Communauté Coworking Léman [fr]

[en] In the process of gathering a community of people interested in coworking, in the Lake Geneva area. I have a concrete possibility of setting up a coworking space in Lausanne, but need comitted people to make it happen. Join the mailing-list and introduce yourself so we can talk about it. There is also a blog and a Facebook group you may join and tell your interested friends about.

Il existe depuis quelque temps une mailing-liste et un blog pour parler de coworking et partage de bureaux en région lémanique. Depuis cet après-midi, on a même un groupe sur Facebook. Si la question vous intéresse, rejoignez-nous!

D’où ça sort, tout ça? Petit retour en arrière.

En avril de l’an dernier (2007), je suis à Leeds et je m’apprête à faire la connaissance d’Imran Ali, découvert via un ami commun sur Twitter. Je feuillette ce que Chris Messina et Tara Hunt ont publié au sujet du coworking (je me prépare à aller passer un bon mois à San Francisco chez eux, donc je fais mes devoirs), et je réalise qu’Imran s’est inscrit sur la page Coworking Leeds du wiki. Amusante coïncidence.

Imran ouvrira, avec l’aide de Linda Broughton et le soutien de la Leeds Metropolitan University, l’espace de coworking met:space; c’est entre autres grâce à cette communauté que Going Solo prendra place le 12 septembre prochain à Leeds, dans le même bâtiment!

En mai de la même année, comme mon départ pour les USA se rapproche, je retourne me renseigner un peu sur mes hôtes (Chris et Tara), qui ont passablement contribué à populariser le principe du coworking, en particulier à travers leur espace de coworking Citizen Space. Je visite le site, je lis un petit peu, je découvre, j’aime, et je me dis: “ce serait cool d’avoir quelque chose comme ça à Lausanne.” J’envoie un petit mail très court à deux personnes, je m’inscris sur la liste de discussion coworking, mais ça s’arrête là.

En juillet, je suis à San Francisco (et peut-être même installée dans le canapé de Citizen Space!) quand Olivier écrit Et si on co-travaillait? — on est au moins deux à avoir le même genre de bonne idée à peu près au même moment… les temps sont mûrs en Suisse Romande, ou le seront bientôt. Quelques e-mails sont échangés, une poignée de vaudois sont intéressés, mais rien d’assez solide pour véritablement aller de l’avant.

Décembre de la même année, le sujet coworking revient brièvement sur le devant de la scène lors du premier Website Pro Day. On se retrouve à quatre chez l’un d’entre nous pour travailler chacun de son côté sur sa présence en ligne professionnelle (Website Pro Day!), et c’est vachement sympa. Donc on reparle de coworking. Dans la foulée, je crée un compte Basecamp et un wiki, qui péclotent un peu et finissent par se mourir, comme nos discussions sur le sujet (en tous cas en ce qui me concerne: je commence à être très prise par Going Solo).

Plus tôt cette année, dans les mois précédant Going Solo, il a semblé à deux reprises qu’un local pour y créer une communauté de coworking m’était tombé dans les bras. Réflexion faite, ce n’était pas réaliste, mais ces fausses alertes m’ont (sérieusement) relancée sur le sujet. D’autant plus que je me retrouvais sensibilisée à la problématique du travail en indépendant par la préparation de Going Solo.

Après la deuxième fausse alerte, j’ai décidé qu’il fallait commencer par se concentrer sur la communauté. Trouver un local, ce n’est pas le plus difficile. C’est trouver les gens, le problème. J’ai donc créé la liste de discussion par e-mail Coworking Léman ainsi que le blog associé, que j’anime seule pour l’instant mais que je voudrais également pouvoir remettre en d’autres mains.

Et là… il y a quelques semaines, bonne surprise: les 3 artistes/artisans (dont la céramiste Sylvie Godel) occupant les bureaux du rez inférieur de mon immeuble cherchent à remettre leur local. Il y a donc une possibilité concrète de coworking à Lausanne pour la fin de l’été ou cet automne.

Bon, fini l’histoire. En pratique?

Vous avez besoin d’un bureau de façon irrégulière — ou fixe — en compagnie d’autres personnes sympathiques, ouvertes à la collaboration et au partage, mais avec qui vous ne travaillez pas forcément?

Ça vous intéresse peut-être mais vous n’êtes pas vraiment sûr?

Vous travaillez principalement sur ordinateur ou chez vos clients?

Le coworking est peut-être pour vous.

Pour en savoir plus, inscrivez-vous à notre liste de discussion et envoyez si le coeur vous en dit un bref e-mail pour vous présenter et poser vos questions!

Comment j'en suis arrivée à m'intéresser aux blogs d'adolescents [fr]

[en] The story of how I took an interest in teenage blogging, and from there, teenagers and the internet. It involves a difficult first year of teaching and a naked bottom on one of my students' skyblogs.

// Entrée en matière possible pour mon livre, dans le genre “premier jet écrit dans le train”. Commentaires et suggestions bienvenus, comme toujours.

Au début des années 2000, je me souviens qu’on plaisantait entre blogueurs en se rappelant que d’après les quelques enquêtes disponibles sur le sujet, le “blogueur type” était une lycéenne québécoise de 15 ans. On était un peu consternés par la quantité d’adolescents blogueurs et la futilité (voire la bêtise) de leurs publications en ligne. “Complètement inintéressant, le blog est bien plus qu’un journal d’adolescente!” On continuait à bloguer dans notre coin, et les ados dans le leur.

// Voir si j’arrive à trouver des références à ça.

J’étais loin d’imaginer que cinq ans plus tard, les blogs d’adolescents m’auraient amené à changer de métier et à écrire un livre. Ce livre, vous l’avez entre les mains.

La genèse de mon intérêt pour la vie adolescente sur internet mérite d’être racontée. Elle permet de situer ma perspective. Mais, plus important, elle et illustre assez bien un des “problèmes” auxquels on peut se heurter si on fait l’économie de comprendre comment les adolescents vivent leurs activités sur internet.

Il y a quelques années de cela, j’ai quitté mon poste de chef de projet dans une grande entreprise suisse pour me tourner vers l’enseignement. Forte de mes respectables années d’expérience personnelle de la vie sur internet, je me suis lancée dans un projet de rédaction de blogs avec mes élèves.

Ce fut un désastre. Si j’étais bien une blogueuse adulte expérimentée, je me suis bien vite rendue compte que les “blogs” que je leur proposais avaient bien peu à voir avec ce dont ils avaient l’habitude dans leurs tribulations sur internet. Certains d’entre eux avaient des skyblogs (des blogs pour adolescents et jeunes, hébergés par le groupe Skyrock).

Munie de l’adresse d’un de ces skyblogs, j’ai commencé mes explorations du monde en ligne de mes élèves. Peut-être qu’en me familiarisant avec ce qu’ils faisaient déjà sur internet, je réussirais à mieux les comprendre, et trouverais ainsi des clés pour remettre sur pied un projet qui battait sérieusement de l’aile. Chaque skyblog arborait fièrement une liste de liens vers ceux des amis (“hors ligne” aussi bien que “en ligne”). Il suffisait de cliquer un peu pour faire le tour.

Sur ces skyblogs, comme je m’y attendais, rien de bien fascinant à mes yeux: beaucoup de photos (de soi-même, des copains et copines, du chien, du vélomoteur), du texte à l’orthographe approximative, voire carrément “SMS”, des appels aux commentaires (“lâchez vos coms!”) et, justement, des commentaires (souvent assez vides de contenu, mais qui jouaient clairement un rôle côté dynamique sociale).

Soudain, catastrophe: je me retrouve face à une paire de fesses, sur le skyblog d’un de mes élèves. Et pas juste des fesses d’affiche publicitaire pour sous-vêtements, non, les fesses d’un de ses camarades de classe, qui les expose visiblement tout à fait volontairement à la caméra.

Que faire? Intervenir, ou non? Ils ont beau être mes élèves, alimenter leurs skyblogs fait partie de leurs activités privées (par opposition à “scolaires”) et je suis tombée sur cette image un peu par hasard (ce n’est pas comme si un élève m’avait donné directement l’adresse pour que j’aille la regarder).

En même temps, puis-je ne pas réagir? Si cette photo était découverte plus tard et qu’elle soulevait un scandale, et qu’on apprenait que j’étais au courant mais que je n’avais rien dit… Je me doute bien qu’il y a derrière cette photo un peu de provocation et pas mal d’inconscience, plus que de malice.

// Retrouver les dates d’expulsion des lycéens français — est-ce avant ou après ça?

Jeune enseignante inexpérimentée, je me tourne vers mes supérieurs pour conseil. On discute un peu. On ne va pas en faire un fromage, mais on va demander au propriétaire du skyblog de retirer cette photo inconvenante — ce que je fais. Il accepte sans discuter, un peu surpris peut-être.

// “Pour conseil” c’est français, ou c’est un anglicisme?

// Un autre élément qui est rentré en ligne de compte est que les photos avaient été prises (visiblement) dans les vestiaires de l’école. Pas certain que ce ne soit pas durant des activités extra-scolaires, cependant. Est-ce un détail utile?

Une semaine plus tard, la photo est toujours en place. Je suis un peu étonnée, et je réitère ma demande auprès de l’élève blogueur. “Oui, mais Jean, il est d’accord que je laisse cette photo sur mon blog, ça le dérange pas, hein.” J’explique que là n’est pas la question, que c’est une demande qui émane de la direction, et que d’accord ou pas, “ça se fait pas” pour les élèves de notre établissement d’exposer leurs fesses au public sur internet.

// J’ai l’impression que je traîne un peu en longueur, là. On s’ennuie? Les détails sont-ils utiles? Faut-il raccourcir?

Le lendemain matin, je me retrouve littéralement avec une révolte sur les bras:

  • “Pourquoi vous avez demandé à Jules de retirer la photo de son skyblog?”
  • “Ça vous regarde pas! L’école n’a pas à s’en mêler!”
  • “Vous aviez pas le droit d’en parler au directeur, c’est sa vie privée!”
  • “Et qu’est-ce que vous faisiez sur son skyblog, d’abord?”
  • “C’est son blog, il peut faire ce qu’il veut dessus! Et la liberté d’expression?”

Je suis sidérée par la violence des réactions. Certes, ma relation avec ces élèves n’est pas exactement idéale (c’est le moins qu’on puisse dire), mais là, ils sont complètement à côté de la plaque. Si l’élève en question avait affiché la photo de ses fesses dans le centre commercial du village, auraient-ils réagi aussi fortement si l’école (représentée par moi-même, en l’occurrence) avait demandé leur retrait?

// Comment on dit “challenging” en français? (Pour décrire les élèves sans utiliser l’affreux “difficile”.)

*// Le temps de narration change durant ce récit, vérifier si c’est “utile” ou si c’est “une erreur”.

Visiblement, ils considéraient ce qu’ils publiaient sur internet comme étant “privé” et semblaient ne pas avoir réellement pris conscience du caractère public de leurs skyblogs, ou du droit de quiconque d’y accéder et d’y réagir. Et pourtant, j’avais passé plusieurs heures avec ces mêmes élèves à préparer une charte pour la publication de leurs weblogs scolaires. Nous avions abordé ces points. Ils “savaient” qu’internet était un lieu public et que tout n’y était pas permis. Qu’est-ce qui s’était donc passé?

Cet incident particulier s’est terminé par une intervention énergique du directeur qui a remis quelques points sur quelques “i”. Restaient cependant deux problèmes de taille, que cette histoire avait rendus apparents:

  • l’école a-t-elle un “devoir d’ingérence” lors d’événements impliquant les élèves mais sortant de son cadre strict — et si oui, où s’arrête-t-il?
  • que pouvons-nous faire pour aider nos enfants et adolescents à devenir des “citoyens d’internet” informés et responsables?

La première question est du ressort des autorités scolaires, directions, enseignants — et je ne prétends pas apporter grand chose à ce débat ici.

La deuxième question, par contre, est l’objet de cet ouvrage.

Vive les jours de lessive! [fr]

[en] Venting a bit because of the really lousy way laundry stuff is organised in my block. I was told yesterday evening that I had to share my laundry day (today!) with a neighbour. That leaves us enough time to get organised, doesn't it?

J’ai vécu dans deux immeubles, et à chaque fois le chapitre “lessive” a été une véritable galère. Dans mon immeuble actuel, les jours de lessive tombent de façon irrégulière environ toutes les deux semaines et demie (c’était toutes les trois semaines ou plus pendant très longtemps, mais je crois que mon ancienneté me vaut à présent un peu moins d’attente).

Donc, des fois la lessive c’est le lundi, des fois c’est le vendredi, des fois c’est le mercredi, des fois c’est le samedi… etc. Ça change tout le temps. Facile, donc, quand on est un peu tête-en-l’air comme moi, d’oublier que c’est son jour de lessive.

D’autant plus que le système fonctionne ainsi: si j’ai la lessive le mardi, on me donne la clé au plus tard le lundi à 19h (mais si j’ai de la chance, je la reçois peut-être à 16h!) et je peux déjà commencer la lessive le soir même. Mais pas de lessive après 20h, quand même, c’est le réglement! Le lendemain matin, possibilité de faire la lessive dès 7h, mais attention, à 19h au plus tard la clé doit être dans la boîte au lettres de la concierge pour le client suivant!

Vous l’aurez compris, si vous bossez et que vous rentrez chez vous vers 18h, vous l’avez dans l’os. Heureusement, ça n’a pas été mon cas longtemps (juste quand je bossais chez Orange à Bienne). Ensuite, bien sûr, il y a toutes les fois où la lessive tombe justement sur le jour chargé, celui où on ne peut pas rentrer, le jour du départ en vacances (ou justement pendant les 3 jours où on est loin)… Bref, c’est pas marrant.

Aujourd’hui, c’est mon jour de lessive. Dans le cadre de mes efforts d’organisation, j’ai noté à l’avance les jours afin de ne plus les oublier bêtement. Donc, je savais que ce vendredi était mon jour de lessive, et ça tombait rien, pas d’obligations horaire avant le judo à 18h (pour autant que mes mains ne me fassent pas trop mal pour y aller).

Hier soir, alors que je partais pour la soirée, je tombe par hasard sur ma concierge, qui me rappelle gentiment que demain est mon jour de lessive (comme j’avais oublié la dernière fois). Je la rassure que cette fois, oui, j’avais noté. Et elle ajoute: “Alors vous vous arrangerez avec Mme F., parce que vous partagez avec elle, l’autre machine n’est toujours pas réparée!”

Pardon?!

Nous avons maintenant droit à un demi-jour de lessive, et on me dit le soir d’avant (qui n’est pas vraiment le soir d’avant, si vous regardez plus haut comment ça fonctionne, c’est en fait le début de mon “tour”) qu’il faut que je m’organise avec l’autre locataire pour le partage de la machine? Et si au lieu d’avoir la journée de libre, je n’avais que 3h en rentrant du travail pour faire toutes mes lessives, et elle aussi?

Machine à laver en panne Mais non, j’étais censée savoir, parce qu’il y a encore un mot sur la deuxième buanderie disant que la machine est en panne. C’est vrai que je passe chaque semaine voir où ça en est ces réparations. Et j’aurais dû en déduire que je devrais partager le jour de lessive de quelqu’un, c’est logique. Pas comme ma dernière lessive “partagée” où la concierge est venue me dire si j’arrivais à me débrouiller avec seulement le matin pour cause de machine en panne. Non, ça change de système et on ne me prévient pas!

Inutile de vous préciser (vous l’aurez compris) que j’aurais volontiers arraché la tête à ma pauvre concierge. Je me suis énervée, j’ai râlé (pas très utile, je sais, mais après presque une vie entière à réprimer l’expression de sa colère, on fait comme on peut), et (plus constructif) je lui ai demandé de me donner ce genre d’informations un peu plus à l’avance, tentant d’expliquer que c’était un peu à la der’. Impossible de faire passer le message. Ça tourne en rond. J’étais prévenue, parce qu’il y avait le mot sur la porte de la buanderie.

Bref, en partant de chez moi, j’ai profité du relatif isolement que m’offrait ma voiture sur la Rte de Cery pour insulter copieusement le monde entier (y compris la responsable du “système de lessive” que je subis depuis six ans). Ah! Ça fait du bien!

Ce matin, à 9h, on sonne à la porte. J’émerge du demi-sommeil aux rêves bien vifs dans lesquels je préparais le code HTML pour l’intégration de vidéos dans mes billets (sans rire). C’est vrai, je ne suis pas très matinale. Je vous le donne en mille: qui est à ma porte?

Non, pas le voisin aux croissants, pour ceux qui connaissent l’histoire. Ma concierge.

“Alors, euh, il faut que vous fassiez la lessive ce matin, parce que Mme F. a congé cet après-midi.”

Je grommelle quelque chose, lui dis au revoir, et vais voir ma tête à la salle de bains. Bleurk, vraiment pas réveillée. Mais quand y faut, y faut.

Je viens de passer ma matinée à faire lessive sur lessive, et je dois encore sortir la dernière. J’adore. Grmph.