Je vais vous raconter Tounsi… [fr]

[en] The beginnings of my story with Tounsi.

Je veux vous raconter Tounsi. Ça fait des jours que je veux le faire, mais que je recule, parce que je sais que ça va être dur. Deux semaines, et j’ai encore tellement mal. Je me sens bien plus perdue que ce à quoi je m’attendais.

Tounsi 1

Alors je vais vous raconter Tounsi, sans trop savoir par où commencer, parce que je l’aimais, et parce qu’il était spécial — pas juste pour moi.

Tounsi, chat de refuge. Voici la première photo que j’ai vue de lui. A tout dire, j’avais surtout craqué sur Safran, mais je voulais deux chats qui s’entendaient bien, et ceux-ci étaient cul et chemise. Tounsi était au refuge depuis un an. Trouvé du côté de Meyrin, m’avait-on dit. Puce d’identification tunisienne, mais sans adresse valable.

Un passé un peu mystérieux, donc. Est-il né chat des rues en Tunisie? Voyageait-il avec ses premiers maîtres? Avait-il été ramené par des voyageurs? En tous cas, il ne m’a pas fallu très long pour imaginer comment il avait pu “se perdre”. Dès ses premières sorties, d’ailleurs, j’ai compris que ce n’était pas un chat comme les autres: la première fois qu’il a mis le nez dehors, il a foncé tout droit à travers le jardin, queue en l’air, pour explorer son nouveau territoire. Et quelques minutes plus tard, grands miaulements d’appel “tu es où? tu es où?” pour me retrouver. Droit devant lui, toujours. “Oh, un bruit étrange! allons voir! oh, c’est la tondeuse à gazon!”

Tounsi in December 3

Il buvait dans les WC, comme Bagha. Ouvrait le frigo, comme lui aussi. Dormait vautré sur le canapé, idem. Mais alors que Bagha était un vieux chat à sa mort, Tounsi était un jeune plein d’énergie: faire déguiller les plantes, attaquer mes pieds à 7h30 pétantes, course-poursuites avec Safran… Et manger, manger, manger. J’ai aussi vite compris pourquoi il était un peu ventru, le Touns’. C’était une obsession.

Et alors que Bagha était bien éduqué, et que malgré son âme de voleur il pouvait me regarder manger un steak sur la même table sans y toucher, Tounsi, lui… ben disons qu’il n’avait pas beaucoup d’inhibitions. Je me souviens de mes premières tentatives pour le faire descendre de la table. D’abord en disant “non!” ou “descends!” sur le ton que j’utilisais avec Bagha. Zéro réaction. Mais alors, zéro. Frapper des mains, non plus. Il me regardait: “qu’est-ce que tu veux?”

Looking forward to the great outdoors

J’avais passé aux grands moyens, le pousser pour le faire descendre. Bagha, je le guidais d’une caresse, d’un effleurement. Tounsi, le bougre, il résistait! “Mais pourquoi tu me pousses, tu vois pas que je veux être sur la table? C’est bien ici!”

J’ai fini par trouver ce côté de Tounsi extrêmement attachant. Le côté un peu innocent, qui sans malice aucune veut faire ce qu’il veut faire. Curieux, intéressé. Et pas timide du tout. “Oh, les courses, montre-moi ce que tu as acheté!” ou bien “Mais moi aussi je veux un morceau de jambon!”

L'eau, ça coule et ça mouille!

Avec Tounsi et Safran, c’était la première fois que j’adoptais des chats au passé inconnu. Ils avaient des habitudes que je ne connaissais pas, ou savaient faire des choses que je n’imaginais pas.

Tounsi, par exemple, savait faire sa crotte dans la cuvette des WC. J’ai fini, par élimination et recoupements, par avoir la certitude que c’était lui. Pas souvent, hein, peut-être une demi-douzaine de fois en cinq ans. Je vous dis pas ma tête la première fois que je me suis retrouvée face à cette grosse crotte au fond de la cuvette des WC. Un vrai moment “quatrième dimension”! (Et après, en le voyant faire de l’équilibrisme sur le rebord de sa caisse, on comprend mieux.)

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Curieuse de son passé que j’imaginais voyageur, entre sa puce tunisienne, sa tendance à suivre les gens (surtout moi) dehors, et sa visible aisance avec les environnements nouveaux, j’avais fait l’expérience un jour de mettre un harnais à Tounsi. Il n’a pas bronché et a continué à vaquer à ses occupations comme de rien. Si vous avez déjà essayé de mettre un harnais à un chat, vous comprenez que c’est assez parlant! A plus forte raison pour un chat qui faisait l’anguille dès qu’on essayait de le contraindre un peu pour l’examiner…

Plus je m’attachais à Tounsi, et plus cette année passée au refuge me brisait le coeur. Un an, avant que quelqu’un ne l’adopte! C’est vrai que de premier abord, Tounsi ne semblait pas trop intéressé par les gens. Il m’avait d’ailleurs royalement ignorée lors de notre première rencontre, préférant courir vers Safran pour une petite partie de judo. Comme quoi, il ne faut pas se fier aux premières apparences. Il avait un peu de poids en trop, et, j’ai assez vite remarqué, une bouche qu’il ne fermait jamais.

Après la mort de Safran, on lui avait fait une narcose pour un contrôle sanguin. J’en avais profité pour demander à la vétérinaire de regarder cette histoire de bouche qui ne fermait pas: ses incisives se chevauchaient et bloquaient la fermeture complète de la mâchoire! On avait donc ôté celles du bas, et après ça, c’était devenu possible pour lui de fermer la bouche. Les habitudes ont la vie dure, toutefois, et il l’avait quand même souvent partiellement ouverte.

Quintus Arriving in Switzerland 14

Je ne pense pas qu’il ait été malheureux au refuge — il était libre de ses déplacements, d’après ce que j’ai compris. Un “chat d’extérieur”. Je n’ai jamais vraiment demandé pourquoi, mais connaissant le gaillard, je pense que ça ne devait pas être facile de le garder dedans, et comme il revenait… Mais ça me fait quand même mal au coeur qu’un gentil chat comme ça ait dû attendre aussi longtemps avant d’être adopté. Et il y en a tant d’autres dans nos refuges.

Troupeau de chats 3

Voilà donc le début de notre histoire, à Tounsi et moi. La suite suivra… quand elle viendra!

Bol d'Or Mirabaud 2013 avec le Farrniente [fr]

[en] YouTube video and Storify of my three days sailing on the lake with the Farrniente for the Bol d'Or.

C’était mon troisième Bol d’Or, le week-end dernier. Genève-Bouveret-Genève à la voile. Ça va pas forcément vite (29h de course pour le Farrniente) mais ça donne un peu le même sentiment de satisfaction qu’une longue randonnée en montagne: tout ce chemin parcouru sans source d’énergie extérieure!

J’ai posté quelques photos et séquences vidéo en cours de route, jusqu’à ce que mon iPhone rende l’âme (malgré le chargeur de secours que j’ai vidé aussi). Grâce à Storify, voici donc le Bol d’Or 2013 du Farrniente presque comme si vous y étiez. J’ai pris pas mal de photos que je dois encore trier (avec celles des éditions 2009 et 2012!) et en attendant de faire mieux, j’ai collé bout à bout les séquences vidéo pour en faire le film d’une quinzaine de minutes que vous pouvez voir ici:

Moins pénible peut-être que la vidéo, le Storify mentionné plus haut (et il paraît que les liens vers les vidéos dans Facebook marchent quand même, même si on n’a pas de compte Facebook!):

[View the story “Bol d’Or Mirabaud 2013 sur le Farrniente” on Storify]

J’ai profité de l’engouement provoqué par la possibilité de suivre le Farrniente live durant la course pour créer une page Facebook pour le bateau. Click click!

C'est quoi un blog? Quelques réflexions à défaut d'une définition tranchante [fr]

[en] What's a blog? Thinking about it.

Deux articles sont apparus sur mon radar cette dernière semaine:

Les deux posent des questions de catégorie, limites, définitions. Elles sont liées: si on sait ce qu’est un blog, on sait ce qu’est un blogueur — et vice-versa. Ou bien…?

Durant mes études d’histoire des religions, j’ai appris que les catégories rigides ne fonctionnaient pas trop quand on commence à toucher aux sciences humaines. On a plutôt des définitions ou regroupements par affinité. Je crois qu’il est illusoire de vouloir dresser une liste de critères à la “si et seulement si” pour définir ce qu’est un blog. De même, je crois qu’il est illusoire de vouloir faire une distinction nette entre blogueurs et journalistes, dans le cadre des RP ou d’accréditations pour une conférence.

Il y a très longtemps, j’avais fait une page sur SpiroLattic intitulée “C’est quoi un weblog?“. Vous imaginez bien que ce n’est pas aujourd’hui la première fois qu’on se pose la question. Plus récemment, j’ai écrit ici un article (en anglais) sur les relations blogueurs, dans lequel je tente de poser quelques distinctions entre journalistes et blogueurs qui justifient de traiter ces derniers différemment.

Je vais tenter de démêler un peu ces termes. Ce qui suit n’engage que moi, ce sont mes définitions, mes conceptions, et elles n’ont pas la prétention de faire autorité (ou pire, parole d’Evangile). Tiens, d’ailleurs, en passant, à Coworking Europe j’ai l’impression qu’on a passé une bonne partie de notre temps à nous demander ce qu’était le coworking. Quelques débuts de réflexion de ma part là-dessus.

Donc, un blog — ou un weblog, comme on les a appelés durant des années — c’est quoi? Je vais essayer de partir avec une définition minimale sur laquelle tout le monde (je l’espère) sera d’accord:

  • un blog, c’est une sorte de site web
  • un blog, ça contient des articles datés (billets, posts) organisés en ordre chronologique inverse.

Je pense que si on a affaire à un truc qui n’est pas un site web, ou qui n’est pas une collection d’articles datés en ordre chronologique inverse, on aura de la peine à appeler ça un blog. Par contre je pense pas que ces deux caractéristiques soient suffisantes pour définir un blog. Nécessaires, oui, mais pas suffisantes.

Allons un cran plus loin: voici certaines caractéristiques qui sont généralement partagées par tous les blogs. Mais elles sont plus discutables. On pourrait hésiter, face à un “blog” qui ne les a pas toutes.

  • un blog permet de laisser des commentaires sur les articles
  • chaque article du blog est archivé à une URL stable permettant de faire un lien direct vers celui-ci
  • on sait qui écrit: il y a une personne ou des personnes identifiables derrière le blog, même si c’est sous pseudonyme
  • les anciens articles du blog restent en ligne, archivés chronologiquement
  • un blog facilite et automatise la publication grâce à une technologie spécifique (outil de blog/CMS) côté serveur
  • un blog est intégré d’une façon ou d’une autre dans quelque chose de plus large que lui, à travers des liens vers/depuis d’autres sites/blogs (intertextualité), ou des échanges entre le(s) blogueur(s) et d’autres via commentaires ou blogs interposés (communauté de lecteur ou e blogueurs)
  • un blog contient principalement du contenu original
  • la mise en page d’un blog consiste en une colonne principale présentant les x (généralement 10) derniers articles les uns sous les autres, généralement accompagnée d’une ou plusieurs colonnes latérales avec du contenu secondaire.

(Et hop, petit article en train de se transformer en tartine.)

Rapidement, pour chacun de ces points, un petit argumentaire expliquant pourquoi je ne les considère pas obligatoires.

Commentaires: clairement, la plupart des blogs aujourd’hui permettent les commentaires, mais il faut savoir que durant les premières années des weblogs, les commentaires n’existaient pas. Historiquement, c’est un peu restrictif. C’était pas des blogs qu’on avait? Le blog de Seth Godin, c’est pas un blog? Alors oui, un blog en général ça a des commentaires, mais l’absence de commentaires ne permet pas de dire “c’est pas un blog”.

Permaliens: pour moi, c’est une caractéristique importante du blog. C’est ça qui fait que le blog fonctionne, comme format de publication. Ça attire les liens. Chaque article est archivé pour toujours, avec un lien stable, le paradis! Mais on trouve encore des gens qui disent avoir des blogs, et qui ont des trucs qui ressemblent à des blogs, mais où il est impossible (ou très difficile) de faire un lien vers un article. Exemple: Solar Impulse. C’est un blog ou pas? (Alors oui, quelque part caché j’avais réussi à trouver comment révéler le permalien de l’article, mais on peut pas dire que ça encourage les liens.)

Auteur(s): ça, je crois que c’est super important. Il y a un être humain derrière un blog. Même si on ne sait pas son nom, il est là. Il a une personnalité. Une agence de comm’ ne blogue pas — ses employés le font. Le ton institutionnel, désincarné, impersonnel: c’est peut-être des news publiées avec un outil de blog, mais pour moi ce n’est pas un blog. Vous savez des edge-cases à proposer pour ce critère?

Archives: le format du blog est fondé sur l’organisation chronologique inverse du contenu. Les catégories sont venues bien plus tard, font à mon avis partie des “bonnes pratiques” pour un blog mais ne sont pas une fonctionnalité obligatoire. Si la première page est en ordre chronologique inverse, on s’attend à pouvoir “remonter le temps”, et trouver des archives temporelles. De plus en plus aujourd’hui, on voit des blogs (“blogs”?) qui s’en passent. Pour moi, on tombe dans le blogazine quand le thématique prend le dessus sur le chronologique. Edge case? Le Rayon UX, qui est à mon sens toujours un blog (t’en dis quoi, Fred?) même si il manque furieusement de chronologie dans l’organisation de son contenu.

Technologie: quand blogger.com a débarqué, une des choses géniales que faisait ce service était d’automatiser l’habillage répétitif des articles et leur transfert sur un serveur web. De façon générale, les blogs modernes utilisent un outil ou service de blog qui épargne au blogueur bien des manipulations techniques. Par contre, je refuse de poser ça comme une exigence. Il y a des blogs cousus main. Zeldman l’a fait pendant de longues années (disant même “c’est pas un blog!” pendant longtemps), et à moins que je ne me trompe, Karl fait toujours son blog à la mano.

Réseau: souvent, quand je regarde un “blog” en me disant “ça ressemble à un blog, mais ce n’en est pas un”, c’est cette dimension qui manque. Le blog qui blogue tout seul dans son coin, ignorant la multitude de pages du web et de gens qui les fréquentent. En général, le blogueur fait des liens vers d’autres pages (si ce n’est d’autres blogs), on (= d’autres blogueurs) fait des liens vers lui, s’il y a des commentaires il y a un minimum d’interaction — ou via articles interposés. Il y a une “culture blog”, et c’est celle du réseau, de la relation, et de la conversation.

Contenu: oui bien sûr, le blogueur produit du contenu, ajoute de la valeur quelque part. Est-ce qu’un blog sous Tumblr qui ne fait que republier sans commentaire ce qui a été trouvé ailleurs est toujours un blog? Si Digital Crumble était mon seul blog, j’avoue que j’aurais du mal à me dire blogueuse.

Apparence: j’avoue être assez vieux jeu sur ce coup. Une mise en page magazine, pour moi, ça transforme le blog en blogazine. Un blogazine, ça peut être bien — mais ce n’est plus un blog. Le chronologique a cédé la place au thématique. Et ça se voit dans la façon dont l’information est organisée sur la page d’accueil. Sans articles les uns sous les autres, j’ai du mal à appeler ça un blog. On voit d’ailleurs des blogs qui étaient partis dans une direction 100% blogazine revenir vers quelque chose d’un poil plus chronologique, même si c’est pas un long défilé d’articles les uns sous les autres. Exemple: celui de Tara Hunt.

Alors un blog, c’est quoi? Un blog, c’est plus ou moins ça. C’est cet ensemble de caractéristiques. Mais on va trouver des choses qui n’ont pas toutes ces caractéristiques et qui sont quand même des blogs, tout comme on en trouvera qui remplissent tous les critères mais… n’en sont pas. Signe qu’il faudra réfléchir plus et affiner. Définir, c’est un grand travail de va-et-vient.

Un blogueur, alors? Quelqu’un qui blogue. Mais je m’attarderai un autre jour sur ce qui le sépare du journaliste.

Mon interview "Orange Blogger Dialog" [fr]

[en] An interview I gave at the end of the last year on blogging, and blogs, and me and blogging, and me and my blog.

L’an dernier, j’ai été interviewée pour le “Orange Blogger Dialog” — une discussion très sympa par téléphone sur mon blog, les blogs, pourquoi je blogue, etc. Ça m’a donné un peu l’occasion de plonger dans le passé, et j’ai beaucoup aimé! De plus, j’ai trouvé que Sabine (avec qui je travaille maintenant dans le cadre de mon mandat Orange “relations blogueurs”) était une excellente intervieweuse.

“Orange Blogger Dialog” avait été mise sur pied entre autres pour faire connaître HD Voice, lancée à l’époque par Orange. Vous entendrez d’ailleurs dans mon interview qu’à un moment donné on perd le HD Voice, puis on le récupère. Comparaison en direct de la différence de qualité!

Alors voilà, si vous avez une demi-heure tranquille, je vous invite à écouter cette interview.

Et ensuite, pourquoi pas, écouter celle de Xavier Bertschy (mais oui vous connaissez!), et si vous êtes assez à l’aise en Allemand, ceux de Hans Fischer (technikblog) et Mirjam Herms (chic & schlau).

Ah oui, avant que vous disiez quoi que ce soit: la mise en ligne sur SoundCloud est encore un peu rustique, on le sait. A l’origine les interviews n’étaient disponibles qu’à l’intérieur de Facebook, et il nous a paru important de les mettre sur le web public. Pour le moment, on est concentrés sur OrangeCinema, mais on viendra bientôt rajouter des liens et des descriptifs jolis là où il faut. Merci de votre patience!

Non, ce n'est pas un podcast, ça [fr]

A l’occasion de mon workshop dans le cadre de Pollens Pédagogiques, j’ai réalisé qu’il n’était pas inutile de rappeler ce qu’est et n’est pas un podcast.

En effet, dans le “langage courant”, on entend beaucoup le mot “podcast” utilisé pour faire référence “du contenu audio ou vidéo qu’on peut télécharger”.

Un podcast, ce n’est pas ça. Ce n’est pas juste “une vidéo en ligne”.

Un podcast, c’est l’équivalent audio ou vidéo du blog. (Avec le programme blogueurs de Solar Impulse, en passant, j’ai aussi réalisé à quel point il n’est absolument pas clair pour la majorité du public ce qu’est… un blog.)

Alors un blog, c’est… une succession d’articles organisés anti-chronologiquement.

Un blog est généralement disponible en HTML (ce que vous lisez peut-être en ce moment) et en RSS, format de publication que vous ne remarquez pas sauf si vous utilisez un lecteur de news, et qui vous permet de vous abonner au blog.

Un podcast, à la base, c’est un fil (flux) RSS dont le contenu n’est pas du texte, mais de l’audio ou de la vidéo. C’est une évolution de ce qu’on appelait à l’époque “l’audioblogging”. Ce qu’ajoutait le podcast, c’était l’inclusion dans le fil RSS du contenu “riche” (audio/vidéo) et l’automatisation (initialement à l’aide de scripts, puis via iTunes) qui permettait aux épisodes du podcast de se retrouver directement sur l’iPod de l’auditeur (d’où le nom podcasting).

J’ai en passant suivi l’histoire de la naissance du podcasting d’assez près à l’époque: fin 2003, mon ami Kevin Marks étant justement la personne à avoir fait la démonstration d’un script qui copiait automatiquement le contenu audio lié à un fil RSS vers iTunes, et donc vers un iPod. (J’adore quand le web nous permet de revivre l’histoire en direct, pas vous? Voici un extrait vidéo de la démo de Kevin.)

Donc, un podcast, c’est un blog dont le contenu n’est pas des articles composés de texte et de photos, mais d’épisodes audio ou vidéo.

Je me demande, en écrivant ça, si l’abus de langage qui nomme une “vidéo sur internet” un podcast n’est pas simplement le même que celui (bien trop répandu) qui nomme malencontreusement “blog” une publication isolée sur un blog, au lieu de “article” ou “post” ou “billet”. Ça ne viendrait à l’esprit de personne d’appeler “magazine” un article de magazine (on réserve ce nom pour l’ensemble des articles) ou “livre” une page dans un livre, pourtant.

Donc:

  • un livre est composé de pages
  • un magazine est composé d’articles
  • un podcast est composé d’épisodes (de podcast)
  • un blog est composé de billets, d’articles (de blog), de posts

Happy blogging and podcasting!

Voyager plus, voyager moins, voyager mieux [fr]

[en] As the editor for ebooker.ch's travel blog, I contribute there regularly. I have cross-posted some of my more personal articles here for safe-keeping.

Cet article a été initialement publié sur le blog de voyage ebookers.ch (voir l’original).

Après avoir vécu une année en Inde et m’être fait des amis aux quatre coins de la planète grâce à internet, j’avais envie de voyager. Moi qui avais toujours été plutôt casanière (et d’une certain façon, je le suis encore), j’ai enfin compris ces gens qui partaient loin loin loin lors de leurs vacances.

Etudiante à l’époque, mon budget voyages était plutôt réduit. Employée, j’ai découvert que pour pouvoir partir en vacances, je devais organiser mon travail pour que tout ne s’arrête pas en mon absence. Passant dans le monde de l’enseignement, la fatigue et la masse de travail (ainsi que les plages vacances obligées durant les vacances scolaires!) m’ont plus ou moins clouée en Suisse durant deux ans.

Lorsque je me suis mise à mon compte, du coup, c’était aussi l’occasion rêvée pour moi de voyager plus. J’avais des tas d’excuses professionnelles pour mes déplacements (conférences, clients à l’étranger, etc.) et surtout, je pouvais travailler sur place. Je pouvais donc voyager sans prendre de vacances! En pratique, je faisais un mix des deux: j’allais quelque part “pour le travail”, et je rajoutais 3-4 jours sur place pour les “vacances”. Cela permettait de plus de justifier les frais (vu que c’était “pour le travail”) et de ne pas faire sauter la banque en explosant le budget vacances.

Bien plus vite que je ne l’avais imaginé, ces voyages dont je me réjouissais tant sont devenus “trop de voyages“. Tout devient routine lorsqu’on le fait trop. Une ville étrangère ressemble à une autre ville étrangère. Un hôtel, à une chambre d’hôtel. On va quelque part, on travaille, on voit trop de gens durant pas assez de temps, on rentre, on défait la valise, on recommence. Voyager devient du travail. On n’a plus envie de prendre 2-3 jours pour découvrir une nouvelle ville: on a juste envie de rentrer à la maison.

Peut-être que ce n’est pas comme ça pour tout le monde — mais pour moi ça l’est devenu.

Changement de vitesse, du coup, et depuis deux ans je voyage beaucoup moins. Presque plus. Mes déplacements professionnels sont réduits au strict minimum. Et là, après 4 ans à mon compte, je retrouve le besoin de prendre de vraies vacances. Pas juste un week-end prolongé ou une semaine au chalet. Pas 2-3 jours dans une ville quelque part après une conférence. De vraies vacances, trois semaines au moins (il paraît que c’est ce qu’il faut au minimum pour vraiment se ressourcer), sans obligations professionnelles, dépaysantes.

Voyager moins qu’avant, mais voyager quand même, et voyager mieux: pour sortir de mon quotidien, vider ma tête, la remplir de choses autres.

Et pour ça, surtout si on est indépendant, il n’y a qu’une solution: bloquer les dates longtemps à l’avance. Ensuite, selon l’envie, on peut réserver son voyage dès qu’on peut, ou bien au contraire profiter des offres dernière minute pour partir à l’aventure!

Raconter une histoire [fr]

[en] I write a weekly column for Les Quotidiennes, which I republish here on CTTS for safekeeping.

Chroniques du monde connecté: cet article a été initialement publié dans Les Quotidiennes (voir l’original).

J’ai eu une révélation ce week-end. Elle concerne l’écriture, et plus particulièrement la fiction. On sort donc aujourd’hui un tout petit peu du domaine de la technologie, mais on y reviendra, vous verrez.

Depuis toute petite, je veux écrire. Des histoires. Mais, contrairement à d’autres aspirants romanciers, les histoires à raconter ne se bousculent pas dans ma tête. C’est même plutôt le grand désert déprimant.

Je vous passe toutes les étapes de mon cheminement par rapport à l’écriture ces dernières années pour aller droit au but: samedi soir, en lisant un livre consacré à l’écriture (pas moins que ça!) j’ai enfin compris que les histoires émergent des personnages qui les vivent.

Cette prise de conscience m’a fait l’effet d’un électrochoc: je faisais tout à l’envers! Depuis des années, je me torture le cerveau à essayer d’inventer des histoires dans lesquelles j’insérerai ensuite, un peu accessoirement, quelques personnages pour leur donner corps. Il faut bien faire vivre les acteurs, après tout.

C’est bien joli, me direz-vous, mais quel rapport avec la technologie qui sert de fil rouge à nos petits rendez-vous du lundi? Les histoires, justement.

Le cerveau humain aime les histoires (c’est d’ailleurs pour ça que les anecdotes gagnent toujours face aux statistiques, et qu’on continue à avoir une peur panique des prédateurs sexuels sur internet et des accidents d’avion). Quand on se lance dans le monde des médias sociaux, en ouvrant un blog, par exemple, on aura beaucoup plus de succès si on sait y raconter des histoires que si on se contente d’y recopier communiqués de presse et autres informations promotionnelles.

A la lumière cette petite porte ouverte sur le monde de la fiction, je relis mes conseils d’il y a quelques semaines pour bien écrire sur un blog, et je réalise qu’il y a maintenant des clés supplémentaires à offrir:

  • lorsque je recommande d’utiliser la première personne dans un blog, c’est bien sûr parce que ça rend la chose plus personnelle et que ça aide à connecter l’auteur et le lecteur, mais c’est aussi parce qu’en se mettant en scène dans son article, on a plus de chances d’en faire une histoire — une histoire réelle, qui émerge de qui l’on est
  • raconter des histoires vraies plutôt que de les inventer, mis à part la question éthique, est une question de survie puisqu’écrire de la fiction crédible est un exercise vraiment difficile et périlleux (sauf peut-être pour les romanciers confirmés).

Donc quand vous écrivez, souvenez-vous: on cherche à raconter des histoires, et une histoire, c’est avant tout l’histoire de quelqu’un. Encore une fois, les êtres humains sont la clé.

Quels sont vos souvenirs de l'informatique d'hier? [fr]

Ecole-club MigrosJ’avais huit ans, en 1982, quand mon père a ramené à la maison notre premier ordinateur. Lecteur cassettes, écran vert, 2K de mémoire vive… Deux ans plus tard, un C64 thrônait dans le bureau, et je faisais mes premiers pas de programmation avec Turtle Graphics, avant de passer à Logo et au Basic après quelques années.

Vous avez sans doute également des souvenirs de vos débuts avec l’informatique, plus récents ou moins récents que les miens.

25 ans d'informatique.25 ans d’informatique avec l’école-club Migros, c’est un nouveau projet sur lequel je travaille pour Blogwerk, la maison d’édition en ligne avec laquelle je collabore déjà depuis maintenant un an pour le blog de voyage ebookers.ch. Pour fêter les 25 ans de cours d’informatique donnés par l’école-club, celle-ci a mis sur pied un site où vous pouvez envoyer vos souvenirs touchant à l’informatique, son histoire et votre histoire.

Mon rôle et de trier, éditer et publier ces histoires racontées par nos lecteurs, qu’ils soient de Suisse ou d’ailleurs. Ça finira par faire une jolie collection de témoignages (certains cocasses) retraçant les développements de l’informatique durant le dernier quart de siècle.

Vous avez des souvenirs de l’informatique d’hier? Prenez quelques minutes pour les mettre par écrit et nous les envoyer. Je me réjouis de lire et de publier vos histoires!

Anecdotes et statistiques [fr]

Une histoire vaut tous les chiffres de la terre. Nassim Nicholas Taleb l’explique très bien dans son livre The Black Swan (aussi en français), que j’ai lu avec fascination. L’auteur y décortique toute une série de nos vices de raisonnement, non des moindres la tendance à penser que le passé est une bonne indication de comment se déroulera le futur (par exemple: “je ne suis jusqu’ici jamais mort dans un accident de voiture, il n’y a donc aucune raison que ça commence demain”).

Les êtres humains aiment les histoires. Nous mettons les choses sous forme narrative (notre recherche effrénée de la causalité dans tout ce qui nous entoure, la quête de sens) et retenons nos apprentissages sous cette forme également (“la voisine du dessous s’est fait cambrioler car elle a laissé sa porte ouverte en allant à la lessive, je vais donc toujours fermer ma porte à clé quand je vais à la lessive”). C’est économique, et clairement, nous avons eu un avantage à le faire d’un point de vue évolution (probablement qu’on mourait moins souvent si on avait cette tendance).

Mais cette façon de concevoir le monde, à coups d’anecdotes, a ses limites:

– on continue à avoir bien plus peur de l’avion que de la voiture, malgré tout ce que disent les statistiques, car les accidents d’avion sont transformés en histoires dramatiques à forte charge émotionnelle

– quand j’essaie d’expliquer que le risque pour un enfant d’être victime d’un prédateur sexuel sur internet est minime, on me répond “mais ça arrive, je connais quelqu’un dont la fille…” (donc allez vous faire voir avec vos statistiques)

– un meurtre a eu hier au Golden Gate Parc — je vais donc éviter l’endroit et aller plutôt me promener ailleurs.

Bref, sans rentrer dans les détails, le pouvoir de l’anecdote (l’histoire qui est arrivée à quelqu’un) écrase tous les chiffres qu’on peut bien lui opposer. Il est donc important d’en tenir compte.

Des règles abstraites auront moins de force qu’un ou deux exemples bien choisis démontrant leur raison d’être.

Des histoires de personnes seront toujours plus utiles que des raisonnements ou des chiffres. (Je me répète, vous trouvez?)

Un exemple récent où j’ai vu ce principe en application a été la Journée Ada Lovelace. Si les femmes ont plus besoin de modèles positifs féminins, c’est bien d’histoires qu’il s’agit. Faire des listes ou donner des noms, c’est déjà bien, mais c’est beaucoup moins puissant que de mettre en scène une héroine, avec une histoire. C’est ce qui lui permettra véritablement de devenir une inspiration pour d’autres.

Savoir qu’il y a 50 ou 60% de femmes dans telle ou telle branche (ou même 40%), alors qu’on imagine que les femmes y sont fortement sous-représentées, ne va pas créer des “modèles positifs”. C’est l’histoire d’une femme qui aura cet effet. De même, savoir que 95% des cas d’abus sexuels d’enfants on lieu dans le cadre de la famille, des voisins, des amis proches n’empêche pas certains parents de flipper quand leurs gossent passent du temps à chatter, parce que les médias ou la police leur ont raconté l’histoire d’une victime d’un “prédateur internet”.

Moralité? Pour faire véritablement entendre les chiffres aux gens, il faut leur raconter des histoires.

Lift09 — Sarah Marquis [fr]

*Laurent: extraordinary stand-in speaker Sarah Marquis, an adventurer who goes off for months on end, walking across Australia for example.*

Est-il possible aujourd’hui d’imaginer se retrouver dans la nature sans aide technologique? On est des mammifères après tout. Pas d’électricité, d’eau, de nourriture? Avec des habits quand même…

Sarah a décidé de faire ce pas… retrouver des instincts d’animal, en sorte. Elle a fait le tour de l’Australie, 17 mois de marche.

Comment fait-on un voyage comme ça? Avec les pieds, d’abord, mais surtout dans la tête.

Difficulté: eau et nourriture… On n’a pas appris à chasser le lézard! Il faut devenir le lézard pour le chasser, le comprendre. Eau à travers la sudation des arbres.

Gérer sa propre consommation d’eau. Respirer que par le nez pour éviter de perdre de l’eau. Marcher de nuit. Survie. Conditions animales. C’est rassurant à quelque part de voir à quel point on est animal.

Sarah n’est pas sur Facebook… envie d’un retour à la terre. Retrouver la source de la vie.

Pendant le voyage il arrive des tas de choses. Raconte comment elle a “adopté” Joe — elle a volé le chien au fermier qui allait l’abattre. Chien qui l’a accompagnée et vit maintenant se retraite bien méritée à Verbier avec elle.

Technologie? Une appareil photo et un enregistreur vidéo. GPS pour retrouver son frère pour les points de ravitaillement (7 paires de chaussures).

Sarah avait pris 15kg avant de partir, histoire d’avoir des réserves. Le corps s’use, aussi. Il s’adapte à l’effort. Sac à dos de 30kg!

Rencontre avec des aborigènes. A passé un peu de temps avec eux. La chasse: une des femmes aborigènes attrape une proie à la main (le choc! comment elle a fait?)

Se déconnecter.

Deux ans plus tard, repartie en Amérique du Sud. 8 mois de marche. Le froid. Seul repère: monter. C’est important d’avoir des repères. Peut-on trouver ce qui va nous combler dans le monde actuel, là où on le cherche?

Sans ressources d’énergie, on peut en tant qu’être humain bipède, se retrouver dans un élément inconnu et survivre.

Chose intéressante: retour à la civilisation après 17 mois dans un pays désert et hostile… Quand on survit on vit au jour le jour — comment préparer l’arrivée? Dans les 300 dernier mètres seulement, Sarah réalise que le lendemain, c’est le retour à la civilisation, qu’elle va ouvrir son frigo, pouvoir prendre un bain…