Demain, le 14 décembre, cela fera un an jour pour jour que j’ai dit adieu à Quintus. J’ai récupéré ses cendres, comme je l’ai fait pour mes autres chats, et depuis, il y a une petite boîte sur ma table de nuit, tout près du coin du lit où il a passé une grande partie de ses dernières années.
Je n’avais pas le coeur de le mettre ailleurs. Alors le projet, c’est d’aller disperser ses cendres dans le jardin, comme je l’ai fait pour Bagha, Safran, et Tounsi avant lui. Alors c’est dur tout court, de faire ça, mais là, doublement dur parce que ses dernières années de vies étaient tellement peu dehors.
Mais je veux me souvenir aussi des années où il passait des heures installé sous le buisson devant l’immeuble, où on se promenait avec Tounsi autour du bâtiment, où il courait à travers le gazon, chassait, et grimpait même aux arbres.
Alors demain, je prendrai mon courage à deux mains, même si je ne suis absolument pas prête, et je ferai un pas de plus dans ma vie sans Quintus.
Il y a des moments où il faut aller de l’avant avec la vie, même si ça fait mal. Se souvenir que le chat qu’on aimait, avec son corps si chaud, ses poils si doux, son odeur, sa truffe humide, son ronron et ses coups de langue, et bien maintenant, c’est un petit tas de poussière dans une boîte. Que c’est fini, qu’il n’est plus là, qu’il est mort, pour toujours. Qu’il est temps d’aller de l’avant dans la vie, sans le chat.
Alors j’ai regardé cette poussière, qui n’est plus rien du chat que j’aimais, qu’un souvenir, et bien moins vivant que celui qui est dans mon coeur, quelques grammes symboliques que je vais rendre au jardin qu’il aimait, avec quelques larmes, la mémoire des précieuses années ensemble, la poussière qui s’envole et le sable qui tombe au sol.
Et puis, renter à la maison, faire un câlin au chat qui est là, tout chaud, tout vivant, et qui un jour aussi, si on a de la chance, sera un petit tas de poussière et de sable, au fond d’une boîte.
Quatorze décembre, 14 juin. Six mois. Six mois que j’ai dit adieu à ma vieille boîte à ronrons. Je ne pleure plus, enfin je ne pleurais plus avant de commencer à écrire ces mots. Il me manque, mais je suis aussi tellement soulagée de ne plus vivre dans le stress constant qu’il lui arrive quelque chose, d’être libérée de la charge de me soucier de lui et de le soigner au quotidien.
Pourtant, je l’ai fait de bon coeur. Je me sens presque coupable d’apprécier autant ma liberté. Juste là, je donnerais beaucoup pour pouvoir le tenir encore quelques minutes dans mes bras, sentir sa tête contre la mienne, entendre son ronron.
Ce soir, alors que ça va plutôt bien, subit coup de blues. Il me manque, mon vieux chaton câlin. Il aimait vraiment le contact, les caresses, être dans les bras, sur les genoux. Même si ces derniers temps, il ne voulait plus les genoux. Puis, plus les bras. Mais toujours les caresses.
Oscar, il est plus réservé dans le contact. Il a eu une vie plus mouvementée que Quintus, a beaucoup souffert, eu peur… Il me fait confiance, mais ce n’est pas la confiance absolue qu’avait Quintus. Il aime les caresses mais il faut montrer patte blanche d’abord. Frotter les joues, c’est bien. Gratter sous le cou, un peu, parfois. Il reste en alerte.
Il a le droit, bien sûr. Chaque chat est différent. Quand Tounsi est mort, c’est aussi ce qui était spécifique à notre lien qui me manquait. Ce que rien d’autre ne remplace. Ce qu’on n’aura plus jamais.
Quand Tounsi est mort, j’étais révoltée par l’injustice de la situation, il était jeune, on n’avait pas compris ce qui lui arrivait quand les premiers signes de sa maladie se sont manifestés, j’ai culpabilisé, bref, c’était un ouragan d’émotions.
Ici, avec Quintus, c’est presque si à quelque part je n’avais pas le “droit” d’être aussi triste. Il est mort paisiblement, il a vécu de longues années, il a eu une super vie, a été un super compagnon, que demander de plus? Une vie bien vécue, un mort au moment juste pour moi, et pour lui aussi j’espère.
La seule révolte à avoir ici, c’est contre la finitude de la vie. La mort. Et à quoi bon? Il n’y a rien à faire autrement, juste apprendre à faire avec. Et ça, je crois que je ne suis pas prête, au fond. Je lutte encore.
Alors je laisse de côté la révolte, car elle est vaine. Et il reste ça: j’aimais mon chat. Il n’est plus là. Il me manque. Je suis triste. Peu importe le comment, le pourquoi, que tout ce soit fait de les meilleures conditions possibles. Peu importe le juste ou l’injuste, peu importe que j’aie ou non un autre chat. Il n’est plus là, et c’est horrible. Je suis tellement triste. Juste tellement triste.
Aujourd’hui, Quintus aurait eu 20 ans. J’avais des doutes concernant ses 16 ans, ses 17, ses 18 et même ses 19. Mais les 20 ans, j’y croyais. La vie en aura décidé autrement. La vie, la maladie, la vieillesse et la mort, surtout.
Quintus est mort le 14 décembre. Il était vieux, très vieux, et très diminué. Cette dernière année, encore plus. Et début décembre, il a dégringolé. Il avait déjà dégringolé quelques fois, et on l’avait récupéré. Cette dernière fois, quand j’ai cru que c’était clair que c’était fini, et que j’avais commencé à prendre mes dispositions pour l’accompagner jusqu’au bout, il a commencé à remonter la pente. J’ai décidé de lui laisser une chance.
Mais une semaine plus tard, il était clair que cette remontée de pente était insuffisante pour lui donner encore la qualité de vie qu’il méritait. J’ai pu faire venir une de ses vétérinaires à domicile, et je lui en suis très reconnaissante. Je n’ai aucun regret, aucun doute quant à ma décision – tant de lui laisser une chance quand je l’ai fait, que de tout arrêter lorsqu’il l’a fallu.
Je ne vous cache pas que ça a été horriblement dur. Avant, pendant, et après aussi. Après, au moins, j’avais la sérénité de savoir qu’il ne souffrait plus, ne souffrirait plus, que le temps de ma propre souffrance, à agoniser sur cette décision, était derrière.
Mais Quintus n’était pas qu’un chat vieux et malade. Nous avions une histoire. Moins longue que ses années, même si je l’ai connu chaton, car c’était le chat d’une amie, adopté à l’occasion d’un changement de continent. Mais une belle histoire tout de même, huit années de vie commune, huit années à dormir sur mon oreiller, à s’installer d’autorité sur mes genoux, à ronronner dans mes bras, à me regarder les yeux plein d’amour quand ils voyaient encore. Moi, en tous cas, j’y voyais de l’amour.
Je peine à trouver ma place dans ma vie sans lui. D’un certain côté, il occupait peu de place depuis longtemps déjà: un coin de mon lit, sur son tapis chauffant, et mon oreiller quand ça lui chantait. Mais dans mon coeur et dans mes préoccupations, c’était une place énorme: d’une part je l’aimais, c’était mon compagnon félin, et d’autre part m’occuper de sa santé était très prenant.
Maintenant, il n’est plus là, et c’est à la fois normal et impossible. Je ne sais pas toujours trop dans quelle couche de réalité je vis. Je ne m’attends pas à le voir, ça non, et je pense que c’est parce que sa mort était quelque chose auquel je me préparais depuis fort longtemps. Pas un choc, mis à part celui de la vie qui cesse d’une minute à l’autre et devient la mort. Je m’y attendais. J’ai même choisi quand. J’aurais pu dire non, on attend encore.
Ce n’est pas tant qu’il manque visiblement dans mon quotidien. C’est plutôt que ma vie s’est un peu éteinte depuis qu’il n’est plus là. Une source de joie, de bonheur et de réconfort a disparu. J’ai perdu l’être pour lequel j’avais fini par compter plus que tout, et ça ébranle ma place dans le monde. Je dérive un peu.
Il y a 20 ans, à Huddersfield dans le nord de l’Angleterre, naissait Oaxaca Little Quintus. Par un concours de circonstances quasi rocambolesque que l’on pourrait faire remonter jusqu’à une rencontre dans un marché en Inde, nos chemins se sont rejoints pour de bon en été 2012, quand nous avons pris l’avion ensemble pour faire le trajet Birmingham-Lausanne. Détail: nos lieux de naissance sont distants de moins d’une heure l’un de l’autre. Autre détail: Quintus, “cinq” en latin, était mon cinquième chat.
Il a fermé les yeux pour la dernière fois ce 14 décembre, un mois et demi avant son vingtième anniversaire. Et moi je pleure toujours.
Just a cat
Nobody said that
I’m even sure nobody thought that
Except maybe me
I shouldn’t feel so sad
I shouldn’t feel so lost
I shouldn’t be so heartbroken
Though even for months
And years
He’d been a shell of himself
A cat asleep
A little life
A few scraps left at the end of a long road
But still there
Still carrying memories
Our years together
Our bond
Still there while he slept
And purred sometimes
And stretched
Under my hand
And rubbed his face onto mine
Even when he stopped seeking my lap
Asleep next to me
Every night
Until the end
Soft fur
Lovely face
Black pads under his paws
So gentle
So trusting
A beautiful being
Just a cat
But my cat
My love
Gone to nothingness
Hardly more absent than when he was still there
In a way
But so much more absent to my tearful heart.
Ce soir, pour rentrer du travail, je pédale le coeur lourd. Après une journée de normalité, je réalise soudain qu’à mon retour chez moi il n’y aura pas de Quintus, pas la joie de le revoir, de le laisser frotter sa tête contre la mienne, d’enfouir mon visage dans son ventre pour sentir sa douceur et son odeur.
Pas l’inquiétude non plus de voir s’il va bien, s’il a mangé, s’il dort bien paisiblement… mais juste là j’oublie l’inquiétude, il n’y a que le manque, ma douleur voudrait faire machine arrière, effacer lundi, effacer sa mort, essayer encore quelque chose pour le garder près de moi, sûrement, il devait bien y avoir encore quelque chose à faire!
C’est bien normal, et je le sais. Mais ça n’ôte rien à ma peine. Et par-dessus tout ça, je me retrouve avec d’autres tracas personnels à gérer, dont je me passerais bien.
Juste là Quintus me manque, j’aimerais revenir sur ma décision, faire autrement, défaire tout ça et pouvoir le tenir encore dans mes bras. Ne pas avoir à faire face à son absence. Ce sentiment, c’est celui des larmes qui frappent à la porte, et qu’il faut laisser venir, même si ça fait mal.
Parce que ça fait mal, en fait, et que c’est malheureusement le seul chemin vers l’acceptation.
Que je n’aime pas devoir traverser ça à chacun des grands “jamais plus” de la vie. Jamais plus mon chat, jamais plus nos moments partagés, jamais plus m’émerveiller de ta beauté, jamais plus sentir ta langue râpeuse sur ma joue, jamais plus tes adorables pattes toutes noires dessous, ton sourire quand tu dormais, ton confort quand tu t’étirais…
Pourtant, on en avait déjà derrière nous, des jamais plus: tes pattes autour de mon cou quand je te tenais dans mes bras, ton accueil à la porte, te voir grimper les arbres, ramener des souris, courir dans l’herbe, venir d’autorité sur mes genoux quand j’essayais de travailler, faire la toilette à ton frère, à Tounsi ou aux chatons, observer le monde du balcon, ton regard quand tu me voyais encore, ta queue dressée bien haut pour montrer ta satisfaction, jusqu’à ce que tu ne puisses plus, les tours d’immeuble que l’on faisait ensemble, quand ta vue baissait mais que je ne le savais pas, tes pattes dans la neige, ton corps sur ma tête pour mieux dormir, ton ronron fort et quasi constant qui n’était à la fin presque plus perceptible…
Une vie, quand elle est finie, se résume à des souvenirs et des traces laissés dans d’autres vies. Quintus aura marqué la mienne, et celle de sa première maîtresse, mais aussi celles de quantité d’autres personnes qui l’ont rencontré, en personne ou par écran interposé. Il aura aussi marqué la vie de centaines de chats diabétiques francophones, puisque c’est sa maladie qui m’a inspirée pour créer la communauté “Diabète Félin”. Il a vécu une belle vie de chat, une belle vieillesse aussi. Mais tout ça ne me console pas. Je m’en fiche de tout ça: je veux juste qu’il ne soit pas mort, que l’âge ne l’ait pas rattrapé, qu’il soit encore sur mes genoux à ronronner, son poil si doux sous ma main.
C’est ainsi. Il faut faire avec l’absence, il faut faire aussi avec ce mouvement qui rejette absolument l’absence tout en sachant que c’est en vain, et accepter de s’effondrer dans la peine qui l’accompagne. Encore et encore, jusqu’à ce qu’au fil des jours, au fil des semaines, l’absence finisse par devenir plus supportable.
Je me rends compte qu’au fil du lent déclin de Quintus, ces dernières années, je n’ai jamais vraiment pris le temps de faire le deuil de ce qu’il perdait en route, tellement j’étais soulagée et reconnaissante qu’il soit toujours là.
J’ai été terriblement triste qu’il perde la vue. Ça a été graduel, et sa vie s’est rétrécie progressivement à mesure qu’elle s’assombrissait. Pendant un temps il me suivait dehors, et on se promenait ensemble. Puis sa mobilité s’est réduite, je le portais en haut du chemin, et il rentrait. Au début il se repérait bien dans l’appartement, puis, la confusion de l’âge aidant, c’est devenu de plus en plus difficile, navigant les murs au toucher.
A la mort de Tounsi, ma tristesse terrible de le perdre était augmentée de ma tristesse pour Quintus, car je savais qu’à son âge et dans son état de santé les chances qu’il retrouve un “copain chat” étaient très faibles. Pour lui, fini les siestes à deux, la toilette mutuelle, les chamailleries, la stimulation de la présence de l’autre, et simplement, la compagnie.
Chaque fois qu’il a été gravement malade, il en est ressorti diminué. Mais j’étais déjà si heureuse qu’il ne soit pas mort. C’est bien de focaliser sur le positif, mais il ne faut se voiler la face non plus pour le négatif.
Le Quintus qui est mort lundi était bien différent du Quintus qui est arrivé pour de bon dans ma vie en 2012. Il était même bien différent du Quintus d’il y a 3 ans, d’il y a deux ans, un an. Quelques mois, même. J’ai regardé encore et encore ce qui allait: il est autonome pour manger, il se déplace jusqu’au balcon et retour, il aime les caresses, il ronronne. Ce qui me restait de mon chat. Jusqu’à la fin, où il n’en restait plus rien.
When a kind of calm washed over me in the couple of days after Quintus’s death, I thought the worst was behind me, in those 10 agonizing days whilst I tried to decide if it was indeed time or not, and how to go through with it.
I may have been wrong. But things are not bad in the way I imagined they might be. I’m not crying all day or feeling actively miserable all the time. It’s more like I feel very down, very empty, not functional. I don’t recognise myself. I broke down at work the other day. I forget things. I make mistakes. I feel like life has been emptied of all its good things. And overall, I just realised I feel ashamed for not “dealing” better, or more as I’d expected. I don’t even feel like writing, or sharing, really.
I just wish I could take a break from myself until it’s all “over”, whatever that means. I’m definitely not in a great place, and I feel like I’ve lost my toolbox for navigating difficult times.
I tell myself that this will pass. I try to hang on to that. I try and trust myself that I will cope, one way or another. But I’m scared that I might be wrong this time around, and that doesn’t help me at all. I’m not sure what to do except wait, try and hold it together when I need to (work), and cut myself some slack when I can (the rest of the time).
I am so unbelievably sad to be left without my beautiful Quintus. I don’t want my life to be without him. I miss him, physically. I loved holding him in my arms, feeling him rub his head against mine, even licking my cheek, though his tongue was very rough, it was a mark of affection that I understood and welcomed. He slept on my pillow or next to it every night, give or take a few, for over eight years. I would bury my head in his tummy to fall asleep, wake up to his soft fur next to my face and a gentle purr. All that is gone, forever. It hurts so much that I’ve been setting it aside these last weeks, as I tried to get back on my feet after the ten terrible last days of his life, where I agonised over whether it was indeed time or if he could still make it for a bit that would be worth living.
And now, when I try to sleep, when I manage to stop work-related stress from spinning in my head and finally relax, grief come roaring in, all the more I guess because this is the time where I would most need him, companion of my evenings, of my nights, of my coming-back-to-consciousness when morning arrives. If only he hadn’t had to grow so old and die. I’m grateful for the time we had, and I know that it was time to let him go, but still, I wish there was a way to not have had to. I wish I could still have him near me, trying to crawl into my lap, pushing the computer away to squeeze in, stealing my pillow during the night. I wish I could still spot his graceful feline form in my flat, go to him for comfort when I need it, watch him enjoy a cat’s life.
But no, he’s gone. Gone forever. Forever. I want more time to say goodbye. More time before he has to go. But it’s too late, too late, all I’m left with are memories and pain and en empty spot at the corner of my bed where he spent most of his last months. I know it’s inevitable, I know he’s gone, but I don’t want to have to deal with this. I really don’t.
There is a little box with his remains and his paw print on my night-stand. It comforts me a bit that “he” is there, just next to his spot. It’s not him of course, but a symbol of his presence, and it makes me feel like he’s still somewhat there. Which he is not. I’m not in a hurry to spread his ashes. I will wait until the time feels right. I know already it will be months rather than weeks.
I hate being sad. I guess nobody likes being sad. But I feel like I particularly hate it. In these moments of deep sadness, I stop caring about anything, myself included. I just want to escape, stop feeling. Lose myself in something else, even if I pay for it in some way later.
I still have the box that contained Tounsi’s ashes, even if they have now long since gone back to the earth in the garden he liked to patrol. I put Tounsi’s box next to Quintus’s. I really loved these two cats so much. I loved how they were together, and with me. They were my little feline family. Something broke when Tounsi died. I wasn’t ready at all. And after that it was long years of fear that I’d lose Quintus too, his health slowly declining, each year bringing a new scare, each year thinking it would be the last, that he wouldn’t reach his next birthday. It was so hard the first year or two. I had prepared myself to long years with Tounsi once Quintus would be gone, but that’s not at all how it went. Things don’t go to plan.
I still miss Tounsi. He was a really special cat. I guess all cats are special, but he was particularly special to me. Because he was weird and astonishing, but I “got” him. Bagha and Quintus were wonderful and extraordinary cats, and I’ll never thank Aleika enough for bringing them into my life. They were “real cats”. Tounsi was different. Less feline, more like something of a puppy trapped in a cat’s body. Maybe not too sure about how to be a cat, at times. Losing him was devastating. And losing Quintus now feels like it’s not only the end of his own chapter, but also Tounsi’s.
Quintus and Tounsi were close. It didn’t come immediately, and I worked with them for it, but they slept together, groomed each other, play-fought. Quintus followed Tounsi when they were outside and he was starting to lose his eyesight. I’d always find them in the same room. Where one went, the other followed not long after. It was the little feline family I’d imagined when I decided I would adopt two cats.
I miss my old Quintus. Right now I’d like to scoop him up in my arms and hold him close and pet him while he purrs and headbutts my chin. But I can’t, because he died three weeks ago. I miss him so much.
Quand j’exprime ici ma peine face à la mort à venir de Quintus, je mesure la chance que j’ai d’être entourée (pas par hasard) d’autant de personnes qui comprennent la peine de perdre un animal de compagnie, et l’immense difficulté de planifier sa mort.
Ne pas être reconnu dans sa peine ou sa douleur peut amplifier celle-ci. On le sait bien. Entendre “ce n’est qu’un chat”, on sait tous ce que ça nous fait. Exprimer sa peine a un sens si elle peut être reconnue, si on peut être rejoint par autrui dans ce qu’on vit.
Le deuil non reconnu isole; on se replie sur sa douleur, on se détache d’autrui car être incompris dans sa souffrance l’attise encore. Ce n’est pas pour rien qu’on a toute une collection de rituels sociaux autour du deuil, qu’on enterre ou incinère nos morts, qu’on se rassemble pour honorer leur mémoire, pour être en lien dans notre peine.
C’est ça qui est important: être avec. Non pas rassurer ou essayer de réconforter. On ne peut rien faire de la peine d’autrui, qu’en être témoin. La vidéo de Megan Devine dans les commentaires le montre à mon avis très bien. Il suffit d’être avec. C’est simple, mais pas toujours si simple, en fait.
La peine de l’autre vient souvent réveiller la nôtre. Il arrive, sans mauvaise intention, qu’on cherche en fait en rassurant l’autre à se rassurer soi-même aussi, avec nos valeurs et nos croyances, qui ne sont pas toujours celles de la personne en peine. Par exemple, parler à une personne qui ne croit pas en Dieu de paradis ou de vie après la mort, parce qu’on y croit, nous aide nous, mais risque de laisser la personne en deuil encore plus seule avec sa douleur – l’idée du paradis ne la réconforte pas du tout, puisqu’elle n’y croit pas.
Chacun fait comme il peut avec la mort. On est tous mal pris face à elle. On se débat un peu comme des moucherons prisonniers d’une toile d’araignée, on s’agite pour essayer de s’en sortir, et nos efforts secouent toute la toile, y compris les autres petits moucherons prisonniers.
Alors j’aimerais vous remercier. De me lire. De pleurer avec moi. D’être là. De me rejoindre dans ma peine. Elle est moins lourde à porter car je suis moins seule. Et ça, c’est le meilleur des réconforts.
Ce soir, j’ai peur de manquer de courage. Après une journée où j’ai senti très fort combien j’étais cotonnée dans le déni, j’ai fait un effort énorme pour me rappeler que dans 3 jours, peut-être 2, tout est fini. J’ai un rendez-vous. Ton rendez-vous avec la mort.
Ton poil est beau. Tu as quasi retrouvé ton autonomie “vitale”. Tu as récupéré de la stabilité sur tes pattes, même si ça reste fragile, comme ça l’était d’ailleurs déjà avant cette crise. Tu ronronnes, tu frottes ta tête contre ma main ou mon visage, tu me lèches la joue, tu fais un brin de toilette après ton repas.
C’est tellement dur. Si au moins tu déclinais! Mettre fin à ta vie me semble complètement abstrait.
J’ai peur de manquer de courage et de tout annuler, de te laisser survivre encore un peu, parce que c’est trop dur pour moi de te dire au revoir, adieu, parce que j’ai trop de mal à l’idée de t’endormir alors qu’en fait tu sembles l’avoir surmontée, cette crise, et que même si tu es affaibli tu restes “encore capable”…
J’ai envie de te garder encore un peu près de moi. Je sais, je vois ce qui va, pas ce qui ne va pas.
Je vois que tu manges, que tu bois, que tu utilises ta caisse, que tu arrives à te déplacer tout seul pour ces choses, que tu aimes ma présence et mes caresses, que tu es confortable sur ton dodo, que tu t’étires, que parfois tu te nettoies la patte ou le museau, que tu viens appuyer ta tête contre la mienne quand je la pose près de toi.
J’oublie de voir que tu ne cours plus, que tu marches avec peine, que tu trébuches en descendant tes petits escaliers sur-mesure. Que tu ne chasses plus, que tu ne vas plus dehors, que tu n’inities plus d’interaction ni avec tes congénères ni vraiment avec moi, que tu ne demandes plus à sortir, que tu n’appelles même plus le service d’étage. Que tu n’es peut-être maintenant plus capable de marcher jusqu’au balcon, que tu ne joues plus, que tu ne fais plus ta toilette mis à part quelques coups de langue symboliques, qu’aller à la caisse, tu arrives mais c’est un effort, que tout déplacement ou changement de position te coûte. Tu ne vois plus depuis longtemps, ton monde s’est rétréci, tellement rétréci qu’il ne se passe au final plus rien ou presque.
L’essentiel de ta vie est derrière toi. Ce que tu pourrais encore vivre n’est rien à l’échelle de la richesse de ta vie. Ce que tu avais à vivre, tu l’as vécu. C’est fait. Il ne reste que quelques miettes, et c’est pour ces miettes que je me torture, que je me dis qu’il faudrait peut-être attendre, ou ne pas attendre, et je tergiverse, un jour oui, un jour non, essayant d’écouteur mon coeur, et aussi ma tête, de faire le tri entre la sagesse et les propres peurs de ceux qui m’entourent, essayer de décider ce qui est mieux pour mon trop vieux chat et pour moi.
Juste là je ne sais vraiment plus. J’aimerais dire “allez, pas cette fois, tu as encore du temps”. J’ai peur de regretter d’attendre trop, j’ai peur aussi de regretter d’aller de l’avant avant de me sentir vraiment prête. Mais peut-être que mettre fin à la vie de mon doux compagnon est quelque chose pour lequel je ne me sentirai jamais prête. J’avais peut-être l’illusion que dans un processus lent, où l’on a des choix, j’aurais l’occasion de me préparer. Mais peut-être que ce n’est pas possible, et que je dois juste décider, et que cette mort sera pour moi aussi brutale que les autres, celles que je n’avais pas vues venir, alors même que c’est moi qui en aurai fixé la date et l’heure.
Ce soir, je me sens juste très, très perdue.
***
Clairement, il est “à son avantage” sur cette photo et cette vidéo, mais c’est ce que je vois et qui me rend la décision si dure… Faut-il attendre qu’il se dégrade encore et encore, et souffre clairement? Le chat cache sa souffrance, je le sais, je sais qu’il est perclus d’arthrose, que sa masse musculaire a fondu comme neige au soleil (il a perdu 250g lors de cette crise et je doute fort qu’il y ait un monde possible où il les reprendrait), qu’il est très diminué… Je ne sais vraiment plus, là. J’ai arrêté les perfs, je suis en train d’arrêter de le nourrir “activement” (autre que lui proposer sa gamelle ou le mettre devant, mais plus de seringue, et quasi plus de nourriture reconstitutive)… on est en train de revenir au “régime d’avant” côté soins… il est “juste” plus faible.
***
Franchement, là je comprends vraiment qu’on soit tenté de se tourner vers la “communication animale” (en laquelle je ne crois pas) pour y chercher un peu de certitude ou de réconfort, ou de vouloir croire que tout ne s’arrête pas avec la mort, que finalement mourir ce n’est pas si grave, c’est libérer son esprit pour rejoindre le Grand Tout (qu’importe comment on le conçoit)… à nouveau quelque chose en lequel je ne crois pas du tout.
Comme tout serait plus simple si je croyais que Quintus pouvait me “dire” ce qu’il veut, ou me réconforter de l’au-delà en me disant qu’il est dans un lieu meilleur! Comme ce serait plus simple et rassurant…
Mais ce n’est pas pour moi. Pour moi il y a l’incertitude, la solitude devant le choix, ma certitude que quand le corps s’arrête, l’existence cesse.
C’est clair que s’il mourait “de lui-même” cela m’épargnerait cette décision, mais d’une part je n’y crois pas (il n’a pas une maladie qui est en train de le tuer, si ce n’est “l’âge”, toutes ses maladies chroniques sont bien gérées et sous contrôle), et d’autre part je pense que si ça arrivait je considérerais que j’ai failli à ma mission de l’accompagner correctement dans ses derniers instants, en étant là près de lui, en faisant au mieux pour minimiser sa souffrance.
Je ne serai jamais prête, mais ma décision est prise. Ta qualité de (sur)vie n’est plus une vie. La vétérinaire viendra cet après-midi. D’ici là, je vais assurer ton confort autant que possible, et rester près de toi. ❤️
Il y avait du soleil, alors on est sortis un petit moment sur le balcon, que tu puisses humer l’air du dehors.
Juste là je suis dans cette espèce de zone étrange, un peu irréelle, où j’ai mal aux yeux à force d’avoir tant pleuré, où la place de mon vieux chat au coin de mon lit est vide et froide, mais où je ne sens en fait pas grand chose. Je suis calme, un peu détachée, je sais que Quintus est mort mais c’est comme si “j’imprimais” pas.
J’essaie d’accepter d’aller avec mes mécanismes de défense. Ils sont là pour une raison. Il m’ont permis de profiter d’un excellent repas que je me suis fait livrer. Ils vont me permettre de dormir. Ils me permettent, alors que je peine à accepter l’énormité de ma perte, de fonctionner un tant soit peu.
Alors je ne lutte pas, je suis le mouvement.
J’ai eu très vite envie de ranger un certain nombre de choses liés à Quintus. Lors des décès de Bagha et Tounsi, j’ai pris mon temps pour faire disparaître les traces de leur vie dans mon quotidien. Je suis du genre à y aller doucement. Mais là, vu l’importance des aménagements faits pour Quintus dans notre espace de vie, j’avais besoin de reprendre un peu pied dans “mon” appart. Alors j’ai rangé les tapis chauffants, déplacé deux-trois gamelles, mais surtout mis au bout du lit l’escalier qui longeait ma table de nuit et m’obligeait à crapahuter via le pied du lit pour y monter. Quintus étant aveugle, je devais me plier à ses habitudes si je ne voulais pas qu’il se blesse. Ça fait très bizarre, ce nouvel “aménagement” autour de mon lit.
Oscar est installé sur le lit, couché contre mon pied, alors que j’écris. Depuis janvier ou février, Oscar passait ses nuits dans le salon (sa résidence initiale) pour que Quintus puisse manger correctement durant la nuit son régime spécial pour vieux chat malade. Ça aussi, ça change.
Je pensais qu’en me préparant, en sachant d’avance la date et l’heure, ce serait plus facile. Mais ça ne l’est pas. C’est même pire que d’être au pied du mur et n’avoir pas le choix, face à un animal qu’on aime qui souffre visiblement et est proche de l’agonie. Depuis 10 jours, le poids de cette décision à prendre m’écrasait, et j’oscillais entre espoir et douleur, doutes et culpabilité. Tout ça s’est envolé avec Quintus. Je me sens libérée. Mais je n’ai pas moins mal, en fait, d’avoir perdu mon chat.
Même si l’effet de sidération est moins fort que face à une mort inattendue et brutale, il demeure. Il y a quelque chose dans la mort qui nous échappe, du moins qui m’échappe, qui est impossible à conceptualiser. Comme ces trous dans le réel qu’on rencontre parfois dans les histoires fantastiques, ces espaces au bord du monde qu’on n’arrive simplement pas à regarder tellement ils ne sont pas là.
Je vais donc accepter cette légère sidération. Quintus n’est pas là, mais émotionnellement c’est comme si ce n’était pas définitif. Ça, je pense que ça se corrigera avec le temps. Je sais que les jours à venir ne vont pas être drôles. Mais je suis reconnaissante de pouvoir respirer un peu, au moins quelques heures, au milieu de ce gros temps émotionnel.
Aujourd’hui est bien moins pire que ce que j’imaginais. Je suis épuisée, je suis triste, évidemment, mais ce qui domine c’est le soulagement.
Quand Bagha puis Tounsi sont morts, j’avais eu une peine immense à ranger leurs affaires. Il m’avait fallu du temps. Tranquillement. Je pensais qu’il en serait de même maintenant avec Quintus. Mais en fait non, pas du tout.
J’ai réalisé en rangeant que l’essentiel de ses “traces” dans notre lieu de vie partagé, ce sont des traces de sa maladie, de sa vieillesse, de son déclin. L’escalier pour accéder au lit, le long de ma table de nuit, et le pouf à côté pour le rattraper s’il se ratait, ce n’était pas du tout pratique pour moi. Mais il devait être là, car Quintus s’attendait à le trouver là, et si je l’avais déplacé, il serait tombé du lit en voulant descendre. Il y a plein d’exemples comme ça.
J’ai aimé ce chat de tout mon coeur. C’est un amour qui venait avec son lot de contraintes. Des aménagements pour tenir compte de sa cécité et de ses problèmes de mobilité. Des médicaments à donner. Le séparer d’Oscar pour la nuit afin qu’il puisse se nourrir au mieux. Passer chez le vétérinaire presque toute les semaines (sans lui, heureusement). Être limitée dans mes déplacements et mes absences. Avoir peur, depuis des années, qu’il lui arrive quelque chose, que le mois prochain ce soit la fin, être peinée de son déclin. Et ces dix derniers jours, la douleur et l’angoisse quotidienne de vouloir faire au plus juste pour sa fin de vie.
Je ne regrette rien. Il a été un merveilleux compagnon, et méritait le temps et l’énergie investis pour adoucir ses vieux jours. Mais l’essentiel de sa vie, ce n’est pas ces quelques dernières années où il était en permanence “sur le fil”. En allant regarder des anciennes photos, j’ai repris conscience à quel point il était devenu l’ombre de lui-même, mine de rien. Il était toujours là, toutefois: le mois passé encore, il me sommait d’un miaulement rauque (“service d’étage! y’a quelqu’un?”) de venir près de lui une fois arrivé sur le lit. Tant que la température le permettait cet automne, il mettait le cap sur le balcon dès mon lever, et j’avais intérêt à avoir ouvert la porte, et Oscar avait intérêt à ne pas s’être installé sur “son” bout du canapé.
Je suis triste et il me manque, mais je ne suis pas en désespoir. J’ai la conscience tranquille d’avoir fait tout au mieux. Il a vécu une belle et longue vie, d’abord avec Aleika, puis avec moi. Une vie de chat, qui sortait, qui grimpait aux arbres, chassait, se frittait avec ses congénères, comme en témoignent ses oreilles. Une vie de chat qui ronronnait sur les genoux et sur l’oreiller, qui avait une confiance totale en l’humain, qui a été capable de créer un lien fort avec Tounsi alors même qu’il n’était plus tout jeune, qui a été une super nounou pour trois chatons orphelins. Un chat beau et doux, tolérant mais avec les idées bien arrêtées, qui a vécu dans deux pays, qui montait au chalet et faisait la sieste comme personne, que ce soit dans les fourrés, sur le canapé, ou sur la tête de quelqu’un dans un lit.
Je crois que je suis aussi en paix qu’on peut l’être en pareille circonstance. Merci à vous tous pour votre présence, pour les échanges, pour les mots gentils. J’ai été bien entourée et c’était précieux.
Quintus est allé manger dans sa gamelle trois fois cette dernière heure. Son sachet de nourriture habituelle. Il descend du lit par l’escalier, même s’il est faible sur ses pattes, et remonte se mettre sur son dodo avec le coussin chauffant.
Quand j’envisageais les scénarios pour la suite, aux moments les plus sombres, je me disais que la seule situation où je pouvais envisager de “continuer” mardi et au-delà c’était s’il était autonome pour manger, boire, aller à la caisse et maintenir sa température. Car même si je rentre à midi, s’il ne gère pas ça, c’est juste pas possible.
A croire qu’il m’a entendu. Je suis très désarçonnée et déboussolée. Cette nuit je croyais honnêtement qu’on l’endormirait cet après-midi. Durant la journée le doute a grandi, mais je n’imaginais pas du tout qu’il mangerait aussi bien.
Je me retrouve comme devant un gouffre. Cela fait deux jours que je me projette dans une euthanasie. Pas tant “si” que “quand”. Un peu de “si”, mais surtout du “quand”. Le bon moment pour lui et pour moi. J’ai pleuré, pleuré, essayé d’imaginer mardi sans lui, un autre équilibre pour ma vie, senti aussi la part de soulagement qu’il y aurait pour moi à être libérée de ma peur constante de le perdre, de la charge que représentent les soins – même si je le fais évidemment de bon coeur.
Et là… peut-être qu’on repart “comme avant”. Ce n’est pas la première fois qu’il nous aura fait le coup, de revenir des portes de la mort. Je pensais qu’il avait épuisé ses 9 vies, mais visiblement non. Evidemment tout peut encore dégringoler cette nuit… mais vu la tournure que prend ce soir, j’en doute. Son poil est joli. Il n’a même pas vraiment perdu de poids, même si c’est artificiel, car il a eu des perfs. Il lève bien la tête et me regarde quand je l’appelle.
C’est vraiment dur, ces désespoirs et espoirs. De plonger dans la tristesse du deuil et finalement “ah ben non, ce sera pour la prochaine fois”. Non que j’aurais préféré que ce soit “cette fois”, j’aime ce chat de tout mon coeur et je chéris chaque jour de plus que j’ai avec lui. Mais c’est dur, bon sang. J’ai l’impression d’être dans une lessiveuse émotionnelle: à fond dans un sens, puis à fond dans l’autre.
Je me souhaite une nuit paisible. Quant à lui, soit il gère sa nuit, soit il ne la gère pas: il y a là une croisée de chemins qui n’est pas entre mes mains.
Cette nuit j’ai dormi. Toi, tu n’as pas mangé autant que j’aurais espéré. Je ne suis pas sûre que tu aies mangé, après hier soir. Mais tu as utilisé ta caisse, tu as maintenu ta température, tu n’es pas resté au froid sur le parquet.
A un moment donné, tu t’es agité – peut-être as-tu simplement raté la marche en voulant descendre du lit ou te retourner. Je t’ai pris sur moi, tu es resté longtemps, immobile, chaud.
Je t’ai dit que c’était OK, que tu pouvais arrêter de te battre si tu en avais assez, que j’étais prête à te laisser partir. Je t’ai dit ça pour moi plus que pour toi. Je ne crois pas que tu comprends mes paroles, mais je sais que les dire change mon état intérieur, et qu’à travers notre lien, mon état intérieur a un impact sur toi.
J’ai pensé que ça pourrait être la fin. Tu respirais peut-être un peu vite, mais surtout, tu restais sur moi sans t’en aller, tout mou sous mes mains.
Enfin, tu as bougé. Tu t’es posé sur le lit à côté de ton tapis chauffant. J’ai mis ma tête contre la tienne, je t’ai dit encore des paroles que tu ne comprends pas mais qui m’ont fait du bien. Tu as frotté ta tête contre la mienne, puis contre mes doigts, tu as léché mon nez “comme d’habitude”, et ronronné un peu.
On me dira que c’est un message, que tu veux me dire quelque chose. Je n’y crois pas, dans ce sens. Je pense que tu exprimes ton état, pas que tu communiques avec intention. Et certes, l’état que tu exprimes, c’est un message pour moi: tu es encore là, il te reste un peu de goût à la vie, même si c’est surtout celui de mon nez.
Alors on verra ce que ce jour amène. Si on repart pour un tour, ou si ces dernières 24 heures n’étaient qu’un petit “mieux mais pas assez” avant de se dire adieu pour de bon.
Une journée un poil plus sereine aujourd’hui. Je suis épuisée émotionnellement. A un certain niveau, je n’en peux plus et j’aimerais que ça s’arrête. Les petits progrès de hier sont encore là, dans l’ensemble. On a une certaine stabilité. Mais elle n’est pas suffisante. Elle ne permet pas une vie durable.
J’ai fait le point ce matin avec mes vétérinaires. Il y a un mieux, alors on continue encore quelques jours ce qu’on a fait jusqu’ici, pour lui donner une chance.
Mais le problème de fond ne s’en ira pas: Quintus est vieux, très vieux, trop vieux même. Son corps est usé. Si on surmonte cette crise, il y aura la prochaine. Et la suivante. Et la suivante. Et il ne faut pas se leurrer, à cet âge-là se retrouver aux portes de la mort ne rend pas plus fort.
Il était déjà tellement frêle.
Je regarde ses pauvres vieilles pattes qui ont encore fondu. Son poil reste joli (il a un pedigree mine de rien, il faut assurer!) et il reste quand même un peu de chat sous la main quand on le caresse, mais à quoi bon si ses pattes ne le portent plus? Et juste là, mis à part l’appétit peu présent (il remange, mais ça ne veut pas dire qu’il mange assez pour se maintenir), le gros souci c’est sa faiblesse. Difficile de se nourrir correctement quand c’est trop fatiguant de se tenir devant le bol pour manger.
Alors on se donne quelques jours. Un peu pour lui, surtout pour moi, j’en ai conscience. Quelques jours pour voir si on revient en arrière, si on stagne, ou si on progresse. Dans les deux premiers cas la réponse sera claire: on va s’arrêter. Dans le dernier… il faudra voir jusqu’où: pourra-t-il récupérer une qualité de vie acceptable? J’en ai des gros doutes.
Les chances sont minces, vous voyez, même s’il y a un peu de répit.
J’ai tant de mal à accepter la mort. Déjà ça, c’est dur. Mais ce que je n’avais pas vu venir, c’est à quel point elle peut tourner autour du pot. Alors que j’écris ces lignes, tentant de me projeter dans les jours qui viennent où je vais certainement me retrouver sans lui, après avoir dû décider “c’est maintenant”, le voilà qui s’étire confortablement comme il en avait l’habitude, dans son demi-sommeil, serrant ses pattes avant contre lui autour de son museau, tendant les pattes arrière. Quelque chose qu’il n’a pas fait depuis des jours. Ces petites choses qui me font penser qu’il est de retour, qu’on va pouvoir continuer notre petite vie comme avant, après tout, cette grande frayeur passée comme les précédentes. Un déni confortable qui me permet de souffler un peu, mais dont je dégringole rapidement.
Après vous avoir emportés avec moi tout ce week-end, je voudrais vous épargner un peu les ascenseurs émotionnels. C’est déjà assez dur à vivre comme ça, sans encore le poids de les infliger à tant de belles personnes qui m’entourent. Cela ne veut pas dire que je vais cesser d’écrire ou de vous dire comment vont les choses. Mais peut-être pas quatre fois par jour. On verra.
En ce moment Quintus dort confortablement sur son coussin chauffant, moins comateux et plus endormi. Il a mangé un peu par lui-même, je l’ai aidé pour le reste, il a eu sa perf et ses médics indispensables. Il a passé du temps entre mes jambes tout à l’heure, a donné quelques coups de langue à une patte avant. Sa température semble s’être stabilisée, sa glycémie aussi. Ce matin, par contre, il a refait pipi sur le linge qu’il occupait. Il ne mange pas assez bien par lui-même. Il est très faible et se déplace avec peine.
J’ai la chance demain qu’une adorable personne vienne veiller un peu sur lui pendant que je travaille. J’aimerais être libre de rester avec lui ces quelques jours, mais la vie a ses contraintes. Il faut faire avec, ça je l’accepte.
Aujourd’hui je peux presque faire semblant que ma vie est normale. Presque.
Quintus ne dégringole pas. Il progresse même un peu. C’est le scénario le plus compliqué. Jusqu’où garder de l’espoir? Combien de temps donner avant de conclure qu’il ne retrouvera pas une qualité de vie suffisante, quel que soit le temps supplémentaire qu’on pourrait lui donner?
Je retrouve un peu mon vieux chat. Il est plus alerte. Ses positions couché sont plus normales. Mais la mobilité… Il est encore trop faible.
Aujourd’hui je prends un peu congé et je me dis que voilà, je n’ai pas besoin de trouver de solutions aujourd’hui. J’essaie juste de profiter du temps avec lui, sans trop penser.
Je ne veux pas te laisser partir. Pas du tout. Je refuse d’accepter la mort. Quelque part, au fond, je pense que si je refuse assez fort, je gagnerai.
Mais la mort gagne toujours. Elle est là, au bout du chemin, quoi qu’on fasse.
Et elle est là au bout de ton chemin, pas très loin d’aujourd’hui.
Le problème c’est que je ne veux pas. Et encore moins alors que tu as un peu remonté la pente. Je m’accroche à l’espoir, comme si remonter cette pente pouvait te rendre immortel. Je m’accroche très fort, parce que si je ne lâche rien, je n’ai pas besoin de regarder la mort. Ce qu’on ne voit pas n’existe pas!
Mais elle est là, tout près, incontournable. Elle t’attend, et moi je ne suis pas prête. J’étais prête, pourtant, à un moment donné. Puis non. Puis oui de nouveau. Puis non. C’est compliqué, l’acceptation.
Je te regarde là couché près de moi, ton poil joli mais tes jambes creuses, ta si belle tête même si tes moustaches pendent un peu dorénavant.
C’est d’autant plus dur que tu es bien vivant. Mais quelle vie? Que reste-t-il de ta vie de chat, qui courais dans le jardin, grimpais aux arbres, montait d’autorité sur mes genoux, faisais tes griffes sur l’arbre à chat, houspillais la jeunesse féline qui te manquait de respect, nounoutais les chatons orphelins?
Certes, tu manges, tu n’as peut-être pas perdu toute envie de vivre, mais ce n’est plus juste que tu boites en montant et descendant les escaliers du lit: c’est tout un effort, toute une galère, c’est vraiment devenu dur pour toi.
Et je ne veux pas te faire subir ça… Donc la solution est de faire en sorte qu’il n’y ait plus de toi. Je comprends tellement pourquoi on tient à notre croyance en une vie d’après. Ça rend tellement plus simple l’idée de la mort. Ce n’est pas le passage de l’existence à la non-existence, c’est juste un passage entre un état où l’on souffre et un autre état où tout va bien.
J’ai toujours dit que l’euthanasie était le dernier acte d’amour pour nos compagnons à poils (ou à plumes… écailles…). Le problème c’est que c’est un acte par lequel on prive cet amour de sa destination. Le deuil, c’est de l’amour qui n’a nulle part où aller. Et donc cet amour, qui nous fait dire “c’est fini, ta vie doit s’arrêter, car la faire continuer est pire que de l’arrêter”, cet amour est lui-même la source de son propre désancrage.
Ce serait plus facile de faire ça pour toi si je croyais que d’une façon ou d’une autre, tu serais encore là pour bénéficier de ce geste qui me coûte tant. Je le fais pour toi, pour qu’il n’y ait plus de toi. Et ça, ça a quelque chose de paradoxal que je n’arrive juste pas à concevoir. Pourtant, c’est ce qui va se passer. Lundi, ou mardi. J’ai commencé les démarches. Et juste là, je suis inconsolable.
Un jour de cauchemar recouvert de neige
Mon très vieux chat, si frêle et doux
Le temps des adieux, à moins d’un miracle
Il y en a eu des miracles, mais cette fois je n’y crois plus
Ton vieux corps sur le fil, à l’aube de tes vingt ans
Ton corps qui dit “je ne peux plus”
Et mes larmes qui coulent sur ta fourrure et dans des mouchoirs
Tes vielles pattes qui ne veulent plus te porter
Le ronron que j’ai entendu il y encore quelques jours
Eteint
Impossible à rallumer
J’essaie d’imaginer un lendemain sans toi
Je ne veux pas, mais tu ne peux plus
Il est venu le jour de cauchemar
Faut-il encore se battre?
Il faut bien mourir de quelque chose
Le premier jour de vraie neige
Un hiver que tu ne passeras pas
Un printemps que tu ne verras pas
Mon très vieux chat, compagnon de toutes mes nuits
Ma boîte à ronron, quand elle fonctionnait encore
Mon chasseur de souris, voleurs d’oeufs de pigeon
Tiens, cela fait bien longtemps que tu n’as plus appelé le service d’étage
Tu vois, mine de rien, au fil du temps
Le lent déclin qu’on perçoit à peine
Inéluctable, un mot usé comme ton pauvre corps
Le bout d’une vie longue comme ces lignes
Que j’alimente encore et encore
Pour ne pas en voir la fin
Pour ne pas te dire adieu.
Jusqu’ici, j’ai eu la “chance” d’endormir mes chats dans des situations où il n’y avait pas photo, pour abréger une agonie claire.
J’ai réalisé il y a très peu de temps – avant toutefois que Quintus ne dégringole – que ma plus grande peur par rapport à sa mort n’était pas tant la mort elle-même (ça toutefois la mort avec toute sa charrette d’enjeux) mais l’idée que je risque de prendre la décision irrémédiable alors qu’il aurait encore eu une chance de s’en tirer.
Je ne compte plus le nombre de fois où on a pensé que c’était cuit pour lui, et où contre toute attente il a remonté la pente. La mort, c’est final. Et toutes ces fois, j’aurais pu décider que c’était “fini”. En janvier, il a fait une insuffisance rénale aiguë. Quasi une semaine sous perf chez le véto. Le “dernier” jour, celui dont on avait dit “si c’est pas mieux là, c’est cuit”, on a vu une lueur d’amélioration. On lui a donné un jour de plus. On est en décembre. Il aura eu presque un an de vie, de petit vieux, certes, mais avec des caresses des ronrons, des siestes et des étirements confortables…
A un jour près il n’aurait pas eu cette presque-année.
J’essaie de me réconcilier avec l’idée que je ne peux pas garantir que ma décision de mettre fin à ses jours sera “le bon moment”. Ce soir, il est plus serein, sa température est stable. Mais il est très faible, ne mange et ne boit pas par lui-même, n’arrive pas à aller à sa caisse, se déplace à peine.
Clairement une vie comme ça, ça ne va pas. Mais pendant qu’il est comme ça, on essaie de lui donner une chance: réhydratation, nourriture à la seringue, le réchauffer, médicament pour aider le transit à repartir. Mais on fait ça combien de temps?
J’ai trouvé une vétérinaire qui pourrait venir faire une euthanasie à domicile demain après-midi. On a dit qu’on faisait le point demain matin.
Si ça empire, la décision est facile. Si rien ne change, je pense aussi que les choses sont claires. J’ai congé dimanche et lundi, mais je reprends le travail mardi, donc à partir de ce moment-là ça me sera impossible de m’occuper de lui d’aussi près, et le mettre encore x jours en box chez le vétérinaire sous perf, pour si peu de chances d’une issue favorable, je ne crois pas que ce soit juste pour lui.
Mais si – et c’est ce que je crains – il y a une légère amélioration? S’il maintient sa température, s’il donne un coup de langue à la seringue quand je lui donne à manger, s’il tient un peu mieux sur ses pattes? Faut-il continuer à lui donner une chance, ou bien se dire que même s’il remonte un peu la pente, les chances qu’il puisse retrouver sa qualité de vie d’avant et être assez autonome sont trop faibles?
Je ne vous demande pas de répondre à ces questions. Mais ce sont celles que je me pose, celles qui m’empêchent de dormir, et qui, disons-le, me torturent un peu.
J’ai peur de prendre la décision “trop tôt”, de le priver d’un bout de vie qu’il serait capable d’avoir et qui en vaudrait la peine.
Et j’ai du mal à me résoudre à accepter de prendre ce risque.
Viennent aussi les considérations “pratiques”. C’est dur de devoir prendre ça en compte. Je suis prise à plein temps (travail et formation) de mardi à dimanche. D’une certaine façon, il “vaut mieux”, pour moi et probablement pour lui, que tout s’arrête demain, ici, dans une relative sérénité, que risquer de partir dans une semaine avec des hospits, ou alors une dernière journée ou deux à la maison dans des conditions encore plus dégradées qu’aujourd’hui, et sans que je sois avec lui.
36.1: la fin des haricots. La température de ton corps après trois heures de mon sommeil. Tu t’es couché au fond du couloir, sur le parquet – boudant ou ne retrouvant pas tes tapis chauffants. Ton corps est au bout, tu es au bout, et moi aussi je suis au bout de ce que je peux faire pour t’aider. Hier après-midi, ta température était stable. Mais il suffit que je ne veille pas pour qu’elle dégringole. Tu dépends des bouillottes et du tapis chauffant, et moi je ne peux pas t’empêcher de le quitter. Alors oui, je peux te remplir de nourriture et d’eau, encore quelques heures, encore quelques jours, mais ton organisme a posé les plaques. 20 ans, presque 20 ans, juste pas 20 ans. Ça reste une vie de chat extrêmement longue. Et depuis plusieurs années, tu es malade, mine de rien. Plutôt trois ou quatre fois qu’une. Alors on peut pardonner – je dois pardonner – à ton corps de ne plus pouvoir. Il a été bien vaillant jusqu’ici, mais tout le monde a ses limites, y compris toi.
Je ne suis pas sûre de croire que “tu sais”, que tu “n’as plus envie”. Je pense plutôt qu’il y a ce que tu peux et ne peux plus, qu’il y a le mal-être et le bien-être. Je ne crois pas que tu essaies de me dire quoi que ce soit; je sais que tu es, tout simplement. Peu importe au final ce qui fait que tu ne reviens pas là où tu te réchaufferais, que ta température dégringole, que ton appétit s’est fait la malle. Ce qui compte, c’est que c’est comme ça, et que même en faisant “ce qu’il faut” pour te réchauffer, pour te soutenir, pour te nourrir, rien n’y fait. C’est important pour moi, ça, de savoir que j’ai fait “ce qu’il faut”, que je n’ai pas baissé les bras trop tôt. Si j’étais du genre à baisser les bras trop tôt je t’aurais perdu il y a des années. On aurait raté encore un joli bout de chemin ensemble – et quoi qu’en pensent certains, il l’était aussi pour toi.
On n’a qu’une vie, et quand elle s’arrête, c’est terminé. Pour toujours. C’est ça que je crois. Alors il m’importe d’être là jusqu’au bout, de ne pas rendre les armes alors qu’il en reste, de la vie à être vécue, de la vie qui ait un sens. Ne pas souffrir est important, mais à ne regarder que la souffrance (physique généralement), qui peut être temporaire, et à ériger l’absence de celle-ci en valeur suprême, je crois que l’on se fourvoie. A l’extrême, la vie étant inextricable d’une certaine dose de souffrance (ou même “étant souffrance”, quand on traduit maladroitement le bouddhisme dans nos langues d’Occident), on en viendrait à une posture un peu simpliste de négation pure et simple de la vie. Pas de vie, pas de souffrance. On voit bien que ce n’est pas satisfaisant.
A la question de la souffrance, je préfère celle du sens, à laquelle on peut subordonner la première. Ainsi, la souffrance et la tolérance de celle-ci est à évaluer à l’aune du sens dans laquelle elle s’insert. On peut souffrir de façon transitoire, car cette souffrance “a un sens” dans une vision plus globale. On peut accepter une certaine dose de souffrance même chronique dans une vie, parce que cette vie a un sens au-delà de cette souffrance. Le problème n’est pas la souffrance en tant que tel, mais son intensité, sa durabilité, et son contexte.
La question du sens n’est pas sans ses propres écueils nihilistes, bien entendu. Mais à l’échelle d’une vie, face à la mort, je trouve qu’elle tient encore la route.
Et là, mon très vieux chat, le sens est en train de nous échapper, avec sa copine l’espoir. Ton état n’évolue pas. Le maintenir stable demande un travail impossible à fournir sur le long terme, pour une qualité de vie qui n’est pas acceptable.
Je pense que demain sera le jour. “Demain”… je veux dire aujourd’hui, plus tard, après la nuit.
J’attends demain. Après une nuit où tout semblait clair, le matin a apporté un faible ronron, une tête qui réagit aux caresses, des coups de langue dans le bol de patée offerte, une longue séance de boisson à la fontaine, et même un pipi dans la caisse cet après-midi. Globalement, il est aussi plus confortable dans sa position.
C’est extrêmement difficile: les chances qu’il soit suffisamment bien demain restent faibles. Aussi, je suis épuisée, éreintée des ascenseurs émotionnels, fatiguée du souci constant et de la mort à l’horizon depuis des années.
Contrairement à d’autres personnes qui ont la hantise d’attendre un jour trop tard, la mienne est d’agir trop tôt. On aurait pu faire ça cet après-midi. Mais j’aurais trop douté: aurait-il fallu lui laisser encore un jour pour montrer de quoi il était capable?
Au fond, je pense que ça ne changera pas grand-chose. Demain sera comme aujourd’hui. Mais il y a une petite chance que ce soit plus clair, soit dans un sens, soit dans l’autre. Une petite chance que je puisse être plus sereine. 24h aussi encore pour se dire au revoir, dans des conditions pas trop mauvaises. Pour passer 5 minutes au soleil sur le balcon, enveloppé avec une bouillotte dans un plaid.
Ce dont j’ai le plus peur, paradoxalement, c’est que demain il aille “trop bien”. Car autant je ne veux pas couper court à sa vie si elle a encore du temps en elle, autant je serai soulagée que tout ceci soit derrière, malgré tout mon amour pour ce chat qui m’accompagne depuis bientôt 9 ans.
Je me permets ce sursis parce qu’il est relativement serein. Parce qu’aujourd’hui est mieux qu’hier, cet après-midi mieux que ce matin. Je sais que je ne fais que repousser l’inévitable. Egoistement, j’en viens presque à espérer que son état se dégrade nettement. Mais il y a tout à parier que demain ne clarifie rien, que je me retrouve avec un chat affaibli, mais qui mange, boit, va à sa caisse, ronronne et apprécie mes caresses. C’est une situation qui n’a pas de bonne solution.
Alors aujourd’hui je nous offre le luxe de juste vivre ensemble la fin de cette journée, sans trop penser à demain.