Vrac avant reprise de travail [fr]

Je peine à trouver du temps pour écrire, ça c’est pas nouveau. Ce qui est nouveau, c’est que je me suis rendu compte, ces derniers jours, que quand j’écris pas il y a une sorte d’accumulation de charge mentale qui se crée. Pas juste de “l’activité d’écriture” remise encore et encore à plus tard, mais du contenu de ladite activité d’écriture qui s’entasse dans mon cerveau déjà bien chargé.

Au-delà de la pile d’articles en gestation dans ma tête, je me suis dit que ça me ferait peut-être du bien de juste partager ici ce qui vient. C’est pas la première fois que je fais ça, évidemment. Mais si on regarde, je suis sûre qu’on verra que c’est un type de publication qui vient souvent après une période de sécheresse rédactionnelle. C’est probablement pas pour rien.

Et puis, depuis mon accident, j’ai au fond peu réussi à donner des nouvelles de comment se passaient les choses et ma vie. On va commencer par là.

Lundi, je reprends le travail, à temps très partiel les premières semaines, déjà, puis on avisera (je refais le point avec le neurologue à la fin du mois). Après sept mois d’arrêt complet, il est temps. Je crains un tout petit peu la “mauvaise surprise” côté fatigue, parce que regardons les choses en face, en sept mois j’en ai collectionné, y compris une tentative prématurée de retour au travail à Pâques. Quand j’y repense maintenant, ça me paraît surréaliste. Au fond, toute cette histoire me paraît surréaliste. Parce que, comme je l’ai déjà mentionné, il y a un large pan de ma vie où je me vis comme “tout à fait normale”. Mais s’il y a ça, c’est aussi grâce au fait que je ne travaille pas, que mes activités sont réduites, que je ne mets pas de réveil le matin, que je peux faire une sieste si j’ai besoin. C’est quand même une période de vie bien étrange.

Au-delà de mes réflexions de fond sur le sens de ma vie (il faudra que je vous parle de la Révélation des Bois du Jorat), mon avenir professionnel à moyen terme, la façon dont je gère mes activités, mes relations et ma fatigue, je réfléchis beaucoup aux outils qui nous permettent de nous connecter les uns aux autres en ligne. Ce n’est pas nouveau, comme intérêt – on pourrait même dire que c’est un des fils rouges de ma vie – mais la suspension de mon compte Facebook fin août m’a donné un coup de pied aux fesses salutaire pour me pencher sérieusement sur la possibilité de construire un écosystème d’outils et de plateformes ouvert, qui ne soit pas régi par la logique capitaliste du profit à tout prix.

Au début il y avait le blog, pourrait-on dire (pas tout à fait vrai, mais quand même un peu), et il y a quelque chose d’assez magique dans le fait de pouvoir jardiner son petit coin à soi d’internet tout en étant en interconnexion avec autrui. Mais tout le monde n’est pas jardinier. Certains veulent juste avoir quelques pots sur leur balcon, ou admirer les jardins des autres, ou acheter quelques fleurs coupées. Il faut trouver un moyen d’amener ensemble ces différentes personnes, ce que fait une plateforme comme facebook, mais en limitant les jardiniers à une petite parcelle bien délimitée qui ne leur appartient pas, genre jardins familiaux. J’ai rien contre les jardins familiaux, mais les vrais sont conçus selon le modèle associatif ou coopératif, pas gérés à la façon d’un gouvernement totalitaire par une grosse entreprise capitaliste. Je pense qu’on peut creuser et filer encore un peu cette métaphore.

Si ce sujet vous intéresse, je vous invite à lire ma série “Rebooting the Blogosphere“, en la mettant dans un traducteur si l’anglais est un obstacle. C’est un peu technique par moments, mais pas que.

Donc, difficile de trouver le temps d’écrire, comme toujours. A quoi me suis-je occupée?

Après le week-end du Jeûne, j’ai eu une semaine très étrange où j’ai dormi une bonne heure de plus par nuit en moyenne que d’habitude, avec maux de tête en continu et sensation d’avoir passé sous un rouleau compresseur dès le réveil – zéro énergie. Ça s’est gentiment arrangé au bout d’une semaine, dix jours. J’ai initialement pensé que j’en avais trop fait durant le week-end (une “petite balade” qui s’est transformée en randonnée de 5h30 sur un mini sentier au pied des falaises de l’Ardèche), mais à ce stade le consensus semble être que ça devait être un virus. On ne saura probablement jamais. Mais bref, une semaine durant laquelle j’avais prévu de pouvoir faire plein de choses, parce que j’allais vraiment beaucoup mieux depuis quelque temps, “perdue” au final. Et ça m’a stressée, vu la reprise de travail programmée. Mais là ça va, c’est passé.

Oscar a eu chaud (et moi aussi): pancréatite, anorexie, j’ai dû lui faire mettre une sonde oesophagienne (sinon il ne s’en sortait pas). Ça n’a pas été simple a gérer, ça a été stressant (d’autant plus avec mon absence durant le week-end du Jeûne), mais il s’est bien remis et a maintenant repris sa petite vie, avec 300g en moins. Sa vie: descendre à l’eclau pour occuper la place et taper sur Juju s’il est là, se faire servir “au lit” la pâtée du matin et du soir (médics) sur mes doigts, faire un saut sur le balcon, sortir quelques fois par semaine et tenter de rattraper Juju (mais le bougre bouge vite!) ou plonger dans les buissons impénétrables, manger, boire, faire un petit brin de toilette de la patte qui reste et du museau quand ça le prend, faire la tournée des différents dodos à différents moments de la journée.

Allez, d’autres choses en vrac:

  • devoir mettre un titre à un article de blog ajoute beaucoup de friction (je commence d’ailleurs de plus en plus souvent à écrire sans mettre de titre, et je rajoute un truc après)
  • Juju ressemble à un petit tonneau, j’attends depuis plus d’une semaine qu’arrivent ses nouvelles croquettes pour chat vieillissant et grassouillet
  • Café-Café, le choeur dans lequel je chante, sera en concert demain à Payerne (concert-brunch!) et le 1er novembre à Courtételle; moi pas, car si j’ai repris le répétitions, je ne suis pas encore au point pour la scène et vu la coincidence avec ma reprise de travail, il est plus sage que je me repose; déçue et frustrée mais c’est comme ça
  • j’ai fait le saut et pris un abonnement chez Backblaze (100.-/an) pour faire une sauvegarde distante de tout mon ordi, disques durs externes compris, et la sauvegarde départ a fini de tourner (près de 3TB) – rappel: Google Drive, iCloud, Dropbox et cie ce ne sont pas des sauvegardes, c’est de la synchronisation; mieux que rien mais pas une aussi bonne assurance contre la perte de vos données
  • j’ai pris le temps d’exporter tout mon contenu Facebook (profil depuis sa création, pages de mes chats, etc) – y’a un article à écrire car c’était quand même un peu laborieux
  • à qui appartient le contenu d’une communauté? quand j’exporte mes données facebook, elles perdent leur contexte interactionnel: les discussions dans les commentaires, etc… c’est très insatisfaisant; il y a des conversations auxquelles j’ai pris part et qui comptent pour moi dans les commentaires de publications qui ne sont pas les miennes, par exemple
  • j’ai testé le support Meta Verified, celui qu’on a quand on “paie” facebook et instagram pour avec le petit vu bleu et ne pas avoir de pubs; bilan mitigé mais j’ai quand même passé 10 min au téléphone avec un vrai être humain! Là aussi y’a des articles à écrire pour rentrer dans les détails
  • je réfléchis à comment faciliter la transition des personnes habituées à facebook vers le web social ouvert, c’est encore en train de mûrir
  • dans le même ordre d’idées, je réfléchis à comment gérer la transition future (horizon un an, disons) de la communauté Diabète Félin vers Discourse, et quel rôle pourra ensuite jouer le groupe facebook dans l’écosystème de la communauté (car il faut encore garder un pied dans Facebook pour être trouvé)
  • concernant ce blog, il y a pas mal de ménage à faire, entre autres dans le but de le “pluguer” dans le Fédivers/Fediverse, où est en train de se construire le web social de demain (voir Join the Social Web, le plugin ActivityPub, brid.gy, etc)
  • Fediverse? ActivityPub? Vous savez comme l’e-mail, chacun peut faire une adresse e-mail un peu où il veut (Gmail, Hotmail, Bluewin, Outlook, Yahoo, Proton) ou même l’héberger soi-même, et que ça n’a pas d’incidence sur à qui on peut envoyer des mails et de qui on peut en recevoir? Idem avec les numéros de téléphone, ou les sites web et les flux RSS; l’idée c’est d’avoir quelque chose de similaire pour les réseaux sociaux (parce que là maintenant si on est sur Facebook, les seules personnes avec qui on peut se connecter c’est les gens qui sont déjà sur Facebook… LinkedIn idem)
  • j’ai réinstallé mon téléphone qui souffrait de manque de place… aussi un article à écrire: j’avais 65Gb (sur 128!) de “System Data” alors que normalement ça doit tourner autour de 10Gb… chiant et stressant mais je suis contente de l’avoir fait, je revis!
  • j’ai aussi fait pas mal de ménage sur mon ordi, entre autres pour ranger correctement sur un disque dur externe toutes mes vidéos live et mes sauvegardes de réseaux sociaux, blogs, google drive et compagnie; les nuages c’est top, perso je suis fan, mais il faut avoir des sauvegardes! J’ai pris des notes, mais je devrais mettre ça dans un article pour que ça puisse servir à d’autres
  • on saute du coq à l’âne: j’ai de nouveau remarqué (de nouveau) que quand je fais mes courses, j’achète des choses en pensant aux repas que je vais cuisiner avec, mais une fois à la maison, je mets tout au frigo et pouf, les idées et le “planning” de repas disparaît; donc je suis en train d’essayer de noter sur post-it mes idées (avec dates limites) quand je rentre et que je réduis les courses, et de les coller sur mon planning semaine; ça me permettra aussi d’apprendre à mieux évaluer quelle est ma capacité (énergie) de cuisiner au fil de la semaine
  • je continue l’entrainement cognitif chez Holisquare et mes performances progressent, ce qui est rassurant! je trouve ultra intéressant ce sur quoi ils travaillent, et j’avoue que ça titille ma fibre entrepreneuriale, d’autant plus que ça concerne entre autres une problématique de santé (la commotion) généralement très mal prise en charge par notre système de santé
  • parlant de système de santé, là aussi y’a un article à écrire (des), je croise de plus en plus d’histoires horrifiantes qui montrent que même dans notre jolie Suisse, si tu as pas les connaissances médicales, pas la connaissance du système, pas les ressources pour défendre ou faire défendre tes intérêts, t’as toutes les chances de pas être bien pris en charge (entre autres: deux nanas de mon entourage très certainement dopées au GHB et qui ont été traitées comme des cas de cuite à l’alcool aux urgences)
  • parlant de systèmes tout court, j’ai le sentiment qu’on voit maintenant dans tous nos systèmes administratifs les conséquences d’années de gestion “capitaliste”, même dans le service public: on veut économiser, être plus performant, faire plus avec moins, optimiser, rationaliser… et maintenant les machines (systèmes, processus) commencent à casser, et on en fait les frais; j’ai perdu toute confiance lorsque je dois faire des démarches administratives: je dois faire le suivi, relancer, relancer encore, protester, réclamer, me fâcher ou pleurer suivant les cas…
  • parlant de la dégradation de tous nos systèmes administratifs: dans le monde du travail d’aujourd’hui, il faut tout faire plus vite; j’en parlais avec un contact cadre dans une grosse entreprise: on fait les mêmes heures mais le rythme d’activités pendant ces heures n’a plus rien à voir avec il y a 20 ou 30 ans, on enchaine les réunions, on n’a plus le temps de réfléchir, il faut faire, faire, faire et en plus, faire vite…

Allez, ça fait une heure et quart que j’écris, je m’étais dit une heure, je vais vous laisser là. Pour aujourd’hui. Je me suis dit que ce serait peut-être un bon exercice, de m’entrainer à faire des articles qui tiennent en une heure. Pour pouvoir me dire (oui je me dis beaucoup de choses): “OK, j’ai une heure, j’écris” – alors que jusqu’ici, pour écrire, souvent j’ai besoin d’avoir le sentiment d’avoir tout le temps du monde pour m’y mettre. Peut-être qu’il y a écrire et écrire, d’ailleurs. Je m’étais dit la même chose pour la vidéo: je veux faire plus de vidéos (maintenant que Facebook a plus ou moins tué les Lives en ce qui me concerne), mais avec une limite de temps. Vingt minutes? dix minutes? A méditer.

Comme toujours, merci de m’avoir lue si vous avez tenu jusqu’au bout. Laissez un commentaire pour me dire coucou, c’est vrai qu’après avoir été formatée Facebook pendant des années, on a parfois l’impression de bloguer dans le désert (l’intégration avec le Fediverse devrait contribuer à résoudre ce problème).

Who Will See My Comment? [en]

Another interesting observation following my return to Facebook: when somebody responds to one of my posts there, it definitely feels like the audience for this response is primarily the people I am connected to. What I mean by that is that I expect that my contacts have a chance of seeing that response, because responses are closely tied to the original content (“comments and post“ format).

On Bluesky or Mastodon (or Twitter for that matter, and it could partly explain why I drifted away at some point and started spending more time on Facebook), when somebody responds to one of my updates, I do not expect the people connected to me to see it. And indeed, if they are not following the person who responded, if they do not specifically open up my update to see if there are responses or if it is part of the thread, they will not see it. On those platforms, responses are much more “their own thing” than on Facebook or on a blog.

On Facebook, there is an immediate and visible feeling of micro-community around a publication, when people start commenting. It feels like we’ve just stepped into a break-out room. Participants get notifications, and come back to see responses. If the conversation becomes lively, it is made visible to more people. People will end up connecting to each other after having “met” repeatedly in a common friend’s facebook comments.

Bluesky, Mastodon and Twitter (yeah, and Threads) feel more fragmented. It’s more difficult to follow for lots of people. They are faced with bits and pieces of conversations flying about, and access to the context of those is not frictionless. Part of this, I think, has to do with how publication audience is managed (I’ll definitely have to do a “part 4” about this in my Rebooting the Blogosphere series). And another, of course, is the primacy of non-reciprocal connections on those platforms.

What Facebook also does that blogs do not at this stage, is that Facebook makes my comments on other people’s publications candidates for appearing in the news feeds of people who are connected to me. Every now and again, something of the form “Friend has commented on Stranger’s post” will show up. The equivalent in the blogging world would be having a “reading tool” (now RSS readers, but we need to go beyond that, that’s the Rebooting the Blogosphere part 3 post that I’m actively not writing these days) which will not only show me the blog posts that the people I’m following have written, but also that they have commented here or there, on another blog. This tightens the connection between people and contributes to discovery – ie, finding new people or publications to follow.

In summary: there is something fundamentally different in how Facebook, the other socials, and blogs make visible to a person’s network the comments/responses they have made elsewhere. And the “feeling of conversation/community” of multi-person exchanges also varies from one platform to another.

Blogging On My Phone (Facebook Suspension Day 17) [en]

The post « Blogs don’t have to be so lonely » (via Dave) has had me thinking, in between two feedings for my poor old Oscar. Manuel’s blog doesn’t have comments. Just like this one in its early days, and pretty much all blogs at the time.

We linked to each other.

Comments changed that: it became less about linking to others, more about leaving your link on other people’s blogs.

Less invitations for your neighbours to join you, more peeing on the bushes in their garden.

Comments aren’t all bad of course. It’s great to have a space for discussion that is strongly connected to the post that sparked it. But they can be subverted and it can go overboard.

When it comes all about the comments, we end up with Facebook, Twitter (RIP), Bluesky, Mastodon, Threads and the like.

This is a shortcut and it’s debatable. What I’m getting at is the respective importances of « writing » versus « discussing » on various platforms/tools. Just like with martial arts (bear with me), the distance between the protagonists determines the style.

How immediate and interactional are our online spaces? And how do those characteristics make us more or less likely to default to using a given medium or platform, or drift away?

One thing that is very clear to me is that I use « the socials » on my phone a lot, but I never blog from my phone. I’m doing it now, to try to understand this better — but that really never happens. I’ll write comments on my phone, I’ll write blogpost-length entries on LinkedIn or Facebook (well, before I was disappeared) that should have been blog posts, but when I think of something to write here, I want my keyboard and the digital environment my computer provides.

Because it’s more « I have something to write » and less « oh, I have something to tell you or share with you ».

On the socials, it’s a quick passing something in my mind that I want to catch and make available to whoever is around right now. On my blog, it’s something that I feel deserves a longer shelf-life. But I think that distinction in my gut is a bit of a fallacy: otherwise I wouldn’t be so broken up about losing 18 years of « stuff » on Facebook.

What I’ve wanted for a long time is the easiness and immediacy of « social sharing » with a way to « transform » some or all of it into blog posts, or blog post material. Something parallel to what I’ve done with my voice memos (I need to blog about this) which allows me to capture snippets of passing thoughts throughout the day in a frictionless manner, and then nearly automatically merge all those tiny audio files into one, that gets transcribed and digested.

I would like Openvibe (or whatever client I happen to be using, ideally seamlessly synced between phone and desktop, like the « Facebook experience » was) to allow me to mark posts (by me or others) as « for the blog » in some way, and also « switch to blogging » if I realise mid-writing that « this should be a post (too) ».

So, how was writing this on my phone? Not that bad. Is it just a question of habit? The small size of the screen, which means I do not have a « zoomed out » view of what I’ve written, bothers me. Adding links is OK (now I’ve realised I can just « paste » the link on selected text) but it seems to sometimes shift the link one character to the right (super annoying). Writing… well, it’s writing in a phone. My thumbs complain. It’s slower. I need to correct more mistakes than when I’m typing.

So, maybe it’s not so much that Openvibe or whatever social client should accommodate my blog, but that my blogging client should allow me to follow my socials and post to them. And why not, subscribe to my RSS feeds. (Now I’m wondering if I’m going to look very silly because it already does this 😅.)

Time to continue feeding the cat!

Facebook Suspension: Day 11 [en]

It’s been 11 days since my Facebook account was suspended. Where are things at?

The appeal, predictably, didn’t yield any results. No response, no e-mail, no change, nothing. I have no other “official” appeal routes, as I cannot access the platform at all. So I wrote up my appeal in a blog post.

What you can do to help: share my story or my appeal, give visibility to my situation – including on Facebook where I have become inexistant. If you know people who might know people, please ask. It seems pretty clear that unless a case manages to gather the attention of the right people (including, it seems, through the media), not much will happen. Going public helps. A huge thanks to those of you who have already shared my posts or updates, reached out to your networks, etc. Facebook is where I had the most reach, and without it, I am struggling to raise awareness on my situation. The reach I have in normal times is, of course, abnormal. A working system should not depend on people having a platform or connections to work right and be fair.

False Positives

My old friend Kevin Marks pointed me to this extremely interesting article: Cost of False Positives (Kellan Elliott-McCrea). Two take-aways:

  • with scale, false positives in identifying abuse of a social site create a huge problem to deal with, even when the detection methods are “very good”; Kellan runs through some numbers, and it’s way beyond what I could have imagined (and the article was written nearly 15 years ago)
  • early adopters (like me!) are outliers in the data and are at higher risk of “looking funny” to abuse detection algorithms; indeed, we are not “normal users”; I share huge quantities of links; my account goes back nearly two decades so there are lots of publications to sift through and which might be flagged; I am at times extremely active in (human) ways which could seem “unhuman”: amount and type of content, speed, etc.

Automation

Just now, I was reading this article from Ars Technica: Social Media Probably Can’t Be Fixed. (It’s an open tab in my browser, not too sure how it go there.) It feels like it.

Even at my social “scale”, when I think about the main community I run (diabetic cats, 7k members), we run into scale issues where it becomes more and more difficult to treat everybody fairly and in a human way. And when I think of how to improve things from a management perspective (because volunteer ressources are limited, always will be) I find myself thinking in terms of automation, how to use AI to support the team doing content moderation or to improve the “member journey” in the community. Less personal, less human.

With automation, you get scale (and with scale you end up needing automation), but with that, you lose personal connection and at some point it comes crumbling down.

Life Without Facebook

How have I been coping with being un-facebooked? Well, beyond the shock and the hurt and the grief and the anger and the injustice of it all, and setting aside the extra “admin work” this is adding to my plate, being forced off Facebook has done two things for me:

  • regroup on my blog and other platforms, and in the process, get to experience different “connection spaces” than the main one I had on Facebook
  • imagine a life without/after Facebook: less connection maybe, a slower pace – I am getting to measure how “caught up” I get in the platform and how good it is at keeping me there.

Before we go all “silver linings”: this sucks. I didn’t need this. It has been extremely distressing and has had a negative impact on my health, in particular my recovery from post-concussion syndrome after my accident. I feel more disconnected and isolated, because I have lost my access to the people I was in touch with on a daily basis (some of them “online-only” friends, many of them not). Life on Facebook continues without me. I’m not being flooded with mails and messages of people asking me what’s going on or how I’m doing. It’s mainly silence.

Losing my content is also dreadful. I’ve spent some time this week-end going through my various archives from various platforms and tools over the years, organising them somewhat, checking they actually work, and exporting recent archives of the places I’m still at. My last proper facebook export is nearly 10 years old. I mentioned before, I think, that I tried to do an export in June, but gave up because it required me to manually download 52 files weighing 2Gb each, at a snail’s pace, and which made my network drop. The “export to Google Drive” didn’t work. So, my stuff on Facebook is a 104Gb export. Outliers in the data, anybody?

Why I’m Fighting

I made the choice to try and fight this, instead of sitting back and saying “oh well, that’s that”. I made the choice to fight because it is meaningful to me in different ways:

  • I care about my content locked up in the platform and would like to get it back.
  • I run a busy support group there, thankfully with a wonderful team who is holding the fort, despite being worn out by six months of my post-accident absence and a couple more years of me struggling to make time for the community amidst the other stuff going on in my life; I also have two decades worth of connections on the platform, which I do not want to just “cut off” like that – be it regarding the community or my network, real relationships are at stake, and if the future is away from Facebook, I want to be able to manage the transition and not be thrown off the plane in mid-air.
  • I am not alone: this is not just about me, but about a systemic, structural issue that has real impact on thousands of people’s lives; I’m lucky I don’t have a business that depends on my facebook presence anymore, but it could have been the case. Others aren’t that lucky. We are innocent casualties in the war against the bad actors of online social spaces, and deserve some kind of justice.
  • Meta, as a company, and Facebook, as a platform, want to play an important role in shaping our world. They want to be an indispensable tool for businesses, and also for normal people, without which they have no value for businesses. To me, it is unethical to have such ambition regarding their role in society and not provide even a semblance of support to those who make it possible – even if, as the saying goes, they “are the product”, because they do not pay. In my small modest way, taking a stand against enshittification.

This means that for the last 11 days, in addition to dealing with the impact of this suspension, I have been looking up articles, searching for solutions, writing blog posts, posting on a bunch of social media platforms I am normally dormant on, DMing friends and vague contacts, drawing up an action plan in my head, and putting my poor injured brain through the ringer to try to figure out what to do, where to start, what to prioritise, who to contact or speak to, in hopes of getting this suspension reversed. All that, knowing that chances are extremely slim and that it is probably useless.

Reconnecting Elsewhere

So, now that you’ve read all that, and without losing sight of it, what has been interesting? Clearly, reconnecting with my blog and feeling motivated to invest in ways of connecting to others and building community where I am not ceding control of everything to the Borg. (No, not that Borg – the new one.) That was already underway, but it has now been prioritised.

It has also made me aware of how facebook encourages a certain type of writing/publication and a certain type of discussion. Not so much in terms of content, but in terms of form. And there is value in doing it differently. I actually wrote some e-mails to people, since my suspension. I shared shorter snippets of stuff (passing thoughts, comments on links I found, ideas, daily anecdotes) because on LinkedIn, Bluesky, Twitter and Mastodon, for example, there are character limits. On my blog there are none, so I have had a chance to ramble along more. I have rediscovered people who left the Facebook boat already and with whom I had lost touch, because I poured almost all my sharing and connecting energy into Facebook.

I also published a couple of videos on Youtube, and plan to do more.

Shared Content

One thing I have become acutely aware of is that even when platforms allow you to export your content, one’s content in a social space is not just one’s publications. It is also comments, participation in the shared content that is a conversation, or a community. All the comments I ever made on Facebook have gone with my suspension. There are conversation threads with holes in them now. All the comments and conversations that took place because I published something, or because I commented and somebody answered – gone. Once people interact with your content, build upon it, it is not 100% yours anymore.

This has been an ongoing preoccupation of mine in shared social spaces. I remember, many many years ago, when blogs were young, a blogger I was actively following deleted their blog one day. And with it, all the comments I had taken the trouble to leave on their posts. “Leaving a comment” does not adequately reflect it, actually. It makes it feel like a small gesture done for the benefit of the other, but it’s not that. A comment can have as much value as a blog post. What makes it a comment is that it is a response, not that it is small or insignificant. It can be something valuable given to the community, and it should not be the right of another person to unilaterally destroy it.

I do not remember who the blogger was. It happened more than once.

Some years back, a few of my contacts on Facebook started a kind of automatic removal of their posts after a certain amount of time had gone by, taking my shares and comments with them. I stopped sharing and commenting on those posts.

I know, the lesson is: if you don’t want something you write to disappear, write it on your blog. But context matters.

Content and Community

This “it’s my content, I’m allowed to delete it” mindset is also an issue in Facebook groups. In the diabetic cat group, it thankfully didn’t happen very often, but when it did, it was infuriating. Somebody would post with an issue. People would expend time and energy in providing good answers and support. Then the person would delete their post, and all the answers with it. The whole point of a support group is that what is said to one person may also help another, who is reading. As a community, we also get to know our members and connect to them, and in that respect, their history in the group is important. Being able to refer back to that history is what allows a support community to function at a certain scale. Facebook does not allow group admins to prevent members from deleting posts and comments – something the platform I’m looking at for the future, Discourse, allows. It’s not all black and white of course, if you post something stupid and want to remove it an instant later, you can. But you can’t take down whole comment threads because you don’t like your post anymore. Participating in a community comes with a certain amount of responsibility towards other members of that community.

On the web side: Cool URIs don’t change. And also: cool content doesn’t disappear.

So, back to Facebook, what has been lost – for me, but also for others – is not just my posts and the pages of my cats, but it’s also a shared history, through discussions in comment threads and reposts on other people’s walls.

If we were connected on Facebook, and you would like to stay in touch, think about subscribing to this blog, and find me on the socials of your choice: BlueskyMastodonThreads or LinkedIn. I’m still on the bird site but not very active there. I want to do more videos on Youtube, so it might be a good move to subscribe to my channel. I haven’t managed to recover my Tiktok account, so that’s that for the time being. I also have Instagram and Flickr (dormant, maybe it needs waking up), and I’ve created a little WhatsApp community – mainly francophone – where you can get announcements when I publish something here and a little chat-space with others and me, a kind of weird version of my Facebook wall off Facebook (ask me to join).

Of course, I always like it when people leave comments. I promise not to delete my blog.

Les commentaires qui se transforment en article [en]

Je me souviens très bien d’avoir eu conscience, quand Twitter et Facebook ont commencé à prendre de plus en plus de place dans la vie en ligne des gens et dans la mienne, de l’impact que ça a eu sur les blogs, et surtout les commentaires. Notre énergie rédactionnelle et interactionnelle s’est trouvée happée par les plateformes, et nos blogs en ont fait les frais.

Laissant de côté la traumatisme de la suspension de mon compte facebook et de la perte probable de près de deux décennies de données, c’est clair que cette semaine sans facebook (on y est là, à l’heure près!) a donné un grand coup d’accélérateur à un mouvement intérieur qui prenait de l’ampleur: tenter de revenir au web ouvert et indépendant, humain et authentique, qui m’est cher depuis plus de 25 ans. Donc j’écris sur mon blog, parce qu’au moins ici je suis chez moi et c’est moi qui ai les clés et le titre de propriété, je réapparais sur d’autres plates-formes, je réfléchis à l’avenir de ma présence en ligne.

Toutes ces dernières années, je suis toujours surprise quand j’écris ici que je réalise qu’il y a des gens qui me lisent encore. Merci d’être là. Et des fois, il y a des gens qui commentent. Comme Olivier. Olivier qui a un blog, et qui comme tant d’entre nous, se dit “j’aimerais y écrire plus“. Du coup, je suis allée y faire un tour. J’ai lu quelques articles, et répondu. Laissé un commentaire. Vous savez qu’au début, il n’y avait pas de commentaires sur les blogs? Ni sur celui-ci. C’est dur à croire parce que ça fait tellement partie de notre “définition” du blog, les commentaires – mais en fait, au début, il n’y en avait pas. Quand on avait quelque chose à répondre, on faisait un lien vers le billet original, et on écrivait ce qu’on avait à dire sur notre blog. L’interaction était moins immédiate, moins publique. Mais ce qu’on écrivait restait chez nous.

La première étape, ça a été les fils de commentaires sous les articles de blog. Avec un effet collatéral: le blogueur qui vire sa publi et tous les commentaires avec. Plus ou moins de grogne. Il y a du des outils comme coComment et Disqus (qui est toujours en place, sur Blogger par exemple). Mais surtout, il y a eu la deuxième étape, les réseaux – Twitter, Facebook, mais il y en a d’autres qui ont déjà passé de vie à trépas – qui ont vu une accélération de l’interaction et des échanges, toujours plus sur la place publique, toujours plus éloignés du contenu dont on parle, et toujours moins entre nos mains. Les milliers d’échanges que j’ai eus sur Facebook au sujet de tel ou tel article, telle ou telle publication, qu’elle soit quelque part sur le web ou postée directement sur la plateforme, maintenant expédiés vers le néant par les robots en charge de la plateforme, en témoignent.

En mémoire du “bon vieux temps” du début des blogs, je vais reproduire ci-dessous ce que j’ai écrit dans les commentaires d’Olivier, avec lien vers ses articles originaux. Peut-être que ça vous donnera envie d’arrêter de scroller quelques secondes (c’est pas un jugement, je sais combien c’est conçu pour qu’on le fasse “malgré nous”) pour les lire.

Top IMDb : 2 ans plus tard

Bon, j’arrive tard à la fête, mais j’y suis! Ça fait longtemps que je ne regarde presque plus de films, après m’être fait un orgie Marvel à un moment ces dernières années. Pas parce que je n’ai pas envie, mais parce que je croule sous la pile énorme des choses à faire et des envies à poursuivre, et bloquer du temps pour me poser devant un film (même une série!) est compliqué pour moi. Pas par manque de volonté, mais disons par excès d’hyperactivité. Même depuis mon accident, alors que justement je devrais passer un peu plus de temps à glandouiller (c’est pas bien de passer la journée entière sur Netflix, mais s’envoyer un film ou une série de temps en temps, vu où j’en suis, ce serait pas mal).

Souvent, quand je me dis, ok je regarde un film, je ne sais pas lequel regarder. Parce que comme avec le reste, il y a un tel backlog de choses à voir que ça me paralyse. Je sais que j’ai raté tellement de bon films ces 15 dernières années. Comme avec la lecture, d’ailleurs, ma tendance naturelle c’est d’aller vers des genres “faciles et entertaining” pour moi: SF pour la lecture, Marvel et SF pour les films. Mais chaque fois que je lis ou regarde autre chose, ça me fait monstre plaisir. Le fameux décalage entre ce qu’on pense nous plaira, et ce qui nous plaira. Donc j’aime bien cette idée, prendre les top x et commencer par là. Je note 🙂

Grippe

Team vaccin ici aussi, depuis 2009 et la “Grippe A”! Je ne crois pas avoir eu la grippe adulte, par contre je suis une abonnée aux infections respiratoires. L’hiver 2023-2024 j’en ai enchaîné six entre début novembre et l’Ascension. J’ai quand même fini en consultation d’immunologie, rien de grave, suspicion de petite immunodéficience et terrain allergique (ça semble aller beaucoup mieux depuis que je suis sous anthistaminiques en continu, je n’ai d’ailleurs plus le nez qui coule en permanence, c’est magique!)

Ce fameux hiver, j’ai un syndrome post-viral après une des infections (qui n’était probablement pas le covid, le covid j’ai eu après, mais c’était peut-être aussi la première infection de novembre; bref). En effet, près de 3 semaines à me trainer. Je suis suffisamment souvent malade pour savoir comment ça va, chez moi, quels symptômes quel jour, comment ça évolue, combien de jours de travail je rate (car c’est systématique… tu me colles 37.1 de température je suis inutile). En gros, ça me bouffe une semaine, dix jours, puis je vais de nouveau bien, avec une toux qui traine encore et encore. 

Mais pas là. Là, au bout de dix jours, non seulement je toussais toujours, mais j’étais totalement à plat. Je me souviens être sortie me balader une vingtaine de minute dans le quartier, au pas de l’oie (instruction du médecin, faut mettre le nez dehors quand même un peu). Et je suis rentrée, je me suis posée sur le canapé, et j’ai dormi une heure. Jamais ça ne m’était arrivé, ce genre de chose. 

En bonne geek j’avais déjà quelques infos car j’avais suivi ce qu’on savait du covid long (j’y ai échappé jusqu’ici, mais c’était et ça reste ma hantise), et j’ai fouiné encore un peu, et eu confirmation: il ne faut pas se pousser, en cas de fatigue post-virale. Il faut respecter la fatigue et se donner du repos. Quand on se pousse, ça prend plus long, et c’est là que ça courte aussi un risque de se chroniciser. 

Ça va à contre-sens de mon fonctionnement, ça, de s’écouter et ne pas se pousser. Mais j’ai fait. (Et depuis mon accident j’ai encore pu bien mettre en pratique, et je continue – heureusement que j’ai eu l’entrainement de l’hiver d’avant pour apprendre les bases.) 

Et ce que j’ai trouvé incroyable, c’est que la “sortie” de cet état s’est faite extrêmement rapidement. Qu’on s’entende, l’état a duré, mais un jour, alors que je me trainouillais toujours de la même manière, j’étais en train de remonter les escaliers entre l’espace coworking et chez moi quand j’ai réalisé… que j’étais en train de retrouver ma vitesse habituelle. Et en l’espace de quelques heures, j’exagère pas, j’ai quasi retrouvé mon état normal. Ça m’a vraiment fait le même effet que lorsqu’en vélo électrique je suis par erreur en mode assistance “sport” (plus bas que d’habitude) et que je passe en “turbo” (le mode avec max d’assistance, habituel). 

Depuis, j’ai pu constater que dès que j’avais un peu de fièvre, je le sentais en fait très bien. Si monter les escaliers est un effort physique qui me coûte, c’est signe de quelque chose. Parce qu’en temps normal je monte ces escaliers rapidement, deux à deux souvent, comme une petite gazelle (même si je ne ressemble plus à une gazelle depuis longtemps).

Vous avez toujours votre blog? Manifestez-vous dans les commentaires – ou dans un billet!

Vrac du jour [en]

Je me demande si j’ai déjà utilisé ce titre. Peut-être que non. Je ne sais pas par quel bout commencer, j’ai un backlog d’au moins une demi-douzaine d’articles de blog qui font le cha-cha-cha dans ma RAM. Entre autres choses, Facebook me permettait de faire un peu de place là-dedans en déversant vite et facilement (et aussi relativement utilement) ce qui menaçait de faire déborder la marmite.

C’est marrant parce qu’au début, le blog c’était ça. Il n’y a qu’à aller voir ce que je postais en juillet 2000: ça ressemble un peu à des publis facebook, non? Avec Twitter et surtout Facebook, les “réseaux sociaux” tels qu’on les connaît aujourd’hui, le billet de blog est devenu un article, le blog est devenu un média, une publication qui pouvait faire de la concurrence aux journaux, la police des titres est devenue de plus en plus grande, les écrits de plus en plus longs, afin que l’humble blog ne soit définitivement plus pris pour un journal intime en ligne, mais bien la presse de demain.

Et après, on arrêté d’écrire sur nos blogs et on a été avalés par Twitter, Facebook, LinkedIn et consorts, parce que pondre un article entier à chaque fois que quelque chose nous traverse la tête, c’est quand même nettement plus de boulot que de cracher trois lignes et demie avec une photo ou cliquer sur “repost”. Et bon, aussi – et ce n’est pas un détail: un blog c’est public, très public.

Donc, dans ce vrac. Depuis juin, il y a une vague de suppression de groupes facebook et de profils instagram et facebook. Et visiblement, beaucoup de cas comme le mien. De vraies personnes qui n’ont rien fait de bien grave et qui se retrouve un dégât collatéral de la guerre numérique entre les plateformes et les mauvais acteurs. Quelques articles:

Ah, ben non, parce que vous voyez, au moment où j’utilise mon raccourci clavier habituel ⌘K pour insérer un lien, je me retrouve avec ceci à la place:

(Et sérieux, tout fout le camp, le bouton qui me permet de rogner l’image… ne me laisse pas rogner l’image. Est-ce qu’il y a un filtre “cassé” entre moi et le monde, ou c’est le monde qui commence à être tout cassé?)

Je vais finir par revenir à l’éditeur HTML du bon vieux temps.

Bon, donc les fameux liens concernant la vague de suppressions:

Non mais c’est pas possible, ça doit être un truc mal réglé de mon côté. Je clique sur le picto du lien comme une bonne élève qui utilise sa souris ou son touchpad (on est en 2025 quand même, les souris c’est fini, dieu merci), et voici:

C’est con hein, j’avais prévu de parler de tas de trucs: l’arbre de 180 ans qui s’est déraciné sous la pluie, la deuxième nuits d’émeutes qui m’a tiré les larmes (pas difficile ces temps) car où va le monde, des astuces et réflexions concernant ma “disparution” de Facebook.

Justement, y’a une vague d’innocents comme moi qui se font disparaître. Ça pourrait vous arriver aussi. Faites un export de vos données, c’est possible, même si c’est chiant. Moi j’avais lancé ça en mai, mais abandonné parce que j’avais 52 fichiers de 2Gb à télécharger les uns après les autres, ça plantait, ça faisait sauter ma connection internet, et maintenant je regrette. Si la perspective de vous faire disparaître de facebook est pas quelque chose qui vous laissera de marbre, faites. De préférence avec un ordi connecté par câble à votre routeur…

Les vidéos Live, que facebook a décidé au cours de la dernière année de ne plus stocker pour l’éternité, j’avais trouvé comment les sauver: ouvrir la publi avec la vidéo Live. Y ajouter la même vidéo, préalablement téléchargée sur son ordi. Retirer la première vidéo vraiment live. Sauvegarder. Dans les groupes en tous cas, ça semblait avoir marché. Mais deux jours plus tard, tout ce que j’ai publié depuis février 2017 a été invisibilisé, donc pas 100% sûre que ça avait vraiment marché.

Vous savez, hein, que vos Google Docs et Google Sheets, les vrais, ceux en “format Google”, quand vous synchronisez Google Drive sur votre ordi, ils ne sont pas vraiment sur votre ordi, même si vous les voyez?

(Au moins le glisser-déplacer d’images pour les ajouter dans l’article, ça marche… à défaut de vous servir des liens je vous montrerai des images, aujourd’hui!)

Vous voyez la liste, là, sur mon ordi. Ce ne sont pas des fichiers. Ce ne sont que des raccourcis. Sauvegarder ça (car vous avez tous un système de sauvegarde en route, n’est-ce pas, Time Machin sur Mac, ou autre chose sur Windows, que sais-je) ça ne sauvegarde rien. Les PDF ce sont de vrais fichiers sur votre ordi, oui. Mais pas les Google Docs, Google Sheets, et consorts. Pour vraiment sauvegarder vos documents Google, il faut faire un takeout, et là on vous donne du Word, du Excel, du PDF, du RTF ou du CSV.

J’ai beaucoup de trucs liés à mon compte Google. J’ai encore moins peur de perdre accès à mon compte Google que je n’avais peur de perdre mon compte Facebook, mais ça peut arriver. J’ai entendu des histoires d’horreur de gens qui se connectent un matin et plus rien, plus de mails, plus de calendrier, plus de documents. Ça me fait froid dans le dos.

Je suis allé regarder du côté d’Infomaniak (sorry pour les liens ce coup-ci, j’ai pas le courage de les faire à la main juste là, il vous faudra googler), qui est mon hébergeur, pour voir ce qu’ils offrent. Pour l’e-mail, pour les backups distants, etc. Je n’en suis pas à vouloir retirer toutes mes billes de partout juste là, mais je veux être prête. Histoire que le jour où d’un coup, je ne peux plus me connecter à mon compte Google ou autre, ce ne soit pas aussi moche que ce que je traverse actuellement avec Facebook.

Samedi, avec le compte d’un proche et sur son ordi, je me suis connectée aux groupes que j’administre (administrais). Parce qu’en fait, si tout ce que j’ai fait sur Facebook pendant près de deux décennies à disparu, il y a une exception: les modérateurs et administrateurs des groupes dont je faisais partie peuvent encore voir mes publications. Jusqu’à quand? Bref, je me suis connectée, et grâce à une extension Chrome qui s’appelle SingleFile, j’ai fait des sauvegardes HTML des publis et fils de commentaires qui comptaient pour moi. Bien entendu faut dérouler tous les fils de commentaires à la main pour qu’ils soient visibles avant de sauvegarder, sinon c’est pas drôle. Donc quoi, quatre ou cinq heures sur un ordi pas très rapide, à regarder essentiellement des publications concernant mes chats morts, 170 publis sauvées, et tellement d’autres qui ne le seront pas…

Il n’y a pas que mes publications. Il y a mes commentaires sur les publications des autres, aussi. Loin.

Bref, démoralisant de chez démoralisant.

Et donc pour revenir à Google Drive: c’est cool la synchronisation sur ordi. On a nos fichiers sur l’ordi, c’est synchronisé avec dans les nuages de Google, on y a accès partout, c’est génial. Mais attention: si vous vous dites, comme moi, “hmmm là y a genre 30Gb de trucs dans Google Drive, et surtout sur le disque dur de mon ordi, qui pourraient vivre sur un disque dur externe, mais bien sûr je garde la synchronisation avec Google Drive” et que d’un doigt agile vous déplacez rapidos le dossier en question de l’ordi au disque dur externe… Oups!

Parce qu’en fait, là, vous avez “sorti” le dossier de Google Drive. Le résultat de ça, c’est que tous les fichiers de ce dossier qui ne sont pas en même temps dans un autre dossier Google Drive quelque part (vous me suivez?) et dont vous êtes propriétaire, eh bien ils partent à la poubelle. Yes, la poubelle. Pas grave si c’est des PDF et des documents Word ou des images dont une réelle copie physique existe dans ce dossier que vous avez déplacé avec votre doigt agile. Bien plus embêtant quand dans le tas il y avait des Google Docs, Sheets, Forms et autres. Bye-bye!

Donc, ce qu’il faut faire (enfin, ce que j’ai fait ensuite, après avoir sorti de la poubelle Google Drive mon dossier géant, une fois m’étant rendu compte de ma méprise) c’est d’abord créer un dossier vide sur le disque dur externe, qu’on pourrait appeler – soyons fous – “Synchro avec GDrive”. Puis on va dans les réglages Google Drive sur notre ordi et on dit “allez, stp, synchronise ce dossier-là”. Il acquiesce. Et ensuite, seulement ensuite, et franchement, je fais ça depuis l’interface web de Google Drive plutôt que mon ordi, déplacer le gros dossier qu’on veut virer du disque dur de son ordi vers ce joli dossier synchronisé sur notre disque dur externe. Et maintenant, alors que j’écris ça, je suis prise d’un doute énorme: pas certaine que les GDocs (on va les appeler comme ça, c’est plus court) suivent!

Allez, je sais que vous suivez tout ça en direct, comme c’est palpitant. Je suis vite allée vérifier et… yes, ça marche! La preuve:

(Oui c’est un vrai “Google Sheet”. J’ai vérifié. Par contre… en regardant dans mon Finder, les fichiers du fameux dossier ne semble pas avoir fait la synchro sur le disque dur externe, ce qui était toute l’idée de l’opération. Affaire à suivre, mais je vous fais grâce de la suite pour le moment.)

Je voulais vous parler aussi de Discourse (hmm, dimanche j’ai écrit un article ou deux et je suis sûre que j’arrivais à faire des liens), un outil open-source qui fait un peu penser à WordPress dans sa structure: on peut l’héberger gratuitement sur son propre serveur, ou payer pour un hébergement plus ou moins pro par leurs services. Pas bon marché, je précise toute de suite, je vais faire de l’hébergement maison comme je le fais pour mon blog.

Discourse, c’est le forum de 2025, c’est le groupe facebook sans facebook et sans toutes les limitations qui font s’arracher les cheveux aux gestionnaires de communautés qui tentent tant bien que mal de faire leur job en espérant ne pas se réveiller un matin et découvrir que facebook a fait disparaître leur “bébé”. C’est joli, y’a une app smartphone, on peut faire des forums et des sous-forums, on peut faire des groupes d’utilisateurs et leur donner des droits différents, on peut configurer l’affichage, on peut chatter comme sur Messenger, en privé ou en groupe, on peut automatiser des choses (par exemple, envoyer un message aux gens après 2-3 mois ou après 10 jours, “comment ça se passe?”) Ces dernières années, on a passé notre temps (avec l’équipe de modération de la communauté) à se dire “est-ce qu’il n’y aurait pas moyen de faire xyz?” – sur facebook non, la réponse était toujours non, on peut pas faire ci, pas faire ça. Sur Discourse, tout ces trucs auxquels on a pensé pour nous simplifier la vie et pour améliorer la qualité de la communauté, on peut. Bref, le rêve absolu pour quelqu’un qui veut une véritable communauté en ligne.

Vous êtes encore là? C’est bien, parce que c’est pas fini.

Y’a des choses à dire concernant mes aventures avec ChatGPT, comment j’ai mis en place avec son aide un petit script sur mon ordi qui me permet d’utiliser les notes vocales de mon téléphone pour déverser (nous y sommes, toujours, j’ai clairement un grand besoin de déversement) ce qui me passe par la tête. Oh, il faut que je paie la facture x. Ah oui, et que je range le coin en chenit, là. Et que je rempote mon basilic, qui se morfond dans son godet d’origine depuis un mois, chaque jour plus souffrant. Que je rajoute du produit pour les vitres à ma liste de courses. Et puis, aussi, vu qu’on y est: “Entrée de journal, j’ai changé le stylo d’insuline d’Oscar aujourd’hui. Je me suis fait suspendre mon compte facebook, j’ai mangé avec une amie, ah oui, un truc que je pourrais faire à l’occasion c’est zyx.” Bienvenue au pays de l’hyperactivité mentale, aggravée depuis mon accident malgré les médicaments.

Donc au fil de ma journée, je fais des mini notes vocales. C’est joli les notes vocales, mais soyons honnêtes, souvent les trucs qu’on met dans nos notes vocales on ne les réécoute pas. Moi pas, en tous cas. Mais maintenant, y’a un truc top qui s’appelle TurboScribe. Transcription de contenu audio (ou vidéo) par IA. J’ai testé il y a des mois et pris sans hésiter un abonnement annuel illimité. Parce que je sais que je vais l’utiliser pour transcrire toutes mes vidéos pour Diabète Félin. Et là, donc, toutes mes notes au fil des heures de mes jours, je peux les mettre dans TurboScribe et avoir le contenu par écrit. Sauf que, est-ce qu’on veut vraiment balancer 30 notes vocales de 15 à 45 secondes là-dedans? C’est là qu’intervient le script. J’ai un raccourci vers le dossier sur mon Mac où les notes vocales sont automatiquement téléchargées (vive iCloud). Je les glisse dans un dossier de travail, je double-clique le joli petit script (merci ChatGPT) et il en ressort un fichier audio par jour, compilé. Je mets ça dans TurboScribe, il transcrit, et côté ChatGPT (il y a un GPT Turboscribe qui a accès à mes transcriptions) je demande d’extraire de la transcription brute la liste de tâches qui fait des castagnettes dans ma tête à longueur de journée, les entrées de journal, les idées. Après, à moi de traiter tout ça comme je le veux, mais j’ai enfin un système “sans friction” pour capturer tous ces trucs. Et depuis que je le fais, clairement, ma charge mentale et mon stress ont diminué.

Un autre truc? Les “alarmes” lumineuses. J’ai du mal avec le rythme des mes journées. Ça a toujours été un challenge, donc c’est quelque chose avec lequel je galère post-accident, et depuis le décès de Delphine c’est complètement parti en cacahuète. Les alarmes sur le téléphone (“c’est l’heure de manger”) c’est bien joli, mais ça sonne, on éteint. Et on continue ce qu’on faisait parce qu’on va pas lâcher à la seconde le chat, la conversation, l’éponge ou la tâche administrative parce que c’est l’heure de manger. Ou de se coucher.

Une lumière qui change de couleur, par contre, c’est bien: ça reste là. C’est visible, ça modifie l’environnement, mais c’est pas aussi “intrusif”. Même si on a besoin de “encore 10 minutes” pour finir notre truc, la lumière reste là, un rappel de la prochaine mission. Une lampe qui vire au vert ou au rouge, c’est pas quelque chose qui nécessite d’être éteint tout de suite. Un téléphone qui fait bziit bziit bziit, par contre, ou même lalalaaa… lalala.. lalalalalaaa… si. Donc lumière verte, c’est le moment de me bouger pour me faire à manger. Lumière rouge, me coucher. Concrètement? Des ampoules de couleur IKEA et un hub DIRIGERA. On peut programmer ça simplement sur le téléphone. Oui, je veux faire un article juste sur ça, mais on fait ce qu’on peut, et juste là ce que je peux c’est déverser ici.

Ah oui, faire en sorte que toutes les ampoules jaunissent et faiblissent progressivement le soir, c’est bien aussi.

J’ai des tas de choses à dire concernant mes séances d’entrainement cognitif, aussi. Est-ce que le temps de latence avant réaction, lorsqu’on est sur une attention de base “large”, c’est un truc lié au TDAH? discussion à avoir, fouilles à effectuer dans la littérature.

Globalement je progresse, ça c’est bien. Je suis toujours en arrêt, ça devient long. J’ai d’ailleurs dicté tout un article à ce sujet l’autre jour pendant ma balade en forêt, retranscrit et commencé à le mettre au net pour le publier, mais il est en plan. Probablement que ce dont je parle dedans ne sera plus actuel au moment où je publierai… ma foi c’est comme ça.

Aujourd’hui, j’avais un projet bien net: faire un article, ici, bien factuel, sur ma suspension facebook. Le dossier, en gros, le recours. Parce qu’en matière de voies de recours, Facebook n’offre pas grand chose (cliquer sur un bouton, confirmer son numéro de téléphone, faire un selfie vidéo, et hop, les robots s’occuperont de votre cas). Donc, le projet, c’est de mettre ça au propre, pour pouvoir faire circuler, et qui sait, peut-être ça tombera sous les yeux de quelqu’un qui pourra aider d’un façon ou d’une autre.

J’ai des tas de réflexions philosophiques là-autour, aussi, sur notre existence numérique, et ce que signifie le fait que celle-ci soit à la merci de processus automatisés extrêmement imparfaits. Ça rejoint ce que je constate depuis quelques années concernant nos administrations et nos infrastructures. A force de vouloir ôter tous le gras, de devenir toujours plus efficaces, d’économiser, de faire plus avec moins de gens, à tous les niveaux, toujours plus vite aussi, on se retrouve avec un squelette qui tient encore tout juste ensemble grâce à quelques tendons friables. C’est progressif, donc on ne se rend pas compte de la tombe qu’on creuse, mais aujourd’hui, ce que je constate, c’est qu’à chaque fois que j’ai affaire à une administration (je parle de notre belle Suisse, que j’ai cru longtemps épargnée par ce fléau), je dois rappeler, rappeler, récrire, insister encore, assurer le suivi. Sinon, je ne suis pas remboursée, on ne statue pas sur mon cas, on me facture des choses qui sont fausses, on ne répare pas ce qui doit être réparé. C’est grave, ce qui se passe. Au final, quand il ne reste plus que des robots, qu’ils soient assis dans une chaise à suivre un script plein d’erreurs pondu par un autre robot, ou qu’ils tournent sur un GPU quelque part dans un nuage de serveurs, ce sont les humains qui sont maltraités et la cohésion de notre société qui en pâtit.

J’ai aussi un article à écrire concernant ce qui est arrivé au compte facebook de mon amie décédée – en particulier, comment facebook gère cette question de nos biens numériques après notre mort. Là aussi, il y a à dire.

Honnêtement, si vous avez lu jusqu’ici, chapeau et merci d’avoir écouté mon déversement du jour. Ça m’a fait du bien d’écrire. Je vais prendre un moment pour voir si je peux régler cette très énervante histoire de raccourci clavier pour insérer des liens dans WordPress (car difficile de faire des articles un tant soit peu correct sans). Et on verra, après, s’il me reste du jus pour écrire quelque chose d’un peu plus construit, ou si j’essaie d’avancer un peu dans le rangement (des coins de chenit qui attendent depuis des semaines, le ligne propre qui se morfond dans son panier au lieu de se détendre dans l’armoire), le rempotage de plantes, ou si j’arrive à ralentir assez ma tête (en remplissant mon app de notes vocales) pour faire un puzzle, bouquiner, ou qui sait, faire une sieste.

“Une femme sans enfant” [en]

Aujourd’hui je me sens triste, triste et vidée.

La cérémonie hier était belle, c’était intense, fort de liens et de larmes, de rencontres du coeur, de mots et de bras qui soutiennent dans la peine.

Mais le rouleau compresseur émotionnel et physique de la semaine écoulée me laisse épuisée malgré les neuf heures de sommeil de la nuit, et en ce dimanche calme et sans urgences à accomplir, je me sens triste, triste, et triste encore.

Triste d’avoir perdu mon amie, triste de sa souffrance et de celle de ses proches, mais triste aussi de ce monde qui met un pareil poids sur les femmes concernant la maternité.

Bien sûr que quand quelqu’un quitte cette vie ainsi de son propre chef, on reste avec un grand “pourquoi?” dont la totalité nous échappera toujours. Mais on va construire du sens, tant bien que mal, parce que c’est humain d’avoir besoin de sens, et parce que la mort déjà ça nous bouleverse, mais si en plus il n’y a pas de sens, c’est encore moins supportable. On met ensemble des morceaux, des pièces du puzzle, sachant bien que ce n’est pas une cause unique qui mène à cet instant singulier, mais un faisceau d’éléments intérieurs et extérieurs, essentiels et contingents, personnels et collectifs, existentiels et triviaux, anciens et récents, dont la conjonction résulte en un tout – la mort – qui est irréductible à la somme de ses parties.

Et donc aujourd’hui je suis triste de ce poids que portent toujours les femmes, qu’elles soient mères ou non. Triste parce qu’il était lourd pour mon amie, et qu’elle n’était pas seule. Triste parce que le deuil de maternité reste tabou, parce que la société ne nous offre toujours pas un mode d’emploi de la vie ou une identité qui n’inclut pas d’avoir des enfants, triste parce qu’une fois mère il faut lutter pour ne pas être réduite à ça, et que si on ne l’est pas on est au mieux ignorée ou objet de pitié, au pire jugée ou méprisée.

Voici des choses que j’ai écrites au fil des années, et qui résonnent à nouveau fortement pour moi ces jours:

C’est assez parlant que je n’ai pas écrit plus sur le sujet, compte tenu de combien le deuil de maternité a été une période charnière (longue, difficile, mais charnière) dans ma vie. J’ai un milliard de choses à dire sur le sujet, mais j’en ai dites très peu. Durant cette période, près d’un an, je n’ai en fait presque rien écrit ici, alors que ça fait 25 ans jour pour jour que ce blog existe.

Parce que le deuil de maternité, il n’a pas “d’existence” dans notre société. Il n’y a pas de rituel, pas de reconnaissance, pas de copines qui passent avec un tup’ ou de connaissances qui présentent des condoléances. Non, le deuil de maternité, c’est avant tout un “échec” pour celle qui le vit, parce que oui quoi, “quand on veut on peut”, et avec tous les progrès de la médecine moderne, n’est-ce pas, avoir un enfant, c’est “si je veux, quand je veux”! Il n’y a pas de place là-dedans pour tous les scénarios vécus réels et douloureux qui contredisent ces refrains usés, la myriade de façons différentes dont on peut se retrouver à dépasser sa date limite de procréation, parfois sans même s’en rendre compte. Le deuil de maternité, c’est un deuil qui se traverse le plus souvent sans soutien, dans la honte, la culpabilité, et la perte de repères quant au sens de la vie et à son identité de femme.

Les femmes sans enfant les plus visibles sont celles qui le sont par choix. Pour elles, la honte, l’échec et la culpabilité sont moins un enjeu. (Je dis “moins”.) Ne pas vouloir d’enfant est un combat, quelque chose qu’on revendique, qu’on va assumer peut-être même avec colère face à un monde qui nous dit qu’on devrait “vouloir autrement”, que tant qu’on n’a pas eu d’enfants on ne sait pas quel est le véritable amour, que si on n’en veut pas c’est qu’on est un peu cassée dedans et qu’on devrait d’abord panser nos blessures profondes pour accéder enfin à la lumière du désir de maternité.

Mais les femmes sans enfant “par choix” sont en fait une minorité. Pour la majorité des femmes qui n’ont pas d’enfant, ce n’était pas un choix, une décision claire. Parfois, c’est une ambivalence qu’on va transformer rétroactivement en choix inconscient parce que oui, c’est moins lourd d’assumer d’être rebelle, de ne pas vouloir entrer dans les cases toutes faites de la société, que d’avouer qu’on aurait voulu, au fond, mais que pour mille raisons, ça ne s’est pas fait. Mais souvent, on voulait on voulait, et les circonstances ne se sont pas alignées pour, une rupture au mauvais moment, un décès, un déménagement, ou simplement “pas de bol” dans la vie amoureuse (un autre article…)

Si les mères souffrent que leur identité soit réduite à leur maternité, les non-mères sont regardées avec suspicion. Et si elles ne sont pas en couple, d’autant plus! Une femme sans enfant et sans partenaire, elle doit pas être tout à fait “normale”. Pourquoi personne n’a voulu d’elle? (Remarquez que ce sera rarement “pourquoi n’y avait-elle personne digne d’elle…?) Elle doit avoir peur d’aimer. Elle a probablement un glaçon à la place du coeur. Si elle ose évoquer qu’elle aurait voulu que les choses soient autrement, on lui dira d’abord “mais pourquoi tu as pas adopté, du coup?” ou bien “mais bon y’a pas besoin d’homme de nous jours pour avoir un enfant” ou encore “c’est pas trop tard, regarde, Hilary Swank vient d’avoir un enfant à 48 ans, tu as encore le temps, ne baisse pas les bras!” et évidemment “probablement qu’au fond de toi tu ne voulais pas vraiment…”

Promettez-moi svp qu’avant de réagir à ce que je raconte ici vous allez lire les articles que j’ai écrits sur le sujet il y a bientôt dix ans et dont j’ai mis les liens plus haut… merci.

Dans ces circonstances, on apprend vite à souffrir toute seule. Et le “business” de la PMA n’aide pas forcément, car il vient au final alimenter deux discours avec lesquels il faudrait peut-être prendre un peu de distance: “quand tu veux tu peux” et “être mère c’est le truc le plus important que puisse faire une femme de sa vie”.

Nous avons un besoin urgent de “modes d’emploi” sociaux pour comment se comporter vis-à-vis des femmes par rapport à leur maternité (exit les questions brise-glace genre “et alors, tu as des enfants?” pour commencer), le deuil de maternité (quoi dire? quoi ne pas dire? comment offrir du soutien?) et aussi pour redéfinir à quoi ressemble une “bonne vie”, une “vie réussie” d’une façon qui n’inclut pas systématiquement la maternité comme passage entendu et évident, comme point central de la vie d’une femme.

Les hommes peuvent évidemment morfler face à un deuil de paternité. Mais (pardon messieurs si vous me lisez et que vous êtes concerné, il ne s’agit pas de nier votre douleur) ils ne subissent pas le même poids à ce sujet que les femmes. Un homme sans enfant est bien plus acceptable qu’une femme sans enfant. Lisez simplement les biographies des gens, vous savez, les conférenciers, les auteurs, les petites présentations des nouveaux collègues. Et notez quelle place est faite à la progéniture de la personne concernée dans le texte, chez les hommes, chez les femmes. Vous verrez.

Alors, comment on fait ces modes d’emploi? Je ne sais pas, honnêtement. Mais je sais qu’on peut déjà commencer en ouvrant notre gueule, en n’acceptant pas le tabou, le silence et la honte, la culpabilité face à un état de fait qui n’est pas de notre faute, en osant mettre l’inconfort sur la personne qui nous dit “et alors, tu voulais pas d’enfants?” plutôt que de le prendre sur nous (“si, je voulais mais j’ai pas pu”), en racontant nos histoires, en donnant à nos “soeurs” plus jeunes des modèles de vies belles et épanouies hors de la maternité, en ne partant pas du principe que toutes les petites filles voudront être maman, en sensibilisant garçons et filles aux enjeux temporels liés à la fertilité féminine et en adaptant les modèles de parcours de vie en conséquence (tu fais tes études, tu fais ton post-doc, tu trouves un job stable, tu te cases après un ou deux ratages, tu profites un peu de la vie de couple quand même, et ensuite tu fondes ta petite famille… non mais sérieux?), en évitant de glorifier la maternité, et en continuant la lutte contre les valeurs patriarcales qui imprègnent encore implicitement notre société. Les femmes en paient le prix fort, mais les hommes n’en sortent pas indemnes non plus: c’est perdant-perdant.

Pour traverser un deuil, la souffrance doit être entendue. A 51 ans, c’est largement derrière moi, parce que j’ai trouvé à l’époque un espace où j’étais soutenue et entendue. Mais je vais continuer à ouvrir ma gueule parce que je me rends compte que même mes amies (vous êtes plusieurs) ploient sous la honte et la culpabilité de leur non-maternité, et je veux croire qu’ensemble on est plus fortes, qu’ensemble on peut faire bouger les choses, qu’en faisant assez de bruit assez longtemps notre société nous fera une vraie place, et pas juste une place en note de bas de page parce qu’il faut bien nous mettre quelque part.

The LLMification of Everything [en]

I find LLMs (“AI”) fascinating. I haven’t been this excited about new technology since I discovered the internet. I am super interested in how they are changing the way we access information – admittedly, not necessarily for the better. I love the interactive interfaces.

But one thing I love less is the way LLM productions creep up all over the place, somewhat uncontrollably. “AI summaries” of search results are one thing. I actually quite like that, it’s clearly marked, usually quite synthetic and a good “overview” before diving into the search results themselves. But do I need a Quora AI-bot answer to the question I clicked on to look at? (Not that Quora is the highest-quality content on earth these days, it’s clearly fallen into the chasm of infotainment.) And of course, page after web page filled with AI slop, and invitations in pretty much all the tools we use to let “AI” do the job for us.

Which brings us to what irks me the most: humans passing off unedited and unreviewed LLM productions as their own. You know what I mean. That facebook comment that clearly was not composed by the person posting it. The answer to your WhatsApp or Messenger message that suddenly gives you the feeling you’re in a discussion with ChatGPT. This is another level from getting Claude to write your job application letter or craft a polite and astute response to a tricky e-mail. Or using whichever is your current LLM of choice to assist you in “creating content”. Slipping “AI stuff” into conversation without labelling it as such, is, in my opinion, a big no-no. Like copy-pasting without attribution.

As we use LLMs to create content for us and also summarise and digest the same content for our consumption, we’re quickly ending up in a rather bland “AI echo chamber”. I have to hope that enough of us will not be satisfied with the fluffiness of knowledge this leads to. That writing our own words and reading those of others will remain something that we value when it comes to making sense of the world and expressing what it means to be human.

Cerveau avec vision tunnel [en]

C’est quand même très étrange et déroutant, ce que cette blessure fait à mon cerveau. Hier je me suis reposée, assez. Ce matin je me suis réveillée sans mal de tête, et j’ai trainé tranquille. Cet après-midi j’ai fait un peu d’administratif. Dont un peu de rédaction. Pas de la rédaction comme ici où je parle à voix haute, de la rédaction où on tente de composer un truc administratif tourné comme il faut avec les infos qu’il faut et pas trop long. Au bout d’un moment, 30-45 minutes peut-être, j’ai senti que ça patinait. Et quand ça patine, c’est comme si mon cerveau souffrait de vision tunnel. Je peux me focaliser sur la phrase que j’écris, mais je n’arrive pas bien à garder en tête le contexte: ce qui vient avant, après, le mot que je veux placer, la partie de phrase que je veux bouger, l’idée que je veux exprimer. Décrit comme ça, ça fait clairement penser à une mémoire de travail réduite. (Ce qui fait sens, c’est décrit comme un symptôme en cas de syndrome post-commotionnel.) L’expérience subjective est vraiment désagréable. C’est vraiment comme si mon cerveau ne “voyait” plus en grand angle mais en zoom. Et encore, le gros zoom sans stabilisateur qui tremblote et qu’on peine à garder sur le sujet.

Alors bon, j’ai arrêté, j’ai fait une croix sur ma sortie de la soirée, et je me mets au repos, vive la glande. Mais ces moments de cerveau en mode vision tunnel, j’avoue que ça m’effraie. Et que j’aimerais que ça passe. Je l’aime bien, mon cerveau, vous voyez, et ça m’embête de le voir galérer comme ça.

Writing After Breakfast [en]

Maybe I should kick off my day by writing. After breakfast of course. Do you know this blog is going to turn 25 in a month or so? It sounds crazy. Almost half my life. I remember the early days, before Facebook, when a blog post was a small thing one wrote, not a full-blown essay. I would sometimes post more than once a day. I had blogging friends who blogged every day. I did, for long stretches. Not because it was a decision, but because the blog was where we lived online.

Now, for me, it’s still clearly facebook, after all these years. That’s where people hang out. This blog feels a bit lonely. For many years, writing here has felt more “private” than Facebook, isn’t that weird? Both are quite public, but the audience isn’t the same.

Anyway, maybe I should kick off my day by writing. Breakfast comes first, I learned that years ago. Interacting on an empty stomach is not a great way to start the day for me – it usually goes sideways. Breakfast, then write a bit. It’s not like my balcony can’t wait another half hour or sixty minutes for me to get to work turning it from a pile of stuff to a cozy hangout. I’m on my balcony already, actually. You can see the photo.

My balcony has been waiting for weeks. It’s been waiting for weeks because I struggle with managing my time and activities since my accident two months ago. I’ve always struggled with that, you know that, but since my ADHD diagnosis and medication, it had improved a lot. Night and day. Now I feel I’m back to pre-diagnosis days, although I’m taking my usual work-day dose of medication. Not to worry, it will get better. It’s getting better. I am thankful to have the time and space for that.

So my balcony has been waiting for weeks because I struggle with time and task management, and also because unexpected tiredness will hit me. Not unexplainable, just unexpected, because I’m still in the process of understanding what costs me in terms of cognitive effort, and where my limits are. Again, not to worry: it is improving and will improve. But for example, this Saturday I was pretty much completely non-functional after a first small session of cognitive training. At least, that’s my working assumption at this stage – that this session is the cause. I didn’t expect it, but I was warned it could. We’ll see if the next session brings similar aftereffects, or if it was a coincidence and the reason is elsewhere.

Anyway: I had planned on “doing my balcony” Saturday, and I didn’t.

Yesterday I would have had some time for it, but instead I ended up taking the cat to the vet for a few stitches. He’s fine, though unhappy about his cone. I feel for him. I also helped a friend put together a non-IKEA wardrobe. I love IKEA furniture even more now. This happens each time I grapple with non-IKEA furniture design and instructions.

The small stack of yesterday’s dishes can also wait a bit, so can yesterday’s grocery shopping which is patiently waiting on the kitchen floor, half out of its bags. The cats can also wait a little for their medications. Insulin is done, that’s the most important, and I have had my meds, which is the absolute priority in the morning to increase chances I actually have a morning to do something with, be it tidy the balcony, put groceries away, or write a blog post.

As facebook goes downhill in terms of functionality, and as the world goes downhill with it. Between what’s happening in LA right now and the interception of the Madleen, it’s taking more energy than I have to keep the lump in my throat down and the tears out of my eyes. There is a time for trying to change the world, and a time for self-preservation.

My friend Pierre Crevoisier wrote about selective indignation last month. It struck a chord with me. We cannot care about everything. Just like we cannot do everything, we cannot get up in arms about everything. We cannot fight all the causes. We are finite, and though the world is too, at our scale it is not. And there will be times in life when our finitude is even more finite than usual. When maybe just facing more than the balcony that needs to be done, the dishes and the groceries, the cat’s medications and one’s recovery, and a few words thrown on a screen is just not doable today.