Notes du chalet [fr]

Je suis au chalet. Pour la première fois depuis un an à peu près (sans compter une petite visite sans nuit il y a peu). Mon vieux Quintus, 19 ans, aveugle et chancelant sur ses petites pattes arthritiques, a du mal à retrouver ses marques – mais ça va aller. Oscar a fait le tour sur ses trois pattes et a déjà tenté de s’installer “à la place” de Quintus. De 11 degrés, la température est maintenant montée à 14. Le poêle à bois est à fond et le brûleur à mazout aussi. Il fait moche.

Mais bon, je suis contente d’être là. J’aime la montagne, et cet endroit en particulier. Aujourd’hui je ne bouge pas trop, demain je dois déjà retourner à Lausanne pour des rendez-vous (qu’est-ce que c’est qu’une heure de route, au final), vendredi je prendrai peut-être la cabine pour aller voir à quoi ça ressemble en haut.

Il y a maintenant plus de cas de COVID-19 identifiés dans le canton qu’il n’y en avait dans le pays entier lorsque j’ai écrit la semaine dernière. Plus de 600 cas en Suisse, ça nous paraît énorme mais ça va encore grimper, grimper. L’Italie a placé tout son territoire en “isolement”. Ici, on cesse de tester systématiquement, on cesse aussi de remonter les chaînes de transmission. Les symptômes sont souvent trop peu marqués, et puis bon, il faut se rendre à l’évidence, le virus est maintenant “partout”, donc à quoi bon. Mieux vaut concentrer les ressources sur maintenir le bon fonctionnement des hôpitaux et du système de santé, communiquer auprès de la population pour que les mesures de précaution continuent d’être appliquées (car ralentir la progression a encore un sens, et ça, c’est dans nos gestes du quotidien à tous que ça se joue), que les personnes vulnérables se protègent et qu’on les protège.

Enfin, c’est comme ça que je comprends les choses.

Pour ma part je ne suis ni plus ni moins “inquiète” qu’il y a une semaine ou dix jours. Mes nouvelles habitudes de lavage de mains commencent à devenir, justement, des habitudes. J’essaie d’éviter les transports publics si je peux. Je me demande si la petite toux que je traine depuis 2-3 semaines justifie que je me mette en auto-isolement. Elle date “d’avant”, c’est courant pour moi d’avoir ce genre de petite affection respiratoire, et je n’ai pas de fièvre, mais vu qu’il semble de plus en plus clair que le virus se propage également de façon asymptomatique ou peu symptomatique, je me pose des questions. Mais j’hésite à engorger la hotline pour ça, j’avoue. Coronacheck me dit que oui, mais coronacheck n’a pas mon contexte. Si c’est ma toux “normale”, ça peut durer des semaines et des semaines…

Bon, du coup j’ai appelé la hotline. Et non, petite toux superficielle (je toussote en fait), ça ne justifie pas que je m’enferme. Par contre si ça s’aggrave, si c’est une toux qui commence à m’empêcher de respirer, là oui. Ce qui me mène à la réflexion suivante: vu qu’on a des porteurs asymptomatiques ou peu symptomatiques… est-on plus contagieux si on a de la fièvre et la super-méga-toux? Vu qu’on n’isole pas les porteurs sains ou peu malades (il faudrait tester la population entière à tour de bras et souvent pour les identifier tous), quel est le sens d’isoler les “gros tousseurs”?

Sur ce, le chalet se réchauffe et le soleil est sorti, je vais aller faire un tour au jardin avec Quintus!