Il y a mouvement et mouvement [fr]

J’ai toujours vu dans mon rapport au corps et au mouvement un paradoxe: autant je suis parfaitement à l’aise dans le sport, autant quand il s’agit de danser ou de marcher en rythme, c’est une toute autre histoire.

Ça ne se résume pas juste à la question de “sentir”, comme on pourrait croire. Quand on dévale une piste de ski à toute allure, ou qu’on est dans un combat de judo, on n’a pas d’autre choix que de sentir le mouvement. Le sien, celui de l’autre.

J’adore la musique, j’adore chanter, mais il y a quelque chose du registre de “sentir le rythme” et le manifester à travers mon corps qui m’est très difficile.

Ce soir, lors d’une discussion de fin de cours avec ma prof de chant (on avait justement fait un exercice très difficile pour moi, bouger et chanter en même temps), j’ai mis le doigt sur une caractéristique qui distingue ces deux sortes de mouvements, ceux qui me sont faciles et ceux qui me rendent toute pataude. Dans le mouvement sportif, ou le mouvement de tous les jours, on est dans du mouvement “intentionnel”. On cherche à faire quelque chose. Une action. A amener notre corps ailleurs ou autrement dans l’espace. C’est, d’une certaine façon utilitaire.

Quand on danse ou qu’on marque un rythme avec ses pieds et ses mains (une forme de danse, en fait?), on est dans un mouvement qui est plutôt expressif, je dirais. On ne cherche pas à accomplir quelque chose, on cherche à accompagner, soutenir ou marquer quelque chose d’intérieur.
Tiens, je me dis que ça doit sûrement exister, des typologies du mouvement.

Je me demande aussi s’il y a un élément “neuropsy” dans mon rapport très différent à ces deux familles de mouvements. Je sais, par exemple, qu’un exercice particulièrement difficile pour moi est de maintenir ma vigilance durant des temps morts de longueur variable, et d’agir ou non ensuite en fonction d’un stimulus (une lettre apparaît à l’écran: appuie sur la barre d’espace; si c’est un X, n’appuie pas). Je me suis demandé si ça pouvait avoir un lien avec ma difficulté de sens du rythme.

Par exemple, quand je chante une chanson, à moins d’être très entrainée, je rate tous les départs. Une fois dans la phrase, le rythme ça va. Mais savoir quand commencer, c’est toujours un problème. Si je tape des mains et que je chante en même temps je perds très vite le rythme des mains – ou alors je me concentre sur les mains et j’oublie de chanter.

Voilà. quelques réflexions que je voulais capturer. Si c’est un sujet que vous connaissez, je serais ravie d’en apprendre plus, j’avoue.

The Tweak to Google Tasks That Makes it Work [en]

I like Google Tasks. Most of my task management is paper-based, but when it comes to getting through my day, I’m married to Google Calendar. That’s where all my meetings are, and where, for a few months now, I’ve been scheduling my various activities for the day (including free time).

Here is what I use Google Tasks for:

  1. to pin a reminder for a “small thing” I want to get done today, but that I don’t think I need to schedule in order to get it done
  2. to pre-plan on which day of the week I’m going to get something done.

The second use-case isn’t much of a problem. When I get around to preparing my schedule for the day, the task in my calendar helps remind me that I need to plan time for that task on that day.

The first one is trickier: regularly, I will not get around to doing the task on that day (another story, but for the sake of this post, let’s just take this as a fact of life). This is where the handy “new” (I actually don’t know how new it is) feature that Google Tasks provides comes in really handy: if you let tasks slide, today’s task listing also provides one-click access to “pending tasks”.

Pending tasks are those from previous days that haven’t been done. From that list, you can easily mark them as done or edit them.

One of the reasons I had stopped using Google Tasks in the past was precisely because of what happen – rather, didn’t happen – when I let tasks slide. They would simply disappear from my awareness and get forgotten until they came back to bite me. The “pending tasks” feature prevents this, and it’s a godsend.

Untitled [en]

Everywhere I turn
Is something shining in the sun
Like a diamond
Like a pearl
A speck of life or love or fire
Catches my eye
Catches my breath
My heart runs off and takes me with it
I try to follow and keep the pace
I go left
I go right
A merry-go-round lost in the stars
Lights keep flashing in my brain
I singe my wings
The flame tastes sweet
Another one
Oh, look! Another!
I shatter in a million pieces
Sent across the universe
For if I were to remain whole
Those shiny things would steal my soul.

Broken World (Song) [en]

Can I write away the pain
The deaths, this broken world
Can I write sunshine into your life
And make it right

Can I write away the tears
The deaths, the broken dreams
Can I write hope into this world
And make it yours

If I could write it all away
And change these fearsome times
I would write until my fingers bled
And make it right.

– March 2022

Ce que je peux [fr]

Devant tant de douleur et de souffrance je ne peux que fuir. Le gouffre m’attire à lui et menace de m’aspirer tout entière, de me digérer dans les sucs de l’horreur dont est faite le monde. Comme un néant sur lequel on ne peut porter le regard au risque de court-circuiter son esprit, ou le soleil qui nous brûle les yeux, le gouffre de la souffrance du monde n’est pas quelque chose que l’on peut regarder trop longtemps sans se retrouver déchiqueté à l’intérieur.

Alors je jette un rapide coup d’oeil puis je pars en courant, pendant que je suis encore à peu près entière, à peu près moi, que je suis encore capable de faire, de fonctionner, et de sentir aussi. La culpabilité me pèse, évidemment. Celle du survivant, de l’épargné, du privilégié qui peut s’accorder le luxe de ne pas se brûler les yeux, ou l’âme, ou le corps.

Mais je lui réponds, le regard droit: qu’apportera ma douleur? Ma vie aura-t-elle plus de valeur, plus de sens, si je la tourmente volontairement par solidarité avec ceux qui n’ont pas ce choix? Ne me crois-tu pas capable d’empathie, de compassion, et même d’action, sans devoir pour cela me plonger encore et encore dans l’insupportable? Rentre à la maison! Moi, je retourne faire ce que je peux pour le monde.

– 31 mars 2022

Implicite [fr]

Il y a deux couches au langage. L’explicite et l’implicite. L’indice, et l’ordre. L’indice, c’est l’information que contient ce qu’on dit. L’ordre, c’est ce qui est dessous, et qui touche à la dimension relationnelle de l’acte de communication.

Quand je dis “j’ai faim”, à la surface je donne une information, mais il y a aussi une dimension qui touche ma relation avec la personne à qui je dis ça: peut-être que je lui signifie ainsi qu’elle doit faire à manger, ou m’apporter une pomme. C’est “l’ordre”.

Cet implicite, on le comprend dans le contexte de la relation à l’autre. Et on ne va pas tous “recevoir” ces implicites de la même façon. Certaines personnes vont ne pas entendre l’implicite, ou passer à côté, alors que d’autres sont sursensibles aux implicites et vont en entendre là où il n’y en avait pas.

Par exemple, la personne à qui je dirais “j’ai faim” (“j’ai faim, je vais partir manger dans quelques minutes”) mais qui comprendrait que j’attends qu’elle me prépare un petit plat (si c’est une collègue, elle pourrait trouver ma “demande” déplacée…).

C’est toujours utile de garder en tête qu’il y a ces deux couches dans ce qu’on dit, et que le relationnel se joue dans la couche la plus propice aux malentendus.

Bribes de pandémie 6 [fr]

Nous sommes là entre ces quatre murs, qui sont parfois huit, ou douze, ou seize. Peu importe leur nombre ils restent des murs. Entre dehors et nous, un pas à ne pas franchir. L’air m’appelle, je lui dis “bientôt”, et je reste dans mon cadre, sans dépasser des lignes. Ah, laisser courir l’aquarelle et mélanger les couleurs! Je plante une saxifrage et tourne le sablier. Nous regardons couler le temps, ensemble, dans un même regard usé, tandis que dehors la vie bat son plein et avance sans nous. Nous retenons notre souffle dans l’air immobile alors que souffle le vent dans les brindilles et bourgeons.

De nos murs intérieurs il n’est jamais question. Les yeux dans les yeux, je pénètre ton âme écornée par l’attente. Le jardin est fané, semis négligés. Pourtant l’an dernier nous l’avions tant aimé! Ma saxifrage est morte, et mon temps envolé.

***

Je sors en cachette, la nuit tombée. C’est très convenu mais c’est ça que je fais. Je ne croise personne et me roule dans les prés. Les étoiles veillent sur moi et mon rire alimente le ruisseau. La terre sent fort et j’aime ça.

De retour à pas de chat, je pose mes cheveux-graminées sur l’oreiller et ferme les yeux. Une étoile m’a suivie et scintille dans mon ciel.

Les pirates de Bellerive [fr]

Les pirates de Bellerive
Ont percé l’horizon
Chevauchant les nuages
De leur lagon turquoise

La tempête les fouette
Leur pavillon tient droit
Plus rien ne les arrête
Poursuivant la lumière

C’est un rêve d’enfant
Les montagnes et le vent
Un bleu tellement profond
La lueur des ténèbres

Image, emporte-moi
Crève ton cadre et jaillis
Mille éclats de soleil
Pour un instant de vie

Bribes de pandémie 5 [fr]

Dans la torpeur sèche du soleil de février
J’écoute le chant perdu de ce merle esseulé
Des insectes paresseux chatouillent le vieux matou
L’air pur de la pandémie vient bercer ma rose

Dans cet éclair qui nous dure, nos vies suspendues
Et nos liens distendus, fracas sourd en nos coeurs
Le vol de la coccinelle dans un rêve d’espace
Ouvre l’horizon d’un avenir plus serein

Bribes de pandémie 4 [fr]

Parfois il faut écrire pour voir ce qui vient. Il vient du vent, de la tempête ou de la pluie, parfois du soleil et les oiseaux qui chantent. La nature à travers mon être, l’odeur de la terre et la chaleur de l’herbe au milieu de l’été.

Parfois il faut écrire pour voir ce qui vient. Ça vient d’ailleurs, ou bien de moi, ce n’est pas toujours clair. Les mots s’alignent et le sens surgit, s’envole comme un oiseau qui n’est pas une hirondelle, ou parfois s’étale sur le sol comme un pot de peinture renversé.

Parfois il faut écrire pour voir ce qui vient. Avec douleur, avec tristesse, rarement avec joie. La mélancolie domine et me tire en arrière alors que mes doigts ne font qu’avancer. Tant d’années sur un clavier. De quoi est faite une vie? Qu’en reste-t-il quand elle expire?

Parfois il faut écrire pour voir ce qui vient. Pour voir ce qui va, aussi, et ce qui ne va pas. Pour tenter de mettre le doigt, désespérément, sur la clé, la source, l’origine, la solution. Démêler l’écheveau de l’être, insuffler de la vie dans le temps qui passe. La course effrénée au sens, encore, toujours, plus encore, il faut du sens si l’on ne veut pas mourir.

Parfois il faut écrire.