La technologie qui nous pousse à grandir [fr]

[en] I write a weekly column for Les Quotidiennes, which I republish here on CTTS for safekeeping.

Chroniques du monde connecté: cet article a été initialement publié dans Les Quotidiennes (voir l’original).

Depuis bientôt dix ans que je fréquente des blogueurs, j’en vois régulièrement qui succombent à la pression de leur lectorat. C’est ainsi qu’ils le présentent, en tous cas. Ils ne peuvent plus tenir le rythme de publication. Les commentaires de leurs lecteurs les minent. Leur public a des attentes, et ils n’arrivent pas ou plus à y répondre. Ils sont trop sollicités.

Alors ils arrêtent de bloguer, se fendant d’un long (ou très bref) billet explicatif.

Et à chaque fois, je lis, un peu médusée, et je peine à comprendre. Tout l’attrait du blog, pour moi, c’est la liberté qu’il confère à son auteur. Les seules contraintes sont celles que le blogueur s’impose. S’il cesse d’écrire à cause des attentes de son public, n’écrivait-il que pour celui-ci en premier lieu? N’avait-il pas peut-être lui aussi, des attentes peu réalistes (d’une certaine forme de reconnaissance, à tout hasard) pour son lectorat? Le problème est-il vraiment avec ses lecteurs, ou est-il plutôt entre lui et lui?

Ceci n’est qu’une situation parmi d’autres où je vois que les avancées technologiques nous offrent l’occasion de grandir en tant que personne — plutôt que d’en devenir l’esclave (à l’image des blogueurs dont il est question ci-dessus) ou de les rejeter un bloc (mouvement de retour de balancier, parfois).

Le téléphone mobile nous rend joignable en tous temps? On apprend à ne pas y répondre juste parce qu’il sonne. On le met sur silence. On l’éteint. On filtre les appels. On reprend le contrôle.

Le chat nous permettrait de bavarder à longueur de journée? On apprend à se discipliner, à mettre des priorités sur certaines activités (travailler, peut-être?), à dire gentiment mais fermement que l’on n’est pas disponible maintenant. A approcher les autres avec un peu de retenue, aussi.

Les e-mails arrivent dans notre boîte de réception à toute heure du jour et de la nuit? On apprend à filtrer, à ne pas répondre à tout dès que possible, à basculer vers un autre mode de communication lorsque c’est plus adéquat.

Le blog et la publication en ligne ont fait de nous un micro-célébrité? On apprend à voir plus loin que la satisfaction un peu compulsive de l’attention reçue, à reprendre contact avec les motivations profondes et saines qui nous poussent à faire ce que l’on fait, et à mettre des limites aux sollicitations quasi-infinies du monde extérieur.

Un fil rouge, ici: être au clair de ses attentes, connaître ses besoins et ses limites, les faire poliment respecter lorsque c’est nécessaire. Dans le monde ultra-connecté qui devient le nôtre aujourd’hui, les compétences que l’on regroupe souvent sous l’expression un peu réductrice “savoir dire non” sont une question de survie. Et ce n’est pas plus mal.

Google Buzz, il faut en parler quand même [fr]

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Chroniques du monde connecté: cet article a été initialement publié dans Les Quotidiennes (voir l’original).

J’essaie d’éviter de me jeter sur les sujets d’actualité, parce qu’il y en a assez qui font déjà ça, et souvent bien mieux que moi. Mais je vais quand même dire quelques mots sur Google Buzz, que vous avez vu passer dans votre boîte e-mail si vous avez une adresse Gmail.

Google Buzz, c’est la réponse de Google à Twitter et Facebook. Un flux de nouvelles provenant de votre réseau, auxquelles on peut répondre, un ruisseau de vie numérique dans lequel on plonge quand bon nous semble.

Jusqu’ici, et compte tenu du peu de temps que j’ai passé avec ce nouveau jouet, il y a deux commentaires intéressants à faire: l’un concernant la nature des publics auxquels on s’adresse via les médias sociaux, et l’autre concernant (encore et toujours) la vie privée. Et comme on pourrait s’y attendre, ces deux problématiques sont liées.

Le jour du lancement de Buzz, coup de fil d’un journaliste, ancien camarade d’études, qui me pose une question tout à fait pertinente: y a-t-il encore de la place pour un nouvel acteur face à Twitter et Facebook? Oui, clairement, il y a de la place. Il y a de la place, parce que l’élément déterminant dans les médias sociaux, plus que la technologie, c’est la communauté. Les gens sur Twitter ne sont pas les mêmes que les gens sur Facebook, et ceux-ci sont encore différent de ceux qui vont utiliser Buzz.

C’est la façon dont se construit notre monde dans les médias sociaux: des publics différents dans des endroits différents, mais qui se recouvrent partiellement. Du coup, on ne parle pas aux mêmes personnes via Facebook, Twitter, ou Buzz — même si certains essaient de tout centraliser-harmoniser-uniformiser en synchronisant leurs mises à jour sur tous ces services.

C’est ces publics différents qui ont été à la base d’une levée de boucliers assez immédiate et violente à l’encontre de Google Buzz, dans les jours qui ont suivi sa mise en service. En effet, Google Buzz propose de “peupler” votre liste de personnes “à suivre” en se basant sur les personnes avec qui vous chattez et correspondez le plus souvent.

Ça peut paraître une bonne idée a priori (ces personnes sont effectivement probablement des personnes importantes de votre monde) mais il y a un gros hic: Google Buzz est public, alors que nos conversations par e-mail ou par chat ne le sont clairement pas. Est-ce qu’on a vraiment envie d’exposer aux yeux du monde entier quelles sont les personnes avec lesquelles on chatte et on e-maile le plus? Probablement pas. (Pour ma part, j’ai été proprement horrifiée quand j’ai découvert que ma liste de “contacts proches” avait ainsi été rendue publique à l’insu de mon plein gré… enfin, pas vraiment à mon insu, car j’ai cliqué “OK”, mais je ne m’étais vraiment pas rendu compte de ce que je faisais!)

Heureusement, Google est à l’écoute, et a réagi rapidement à ces soucis de confidentialité en modifiant les réglages par défaut de Buzz.

Une source de confusion, à mon avis, est l’emplacement de Google Buzz. Eh oui, dans votre boîte de réception e-mail! Si c’est pas mélanger le public et le privé, ça, je ne sais pas ce qui l’est. Il faudra s’attendre à bien des confusions, comme après les changements dans la politique de confidentialité de Facebook, où l’on verra des internautes innocemment partager avec le monde entier des informations qu’ils destinaient à un public bien plus restreint… un des éternels problèmes d’internet.

Google Buzz Privacy Issue: How to Hide People You're Following on Your Profile [en]

Yesterday, I got a call from a journalist about Google Buzz. I didn’t have much to say as I hadn’t read up on it and my account was not active yet. A few hours later I got a chance to play with it a few minutes before going out, quite liked it, left it at that.

Today, I’m pretty disturbed. Without going into deep analysis, here is the reason: Google Buzz displays the list of people I’m following (and those who follow me) on my public Google Profile.

Why is this an issue? After all, Twitter as been displaying followers/followees forever.

This is an issue because the default people Google Buzz makes me follow when I activate the service are the people I chat with and e-mail the most.

Chatting and e-mail happen in the private space. It’s nobody’s business who I chat with most, and who I e-mail regularly. I do not want that data exposed.

Buzz, on the other hand, is “public”. It’s Twitter-like. Come to think of it, I’m not sure it belongs anywhere near my inbox. (Wave might, though, but that’s another story.)

This is a nasty messy ugly mixture of public and private, where private information is suddenly made public without us being really aware of it.

Thankfully, there is a way to hide those lists from your Google Profile. Edit your profile and uncheck the “Display the list of people I’m following and people following me” checkbox on the right, as in this screenshot.

Hide people you're following on Buzz

I’ll quote from the article I mentioned above, for what Google should have done here:

The whole point is: Google should just ask users: “Do you want to follow these people we’ve suggested you follow based on the fact that you email and chat with them? Warning: This will expose to the public who you email and chat with most.”  Google should not let users proceed to using Buzz until they click, “Yes, publish these lists.”

Or simply, make these lists private by default.

Update 14:35: Suw Charman-Anderson has some thoughts on Google Buzz: Not fit for purpose that you also might want to read.

Update 12.02.2010: Google have reacted to the concerns about “following list” privacy and have planned some changes. Suw comments upon them at the bottom of her updated post.

Les commentaires, c'est une conversation [fr]

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Chroniques du monde connecté: cet article a été initialement publié dans Les Quotidiennes (voir l’original).

Les “commentaires”. Avec, souvent, sous-entendu, un adjectif qui les accompagne: “anonymes”. Je le vois dans les yeux de nombre de mes clients lorsque je prononce le mot: “les commentaires”, c’est un peu sale. C’est inquiétant. Dangereux, même. Ça va avec “blog”, d’ailleurs. Un blog, ça a des commentaires, et c’est là que se passent les problèmes et franchement, on préfère ne pas en avoir. (Ni les problèmes, ni les commentaires, et souvent, ni le blog.)

Si on fait un site web, après tout, ce n’est pas pour que n’importe qui puisse venir y raconter n’importe quoi. Parce que oui, on sent bien que c’est ce qui se passe, dans les fameux commentaires. C’est pas très différent d’un forum, au fond, non?

Tant de désinformation m’attriste, j’avoue.

On retrouve là encore une fois cette peur des “inconnus d’internet”, cet oubli que les gens qu’on côtoie en ligne sont avant tout des êtres humains comme nous et non des monstres sans visage, et qu’un commentaire “problématique” n’est pas un engin nucléaire sur le point d’exploser mais une parole à laquelle on peut répondre. Oui, c’est en public. Oui, ça reste dans la grande mémoire numérique d’internet. Et oui aussi, on ne sait pas toujours à qui on a affaire.

Mais on peut répondre. Entrer en relation. Faire preuve dans sa réponse de plus de maturité que le malotru qui utilise nos commentaires comme un mur de WC publics. Mettre des limites, accepter l’acceptable et ne pas publier l’inacceptable.

Quand on dit que les commentaires sont un espace de dialogue ou de conversation, cela ne signifie pas que c’est un chat, une zone de non-droit, un lieu où la foule prend le pouvoir. En tant qu’auteur du blog, on y a sa place, et c’est nous qui allons donner le ton, par nos articles d’abord, mais aussi par nos réactions aux commentaires, et encourager ainsi des discussions constructives plutôt que du blabla vide.

Et de toute façon, le souci majeur de la plupart des blogs, c’est plus l’absence de commentaires que les débordements de ceux-ci.

Blog ou forum? [fr]

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Une question revient souvent autour de moi: quelle est la différence entre un blog et un forum? Oui, il y en a une.

C’est à la fois une différence éditoriale, et une différence d’outil. Le lien entre ces deux différences, c’est un peu comme la poule et l’oeuf — on va éviter de se casser la tête dessus.

Si le format superficiel d’un blog ou d’un forum paraît similaire, voici quelques différences fondamentales:

  • le blog a un auteur (ou des auteurs) clairement distinct des lecteurs-commentateurs
  • sur un forum, chacun peut lancer un sujet, et c’est la discussion qui s’ensuit qui occupe le devant de la scène — tout le monde est au même niveau
  • les commentaires sur un blog ont clairement un autre statut que les articles principaux qui en forment la base
  • sur un forum, c’est la voix de la communauté qui émerge, alors que sur un blog, c’est celle de l’auteur, commentée parfois par les lecteurs
  • le blog a un niveau d’ordre (d’organisation) plus élevé que le forum, en général
  • si le forum est un lieu pour discuter et échanger, le blog reste un lieu pour publier du contenu, avec droit de commentaire et de réponse.

Les outils (CMS) que l’on utilise pour mettre en place un blog ou un forum ne sont pas les mêmes, techniquement, même si parfois les fonctionnalités semblent se rejoindre. WordPress, par exemple, est clairement un outil de blog, et pas de forum, alors que phpBB est un outil de forum, et non de blog.

J’espère que ces quelques points auront aidé à clarifier la distinction entre forum et blog. Malgré sa popularité dans le discours des gens et des médias, le blog reste assez mal compris et grand nombre de craintes qui lui sont liées prennent racine dans la confusion avec le forum, ou pire… avec le chat.

Ecrire pour un blog [fr]

[en] A few tips on writing for a blog: don't advertise, be interesting, use your authentic voice, remember the media is conversational, and be a real person writing something. This is not easy to do if you've been formatted to spew commercial copy or marketing-speak, but it can be learned. Learning requires exercise, and often help from others (peers or a trainer).

Hier, séance de formation chez un client. Deuxième séance, quelques mois après la première. Les bases techniques du maniement de WordPress sont acquises, on parle donc plus en profondeur de:

  • quels sujets aborder sur un blog d’entreprise
  • quel style d’écriture utiliser?

Voici quelques éléments intéressants qui ont émergé de nos discussions, et que je reproduis ici.

Publicité

En y réfléchissant bien, peu de personnes vont volontairement aller chercher du contenu publicitaire à lire. Toute l’industrie télévisuelle tourne finalement autour d’un but: attirer des gens devant un écran pour pouvoir leur enfiler de la publicité (oui, je suis un peu cynique). Mais sérieusement, la publicité c’est ce qu’on met sous les yeux des gens quand ils ne peuvent (ou ne veulent) pas s’échapper. Si on leur propose de s’abonner à du contenu purement publicitaire, peu de chances qu’ils le fassent.

Avec un blog, et en ligne en général (je pense aussi à Twitter), le public n’est jamais prisonnier. Il peut s’en aller d’un clic de souris. Si on veut utiliser un canal en ligne pour faire passer du contenu publicitaire, il faut le faire avec beaucoup de délicatesse — au risque de crier dans le désert.

Etre intéressant

Du coup, la logique rédactionnelle d’un blog ne peut pas être purement publicitaire (ou purement “marketing”, au sens de “pousser à la vente, à la consommation, promouvoir directement”). On privilégiera du contenu véritablement intéressant pour le lecteur. Pour le lecteur — pas du point de vue de l’entreprise.

Qu’est-ce qui intéresse vraiment les gens, du coup? C’est ça la grande question, mais voici quelques pistes:

  • rencontrer les êtres humains qui sont derrière l’entreprise
  • en apprendre plus sur le fonctionnement de l’entreprise ou son histoire
  • se cultiver (surtout quand la culture est intéressante!)
  • avoir droit à des informations “insider” pas forcément accessibles ou évidentes pour tout le monde…

C’est assez vague, tout ça, et il est possible (malheureusement) d’aborder ce genre de sujet de façon totalement inintéressante… Ce n’est pas une recette magique garantie!

Un ton authentique

La clé réside le plus souvent dans le ton utilisé. Le language marketing, “communiqué de presse”, pub, ou trop journalistique est à éviter. Oui, me direz-vous, mais comment faire?

Ce qu’on cherche, c’est à parler comme des êtres humains. Il faut pour cela souvent se “dé-formatter” (beaucoup de professionnels de la communication sont des crispés du “je”, par exemple). Le ton juste, c’est celui qu’on utiliserait dans un e-mail à un ami, ou bien dans une conversation avec des amis autour d’une table. Bien sûr, c’est de l’écrit, mais on se rapproche de ça.

Pour faire ça, quelques trucs:

  • raconter des histoires ou des anecdotes vraies (ne pas inventer!)
  • se mettre en scène dans l’histoire: raconter depuis son point de vue et utiliser la première personne
  • élaguer au maximum les informations publicitaires/marketing (les lecteurs peuvent toujours laisser un commentaire pour demander des précisions)
  • se mettre dans les chaussures la peau du lecteur, ou du moins l’imaginer en face (“est-ce que ça l’intéresse vraiment, ce que je raconte?”)
  • rester dans un état d’esprit “dialogue, conversation”.

Un petit tuyau: quand on est passionné par ce qu’on écrit, ça vient plus naturellement!

Un média conversationnel

Le dernier point de la liste ci-dessus est capital: avec un blog, nous sommes dans une conversation. Bien sûr, pas dans une véritable conversation en face-à-face, mais quand même, dans une dynamique d’échange.

Vous avez déjà certainement dû subir des cours ou des conférences où l’orateur lit son discours ou débite un monologue assommant. Comparez cela au bon orateur, qui n’est pas en train de parler au public, mais de discuter avec les gens dans la salle (même si ce n’est que lui parle).

On cherche à faire la même chose dans un blog. Si on parle comme une brochure de marketing, personne ne nous répondra. Un être humain, par contre, c’est autre chose: on peut discuter avec!

Autre avantage d’un style informel et conversationnel: votre lecteur retiendra mieux ce que vous lui dites. En effet, il a été démontré que l’utilisation du “je” et autres marqueurs de la conversation dans le language écrit informel donnent au cerveau l’illusion qu’il est dans une conversation. Du coup… il est plus attentif! Kathy Sierra explique très bien tout ceci (en anglais).

Une vraie personne qui écrit

Bloguer nécessite de se dévoiler un tout petit peu. Pas de raconter ses pensées ou envies les plus secrètes, bien entendu, mais quand même de se livrer un peu. Si le blog “marche”, c’est qu’il met le lecteur en contact avec quelqu’un d’humain, d’imparfait, d’atteignable. Quelqu’un comme lui — pas une organisation ou institution désincarnée.

Il est important pour cela que le blog soit formatté de façon à ce que le nom de l’auteur apparaisse à côté de l’article — ou le cas échéant, que les auteurs signent leurs articles. Si c’est Julie ou Sophie ou Robert qui écrit, ce n’est pas la même chose! Je veux savoir qui me parle, et à qui je parle si je réponds.

Comment changer?

Le problème de beaucoup de personnes qui se mettent au blog, c’est d’avoir été “formatté” à écrire dans un language pseudo-neutre, impersonnel, journalistique, ou marketing/commercial. Il faut “désapprendre”.

Heureusement, on sait tous avoir des conversations avec nos amis, ce qui nous donne un point de repère.

Il vaut la peine de se mettre à plusieurs, de regarder ses productions et celles des autres avec un oeil critique et impitoyable:

  • est-ce que ça sent la pub?
  • est-ce qu’on y croit?
  • est-ce que le lecteur de passage a une chance d’y trouver un intérêt?
  • est-ce que le narrateur (celui qui écrit) est présent dans l’histoire?

Puis, si nécessaire, retravailler, récrire. Ça ne vient pas tout seul, mais ça peut s’apprendre.

Suis-je toujours l'amie de mes amis? [fr]

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Chroniques du monde connecté: cet article a été initialement publié dans Les Quotidiennes (voir l’original).

Les réseaux sociaux sont asymétriques.

Je ne parle pas des réseaux sociaux en ligne, mais bien des réseaux de relations et de gens, les vrais réseaux que les sites comme Facebook, MySpace, LinkedIn et autres cherchent à modéliser.

A mon sens, la grande majorité de ces sites nous proposent un modèle de relations comportant une erreur fatale: les liens entre les gens y sont symétriques, alors que ce n’est pas le cas dans la réalité.

Pensez aux gens qui font partie de votre monde: il y a fort à parier que vous trouverez sans difficulté des personnes qui sont plus importantes pour vous que vous pour elles — et vice-versa. On aimerait, idéalement, que les gens que l’on aime nous aiment autant en retour, que ceux que l’on admire nous admirent en retour, que ceux que l’on enrichit par notre présence nous enrichissent pareillement en retour. Mais souvent, et à des degrés divers, ce n’est pas le cas.

Et dans le monde professionnel, encore moins.

Pour qu’un lien soit établi entre deux utilisateurs de Facebook ou LinkedIn, chacun doit l’approver. Chacun doit dire “oui, je le veux”.

Du coup, un tel réseau social ne capture que les relations symétriques, ou bien (et c’est ce qui a tendance à arriver) fait passer des relations parfois fortement asymétriques pour des relations symétriques, parce qu’au bout d’un moment, on “cède”, et on accepte également comme amis les gens que l’on connaît peu, voire ceux que l’on ne connaît pas mais qui voudraient nous connaître.

Il existe cependant des réseaux sociaux en ligne (ou presque) qui permettent de rendre compte de ces asymétries.

Twitter est celui qui occupe le devant de la scène ces temps. Sur Twitter, vous pouvez suivre qui vous voulez, sans que cette personne doive vous suivre en retour (c’est d’ailleurs ce qui en fait un outil de veille si puissant, bien plus que Facebook).

Dopplr, un service permettant de partager ses déplacements et projets de voyages avec son réseau, vous laisse simplement décider qui peut accéder à votre profil — la réciprocité n’est pas requise.

Plus ancienne, la liste de contacts d’un service de messagerie instantanée permet également l’asymétrie, même si la pratique penche vers la réciprocité: je peux apparaître sur la liste de contacts d’une personne et avoir supprimé celle-ci des miens.

L’ensemble des blogs peut également être considéré comme un immense réseau social peu formalisé, où les “blogrolls” (listes de liens vers d’autres blogs appréciés du blogueur) révélaient les relations entre blogueurs, avant de tomber en désuétude (les blogrolls, pas les blogs).

Plus proche de chacun, peut-être, et pas tout à fait en ligne, la liste de contacts dans son téléphone mobile. Vous avez enregistré mon numéro, mais ce n’est pas pour autant que j’ai le votre.

Facebook, d’un certaine manière, tente de se rattraper avec les “listes d’amis”. Chacun peut maintenant en effet classer ses amis dans diverses listes (qui restent privées) que l’on peut utiliser pour donner ou non accès à certaines parties de son profil. Ainsi, je peux être connectée à Jules, à qui je donnerai le droit de voir tout mon profil, alors que lui ne me donnera qu’un accès limité au sien.

Sans ce genre de subtilité, les réseaux sociaux qui imposent la réciprocité parfaite finissent par devenir invivables avec la multiplication des contacts de tous bords, ce qui amène à leur désertion par ceux qui les faisaient vivre.

Mais j'ai trouvé la photo sur internet! [fr]

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Chroniques du monde connecté: cet article a été initialement publié dans Les Quotidiennes (voir l’original).

Vous avez sûrement déjà entendu que le FBI a diffusé une photo de Ben Laden, artificiellement vieilli,  puisque le dernier portrait du monsieur très recherché date d’il y a une dizaine d’années, et qu’il a dû un peu changer depuis. Le hic, c’est que le FBI s’est vraisemblablement basé pour ce faire sur le portrait d’un politicien espagnol, Gaspar Llamazares, trouvé sur internet. (Ce monsieur-là, du coup, n’est pas très très content, comme vous pouvez l’imaginer.)

“Mais j’ai trouvé la photo sur internet!” s’est sans doute exclamé le responsable de ce mauvais photoshopping. “Je ne savais pas qu’il s’agissait d’un homme politique espagnol!”

En l’occurrence, le fait qu’il s’agisse d’une personnalité publique n’a en fait aucune importance.

Ce qui m’interpelle ici, c’est que même au FBI, on semble se satisfaire de l’idée naïve qu’une photo trouvée via Google Images peut être utilisée comme bon nous semble. Eh ben non.

Mesdames, messieurs, accrochez-vous donc bien à vos fauteuils: pour changer, je m’en vais me ranger cette fois du côté des droits d’auteurs. Il faut varier les plaisirs dans la vie, non? (N’ayez cependant crainte, il n’y a là rien de contradictoire, sauf peut-être pour les adeptes de prises de position simplistes.)

Ce n’est pas parce qu’une photo a été trouvée sur internet qu’elle est libre de droits.

Souvenez-vous de vos premiers cours de traitement de texte ou de fabrication de pages web, si Google existait déjà à l’époque. Un des exercices consistait très probablement à aller chercher une image “quelque part sur internet” pour l’incorporer dans votre document. Fatale erreur! On enseigne ainsi à une génération d’internautes que tout ce qui se trouve dans un moteur de recherche est “à disposition”. On confond allègrement “à disposition pour consultation” et “à disposition pour réutilisation”, voyez-vous.

Oh, c’est une erreur répandue, et je passe mon temps à remettre les pendules à l’heure: auprès d’élèves et de parents, mais aussi auprès d’enseignants et de professionnels de la communication. Et j’aurais peut-être dû faire un saut au FBI…

Alors je le répète ici: si vous trouvez une image “sur internet”, cela ne signifie pas qu’elle fait partie du domaine public. Il y a toutes les chances qu’au contraire, quelqu’un en détienne les droits.

Cette problématique trahit en fait une méconnaissance bien plus grave à mes yeux: une méconnaissance de la nature même des contenus qui composent internet.

Tout ce que l’on trouve sur internet y a été mis par quelqu’un: un particulier, une entreprise, une association, un gouvernement ou une organisation quelconque. On peut espérer que les personnes qui mettent des choses en ligne en aient les droits (ou au moins le droit). Mais même si ce n’est pas le cas, ce n’est pas parce tout le monde copie et recopie à droite et à gauche que cela nous autorise à le faire, comme on nous le répète à l’envi lorsqu’il s’agit de musique ou de films.

WPtouch iPhone Plugin Now on CTTS [en]

[fr] Le plugin WPtouch iPhone permet maintenant aux lecteurs de CTTS munis d'un iPhone de voir une mise en page adaptée à leur petit écran. Profitez!

Some time back I noticed that sites on WordPress.com were sporting a fancy iPhone-compatible theme, like this one:

Xavier put me on the scent of the WPtouch iPhone plugin, which I have just installed on CTTS — should make getting your daily (hrmm… almost) dose on your favorite phone a more pleasant experience!

WordPress Mobile Edition is another plugin which lets you customize your mobile theme more finely.

Atelier IIL sur les médias sociaux: liens et ressources [fr]

[en] Here are links for the teachers who attended my workshops on social media this morning at the IIL in Geneva. Many of the links are in English, so click through them even if Frenc

Ce matin, j’étais à l’Institut International de Lancy dans le cadre d’un formation continue mise sur pied par l’IFP, pour animer deux ateliers consacrés aux médias sociaux dans le milieu scolaire. Comme promis aux enseignants présents (j’en profite encore d’ailleurs pour vous remercier de votre accueil et de votre participation!) je vous donne ici les liens vers les deux présentations Prezi (le tueur de Powerpoint) qui m’ont servi de support, ainsi que quelques liens à explorer:

Les deux présentations en ligne vont évoluer un peu au fil du temps, comme j’ai bien l’intention de les étoffer pour mes prochains ateliers!

Mise à jour 07.01.10: pour s’essayer au blog, ou carrément se lancer dedans, je recommande la plate-forme WordPress.com, ou WordPress.org pour faire une installation sur son propre serveur web — c’est le système qu’utilise le blog que vous lisez en ce moment. Il existe toute une communauté francophone très active autour de WordPress.org. Je vous encourage également à créer un compte Google si vous n’en avez pas encore un afin d’essayer Google Docs et ses documents partagés.

Mise à jour 07.01.10, 19:30: un autre article à lire absolument (merci Jean-Christophe!), c’est “Facebook doit entrer à l’école“. Vous en avez d’autres? Laissez un mot dans les commentaires avec le lien!


Mise à jour 12.01.10: de l’importance des ses mots de passe et de protéger sa boîte e-mail, clé centrale de son identité en ligne, lisez Cette année, le père noël était un pirate (mais pas ce genre de pirate, attention!)