A Trip to Walgreens [en]

[fr] Une petite visite à la pharmacie aux Etats-Unis.

This is just too good a story to not write about it while I wait for somebody around here in Austin to come up with dinner plans.

Around noon, I noticed my left eye was bloodshot. Nothing terrifying. Over the afternoon, it started feeling a bit dry and painful, so I asked the hotel clerk if there was a pharmacy nearby. (Cutting a long story short, I figured out that this was the best course of action given the situation.)

A $20 taxi fare and a bottle of Visine later ($3.99), I have just been through the most surreal pharmacy experience in my whole life. I mean, I’d heard jokes, but I’d never seen it in person.

First, the pharmacist. For those of you who do not know the US, pharmacies are not privately owned (as far as I can see), as they are in Switzerland for example, but are part of a chain: Walgreens, CVS… There is a little booth where you can go to speak to the pharmacist and get advice — in that, it seems to match the kind of services I’m used to in a pharmacy. It stops there.

He finally puts down the phone and comes over to me.

– How can I help? *(in a “let’s get it done with” tone of voice — friendliness optional, obviously, and I ain’t getting none of it)*
– Well, my eye is red, and it hurts, and it might just be too much travel, too much A/C, not enough sleep, but it could be conjunctivitis…
– If you have conjunctivitis, then you have to see a doctor. Otherwise, you can *shmbl glmp znfgh — inaudible*
– Well, I don’t *know* if I have conjunctivitis.
– …
– Er, so, how do I know if I have to go see a doctor? How long do I wait before going to see the doctor if it doesn’t get better?
– I can’t tell you that. *(or something in that direction)*
– I mean… assuming it’s not conjunctivitis, and I use those drops, in how many days should it be over?
– Can’t say — it depends on the person. *(at this point, I feel like saying *I’m not going to sue you, you know, just looking for some kind of indication…”)*
– …
– Is there any discharge?
– No… just feels dry and painful
– OK, so it’s probably not conjunctivitis. If you have conjunctivitis, there is a discharge… so you should be ok with *shgmphh fgb*, over-the-counter.
– OK, thanks — can you repeat the name again?
– Visine A.C.
– Where do I find it?
– Aisle 8D.

I thank him and potter off to aisle 8D, not far away. There is a sign that says eye and ear stuff. The aisle is full of feminine hygiene products and sports elastic bands. I have no clue what Visine A.C. looks like, and it doesn’t seem to jump out at me.

I head back to the counter and ask for help. It is provided rather gracefully.

The shop assistant leads me down the *neighbouring* aisle (I could have searched for a long time in the wrong one) and shows me the drops. I spot another bottle just next to it, Visine L.R. Being a curious bunny, I wonder what the difference between the two products is. This is where it gets really bad.

– So, what’s the difference between those two?
– Well… let me see. They don’t have the same active ingredients. See… this one has a different active ingredient, and astringent.
– Er, OK, but what’s the difference?
– They have different active ingredients… This is the one the pharmacist recommends for you.
– I mean, what’s the difference in effect… what does the difference in active ingredients change?
– Well, this one will be more effective.
– But… how? what is the difference going to be?
– I can’t make any recommendation, but this one is what the pharmacist recommended, so it’ll be more effective for what you told the pharmacist you had…

Before I have a chance to confront his robotic, scripted, lawsuit-proof behaviour (which probably wouldn’t have done much good), the pharmacist comes walking by, and he passes on the problem (me) to him.

The pharmacist looks at the two bottles while I repeat my request for information.

– They don’t have the same active ingredients. This is the one I recommended. Actually, here, this is what you need.

He hands me the Visine L.R.

Comment j'en suis arrivée à m'intéresser aux blogs d'adolescents [fr]

[en] The story of how I took an interest in teenage blogging, and from there, teenagers and the internet. It involves a difficult first year of teaching and a naked bottom on one of my students' skyblogs.

// Entrée en matière possible pour mon livre, dans le genre “premier jet écrit dans le train”. Commentaires et suggestions bienvenus, comme toujours.

Au début des années 2000, je me souviens qu’on plaisantait entre blogueurs en se rappelant que d’après les quelques enquêtes disponibles sur le sujet, le “blogueur type” était une lycéenne québécoise de 15 ans. On était un peu consternés par la quantité d’adolescents blogueurs et la futilité (voire la bêtise) de leurs publications en ligne. “Complètement inintéressant, le blog est bien plus qu’un journal d’adolescente!” On continuait à bloguer dans notre coin, et les ados dans le leur.

// Voir si j’arrive à trouver des références à ça.

J’étais loin d’imaginer que cinq ans plus tard, les blogs d’adolescents m’auraient amené à changer de métier et à écrire un livre. Ce livre, vous l’avez entre les mains.

La genèse de mon intérêt pour la vie adolescente sur internet mérite d’être racontée. Elle permet de situer ma perspective. Mais, plus important, elle et illustre assez bien un des “problèmes” auxquels on peut se heurter si on fait l’économie de comprendre comment les adolescents vivent leurs activités sur internet.

Il y a quelques années de cela, j’ai quitté mon poste de chef de projet dans une grande entreprise suisse pour me tourner vers l’enseignement. Forte de mes respectables années d’expérience personnelle de la vie sur internet, je me suis lancée dans un projet de rédaction de blogs avec mes élèves.

Ce fut un désastre. Si j’étais bien une blogueuse adulte expérimentée, je me suis bien vite rendue compte que les “blogs” que je leur proposais avaient bien peu à voir avec ce dont ils avaient l’habitude dans leurs tribulations sur internet. Certains d’entre eux avaient des skyblogs (des blogs pour adolescents et jeunes, hébergés par le groupe Skyrock).

Munie de l’adresse d’un de ces skyblogs, j’ai commencé mes explorations du monde en ligne de mes élèves. Peut-être qu’en me familiarisant avec ce qu’ils faisaient déjà sur internet, je réussirais à mieux les comprendre, et trouverais ainsi des clés pour remettre sur pied un projet qui battait sérieusement de l’aile. Chaque skyblog arborait fièrement une liste de liens vers ceux des amis (“hors ligne” aussi bien que “en ligne”). Il suffisait de cliquer un peu pour faire le tour.

Sur ces skyblogs, comme je m’y attendais, rien de bien fascinant à mes yeux: beaucoup de photos (de soi-même, des copains et copines, du chien, du vélomoteur), du texte à l’orthographe approximative, voire carrément “SMS”, des appels aux commentaires (“lâchez vos coms!”) et, justement, des commentaires (souvent assez vides de contenu, mais qui jouaient clairement un rôle côté dynamique sociale).

Soudain, catastrophe: je me retrouve face à une paire de fesses, sur le skyblog d’un de mes élèves. Et pas juste des fesses d’affiche publicitaire pour sous-vêtements, non, les fesses d’un de ses camarades de classe, qui les expose visiblement tout à fait volontairement à la caméra.

Que faire? Intervenir, ou non? Ils ont beau être mes élèves, alimenter leurs skyblogs fait partie de leurs activités privées (par opposition à “scolaires”) et je suis tombée sur cette image un peu par hasard (ce n’est pas comme si un élève m’avait donné directement l’adresse pour que j’aille la regarder).

En même temps, puis-je ne pas réagir? Si cette photo était découverte plus tard et qu’elle soulevait un scandale, et qu’on apprenait que j’étais au courant mais que je n’avais rien dit… Je me doute bien qu’il y a derrière cette photo un peu de provocation et pas mal d’inconscience, plus que de malice.

// Retrouver les dates d’expulsion des lycéens français — est-ce avant ou après ça?

Jeune enseignante inexpérimentée, je me tourne vers mes supérieurs pour conseil. On discute un peu. On ne va pas en faire un fromage, mais on va demander au propriétaire du skyblog de retirer cette photo inconvenante — ce que je fais. Il accepte sans discuter, un peu surpris peut-être.

// “Pour conseil” c’est français, ou c’est un anglicisme?

// Un autre élément qui est rentré en ligne de compte est que les photos avaient été prises (visiblement) dans les vestiaires de l’école. Pas certain que ce ne soit pas durant des activités extra-scolaires, cependant. Est-ce un détail utile?

Une semaine plus tard, la photo est toujours en place. Je suis un peu étonnée, et je réitère ma demande auprès de l’élève blogueur. “Oui, mais Jean, il est d’accord que je laisse cette photo sur mon blog, ça le dérange pas, hein.” J’explique que là n’est pas la question, que c’est une demande qui émane de la direction, et que d’accord ou pas, “ça se fait pas” pour les élèves de notre établissement d’exposer leurs fesses au public sur internet.

// J’ai l’impression que je traîne un peu en longueur, là. On s’ennuie? Les détails sont-ils utiles? Faut-il raccourcir?

Le lendemain matin, je me retrouve littéralement avec une révolte sur les bras:

  • “Pourquoi vous avez demandé à Jules de retirer la photo de son skyblog?”
  • “Ça vous regarde pas! L’école n’a pas à s’en mêler!”
  • “Vous aviez pas le droit d’en parler au directeur, c’est sa vie privée!”
  • “Et qu’est-ce que vous faisiez sur son skyblog, d’abord?”
  • “C’est son blog, il peut faire ce qu’il veut dessus! Et la liberté d’expression?”

Je suis sidérée par la violence des réactions. Certes, ma relation avec ces élèves n’est pas exactement idéale (c’est le moins qu’on puisse dire), mais là, ils sont complètement à côté de la plaque. Si l’élève en question avait affiché la photo de ses fesses dans le centre commercial du village, auraient-ils réagi aussi fortement si l’école (représentée par moi-même, en l’occurrence) avait demandé leur retrait?

// Comment on dit “challenging” en français? (Pour décrire les élèves sans utiliser l’affreux “difficile”.)

*// Le temps de narration change durant ce récit, vérifier si c’est “utile” ou si c’est “une erreur”.

Visiblement, ils considéraient ce qu’ils publiaient sur internet comme étant “privé” et semblaient ne pas avoir réellement pris conscience du caractère public de leurs skyblogs, ou du droit de quiconque d’y accéder et d’y réagir. Et pourtant, j’avais passé plusieurs heures avec ces mêmes élèves à préparer une charte pour la publication de leurs weblogs scolaires. Nous avions abordé ces points. Ils “savaient” qu’internet était un lieu public et que tout n’y était pas permis. Qu’est-ce qui s’était donc passé?

Cet incident particulier s’est terminé par une intervention énergique du directeur qui a remis quelques points sur quelques “i”. Restaient cependant deux problèmes de taille, que cette histoire avait rendus apparents:

  • l’école a-t-elle un “devoir d’ingérence” lors d’événements impliquant les élèves mais sortant de son cadre strict — et si oui, où s’arrête-t-il?
  • que pouvons-nous faire pour aider nos enfants et adolescents à devenir des “citoyens d’internet” informés et responsables?

La première question est du ressort des autorités scolaires, directions, enseignants — et je ne prétends pas apporter grand chose à ce débat ici.

La deuxième question, par contre, est l’objet de cet ouvrage.

J'monte à Jval! Et vous? [fr]

[en] A soon-to-be-ex-collegue of mine (because I'm leaving) is organising a small music festival near Begnins, between Geneva and Lausanne. He was podcast-interviewed by James the Podcaster, and I asked him a few questions by e-mail. Jval Festival will take place on 18-20th August.

Les 18-19-20 août, dans le domaine Serreaux-Dessus (hauts de Begnins, au-dessus de Gland, entre Morges et Nyon, entre Genève et Lausanne — vous situez?) aura lieu Jval Festival, organisé par mon futur-ex-collègue (c’est moi qui pars!) et ami Pierre Nicolas et son frère Laurent.

Vue depuis le domaine de Serreaux-Dessus Comment? Encore un festival? Moi qui n’ai pas encore mis en ligne mes photos de la Cité et de Paléo! Il faut dire que la formule est un peu différente: cadre magnifique, bon vin au bar, groupes locaux, ambiance intime (200 personnes).

Lorsque Pierre m’a dit il y a quelques jours qu’il était occupé à faire la promo de Jval Festival, j’en ai tout de suite touché un mot à Thierry, et voici le résultat: interview (vidéo) de Pierre Nicolas pour Culture Pod. Pierre nous y raconte comment l’idée du festival est née, ce que ça représente et implique d’organiser une telle manifestation, et quels groupes seront présents.

Quand Pierre m’a parlé de ce festival, il y a de longs mois de cela, je sais que ce qui m’intriguait était ce passage entre “fête avec des amis” à “festival public”. Thierry a fort bien invité Pierre à s’étendre un peu sur le sujet, et de mon côté, je lui ai posé quelques questions par e-mail, que je reproduis ci-dessous.

Peux-tu me raconter un peu comment a pris forme, l’année dernière, la première édition de Jval Festival? Quels groupes sont venus jouer, et comment les avez-vous trouvés?

Avec mon frere aîné, on pensait simplement faire un bar quelques soirs pour profiter avec des potes (ou autres) du cadre assez sympa! Finalement, comme mon frère et plusieurs de nos amis sont musiciens, on a decidé de faire venir quelques groupes, et le projet a ainsi petit à petit pris la forme d’un petit festival. Donc dans les 4 groupes qui sont venus jouer, il y avait Superstrings (groupe de mon frère), Just for Funk (groupe d’un de mes potes), For the Passion et Fargo (2 groupes dont s’occupe l’ingenieur du son du groupe de mon frère).

Combien de spectateurs l’an dernier, et combien attendus cette année? Est-ce qu’on pourra acheter les billets sur place, ou bien ça risque d’être complet?

L’année passée on a eu relativement peu de monde parce qu’on a fait la pub quelque chose comme 10 jours avant! En plus, il a plu toute la journee du premier soir et il a plu le deuxième… Au final on a eu 170 personnes le premier soir et environ 80 le deuxieme. Il sera certainement possible d’acheter des billets sur place, mais vu la taille très limitée du festival, autant les acheter avant! Cette année on attend environ 250 personnes par soir.

Comment avez-vous choisi les artistes pour cette édition? Est-ce que la plupart sont des artistes avec des agents, ou bien tu t’es (vous?) retrouvé à tracter directement avec les artistes en question? Comment on s’y prend, par exemple, pour que Lole vienne chanter dans son festival?

Pour tous les groupes c’est la même chose: on se rend sur le site du groupe, on charge la page contact et on ecrit un mail pour connaître les disponibilités et les tarifs du groupe. Pour certains groupes, ce mail parvient directement à l’agent et c’est lui qui s’occupe de nous repondre. Les groupes étrangers ont généralement un tourneur en Suisse (Opus One, boîte appartenant à Paléo, par exemple) qui s’occupe de prendre contact avec l’agent des differents groupes dont ils s’occupent. Cette annee, à part pour Lole, on a negocié directement avec les groupes. Pour Lole, on a simplement pris contact avec son agent, qui est l’organisateur de Festi’neuch (la demoiselle vient de la-bas).

Est-ce qu’il y a des choses à préciser concernant le domaine de Serreaux-Dessus, mis à part la vue?

Alors oui, on mise bien évidemment sur le cadre (domaine viticole éloigné de la circulation, etc.), la vue (de Villeneuve jusqu’a Genève), et sur ce que certains pourraient prendre comme un désavantage: la taille. C’est un tout petit festival, donc on aura droit à des concerts presque privés! Il faut dire aussi que les festivaliers auront la possibilité, pour une fois, de boire du bon vin pendant le festival, ce qui change de Paléo, quand même!

Merci, Pierre! En ce qui me concerne, mon début de week-end est malheureusement pris de longue date, mais je monterai à Jval le dimanche 20. Je ne veux pas rater ça!