"Je fais des sites internet" [fr]

[en] I've decided to start targeting small local businesses (shops, the plumber, etc.) who do not have a web presence, and offer them a cheap-clean-simple solution to have one.

Je traverse au vert, en sortant de la Migros. Une voiture dont le conducteur a regardé un peu paresseusement les feux (il y a un machin orange clignotant, là, pour indiquer que les piétons ont aussi le vert) manque me renverser. Enfin, j’exagère un tantinet: il s’arrête un peu brusquement et me regarde comme si je n’avais rien à faire là. Je le regarde en retour, de mon regard-qui-arrête-les-autos.

Un monsieur d’un certain âge m’interpelle, et nous faisons causette sympathique en continuant notre chemin. Non, je n’étais pas au Comptoir Suisse (ou le Foutoir Suisse, comme on dit par ici — référence aux perturbations de la circulation qu’il occasionne dans le quartier). Je lui raconte d’où je viens, je lâche que je suis indépendante.

– Ah… Et vous faites quoi?

– Je fais des sites internet.

– C’est encore à la mode ces trucs-là?

(Oui, je sais, c’est site web, mais faut s’adapter au vocabulaire courant, même s’il est un peu douteux. Cf. web-deux-(point-)zéro.)

C’est la première fois de ma vie que je me décris comme ça. Il y a une année ou deux, quand le téléphone sonnait et qu’on me disait “il paraît que vous faites des sites?” je répondais, gentiment mais fermement, que je ne “faisais” pas des sites, mais que je pouvais les aider à faire le leur. Ou leur montrer comment on fait.

Entre-deux, l’épuisement du réseau direct que traversent pas mal d’indépendants à un moment donné, et crise financière accompagnée d’une bonne dose de pragmatisme: si les gens veulent un site-vitrine, cela ne sert pas à grand-chose de s’échiner à leur vendre l’idée que c’est dépassé, et qu’il leur faut un site-conversations. Même s’ils trouvent que c’est une bonne idée, hein. Mais ils n’en ressentent pas vraiment le besoin, et en plus, ça fait plus cher.

Donc, voilà, pourquoi pas. Si les gens veulent des sites pour avoir une “présence sur internet”, un site un peu “brochure sur écran”, c’est un début. Il faut bien commencer quelque part. Et ça, je peux le faire. Du coup, j’ai rapidement mis en ligne deux sites de démonstration, votrecommerce.ch et votrecabinet.ch (vous voyez quelle clientèle je compte approcher pour commencer), et pondu un petit PDF pas-beau-mais-c’est-un-début. On parle ici du degré zéro du site internet. Quelques pages, adresse, une photo ou deux, heures d’ouverture, bref descriptif. Mais c’est déjà sous WordPress, et le jour où le client voudra aller plus loin (blog, ou 50 pages supplémentaires) tout est en place.

Que je rassure mes fidèles lecteurs: je suis toujours une de ces “spécialistes-généralistes” d’internet, qui peut faire tout un tas de choses, et continue à faire tout ce qu’elle faisait. Mais des fois, pour que ça tourne, il faut un fond de commerce.

Demain, je vais toquer aux portes dans le quartier.

Après-demain, je prépare un prospectus à envoyer aux écoles de la région.

En direct des studios de Couleur3 [fr]

[en] Recording of the radio show (in French of course). Photos and URLs of people present.

Demain, sur Couleur3: Société Anonyme sur les blogs [fr]

I’ll be on the radio again Tuesday night from 8-10pm. You can listen to me online if you like. A recording of the show will be available once we’re done. Of course, it’s all in French!

[en] I'll be on the radio again Tuesday night from 8-10pm. You can listen to me online if you like. A recording of the show will be available once we're done. Of course, it's all in French!

Demain mardi, entre 20h00 et 22h00, branchez-vous sur Couleur3 si vous voulez entendre parler de blogs, dans un ‘Société Anonyme’ consacré au sujet.

Sam et moi-même serons quelque part au bout du micro en compagnie d’une jolie brochette d’autres personnes dont j’ignore pour l’heure l’identité.

Si vous ne captez pas Couleur3, vous pouvez écouter en direct sur le net. Si vous ratez l’émission, vous pouvez l’écouter en différé (lien suivra). Comme toujours, vous pouvez chercher la bonne fréquence pour votre coin de la Romandie (ou d’ailleurs, on sait jamais).

Samuel en action

Photos en direct de l’émission sur Flickr. (Ou bien ici si jamais cela pose problème.)

Blogs pour parents: notes de conférence [fr]

Reproduction des notes de conférence distribuées hier aux parents.

[en] Conference handout for the parents who listened to me last night.

Comme je l’ai fait pour les enseignants, voici les notes de conférence données aux parents d’élèves hier soir.

Aide-mémoire

Un blog, c’est un site internet facile à  créer et qui encourage une interaction auteur-lecteurs. Il est composé d’articles organisés chronologiquement que l’on peut commenter.

Pourquoi s’intéresser aux blogs à  l’école? Dans une double optique de

  • prévention: la parole publique mal maîtrisée fait courir un certain nombre de risques aux adolescents; ceux-ci sont trop souvent livrés à  eux-mêmes face à  Internet, les adultes qui les entourent (parents, enseignants…) n’étant pas assez “au courant”.
  • initiation à  un média qui prend de l’importance: rôle social, politique, économique des blogs; outil de travail et de collaboration, démocratisation de l’expression, complémentarité aux médias traditionnels.

Skyblog est une plateforme de weblogs parmi d’autres. Elle est prisée des adolescents et parfois le lieu de dérapages médiatisés. Les skyblogs d’adolescents ne sont qu’une utilisation particulière des weblogs, qui ne sauraient donc être réduits à  des albums photos en ligne ou des journaux intimes.

Le blog fait souvent partie de la sphère privée de l’élève (mis en ligne et consulté à  la maison). Cependant, il s’agit d’une publication dans le domaine public, qui peut donc avoir bien d’autres conséquences que des discussions de cour de récréation ou des affiches sur le mur d’une chambre à  coucher.

Revoir sa conception d’Internet

Près d’un adolescent sur deux a un blog! Les parents sont souvent peu au courant de ce que font leurs enfants sur Internet.

Internet n’est pas une bibliothèque: c’est un lieu hautement social, où l’on peut publier très facilement et gratuitement ce que l’on veut. Laisser un enfant aller sur Internet sans s’intéresser à  ce qu’il y fait n’est pas équivalent à  le laisser avec sa console de jeux; c’est plutôt équivalent à  le laisser traîner en ville sans se soucier de ses fréquentations ni de ses activités. Le blog n’est qu’une des activités en ligne des adolescents (parmi le chat, l’e-mail, les webcams, la consultation de sites, les jeux multi-joueurs).

Risques pour les adolescents

Voici quelques-uns de risques que peut courir le jeune blogueur:

  • problèmes avec la justice: en cas d’insulte ou d’atteinte à  l’image, une plainte pénale peut être déposée
  • problèmes avec les autorités scolaires: si le blog est utilisé dans le cadre de l’école, ou qu’il contient du matériel inadéquat directement lié à  l’école, il n’est pas exclu que celle-ci prenne des sanctions à  l’égard de l’élève
  • exposition à  outrance de sa personne (photos) et de sa vie privée: l’adolescent ne mesure pas les conséquences possibles d’une telle exposition dans un lieu public

L’anonymat sur Internet est un leurre: si on ne peut pas garantir de découvrir l’identité d’un internaute qui cherche à  la cacher, on ne peut pas non plus s’assurer que l’on restera anonyme. Lorsque l’anonymat tombe, cela peut faire des dégâts (perte d’emploi, conflits avec les proches, conséquences scolaires…).

Une fois que quelque chose est sur Internet, on en perd le contrôle. Même si le site original est effacé, un visiteur peut avoir fait une copie et la mettre en ligne à  son tour. Il y a aussi une archive d’Internet, et les moteurs de recherche gardent des copies des sites qu’ils indexent.

Quelques liens à  explorer

Blogs et école: notes de conférence [fr]

Un condensé de la conférence que j’ai donnée aujourd’hui dans un établissement scolaire vaudois.

[en] These are the conference notes for a talk I gave today for the teachers in a secondary school.

Je reproduis ici, sans mise en forme particulière, les notes de la conférence que j’ai donnée aujourd’hui aux enseignants d’une école vaudoise.

Aide-mémoire

Un blog, c’est un site internet facile à  créer et qui encourage une interaction auteur-lecteurs. Il est composé d’articles organisés chronologiquement que l’on peut commenter.

Pourquoi s’intéresser aux blogs à  l’école? Dans une double optique de

prévention: la parole publique mal maîtrisée fait courir un certain nombre de risques aux adolescents; ceux-ci sont trop souvent livrés à  eux-mêmes face à  Internet, les adultes qui les entourent (parents, enseignants…) n’étant pas assez “au courant”.
initiation à  un média qui prend de l’importance: rôle social, politique, économique des blogs; outil de travail et de collaboration, démocratisation de l’expression, complémentarité aux médias traditionnels.

Limite des sphères privée-publique: comment réagir, en tant qu’enseignant, lorsqu’on est par exemple confronté à  du matériel pornographique sur le blog personnel d’un élève, hors du milieu scolaire? Média qui nous met face à  de nouvelles problématiques.

Skyblog est une plateforme de weblogs parmi d’autres. Elle est prisée des adolescents et parfois le lieu de dérapages médiatisés. Les skyblogs d’adolescents ne sont qu’une utilisation particulière des weblogs, qui ne sauraient donc être réduits à  des albums photos en ligne ou des journaux intimes.

Pistes pédagogiques

  • utilisation des blogs comme source d’information pour un travail de recherche: blogs à  thème, blogs provenant d’une autre culture, blogs témoins d’événements actuels (utiliser http://technorati.com/ et http://fr.wikipedia.org )
  • utilisation du contenu de blogs pour amorcer une réflexion sur le(s) média(s): débats, travail argumentatif, adéquation des propos qui y sont tenus, conséquences possibles pour le blogueur, racisme, respect
  • tenue d’un blog de classe à  plusieurs auteurs: comptes-rendus d’activités, résumés du travail scolaire effectué durant la semaine, rapports de lecture, narration de la vie de la classe
  • blog de projet: pour accompagner un projet indisciplinaire, la mise en place d’un spectacle, la préparation d’un voyage d’études
  • blogs de maîtres (en accès restreint, éventuellement): communication au sein et entre groupes de travail, collaboration et partage de matériel pédagogique, informations officielles ou officieuses au sein de l’établissement

Attention: en cas d’activité de publication, prévoir une charte, discuter des implications avec les élèves, éventuellement obtenir accord des parents (pour textes, photos). Veiller au spam! (Filtres, contrôle périodique…)

Les enseignants qui travaillent aujourd’hui avec des blogs à  l’école font oeuvre de pionniers. Il n’y a pas vraiment de recettes éprouvées, c’est un peu un terrain en friche… à  découvrir!

Quelques liens à  explorer

Erratum

Renseignements pris: les adolescents peuvent bien être tenus pour responsables devant la justice pour les propos publiés sur leurs blogs (plutôt que les parents).

Handover Swissblogs [fr]

Je passe aujourd’hui officiellement la direction de l’annuaire SwissBlogs à  Matthias Gutfeldt, un vieil ami qui s’occupe du fameux Blog.ch. Je reste cependant encore dans les parages avec un grand fouet 🙂

[en] As of today, Matthias Gutfeldt of Blog.ch fame is taking over operational management of the SwissBlogs directory. As I already experienced with Pompage.net, I'm not so good at keeping things running over time, once the initial launch phase has passed.

Matthias and I have been talking about making Blog.ch and SwissBlogs collaborate more efficiently and share information for some time now. He seemed the right person to ask, and to my pleasure, he accepted immediately. I'm happy to leave my "baby" between the hands of an old-time friend who has already found my official title: "Slave Whipper". (That's in addition to "Founder", which can't be really changed, can it?)

Depuis le temps, vous commencez à  le savoir: j’ai des idées, j’aime bien lancer des projets, mais j’ai un peu de peine à  suivre sur la durée. J’ai remis Pompage.net à  Samuel Latchman il y a environ six mois, et aujourd’hui, je remets à  Matthias Gutfeldt la direction opérationnelle de SwissBlogs.

Je connais Matthias depuis bien longtemps. Si mes souvenirs sont bons, cela remonte à  2001! Lorsqu’il a lancé Blog.ch, Matthias est parti de la liste (alors encore relativement modeste) de blogs dans la base de données de SwissBlogs. En quelque sorte, Blog.ch est un rejeton de SwissBlogs — j’espère que Matthias ne m’en voudra pas de voir les choses comme ça!

Il y a quelques mois, faisant le constat que la liste de blogs à  approuver pour le répertoire augmentait de jour en jour, et que toutes mes idées concernant le développement futur de SwissBlogs étaient restées à  l’état d’idées, j’ai lancé un appel afin de réunir une équipe pour faire tourner SwissBlogs. Un petit groupe de personnes intéressées s’est formé, nous avons ouvert une mailing-list, et peu de temps après, mon ordinateur est tombé en panne, me faisant faux bond pendant six semaines. Mauvais timing?

Toujours est-il qu’à  mon retour dans le monde des vivants branchés, j’ai dû constater que je n’étais clairement plus en mesure de tirer la machine. Me souvenant de l’heureux dénouement de l’aventure Pompage.net, j’ai décidé qu’il était temps pour moi de passer le flambeau — et Matthias me semblait pour cela la personne toute désignée, à  plus forte raison puisque nous parlions depuis assez longtemps d’intégrer plus fortement nos deux sites.

Je reste cependant dans le coin! Matthias m’a d’ores et déjà  trouvé mon nouveau titre: Slave Whipper (Fouetteuse d’esclave). Je me réjouis de voir SwissBlogs sortir de sa léthargie et collaborer plus étroitement avec Blog.ch!

Annonce sur Blog.ch.

Blog de recherche sur les blogs [fr]

La rentrée se passe bien. Sophie Birchler ouvre un weblog dans le cadre de son travail de recherche sur les adolescents et les blogs.

[en] School has started and things are going great. Sophie Birchler has opened a blog about her research on teenagers and blogs (she's finishing her training as a social worker).

Un petit mot court pour vous dire que la rentrée se passe bien, et même très bien. Contrairement à  l’année dernière où j’avais l’impression de courir sans cesse après un train en marche, cette année j’ai l’impression d’être arrivée même assez en avance à  la gare pour boire tranquillement mon café!

Je prends de la bouteille, comme on dit 🙂

Il y a quelques mois, Sophie Birchler m’a contactée: elle entame un travail de recherche sur les adolescents et les blogs, dans le cadre de sa formation d’assistante sociale.

Elle a maintenant ouvert son blog, d’une part afin de mettre un pied dans la blogosphère, et d’autre part comme outil de recherche. Si le sujet vous intéresse, gardez un oeil sur son blog, et n’hésitez pas à  contribuer si vous avez des pistes à  lui donner!

Les blogs : au delà  du phénomène de mode [fr]

Mon article sur les blogs pour Flash Informatique est en ligne.

[en] My article on blogs for Flash Informatique (a publication of the EPFL) is now online.

Les blogs : au delà  du phénomène de mode, mon article sur les blogs pour Flash Informatique (EPFL), est en ligne. La version papier sort à  la fin du mois.

En contrepoint aux articles parfois alarmistes, parfois simplement utiles, qui mettent en avant les dangers liés aux blogs, voici une approche du “phénomène blog” qui cherche à  clarifier tout ce qu’ils ont à  apporter de positif, aussi bien à  la société qu’à  l’individu.

Stephanie Booth, Les blogs : au delà  du phénomène de mode

Je me suis battue pour rétablir les guillemets autour de “phénomène blog” au lieu des italiques, parce qu’à  mon sens ça ne véhicule pas la même distanciation, mais je me suis cassée le nez sur la charte typographique du magazine…

Cosmos Technorati: voir qui parle de cet article.

Un bon article sur les blogs! [fr]

Un joli petit article sur le blogs à  lire absolument (c’est assez clair?)

[en] A good article on weblogs by a pretty well-known franco-blogger who happens to work undercover for the weekly journal Biel-Bienne. PDF available, bilingual: German and French.

Notre ami Flippy, qui travaille également à  ses heures perdues sous couverture pour le journal hebdomadaire biennois Biel-Bienne, nous fait le plaisir et l’honneur du fameux article sur les blogs dont il nous parle (enfin, à  moi, en tous cas) depuis si longtemps. Diantre, c’est même, selon certaines sources pas trop mal informées, le désir d’écrire un article sur ce sujet qui l’aurait poussé à  sauter à  pieds joints dans la blogosphère, il y a bien des lunes de cela!

Trève de plaisanteries. L’article n’a pas de version en ligne, mais un courrier anonyme déposé devant ma porte me l’a fourni en format PDF. A lire en français et en allemand (c’est le moment de se dérouiller) avant de faire quoi que ce soit d’autre: A coeur ouvert sur la toile. On attend feedback, courrier des lecteurs, et messages de fans en délire pour le journaliste qui ne va pas tarder à  aller chatouiller le nez de Cléopâtre (comprenne qui pourra).

En résumé: l’article qu’il est très bien, que ça fait longtemps qu’on en attendait un comme ça, et que vous allez tous en parler sur vos blogs. Allez, zou.

Réponse à  Luc-Olivier Erard (La Côte) [fr]

Un article relativement peu flatteur pour le projet de weblogs scolaires que j’ai initié avec mes classes est paru ce matin dans La Côte. Voici ce que j’ai à  en dire.

Jusqu’à  maintenant, je n’ai pas eu à  me plaindre de mes contacts avec les journalistes. J’ai eu affaire à  des professionnels respectueux et soucieux de faire au mieux leur travail d’information.

L’article au sujet des weblogs de Saint-Prex paru ce matin dans La Côte et signé Luc-Olivier Erard semble en revanche tomber quelque peu dans le piège du sensationnalisme. Sans vouloir accorder une importance démesurée à  cet article, je tiens à  clarifier certains points, face à  ce qui m’apparaît friser la désinformation.

Je ne réponds pas ici en tant que porte-parole de mon établissement ou du département, mais à  titre personnel; d’une part parce que je suis mise en cause (j’ai particulièrement apprécié le montage qui illustre l’article, pour lequel on a soigneusement inséré un morceau de saisie d’écran en bas à  droite qui ne joue clairement aucun rôle à  part rendre mon nom visible), et d’autre part parce qu’il est question d’un sujet (et d’un projet) que je connais bien, et que je ne peux pas laisser passer un article pareil sans faire entendre un autre son de cloche.

Pas interviewée

Précisons tout d’abord que je n’ai pas eu le plaisir de parler avec Luc-Olivier Erard. Celui-ci, comme nombre d’autres personnes, m’a envoyé un e-mail dès la fin de l’émission Mise au Point. J’ai tardé à  lui répondre (comme à  tous ceux d’entre vous qui m’avez écrit) car il se trouve que j’ai une vie en-dehors d’Internet, qui consiste entre autres à  donner des cours aux élèves de St.-Prex (la rentrée scolaire était lundi).

M. Erard, si vous me lisez, veuillez donc accepter mes excuses de ne pas vous avoir répondu plus tôt. Je l’ai fait mardi soir (mon directeur m’ayant informé dans la journée que vous sembliez très anxieux de me parler) — mais j’ignorais à  ce moment que votre article était déjà  sous presse. Je déplore cependant qu’il ait paru plus important de publier rapidement cet article que d’attendre de pouvoir me parler directement.

Les weblogs des élèves suscitent l’inquiétude!

Ce thème est repris au fil de l’article (surtout dans les titres et les légendes de photos). En ce qui me concerne, j’attends encore de savoir qui est inquiet. Le journaliste, très certainement. Je ne vais pas démonter mot par mot cette rhétorique alarmiste, mais je relèverai tout de même une phrase: Si son utilité n’est pas clairement justifiée, l’activité proposée à  Saint-Prex, une parmi d’autres, devra s’arrêter. C’est une affirmation un peu gratuite. Qui a dit ça? Quand? Dans quel contexte? D’après ce que m’a dit mon directeur ce matin, cela n’a rien de vrai. A notre connaissance, le projet weblogs ne semble pas menacé par une quelconque censure — hormis celle que nous imposons au spam de commentaires.

Le spam de commentaires

Parlons-en, justement, du spam de commentaires — car c’est bien de ça qu’il s’agit ici.

Chacun sait que lorsqu’on possède une adresse e-mail, on reçoit des messages publicitaires non sollicités. Du spam: pornographique, pharmaceutique, financier… tout y passe. Dit-on pour autant que l’e-mail est un outil dangereux dont on doit protéger nos enfants?

Les weblogs, comme les adresses e-mail, sont les cibles des spammeurs. Ceux-ci écrivent des programmes qui vont automatiquement soumettre des commentaires abusifs à  tous les weblogs qui se trouvent sur leur chemin. Ces commentaires ne passent même pas par le formulaire qu’utilisent les êtres humains qui désirent laisser un message sur un blog — ils s’attaquent directement à  la partie de l’outil de weblogging qui insère les commentaires dans la base de données.

Le spam de commentaires est donc un fléau au même titre que le spam d’e-mails. En l’occurence, les weblogs de Saint-Prex ne sont nullement visés en tant que tels. Ils sont, comme la grande majorité des weblogs que l’on peut trouver sur internet, les victimes d’une énorme opération de marketing. La cible principale de cette opération de marketing, c’est le moteur de recherche Google, et non pas les personnes qui tomberaient en passant sur ces commentaires parfois peu ragoûtants: en indexant les weblogs spammés, Google indexe également les liens vers les sites des spammeurs, et fait grimper ceux-ci en tête des résultats pour les recherches en rapport.

Lutte contre le spam

Sommes-nous impuissants? Non. Il existe des outils qui filtrent les commentaires, tout comme il existe maintenant des filtres à  spam pour les adresses e-mail. Les outils ne sont bien entendu jamais parfaits, et doivent sans cesse être mis à  jour. Certains spams passent entre les gouttes.

Qu’avons-nous fait pour les weblogs des élèves? Tout d’abord, précisons que durant la période “active” du projet (la première période), nous n’avons pas été confrontés au spam de commentaires.

M. Erard s’émeut donc dans son article du fait que nos élèves soient confrontés au spam de commentaires, mais il omet de préciser que les élèves ne se retrouvent plus à  travailler sur ces weblogs chaque semaine. De plus, ces weblogs sont très peu visités. Un bref coup d’oeil sur les statistiques de visite pour le mois de janvier montre entre 50 et 70 visites par jour pour l’ensemble des weblogs (une bonne trentaine). En regardant de plus près, les weblogs d’élèves les plus visités comptent deux ou trois visiteurs par jour, y compris les moteurs de recherche. Pas de quoi en faire un fromage.

Lorsqu’on a attiré mon attention sur le fait que nous étions victimes de spam, j’ai pris un certain nombre de mesures pour minimiser l’impact de ces attaques. L’article de M. Erard laisse entendre que les weblogs de Saint-Prex sont de véritables nids à  spam — la réalité est bien moins dramatique.

Les blogs de Saint-Prex tournant avec une installation modifiée de WordPress, je ne peux malheureusement pas utiliser les meilleurs outils anti-spam disponibles aujourd’hui. Je peux par contre lancer à  la main une opération automatique de “nettoyage” de commentaires (un filtre basé sur des mots-clés), ce que je fais régulièrement. Certains passent entre les gouttes. Je n’imaginais honnêtement pas que l’on puisse faire un foin pareil pour quelques spams de commentaires sur des blogs inactifs et presque pas visités (sinon, j’aurais passé quelques nuits à  modifier l’installation pour pouvoir utiliser des solutions anti-spam plus musclées).

Le volet “scolaire” de mon activité sur le web.

Stéphanie Booth, spécialiste des «blogues» romands, n’a pas souhaité aborder le volet «scolaire» de son activité sur le web. Il existe pourtant.

Quel effet ça fait, une entrée en matière pareille? Comme je l’ai expliqué aux journalistes concernés (qui l’ont d’ailleurs très bien compris), j’ai en effet demandé que l’on laisse de côté mon activité professionnelle lors des interviews.

La presse s’est intéressée à  mon activité de blogueuse et à  mes compétences en la matière. C’est une activité que j’effectue à  titre personnel. Ma vie professionnelle est une autre histoire. Pour commencer, j’ai un devoir de réserve vis-à -vis de mon travail. Je ne suis porte-parole officiel de rien du tout, et je n’ai pas l’intention de donner dans la presse des détails sur le travail que je fais avec mes élèves — que ce soit sur internet ou durant mes cours de maths.

Cela n’a rien à  voir avec la nature des activités, leur succès, ou la présence de spams de commentaires dans les weblogs de mes élèves. C’est une question de principe. De même que je ne raconte pas dans mon blog mes expériences en classe avec mes élèves, ou les opinions que je puis avoir sur l’enseignement vaudois ou le collège dans lequel je travaille, de même, je ne le ferai pas dans la presse. J’espère que cela clarifie la raison pour laquelle je n’ai pas souhaité aborder le volet ‘scolaire’ de [mon] activité sur le web lors de mon interview pour Mise au Point, ni pour aucune autre interview.

Et les parents…?

Luc-Olivier Erard termine son premier paragraphe ainsi:

[L’activité] organisée depuis le début de l’année scolaire, qui consiste à  fournir à  chaque élève de deux classes de huitième son weblog (ou blogue) risque de ne pas plaire aux parents vaudois.

Précisons d’entrée que les parents sont parfaitement au courant de ce projet. Avant de donner aux élèves les “clés” de leur weblog, nous avons passé plusieurs périodes à  réfléchir avec les élèves sur l’implication d’une publication sur internet. Les parents ont co-signé la charte de publication avec leurs enfants. Nous n’avons à  ce jour reçu aucun écho négatif au sujet de ce projet.

Il y a eu quelques infractions à  la charte en début de projet, et nous avons réagi en conséquence.

Un grand nombre d’élèves ont également des Skyblogs, et des adresses e-mail. Il est certes malheureux qu’ils aient pu être confrontés au “côté sombre” d’internet dans le cadre d’une activité scolaire, mais faut-il (comme le laisserait presque entendre l’article) réglementer de façon encore plus draconnienne les activités scolaires sur internet? Le rôle de l’école n’est-il pas justement d’outiller les élèves pour qu’ils puissent affronter le monde?

En guise de conclusion…

…et pour ceux qui n’auraient pas la patience de tout lire.

L’article de M. Luc-Olivier Erard peint une image déformée et très alarmiste de la situation. Je n’ai pas pris la peine de relever toutes les inexactitudes de cet article, ni les raccourcis et sous-entendus un peu douteux que l’on retrouve au fil des lignes.

Le projet de weblogs de Saint-Prex n’a rien de bien extraordinaire, et les quelques spams de commentaires qu’a pu rencontrer M. Erard, non plus (bien que ce soit regrettable que les spammeurs de commentaires n’épargnent pas les projets pédagogiques). Ce projet a été mené avec l’accord de la direction, et en ayant informé les parents. Ce n’est de loin pas la première fois que des élèves publient des choses sur internet dans le Canton de Vaud, et ce n’est certainement pas la dernière.

Si on désirait être constructifs plutôt que sensationnels, je pense qu’il y a deux problématiques en rapport avec le contenu de cet article qui mériteraient un traitement plus en profondeur:

  • le spam de commentaires en général, et les mesures que l’on peut prendre pour minimiser leur impact sur les projets pédagogiques qui s’y exposent;
  • la prévention faite dans les écoles au sujet d’internet aborde-t-elle assez les activités privées des élèves sur internet? Je sens souvent un grand décalage entre ce que les enfants font sur internet à  la maison, et ce qu’ils font à  l’école. En particulier, internet est de plus en plus un lieu d’expression et de relations humaines, et non pas une simple encyclopédie.

Concernant ce dernier point, nous sommes à  Saint-Prex en réflexion constante au sujet de nos activités “internautiques” avec les élèves, et (je crois être en mesure de le dire) assez en avance dans ce domaine. Par exemple, nous avons en ce début d’année modifié la charte internet générale de l’école pour inclure les activités de publication.

Je suis un peu désolée de voir encore une fois la presse peindre une image sinistre et dangereuse d’internet. Je crois que le grand public est déjà  assez méfiant concernant ce média, et que l’on a plutôt besoin de mettre en avant tout ce qu’il a de positif et de constructif. Les ados l’utilisent, que ce soit avec ou sans nous. Peut-être pouvons nous leur montrer qu’il y a sur internet autre chose que Skyblog et MSN?

D’autres ont réagi à  l’article dans La Côte.