Mon chat a disparu, je fais quoi? Conseils [fr]

Que faire quand on a perdu son chat? Mes conseils: affiches, râtisser les alentours, parler aux voisins, contacter vétos/associations.

En très résumé

  • mettre des affiches + annonces en ligne
  • râtisser systématiquement les environs avec une lampe de poche, de proche à loin, en étoile – votre chat ne viendra pas à vous, il est caché et partez du principe qu’il ne va pas se manifester (évitez de l’appeler depuis plein d’endroits différents quand vous râtissez)
  • appeler les vétérinaires, associations, refuges des environs (et la voirie même si on aime pas y penser) – d’autant plus si votre chat n’est pas identifié
  • aller sonner chez tous les voisins et contrôler personnellement caves, garages etc.
  • faites la “méthode des appels“, surtout si c’est un chat d’intérieur qui a fui ou un chat d’extérieur qui a fui hors de son périmètre habituel ou s’est perdu dans un environnement non familier
  • ne perdez pas votre temps avec la “communication animale” ou les “mauvais bons conseils” comme de mettre la litière dehors

Les priorités seront différentes selon qu’il s’agit d’un chat d’extérieur qui n’est pas rentré, un chat d’intérieur qui s’est échappé ou s’il est tombé d’une fenêtre ou d’un balcon et est probablement/possiblement blessé. Le tempérament du chat entre aussi en ligne de compte (craintif ou non).

Si vous lisez l’anglais (ou l’espagnol), je vous recommande de télécharger le “lost cat kit” de Kim, qui est une “détective à chats” professionnelle = son job est de trouver des chats perdus, depuis plus de 10 ans.

Sinon, voici plus d’explications point par point, pas forcément dans l’ordre. J’ai ajouté en fin d’article une section dédiée à la prévention.

Chercher un chat manquant c’est beaucoup de boulot à faire alors qu’on est probablement mort d’angoisse. Faites-vous aider si vous pouvez.

N’attendez pas avant d’agir. Les premières 24h sont cruciales.

Mettez des affiches

Faites des affiches couleur avec une bonne photo où votre chat est bien reconnaissable, qui met en avant ce qui le rend identifiable (tête + corps). Ecrivez le texte en gros pour qu’il se voie de loin. Mettez peu de texte, juste les mots-clés les plus importants. Chat perdu. Nom du chat, signes distinctifs, 2-3 mots sur les circonstances de la disparition (présumé blessé?), s’il faut essayer de l’approcher ou simplement vous appeler. Précisez s’il est identifié. Exemples: Luna, Tounsi.

Pensez que les gens vont peut-être photographier l’affiche. Mettez votre numéro de téléphone en gros.

Demandez de l’aide pour coller les affiches, si vous pouvez. Même, déléguez. Prendre du scotch et des fourres plastique. Mettez l’affiche dans la fourre plastique à l’envers, avec un morceau de scotch pour que la feuille ne tombe pas (protège contre la pluie). Collez sur les portes, aux arrêts de bus, sur les poteaux, etc, en commençant par votre immeuble maison, puis en cercles concentriques.

Lorsque vous aurez retrouvé votre chat (ou, même si on ne le souhaite pas, abandonné les recherches), pensez à aller ôter les affiches!

Mettez des annonces en ligne

Il y a normalement des pages facebook dédiées aux chats perdus par région. Envoyez un MP à la page concernée. En Suisse: Chats perdus/trouvés Suisse romande; réseau Pet Alert: Vaud, Valais, Fribourg, Neuchâtel, Jura, Genève; STMZ. Regardez aussi si la SPA de votre région a des formulaires d’annonce en ligne, comme la SVPA par exemple. Pensez aussi à regarder si votre chat n’est pas annoncé comme trouvé sur un de ces canaux.

Râtissez les alentours

Cette action est souvent négligée ou mal faite, surtout pour les chats d’intérieur. Les maîtres pensent parfois que leur chat les reconnaîtra et viendra vers eux, mais ce n’est pas le cas. Il faut donc chercher le chat comme on chercherait un objet inerte: systématiquement, mètre carré par mètre carré, avec une lampe de poche pour bien voir sous les buissons.

S’il s’agit d’un chat d’intérieur

Il n’est probablement pas loin du tout. Dans un environnement nouveau et probablement terrifiant (si c’est un chat qui n’a jamais connu que l’intérieur) il va se planquer et bouger le moins possible. Il va falloir des jours pour qu’il ait assez faim ou soif pour être motivé à bouger.

Commencez la recherche à l’endroit de fuite ou de chute. Essayez de “penser chat”: un chat n’aime pas les espaces ouverts et va essayer de rester caché.

Evitez absolument de faire tout le tour du quartier en appelant votre chat. S’il répond à votre voix, vous risquez en fait de l’éloigner de là où il est. Si vous pensez que cela vaut la peine de l’appeler, appliquez la méthode des appels.

S’il s’agit d’un chat d’extérieur

S’il n’est pas rentré alors qu’il rentre normalement, il est soit enfermé, soit blessé, soit quelque chose lui a fait peur et il est parti loin et ne “retrouve” pas le chemin (peu probable s’il connaît bien les lieux, mais peut arriver s’il sort depuis peu par exemple).

Il faut donc:

  • râtisser prioritairement afin de le trouver s’il a été blessé, même genre de méthode que pour un chat d’intérieur (partir du principe qu’il ne va pas forcément se montrer), sauf qu’il n’y a probablement pas un “point de chute” clair duquel partir
  • faire le tour du voisinage pour contrôler garages et caves (préciser sur les affiches)
  • regarder s’il y a des travaux dans les environs (extérieurs ou intérieurs: bruit et aussi portes ouvertes inhabituelles => enfermement)

S’il est dans un environnement pas familier la méthode des appels peut être intéressante, surtout s’il a l’habitude de venir sur appel à la maison.

N’oubliez pas l’intérieur!

Râtissez également à l’intérieur si vous n’avez pas vu filer ou tomber le chat. Ouvrez toutes les armoires, etc. et contrôlez-les. On ne compte pas le nombre de fois où on s’est retrouvé à chercher un chat dehors alors qu’il était enfermé quelque part dans l’appartement. Il ne va pas forcément miauler.

Contacter vétérinaires, associations, refuges (et voirie)

A plus forte raison si votre chat n’est pas pucé, il faut prendre les devants pour retrouver sa trace s’il a été blessé et pris en charge ou simplement récupéré par une âme charitable. Même si votre chat est pucé, attention: la puce est un moyen d’identification assez sûr mais pas infaillible, donc ne “comptez” pas dessus les yeux fermés.

Appelez donc les vétérinaires les plus proches, les refuges, et les associations qui font du sauvetage dans votre région. Si vous savez que votre chat est probablement blessé, essayez de trouver les coordonnées du cabinet vétérinaire qui était de garde à ce moment-là (en demandant aux cabinets que vous appelez).

Pour trouver les cabinets vétérinaires, utilisez Google + le nom de votre localité, et cherchez avec Google Maps. Idem pour la SPA/les refuges. En demandant sur Facebook vous trouverez certainement relativement facilement quelques noms d’associations actives dans votre région. N’oubliez pas la voirie, même si on n’aime pas y penser, même si votre chat est pucé: malheureusement, les chats ramassés ne sont pas toujours scannés.

Faites le tour des voisins

Sonnez aux portes et parlez aux gens. Ayez avec vous des photos de votre chat avec vos coordonnées que vous pouvez laisser (ou des copies d’affiches). Demandez s’il y a des gens en vacances (apparts/garages fermés) et si vous pouvez vérifier cave/garage avec eux – ou au minimum qu’ils le fassent, en leur expliquant bien que le chat va se cacher et pas annoncer sa présence (surtout si c’est un chat d’intérieur ou timide.) Si vous arrivez à recruter des enfants du quartier pour la recherche, ça peut être utile aussi.

Comme pour les affiches, partez de votre logement et faites ça en cercles concentriques. N’allez pas trop loin dans un premier temps, la première “couche” d’immeubles autour du vôtre c’est déjà bien. Rappelez-vous: votre chat est probablement moins loin que ce que vous croyez.

Conseils spécifiques selon les cas de figure

Chat probablement blessé ou malade/vieux

Il ne faut pas attendre, et faire des fouilles actives tout de suite. Le trouver tôt plutôt que tard peut être une question de survie. Surtout s’il n’est pas pucé, appeler immédiatement les vétos/associations/refuges, car si son état est grave, il est bien possible qu’il ait été pris en charge. Comme toujours: chercher plutôt près que loin.

Chat très timide (intérieur) qui a fui

Il est certainement planqué et pas en danger immédiat, même s’il est certainement très stressé. Il va falloir plusieurs jours pour que la faim/soif le motive à bouger, s’il a trouvé une planque. S’il a filé par une porte ou fenêtre ouverte, c’est utile de laisser celle-ci ouverte la nuit pour lui donner une chance de rentrer par lui-même quand tout sera calme. Fouiller de jour, faire la méthode des appels le soir.

Chat pucé

Vérifier que la puce est bien enregistrée dans la base de données (ANIS) avec vos coordonnées à jour. Demandez à votre vétérinaire de contrôler pour vous.

Chat pas pucé

Votre chat peut avoir été recueilli, qu’il soit blessé ou non, sans que personne ne sache à qui il est. Il faut donc redoubler d’efforts de communication, tant en ligne, qu’auprès des refuges et associations, que dans le quartier avec des affiches (ce ne serait pas la première fois que quelqu’un de bien-pensant “adopte” un chat qui semble “perdu” alors qu’il habite simplement le quartier, ou s’est échappé de son intérieur habituel).

Chat d’extérieur perdu ailleurs que chez lui

Il va probablement commencer à chercher ses repères mais ne saura pas où aller. La méthode des appels est utile, et bien râtisser large avec les affiches. Dans ce cas de figure, pas dit qu’il se planque, et possible qu’il se déplace (soit chassé par des chats du coin, ou alors pour tenter de rentrer – ça arrive régulièrement, ce genre de chose).

Les “fausses bonnes idées”

On entend souvent dire qu’il faut mettre la litière du chat ou de la nourriture dehors. Ce n’est pas une bonne idée! A plus forte raison si votre chat n’est pas habituellement dehors là, les odeurs peuvent attirer/intriguer des chats du quartier qui ne seront pas forcément sympas avec l’intrus et pourraient même le chasser.

Faire tout le tour du quartier en appelant n’est souvent pas une bonne idée. Si le chat est craintif/planqué et qu’il essaie de vous suivre, et que vous vous déplacez, vous risquez de l’éloigner encore. Exception: chat d’extérieur potentiellement enfermé qui serait susceptible de miauler pour signaler sa présence.

Un mot sur la “communication animale”, qui s’apparente en somme à de la voyance. Ce n’est pas une pratique fiable! Pour toutes les histoires miraculeuses qui circulent il y en a tout autant où il s’est avéré que ce qui avait été “vu” n’avait rien à voir avec la réalité… Mais ça ce ne sont pas des histoires qui vont circuler, c’est normal. Vraiment, il ne faut pas baser sa stratégie de recherche là-dessus, au risque de faire complètement fausse route et de se laisser distraire d’actions réellement efficaces. Difficile pourtant de faire abstraction des “informations” supposées – il vaut donc mieux éviter de perdre son temps avec ça et consacrer son énergie aux méthodes qui marchent: affiches, râtissage, démarchage, appels de nuit selon la méthode des appels.

Autres pistes

Si vous avez l’occasion de faire appel à un chien pisteur, c’est une solution intéressante, mais ce n’est pas simple à trouver (en tous cas en Suisse). Il faut le point de fuite et l’odeur du chat (son dodo dans un sac plastic neutre.) Attention que le chien soit parfaitement éduqué afin qu’il ne risque pas de faire fuir le chat. Un “chien de rouge” (dressé pour retrouver le gibier blessé) peut être une alternative pour trouver un chat blessé (ou pire).

Dans certains cas/environnements un drone avec caméra thermique peut être à envisager.

En prévention

Si vous avez un chat, vous pouvez vous attendre à ce qu’il se “perde” un jour ou l’autre. Peut-être quelques heures seulement, mais probablement plus. Voici ce que vous pouvez faire pour minimiser le risque que ça arrive.

Pucez votre chat, même (surtout!) s’il ne sort pas! Un chat qui ne sort pas, s’il s’échappe par mégarde, se retrouve dans un environnement étranger pour lequel il est très peu préparé. Les accidents arrivent aussi aux chats d’intérieur! Quant aux chats d’extérieur, même s’ils s’éloignent peu, un incident peut arriver: une personne bien-pensante qui le ramasse, une camionnette qui passe par là et dans laquelle le curieux a sauté… La puce peut éviter à votre chat de finir en refuge (et peut-être même d’y finir sa vie). Pensez-y. Veillez à bien enregistrer et maintenir à jour vos coordonnées, si vous changez de numéro ou déménagez. Vous pouvez aussi vérifier au cours d’une consultation de contrôle que la puce est toujours bien lisible.

Stérilisez et castrez! Non seulement vous faites votre part pour lutter contre la multiplication des chats (oui c’est un problème, si vous ne me croyez pas, discutez avec les refuges et associations qui croulent chaque année sous les chatons, la plupart des miséreux nés dehors et dont la petite vie de souffrance s’achève souvent bien trop tôt) mais vous diminuez les risques que votre chatte ou votre chat aille “vagabonder” à se perdre ou cherche à s’échapper, poussé par ses hormones. Chaque année les associations recueillent des chats “errants” non castrés ou stérilisés mais qui clairement sont familiers et sociables. Ils étaient à quelqu’un, ces chats! Perdus, mais jamais retrouvés, car pas pucés, pas castrés/stérilisés.

Protégez vos fenêtres et vos balcons, surtout avec des chats d’intérieur pour qui ces fenêtres et balcons sont probablement les lieux les plus excitants de leur vie. Les chats tombent des fenêtres et balcons, et pas qu’un peu. Et ils se blessent souvent, malgré ce qu’on raconte. Discutez là aussi avec les refuges, associations, et vétérinaires qui pourront vous parler de la fréquence avec laquelle ils se retrouvent à prendre en charge des “chats-parachutes”, qui ne s’en sortent pas toujours.

Sécurisez vos cages de transport. Ne faites pas de concessions avec ça. Pourtant, des chats qui s’échappent de leur cage en route ou en revenant de chez le véto, on en voit régulièrement! Ayez une cage de bonne qualité, solide, et utilisez-la. Oui le chat dans les bras c’est cool, mais c’est moins cool s’il prend peur, vous lacère les bras et s’enfuit. Idem en voiture: que se passe-t-il en cas d’accident? La cage est-elle assez solide?

Pensez au tracker (e.g. Invoxia, Tabcat, Weenect…) pour les chats qui sortent, en particulier dans les situations suivantes: début de sortie (après une adoption ou un déménagement), sortie dans un lieu pas familier (vacances, résidence secondaire), chat malade ou vieux, qui a besoin d’un traitement ou est peut-être diminué. Utiliser un tracker sur un chat un peu vagabond (ou simplement qui sort normalement) peut aussi vous aider à vous familiariser avec ses habitudes et coins préférez.

Pour les chats d’extérieur, prenez le temps de vous balader avec lui pour connaître ses habitudes et faire connaissance avec les humains qu’il croise. C’est toujours bien que les gens sachent le nom du chat qu’ils voient passer, et qui en est le maître! Vous pouvez en profiter pour leur rappeler de ne pas nourrir les chats des autres… ;-). On peut aussi mettre au chat un collier avec le nom du chat et nos coordonnées pour quelque temps – cela donne aux gens qu’il croise l’information que le chat est à quelqu’un, même si après il ne porte plus systématiquement son collier! Vous pouvez aussi mettre une affiche dans l’entrée de votre immeuble pour que vos voisins sachent que votre chat habite là. Ça peut même être une bonne idée pour un chat d’intérieur: “si vous me trouvez dans les couloirs, je ne devrais pas y être, j’habite au 3e et je ne sors pas!”

Note concernant la photo d’illustration: Oscar n’est pas perdu. Par contre, il est très probable qu’il l’ait été. Il a été recueilli par une association après des années d’errance, blessé et pas castré. Et clairement, c’est un chat sociable qui avait vécu chez des humains au début de sa vie.

Alimentation de nos chats (et chiens): à quel saint se vouer? [fr]

[en] Some general information on the petfood industry and its marketing excesses, who would have us believe that grain-free or natural is better, that kibble is bad, etc. Summary? Kibble is fine, wet food is fine, home-made is fine but a lot of work and most recipes are not well-balanced, so get your recipe checked by a veterinary nutritionist. Forget about grain-free (actually worse than with grain), "natural" is just a bias (nature doesn't want your cat to live long, it just wants it to live long enough to reproduce), and you're better off sticking to the big veterinary petfood brands who have their own nutritionists on staff, plants, and quality-control, than smaller brands who actually sell white label products with a lot of fancy marketing on top. Oh, and cats don't need variety if their diet is good quality and balanced, they are grazers and eat throughout the day, and there is no "meat" in petfood, despite the pictures on the packaging.

Lien perçu entre alimentation et santé

Je croise régulièrement parmi mes connaissances des personnes qui se posent des questions sur la “meilleure” alimentation à donner à leur animal de compagnie. En effet, il y a cette idée ambiante que l’alimentation c’est crucial. Avec la “bonne” alimentation on pourrait prévenir des maladies et même en guérir, et la “mauvaise” aurait des conséquences désastreuses sur la santé. Pour nous humains aussi, d’ailleurs, ces idées ont la vie dure. On est entourés d’injonctions “mange comme ci, pas comme ça, évite ça, essaie ci tu verras” qui nous mènent à penser qu’il y a une bonne façon de faire. Et quand on a des soucis de santé, très souvent on entendra des conseils touchant à notre régime.

Pourquoi cette obsession sur l’alimentaire, une sorte “d’orthorexie” collective, à la limite? Je pense, perso, que c’est parce que l’alimentation est quelque chose de visible, concret, et sur lequel on a du contrôle. Face à un problème, notre cerveau biaise dans la direction de réponses simples (simplistes) et tangibles. Le sentiment d’avoir du contrôle est la première chose qu’on recherche pour soulager notre anxiété. Nos animaux domestiques font partie de notre famille, on les aime, on ne veut pas les perdre (alors même qu’on sait bien que vraisemblablement, on les verra mourir avant nous) et donc on veut “tout faire” pour les préserver. L’idée qu’on puisse “donner la bonne nourriture” pour éviter les maladies et garantir la bonne santé est donc extrêmement séduisante.

Un “bon” aliment?

Et loin de moi l’idée de dire que l’alimentation ne joue aucun rôle sur la santé. Clairement pas. Que ce soit pour l’humain ou l’animal, il y a évidemment un lien entre santé et régime. Mais ce n’est pas un lien “magique”, genre “tu manges comme ci il va t’arriver ça” ou “tu fais juste tu seras jamais malade”. On sait qu’un régime qui répond aux besoins nutritionnels va avoir un impact positif, et un régime déséquilibré peut mener à des carences ou des maladies. Mais ce n’est toujours qu’une question de probabilités. Il y a beaucoup de variation individuelle. Il y a des exceptions. On connaît tous quelqu’un qui mange “n’importe quoi” et reste en bonne santé, ou des gens qui “font tout juste” mais sont quand même malades.

On ne peut pas déduire, des conclusions concernant le lien entre alimentation, santé, et maladie qu’on tire à l’échelle collective, une sorte de causalité simple et directe applicable telle quelle à l’individu. Ce n’est pas parce que statistiquement, manger suffisamment de fruits et légumes a un effet bénéfique sur la santé que si je le fais je peux m’assurer de ne pas avoir la maladie xyz. Notre cerveau n’aime pas les probabilités… il préfère bien mieux ce qu’on appelle les “anecdotes”, des histoires individuelles qu’on peut raconter et dont on croit pouvoir tirer une conclusion. Ça nous rend très vulnérables aux “témoignages”: “moi je donne telle alimentation à mon chien et il est en super forme, ça marche du tonnerre”!

“Naturel”, c’est vraiment mieux?

En parallèle (ou conjointement) à cette vague idéologique qui nous fait surestimer le lien de causalité (qu’on perçoit donc comme immédiat) entre alimentation et santé/maladie, il y a celle qui voudrait nous faire croire que “la nature sait le mieux”, que “ce qui est naturel est meilleur”, etc. Je ne vais pas m’étendre dessus (c’est un sophisme bien connu et documenté, “l’appel à la nature“, on trouve facilement des articles et des vidéos explicatives sur le sujet) mais il faut garder en tête que cette idée est très présente dans notre évaluation de ce qu’est la “bonne” nourriture: “naturelle”, “bio” (encore tout un chapitre), proche de comment l’animal se nourrirait “dans la nature (allô le BARF et autres régimes crus) – en oubliant que la nature ne cherche pas à faire vivre l’animal longtemps et en bonne santé, mais juste assez longtemps pour qu’il puisse se reproduire.

Besoins nutritionnels

En fait, la “bonne” alimentation est celle qui répond aux besoins nutritionnels de l’organisme: l’organisme, il digère la nourriture pour en extraire des composants qu’il va utiliser pour fonctionner et s’entretenir. Des protéines (décomposés en acides aminés), des acides gras, des vitamines et minéraux, du glucose pour produire de l’énergie dans les cellules. Je simplifie mais c’est ça l’idée.

La cellule s’en fiche si la molécule de glucose qu’elle utilise pour produire de l’énergie provient d’un kiwi ou d’une barre de chocolat. C’est du glucose. Si l’organisme a besoin de thiamine (un acide aminé) car il n’arrive pas à le synthétiser, peu importe si cet acide aminé provient d’une souris attrapée dans un champ ou d’une croquette.

Tout l’art du régime équilibré, c’est donc qu’il doit contenir ce dont a besoin l’organisme et pas trop de choses dont il n’a pas besoin. Je raconte ça de façon simpliste, parce qu’il y a aussi le microbiote dans cette histoire (son étude est un champ de recherche en plein développement), et que je parle ici de “besoins nutritionnels” comme si c’était quelque chose de complètement élucidé, alors que (même si ça l’est en grande partie) c’est extrêmement complexe, et qu’il peut y avoir une marge de manoeuvre plus ou moins grande pour certains nutriments et pas pour d’autres.

Et la variété?

Pour en revenir à nos chats et nos chiens, le bon aliment doit donc tout d’abord être équilibré et complet, c’est-à-dire qu’il doit couvrir les besoins nutritionnels propres à l’espèce. Ça, ce sont des choses qui se calculent et se mesurent, et qui vont bien au-delà d’analyses un peu simplistes comme le taux de protéines ou de glucides.

L’équilibre de l’aliment que mange l’animal est d’autant plus important que celui-ci a généralement un monorégime. Ce n’est pas une mauvaise chose! Croire qu’un chat ou un chien a “besoin” de variété, c’est projeter sur un animal des aspirations ou des fonctionnements humains: l’anthropomorphisme. Un animal mange pour manger. Oui, il a du plaisir à manger. Mais cela ne lui pose normalement aucun problème de manger tout le temps la même chose.

Et si vous vous sentez résister à cette idée, posez-vous honnêtement la question: est-ce l’animal qui a ce besoin, ou vous qui l’avez pour lui? Si on a un bon régime bien équilibré, tout ce qu’on ajoute ou change à ce régime va risquer de le déséquilibrer. On a la chance, aujourd’hui, d’avoir quand même un inventaire assez clair (et vérifié sur de nombreuses vies d’animal) des besoins nutritionnels de nos animaux de compagnie.

En fait, varier le régime (surtout pour un chat) va plutôt avoir tendance à mener à des troubles du comportement alimentaire: le chat devient “difficile”, se “lasse” d’un aliment au bout d’un moment, mange trop ou pas assez, etc. Ça, c’est aussi tout un chapitre.

D’où ça sort, tout ça?

Après cette longue intro pour vous rendre attentifs au contexte “idéologique” dans lequel on navigue, venons-en au vif du sujet. Comment nourrir notre chat ou notre chien?

Pour vous aider à situer un peu les recommandations que je fais ici, quelques précisions préliminaires. D’abord, je ne suis pas nutritionniste, ni véto ni humaine. J’ai une petite culture générale scientifique de base (quelques années d’études scientifiques quand même) et un grand intérêt général pour tout ce qui touche au médical: on peut dire que j’ai tendance à absorber ce type d’infos comme une éponge.

Depuis cinq ans et demie je gère un gros (et très sérieux) groupe de soutien sur le diabète félin. Dans ce cadre, je me suis penchée un peu plus sur la question de l’alimentation (voici notre fichier sur la nourriture), et j’ai aussi suivi il y a quelques années une journée de cours “pour grand public” sur l’alimentation du chat (y compris rations ménagères) avec un vétérinaire spécialisé.

Et si vous me connaissez, vous savez que j’essaie de faire les choses bien et que j’ai une exigence de rigueur scientifique que je tâche d’appliquer aux sujets que j’aborde.

Croquettes, pâtée, ration ménagère?

Vous l’aurez compris, ce qui est important c’est que les besoins nutritionnels de l’animal soient couverts, au mieux. La “forme” n’a pas un grand impact. Il est possible d’avoir un régime équilibré sous forme de croquettes, de pâtée, ou de ration ménagère.

Les croquettes sont régulièrement diabolisées mais ça ne repose pas sur du scientifique, on est limite dans du “nutri-complotisme”. Au contraire, les croquettes sont un mode de distribution particulièrement intéressant pour les chats, car elles permettent une alimentation à volonté et en libre-service qui correspond le mieux aux besoins de l’espèce en matière d’accès à la nourriture.

Le chat est un “grignoteur”, il va manger plutôt 10-15 fois dans la journée, en petites portions, contrairement au chien qui va faire moins de repas mais plus gros.

L’explication repose sur le mode de chasse des deux espèces et qui imprègne encore leurs besoins. Le chat chasse des petites proies, et va donc manger une sauterelle par-ci, une souris par-là, un lézard ici, une autre souris… au cours de sa journée de chasse. Avec les croquettes, on peut donc fournir au chat une alimentation “indépendante de l’humain” (où l’humain ne joue pas pour le chat le rôle de “distributeur de nourriture”, ce qui peut mener à des problèmes de comportement liées à l’alimentation) et à laquelle il peut avoir accès quand il en a besoin.

On veut aussi un aliment qui soit suffisamment bon pour que le chat le mange, mais pas tellement bon qu’il va aller le manger “parce que c’est bon”. On peut avoir ce souci avec certaines pâtées trop appétantes, ce qui mène à ces situations où le chat devient franc fou et se goinfre dès qu’il est servi (sans compter l’histoire du chat dans les pattes qui miaule pour que le “distributeur de pâtée ambulant” serve le repas).

La méchante croquette

Face à cette “diabolisation” de la croquette, alors qu’en fait il s’agit d’un mode de distribution bien adapté tant aux besoins de l’animal qu’à nos modes de vie, et qui permet tout à fait un régime équilibré, ça peut être utile d’en savoir un peu plus sur “l’industrie” du petfood.

Mais d’abord: pourquoi cette “diabolisation”? On pourrait certainement écrire une thèse sur le sujet, mais disons déjà que quand quelque chose ne va pas, on aime trouver un coupable (eh bien oui, quelqu’un doit être “responsable”, non? encore tout un chapitre…) – et que si l’on est dans un paradigme qui surévalue l’importance de l’alimentation sur la santé et la maladie, qu’on sait que l’écrasante majorité des animaux domestiques mangent des croquettes, qui plus est des grands groupes (Royal Canin, Hill’s, Purina Pro Plan etc.) dont on va trouver les gammes “pro” en cabinet véto, eh bien si on a le réflexe (simpliste je le répète) de se dire “mon animal est malade, ça doit être la nourriture” on va regarder le nom sur le paquet et dire “la marque xyz a rendu mon animal malade”.

Ces grandes marques qu’on aime détester

Pour s’y retrouver dans l’industrie du petfood, ça aide un peu de savoir comment ça fonctionne. Oui, parce qu’il y a un autre biais dans notre histoire: on aime détester les gros industriels et aimer les petites marques perçues comme artisanales ou familiales.

Mais faire du petfood, ce n’est pas simple, vous imaginez bien. L’avantage qu’ont les “grosses marques” sur les plus petites c’est qu’elles ont leurs propres usines, leurs propres vétérinaires nutritionnistes pour élaborer et améliorer les recettes, qu’elles ont aussi suffisamment de masse de production et de moyens pour faire un véritable contrôle qualité des produits qu’elles mettent sur le marché, mettre sur pied des études pour valider l’action d’aliments à visée thérapeutique qu’elles conçoivent (insuffisance rénale ou obésité par exemple), etc.

Les plus petites marques, surtout celles qui vous mettent un joli filet de poulet sur l’emballage (ne rêvez pas) n’ont pas ces moyens. Elles achètent le plus souvent des aliments “sur catalogue” (marques blanches) auprès d’usines “petfood” ou alors commandent un aliment en fonction d’une recette qu’ils auront achetée ou fait développer par un prestataire externe.

Leur coeur de métier n’est pas l’alimentation de nos animaux, mais le marketing – parce que oui, c’est un marché juteux, surtout si on surfe sur la méfiance envers les gros acteurs établis, la recherche de “naturel” (ou “sans céréales” – encore toute une histoire), l’envie de traiter notre animal comme un membre de la famille et donc de le nourrir avec quelque chose qu’on pourrait imaginer manger nous-mêmes. Ces marques ne font généralement pas de contrôle qualité sur le produit final et n’ont donc que la parole de l’usine le produisant que ce qui a été livré correspond bien à ce qui a été commandé.

Sous couvert de nous offrir quelque chose de plus “sain/naturel/bio” pour notre animal, on se retrouve au final avec un aliment moins stable et moins bien contrôlé, et pour lequel on a parfois payé le budget marketing de la marque bien plus que le budget recherche et développement, ou production.

Cela ne signifie pas qu’il ne peut pas y avoir de bons produits parmi ces petites marques, mais juste qu’on ne peut pas le savoir, et on ne peut pas garantir que ça le reste.

Les marques (dispo en Suisse) qui font des aliments “qualité véto” (c’est donc de ces gammes qu’on parle, pas des produits de la même marque mais qu’on trouve en supermarché, attention) et également des aliments “thérapeutiques” sont au nombre de cinq: Royal Canin, Hill’s, Purina Pro Plan, Specific et Virbac. Tous ces aliments ne sont pas parfaits (l’aliment parfait n’existe pas) mais ils sont développés par des professionnels travaillant pour ces marques, produits dans leurs usines qu’ils contrôlent, analysées régulièrement. Ce ne sont pas des aliments achetés sur catalogue à une entreprise tierce.

Marketing quand tu nous tiens

En tant que maître d’animal, on veut le meilleur pour celui-ci, et vu la complexité du domaine de la nutrition animale, la quantité de désinformation et nos connaissances souvent… approximatives sur la question, on est très vulnérable au marketing. Celui-ci va jouer sur les biais et tendance idéologiques que j’ai décrites en première partie de cet article. On va nous vanter du naturel, on va nous montrer des aliments appétants pour nous sur l’emballage (alors qu’ils ne correspondent pas à la réalité de ce qui est dedans), on va surfer sur la vague des “préoccupations” du jour: on veut du cru, on veut pas de céréales – mais le petits pois ça va, donc?, on veut du sans gluten, du sans additifs, du surprotéiné, du “sans glucides” – ça n’existe pas, donc, du végane, on veut de la “viande”

Parlant de viande, savez-vous que ce terme est réservé à l’alimentation humaine? Quelque chose d’autre qu’on aime diaboliser: les fameux “sous-produits animaux”. Mais savez-vous de quoi il s’agit? En fait, une fois que les morceaux destinés à la consommation humaine ont été retirés de la carcasse, il reste toute une partie de l’animal que l’humain ne consomme pas: les restes de viande sur la carcasse, des abats, les os évidemment, etc.

Pour des questions sanitaires, et pour éviter que des morceaux sortis de la filière de consommation humaine y reviennent, ce qui reste de la carcasse à ce stade est dorénavant catégorisé “sous-produit animal” et réservé à la filière du petfood. C’est une dénomination quasi administrative.

Il ne faut pas rêver, on ne met pas de steak ou de filet de poulet dans l’alimentation pour animaux (imaginez simplement le prix, déjà). Donc en fait, les “sous-produits animaux”, c’est rien d’autre que ce qui reste sur la carcasse après qu’on se soit servi, et donc la source “normale” de protéines animales dans un aliment pour animaux. On peut ensuite y mettre plus ou moins de carcasse, plus ou moins d’abats, et ce genre de chose peut se “détecter” avec certains calculs sur les composant analytiques des aliments.

Et la ration ménagère?

On peut faire une ration ménagère équilibrée, pour autant qu’on y ajoute un complément minéralo-vitaminé, c’est possible. Mais attention, pas n’importe comment!

Une large majorité des recettes que l’on trouve sur internet ou dans des livres ne sont pas équilibrées. Il est donc impératif, si vous souhaitez nourrir votre animal avec une ration ménagère, de faire établir ou au moins vérifier votre recette par un vétérinaire nutritionniste. Tous les vétérinaires ne sont pas nutritionnistes, loin de là – tout comme tous les médecins généralistes ne sont pas spécialisés en nutrition et diététique.

Cru, ça pose vraiment des problèmes sanitaires (et non, congeler ne vous débarrasse pas des bactéries, c’est même comme ça qu’on les préserve) donc il faut au minimum faire du mi-cuit.

Perso, pour m’être amusée lors d’une formation à essayer d’équilibrer une ration, j’ai pu voir que c’est vraiment pas simple (les maths ne me font pas peur, je précise). Ensuite, il y a toute l’organisation et le travail de préparation, sans parler du coût. Tout ça, sachant que la ration ménagère n’apporte pas de bénéfices nutritionnels en tant que tel, c’est pas “meilleur” en soi que de la pâtée ou des croquettes.

Je ne vois pas l’intérêt, sauf en cas de situations particulières comme des intolérances alimentaires ou des besoins très spécifiques dûs à des maladies, mais aujourd’hui le rayon des aliments thérapeutique est vraiment bien fourni.

Que fait Steph?

Chez moi, c’est croquettes gamme véto, en libre-service et à volonté (silos à croquettes, mais suivant les chats boules à croquettes et plateaux d’activité). Je n’ai pas de religion particulière entre les “5 grandes marques”, ce qui m’importe c’est que le chat aime assez l’aliment et le tolère bien.

Ces dernières années j’ai plutôt eu de vieux chats malades, donc aliments thérapeutiques (diabète, insuffisance rénale, arthrose). Il y a eu une période où j’ai dû donner à un de mes chats de la nourriture humide (inflammation de la bouche), et là je suis partie sur un Sheba, dont l’analyse était pas trop moche (j’ai sollicité mes copines du groupe Diabète Félin qui aiment faire ce genre de calculs), pas trop riche en glucides car il s’agissait d’un chat diabétique (un autre sujet…). Pas mon premier choix d’aliment mais vu le contexte c’était le meilleur, pendant quelques mois, avant de pouvoir reprendre l’alimentation habituelle.

Je veux en savoir plus!

Dans ce que je vous ai raconté ici il y a des approximations, peut-être des choses pas 100% précisément exactes. Ce que j’essaie surtout de faire c’est de vous donner un tableau d’ensemble du contexte dans lequel se posent ces questions alimentaires, et quelques infos sur l’industrie pour ne pas trop se laisser avoir par les marketeux. Si vraiment le sujet de l’alimentation vous intéresse, voici quelques-unes de mes sources préférées sur le sujet:

RIP Erica [fr]

Ça peut finir comme ça
Une vie de chat
Au Tierspital
Le jardin a fait place
A une cage à oxygène
La liberté
Aux machines
Tu n’es déjà plus là
Même si ton coeur bat
Tu as fait de ton mieux
Et nous aussi
Mais ça n’a pas suffi

Entre mes larmes
Un festival de “j’aurais pu”
Le doute toujours
Inévitable
On aurait bien pu faire autrement
Mais au final

Tu n’as pas juste fait mieux que rien
Me dit-elle sagement avec amour
Tu as été splendide
Tu as donné tout ce que tu pouvais
Quand il en avait besoin
Sans pour autant te griller complètement
Au point de ne plus pouvoir être là pour toi
Ou pour d’autres qui ont et auront besoin
De ce que tu pourras leur donner
Ce que tu fais est suffisant
Et parfait
Parce que tu l’as fait
Les hypothétiques et les regrets
Feront toujours pâle figure
Face au vrai
Face au réel
Face au fait

Ça peut finir comme ça
Une vie de chat
Pas comme on voudrait
Jamais vraiment comme il faudrait
Avec des regrets et des doutes
Des larmes plein le coeur
Et des nuits sans sommeil.

17.02.2023
Erica nous a quittés au petit matin, malgré l’excellente prise en charge dont il a bénéficié nuit et jour toute cette semaine au Tierspital de Berne pour un abcès au foie.

Quintus, 1 an [fr]

13.12.2021, 21:20

Demain, le 14 décembre, cela fera un an jour pour jour que j’ai dit adieu à Quintus. J’ai récupéré ses cendres, comme je l’ai fait pour mes autres chats, et depuis, il y a une petite boîte sur ma table de nuit, tout près du coin du lit où il a passé une grande partie de ses dernières années.

Je n’avais pas le coeur de le mettre ailleurs. Alors le projet, c’est d’aller disperser ses cendres dans le jardin, comme je l’ai fait pour Bagha, Safran, et Tounsi avant lui. Alors c’est dur tout court, de faire ça, mais là, doublement dur parce que ses dernières années de vies étaient tellement peu dehors.

Mais je veux me souvenir aussi des années où il passait des heures installé sous le buisson devant l’immeuble, où on se promenait avec Tounsi autour du bâtiment, où il courait à travers le gazon, chassait, et grimpait même aux arbres.

Alors demain, je prendrai mon courage à deux mains, même si je ne suis absolument pas prête, et je ferai un pas de plus dans ma vie sans Quintus.

14.12.2021, 18:08

Il y a des moments où il faut aller de l’avant avec la vie, même si ça fait mal. Se souvenir que le chat qu’on aimait, avec son corps si chaud, ses poils si doux, son odeur, sa truffe humide, son ronron et ses coups de langue, et bien maintenant, c’est un petit tas de poussière dans une boîte. Que c’est fini, qu’il n’est plus là, qu’il est mort, pour toujours. Qu’il est temps d’aller de l’avant dans la vie, sans le chat.

Alors j’ai regardé cette poussière, qui n’est plus rien du chat que j’aimais, qu’un souvenir, et bien moins vivant que celui qui est dans mon coeur, quelques grammes symboliques que je vais rendre au jardin qu’il aimait, avec quelques larmes, la mémoire des précieuses années ensemble, la poussière qui s’envole et le sable qui tombe au sol.

Et puis, renter à la maison, faire un câlin au chat qui est là, tout chaud, tout vivant, et qui un jour aussi, si on a de la chance, sera un petit tas de poussière et de sable, au fond d’une boîte.

Ecouter: partie 1 | partie 2

Avoir un animal est une charge financière qu’il faut pouvoir assumer [fr]

[en] Having a pet is a financial responsibility. Get health insurance for your pet or start a "health savings" account for them. They will fall sick and die someday, inevitably. See your vet at least once a year for a check-up and head to the clinic early if you suspect something is going on.

Je viens de regarder la vidéo ci-dessous et je souhaiterais reprendre certains des conseils de l’oratrice aux propriétaires de chats et de chiens – auxquels je m’associe:

  • prenez une assurance-maladie pour votre animal – ou bien prévoyez un compte-épargne pour lui, afin de ne pas vous trouver dans la situation où il a besoin de soins que vous ne pourrez pas vous permettre
  • voyez votre vétérinaire au moins une fois par an pour un contrôle, et le plus tôt possible en cas de suspicion de problème
  • ne donnez pas d’animaux en cadeau, même dans la famille: un animal est non seulement une charge financière mais aussi une charge niveau temps, et le maître doit prendre cette charge en connaissance de cause.

Un animal, même si on l’adopte petit, va tôt ou tard tomber malade ou avoir un accident, vieillir, et finalement mourir.

Outre le groupe de chats diabétiques que je gère, je suis dans nombre de communautés “chats” en ligne. Et tous les jours ou presque, je vois des situations passer où les soins à l’animal sont compromis par l’aspect financier. Je sais, ce serait moche de devoir dire “si t’as pas de thunes, tu peux pas avoir un animal”, mais un animal ça coute, et il faut tenir compte de ça quand on décide d’adopter.

Il y a des gens qui renoncent à avoir une voiture car ça coûte trop cher. Il y a des gens qui renoncent à avoir un enfant de plus pour des raisons financières. Il y a des gens qui renoncent à vivre dans une plus grande maison ou un plus grand appart car ça coûte trop cher. Et il y a des gens qui renoncent à prendre un animal, de plus ou tout court, parce qu’ils ne pourront pas assumer financièrement les frais inévitables qui pointeront le bout de leur nez.

Pour info, en Suisse, pour assurer mes vieux chats, je paie environ 350.-/an. Les associations demandent des frais d’adoption, et ce n’est pas juste pour couvrir les frais engagés pour l’animal jusque-là. Si vous ne pouvez pas payer les frais d’adoption ou la prime annuelle d’assurance, il faut vraiment vous poser la question si la charge d’un animal est quelque chose que vous pouvez assumer financièrement.

Cette année, Oscar et sa bouche ont généré pas moins de 4000.- de frais vétérinaires (heureusement, remboursés par son assurance). D’aucuns diront: je ne paierais jamais autant! Sauf que c’est pas “tu te pointes chez le véto, et on te fait un devis à 4000.-“. C’est d’abord 500. Puis 300. Puis 700. Puis 1000. A quel moment tu dis “OK là j’arrête les soins que j’ai démarrés et je renonce à faire la chose de plus qui a une chance de régler la situation, et j’euthanasie mon animal”? Parce que laisser souffrir un animal malade, j’espère que tout le monde est d’accord que ce n’est pas acceptable.

Je connais maintenant plusieurs vétérinaires. Je gère aussi un groupe dans lequel il y a environ 300 vétérinaires – le groupe n’est pas très actif, mais tout de même, “l’envers du décors”, comme vous l’entendrez dans la vidéo, si vous l’écoutez. Je vous préviens, c’est dur. C’est pas pour rien que la profession vétérinaire affiche un taux de suicides record. J’entends dans les groupes souvent des paroles très dures envers les vétérinaires, et c’est régulièrement dans des situations où le détenteur de l’animal n’a pas les moyens pour les soins qu’il faudrait, ou a longtemps tardé à consulter par peur des frais, pour se retrouver finalement dans une situation critique et bien plus onéreuse.

Dans le groupe Diabète Félin, il y a une règle stricte interdisant ce qu’on appelle le “véto-bashing”. J’y tiens. On peut être en désaccord sur des décisions, on peut même considérer qu’un praticien n’a pas offert une prise en charge adéquate (quand ça touche au diabète félin, je vous assure qu’il y a souvent à redire). Mais l’agression, le mépris, les insultes: cela n’est jamais acceptable.

Comme le dit l’oratrice, le milieu professionnel vétérinaire a ses problèmes. Mais une partie de ce qui influe sur la pénibilité de la profession est entre nos mains à nous, maîtres-détenteurs-propriétaires-domestiqués. Et nous pouvons y remédier relativement simplement, en incluant dans notre planification budgétaire de quoi subvenir aux besoins médicaux de nos animaux, d’une façon ou d’une autre.

Ainsi, on prend soin de son animal, de soi, et de son vétérinaire.

Quintus: 6 mois [fr]

Quatorze décembre, 14 juin. Six mois. Six mois que j’ai dit adieu à ma vieille boîte à ronrons. Je ne pleure plus, enfin je ne pleurais plus avant de commencer à écrire ces mots. Il me manque, mais je suis aussi tellement soulagée de ne plus vivre dans le stress constant qu’il lui arrive quelque chose, d’être libérée de la charge de me soucier de lui et de le soigner au quotidien.

Pourtant, je l’ai fait de bon coeur. Je me sens presque coupable d’apprécier autant ma liberté. Juste là, je donnerais beaucoup pour pouvoir le tenir encore quelques minutes dans mes bras, sentir sa tête contre la mienne, entendre son ronron.

Mon Quintus. ?

Oaxaca Little Quintus (02.02.2001-14.12.2020) [fr]

Aujourd’hui, Quintus aurait eu 20 ans. J’avais des doutes concernant ses 16 ans, ses 17, ses 18 et même ses 19. Mais les 20 ans, j’y croyais. La vie en aura décidé autrement. La vie, la maladie, la vieillesse et la mort, surtout.

Quintus est mort le 14 décembre. Il était vieux, très vieux, et très diminué. Cette dernière année, encore plus. Et début décembre, il a dégringolé. Il avait déjà dégringolé quelques fois, et on l’avait récupéré. Cette dernière fois, quand j’ai cru que c’était clair que c’était fini, et que j’avais commencé à prendre mes dispositions pour l’accompagner jusqu’au bout, il a commencé à remonter la pente. J’ai décidé de lui laisser une chance.

Mais une semaine plus tard, il était clair que cette remontée de pente était insuffisante pour lui donner encore la qualité de vie qu’il méritait. J’ai pu faire venir une de ses vétérinaires à domicile, et je lui en suis très reconnaissante. Je n’ai aucun regret, aucun doute quant à ma décision – tant de lui laisser une chance quand je l’ai fait, que de tout arrêter lorsqu’il l’a fallu.

Je ne vous cache pas que ça a été horriblement dur. Avant, pendant, et après aussi. Après, au moins, j’avais la sérénité de savoir qu’il ne souffrait plus, ne souffrirait plus, que le temps de ma propre souffrance, à agoniser sur cette décision, était derrière.

Mais Quintus n’était pas qu’un chat vieux et malade. Nous avions une histoire. Moins longue que ses années, même si je l’ai connu chaton, car c’était le chat d’une amie, adopté à l’occasion d’un changement de continent. Mais une belle histoire tout de même, huit années de vie commune, huit années à dormir sur mon oreiller, à s’installer d’autorité sur mes genoux, à ronronner dans mes bras, à me regarder les yeux plein d’amour quand ils voyaient encore. Moi, en tous cas, j’y voyais de l’amour.

Je peine à trouver ma place dans ma vie sans lui. D’un certain côté, il occupait peu de place depuis longtemps déjà: un coin de mon lit, sur son tapis chauffant, et mon oreiller quand ça lui chantait. Mais dans mon coeur et dans mes préoccupations, c’était une place énorme: d’une part je l’aimais, c’était mon compagnon félin, et d’autre part m’occuper de sa santé était très prenant.

Maintenant, il n’est plus là, et c’est à la fois normal et impossible. Je ne sais pas toujours trop dans quelle couche de réalité je vis. Je ne m’attends pas à le voir, ça non, et je pense que c’est parce que sa mort était quelque chose auquel je me préparais depuis fort longtemps. Pas un choc, mis à part celui de la vie qui cesse d’une minute à l’autre et devient la mort. Je m’y attendais. J’ai même choisi quand. J’aurais pu dire non, on attend encore.

Ce n’est pas tant qu’il manque visiblement dans mon quotidien. C’est plutôt que ma vie s’est un peu éteinte depuis qu’il n’est plus là. Une source de joie, de bonheur et de réconfort a disparu. J’ai perdu l’être pour lequel j’avais fini par compter plus que tout, et ça ébranle ma place dans le monde. Je dérive un peu.

Il y a 20 ans, à Huddersfield dans le nord de l’Angleterre, naissait Oaxaca Little Quintus. Par un concours de circonstances quasi rocambolesque que l’on pourrait faire remonter jusqu’à une rencontre dans un marché en Inde, nos chemins se sont rejoints pour de bon en été 2012, quand nous avons pris l’avion ensemble pour faire le trajet Birmingham-Lausanne. Détail: nos lieux de naissance sont distants de moins d’une heure l’un de l’autre. Autre détail: Quintus, “cinq” en latin, était mon cinquième chat.

Il a fermé les yeux pour la dernière fois ce 14 décembre, un mois et demi avant son vingtième anniversaire. Et moi je pleure toujours.

Just a Cat [en]

28.12.2020 17:19

Just a cat
Nobody said that
I’m even sure nobody thought that
Except maybe me
I shouldn’t feel so sad
I shouldn’t feel so lost
I shouldn’t be so heartbroken
Though even for months
And years
He’d been a shell of himself
A cat asleep
A little life
A few scraps left at the end of a long road
But still there
Still carrying memories
Our years together
Our bond
Still there while he slept
And purred sometimes
And stretched
Under my hand
And rubbed his face onto mine
Even when he stopped seeking my lap
Asleep next to me
Every night
Until the end
Soft fur
Lovely face
Black pads under his paws
So gentle
So trusting
A beautiful being
Just a cat
But my cat
My love
Gone to nothingness
Hardly more absent than when he was still there
In a way
But so much more absent to my tearful heart.

Quintus, étapes d’un adieu (4) [fr]

Quintus, étapes d’un adieu (3)

16.12.2020 19:39

Ce soir, pour rentrer du travail, je pédale le coeur lourd. Après une journée de normalité, je réalise soudain qu’à mon retour chez moi il n’y aura pas de Quintus, pas la joie de le revoir, de le laisser frotter sa tête contre la mienne, d’enfouir mon visage dans son ventre pour sentir sa douceur et son odeur.

Pas l’inquiétude non plus de voir s’il va bien, s’il a mangé, s’il dort bien paisiblement… mais juste là j’oublie l’inquiétude, il n’y a que le manque, ma douleur voudrait faire machine arrière, effacer lundi, effacer sa mort, essayer encore quelque chose pour le garder près de moi, sûrement, il devait bien y avoir encore quelque chose à faire!

C’est bien normal, et je le sais. Mais ça n’ôte rien à ma peine. Et par-dessus tout ça, je me retrouve avec d’autres tracas personnels à gérer, dont je me passerais bien.

Juste là Quintus me manque, j’aimerais revenir sur ma décision, faire autrement, défaire tout ça et pouvoir le tenir encore dans mes bras. Ne pas avoir à faire face à son absence. Ce sentiment, c’est celui des larmes qui frappent à la porte, et qu’il faut laisser venir, même si ça fait mal.

Parce que ça fait mal, en fait, et que c’est malheureusement le seul chemin vers l’acceptation.

Que je n’aime pas devoir traverser ça à chacun des grands “jamais plus” de la vie. Jamais plus mon chat, jamais plus nos moments partagés, jamais plus m’émerveiller de ta beauté, jamais plus sentir ta langue râpeuse sur ma joue, jamais plus tes adorables pattes toutes noires dessous, ton sourire quand tu dormais, ton confort quand tu t’étirais…

Pourtant, on en avait déjà derrière nous, des jamais plus: tes pattes autour de mon cou quand je te tenais dans mes bras, ton accueil à la porte, te voir grimper les arbres, ramener des souris, courir dans l’herbe, venir d’autorité sur mes genoux quand j’essayais de travailler, faire la toilette à ton frère, à Tounsi ou aux chatons, observer le monde du balcon, ton regard quand tu me voyais encore, ta queue dressée bien haut pour montrer ta satisfaction, jusqu’à ce que tu ne puisses plus, les tours d’immeuble que l’on faisait ensemble, quand ta vue baissait mais que je ne le savais pas, tes pattes dans la neige, ton corps sur ma tête pour mieux dormir, ton ronron fort et quasi constant qui n’était à la fin presque plus perceptible…

Une vie, quand elle est finie, se résume à des souvenirs et des traces laissés dans d’autres vies. Quintus aura marqué la mienne, et celle de sa première maîtresse, mais aussi celles de quantité d’autres personnes qui l’ont rencontré, en personne ou par écran interposé. Il aura aussi marqué la vie de centaines de chats diabétiques francophones, puisque c’est sa maladie qui m’a inspirée pour créer la communauté “Diabète Félin”. Il a vécu une belle vie de chat, une belle vieillesse aussi. Mais tout ça ne me console pas. Je m’en fiche de tout ça: je veux juste qu’il ne soit pas mort, que l’âge ne l’ait pas rattrapé, qu’il soit encore sur mes genoux à ronronner, son poil si doux sous ma main.

C’est ainsi. Il faut faire avec l’absence, il faut faire aussi avec ce mouvement qui rejette absolument l’absence tout en sachant que c’est en vain, et accepter de s’effondrer dans la peine qui l’accompagne. Encore et encore, jusqu’à ce qu’au fil des jours, au fil des semaines, l’absence finisse par devenir plus supportable.

18.12.2020 21:49

Je me rends compte qu’au fil du lent déclin de Quintus, ces dernières années, je n’ai jamais vraiment pris le temps de faire le deuil de ce qu’il perdait en route, tellement j’étais soulagée et reconnaissante qu’il soit toujours là.

J’ai été terriblement triste qu’il perde la vue. Ça a été graduel, et sa vie s’est rétrécie progressivement à mesure qu’elle s’assombrissait. Pendant un temps il me suivait dehors, et on se promenait ensemble. Puis sa mobilité s’est réduite, je le portais en haut du chemin, et il rentrait. Au début il se repérait bien dans l’appartement, puis, la confusion de l’âge aidant, c’est devenu de plus en plus difficile, navigant les murs au toucher.

A la mort de Tounsi, ma tristesse terrible de le perdre était augmentée de ma tristesse pour Quintus, car je savais qu’à son âge et dans son état de santé les chances qu’il retrouve un “copain chat” étaient très faibles. Pour lui, fini les siestes à deux, la toilette mutuelle, les chamailleries, la stimulation de la présence de l’autre, et simplement, la compagnie.

Chaque fois qu’il a été gravement malade, il en est ressorti diminué. Mais j’étais déjà si heureuse qu’il ne soit pas mort. C’est bien de focaliser sur le positif, mais il ne faut se voiler la face non plus pour le négatif.

Le Quintus qui est mort lundi était bien différent du Quintus qui est arrivé pour de bon dans ma vie en 2012. Il était même bien différent du Quintus d’il y a 3 ans, d’il y a deux ans, un an. Quelques mois, même. J’ai regardé encore et encore ce qui allait: il est autonome pour manger, il se déplace jusqu’au balcon et retour, il aime les caresses, il ronronne. Ce qui me restait de mon chat. Jusqu’à la fin, où il n’en restait plus rien.

22.12.2020 10:29

When a kind of calm washed over me in the couple of days after Quintus’s death, I thought the worst was behind me, in those 10 agonizing days whilst I tried to decide if it was indeed time or not, and how to go through with it.

I may have been wrong. But things are not bad in the way I imagined they might be. I’m not crying all day or feeling actively miserable all the time. It’s more like I feel very down, very empty, not functional. I don’t recognise myself. I broke down at work the other day. I forget things. I make mistakes. I feel like life has been emptied of all its good things. And overall, I just realised I feel ashamed for not “dealing” better, or more as I’d expected. I don’t even feel like writing, or sharing, really.

I just wish I could take a break from myself until it’s all “over”, whatever that means. I’m definitely not in a great place, and I feel like I’ve lost my toolbox for navigating difficult times.

I tell myself that this will pass. I try to hang on to that. I try and trust myself that I will cope, one way or another. But I’m scared that I might be wrong this time around, and that doesn’t help me at all. I’m not sure what to do except wait, try and hold it together when I need to (work), and cut myself some slack when I can (the rest of the time).

Grieving My Little Feline Family [en]

I am so unbelievably sad to be left without my beautiful Quintus. I don’t want my life to be without him. I miss him, physically. I loved holding him in my arms, feeling him rub his head against mine, even licking my cheek, though his tongue was very rough, it was a mark of affection that I understood and welcomed. He slept on my pillow or next to it every night, give or take a few, for over eight years. I would bury my head in his tummy to fall asleep, wake up to his soft fur next to my face and a gentle purr. All that is gone, forever. It hurts so much that I’ve been setting it aside these last weeks, as I tried to get back on my feet after the ten terrible last days of his life, where I agonised over whether it was indeed time or if he could still make it for a bit that would be worth living.

And now, when I try to sleep, when I manage to stop work-related stress from spinning in my head and finally relax, grief come roaring in, all the more I guess because this is the time where I would most need him, companion of my evenings, of my nights, of my coming-back-to-consciousness when morning arrives. If only he hadn’t had to grow so old and die. I’m grateful for the time we had, and I know that it was time to let him go, but still, I wish there was a way to not have had to. I wish I could still have him near me, trying to crawl into my lap, pushing the computer away to squeeze in, stealing my pillow during the night. I wish I could still spot his graceful feline form in my flat, go to him for comfort when I need it, watch him enjoy a cat’s life.

But no, he’s gone. Gone forever. Forever. I want more time to say goodbye. More time before he has to go. But it’s too late, too late, all I’m left with are memories and pain and en empty spot at the corner of my bed where he spent most of his last months. I know it’s inevitable, I know he’s gone, but I don’t want to have to deal with this. I really don’t.

There is a little box with his remains and his paw print on my night-stand. It comforts me a bit that “he” is there, just next to his spot. It’s not him of course, but a symbol of his presence, and it makes me feel like he’s still somewhat there. Which he is not. I’m not in a hurry to spread his ashes. I will wait until the time feels right. I know already it will be months rather than weeks.

I hate being sad. I guess nobody likes being sad. But I feel like I particularly hate it. In these moments of deep sadness, I stop caring about anything, myself included. I just want to escape, stop feeling. Lose myself in something else, even if I pay for it in some way later.

I still have the box that contained Tounsi’s ashes, even if they have now long since gone back to the earth in the garden he liked to patrol. I put Tounsi’s box next to Quintus’s. I really loved these two cats so much. I loved how they were together, and with me. They were my little feline family. Something broke when Tounsi died. I wasn’t ready at all. And after that it was long years of fear that I’d lose Quintus too, his health slowly declining, each year bringing a new scare, each year thinking it would be the last, that he wouldn’t reach his next birthday. It was so hard the first year or two. I had prepared myself to long years with Tounsi once Quintus would be gone, but that’s not at all how it went. Things don’t go to plan.

I still miss Tounsi. He was a really special cat. I guess all cats are special, but he was particularly special to me. Because he was weird and astonishing, but I “got” him. Bagha and Quintus were wonderful and extraordinary cats, and I’ll never thank Aleika enough for bringing them into my life. They were “real cats”. Tounsi was different. Less feline, more like something of a puppy trapped in a cat’s body. Maybe not too sure about how to be a cat, at times. Losing him was devastating. And losing Quintus now feels like it’s not only the end of his own chapter, but also Tounsi’s.

Quintus and Tounsi were close. It didn’t come immediately, and I worked with them for it, but they slept together, groomed each other, play-fought. Quintus followed Tounsi when they were outside and he was starting to lose his eyesight. I’d always find them in the same room. Where one went, the other followed not long after. It was the little feline family I’d imagined when I decided I would adopt two cats.

I miss my old Quintus. Right now I’d like to scoop him up in my arms and hold him close and pet him while he purrs and headbutts my chin. But I can’t, because he died three weeks ago. I miss him so much.