[en] A brief overview of important points to consider/keep in mind when thinking about blogs in a corporate setting. The two posts with my conference notes, How Blogging Brings Dialogue to Corporate Communications and Blogging in Internal Communications, roughly cover this.
Quel est l’essentiel à savoir lorsque l’on commence à s’intéresser aux blogs?
D’abord, que le blog est trois choses:
- un outil (technologique) permettant de publier très facilement du contenu
- une culture avec des usages, une histoire, une éthique
- une stratégie de communication misant sur le dialogue, l’authenticité et la transparence
L’outil lui-même est relativement simple à mettre en place et est gratuit ou presque.
Apprendre à utiliser le blog pour publier des textes est aisé. C’est très similaire (côté processus et interface) à publier un e-mail. C’est entre autres pour cela que le blog est un outil aussi populaire et que “n’importe qui peut en avoir un”.
Pour une entreprise, il vaut la peine d’avoir une personne à l’interne qui soit capable de gérer le blog côté serveur: mises à jour, installation de plugins, adaptation du thème (gabarit) à la ligne graphique désirée, résolution de bugs dus à des changements de version (PHP, base de données) sur le serveur — ça peut arriver.
Maîtriser les fonctions plus complexes de l’outil de blog peut prendre plus de temps: catégories, tags, gestion des commentaires, insertion d’images ou de vidéo, mise en forme, liens, contenu annexe. La plupart des blogueurs devront avoir une partie au moins de ces compétences afin d’être réellement autonomes.
Utiliser un blog comme outil de communication n’est pas une chose naturelle dans le milieu des affaires. Le style d’écriture est différent de ce dont on a l’habitude (assez proche de l’e-mail) et revêt une grande importance. Etre exposé à la critique et aux questions difficiles est quelque chose dont nous protège de façon générale la communication unilatérale. Renoncer à la langue de bois ouvre parfois la porte à des situations difficiles à gérer.
Etre un bon blogueur requiert en fait des compétences relationnelles et humaines assez génériques et qui font souvent partie de la “personnalité” — ou du moins, qui ne sont pas enseignées de façon formelle. Le coaching sur la durée est le meilleur moyen d’apprendre à gérer ces situations dues à la nature conversationnelle du blog.
Installer l’outil et apprendre à l’utiliser, d’un point de vue technique, ce n’est donc que la pointe de l’iceberg. L’investissement financier est minime pour l’outil lui-même, mais il vaut la peine de mettre le paquet pour accompagner le/les blogueurs dans leur apprentissage de la culture propre à ce nouveau média, et de soutenir l’entreprise dans ses difficultés (inévitables) avec une stratégie de communication qui ne correspond probablement pas à ce qu’elle faisait jusque-là.
En cas de réticences budgétaire face au prix d’une accompagnement de qualité sur, disons, une durée de six mois — il est bon de (se) rappeler qu’on investit souvent sans sourciller des dizaines de milliers dans des solutions techniques ou du matériel. Pour un blog, point de cela: l’argent ainsi économisé doit absolument être consacré à la formation et au conseil stratégique par un spécialiste du média.
Le plus possible, on cherchera à faire bloguer des personnes provenant de l’entreprise elle-même. L’efficacité du blog consiste à mettre en relation de vraies personnes: les blogueurs, et les lecteurs, qui peuvent laisser des commentaires, ou vont peut-être publier des réactions sur leur propre blog. Les blogueurs deviennent vite la “vitrine” ou la “face humaine” de l’entreprise. Il est à mon avis très dommage de confier ce rôle à des personnes externes uniquement — il y a là une incompatibilité entre le rôle du blog, qui est de rapprocher, et le fait de confier ce travail à des externes, qui montre qu’on ne veut pas “se mouiller”.
Le blog lui-même, a priori, ne va pas rapporter d’argent. On fait de l’argent “à cause” du blog, non pas “avec”. Le blog apporte visibilité et crédibilité, d’une façon difficile à imiter avec une campagne de publicité ou de marketing “classique”, car elle est basée sur le dialogue et la relation. C’est en discutant avec les gens de notre entourage que nous changeons d’avis, et prenons des décisions. Internet, via les blogs, permet de démultiplier l’effet bouche-à-oreille de la conversation personnelle.
Ces thèses sont développées de façon plus générique dans l’ouvrage The Cluetrain Manifesto (à lire absolument): nos décisions d’achat sont basées sur les expériences de nos amis; personne n’aime qu’on lui “parle contre”, ce que fait habituellement la publicité; nous ne sommes plus dupes, nous savons que la publicité est mensongère. Sur internet, avec les blogs, les forums, les wikis, les réseaux sociaux, ces conversations qui existaient déjà bien avant l’ère d’internet acquièrent un pouvoir supplémentaire en étant sur la place publique numérique.
La communication ne peut pas être contrôlée. Les blogs permettent aujourd’hui à n’importe qui de se faire entendre, si ce qu’il raconte est jugé assez important par ses pairs. On ne peut pas “taire” les gens à coups de communication bien léchée. La langue de bois est montrée du doigt dans les commentaires et les forums de discussion. Internet nous force à renoncer au contrôle absolu de son image et à se jeter à l’eau, à participer aux conversations qui ont déjà lieu à notre sujet, ou à les encourager à venir se passer chez nous.
Pour bloguer il faut être passionné, et c’est quelque chose qu’on ne peut pas “truquer”. Si le coeur n’y est pas, les centaines de personnes du public vont finir par le sentir, un jour ou l’autre — et les gens n’aiment pas la facticité. Le choix des bonnes personnes pour bloguer est donc crucial. Ce n’est pas un travail pour n’importe qui.
Ecrire dans le blog, ce n’est que la moitié du travail. Il faut garder un oeil sur les commentaires, y répondre, modérer parfois. Il faut surtout lire — d’autres blogs sur des sujets apparentés, ce que le public dit au sujet de son entreprise, de ses produits, ou du contenu du blog. Tout cela prend du temps. Cela ne se fait pas en 3 minutes entre deux meetings. Aimer ce dont on parle et être passionné, ça aide.
Idéalement, je l’ai dit, on choisira ses blogueurs parmi ses employés. Il faut tenir compte dans leur emploi du temps qu’il vont passer un certain nombre d’heures par semaine à bloguer, lire des blogs, échanger e-mails et commentaires là autour. S’ils n’arrivent pas à faire leur travail, éviter la solution facile de mettre la faute sur le blog. Chercher la vraie cause, et y remédier.
Voilà… voyez, c’est un sujet sur lequel on peut vite s’étendre. J’en resterai là pour aujourd’hui, non sans vous donner quelques pistes pour explorer plus loin (pas impossible que j’en rajoute après la publication de cet article).
Livres à lire, en anglais:
- The Cluetrain Manifesto, incontournable et en plus, disponible gratuitement en ligne
- Naked Conversations, panorama de plus d’une centaines d’utilisations des blogs dans le monde des affaires, de la politique, ou des médias
Livres en français:
- Blog Story, pour une introduction générale au phénomène et à son histoire
- Blogueur d’entreprise, que j’ai reçu mais pas encore lu (pour cause de pile de livres) mais qui est tout à fait recommandable, j’en suis certaine
En anglais:
- deux conférences que j’ai données: How Blogging Brings Dialogue to Corporate Communications et Blogging in Internal Communications sur la façon dont les blogs bouleversent la communication d’entreprise
- Multilingual, si vous avez un projet en plus d’une langue
En français:
- Nécessité d’une formation blogs (en vidéo)
- Ouvrir ou non les commentaires?
- Articles de la catégorie “comment bloguer?”
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