Avoir le temps [en]

J’ai toujours vécu avec un sentiment d’urgence vitale. Littéralement. Il y a tant de choses que je souhaite faire (hyperactivité, allô) et nous ne sommes pas éternels (j’ai appris jeune que chacun pouvait mourir demain). Il y a en moi une énorme pression interne à “profiter de la vie”, “faire”, accomplir des choses afin que ma vie ait un sens. Un sentiment de “pas assez de temps”, qui se manifeste également par une absence d’envie de dormir, une activité que j’ai tendance à percevoir comme du “temps perdu”.

Tout ceci est pas mal pourri, évidemment, et certainement le résultat de la combinaison entre TDAH et parcours de vie. Maintenant, j’ai quand même du recul par rapport à ça, et il y a eu du changement depuis que je suis sous traitement. J’aime beaucoup plus mes nuits, par exemple, et comme j’arrive effectivement à “faire” plus, je me sens beaucoup mieux par rapport à ma vie. Mon angoisse existentielle a également largement disparu. Auparavant, j’avais déjà compris que cette pression à faire et profiter me paralysait, et m’empêchait ironiquement de “profiter” de ma vie. Pourri, je vous ai dit.

Il y a quelques mois, mon chef m’a posé une question dont la réponse était évidente pour moi, mais qui m’a permis de vraiment expliciter un aspect de mon fonctionnement. Il m’a demandé si, dans une situation où j’avais du mal à avancer sur une tâche, un peu de pression supplémentaire m’aidait ou non. Clairement, cri du coeur, la réponse est non. En fait je me mets déjà une énorme pression interne pour à peu près tout (y’a quelque chose à écrire là au sujet du perfectionnisme et de ses manifestations), et comme dit plus haut, plus le stress grimpe, plus la pression augmente, plus je culpabilise de ne pas faire (“assez” – et je vous laisse imaginer à quelle hauteur est la barre) et moins j’arrive à faire. Typique des mécanismes de procrastination, typique TDAH.

Là où je suis le plus capable de produire, c’est quand il n’y a pas de pression (“il faut faire”) mais de la motivation interne (“j’ai envie” ou “c’est important”). Cette motivation interne, c’est une sorte de cri du coeur (“impulsivité/impulsion” si on veut un vocabulaire un peu plus scientifique) qu’il m’est difficile de commander. C’est là où c’est pas là. C’est “on” ou “off“. Qu’est-ce que j’aimerais en avoir la clé! A nouveau, avec mon traitement c’est plus nuancé, et c’est plus facile qu’avant d’accomplir des choses pour lesquelles je n’ai pas une grande motivation. Je suis moins susceptible d’être embarquée par mes élans à des moments moins opportuns, aussi. Je peux résister.

Un domaine où je vois ça très fortement à l’oeuvre, c’est dans la création de vidéos et de documentation pour la communauté Diabète Félin. Si l’élan est là, hop, je fais une vidéo ou je passe 3 heures à écrire, et c’est fait. Mais si l’élan n’est pas là, j’ai beau me rappeler que cette tâche est importante pour un projet global qui me tient à coeur, ça ne prend pas. Idem pour l’écriture. Les rares fois où j’ai écrit dans le cadre d’un mandat où il fallait produire, c’était vraiment pénible. Par contre, quand j’ai une idée pour un article, hop, j’écris, et voilà.

Comme mon chef l’a très bien résumé: le management par objectifs, c’est pas trop pour moi. Ce qui peut être difficile à comprendre, toutefois, c’est que si les objectifs et la pression ont tendance à me “casser”, je fonctionne plutôt bien face à une bonne situation de crise (mais une vraie, pas une fabriquée: l’importance et l’urgence doivent être une évidence).

Depuis quelques années, j’écris moins. D’une part, depuis que je ne suis plus indépendante, je me suis retrouvée avec la priorité soit du travail pour un employeur, soit de la recherche d’emploi. Et pré-diagnostic, il faut bien l’avouer, je n’allais pas super bien. Depuis mon diagnostic, aussi (ou peut-être même avant? c’est dur de s’y retrouver dans les années qui passent), je ressens moins le besoin d’écrire. J’ai beaucoup écrit pour me comprendre, comprendre le monde, digérer des émotions. J’ai beaucoup écrit car ça bouillonnait à l’intérieur et j’avais besoin de poser quelque part une information qui me tenait à coeur ou une prise de position. J’ai moins ça, maintenant. Une part le traitement, mais une autre part, déjà là je pense, simplement l’âge et peut-être un peu de sagesse et de maturité qui vient avec. J’ai bientôt le double de l’âge que j’avais quand j’ai ouvert ce blog. Plus du double de quand j’ai démarré ce site.

Mais aussi, je réalise de plus en plus, parce que pour écrire (et faire certaines autres choses que j’aime), j’ai besoin d’avoir le temps. J’ai besoin d’avoir du temps ouvert devant moi. J’ai besoin de ne pas sentir le poids des choses à faire, de ne pas avoir un temps limité à disposition. Je suis sûre que pour certains d’entre vous, ça semble complètement anodin de réaliser ça. La réalisation c’est une chose, réussir à en faire quelque chose, à mettre en pratique, c’en est une autre. Comment, dans mon quotidien surchargé (pas que d’obligations, aussi de choses que j’ai choisies et que j’aime), est-ce que je m’octroie suffisamment de temps ouvert pour qu’émerge l’élan de vouloir? Parce que voici quelque chose qui ne marche pas: me dire, allez, cet après-midi je ne m’oblige à rien, donc je vais pouvoir prendre le temps d’écrire, ou alors de lire, ou alors de trier mes photos… Ça ne suffit pas.

Ici, en Inde, en vacances, voilà que je retrouve ça. L’Inde est un pays rempli de temps morts, de chaleur qui cloue sur le lit sous le ventilo, de digestion capricieuse qui oblige à rien faire, d’imprévus et d’annulations, de moments dans la journée où tout s’arrête, soi-même y compris. Ce n’est pas pour rien que j’ai énormément écrit et lu en Inde. Les vacances, c’est bien aussi. On est hors du quotidien, on laisse nous soucis derrière nous, pour autant que les vacances soient assez longues et qu’elles comportent assez d’espace pour se laisser vivre.

Je suis ici depuis 10 jours. Dix jours, un début chaotique avec des projets de vacances annulés dans des circonstances difficiles, un changement radical de programme, et là une semaine, à une demi-heure près, que j’ai posé mes valises à Apani Dhani au Rajasthan. Durant mon trajet en voiture depuis le Nord de Delhi, je me suis dit “ah! je vais pouvoir écrire!” et j’ai même enregistré 45 minutes de notes sur le début de mon voyage, à défaut de pouvoir directement sortir mon ordinateur dans la voiture pour me mettre à taper. Au final, ce n’est qu’avant-hier que l’élan d’écrire est arrivé, après quelques premiers jours un peu trop actifs et un ralentissement soudain imposé par mon système digestif (rien de grave… juste le truc qui assomme et fait rester allongé sous le ventilo en attendant que ça passe…).

Quelle est la recette? Quelles sont les “conditions-cadre” (si vous avez bossé en Suisse allemande vous apprécierez la référence) pour que j’aie envie d’écrire, et écrive? Est-ce réalisable avec moins de deux semaines à disposition, en Suisse ou quelque part de plus proche? Pourquoi est-ce que des fois ça vient, des fois pas?

Une autre chose pour laquelle j’ai pu apprécier de prendre du temps c’est de trier et retoucher les photos que je suis en train de prendre ici. Comme j’avais “tout le temps du monde”, j’en ai aussi profité pour apprendre à utiliser certaines fonctions de Lightroom que je ne connaissais pas (il y en a tellement). Qu’est-ce que c’était agréable de pouvoir trainouiller à essayer des choses, sans la culpabilité d’avoir le sentiment que je “perds mon temps”!

Nouvelles d'Inde [en]

Les jours filent en semaines. Il paraît que c’est le week-end, mais je ne l’aurais pas su. Hors du temps et reliée “au reste du monde” par la fragile connexion 2G de ma carte SIM indienne, la Suisse et ses préoccupations me paraissent bien lointaines.

Nous sommes à Mysore en ce moment, à Hillview Farms, petit coin de paradis où je loge pour la troisième année consécutive. Avant ça, le Kerala, Goa, et Pune. J’avais prévu d’écrire plus régulièrement, bien entendu. Ce n’est pas grave.

Cette année, j’ai fait plus de “tourisme” que jamais. Et c’est une bonne chose. J’ai assez facilement tendance à me laisser gagner par l’inertie ambiante, à me laisser décourager par les difficultés probables. Pas mes compagnons de voyage. Nous sommes donc partis un jour visiter deux temples des environs de Pune, Jejuri et Bhuleshwar, et le lendemain grimper sur un des “hill forts”, dont j’ai oublié le nom. Chaque expédition a fait l’objet de nombreuses photos qu’il me reste encore à trier, et mériterait un article dédié. On a aussi visité le Parvati Temple de Pune, qu’en une année sur place je n’ai pas trouvé l’occasion d’aller voir, alors même que notre vétérinaire avait son cabinet au pied de la colline.

Dans le même ordre d’idées, nous avons pris avant-hier une voiture pour aller voir une réserve ornithologique (très chouette) et un temple (j’ai écourté, me retrouver tel le bétail pour aller dire bonjour à la divinité résidente, pas trop ma tasse de thé). C’est bien de sortir un peu. L’oisiveté, il en faut, mais trop, ce n’est pas bon non plus. J’avais déjà remarqué ça en Suisse: pour être heureuse, il me faut un certain degré d’activité.

Que raconter? Que l’eau de la Mer Arabe au Kerala a une température comparable à celle de nos bains thermaux, que les lampions-étoiles et autres décorations de Noël à Goa sont féeriques, que le “homestay” est décidément un moyen extrêmement commode de loger en Inde? Ce sera peut-être plus facile quand j’aurai des photos à vous montrer.

En attendant, ici au chaud-pas-trop-chaud, tout va bien. J’ai prévu de revenir dans deux ans. Ce sera peut-être avant.

Time-Melt in Pune [en]

[fr] Encore des nouvelles de Pune, où tout se passe bien. Mes photos sont en ligne (en vrac).

I’m losing track of time. When did I get here? A week ago already? It has flown by so fast, but it feels like I’ve been living here (almost) all my life.

We just got home from a wonderful meal at Shabree, a restaurant that does Maharashtrian thalis. We ate till we (almost) burst!

Finding a rickshaw home tonight was easier than last night, when I watched a bunch of guys my jeweler had asked stop at least a dozen rickshaws before finding one who would take us back from MG Road.

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I think I definitely like Laxmi Road way better than MG Road. It’s more alive, more “real”, less “trying to be upmarket”. There are nice shops in and around MG Road though, but if it’s just for pleasure, I’ll take Laxmi Road. Our trip today was successful: goda masala (I still need to write up some Nisha recipes for you, I can’t keep up!) and a few other spices, Nisha’s brand of tea, an oil-lamp for my dad, lots of cheap fresh coriander, nail polish, and a few other things I forget. Oh yes, we found a shop which probably has the cable or card reader we’re looking for.

In other news, I dump-uploaded my photos, so they’re now visible online in my Pune 2010-2011 set. Clearly some of them need a little work (whether I’ll ever get around to doing it is another story) and I need to break them up into smaller, more manageable sets. Feel free to add tags to the photos and to point out which ones you think are particularly good — it really helps me after when I try to turn them into something presentable.

I’m exhausted again (because the day was long and nice!) so I’m going to leave things here — aren’t holidays supposed to be restful? 😉

Pune de tous les jours en photos [fr]

Cet article a été initialement publié sur le blog de voyage ebookers.ch (voir l’original).

Quand je suis arrivée en Inde pour la première fois, j’ai été frappée par le fait que l’Inde quotidienne en ville n’avait pas grand chose à voir avec les photos que l’on peut voir dans le National Geographic. Alors bien sûr, les photographes du National Geographic sont excellents, et leurs photos aussi, et une belle photo, c’est aussi un peu par définition une photo qui fait rêver.

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Ce choc initial m’a donné envie de photographier les choses qu’on ne photographie pas. Les choses banales, les rues banales, les choses auxquelles on s’habitue parce qu’elles font partie de la normalité. Les prises électriques et interrupteurs, par exemple.

La plupart des photos de mes trois premiers voyages en Inde ne sont pas en ligne. Mille dias et quelques films pour mon année passée ici, et une bonne dizaine de films pour les visites subséquentes. J’ai trié un bon bout, j’ai fait un album ou deux, mais scanner, c’est cher ou ça prend du temps. Ça viendra. Lors de mon dernier voyage, j’avais un appareil vidéo numérique avec moi. Beaucoup de séquences vidéo dont je n’ai encore rien fait, et une bonne pile de photos quand même (de qualité douteuse selon les critères d’aujourd’hui).

En 2011 (bonne année!), munie d’un appareil numérique et d’un iPhone 4 avec instagram, j’avoue que la tâche m’est grandement facilitée. Je sors rapidement et discrètement mon téléphone, je prends la photo, j’envoie, et hop, c’est sur Flickr, Tumblr, Facebook et tout le reste. Je ne me limite pas à mon iPhone, bien sûr, mais c’est un outil précieux.

Allez, je vous fais visiter un peu.

Un immeuble en construction:

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Stand de fleurs à Laxmi Road (si seulement je pouvais vous faire sentir!):

Pune Laxmi Road at Night (India 2004) 2

Des amis étudiants qui jouent au tennis:

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Stand de légumes et de rickshaws:

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La lessive des voisins du dessous:

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La maison où je loge en ce moment, mon ami Shinde et un de ses chiens:

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Vue typique lorsque l’on voyage en rickshaw, ici dans le campus de l’université (magnifiquement vert et calme):

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Loto de nouvel-an:

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Nisha qui rajuste une de mes kameez (en sept ans, disons pudiquement que j’ai pris un peu d’épaisseur ;-)):

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En train d’attendre un rickshaw (avec effet de filtre instagram):

Waiting for a rickshaw

Et pour terminer, vous sauterez bien dans le rickshaw durant deux minutes? Petite séquence vidéo 🙂 — on entend d’abord le conducteur demander si on va jusqu’à l’intérieur du campus (c’est le cas), et Shinde dire au chien de rester tranquille derrière nous (on rentrait de chez le vétérinaire). L’Inde, c’est aussi ça!

L’Inde, dix ans après… [fr]

[en] As the editor for ebookers.ch's travel blog, I contribute there regularly. I have cross-posted some of my more personal articles here for safe-keeping.

Cet article a été initialement publié sur le blog de voyage ebookers.ch (voir l’original).

Bon, j’exagère un peu: si ça fait dix ans depuis l’époque où j’ai vécu un Inde une année, ça ne fait cependant que sept ans depuis ma dernière visite.

Mais quels sept ans!

Complètement à chaud, des constats en vrac:

  • je n’ai mis dans ma valise ni guide de voyage, ni carte, ni dictionnaire Hindi: j’ai tout installé comme application iPhone ou sauvegardé dansEvernote
  • dans Evernote également, des photos de mon passeport, de mon carnet de vaccination, et de tout autre document de voyage précieux
  • pas de stress pour mettre la main sur une copie des tarifs des rickshaws! Un calculateur sous forme d’application iPhone existepour la ville de Pune, et probablement pour d’autres… (tuyau: cherchez le nom de votre ville de destination dans l’iTunes store)
  • une fois encore, j’ai fait le voyage Mumbai-Pune en taxi collectif organisé par un ami sur place (KK Travels) — sans un accroc, du gaillard endormi sur sa pancarte à la sortie de l’aéroport au dépôt à domicile, en passant par l’escorte privée jusqu’à la voiture et le changement de véhicule en cours de route (échange de passager, on rationalise les trajets de dépôt des voyageurs)
  • et puis tiens, venant de chercher le lien ci-dessus: tout est sur internet à présent (je vous avais déjà dit pour le train)
  • la traversée des bidonvilles de Mumbai par la grande route sent toujours aussi mauvais
  • il y a toujours plein de monde (à pied et en véhicule) dans les rues à 4h du mat’, et il faut toujours avoir le coeur bien accroché face au style de conduite indien

Bombay airport arrival has greatly improved in 10 years!

  • l’aéroport de Mumbai est méconnaissable: complètement refait, et aussi nettement plus civilisé (personne n’a tenté de se jeter sur mes bagages, ni de me proposer un hôtel ou un taxi que je n’avais pas demandé)
  • la ville a gagné en voitures et en magasins (et je n’ai encore pas revu la ville pour de bon, juste une petite expédition pour acheter de l’eau et deux-trois indispensables comme les anti-moustiques à mettre dans la prise)
  • le « beau supermarché » d’aujourd’hui est environ 5 fois plus gros et mieux fourni que celui d’il y a dix ans; on y trouve des pâtes Agnesi, comme à la Migros
  • la campus dans lequel je loge baigne dans le wifi; tout le monde a un téléphone mobile (c’était déjà quasi le cas il y a 7 ans, mais là c’est indéniable)
  • j’ai pris dans mes bagages mon ordinateur portable et mon nouvel iPhone, en plus de l’appareil photo de mes rêves; que de technologie, direz-vous — oui, mais un de mes plaisirs en voyage est de pouvoir partager ce que je vis (un téléphone avec bon appareil photo c’est d’un pratique, pour ça)
  • parlant de téléphone: mon opérateur (Orange) vend des paquets de données à l’étranger prépayés (ça reste cher mais toujours moins que les 15.- CHF/Mb du tarif « normal ») — dans le même ordre d’idées, il y une option voyageurs (Travel) qui permet de faire des appels depuis l’Inde pour 2.- la minute au lieu de 4.80… (ouille); c’est les vacances, et mon téléphone n’est pas juste un outil professionnel, c’est un moyen clé pour communiquer avec mes proches
  • les bouteilles de Bisleri ont été relookées
  • j’ai pris avec moi un peu moins de saris et de salwaar kameez, et plus de vêtements « occidentaux » (pantalons et haut) — la mode évolue et s’occidentalise de plus en plus (j’ai vu des choses durant ces premières 12 heures que je n’aurais jamais pu voir ici il y a dix ans).

Je suis vraiment heureuse d’être de retour. Les odeurs, qui m’avaient relativement peu frappées lors de mon année ici, me prennent les narines et me renvoient dans le temps.

De la dégradation de la langue [fr]

[en] About my French spelling being worse than it was 15 years ago (is it the keyboard? is it something else?) and the terrifying experience of "losing my French" while I was in India 10 years ago.

La mienne, en l’occurence.

Plus de 15 ans que j’ai passé mon bac (XB, s’il vous plaît). Plus de 10 ans que j’écris sur le web. Quelque part en chemin, j’ai fait une licence en français.

Et parfois, quand je me relis, je suis horrifiée par les fautes que je trouve dans mes textes.

J’ai toujours été bonne (allons, n’ayons pas peur des mots — excellente) en orthographe et grammaire. Au gymnase, franchement, je crois pouvoir dire que j’avais un français écrit irréprochable.

Ça s’est gâté, ensuite. Dix ans à prendre des notes à l’uni, d’une part ça vous fiche en l’air la calligraphie (qui ne fut d’ailleurs jamais mon fort) et d’autre part, ça vous ramollit les règles de la langue.

Je me demande aussi parfois quel rôle joue le clavier dans tout cela. Je me retrouve à faire des fautes de “frappe” inimaginables lorsque j’écrivais à la main. Une terminaison en “-é” au lieu de “-er” par exemple, qui vient se glisser là, mine de rien, au milieu d’une phrase. Je l’attrape au passage si je prends la peine de me relire, bien entendu, mais le drame est que la faute ait simplement jailli de mes doigts. Ça n’arrivait jamais, “avant”.

(D’ailleurs, je tiens à le préciser, je ne me relis que très rarement. Oui, je sais, ça va faire des jaloux — chacun sa croix: mes compétences dans le graphisme frisent le zéro absolu et je suis tellement peu physionomiste que c’en est régulièrement embarrassant.)

Qu’est-ce qui a donc changé?

  • Est-ce le clavier au lieu du stylo?
  • Est-ce l’absence de correction en rouge pour me rappeler de temps en temps mes manquements à la perfection de la forme?
  • Est-ce l’âge?
  • Est-ce la proportion moindre de français par rapport à l’anglais, dans ce que j’écris aujourd’hui?
  • Est-ce la plus grande quantité de texte écrit que je produis?

Allez savoir.

J’ai vécu une autre expérience de dégradation de la langue, orale celle-ci, qui m’a profondément marquée. En 1999-2000, comme vous le savez, j’ai passé une année en Inde (le cas échéant, chers lecteurs, relisez vos classiques).

Bilingue déjà à l’époque, mais avec un anglais passablement rouillé, je me retrouvais pour la première fois depuis ma petite enfance à communiquer exclusivement en anglais, durant des mois — à l’exception de l’occasionnel e-mail qui, m’avouera-t-on plus tard, arborait des tournures de phrase de plus en plus étranges à mesure que passait le temps.

Après 6-8 mois, une amie de Suisse est venue me rendre visite. Et là, catastrophe. Je cherche mes mots. Je suis maladroite. Je construis mes phrases à tort et à travers. J’étais en train de perdre mon français! Il avait suffi de si peu de temps…

Je savais que j’avais pas mal perdu de mon anglais durant mon adolescence, au point qu’il m’était devenu pénible de le parler. Il revenait après quelque temps, bien sûr, mais c’était depuis longtemps ma deuxième langue. Jamais je n’aurais imaginé que je pourrais (aussi vite!) perdre mon français.

Je vous rassure, il est bien revenu. Et mon anglais est resté — j’avoue qu’il est rare que je passe une journée sans utiliser mes deux langues à présent (et internet joue très clairement un rôle là-dedans).

Mais même sa langue maternelle, quand on ne la pratique pas, se dégrade.

Inde spirituelle ou matérialiste? [fr]

[en] India's materialism is not anything new. If you dig into vedic religion, it's centred on sacrifices and actions more than interior spirituality. That side of Indian religious expression came about later. As for Gandhi, I think it's important to keep in mind that his background includes connections to the Theosophical Society, and that his philosophy is therefore not a pure traditional product of Indian thought.

J’écoute en ce moment à la radio une émission sur l’infanticide féminin, en Inde entre autres. Sujet et émissions intéressants, mais à l’instant, quelque chose qui me fait bondir. Parlant de la dot, l’intervenante (dont je n’ai pas bien compris le nom) nous dit que l’Inde moderne devient en effet matérialiste, tournant le dos à ses idéaux spirituels du passé, et même à la philosophie de Gandhi.

Holà. Primo, si on va creuser dans la religion védique, c’est une religion du rituel et de l’acte, et non pas de la “spiritualité intériorisée” au sens où nous l’entendons. Ça, c’est venu plus tard. On voit encore aujourd’hui cette primauté de l’action, lorsque vous trouvez des gens qui pratiquent consciencieusement les puja ou qui passent au temple faire des offrandes, sans pour autant croire à l’existence des dieux.

Mais bon, c’est pour dire que l’importance du matériel en Inde n’a rien de nouveau, et que la spiritualisation de l’Inde est entre autres grandement due à son intéraction avec l’Occident. On y voit plus d’expression religieuse, mais cela ne veut pas dire que les gens sont plus spirituels que chez nous, où la religion est une affaire privée et souvent avec peu de manifestations extérieures.

Quant à Gandhi, souvenons-nous de l’influence qu’a eue sur lui la Société Théosophique, et que les valeurs qu’il a prônées (totalement indépendamment de leur valeur) ne sont donc pas un pur produit traditionnel indien.

Travel Plans [en]

[fr] Prochains voyages: Lisbonne puis Vienne à la fin du mois de septembre, et peut-être l'Inde cet hiver si j'ai les sous.

  • (25)26-30th September: Shift in Lisbon, Portugal
  • 1st-3rd October: BlogTalk in Vienna, Austria

I’ve more or less got the trip to Lisbon and the return from Vienna sorted out. I’m in trouble for getting from Lisbon to Vienna during the week-end without emptying my bank account. Anybody else doing this? Got ideas where I should look? (Trains, planes, coaches?)

I’m also tempted to go to India for two months over December-January (get back here in time for Lift early February). The problem there is finances: I don’t know yet if I’ll be able to afford it. One idea would be to try and get some consulting work over there (Delhi, Pune, Bangalore…) — if the rates in the industry are worth it. Anybody know what opportunities a videshi bloggy consultant might find there?

Do speak up if we’re going to be in the same place at the same time!

Semaine Bollywood sur Arte [en]

Quatre films hindis sont diffusés cette semaine sur Arte. Présentation et horaires.

[] Quatre films hindis sont diffusés cette semaine sur Arte. Présentation et horaires.

Ne pas rater, cette semaine qui vient, les films hindis (indiens) diffusés sur Arte dans le cadre de la Semaine Bollywood.

J’ai vu la plupart des films qu’ils passeront, et je me réjouis de les revoir:

  • Monsoon Wedding, lundi à 20h45 ou mardi à 15h10, un film que j’avais vu avec émotion après mon deuxième voyage en Inde. Contrairement à d’autres films plus purement “bollywood”, celui-ci nous montre une Inde que j’ai vue et à laquelle je peux m’identifier. La réalisatrice, Mira Nair, est déjà connue en occident pour son film Salaam Bombay!
  • Dil Se, mercredi à 22h45, un excellent film de Mani Ratnam (même s’il n’est pas très gai). La bande-son est signée A. R. Rahman, le compositeur numéro un en Inde pour les musiques de film, et qui a été connu plus récemment en occident pour la comédie musicale Bombay Dreams que j’ai eu la chance de voir à Londres. Cette bande-son est généralement reconnue comme étant une de ses meilleures, et le clip de la chanson Chaiyya Chaiyya, dans lequel les héros dansent sur le toit du train menant à Darjeeling, est un vrai moment d’anthologie du cinéma indien.
  • Chori Chori Chupke Chupke, qui passe jeudi à 20h45, est un film que je crois avoir vu, mais qui ne m’a visiblement pas laissé un souvenir impérissable. J’avoue en plus ne pas particulièrement apprécier l’acteur principal Salman Khan (au sujet duquel circulent certaines histoires pas très glorieuses), même si j’aime bien les actrices Preity Zinta et Rani Mukherjee. A noter également que contrairement aux deux précédents, ce film est plus dans le genre “film bollywood standard à succès” (Monsoon Wedding étant clairement du cinéma d’auteur, et Dil Se n’ayant pas particulièrement été apprécié du grand public, d’après ce que j’ai pu entendre).
  • Last but not least, Kuch Kuch Hota Hai, succès interplanétaire dans le genre “pur bollywood de qualité”, et premier film hindi que j’ai eu l’occasion de voir. A ne pas rater, autant pour les acteurs (Shah Rukh Khan, pour qui j’avoue un petit faible, Rani Mukherjee, et Kajol, mon actrice indienne préférée) et l’histoire que pour la musique, qui même si elle n’est pas signée A. R. Rahman, m’a conquise dès la première écoute. Bref, en ce qui me concerne, Kuch Kuch Hota Hai est un excellent film hindi tout à fait typique. A voir, donc, vendredi à 23h45.

Les films sont bien entendu diffusés en version originale sous-titrée, et vous aurez donc amplement l’occasion d’écouter cette langue mystérieuse qu’est le hindi.

La semaine indienne d’Arte commence ce soir avec Bollywood, le cinéma qui chante. Je vous laisse deviner ce que je serai en train de faire dès 22h45…

Bollywood au Flon [en]

Main Hoon Na, film hindi projeté lundi qui vient à 20h30 au Flon.

Un petit billet en vitesse avant de m’écrouler de sommeil: la semaine a été bien remplie (plus à ce sujet prochainement), mais je ne pourrai pas dormir avant de vous avoir annoncé la projection de Main Hoon Na lundi soir au Flon (à 20h30, hindi sous-titré anglais).

Si l’envie vous prend de passer une soirée un peu indienne (et de découvrir peut-être sur écran un de mes acteurs de films hindis favori), réservez votre soirée!