Voyager plus, voyager moins, voyager mieux [fr]

[en] As the editor for ebooker.ch's travel blog, I contribute there regularly. I have cross-posted some of my more personal articles here for safe-keeping.

Cet article a été initialement publié sur le blog de voyage ebookers.ch (voir l’original).

Après avoir vécu une année en Inde et m’être fait des amis aux quatre coins de la planète grâce à internet, j’avais envie de voyager. Moi qui avais toujours été plutôt casanière (et d’une certain façon, je le suis encore), j’ai enfin compris ces gens qui partaient loin loin loin lors de leurs vacances.

Etudiante à l’époque, mon budget voyages était plutôt réduit. Employée, j’ai découvert que pour pouvoir partir en vacances, je devais organiser mon travail pour que tout ne s’arrête pas en mon absence. Passant dans le monde de l’enseignement, la fatigue et la masse de travail (ainsi que les plages vacances obligées durant les vacances scolaires!) m’ont plus ou moins clouée en Suisse durant deux ans.

Lorsque je me suis mise à mon compte, du coup, c’était aussi l’occasion rêvée pour moi de voyager plus. J’avais des tas d’excuses professionnelles pour mes déplacements (conférences, clients à l’étranger, etc.) et surtout, je pouvais travailler sur place. Je pouvais donc voyager sans prendre de vacances! En pratique, je faisais un mix des deux: j’allais quelque part “pour le travail”, et je rajoutais 3-4 jours sur place pour les “vacances”. Cela permettait de plus de justifier les frais (vu que c’était “pour le travail”) et de ne pas faire sauter la banque en explosant le budget vacances.

Bien plus vite que je ne l’avais imaginé, ces voyages dont je me réjouissais tant sont devenus “trop de voyages“. Tout devient routine lorsqu’on le fait trop. Une ville étrangère ressemble à une autre ville étrangère. Un hôtel, à une chambre d’hôtel. On va quelque part, on travaille, on voit trop de gens durant pas assez de temps, on rentre, on défait la valise, on recommence. Voyager devient du travail. On n’a plus envie de prendre 2-3 jours pour découvrir une nouvelle ville: on a juste envie de rentrer à la maison.

Peut-être que ce n’est pas comme ça pour tout le monde — mais pour moi ça l’est devenu.

Changement de vitesse, du coup, et depuis deux ans je voyage beaucoup moins. Presque plus. Mes déplacements professionnels sont réduits au strict minimum. Et là, après 4 ans à mon compte, je retrouve le besoin de prendre de vraies vacances. Pas juste un week-end prolongé ou une semaine au chalet. Pas 2-3 jours dans une ville quelque part après une conférence. De vraies vacances, trois semaines au moins (il paraît que c’est ce qu’il faut au minimum pour vraiment se ressourcer), sans obligations professionnelles, dépaysantes.

Voyager moins qu’avant, mais voyager quand même, et voyager mieux: pour sortir de mon quotidien, vider ma tête, la remplir de choses autres.

Et pour ça, surtout si on est indépendant, il n’y a qu’une solution: bloquer les dates longtemps à l’avance. Ensuite, selon l’envie, on peut réserver son voyage dès qu’on peut, ou bien au contraire profiter des offres dernière minute pour partir à l’aventure!

Rendre service et apprendre à dire non [fr]

C’est une discussion d’hier soir qui m’inspire pour cet article.

Je ne sais pas ce qui est le cas pour vous, mais pour moi, apprendre à dire “non” m’a pris longtemps. Et comme par hasard, ma vie est remplie de gens qui ont un peu ce même problème.

Voici quelques-unes de mes réflexions et leçons de vie à ce sujet.

Rendre service, c’est une valeur dans notre société. C’est bien vu. Et c’est un pilier important de la vie en communauté. Le problème, c’est quand rendre service devient le “truc” que l’on a mis en place pour chercher à se faire aimer ou apprécier (c’est un peu bateau, mais en général ça tourne là autour). Peu de monde dira à un enfant “ne sois pas aussi gentil, ne rends pas autant service”. Je ne dis pas qu’il faudrait littéralement dire ça, et ça reste un peu simpliste, mais ce que j’essaie de dire c’est que c’est un comportement socialement acceptable que l’on peut donc impunément mettre en place à nos dépens.

A la base, je suis quelqu’un qui fait passer les autres avant moi. Je me porte assez spontanément volontaire, je rends service (je le propose même, je ne me contente pas d’accepter), je fais pour autrui. Il m’a fallu longtemps pour réaliser que je me piégeais ainsi: ces diverses choses que j’avais proposé de faire devenaient ensuite des gros rochers noirs dans ma hotte (bien trop lourde) de “choses à faire”.

Alors j’ai appris à reprendre en main mes réflexes: réfléchir avant de dire oui, bêtement. Tenter de me projeter dans l’avenir et de m’imaginer faire la chose au moment où je suis tentée de la proposer. Dire “très honnêtement, j’aurais vraiment envie d’accepter, mais j’ai tendance à prendre trop d’engagements, donc donne-moi deux jours pour te répondre.”

Je ne suis bien entendu pas complètement tirée d’affaire. Mais que de chemin!

Au fond (on le disait hier soir), il est bien plus respectueux de dire “non” et de ne pas faire une chose, que de dire “oui” et de ne pas la faire non plus. Et dans toute cette histoire, il ne faut pas oublier le respect qu’on se doit à soi-même!

On peut donner à autrui, de façon authentique et véritablement pour l’autre, qu’à partir du moment où on est libre de le faire. Libre d’accepter ou de refuser. Si notre “oui” est enchaîné à un désir profond, parfois inconscient, de se faire accepter, il ne vaut tripette.

Soyons lucides: cet enjeu sera toujours là. Mais on peut en être libre, ou esclave.