sur le groupe pendant sa pause pour gagater sur le zolis chats…).

Vous l’aurez compris à travers ces deux exemples: j’ai une vision de la modération comme quelque chose qui se fait très en amont. On va être à l’affût de ce qu’en gestion de crise on appelle les “signaux faibles” (merci Fabienne!), les signes avant-coureurs d’une potentielle crise mais qui sur le moment semblent sans importance.

Après, si un crise éclate, il faut la gérer… Ça pourrait être un autre billet, tiens. Mais ce n’est de loin pas ma spécialité, alors on verra si je suis inspirée!

Un autre volet très important de la modération, sur lequel je ne vais pas m’étaler parce que cet article est déjà bien assez long, c’est d’encourager la participation positive. Ça se fait par l’exemple, en étant un membre actif et généreux de sa communauté (pas besoin toutefois d’être hyperactif): publier, répondre, participer… Mais pour de vrai, hein. Le faux, ça se sent. Et aussi en encourageant les autres à le faire, si le groupe devient trop calme et menace de mourir d’inactivité, par exemple. De nouveau, ça ne se fait pas forcément en disant aux gens “mais participez, bon sang”, mais par des moyens détournés: lancer un sujet qui sera bien repris, rebondir sur une publication faite ailleurs mais qui pourrait enrichir le groupe, etc…

Voilà! Le modérateur chanceux est celui qui fait un peu tout ça sans trop y réfléchir, parce que c’est dans sa nature. On peut toujours apprendre, bien sûr, mais l’investissement en énergie est du coup plus grand!

Les commentaires d'un blog ne sont pas un espace de pub! [fr]

[en] I'm tired of people using blog comments as advertising space (it's particularly a problem on the ebookers.ch travel blog that I manage). I've decided that I was tired of racking my brains to figure out if this or that slightly fishy comment was ham or spam, so in future, people who sign comments with brand names (or any non-human name, for that matter) will not see their comments published. Ditto if the URL provided with the comment points to something resembling a commercial site (well, anything that is clearly not that person's site).

Y’en a marre! Le spam mécanique qui nous assome de Britney peu vêtue et de Viagra dans nos commentaires de blog, c’est déjà pas drôle, mais il y a des filtres à spam genre Akismet qui font assez bien leur travail.

Mais là, ce qui commence à me sortir par les trous de nez, ce sont les personnes (au pire malhonnêtes, au mieux mal informées) qui s’appliquent à laisser des commentaires “pseudo-intelligents” à droite et à gauche pour promouvoir leur site/blog/produit.

Ça va de la remarque vide genre “super article, merci!” ou “j’adore ton blog!” au commentaire un peu plus réfléchi et même parfois pertinent, en passant par le franchement publicitaire plus ou moins subtil.

Les auteurs de ces commentaires ont parfois un nom d’être humain, mais souvent pas. Et leur URL n’est clairement pas celle de leur blog ou site personnel.

C’est particulièrement grave sur le blog de voyage ebookers.ch, dont j’ai l’honneur d’être “blogueuse-rédac-chef”. Environ la moitié des commentaires que nous recevons sont entre le douteux et le franchement commercial. Quand quelqu’un qui s’appelle “blog voyage” laisse un commentaire sympathique 2-3 fois par mois, on se pose des questions. Ou bien alors l’annonce pour une location d’appartement dans une rue de Paris dont nous parlons dans un article. Les liens vers d’autres sites de tourisme ou de voyage. J’en passe.

Alors bref, y’en a marre. Voici ce que j’ai décidé.

  1. Déjà, pour commencer, si vous n’êtes pas capable de signer votre commentaire d’un nom humain ou d’un pseudonyme clair, je ne publie pas votre commentaire.
  2. Si votre commentaire se complaît dans la banalité et sent de façon suspecte “l’excuse à lien”, il croupira dans l’obscurité de la file de modération sans jamais voir la lumière du jour.
  3. Si vous utilisez un nom d’humain et qu’en plus votre commentaire est génial, mais que le lien fourni laisse à penser qu’il est commercial, alors je le publierai, mais en supprimant le lien.

Méchant? Oui.

Je comprends toutefois que de nombreuses personnes (et agences, parce que je me rends bien compte qu’il y a des professionnels qui se lancent dans ce genre d’opération misérable) agissent ainsi par manque d’informations. Ou se basant sur de mauvaises informations provenant de soi-disant experts en marketing 2.0 ou que sais-je, mais en fait qui n’y comprennent que dalle.

Donc, du coup, je vais vous expliquer.

Oui, laisser des commentaires sur d’autres blogs est en excellent moyen de promouvoir le vôtre. Mais seulement si vous ne le faites pas dans le but premier de faire de la promotion. Paradoxal? Pas tant que ça.

La raison pour laquelle les commentaires vont faire connaître votre blog, c’est parce que ces commentaires vont vous faire connaître. Ils vont vous faire connaître à travers l’intelligence de vos propos, la vivacité de votre esprit, le tranchant de votre plume clavier. Les commentaires d’un blog, c’est l’espace privilégié de la conversation, et donc de la rencontre entre êtres humains. Comme j’aime le dire, on ne peut pas avoir une conversation avec un communiqué de presse — on ne peut pas non plus avoir une conversation avec un robot publicitaire, même si celui-ci s’appelle Juliette.

Et j’ai une mauvaise nouvelle pour les robots publicitaires: on les repère de loin dans la foule des humains.

Quelques exemples. (J’ai omis les cas tout à fait évidents d’un côté comme de l’autre.)

  1. Un article portant sur la bonne manière d’organiser sa valise: j’y laisse un commentaire vantant les mérites des shampooings solides de chez Lush. Je n’ai pas d’actions chez Lush, ce n’est pas un client (sinon je le préciserais, du coup), je n’ai aucun bénéfice direct à en parler, si ce n’est que je suis un fan de produits Lush et que j’ai envie de partager ça. => publié.
  2. Un article parlant de San Francisco: Ben (je sais qu’il s’appelle comme ça grâce à son e-mail et à une signature en fin de commentaire) laisse un commentaire avec une petite info supplémentaire et un merci pour les photos qui lui rappellent de bons souvenirs. Ça s’annonce bien, sauf que dans le champ “nom et prénom” il a écrit “blog voyage” et que le lien qu’il fournit est celui de Enroutes!, une plateforme de blogs de voyage, justement. Ajouté aux deux autres commentaires du genre laissés sur d’autres articles, ça sent fortement le “j’essaie de faire connaître un site en laissant des commentaires à droite et à gauche”. => pas publié.
  3. Sur l’article “Trois destinations de rêve“: quelqu’un laisse un commentaire répondant à la question posée dans l’article. Problème? Son nom est “Ces petits riens”, comme le blog donné en lien. Du coup, alerte rouge. Je vais visiter le blog en question, je fais un peu d’analyse de texte et… cela semble effectivement a première vue être un blog personnel écrit par une personne. Un conseil pour la blogueuse en question? Se choisir un pseudonyme qui ressemble plus à un nom qu’à un titre de publication, si elle tient à rester anonyme. Son commentaire a failli ne pas être publié. => publié, mais ça m’a demandé du boulot de vérification et j’en ai marre.
  4. Enfin, l’article donnant quelques trucs “santé” pour voyager malin: “Rando” (ça commence mal) laisse un commentaire pour préciser qu’en effet, il ne faut pas oublier de prendre une trousse de secours pour ce genre de destination… avec lien sur la page de vente de trousses de secours d’un magasin en ligne de matériel de randonnée. => pas publié.

Avec ces quelques exemples, j’espère que vous voyez où est le problème avec ce genre de commentaire “trop promotionnel”: on ne sait pas vraiment qui est en train d’écrire le commentaire (le proprio du magasin en ligne? le créateur de la plateforme de blogs de voyage? l’employé d’une agence de comm?) et clairement, le commentaire est laissé plus pour la valeur qu’il leur apporte que pour celle qu’il nous apporte. C’est pas très désintéressé, comme qui dirait.

Pourraient-ils procéder autrement? Oui.

Par exemple, Ben pourrait signer les commentaires de son nom et laisser en lien son propre blog de voyage au lieu de celui de la plate-forme. Cela éviterait de donner l’impression qu’il essaie simplement de placer un lien vers la plateforme. Ou s’il est le créateur de la plate-forme et qu’il cherche à promouvoir celle-ci, il pourrait nous écrire pour nous suggérer de faire un article à ce sujet pour nos lecteurs (ce qu’on ferait ou non, c’est une autre histoire). Dans les deux cas, la communication serait claire et transparente.

Quant à “Rando”, il pourrait nous dire simplement dans le commentaire que son magasin en ligne vend des trousses de secours, et peut-être nous expliquer en quoi les siennes sont tellement plus extraordinaires que les autres que l’on pourrait trouver. Il nous donnerait son nom, et un lien qui nous en dise un peu plus sur lui. Ça passerait ou non, clairement, aussi en fonction de son engagement dans la micro-communauté du blog. Si c’est son seul commentaire, bof. Si c’est un contributeur engagé (et authentique!) régulier, on lui passerait probablement ça, parce qu’il aurait accumulé assez de capital social pour se le permettre.

De façon générale: payer quelqu’un (à l’interne ou à l’externe) pour aller arroser les blogs de pseudo-commentaires dans l’espoir de faire connaître son site (ou le faire soi-même) est une mauvaise stratégie, qui finira simplement par vous ranger dans la catégorie des spammeurs et pollueurs.

Ici, comme avec tout ce qui touche aux médias sociaux, ce n’est pas l’action (laisser un commentaire, envoyer un tweet, faire une page sur facebook, publier sur un blog) qui est importante. C’est l’état d’esprit dans laquelle elle est faite.

Et pour cela, encore et encore, lisez le Cluetrain Manifesto. Oui, même s’il faut vous taper la version anglaise.

En attendant, moi, je vais devenir impitoyable dans la modération des commentaires des blogs que je gère. Si vous n’avez pas un nom d’humain, passez votre chemin!

Ouvrir ou non les commentaires? [en]

A midi, un ami m’apprenait qu’il avait un blog déjà depuis un petit moment, mais qu’il n’avait pas osé ouvrir les commentaires (c’est-à-dire: permettre aux lecteurs de s’exprimer directement sur son site, en réaction à ses articles) de peur de se faire déborder ou d’y passer trop de temps.

Souvent, lorsque je commence à “parler blogs” avec des clients (ou futurs clients), c’est autour des commentaires que tout se crispe. On a peur de ce qu’autrui pourrait venir écrire “chez nous”, et on se retrouve aux prises avec ce bon vieux pote qui nous joue pourtant de bien sales tours: le contrôle.

Si vous avez lu Naked Conversations (fortement recommandé pour qui voudrait comprendre l’importance que les blogs prennent dans le monde économique et social d’aujourd’hui) ou bien The Cluetrain Manifesto (le “manifeste” est traduit en français mais franchement, il m’a passé complètement par-dessus la tête plusieurs fois avant que j’attaque le livre — que je dévore en ce moment — disponible gratuitement sur le site), si vous avez donc lu un de ces deux livres, vous saurez de quoi je parle. On ne peut plus contrôler.

Sur internet, chacun peut en deux minutes, gratuitement et sans compétences techniques particulières, créer un blog (filez chez WordPress.com si vous êtes tenté) et y écrire ce qu’il souhaite. Tôt ou tard, si ce qu’il écrit présente un intérêt pour suffisamment de personnes (et ce nombre n’a pas besoin d’être bien grand), il se trouvera un public.

Le rapport avec les commentaires? Si vous avez peur de ce qu’on pourrait dire de vous ou répondre à vos écrits, ne pas avoir de commentaires ne change rien. Si vous avez des choses peu honorables à cacher, si vous êtes malhonnête, si vous refusez de dialoguer avec autrui, alors certainement, internet est un grand méchant espace effrayant, et si vous y avez un site, vous allez éviter d’encourager les gens à s’y exprimer. Oui. Laisser à ses lecteurs la possibilité de s’exprimer chez vous, via des commentaires, c’est inviter au dialogue — et bien des personnes qui s’expriment dans les commentaires ne l’auraient pas fait s’il leur avait fallu prendre la peine d’envoyer un e-mail ou d’ouvrir leur propre blog. Mais de l’autre côté, fermer les commentaires n’empêchera jamais quiconque de déverser du fiel à votre sujet en ligne — que ce fiel soit justifié ou non n’est ici pas la question.

Admettons cependant que la plupart des gens (et des entreprises) sont (raisonnablement) honnêtes et n’ont pas trop de vilains cadavres pourrissant au fond de leurs placards. (Il y en a toujours quelques-uns, de squelettes ou de cadavres, mais on finira par comprendre que les vrais êtres humains ont parfois des boutons d’acné sur le nez et qu’ils ne sont pas retouchés en permanence sous PhotoShop.) Donc, pourquoi cette peur des commentaires, si au fond on est relativement comfortable avec qui l’on est et ce qu’on fait? Quelques hypothèses:

  1. Les gens peuvent dire n’importe quoi! C’est vrai. Ils peuvent aussi dire n’importe quoi ailleurs. Sur votre site, l’avantage c’est que vous pouvez immédiatement répondre au commentaire en question pour corriger le tir. Pensez-y: dans la “vraie vie” (arghl, je déteste utiliser cette expression) on agit pareil. Quand quelqu’un dit quelque chose de stupide ou de faux à notre sujet, eh bien, on répond. On discute. (La conversation, vous vous souvenez?) De plus, notons que la plupart des gens ne passent pas leur temps à aller laisser des commentaires débiles sur les blogs des autres. Pas dans le monde des adultes civilisés, et sur un blog qui a l’air “sérieux”, en tous cas.

  2. Ça va prendre du temps! Là, il vaut la peine de s’arrêter une minute et de se demander ce qui va prendre tellement de temps. Déjà, réaliser que les craintes du point 1. se réalisent peu souvent. Ensuite, savoir que la plupart du temps, le problème d’un blog n’est pas qu’il y a trop de commentaires, mais pas assez. Sur Climb to the Stars, avec environ 2000-2500 lecteurs par jour (ça varie, mais voilà l’ordre de grandeur), j’ai entre trois et cinq commentaires par jour en moyenne. Parfois zéro. Combien de lecteurs a votre blog? Ce qui peut prendre du temps, c’est de nettoyer le spam, si l’outil de blog que l’on utilise n’a pas un bon filtre. Mais ça, ce n’est pas une question de principe, c’est une question de choix de moteur de blog (et aussi pour ça qu’en général je recommande WordPress — le filtre à spam fourni avec, Akismet, est assez efficace).

  3. Les gens pourraient poser des questions difficiles, ou dire des choses incomfortables… Ça, honnêtement, je pense que c’est la seule crainte réelle à avoir. Si la conversation n’est certes pas impossible sans commentaires (on avait des conversations via nos blogs avant que ceux-ci ne comprennent cette fonctionnalité), ceux-ci invitent clairement au dialogue. Et le dialogue, cela implique une certaine ouverture à l’autre — d’assumer une certaine humanité. On ne peut pas dialoguer si l’on parle comme un communiqué de presse ou des prospectus de marketing. Oui, il y des choses qui sont imparfaites. Oui, on fait des erreurs. Non, on ne sait pas tout. Oui, la concurrence peut être bien aussi. Il vaut donc la peine de se demander si on est prêt pour ça — sachant que dans le fond, ce n’est pas si difficile que ça (discuter, c’est quelque chose que l’on fait tous les jours, sans y prêter vraiment attention), et qu’en fin de compte, l’évolution d’internet nous permet de moins en moins d’échapper à ce dialogue…

Moralité: ouvrez les commentaires, ne les filtrez pas, gardez un oeil attentif dessus au début si vous êtes inquiet, résolvez les problèmes posés par les commentaires “difficiles” en y répondant plutôt qu’en censurant… et si vraiment vous considérez que vous êtes débordé de commentaires, activez la modération, voire supprimez-les. Mais dans cet ordre. Essayez d’abord. Faites marche arrière ensuite si nécessaire (et je vous parie que dans 99% des cas, cela ne le sera pas).

More Spam? [en]

[fr] Est-ce quelque chose qui ne va pas depuis la mise à jour de WordPress sur CTTS, ou bien est-ce qu'il y a depuis quelques jours une légère recrudescence de spam de commentaires?

I have the impression that since I upgraded, I’ve been getting a little more spam (caught in moderation) than before. (“Before”, being, of course, after Bad Behavior saved this blog’s arse — can’t believe I didn’t blog it!)

Anybody else noting an increase in various flavours of spam these last days?

Quick Comment Spam Tip for WordPress [en]

Here are the two plugins you need to fight comment spam using WordPress.

[fr] Deux plugins pour combattre le spam de commentaires sous WordPress: Kitten's Spaminator et Kitten's Spam Words. [Edit 03.12.2004] Ou plus simple, Spam Karma, que j'utilise à  présent.

If you want a quick tip to protect your WordPress installation from comment spam, the killer plugin combination is Kitten’s Spaminator and Kitten’s Spam Words.

The second allows you to “delete as spam”, adding keywords and IPs to the filter, and the second gives “spam points” to new comments (ie, for words matching the filter, previous comment posted within the last x minutes, IP matching the filter), deleting those over a certain threshold directly, and queuing the others for moderation. It’s also smart enough to give bonus points if the commentor has already had comments posted on the blog.

Edit 04.12.2004: See the comment, I’m now using Spam Karma rather than the two plugins presented above.