Rédaction d'infos pour ciao.ch [en]

Mon travail de rédaction pour le thème internet de ciao.ch, un site d’information et de prévention destiné aux adolescents, avance plutôt bien.

L’association CIAO m’avait contactée il y a déjà bien longtemps, mais entre un job d’enseignante à quasi-plein temps à l’époque, des rechutes de TMS, et les débuts un peu sur les chapeaux de roue de ma vie de consultante indépendante, le rédaction a vraiment commencé au compte-gouttes. Mais là, depuis quelque temps, on a trouvé un rythme de croisière à coups d’après-midis dans leurs bureaux et de nombreux litres de thé de menthe assaisonnés de quelques gâteaux et chocolats.

Si vous avez un moment — et surtout si vous connaissez les adolescents de près ou de loin — votre avis sur ce qui est déjà en ligne m’intéresse grandement. Est-ce que ça vous paraît adapté, pertinent, adéquat?

Le thème est loin d’être complet. Seront mis en ligne prochainement des chapitres tournant plus autour de la “sécurité informatique”: virus, phishing, spam. Le reste attend d’être rédigé…

Récit de rêve [fr]

Un rêve de cette nuit qui vient de me revenir subitement.

[en] A dream I had last night. It just came back to me.

Passant devant Mémoire Vive, je glisse et tombe, me faisant mal aux doigts. Je passe ensuite par le marché, je souffre, et en examinant mon annulaire gauche je vois qu’il y a un gros morceau de verre bleu dans la blessure. Je l’enlève, et vois qu’à  l’intérieur de mon doigt il y a encore plein d’autres morceaux de verre coloré, comme des perles pour collier vertes et bleues.

Je décide qu’il faut que j’aille au CHUV me faire opérer. Je pleure tellement j’ai mal. J’appelle l’école, en retard, pour dire qu’il faut me remplacer. Je passe voir la secrétaire, je n’arrive pas à  penser clairement, je cherche mes bagues et mes clés de voiture pour pouvoir partir. Elle me dit que si je peux conduire, je ne dois pas avoir si mal que ça. Elle ne me prend pas au sérieux, semble penser que je suis en train de me défiler, que je joue les douillettes. Je lui explique que j’avais la voiture avant l’accident. Je l’ai laissée au parking du Valentin et je veux simplement trouver mes clés.

Je suis en Inde, au Kérala. Je laisse mes bagages chez quelqu’un, sans y faire vraiment attention, et je pars pour Kochin. J’y retrouve Madhav. Mon doigt me fait toujours horriblement souffrir, et je me rends compte que je suis au mauvais endroit. Je devrais être au CHUV! J’envisage d’aller me faire opérer à  Pune. Misère, j’ai laissé mes bagages à  Allepey, à  1h30 de train, et dans l’autre direction! Je dis à  Madhav que je ferais peut-être mieux de rentrer en Suisse… mais je dois de toute façon aller récupérer mes bagages, et je ne sais pas trop où ils sont. Comment diable ai-je pu être aussi insouciante avec mes affaires? Je me sens complètement paniquée, dépassée, angoissée. Jamais je ne serai de retour à  l’école à  temps.

Les diamants du Pont Bessières [fr]

Une petite inspiration d’écriture, ce printemps.

[en] A small text inspired by the glittering sidewalk of the Lausanne bridge some desperate people choose to jump off.

Rédigé un jour ensoleillé de printemps 2004

Le tristement célèbre Pont Bessières brille au soleil de mille étoiles posées sur son trottoir. Petits éclats de verre sertis dans le bitume et qui m’éblouissent alors que je marche, admirant les nouvelles barrières censées rendre la tâche plus dure à  ceux qui voudraient sauter. Un peu de beauté, peut-être, pour leur redonner le goût de la vie?

Récupération [fr]

Un petit texte que je n’utiliserai pas pour l’exercice de français que je prépare. Je le colle ici plutôt que de le ficher à  la poubelle.

[en] A small text snippet I wanted to use in an exercice for my pupils. Not adapted, so I'm sticking it here instead of throwing it away.

Trop compliqué et subtil pour l’exercice de français que je préparais (l’idée était de faire ensuite récrire ce petit morceau d’histoire du point de vue de l’extra-terrestre caché dans les feuilles), mais bon, je le garde — ça peut toujours servir!

Notre vaisseau se posa doucement sur le sol. Je fus le premier à  sortir. Une peu méfiant, je descendis les marches et regardai longuement autour de moi. C’était toujours à  la fois excitant et effrayant d’être le premier à  fouler le sol d’une nouvelle planète. Tout était vert autour de moi: des plantes immenses et des arbres qui touchaient le ciel, recouverts de lianes entrelacées. J’étais en train de me retourner pour faire signe à  mes camarades, encore bien cachés dans le vaisseau, quand je crus voir quelque chose bouger dans la verdure, à  quelques dizaines de mètres. Je m’immobilisai et fixai l’endroit en question. Pendant quelques instants, il ne se passa rien. Soudain, dans un grand bruit de feuillage et de brindilles cassées, une forme à  première vue humaine prit la fuite à  travers les arbres.

Nostalgie de quartier [fr]

La Place de la Barre par une après-midi ensoleillée de printemps, et des souvenirs qui reviennent.

Alors que je monte en voiture l’Avenue de l’Université, par cette belle journée ensoleillée qui sent doucement le printemps, voilà  que je me retrouve propulsée huit ans en arrière, à  la même époque de l’année.

Ma dernière année de chimie. Une année de judo intensif, de remise en question, de boulversement émotionnel. Une époque où je me retrouvais souvent au Sherlock’s de la Place de la Barre (c’était avant la faillite) et où j’ai recommencé à  écrire. Ma vieille BMW parcourait souvent les routes du coin, entre le dojo, l’université, et le domicile parental qui m’hébergeait encore.

Je suis sur la placette qui surmonte le tunnel, avec vue sur la place. Il y a l’école derrière et le bruit des enfants dans la cour; la terrace du bistrot déborde de son territoire d’alors.

Sur ce même banc où j’écris ces lignes, un an plus tard (en février pour être précise), je lisais La phénoménologie de la perception de Merleau-Ponty en cinq jours. Je m’y suis peut-être assise encore l’année suivante, je ne sais plus trop bien, puis est venu mon dernier printemps difficile en Suisse avant de partir pour l’Inde, le retour en Suisse, Orange, et maintenant, la fin d’Orange…

C’est une odeur dans l’air — je ne peux pas vous en dire plus.

A Coin [en]

A little girl follows the canoe and asks the two tourists inside for a coin.

There is a canoe with tourists again. A white lady with fair hair, and another lady from the city. I stand on the edge of the water, I say “Hello!”, I smile. They wave back.

The white lady has a big camera. These tourists, they always take a lot of photographs. These two are laughing and talking and playing with their cameras.

I run along the shore to follow them — they aren’t going very fast, it is easy. I wave, I smile again. I think they like me. I am wearing my purple dress.

I ask for a coin. The lady from the city makes me repeat. I think she doesn’t understand.

The canoe is going round the corner — I take the shortcut behind my uncle’s house and catch up with them again. Once more I ask for my coin. As they still don’t understand, the boatman tells them what I want. These ones won’t give me anything.

I run after them again, smile and ask for a photo. The lady from the city takes a picture of me. I wave good-bye, the boat goes off. Mother is calling me.

Une matinée en Inde [en]

Une matinée tranquille en Inde, à  la maison, avec un portée de six petits chiots.

J’émerge vaguement de mon sommeil au moment où Sagar rentre à  la maison. Mon passage à  la position verticale me fait douloureusement savoir que le mal de tête qui me tient compagnie depuis plusieurs jours ne s’est pas fait la malle pendant la nuit.

Je dors dans le “salon”, la pièce qui accueille les gens qui entrent dans l’appartement, puisque la chambre à  coucher est occupée par les propriétaires, mes amis Shinde et Nisha, et surtout par une portée de six petits bergers allemands couinants et leur mère.

Etape incontournable au lever, l’opération-pipi prend ici une toute autre dimension. Les WC sont “à  la turque”, comme on dit par chez nous, ce qui ne me dérange nullement. Par contre, je ne peux pas dire que je sois réellement enthousiaste de partager les lieux d’aisance avec les trois chiens adultes qui vivent ici. Première étape, donc, rincer tout d’abord à  grande eau la cuvette et les alentours afin d’en éliminer l’urine de chien…

Je me re-pose sur mon lit et je lis quelques pages de mon fascinant livre sur les mélanges culturels dans la région d’Hyderabad au XVIIIe siècle. Shinde fait sa puja à  la cuisine pendant que Nisha prépare à  manger. Je croise Sagar brièvement en allant prendre quelques photos, puis il va se coucher.

Le long tintement continu de la cloche annonce la fin de la puja. Shinde passe dire bonjour, et quelques minutes après c’est Nisha qui m’appelle pour déjeuner.

Installée sur le seul tabouret de la cuisine, je finis de me réveiller en plongeant ma cuillère dans le délicieux upama épicé préparé par Nisha. Je prends cependant soin de laisser les piments sur le côté. Sagar, réveillé par les appels insistants de Shinde, vient chercher son assiette et disparaît.

Je suis la dernière à  finir. Shinde est parti au travail après une courte prière (ou invocation? — il faudra que je lui demande) devant son autel; Sagar dort déjà  à  poings fermés.

Nisha et moi parlons du programme de la journée: ce matin, je lirai, puis j’irai au café internet cet après-midi avant que nous sortions les trois (avec Sagar) manger chez Pizza Hut. Shinde ne sera pas de la partie, comme c’est le jour où il rend visite à  son guru.

Saisie d’une subite inspiration, je demande à  Nisha son meilleur couteau. Suivant mon conseil, Shinde a ramené hier soir un grand carton pour les chiots – malheureusement un peu petit. J’ai vite fait de le dépiauter un peu pour en faire une sorte d’enclos assez grand pour contenir mère et petits. (Suivant un de ces raisonnemetns dont le secret m’échappe, Shinde avait prévu de n’y mettre que les chiots.)

Justement, une des petites bêtes piaille plaintivement depuis quelques minutes. Nisha a fini vaisselle et nettoyage de cuisine, et est à  présent occupée à  la puja. Sagar, lui, ne s’est pas réveillé malgré le bruit (une faculté toute indienne). Je vais donc m’y coller, même si la mère a une fâcheuse tendance à  me considérer comme une menace pour ses petits et à  la jouer “fais gaffe ou je te mords.”

Je constate qu’une fois encore, un des chiots s’est aventuré hors du tas de couvertures qui leur sert de nid. Il se retrouve maintenant sur le carrelage lisse et froid, incapable de rejoindre sa mère et les autres. Mon enclos sera bien utile. Je réussis à  remettre la petite chose sur le tas grouillant de ses frères et soeurs, malgré les efforts de Silky, la mère un peu surprotectrice et nerveuse, pour me tenir à  distance (elle s’assied sur ses chiots et fait mine de vouloir prendre ma main dans sa gueule.) Le bruit cesse.

Sagar, endormi à  moins d’un mètre de moi, n’a pas bronché.

Nisha vient nettoyer le coin des chiots et nous y installons mon carton. Elle me félicite avec enthousiasme pour mon idée (qui rendra également le nettoyage plus aisé). Silky s’y installe aussitôt avec les chiots, que je n’ai presque pas entendu couiner depuis.

Histoire d’habituer un peu Silky à  ma présence, je m’installe sur un coin du lit avec mon livre, pendant que Nisha passe le balai et la panosse dans tout l’appartement.

"Café, Mesdames et Messieurs?" [en]

C’est la deuxième fois que je le croise dans le train. Au lieu de se contenter de tirer son chariot à  boissons sans un mot comme ses collègues, il interpelle les passagers: “Café, Mesdames et Messieurs? Bonjour, un p’tit café? Madame, vous prenez un café?”

Regards surpris, un peu heurtés par ce rayon de soleil à  la peau noire, si peu helvétique, un poil intrusif à  notre goût parce que l’on n’en a pas l’habitude, mais qui tout compte fait est d’une politesse exquise et ne se montre jamais insistant. Un petit choc des cultures bienvenu dans le train Lausanne-Bienne du matin; un sourire pour commencer la journée.

The Very Thirsty Camel [en]

Once upon a time there was a camel, who lived in the dry, scorching desert. Long ago, he had drunk poisonous water out of an oasis, and it had made him very, very sick. What a bitter experience! He had very nearly died.

So this camel had become a very cautious camel: he avoided water so that he wouldn’t be sick again. He was thirsty, of course, but he preferred that to risking death again. He would wander around and go past the oases without so much as touching their water. He was a very thirsty camel.

Once in a while, however, he would reach an oasis where other camels were drinking. When that happened, he would start drinking there too, as the water was obviously safe. But this camel was so thirsty that once he started, he would drink up the whole oasis, leaving nothing behind him but a dry patch of mud.

But, will you ask, how did we get to know about this camel and his strange behaviour? Actually, the answer is pretty simple (aside from the dried-up oases, of course). You see, as this camel drank only so very rarely, and so much at a time, he had developed no less than twenty-seven humps on his back, attracting the attention of all the camel-watchers in the desert.

Parable told by J.-F. H.