Pour une « nétiquette » de l’IA générative [en]

L’IA générative, c’est ChatGPT, Claude et consorts. Ce sont des outils à qui on donne des instructions, et qui produisent en réponse du texte. Il y en a également à qui l’on donne des instructions, et qui produisent des images, du son, voir de la vidéo.

Je n’ai pas pour objectif ici d’essayer de discuter de l’éthique lié à leur utilisation ou à leur entraînement. Il s’agit d’un tout autre sujet, dont il vaut par ailleurs la peine de discuter. D’un point de vue pragmatique, je les trouve suffisamment utiles pour les utiliser régulièrement. Mais ce dont je veux parler ici c’est comment éviter de gros faux-pas en matière de communication et de relationnel.

Voici deux usages très problématiques et que l’on voit malheureusement trop fréquemment:

  1. Laisser l’IA parler à notre place, tel Christian avec Cyrano
  2. Assommer les gens de copier-coller verbeux produits par une IA, version 2025 de RTFM

L’IA-Cyrano

Voici quelques exemples du premier cas de figure:

  • quelqu’un me pose une question, je la pose à ChatGPT et je réponds à mon interlocuteur avec la réponse que m’a donnée ChatGPT, comme si c’était moi qui parlais
  • je produis des visuels avec Midjourney ou autre et je les partage sur instagram sans préciser qu’il s’agit de productions d’IA générative
  • dans une discussion où je ne sais plus trop quoi répondre ou quoi dire, je demande la réplique suivante à mon chatbot préféré et je colle sa proposition
  • je demande à Claude de m’écrire un poème sur tel ou tel sujet, pour exprimer ceci ou cela, et je partage ce poème, sans préciser que ce n’est pas moi qui l’ai écrit.

Pourquoi est-ce que ces exemples posent souci? Ils posent souci d’une part parce qu’ils rompent le contrat social tacite des échanges sur les réseaux sociaux, ou par Messenger, ou des publications sur les blogs ou sites web personnels, que la personne avec qui on interagit est celle qui écrit les mots qu’on lit, ou produit l’art qu’on admire.

Ça s’apparente en fait à une forme de plagiat, au sens où l’on s’approprie une production qui n’est pas la nôtre, mais qu’on fait passer pour la nôtre. A la différence du plagiat classique qu’on a en tête, la source du contenu d’origine (l’IA) n’est pas le·la lésé·e, mais l’interlocuteur.

C’est avec toi que j’échange, que ce soit par messagerie ou dans les commentaires, ou c’est toi que je lis, et dans cette interaction entre toi et moi il y a des enjeux relationnels. Si tout d’un coup tu passes le clavier à quelqu’un d’autre sans me dire (humain ou machine), je suis trompée sur la marchandise.

Vous me répondrez qu’utiliser ChatGPT comme assistant pour écrire un e-mail délicat est un usage légitime de cet outil – et je suis d’accord. Où est la limite, alors, et pourquoi est-ce que l’e-mail ou la lettre ça peut passer, mais pas la réponse sur Messenger ou WhatsApp?

Je pense qu’il y a deux aspects à prendre en compte.

Le premier, c’est l’implication du locuteur perçu dans les productions de l’IA. Est-que c’est une vraie “collaboration”, je retouche, je retravaille, je “m’approprie” le texte produit pour que ce soit plausible que ce soit moi (si c’est moi qui suis supposé·e l’avoir écrit) – tout comme on le ferait en demandant de l’aide rédactionnelle à un autre humain, à un assistant en chair et en os, à un écrivain public? Ou est-ce que j’ai juste donné une instruction simple et pris le résultat tel quel, sans même le relire?

Le deuxième, c’est le contexte et le type de production. Un e-mail administratif, c’est souvent plus un exercice de style qu’une réplique dans une véritable interaction. L’e-mail administratif, c’est pas grave si je ne l’ai pas écrit toute seule comme une grande, si je l’ai fait écrire à ma cousine – tant que je signe. Un poème que je partage sur mon compte Facebook, par contre, s’il n’y a pas d’auteur indiqué, c’est implicite que c’est moi. Ou une discussion Messenger, un échange dans les commentaires: c’est une forme de discussion, très clairement, dans laquelle l’attente est que notre interlocuteur est un humain. (On adore tous les services clients qui vous proposent de “chatter avec un agent” qui se présente comme un être humain mais dont on sent bien que c’est à moitié un chatbot, n’est-ce pas?)

Et la zone grise? Peut-on collaborer avec une IA?

Je pense que pour sentir ce qui va poser problème ou pas, on peut simplement se demander si le rôle de l’IA dans notre histoire était tenu par un humain, si ça passerait. J’échange des messages avec une copine et je passe mon téléphone à mon voisin pour qu’il réponde, parce qu’il fait ça mieux que moi. Oui ou non? Je demande à mon voisin d’écrire un poème ou un récit pour moi, et je le colle sur mon profil sans préciser que c’est lui qui l’a écrit? Je pense qu’on sent bien que ça ne passe pas. Par contre: j’échange des messages et je ne sais pas trop comment tourner ma réponse, et mon collègue m’aide pour trouver la bonne tournure et me conseille – ça peut passer. Mais gare aux conséquences si en faisant ce genre de chose, la personne en face “sent” qu’on s’est fait aider!

La pente glissante avec l’IA c’est que celle-ci va produire rapidement et facilement des textes à la forme séduisante, rendant grande la tentation de simplement copier-coller sans autre forme de procès.

Faut-il pour autant renoncer à se “faire aider” par l’IA pour nos productions, quelles qu’elles soient?

Pour moi, il y a zéro souci de se faire aider par ChatGPT pour rédiger quelque chose, mais la transparence est importante. “Poème généré par ChatGPT sur mes instructions”, ou “Texte écrit avec l’assistance d’une IA”, ou “illustration générée par IA”, ça évite des malentendus. On évite de rompre le « contrat social », sur les réseaux sociaux en particulier, qui dit quand quelqu’un publie quelque chose, il l’a produit directement. On voit d’ailleurs de plus en plus que les plates-formes demandent à leurs utilisateurs de préciser si le contenu qu’ils publient est fait “avec IA”.

Un exemple personnel: j’adorerais composer des chansons mais je ne sais pas faire (enfin je peux, mais c’est nul, je n’y connais pas grand chose en musique). Aujourd’hui, grâce aux IAs génératives, je pourrais enfin composer/créer une chanson. Mais si je la partage ensuite avec d’autres, ça me semblerait normal de préciser que je l’ai faite en m’aidant d’une IA, et pas toute seule, à la force de mon talent et de mes compétences musicales.

Parlant de chansons, une histoire qui me vient en tête pour exprimer ce qu’on peut ressentir en lisant un texte qu’on pense avoir été produit directement par un humain, pour réaliser ensuite que l’IA est impliquée: Milli Vanilli. Quand on voit quelqu’un chanter au micro, dans un clip ou sur scène, c’est implicite qu’il s’agit de sa voix, à moins que la mise en scène nous fasse comprendre qu’il s’agit d’un acteur ou d’une actrice. Donc dans le cas de Milli Vanilli, quand on a découvert qu’en fait non, c’était quelqu’un d’autre dans le studio, ça a très mal passe.

Si c’est joli, où est le mal?

Un mot encore concernant en particulier les images. Sur les réseaux, on partage des tas d’images qu’on n’a pas forcément produites, donc le problème n’est pas tant là. A moins que je sois connue pour mes talents de photographe, si je partage une photo absolument splendide de quelque part au bout du monde, on peut imaginer assez aisément que ce n’est pas moi qui l’ai produite. (Bon, j’avoue que pour ma part, si je partage une image qui n’est pas de moi, il m’importe de le préciser. Mais l’écrasante majorité des gens ne le font pas, donc: norme sociale.)

Souvent, quand je fais remarquer aux gens que l’image qu’ils partagent est une image générée artificiellement, on me dit “oh c’est pas grave, c’est joli quand même!”

Le problème avec ce raisonnement est le suivant: en inondant notre quotidien de productions visuelles générées qui ne s’assument pas, on véhicule des représentations déformées du monde. Les images marquent. On voit quelque chose, ça nous reste. On part du principe que c’est vrai (“seeing is believing”, “le voir pour le croire”). Et donc on avale tout rond des informations visuelles fausses sur le monde dans lequel on vit.

Et si c’est de l’art? Le problème est le même. Etre exposé systématiquement à des productions mécaniques en pensant qu’elles sont humaines, ça finit par nous faire perdre la notion de ce qu’est ou peut être une production humaine.

On connaît tous l’impact catastrophique qu’a eu la généralisation de l’utilisation de Photoshop pour retoucher les photos de célébrités, donnant à des générations de femmes et d’hommes des attentes complètement irréalistes concernant le corps des femmes (et des hommes aussi, dans un deuxième temps). Ne tombons pas dans le même piège, et ne soyons pas complices de l’effacement de la frontière entre le vrai et le faux. La guerre cognitive ce n’est pas juste la “désinformation”. Il s’agit de nous faire perdre nos repères, au point de n’être plus capables de nous orienter dans le monde et de le comprendre. On est en plein dedans, là. Il faut se battre.

L’IA-RTFM

Le deuxième cas de figure consiste à copier-coller, brut de décoffrage, l’output d’une IA générative sur un sujet donné, le plus souvent dans un contexte conversationnel (messagerie instantanée ou commentaires). Exemples:

  • dans une discussion avec un collègue, on se demande s’il vaut mieux utiliser telle approche ou telle autre pour gérer une situation au travail; ni une, ni deux, je pose la question à ChatGPT, qui me fait une réponse joliment structurée d’un écran ou deux avec des listes à puces et du gras où il faut, je copie et je balance dans la conversation, en disant: “j’ai demandé à ChatGPT”
  • dans un groupe facebook, quelqu’un pose une question – je la soumets à l’IA de mon choix, puis je laisse un commentaire en copiant-collant la réponse, qui par sa forme et son ton, ne trompe personne sur son origine (ce n’est pas le but)
  • en séance de troubleshooting technique par Messenger, un des interlocuteurs colle dix étapes d’instructions générées par ChatGPT, qui supposément (!) contiennent la solution au problème.

Ici, il n’y a pas de volonté (ou de négligence…) de faire passer pour sienne une production non humaine. Explicitement ou non, on est bien transparent sur le fait que le texte en question est produit par un LLM. Où donc est le problème?

Le problème est que ce genre de procédé (un peu comme le message vocal non sollicité/consenti – il faut d’ailleurs que j’écrive à nouveau à ce sujet) charge l’interlocuteur d’un travail que le locuteur souhaite s’épargner. Le texte ainsi copié-collé est rarement concis, n’a généralement pas été vérifié par la personne qui l’amène dans la discussion, et même pas toujours lu! Il est jeté en pâture à l’auditoire, qui devra lui-même déterminer ce qui est à prendre et ce qui est à laisser dans cette réponse générée qu’il n’a pas demandée.

Pourquoi “RTFM“? En anglais, “Read The Fucking Manual” est une réponse généralement passive-agressive à une question, genre “demande à Google”, mais moins poli. Lis le manuel et démerde-toi.

Quand une réflexion commune (une discussion) est interrompue par un déversement de réponses IA brutes, c’est un peu comme si on copiait-collait la page Wikipedia du sujet dans la discussion. C’est au mieux maladroit, au pire extrêmement malpoli et condescendant.

(Tiens, ça me fait penser aux entreprises qui collaient des communiqués de presse tout secs des des articles de blog, à la belle époque. Ou qui répondaient dans les commentaires avec la langue de bois des chargés de comm.)

C’est très différent, évidemment, si les interlocuteurs se disent “oh, demandons à ChatGPT pour voir” et se penchent ensuite sur la réponse ensemble, qu’il s’agit donc d’une stratégie commune pour traiter le sujet en cours.

Mais la plupart du temps, ce qu’on voit, c’est un interlocuteur qui s’économise l’effort de véritablement prendre part à la réflexion en l’outsourçant d’une part à l’IA, et d’autre part aux autres interlocuteurs. Bien souvent sans penser à mal, cette introduction dans l’échange d’une quantité parfois écrasante d’informations de qualité inégale (voire carrément douteuse) peut faire l’effet d’un “Gish Gallop” involontaire, bloquant la discussion par surcharge informationnelle.

C’est une chose de donner un lien vers un article pertinent – qu’on espère de bonne qualité, et idéalement lu (on a d’ailleurs naturellement tendance à le préciser quand ce n’est pas le cas, dans le contexte d’une discussion), d’aller en aparté consulter l’Oracle-IA et de revenir enrichir la discussion avec ce qu’on en a retiré, ou de changer complètement la dynamique et l’équilibre de l’échange en imposant la présence d’un interlocuteur supplémentaire (l’IA) qui parle plus qu’il n’écoute.

La version courte?

ChatGPT n’a pas le monopole de la verbosité, j’en conviens. Je vous jure que j’ai écrit les plus de 2500 mots de ce billet toute seule. Donc, pour faire court:

  • C’est OK d’utiliser l’IA comme outil-assistant pour ses propres productions, et même dans certains cas de lui déléguer une production entière, mais il convient d’être explicitement transparent, particulièrement sur les réseaux sociaux et dans les interactions personnelles, sur le fait qu’il s’agit d’une production “IA” ou “avec IA” (certains réseaux recommandent d’ailleurs un étiquetage dans ce sens).
  • Il y a des situations où l’attente d’une production “100% authentique” par le locuteur est moins forte (certains e-mails, lettres, articles); dans ce cas-là, on peut certes s’aider d’une IA comme on s’aiderait d’une autre personne douée des mots, mais attention à ce que d’une part la “collaboration” en soit suffisamment une pour que cela reste “notre” production (à l’opposition d’une “délégation”) et que le résultat puisse passer pour tel.
  • Si on se retrouve à copier-coller des productions d’IA pour nos interlocuteurs au lieu de leur parler, que ce soit pour “donner des infos” (“regarde, ChatGPT a dit ça!”) ou “parler à notre place”, attention, ça va mal finir! Personne n’aime se retrouver à “discuter avec un robot” sans son accord, et encore moins sans être prévenu.

Et au risque de répéter une fois de trop: les LLMs sont des outils puissants, utiles et intéressants (excitants même) mais ils ne sont pas “intelligents”, ils ne “savent” rien, ils ne font que générer du contenu en fonction de modèles statistiques qui les guident vers le prochain élément le plus probable (un mot par exemple). Parfois, ils produisent de belles conneries sur un ton parfaitement sérieux et assuré.

Donc, si on demande à un LLM un résumé, une synthèse, une transcription, une version “à la sauce de”, il faut traiter sa production comme celle d’un stagiaire brillant pour certaines choses mais complètement à la ramasse pour d’autres: il faut passer derrière, relire, corriger, adapter. Les IA c’est bien pour débroussailler, pour faire le premier jet, pour réfléchir ou jouer avec des idées, pour débloquer des situations qui nous résistent, mais pas pour cracher le produit final.

La version encore plus courte:

  1. transparence concernant l’implication de l’IA dans le contenu proposé
  2. vérification et adaptation du contenu généré (forme et fond)
  3. respect de l’interlocuteur en assumant soi-même le coût (cognitif, social, temps…) lié aux deux premiers points.

You Again [en]

Oh hai
It’s you again
I thought I’d dealt with you
Written your ugly face into oblivion

I know, I did too much
Yesterday
I was happy to finally do things
That had been nagging at me for months

OK, I didn’t do what was planned
But hey
I did do stuff
That needed to be done

So I guess it’s my fault
Isn’t it
I should have known better
I should have done less

I should have known
That I’d pay today
And forced myself

To stop, to rest, to stick to the plan
Exciting plan of course
Taxes

And today I’m useless
Headache in the background
Shopping carts full to the brim
With colourful jigsaw puzzles I covet

I’m working tomorrow
I need to recover
I could use sympathy, you know
Or maybe even congratulations

For not hitting « buy »
For getting the message when I woke up
For not trying to push myself
For writing off the day

My taxes can wait
They’re already late
Let me off the hook for once

« It’s your fault it’s your fault it’s your fault »

Why can’t you just hear
That this is the bug in my programming
I’m looking for workarounds
But you don’t seem to care

You just keep showing up, Guilt
I won’t call you my friend
Though you and I
Are well acquainted

Be gone with you!
I’m fed up and tired
Go take a hike
Without me of course

To the end of the trail
That leads off the cliffs
I can tell you for sure
That you won’t be missed

Lâcher prise [en]

J’y bossais déjà, mais depuis mon accident, je prends des cours avancés de lâcher-prise. Avoir du temps mais ne pas avoir d’énergie, donc renoncer. Dire non à des propositions. Dire oui en sachant que j’aurais dû dire non, faire quand même et payer derrière, me promettre que la prochaine fois je dis non. Non aux autres c’est des fois pas toujours simple, mais le pire c’est de devoir me dire non à moi.

J’ai déjà assez de “je veux” pour faire déborder une vie sans commotion, à la base. Alors là, je vous laisse imaginer.

Ne pas aller en randonnée. Ne pas aller au judo. Ne pas ranger les cartons qui attendent pourtant. Ne pas faire mon admin qui commence à peser sur ma liste des tâches. Ne pas voir des gens – des gens que j’aime et que j’aimerais voir, mais mon quota d’énergie disponible est épuisé ou pris par autre chose.

Faire des projets et les défaire au fur et à mesure. Annuler. Décommander. Déplacer. Dire “ah oui ça je vais faire”, pas juste à moi, mais à l’autre, et ne pas faire, semaine après semaine. C’est pas nouveau, ça, vous me direz, mais c’est d’autant plus cuisant que je fais des efforts immenses pour justement ne plus garder que le minimum. Même le minimum, à mes yeux, c’est trop pour ma vie juste là.

Voir passer les mois amorphes et regarder en arrière: certes, une ou deux choses de faites, une poignée peut-être, mais surtout de la convalescence, de la récupération, du repos.

Ah, le repos. Le Graal, l’objectif, le truc à apprendre, en plus du lâcher-prise. Mais c’est pas simple. Y’a un ou deux films sympas, genre Flow et Moana, que je veux regarder depuis des mois. Parce qu’au moins quand je regarde un film, ou une série, je suis pas en train d’agiter mon cerveau à faire autre chose. Puzzles? Bien sûr – ça fait des semaines que j’ai tout le temps “mieux à faire” que de me mettre au suivant. Y’a toujours des choses plus importantes à faire que de me reposer. Ranger le coin de bordel à l’entrée par exemple. Mettre les habits propres de la lessive de la semaine dernière dans l’armoire. Ecrire un article sur mon blog (oups).

Lâcher prise, aussi, quant à l’illusion que “gérer sa vie” est un objectif réaliste. C’est nouveau comme idée, ça. Mon perfectionnisme, il se manifeste moins dans les choses que je livre ou que j’accomplis que dans ma façon d’organiser ou de gérer. L’organisation ou la gestion, ça doit être fait “juste”. J’aspire à la sérénité que m’apporterait une vie où je n’ai ni piles de bordel à ranger ni piles d’habits à plier ni tas d’admin à faire ni légumes morts au fond du frigo que j’aurais dû cuisiner. Une vie un peu sous contrôle. Pas rigide, hein. Juste, gérée – comme quand on arrive à la gare avec une minute ou deux en rab, qu’on peut marcher tranquille, même profiter de regarder autour de soi, de respirer un peu.

Je regarde autour de moi, et je crois que personne n’a ça. Et je me dis que les vies de 2025, en fait, si ça se trouve c’est juste pas possible de réussir à suivre. Il y a toujours des choses qui vont nous échapper. Je dois m’avouer que je ne suis pas encore prête à lâcher prise, là, je m’accroche à cette illusion: il doit bien y avoir un moyen de gérer tout ça pour que ça roule. Il faut juste que je le trouve.

Lâcher prise: de retour au travail cette semaine. Je veux dire et redire que mon employeur, dans toute cette histoire, a été exemplaire. Soutien, empathie, zéro pression, un vrai allié. Je n’ose pas imaginer que qu’auraient été ces sept derniers mois avec un employeur moins compréhensif. Mais lâcher prise, parce qu’au moment de mon accident, j’étais arrivée à un rythme de croisière dans mon projet, j’avais réussi à commencer à mettre en mouvement des choses, j’avais planté des graines, lancé des pistes, activé des contacts.

C’est comme si en février-mars j’avais préparé mon joli jardin: retourné la terre, identifié quoi planter où, mis mes semis, commencé à regarder les petites pousses sortir de terre. Et maintenant, je retrouve mon jardin après sept mois laissé à l’abandon, je ne sais plus ce que j’ai planté où, il y a des mauvaises herbes partout, la moitié des semis sont morts, il y a des trucs qui poussent mais que je n’arrive pas à identifier. C’est dans l’ordre des choses vu la nature de mon job. Mais là, je ne peux pas juste revenir et continuer à m’occuper du joli jardin. Je dois d’abord identifier ce qui a poussé, ôter les mauvaises herbes, voir s’il y a des petites plantes à sauver ici ou là, s’il est encore temps de planter pour une récolte tardive…

Allez, je laisse la métaphore du jardin, faut pas la pousser trop loin, mais là aussi, qu’est-ce qu’il y a à lâcher prise.

Accepter ce qui est hors de mon contrôle.

En l’occurrence, mes limites. On choisit pas ses limites. On choisit ce qu’on en fait, si on les écoute, déjà, si on les respecte, ensuite.

Et pour la majeure partie de cette année, non seulement mes limites se sont manifestées de façon à ce que je ne puisse pas les ignorer, mais en plus de ça, elles ont déménagé pour venir s’installer juste devant ma porte. Je n’ai qu’à ouvrir, et hop, elles sont là.

Alors, ne dramatisons pas: je vais bien, dans l’ensemble, j’ai passé un cap il y a deux mois ou quelque chose comme ça, je suis en reprise de travail et je suis prête pour (pas comme en avril où j’y suis allée en me disant qu’on n’était jamais à l’abri d’une bonne surprise, mais que ça me semblait tout de même bien chaud). Je reprends mes activités.

Mais toujours à vitesse réduite – comme le travail.

C’est ultra frustrant. C’est ultra frustrant de voir tous ces mois “perdus”, moi qui ressens toujours très fort l’urgence de le vie parce que la mort est à nos trousses et qu’on ne sait pas quand elle nous rattrapera. J’ai appris jeune que ça pouvait être très tôt. La vie n’a cessé de me le confirmer.

Mais je sais que si je veux pouvoir être active à l’avenir, je dois apprendre à ralentir. Donc oui, bien sûr, ces mois ne sont pas “perdus”. J’ai appris et j’apprends encore: à ralentir, à lâcher prise, à dire non, à accepter que je ne peux pas faire ceci, ni cela, ni ça.

Je me répète, vous trouvez?

Après sept mois de ça, et c’est pas fini, je crois que je peux me répéter un peu.

Je pense à des gens, j’ai envie de les voir, mais je m’arrête avant de lancer une invitation ou une proposition, parce qu’avant il y a: le sommeil, manger correctement, avoir un minimum d’activité physique, gérer mon ménage et mon admin sans griller mes neurones, m’occuper de mes chats et de ma santé (sérieux des fois j’ai l’impression que gérer sa santé et son admin c’est déjà un 50%), essayer d’aller au judo et au chant (ce qui implique: m’organiser pour avoir assez d’énergie à ce moment-là), faire un peu de place pour mes proches, ne pas complètement délaisser la communauté DF, me reposer… et maintenant, on rajoute 30% de travail, pour commencer.

Ça c’est juste la base.

Alors je me rends bien compte que la complexité de ma vie a un impact direct sur la complexité de sa gestion, que ce soit côté temps ou admin.

Lâcher des choses? Lâcher prise. Mais quoi? Pas pour le moment.

Je m’accroche encore à l’idée qu’il y aura moyen de faire fonctionner tout ça.

Et donc aujourd’hui, j’ai lâché prise: dans le train en rentrant de ma première journée de travail au bureau depuis ma reprise, j’ai sorti mon calendrier, j’ai posé une plage d’admin, en me disant “allez hop je fais une heure d’admin je vais régler des trucs qui trainent”, puis une petite pause, puis une autre plage pour ma “correspondance” (je vous dis pas le nombre de gens à qui je dois répondre un truc ou un autre), et puis je vais aller au judo, ça le fait, le vendredi le cours commence toujours un peu en retard, donc si je quitte la maison à 17h45 ça ira.

Lâché prise, dites-vous? Ça ne ressemble pas trop à ça. Et vous avez raison. Lâcher prise, c’est ce qui est venu après, quand je suis descendue du train chercher mon vélo, après avoir réalisé que j’avais quand même un sacré coup de barre (c’était l’heure des médics, mais quand même), que j’avais fermé mon ordi parce que les phrases que je lisais sur l’intranet n’atteignaient plus mes neurones, que j’étais au bout de ma première semaine de reprise de travail et que je n’avais pas trop mal à la tête mais que peut-être, peut-être, ce serait sage de me reposer d’abord un peu.

Donc j’ai lâché prise: j’ai envoyé valser la plage d’admin, la correspondance, et même le judo. Ce soir je me donne un seul objectif: faire les courses. C’est tout. Si je liquide un ou deux petits trucs d’admin qui me chatouillent le bout des doigts, c’est du bonus (j’ai fait: deux paiements, envoyer une facture pour remboursement, 5 minutes chrono). Si je suis inspirée pour écrire un truc, j’écris – c’est plutôt reposant, en fait, car pour moi c’est un moyen de penser tranquillement, plus lentement parce qu’il faut écrire. Ecrire, ça canalise mes réflexions.

Les habits à ranger, qui attendent depuis plus d’une semaine, ils attendront. La pile de courrier à moitié ouverte, le coin en bordel à l’entrée, les légumes au fond du frigo: ils ne sont pas à ça près. Je lâche prise. J’accepte que juste là, me reposer est plus important que “faire”.

Enfin, j’essaie.

Se mettre à la place de l’autre, littéralement [en]

Quelques réflexions sur 30 ans de judo à jouer à la fois le rôle de l’un et de l’autre, ce que ça inscrit dans le corps concernant l’importance de prendre en compte le point de vue de l’autre, comment ça s’applique aux relations et interactions en général, à l’expérience utilisateur, à une communauté consacrée au diabète félin, aux blogs et à Facebook, pour terminer sur une note concernant l’erreur fondamentale d’attribution (un biais cognitif qu’on devrait tous connaître). Rien que ça!

(Je suis pas super contente de la synthèse résumée que m’a pondu chatGPT à partir de la transcription brute, donc ça attendra soit que je la retravaille assez, soit que je la fasse toute seule comme une grande… mais en attendant vous pouvez déjà regarder la vidéo!)

Faire les choses qu’on veut faire [en]

Avec un TDAH, ça revient toujours à ça: on veut faire quelque chose, quelque chose qu’on a envie de faire, pour de vrai, mais on ne le fait pas. C’est la fameuse difficulté d’initiation de tâche. Quand il s’agit de faire le ménage, les impôts ou la vaisselle, tout le monde comprend bien qu’on peine à s’y mettre. Mais quand il s’agit de faire des choses qu’on désire véritablement et qu’on aime, on se sent vite très seul face à ça (et que démarre l’auto-gaslighting: si j’arrive pas à m’y mettre, peut-être que j’ai pas si envie que ça, et autres conneries du genre).

Donc, comment faire? D’abord, ça va de soi mais en fait pas forcément, vérifier que le problème est vraiment une histoire d’initiation de tâche, et qu’il n’y a pas des enjeux affectifs, logistiques, ou autre à détricoter avant. Ensuite, c’est clair que “ce qui marche” va dépendre de la personne (les personnes avec un TDAH ne sont pas des clones), et ce qui marche pour moi ne marche peut-être pas pour vous, et vice-versa.

Pour ma part, “mettre des objectifs” (dans le sens de “buts”) ça n’aide pas, même au contraire. Ça me décourage, ça me paralyse, bref, ça ne marche pas. La récompense sous forme de “carotte” non plus (à ne pas confondre avec la récompense-renforçateur), parce que bon, le truc sympa que je m’offre à la fin, je peux me l’offrir que je le fasse ou pas. Une deadline artificielle, ça ne marche pas non plus, parce que mon cerveau sait très bien que c’est “pour de faux”, donc ça ne reproduit pas la pression de l’urgence qui rend le TDAH super productif quand il a le couteau sous la gorge.

Allez, voilà ce qui ne marche pas.

Ce qui marche?

Programmer: cela signifie planifier suffisamment soigneusement le déroulement de la journée, réserver du temps pour la chose en question (“de telle heure à telle heure”), m’assurer que je vais avoir ce qu’il faut à disposition pour le faire.

Créer des habitudes: chez moi, quand l’habitude est en place, ça marche assez bien. Tout le souci est de construire l’habitude. Ce n’est pas trivial de construire une habitude, et ça demande du temps et de la méthode. En particulier, il faut réfléchir à où on peut “accrocher” notre habitude dans nos activités déjà existantes. Par exemple, je veux prendre le pli de travailler mes chants chaque semaine. Est-ce qu’il y a quelque chose que je fais déjà chaque semaine, et auquel je pourrai “joindre” cette activité que je veux mettre en place?

Body-doubling, ou faire avec quelqu’un: une méthode vraiment très puissante, qui peut prendre diverses formes, depuis “on se donner rendez-vous une fois par semaine avec une copine pour manger ensemble et répéter nos chants” à “j’ai quelqu’un sur Messenger avec qui je fais des plages de rangement ou d’administratif en synchro” en passant par “un pote vient me tenir compagnie pendant que je range”.

Décomposer: parfois, l’initiation de tâche coince parce que les étapes de pour commencer la tâche ne sont pas claires. Décomposer, bien plus en détail que ce qu’on pense (il faut penser “petites actions comportementales”, si vous faites de l’éducation canine ou féline vous voyez ce que je veux dire), et noter la séquence sur un papier, ça permet de ne pas avoir à garder dans sa mémoire de travail l’enchainement.

Ça parait tellement con qu’on ne le fait pas, je sais. Un exemple pourrait être, pour écrire: ouvrir le document xyz; écrire une phrase; écrire une deuxième phrase. Ou pour les impôts: descendre au bureau; sortir la fourre avec mes papiers d’impôts; ouvrir l’ordinateur; ouvrir VaudTax; créer le fichier pour cette année. Il ne faut pas avoir peur d’aller ridiculement dans le détail.

Dix minutes d’effort: quand vraiment tout est en place et qu’on est devant la tâche et qu’on bloque (écrire typiquement, faire les impôts, bosser), mettre un timer pour 10 minutes et faire un véritable effort, honnête et concentrer, pour avancer 10 minutes sur la tâche. Au bout des dix minutes, soit on est lancé et on peut décider de continuer, soit, si on n’arrive vraiment pas, on peut décider de lâcher l’affaire et de reprendre une autre fois, ou d’une autre façon.

Penser à l’environnement: notre environnement (au sens large) joue un bien plus grand rôle que ce qu’on croit dans notre capacité à faire telle ou telle chose. Vous connaissez tous le phénomène des vacances ou du voyage: on vit mieux, on prend une habitude (genre se détendre, lire) et on se jure qu’on continuera une fois de retour à la maison. Mais non, une fois de retour dans notre environnement habituel, ça ne tient pas. C’est pas un manque de volonté, c’est un angle mort.

Donc, prenons la tâche ou l’activité qu’on veut faire ou mettre en place: comment peut-on configurer notre environnement pour favoriser l’initiation et l’accomplissement de la tâche? La partie planning d’agenda plus haut prend soin de l’aspect temps, mais quid de l’aspect espace?

Un exemple chez moi est celui des alarmes lumineuses (oui, un article à écrire juste là-dessus, ça viendra) qui me “rappellent” que c’est l’heure du repas ou du coucher. Un autre exemple, si je veux partir en randonnée le matin, c’est de sortir et préparer mon sac et mes affaires, et les mettre quelque part de visible quand je me lève.

Ou bien, je veux passer moins de temps sur Facebook, j’ôte l’application de mes favoris sur l’écran principal de façon à ce que je doive la chercher et qu’elle ne me tombe pas sous les yeux. Je dois penser à faire quelque chose demain matin, je mets un post-it sur l’armoire au-dessus de l’évier, que je verrai en préparant mon petit-déjeuner.

Ou encore: j’ai un tracker pour certaines choses que j’essaie de mettre en place ou sur lesquelles je veux me focaliser, il est imprimé et sur la table de la cuisine là où je ne peux pas le rater, et pas dans mon téléphone sous forme numérique (là où je vais me trouver embarquée à passer une heure sur facebook alors que je voulais remplir mon tracker). Et puis: je travaille au bureau et pas dans mon salon.

Il ne faut pas oublier la question de la motivation: c’est lié à ce que j’ai dit au début de cet article, vérifier que le problème est vraiment juste un problème d’initiation de tâche, mais ça ne s’arrête pas là. Se reconnecter à pourquoi on a envie de faire quelque chose, ça peut faciliter l’initiation. Et on peut utiliser l’environnement pour ça, suivant quand.

Premier exemple, qui n’est pas vraiment une tâche que j’ai “très envie” de faire: je veux ranger mon linge propre. Mais pourquoi je veux ça, en fait? Parce que j’ai envie de vivre dans un environnement qui me fasse du bien, déjà, et l’absence de rappels visuels de “choses à faire” (le panier rempli de linge) ça aide à aller dans ce sens. C’est un peu une motivation par la négative, mais ça m’est utile de me souvenir que c’est pas parce que “bah ouais le linge faut le ranger”, mais en fait que je vais en tirer un bénéfice et que je serai contente quand ce sera fait. Aussi, j’aime pouvoir m’habiller en trouvant mes habits à la place dans l’armoire plutôt que devoir fouiller dans un tas de linge toujours plus en bordel.

Deuxième exemple: demain j’ai envie de faire une balade en forêt. Parce que j’aime être dans la forêt – je peux visualiser et “sentir” ce que ça va me faire d’être là; parce que ça fait du bien à mon cerveau et je veux favoriser ma récupération; parce que ça fait du bien à mon corps de faire de l’exercice physique et que je sais que je me sentirai mieux après.

Avec un TDAH, le drame c’est qu’on a justement beau être “connecté à sa motivation”, on n’en arrive pas forcément pour autant à initier la tâche. (“Tu veux mais tu peux pas.”) Mais j’insiste sur la question de la motivation car c’est un prérequis. L’histoire de mes alarmes lumineuses pour manger à des heures décentes et me coucher avant 3h du matin, ça ne marche pas magiquement tout seul. Ça marche parce que je suis vraiment motivée à reprendre la main sur le rythme de mes journées, je veux vraiment me coucher plus tôt et manger à des heures un peu raisonnables, et j’ai déjà essayé de corriger ça juste par la force de ma volonté, sans succès. L’alarme lumineuse, elle vient donc vraiment comme une aide, un soutien, une béquille sur laquelle je peux m’appuyer pour faire ce que je veux. On n’est pas du tout dans une logique de “lumière qui me dit ce que je dois faire alors que je veux pas”.

C’est marrant d’ailleurs, parce que quand je parle de stratégies de compensation, c’est souvent ça la réaction des gens: “ah non mais moi je veux pas avoir un horaire rigide, ah non mais moi je veux pas faire quelque chose juste parce qu’il y a une alarme, ah non mais moi je déteste avoir une liste qui me dit quoi faire”. Non mais bon, si tu veux pas faire, fais pas, et mets pas en place des stratégies pour tenter de te faire faire ce que tu ne veux pas faire. C’est pas là pour ça. C’est là pour ce que tu veux faire. Que tu veuilles le faire parce que tu aimes, que tu veuilles le faire pour t’éviter des ennuis, que tu veuilles le faire parce que c’est la chose juste ou importante à faire, que tu veuilles le faire parce que c’est important pour quelqu’un que tu aimes… La stratégie de compensation, elle est au service de ce “je veux”. Pas autre chose.

Si vous avez d’autres stratégies ou astuces pour surmonter des difficultés d’initiation de tâche, ou si vous avec une tâche ultra-résistante pour laquelle vous aimeriez bien trouver une stratégie, hop hop on met ça dans les commentaires! Je me réjouis de vous lire (ou pas, si vous n’écrivez pas) et sur ce, je m’en vais initier ma préparation de repas 🫣!

Vrac avant reprise de travail [fr]

Je peine à trouver du temps pour écrire, ça c’est pas nouveau. Ce qui est nouveau, c’est que je me suis rendu compte, ces derniers jours, que quand j’écris pas il y a une sorte d’accumulation de charge mentale qui se crée. Pas juste de “l’activité d’écriture” remise encore et encore à plus tard, mais du contenu de ladite activité d’écriture qui s’entasse dans mon cerveau déjà bien chargé.

Au-delà de la pile d’articles en gestation dans ma tête, je me suis dit que ça me ferait peut-être du bien de juste partager ici ce qui vient. C’est pas la première fois que je fais ça, évidemment. Mais si on regarde, je suis sûre qu’on verra que c’est un type de publication qui vient souvent après une période de sécheresse rédactionnelle. C’est probablement pas pour rien.

Et puis, depuis mon accident, j’ai au fond peu réussi à donner des nouvelles de comment se passaient les choses et ma vie. On va commencer par là.

Lundi, je reprends le travail, à temps très partiel les premières semaines, déjà, puis on avisera (je refais le point avec le neurologue à la fin du mois). Après sept mois d’arrêt complet, il est temps. Je crains un tout petit peu la “mauvaise surprise” côté fatigue, parce que regardons les choses en face, en sept mois j’en ai collectionné, y compris une tentative prématurée de retour au travail à Pâques. Quand j’y repense maintenant, ça me paraît surréaliste. Au fond, toute cette histoire me paraît surréaliste. Parce que, comme je l’ai déjà mentionné, il y a un large pan de ma vie où je me vis comme “tout à fait normale”. Mais s’il y a ça, c’est aussi grâce au fait que je ne travaille pas, que mes activités sont réduites, que je ne mets pas de réveil le matin, que je peux faire une sieste si j’ai besoin. C’est quand même une période de vie bien étrange.

Au-delà de mes réflexions de fond sur le sens de ma vie (il faudra que je vous parle de la Révélation des Bois du Jorat), mon avenir professionnel à moyen terme, la façon dont je gère mes activités, mes relations et ma fatigue, je réfléchis beaucoup aux outils qui nous permettent de nous connecter les uns aux autres en ligne. Ce n’est pas nouveau, comme intérêt – on pourrait même dire que c’est un des fils rouges de ma vie – mais la suspension de mon compte Facebook fin août m’a donné un coup de pied aux fesses salutaire pour me pencher sérieusement sur la possibilité de construire un écosystème d’outils et de plateformes ouvert, qui ne soit pas régi par la logique capitaliste du profit à tout prix.

Au début il y avait le blog, pourrait-on dire (pas tout à fait vrai, mais quand même un peu), et il y a quelque chose d’assez magique dans le fait de pouvoir jardiner son petit coin à soi d’internet tout en étant en interconnexion avec autrui. Mais tout le monde n’est pas jardinier. Certains veulent juste avoir quelques pots sur leur balcon, ou admirer les jardins des autres, ou acheter quelques fleurs coupées. Il faut trouver un moyen d’amener ensemble ces différentes personnes, ce que fait une plateforme comme facebook, mais en limitant les jardiniers à une petite parcelle bien délimitée qui ne leur appartient pas, genre jardins familiaux. J’ai rien contre les jardins familiaux, mais les vrais sont conçus selon le modèle associatif ou coopératif, pas gérés à la façon d’un gouvernement totalitaire par une grosse entreprise capitaliste. Je pense qu’on peut creuser et filer encore un peu cette métaphore.

Si ce sujet vous intéresse, je vous invite à lire ma série “Rebooting the Blogosphere“, en la mettant dans un traducteur si l’anglais est un obstacle. C’est un peu technique par moments, mais pas que.

Donc, difficile de trouver le temps d’écrire, comme toujours. A quoi me suis-je occupée?

Après le week-end du Jeûne, j’ai eu une semaine très étrange où j’ai dormi une bonne heure de plus par nuit en moyenne que d’habitude, avec maux de tête en continu et sensation d’avoir passé sous un rouleau compresseur dès le réveil – zéro énergie. Ça s’est gentiment arrangé au bout d’une semaine, dix jours. J’ai initialement pensé que j’en avais trop fait durant le week-end (une “petite balade” qui s’est transformée en randonnée de 5h30 sur un mini sentier au pied des falaises de l’Ardèche), mais à ce stade le consensus semble être que ça devait être un virus. On ne saura probablement jamais. Mais bref, une semaine durant laquelle j’avais prévu de pouvoir faire plein de choses, parce que j’allais vraiment beaucoup mieux depuis quelque temps, “perdue” au final. Et ça m’a stressée, vu la reprise de travail programmée. Mais là ça va, c’est passé.

Oscar a eu chaud (et moi aussi): pancréatite, anorexie, j’ai dû lui faire mettre une sonde oesophagienne (sinon il ne s’en sortait pas). Ça n’a pas été simple a gérer, ça a été stressant (d’autant plus avec mon absence durant le week-end du Jeûne), mais il s’est bien remis et a maintenant repris sa petite vie, avec 300g en moins. Sa vie: descendre à l’eclau pour occuper la place et taper sur Juju s’il est là, se faire servir “au lit” la pâtée du matin et du soir (médics) sur mes doigts, faire un saut sur le balcon, sortir quelques fois par semaine et tenter de rattraper Juju (mais le bougre bouge vite!) ou plonger dans les buissons impénétrables, manger, boire, faire un petit brin de toilette de la patte qui reste et du museau quand ça le prend, faire la tournée des différents dodos à différents moments de la journée.

Allez, d’autres choses en vrac:

  • devoir mettre un titre à un article de blog ajoute beaucoup de friction (je commence d’ailleurs de plus en plus souvent à écrire sans mettre de titre, et je rajoute un truc après)
  • Juju ressemble à un petit tonneau, j’attends depuis plus d’une semaine qu’arrivent ses nouvelles croquettes pour chat vieillissant et grassouillet
  • Café-Café, le choeur dans lequel je chante, sera en concert demain à Payerne (concert-brunch!) et le 1er novembre à Courtételle; moi pas, car si j’ai repris le répétitions, je ne suis pas encore au point pour la scène et vu la coincidence avec ma reprise de travail, il est plus sage que je me repose; déçue et frustrée mais c’est comme ça
  • j’ai fait le saut et pris un abonnement chez Backblaze (100.-/an) pour faire une sauvegarde distante de tout mon ordi, disques durs externes compris, et la sauvegarde départ a fini de tourner (près de 3TB) – rappel: Google Drive, iCloud, Dropbox et cie ce ne sont pas des sauvegardes, c’est de la synchronisation; mieux que rien mais pas une aussi bonne assurance contre la perte de vos données
  • j’ai pris le temps d’exporter tout mon contenu Facebook (profil depuis sa création, pages de mes chats, etc) – y’a un article à écrire car c’était quand même un peu laborieux
  • à qui appartient le contenu d’une communauté? quand j’exporte mes données facebook, elles perdent leur contexte interactionnel: les discussions dans les commentaires, etc… c’est très insatisfaisant; il y a des conversations auxquelles j’ai pris part et qui comptent pour moi dans les commentaires de publications qui ne sont pas les miennes, par exemple
  • j’ai testé le support Meta Verified, celui qu’on a quand on “paie” facebook et instagram pour avec le petit vu bleu et ne pas avoir de pubs; bilan mitigé mais j’ai quand même passé 10 min au téléphone avec un vrai être humain! Là aussi y’a des articles à écrire pour rentrer dans les détails
  • je réfléchis à comment faciliter la transition des personnes habituées à facebook vers le web social ouvert, c’est encore en train de mûrir
  • dans le même ordre d’idées, je réfléchis à comment gérer la transition future (horizon un an, disons) de la communauté Diabète Félin vers Discourse, et quel rôle pourra ensuite jouer le groupe facebook dans l’écosystème de la communauté (car il faut encore garder un pied dans Facebook pour être trouvé)
  • concernant ce blog, il y a pas mal de ménage à faire, entre autres dans le but de le “pluguer” dans le Fédivers/Fediverse, où est en train de se construire le web social de demain (voir Join the Social Web, le plugin ActivityPub, brid.gy, etc)
  • Fediverse? ActivityPub? Vous savez comme l’e-mail, chacun peut faire une adresse e-mail un peu où il veut (Gmail, Hotmail, Bluewin, Outlook, Yahoo, Proton) ou même l’héberger soi-même, et que ça n’a pas d’incidence sur à qui on peut envoyer des mails et de qui on peut en recevoir? Idem avec les numéros de téléphone, ou les sites web et les flux RSS; l’idée c’est d’avoir quelque chose de similaire pour les réseaux sociaux (parce que là maintenant si on est sur Facebook, les seules personnes avec qui on peut se connecter c’est les gens qui sont déjà sur Facebook… LinkedIn idem)
  • j’ai réinstallé mon téléphone qui souffrait de manque de place… aussi un article à écrire: j’avais 65Gb (sur 128!) de “System Data” alors que normalement ça doit tourner autour de 10Gb… chiant et stressant mais je suis contente de l’avoir fait, je revis!
  • j’ai aussi fait pas mal de ménage sur mon ordi, entre autres pour ranger correctement sur un disque dur externe toutes mes vidéos live et mes sauvegardes de réseaux sociaux, blogs, google drive et compagnie; les nuages c’est top, perso je suis fan, mais il faut avoir des sauvegardes! J’ai pris des notes, mais je devrais mettre ça dans un article pour que ça puisse servir à d’autres
  • on saute du coq à l’âne: j’ai de nouveau remarqué (de nouveau) que quand je fais mes courses, j’achète des choses en pensant aux repas que je vais cuisiner avec, mais une fois à la maison, je mets tout au frigo et pouf, les idées et le “planning” de repas disparaît; donc je suis en train d’essayer de noter sur post-it mes idées (avec dates limites) quand je rentre et que je réduis les courses, et de les coller sur mon planning semaine; ça me permettra aussi d’apprendre à mieux évaluer quelle est ma capacité (énergie) de cuisiner au fil de la semaine
  • je continue l’entrainement cognitif chez Holisquare et mes performances progressent, ce qui est rassurant! je trouve ultra intéressant ce sur quoi ils travaillent, et j’avoue que ça titille ma fibre entrepreneuriale, d’autant plus que ça concerne entre autres une problématique de santé (la commotion) généralement très mal prise en charge par notre système de santé
  • parlant de système de santé, là aussi y’a un article à écrire (des), je croise de plus en plus d’histoires horrifiantes qui montrent que même dans notre jolie Suisse, si tu as pas les connaissances médicales, pas la connaissance du système, pas les ressources pour défendre ou faire défendre tes intérêts, t’as toutes les chances de pas être bien pris en charge (entre autres: deux nanas de mon entourage très certainement dopées au GHB et qui ont été traitées comme des cas de cuite à l’alcool aux urgences)
  • parlant de systèmes tout court, j’ai le sentiment qu’on voit maintenant dans tous nos systèmes administratifs les conséquences d’années de gestion “capitaliste”, même dans le service public: on veut économiser, être plus performant, faire plus avec moins, optimiser, rationaliser… et maintenant les machines (systèmes, processus) commencent à casser, et on en fait les frais; j’ai perdu toute confiance lorsque je dois faire des démarches administratives: je dois faire le suivi, relancer, relancer encore, protester, réclamer, me fâcher ou pleurer suivant les cas…
  • parlant de la dégradation de tous nos systèmes administratifs: dans le monde du travail d’aujourd’hui, il faut tout faire plus vite; j’en parlais avec un contact cadre dans une grosse entreprise: on fait les mêmes heures mais le rythme d’activités pendant ces heures n’a plus rien à voir avec il y a 20 ou 30 ans, on enchaine les réunions, on n’a plus le temps de réfléchir, il faut faire, faire, faire et en plus, faire vite…

Allez, ça fait une heure et quart que j’écris, je m’étais dit une heure, je vais vous laisser là. Pour aujourd’hui. Je me suis dit que ce serait peut-être un bon exercice, de m’entrainer à faire des articles qui tiennent en une heure. Pour pouvoir me dire (oui je me dis beaucoup de choses): “OK, j’ai une heure, j’écris” – alors que jusqu’ici, pour écrire, souvent j’ai besoin d’avoir le sentiment d’avoir tout le temps du monde pour m’y mettre. Peut-être qu’il y a écrire et écrire, d’ailleurs. Je m’étais dit la même chose pour la vidéo: je veux faire plus de vidéos (maintenant que Facebook a plus ou moins tué les Lives en ce qui me concerne), mais avec une limite de temps. Vingt minutes? dix minutes? A méditer.

Comme toujours, merci de m’avoir lue si vous avez tenu jusqu’au bout. Laissez un commentaire pour me dire coucou, c’est vrai qu’après avoir été formatée Facebook pendant des années, on a parfois l’impression de bloguer dans le désert (l’intégration avec le Fediverse devrait contribuer à résoudre ce problème).

Sortir de Facebook? 1. Micro.blog [en]

Je suis en train de regarder Micro.blog — un service super simple qui permet de poster des choses qui ressemblent à des statuts facebook ou même des articles de blog si on veut s’étendre, avec liens et photos. Et les choses publiées “apparaissent” comme des publis dans les réseaux sociaux “fédérés”, autres que facebook donc: Mastodon, Bluesky, Threads.

On peut s’abonner pour suivre d’autres microblogs mais aussi n’importe quoi qui produit un fil RSS (comprendre: n’importe quoi ressemblant un peu à un blog, généralement, sorry pour le jargon technique).

Ça coûte entre 1 et 5 dollars par mois pour les versions de base (micro.one est à 1$).

Pour les gens qui cherchent une alternative “techniquement simple” à une page facebook ou même à un profil facebook, ça vaut la peine de regarder.

Bien sûr, ce qu’on n’y trouve pas, c’est tous les liens sociaux existants qu’on a sur facebook, on ne peut pas les “exporter”. Mais on peut aller dans ce sens: déjà, il y a des tas de gens avec qui on est connectés sur facebook qui sont déjà sur threads, mastodon, bluesky ou autre – on peut donc s’y connecter là. Ensuite, il faudrait que je regarde s’il y a moyen “d’importer” un microblog dans une page facebook, comme je le fais pour mon blog Climb to the Stars (cette page-là elle se fait toute seule, par exemple; chaque fois que je publie quelque chose sur mon blog, ça fait une publi sur la page facebook).

Mais quel intérêt, à ce moment-là, me direz-vous? Si c’est pour publier ailleurs un truc qui finit quand même dans facebook pour toucher les gens qui y sont? Eh bien, c’est que le jour où facebook vous tire la prise, comme ils ont fait pour moi le 22 août, les dégâts sont bien moindre. Aussi, au fur et à mesure que les gens se détachent de facebook et quittent la plateforme (croyez-moi, c’est en train de venir), eh bien vous serez déjà “là ailleurs” pour les accueillir.

En passant, cet article de blog a commencé comme une publi facebook. C’est un exemple typique de ce dont je parle dans ma série “Rebooting The Blogosphere“: on est sur facebook (ou Mastodon, ou LinkedIn, ou autre), on se dit qu’on va vite écrire un petit truc, et on finit par pondre une demi-douzaine de paragraphes. En tous cas, c’est ce qui m’arrive régulièrement à moi.

Les gens me disent souvent: un blog, j’y pense, mais bon je sais pas quoi y écrire, ou je sais pas si j’arriverais… beaucoup d’entre vous sur facebook, vous le faites déjà en fait. Vous êtes déjà en train de “bloguer”, si on veut, sauf que vous le faites quelque part où ce que vous écrivez ne vous appartient pas. La distinction semble académique jusqu’au jour où, justement, Facebook décide pour xy raisons que vous êtes persona non grata, et refuse de répondre au téléphone quand vous souhaitez réclamer…

De mon côté, je réfléchis sérieusement à utiliser micro.blog pour les pages facebook de mes chats, par exemple (voir celle d’Oscar et celle de Julius).

  • Si ça vous parle et que vous souhaitez un coup de pouce pour vous y mettre, faites-moi signe!
  • Et si vous avez des questions sur ce que je raconte, y compris parce que ce n’est pas convainquant… questionnez, questionnez…
  • Et si vous avez sur votre radar des services autres que micro.blog qui pourraient faire l’affaire, dites-moi – ceci n’est qu’une réflexion préliminaire 🙂

(J’ai numéroté cet article parce que je pense faire une série “sortir de facebook”.)

Rebooting The Blogosphere (Part 3: Integration) [en]

Start with part 1 (activities), then part 2 (interaction). Sorry this 3rd part took a little longer than intended to come out.

In parts 1 and 2 of this series, I covered some types of activities (reading, writing, responding, sharing) that come into play in the text-driven social web, as well as the different flavours of interaction that make up our online relations (more or less synchronous, and related to that, contribution length in those exchanges).

What this is all about is figuring out how blogging can learn from what made “The Socials” (which became the big capitalist social networks we all know) so successful, to the point that many die-hard bloggers (myself included) got sucked up in the socials and either completely abandoned their blog, or left it on life-support. I believe that understanding this can help us draft a vision for how things in the “open social web” (I’ll keep calling it that for the time being) can work, now or in the near future, to give us the best of both blogging and the socials, without requiring that we sell our souls or leave our content hostage to big corporations.

So today is part 3, which I’ve called “Integration” (initially tried “Friction”, a key part of the story), which is about bringing all of this together.

Part 1 already kicks off this idea: what the socials do really well is remove friction, in particular by bringing in the same interface writing/posting, commenting, reading. They do it really well, but inside their walled garden. If we try and start with blogging as the centre, what would it look like? Let’s try.

Start with reading

First of all: reading and following. RSS works, and we still have RSS readers despite Google almost making the ecosystem go extinct when it killed Google Reader. What we need is two things:

  1. make it super easy to subscribe to a blog, wherever I stumble upon it – as easy as following somebody on the socials – and make it visible
  2. from my “reading interface” (ie, the RSS reader), make it super easy to comment, share, react or link to a publication and start writing something new

Frictionless subscribe is well on the way, as far as I can see: I recently installed NetNewsWire, and since then, I can “share” any site I have open in my browser to the app (on my computer or my phone) and it will look for the feed and add it to my subscription list. The desktop and phone apps sync through iCloud. That works for me. It’s easy enough. I see a blog I like, I click twice and confirm, we’re good.

FeedLand makes it super easy to subscribe inside its own ecosystem (just tick a checkbox next to a feed you see in somebody else’s subscriptions), and has a bookmarklet, but it’s not as seamless. For example, after using the bookmarklet, I’m not “back on the page I was reading”, I’m inside FeedLand. I’m sure this kind of thing can be fixed. This is just to illustrate the kind of thing we need: some integrated way, ideally through the “share” menu (assuming it also exists in non-mac environments?), to “stupid-subscribe” to an RSS feed.

What FeedLand does that is great is make the subscriptions public, just like the people I’m following or connected to on the socials are visible to others. I can even embed them in my blog to use as a blogroll.

So, let’s say the subscription problem is pretty much solved, or nearly so. The second one is much, much trickier, and I think it’s the key to everything. (At least, one of the keys.)

In my “reading interface”, be it NetNewsWire or my FeedLand river (the “newsfeed”), I’m seeing the blog posts I’ve subscribed to. Let’s assume for now that how they are displayed is a question of user/tool preference and something we know how to do. For example, do I want to see the posts “mailbox-style” (with headers that I click on to display the post), or “newsfeed-style” (like a facebook newsfeed, with more or less long excerpts)?

Add reacting

Let’s concentrate on the next step: reacting, commenting, sharing. Can I do that easily? The screenshots above show that there is some intention in the right direction, but not enough. The desktop app gives me a share icon. FeedLand allows me to reshare inside FeedLand. I can star/like, but it remains local to the “reader software”.

This is where we need more. When I read a post I’m subscribed to, it should be trivial to:

  • “like” it, if the tool producing the post supports it
  • “comment” upon it, if the tool producing the post supports it
  • “share” to a tool of my choice, be it the socials, a bookmarking service, or my blog – with or without extra content on my part (I could write a whole blog post with a reference to the link in it, or I could just post the naked link to Bluesky if I wanted to)

While we are at it, I should also be able to see if there are comments visible to me, as well as likes/shares.

All this should be possible without leaving the reading interface.

Of course, this requires a slight mindset change for us bloggers: it shouldn’t matter so much if people read our post on our website or through the feed. In that respect, the feed should contain a complete version of the blog post: untruncated, with links and media. (I don’t know why I keep stumbling upon blog feeds with the links stripped out, by the way, it’s super annoying!)

So, I write a blog post with my blogging software of choice. This blog post can be liked, commented upon, or linked to (shared). I can choose whether likes and comments are active or not. This blog post is published to my blog, and in the RSS feed. In some cases, it also goes out by e-mail (not to be forgotten). Whether people read the blog post on the blog, in the feed reader, or in their e-mail, they can easily “interact” with it, where they are (less true with e-mail, so let’s leave it aside, but not forget it’s there). As the post author, I can of course choose to moderate comments before publication, so they are displayed with the blog post only if I choose to.

Maybe the feed reading software should also be capable of displaying existing comments if requested, to give context to the person wanting to comment. Or we could consider that this is where the integration ends, and where a visit to the blog post itself is in order. To be discussed, in my opinion.

There is really something about having to leave the reading space to interact with something you’re reading that is extremely problematic. Super users who juggle tabs and apps all day might not think it matters, but normal people who can’t tell their browser from the internet or a search engine will be lost. We need spaces where we can read-like-answer-share without being teleported to some strange new place without having wanted it.

Some practical considerations: let’s say we start implementing this. The technical details are beyond me, but I understand enough to know that not all blogs (or subscribable publications) will be “compatible” with the system from the get-go. No problem: grey out those interaction buttons that won’t work in the reader, and leave the link allowing the user to head out to the blog proper to comment or like. Sharing should always be possible, as each post has a permalink (at least we have that now).

Write where you read

This was for starters. Now for the first big idea: integration with the blogging software.

In other words: maybe all this “subscribing to things” should happen in the blogging tool – or the RSS reader needs to become a blogging client. Take your pick.

Here’s why. As I mentioned before, in the old, old days of blogging, blogs did not have comments. People linked to each other when they had something to respond. Some blogs, still today, do not have comments. And that is fine, it’s a personal choice. For me, the soul of the blogosphere is people reading each other and linking to each other. And we need tools that encourage that.

I think this is also something that can help fight against the “loneliness” some of us feel around blogging, compared to the busy experience of taking part in the socials. Think about this: on the socials, you’re writing your tweet, facebook post, toot, update or whatever on a page (whether on the web interface or in an app) that is filled with stuff your contacts have published. You are producing content that is going to go on and be part of this stream of updates. It feels like part of the newsfeed already. Even though everybody has a different newsfeed, it doesn’t feel like sending something out into the void. It feels like contributing to a collective space. And this is what blogging should feel like.

So my reading tool should allow for three things (at least), in that respect:

  1. create a blog post (mention or response) based on the one I’m reading, as already mentioned previously; bonus points if it makes it easy to quote part or parts of the post (think how easy forum software makes this)
  2. write a blog post from scratch, just like we normally do today in our blog admin interfaces (think “facebook post” here rather than “tumblr” for the vibe: a space a the top of your reading list that is there waiting for you to write a post, not nagging but inviting and tempting…)
  3. convert a comment you are writing on somebody else’s blog post into a blog post of your own, with a link to the original post – I’m pretty certain I’m not alone in regularly thinking “I just have a sentence or two to say” and lifting my nose up after having written 5 paragraphs; happens on the socials too, particularly facebook, as it doesn’t have any character limit (this is a nice way to make blog interlinking easier)

WordPress Reader is on the right track, although it feels a bit like a rough draft (I particularly don’t like the web interface – too much empty space and not enough content). It shows the newsfeed of the blogs I’ve subscribed to, and an inviting box at the top to “write a quick post”. How the editor expands and what features it offers in this context leaves room for improvement, but the idea is there. It’s also missing easy-peasy subscription outside the wordpress.com platform, as far as I can see, but let’s note that it allows the user to switch between mailbox and newsfeed views, has a share button (Facebook and X), a repost button (which unfortunately opens the editor in another window, but in a nice move presents the reposted blog post in card format – why not?), a like button (internal to WordPress), and in-reader commenting.

Right. So far we have:

  • a better “reader” experience, including frictionless subscription
  • a more integrated way of reacting to what we’re reading
  • reading and writing brought together in once place.

Bring in the socials

What is still missing (the second big idea) is how to tie this in with the socials. As I argued in part 2, interaction and conversation come in varying forms. Socials do not make blogging redundant, and neither does embracing blogging again make the socials redundant. Just as we still have a use for e-mail in the era of instant messaging, or phone calls in the era of voice messages.

We touched upon this issue earlier when mentioning that any post being read should be shareable to whatever platform we want. That’s pretty trivial and already somewhat possible (we have permalinks, remember, and on our phones at least, sharing to socials is always just a touch away). But that is not sufficient.

I see three key aspects in integrating the socials with the blogging experience I’ve been describing:

  1. Tying “comments/shares on the socials” to the relevant post (this is the neverending Trackback/Pingback/Backtype/Webmention story)
  2. Posting blog content to the socials (POSSE) or, more interestingly from my point of view, backfeeding from the socials to the blog (tools like Bridgy and TootPress are also in this space)
  3. Allowing the blogging/reading tool to function as a client for the socials.

The first one is an old story, but what it means is that what people are saying on the socials about what I wrote on my blog is part of the conversation related to what I wrote, and it might be desirable to have a way to point the readers of the blog post to it. It’s the argument for having comments on the blog. Or a list of Webmentions (if I’ve understood correctly that they are the Trackbacks of today). Or not. The conversation is there, and the blogger should have the ability to make it visible from the core content. Beneath a blog post, you could have comments (some made from inside an integrated tool for reading/reacting/writing, some made directly on the site), links to other blog posts which mention it, and links (or quotes? TBD) to public content on the socials about it. As I understand it, Bridgy does this.

The second one is three-pronged: I might want to share my blog posts on the socials when I publish, publish to the socials using my blog (with a separate post-type or category for example), or I might want to repost/archive on my blog whatever I have shared on the socials. The first two are outwards-going. The third is inward-coming, but instead of being centred on a piece of content (the blog post) like described above, and therefore on the content of what was published on the socials, it is centred on the person (the blogger), and therefore a specific account (or accounts).

I see two reasons for wanting to do this: first, for safekeeping (create an archive or mirror of whatever you post on Bluesky on your blog, for example) or for resharing to another audience, maybe in a slightly different form, whatever one posted elsewhere. I want to elaborate on the second case, which is in my opinion more interesting (obviously, because it’s a need I have).

I’ve already mentioned before that participating on the socials is very frictionless. The barrier is low. We are in conversation mode. It is “speaking” more than it is “writing”. Therefore, my hypothesis is that however much we love our blogs and everything, it’s still always going to be easier to quickly throw out a link on the socials, or jot down a thought, share a photo, respond to somebody and find ourselves coming up with an idea. To me, there is a lot of raw material there which might be worth preserving. Sure, if you’re having a back-and-forth about getting ready to go to the gym, maybe not, but if you’re sharing links or bite-sized thoughts or commentary on the world or whatever, that’s different.

It would make sense to be able to gather that daily production from the various socials one is active on, and organise it in what would be the “socials” equivalent of a post on a link blog. How exactly will be the topic of another post, because I think it requires going into lots of little details. But suffice to say, for now, that the idea would be to give the blogger an option to repatriate whatever has leaked from the bloggers brain to the socials in a form that could be either publishable as-is, or edited before publishing, or why not, broken down into more than one post if needed. “Today on the socials”, or something like that.

So, at this point we want to be able to create a two-way path between the blog and the socials, to push posts to the socials, bring back commentary or mentions to the blog posts, and the blogger’s updates to the socials.

We can go a small step further and integrate into our reader/blogging tool a client for the socials. We’re already reading RSS feeds, why not also read the social newsfeeds?

Openvibe is a client that combines different socials and allows the user to also subscribe to RSS feeds within the same interface. This would be the corollary. And if we’re reading, and we have the ability to write blog posts from there in addition to comments, why not also be able to publish to the socials? I like the way Openvibe manages cross-posting: you can choose where you want to cross-post each time; when you mention somebody, a little dialog open so that you can mention them on the different socials you’re posting to – or just enter text if they aren’t everywhere.

I could start composing something to share to the socials, and partway through decide it should be a blog post: I’d select the blog as a destination (this would be somewhat similar to converting a comment I’ve started writing to a blog post, as described earlier), the interface would adapt, the cross-posting to the socials would become a “blog post share” in the background. This allows me to dynamically adapt where I’m going to post what I’m writing, as I’m writing it.

Having a reading interface with RSS feeds and the social newsfeeds together (with filters, obviously) replicates what actually happens on the socials when people share their blog posts (or even have an account for their blog) on the socials. This is more elegant, because it’s the actual subscription to the actual blog content, and doesn’t depend on the blogger making their content available through the socials.

Loose ends: comments elsewhere, web interface, modular

At this point we’ve got something that is really nicely integrated, but one thing is missing: comments made on other blogs. I dwelled on this a bit in part 1: this is one of the issues that coComment or Disqus tried to solve.

If the comment is made through the blogging-reading tool, it’s quite easy to capture (content and permalink, even title to the blog post it’s on). The only question would be how to display these comments (if desired, of course). In the sidebar (“my comments elsewhere”)? Collected in round-up posts like what comes from the socials (“my comments on other blogs this week”)? People will want different things, but it should be part of the package to make this possible.

What about comments made directly on other blogs? In an ideal world, the receiving blog would “notify” (webmention?) the commenter’s blog of the comment just made. But there would also have to be a way for the commenter to “secure” their comment, in case the blog in question doesn’t have the notification feature. I guess there are ways to do that with bookmarklets, browser extensions, or the like. Or why not by “sharing” the page one commented upon to the blogging-reading tool, with a way to indicate “there’s a comment of mine on this page”?

Throughout this post I’ve spoken about this integrated “tool” (or maybe app at times). As I see it, it should definitely have a web interface, like my WordPress blog has. Or Discourse. And be something that can be self-hosted, or managed. Apps are nice, but I think it’s clear today that tools or services should be available both through a “website” and an app.

It may seem like I’m describing “one more app/tool to rule them all”, but in my mind it’s not like that. I’m describing a set of principles. Just like we have various tools which allow blogging or reading RSS today, or various clients for Mastodon, this should not be a lock-in for a particular tool. Those with better understanding than me of ActivityPub, RSS, APIs and the like are most welcome to elaborate on how various protocols or frameworks could work together or be extended to make this kind of thing possible.

As I see it, with an agreement of how these different general features function, we could even go towards more modular tools, where I could use a WordPress base for blogging, which would be compatible with something derived from Openvibe for the socials integration, and have the choice between a future iteration of FeedLand or WordPress Reader or NetNewsWire for the reading part – and they would all integrate seamlessly in such a manner that I will not feel like I am using multiple tools, but one. There could even be add-ons/plugins (I heard this idea in this OTM interview of Jay Graber) to manage how you filter your RSS+socials timeline (algorithm? no algorithm? labelling?), how you mashup your socials of the day into pretty blogs posts – or not, etc.

I have the intuitive hope that something approaching my present pipe dream can be built around WordPress – particularly after hearing Dave Winer invite us to think differently about WordPress. I’m curious to see if what he’s cooking us with WordLand brings us in the kind of direction I’m thinking about. And of course, if you know of anything that makes what I’m talking about here reality, comment away!

PS Dave: haven’t yet listened to the podcasts (Exploring WordPress, Textcasting, and Open Web Standards and Dave Winer on Decentralisation, WordPress and Open Publishing), but I will. It was either listen or write, I chose write!

PPS everyone: I didn’t proofread and I feel my writing is more clunky than usual today, sorry – brain still recovering. Point out the typos and broken sentences and I’ll go and fix them!

PPPS: might do a part 4 on privacy, and need to cover non-text content better, in addition to going into more detail regarding “Today on the socials” posts, so chances are there will be more in this series, at some point…

Brains Get Tired Too [en]

It’s funny how physical tiredness is not something one would think to question. It seems pretty obvious. We understand that if somebody has spent decades using and abusing their body, they’re going to face consequences as they get older. If you’re doing extreme running, hundreds of kilometres, or an insane amount of walking, crossing continents, your body gets worn out. We also understand that as we age, we may still be capable of doing things, but it doesn’t mean it’s a good idea to do them. For example: I can still carry very heavy loads, but if I do, my back is going to remind me the next day that I’m not 20 years old anymore.

For some reason, we do not seem to apply the same kind of thinking to the brain. Or at least, I didn’t. Although we understand that the brain has limits – everybody experiences some degree of cognitive tiredness at some point or another – we seem to think that the consequence is temporary. We need a break, we’re done for the day, we need a good night’s sleep and then we can start over. We know about burnout and that sure, of course, you need to take the time to recover if you want to function correctly again. But wear and tear over years and decades does not really seem to be on the radar.

We don’t tell somebody who keeps pushing their brain day after day, month after month, year after year, that they should ease up a bit – as we would our sport-obsessed friend who trains 6 times a week and considers “rest” a 10k run. We look at performance (what are you delivering at work), but not at effort and actual “cognitive use”.

My accident has driven home for me, in a frighteningly clear manner, that “cognitive overtraining” is as much a thing as “physical overtraining”. I’ve been “cognitive overtraining” all my life, and for most of it, unaware that I was doing it or that there was such a thing.

I am really good at pushing myself. It’s not always visible, because I have a lot of ressources (one way to put it is that I am clearly towards the right end of the IQ bell curve) and therefore compensate well for my hearing loss and ADHD. But that compensation has a cost, even if it is not visible that I am compensating. I am only now starting to measure how much effort goes into “simple” things like following conversations and managing my daily life. I am in a somewhat paradoxical situation where many of the things I receive most praise and recognition for are those that cost me the less – and those that cost me the most go completely unnoticed. This means that I have trained myself, all my life, to consider the efforts I make as “normal” rather than recognise that I am pushing myself.

This also means I have internalised the idea that when I “fail” (and by that I mean: feel tired “without reason”, don’t manage to get around to doing housework, miss parts of what is being said) it is because I was not trying hard enough. Pushing myself is the norm.

I had a moment of realisation regarding that the other day. I went back to singing practice, which I hadn’t really been able to since my accident. I was a bit tired, but I wanted to go as we were starting a new programme which contains a lot of songs I like. So I decided to go and “take it easy” – something I’ve been trying to practice these last months. Going easy. I told myself “I’ll just go and not try too hard”. Very quickly, during the rehearsal, I realised how much effort I was putting in, despite myself. Concentrating really hard to understand what the director was saying. Paying close attention to try and sing the line correctly as soon as possible, and memorise things as I went along. I usually use the time when the director is working with other registers to learn lyrics and compare musical phrases to help me remember them. It was very weird to tell myself to “just relax” when the others were working, and “nevermind” if I couldn’t hear or understand what was being said.

Earlier, some time last year I think, I realised that when I had long meetings in German at work, I really had trouble being productive the next day. But I hadn’t gone beyond “ok, plan a light day the next day” in terms of drawing conclusions. I kept thinking that the main driver of whether I could perform cognitively or not was sleep. But it’s not.

According to the neurologist who is treating me for my post-concussion syndrome, chronic cognitive overload is a clear risk factor for this type of complication. It’s also a risk factor for worse recovery after a stroke, or worse outcomes in case of cognitive decline or dementia in older age.

This has given me an awful lot to think about regarding how I’m using my brain-as-organ in my life, and how things are going to have to change. Where can I save on my brain budget? Where is it worth expending effort? What else can I put in place to have a lower “cognitive burn rate” just to get through daily life?

I’m not too bad at managing the load I place on my body – now I have to do the same with my brain.

Who Will See My Comment? [en]

Another interesting observation following my return to Facebook: when somebody responds to one of my posts there, it definitely feels like the audience for this response is primarily the people I am connected to. What I mean by that is that I expect that my contacts have a chance of seeing that response, because responses are closely tied to the original content (“comments and post“ format).

On Bluesky or Mastodon (or Twitter for that matter, and it could partly explain why I drifted away at some point and started spending more time on Facebook), when somebody responds to one of my updates, I do not expect the people connected to me to see it. And indeed, if they are not following the person who responded, if they do not specifically open up my update to see if there are responses or if it is part of the thread, they will not see it. On those platforms, responses are much more “their own thing” than on Facebook or on a blog.

On Facebook, there is an immediate and visible feeling of micro-community around a publication, when people start commenting. It feels like we’ve just stepped into a break-out room. Participants get notifications, and come back to see responses. If the conversation becomes lively, it is made visible to more people. People will end up connecting to each other after having “met” repeatedly in a common friend’s facebook comments.

Bluesky, Mastodon and Twitter (yeah, and Threads) feel more fragmented. It’s more difficult to follow for lots of people. They are faced with bits and pieces of conversations flying about, and access to the context of those is not frictionless. Part of this, I think, has to do with how publication audience is managed (I’ll definitely have to do a “part 4” about this in my Rebooting the Blogosphere series). And another, of course, is the primacy of non-reciprocal connections on those platforms.

What Facebook also does that blogs do not at this stage, is that Facebook makes my comments on other people’s publications candidates for appearing in the news feeds of people who are connected to me. Every now and again, something of the form “Friend has commented on Stranger’s post” will show up. The equivalent in the blogging world would be having a “reading tool” (now RSS readers, but we need to go beyond that, that’s the Rebooting the Blogosphere part 3 post that I’m actively not writing these days) which will not only show me the blog posts that the people I’m following have written, but also that they have commented here or there, on another blog. This tightens the connection between people and contributes to discovery – ie, finding new people or publications to follow.

In summary: there is something fundamentally different in how Facebook, the other socials, and blogs make visible to a person’s network the comments/responses they have made elsewhere. And the “feeling of conversation/community” of multi-person exchanges also varies from one platform to another.