Ce qui vient [en]

Depuis quelques jours les mots me démangent. Me chatouillent, plutôt. Ce n’est pas désagréable. Deux livres en papier, écrits par des hommes que je connais et dont j’aime l’esprit, se sont mis d’accord récemment pour venir remuer un peu la fourmilière calme où dormaient mes mots.

Le réel a quelque chose de fondamentalement textuel, pour moi. Le language est mon véhicule. Il en existe d’autres, bien entendu. Mais le mien c’est les mots.

J’ai été embarquée ce week-end par un élan nécessaire, et bienvenu, mais qui ne m’a pas laissé l’espace pour lire, pour écrire.

Ce n’est pas grave, juste un peu frustrant.

Frustrant, comme l’inadéquation entre mes projets et désirs, assez nombreux pour remplir trois ou quatre vies, et la finitude du temps qui passe et qui m’est offert pour leur donner un toit.

Alors, dans la fatigue du soir, avant de tourner des pages en papier, je me donne un peu de place pour voir ce qui vient.

Ça vient, mais pas ce que je voulais. Je voulais quelque chose à partager. Quelque chose qui amène quelque part. Qui offre un peu de lumière. Quelque chose qui élève, qui entrouvre une fenêtre dans le coeur ou dans l’âme.

Pas quelque chose qui plombe.

Les choses qui plombent, c’est ennuyeux, car quand on les lâche dans la nature, ceux qui les trouvent ne peuvent s’empêcher de s’interroger, de s’inquiéter, d’y lire des choses qui n’y sont pas.

Car au fond, ce qui plombe vraiment, c’est de garder les choses à l’intérieur. Donner une voix à ses ombres, c’est les reconnaître et les accueillir, c’est leur ôter une partie de leur pouvoir. La lumière les colore et les apaise. Il faut les écouter quand elles souhaitent qu’on leur ouvre la porte du cahier, du clavier, de l’écran ou de la chanson.

Alors je garde précieusement quelque part mes petits mots plombants, parce que je vais bien, au fond, et que je pense à toi, lecteur, lectrice, ami ou amie, qui pourrais voir entre les lignes des grains de poussière qui ne sont qu’un détail presque insignifiant dans l’épais mille-feuilles du réel, généreusement fourré de crème pâtissière et garni d’un glaçage bien rose et brillant.

Faut-il des titres? [en]

Il y a des années de ça, après un atelier d’écriture de 30 jours sur le thème du deuil, j’ai commencé à écrire des choses que je ne partage pas ici. Parfois beaucoup, parfois peu, souvent poétique. Des fois je m’épate, mais je sais bien que mon regard est celui du créateur émerveillé par sa créature, alors je me retiens prudemment. D’autant plus que quand j’écris, voilà, ça sort, je relis à peine, je retravaille encore moins. Une fois dehors ça m’intéresse beaucoup moins.

Alors ça vaut ce que ça vaut, probablement, mais parfois, secrètement au fond de moi, je me prends à rêver qu’il y a peut-être là-dedans des petites perles géniales. Vous savez, ce genre de rêve qui n’a pas le courage de se confronter à la réalité, ni vraiment de s’assumer, et qu’on classe au rayon des illusions un peu naïves, sans y croire tout à fait (à notre classement).

Parfois je partage quelque chose sur facebook, mais souvent pas. Je suis souvent étonnée des réactions, prudemment, mais ça me fait plaisir quand quelqu’un aime, bien sûr. Et ça vient nourrir le petit rêve que j’ai rangé sur l’étagère avec toutes les autres illusions.

Ces jours je me suis reprise à mettre en mots quelques couleurs de vie. Je suis allée relire des choses du passé, et comme souvent, je n’ai aucun souvenir d’avoir écrit ça, ou alors à peine, et surtout, j’ai l’impression de lire les mots d’une autre. (N’y voyez rien de mystique là-dedans, je vis dans un monde bien matérialiste. La complexité du fonctionnement de notre cerveau est suffisamment merveilleuse pour ne pas avoir besoin de plus.)

Je suis remontée un bout. Il y a plus de 70 pages dans ce document.
Clair, quand on écrit des choses en colonne, ça prend plus de place. Mais quand même.

Alors que je reprends pour la nième fois une relation un peu plus suivie avec mon blog, j’ai envie de mettre ici certaines de ces choses que j’ai écrites et écrirai. Pas forcément celles que je trouverais les meilleurs (sérieusement, j’en sais rien), juste celles qui me feront envie. Parce que voilà, c’est moi aussi, et si j’écris, c’est d’abord pour moi, parce que c’est bon pour moi de le faire, mais ce n’est pas que pour moi, c’est aussi pour rencontrer l’autre, participer de cette façon aux liens entre les êtres, ne pas vivre comme des îles. Contribuer à ma manière à cette aventure collective qu’est tenter de comprendre ce que c’est d’être en vie, d’être humain, d’exister, d’être dans le monde.

Et là, le truc qui me bloque: la plupart de ces petits écrits n’ont pas de titres. Et dans un blog, y’a des titres. Et franchement, j’ai pas toujours envie de rajouter un titre. Je numérote? Je mets la date? “Poème du 23 mai 2021”?

A quoi ça tient.

Avoir le temps [en]

J’ai toujours vécu avec un sentiment d’urgence vitale. Littéralement. Il y a tant de choses que je souhaite faire (hyperactivité, allô) et nous ne sommes pas éternels (j’ai appris jeune que chacun pouvait mourir demain). Il y a en moi une énorme pression interne à “profiter de la vie”, “faire”, accomplir des choses afin que ma vie ait un sens. Un sentiment de “pas assez de temps”, qui se manifeste également par une absence d’envie de dormir, une activité que j’ai tendance à percevoir comme du “temps perdu”.

Tout ceci est pas mal pourri, évidemment, et certainement le résultat de la combinaison entre TDAH et parcours de vie. Maintenant, j’ai quand même du recul par rapport à ça, et il y a eu du changement depuis que je suis sous traitement. J’aime beaucoup plus mes nuits, par exemple, et comme j’arrive effectivement à “faire” plus, je me sens beaucoup mieux par rapport à ma vie. Mon angoisse existentielle a également largement disparu. Auparavant, j’avais déjà compris que cette pression à faire et profiter me paralysait, et m’empêchait ironiquement de “profiter” de ma vie. Pourri, je vous ai dit.

Il y a quelques mois, mon chef m’a posé une question dont la réponse était évidente pour moi, mais qui m’a permis de vraiment expliciter un aspect de mon fonctionnement. Il m’a demandé si, dans une situation où j’avais du mal à avancer sur une tâche, un peu de pression supplémentaire m’aidait ou non. Clairement, cri du coeur, la réponse est non. En fait je me mets déjà une énorme pression interne pour à peu près tout (y’a quelque chose à écrire là au sujet du perfectionnisme et de ses manifestations), et comme dit plus haut, plus le stress grimpe, plus la pression augmente, plus je culpabilise de ne pas faire (“assez” – et je vous laisse imaginer à quelle hauteur est la barre) et moins j’arrive à faire. Typique des mécanismes de procrastination, typique TDAH.

Là où je suis le plus capable de produire, c’est quand il n’y a pas de pression (“il faut faire”) mais de la motivation interne (“j’ai envie” ou “c’est important”). Cette motivation interne, c’est une sorte de cri du coeur (“impulsivité/impulsion” si on veut un vocabulaire un peu plus scientifique) qu’il m’est difficile de commander. C’est là où c’est pas là. C’est “on” ou “off“. Qu’est-ce que j’aimerais en avoir la clé! A nouveau, avec mon traitement c’est plus nuancé, et c’est plus facile qu’avant d’accomplir des choses pour lesquelles je n’ai pas une grande motivation. Je suis moins susceptible d’être embarquée par mes élans à des moments moins opportuns, aussi. Je peux résister.

Un domaine où je vois ça très fortement à l’oeuvre, c’est dans la création de vidéos et de documentation pour la communauté Diabète Félin. Si l’élan est là, hop, je fais une vidéo ou je passe 3 heures à écrire, et c’est fait. Mais si l’élan n’est pas là, j’ai beau me rappeler que cette tâche est importante pour un projet global qui me tient à coeur, ça ne prend pas. Idem pour l’écriture. Les rares fois où j’ai écrit dans le cadre d’un mandat où il fallait produire, c’était vraiment pénible. Par contre, quand j’ai une idée pour un article, hop, j’écris, et voilà.

Comme mon chef l’a très bien résumé: le management par objectifs, c’est pas trop pour moi. Ce qui peut être difficile à comprendre, toutefois, c’est que si les objectifs et la pression ont tendance à me “casser”, je fonctionne plutôt bien face à une bonne situation de crise (mais une vraie, pas une fabriquée: l’importance et l’urgence doivent être une évidence).

Depuis quelques années, j’écris moins. D’une part, depuis que je ne suis plus indépendante, je me suis retrouvée avec la priorité soit du travail pour un employeur, soit de la recherche d’emploi. Et pré-diagnostic, il faut bien l’avouer, je n’allais pas super bien. Depuis mon diagnostic, aussi (ou peut-être même avant? c’est dur de s’y retrouver dans les années qui passent), je ressens moins le besoin d’écrire. J’ai beaucoup écrit pour me comprendre, comprendre le monde, digérer des émotions. J’ai beaucoup écrit car ça bouillonnait à l’intérieur et j’avais besoin de poser quelque part une information qui me tenait à coeur ou une prise de position. J’ai moins ça, maintenant. Une part le traitement, mais une autre part, déjà là je pense, simplement l’âge et peut-être un peu de sagesse et de maturité qui vient avec. J’ai bientôt le double de l’âge que j’avais quand j’ai ouvert ce blog. Plus du double de quand j’ai démarré ce site.

Mais aussi, je réalise de plus en plus, parce que pour écrire (et faire certaines autres choses que j’aime), j’ai besoin d’avoir le temps. J’ai besoin d’avoir du temps ouvert devant moi. J’ai besoin de ne pas sentir le poids des choses à faire, de ne pas avoir un temps limité à disposition. Je suis sûre que pour certains d’entre vous, ça semble complètement anodin de réaliser ça. La réalisation c’est une chose, réussir à en faire quelque chose, à mettre en pratique, c’en est une autre. Comment, dans mon quotidien surchargé (pas que d’obligations, aussi de choses que j’ai choisies et que j’aime), est-ce que je m’octroie suffisamment de temps ouvert pour qu’émerge l’élan de vouloir? Parce que voici quelque chose qui ne marche pas: me dire, allez, cet après-midi je ne m’oblige à rien, donc je vais pouvoir prendre le temps d’écrire, ou alors de lire, ou alors de trier mes photos… Ça ne suffit pas.

Ici, en Inde, en vacances, voilà que je retrouve ça. L’Inde est un pays rempli de temps morts, de chaleur qui cloue sur le lit sous le ventilo, de digestion capricieuse qui oblige à rien faire, d’imprévus et d’annulations, de moments dans la journée où tout s’arrête, soi-même y compris. Ce n’est pas pour rien que j’ai énormément écrit et lu en Inde. Les vacances, c’est bien aussi. On est hors du quotidien, on laisse nous soucis derrière nous, pour autant que les vacances soient assez longues et qu’elles comportent assez d’espace pour se laisser vivre.

Je suis ici depuis 10 jours. Dix jours, un début chaotique avec des projets de vacances annulés dans des circonstances difficiles, un changement radical de programme, et là une semaine, à une demi-heure près, que j’ai posé mes valises à Apani Dhani au Rajasthan. Durant mon trajet en voiture depuis le Nord de Delhi, je me suis dit “ah! je vais pouvoir écrire!” et j’ai même enregistré 45 minutes de notes sur le début de mon voyage, à défaut de pouvoir directement sortir mon ordinateur dans la voiture pour me mettre à taper. Au final, ce n’est qu’avant-hier que l’élan d’écrire est arrivé, après quelques premiers jours un peu trop actifs et un ralentissement soudain imposé par mon système digestif (rien de grave… juste le truc qui assomme et fait rester allongé sous le ventilo en attendant que ça passe…).

Quelle est la recette? Quelles sont les “conditions-cadre” (si vous avez bossé en Suisse allemande vous apprécierez la référence) pour que j’aie envie d’écrire, et écrive? Est-ce réalisable avec moins de deux semaines à disposition, en Suisse ou quelque part de plus proche? Pourquoi est-ce que des fois ça vient, des fois pas?

Une autre chose pour laquelle j’ai pu apprécier de prendre du temps c’est de trier et retoucher les photos que je suis en train de prendre ici. Comme j’avais “tout le temps du monde”, j’en ai aussi profité pour apprendre à utiliser certaines fonctions de Lightroom que je ne connaissais pas (il y en a tellement). Qu’est-ce que c’était agréable de pouvoir trainouiller à essayer des choses, sans la culpabilité d’avoir le sentiment que je “perds mon temps”!

Parfois, j’écris des mots [fr]

Il y a des gens qui racontent des histoires. Ils inventent des mondes et des vies qu’on suit au fil des pages, hors d’haleine.

Moi, je raconte la vie, les idées, les émotions, et parfois des lubies passagères.

On a tous nos zones d’ombre ou de douleur, nos émotions difficiles. Certains s’asseyent dessus, tentent de les noyer, ou en font de la musique. Moi, j’en tire des mots qui parfois font pleurer les gens qui lisent, ou leur serrent le bide, ou leur font quelque chose qu’ils n’arrivent pas à mettre en mots, et moi non plus. Parfois ça ne leur fait rien, et c’est bien comme ça aussi.

Souvent, je trouve au fond de moi un petit éclat de braise, je souffle dessus avec mes doigts, et les flammes de sens qui s’agitent sur l’écran me surprennent moi-même. Je ne suis pas pour autant en feu, au risque de finir dans les service des grand brûlés. J’ai juste joué avec une flamme dans mon laboratoire, sous une chapelle bien ventilée, avec mes lunettes de protection et mes gants. Vous, vous avez vu la flamme, en gros plan, sans contexte.

Ne t’alarme donc pas, ami lecteur. Si l’inspiration poétique est morose, ce n’est pas pour autant que la poétesse broie du noir.

Bribes de pandémie 4 [fr]

Parfois il faut écrire pour voir ce qui vient. Il vient du vent, de la tempête ou de la pluie, parfois du soleil et les oiseaux qui chantent. La nature à travers mon être, l’odeur de la terre et la chaleur de l’herbe au milieu de l’été.

Parfois il faut écrire pour voir ce qui vient. Ça vient d’ailleurs, ou bien de moi, ce n’est pas toujours clair. Les mots s’alignent et le sens surgit, s’envole comme un oiseau qui n’est pas une hirondelle, ou parfois s’étale sur le sol comme un pot de peinture renversé.

Parfois il faut écrire pour voir ce qui vient. Avec douleur, avec tristesse, rarement avec joie. La mélancolie domine et me tire en arrière alors que mes doigts ne font qu’avancer. Tant d’années sur un clavier. De quoi est faite une vie? Qu’en reste-t-il quand elle expire?

Parfois il faut écrire pour voir ce qui vient. Pour voir ce qui va, aussi, et ce qui ne va pas. Pour tenter de mettre le doigt, désespérément, sur la clé, la source, l’origine, la solution. Démêler l’écheveau de l’être, insuffler de la vie dans le temps qui passe. La course effrénée au sens, encore, toujours, plus encore, il faut du sens si l’on ne veut pas mourir.

Parfois il faut écrire.

Pandemic Snippets 5 [en]

Sometimes, I write, and I pretend that it’s not me. It’s easy. I just put the words down, and stop worrying if “I” is “me”. It goes back and forth. If I believed in spirits I might say one is talking through me. I feel other. I read my words and cannot imagine writing them. Somebody else was there, in my fingers, singing in my mind. I stop worrying about being true to facts – just true to expression. True to emotion. Sometimes to emotion that feels alien, or that I didn’t know I had. There are things deep inside that try to crawl out, or push through the earth of the soul into the sunlight. The murky underwater of my being. That maybe doesn’t entirely belong to me.

Aimer écrire [fr]

Ça m’est venu hier dans une discussion avec une collègue: j’aime écrire, mais comme moyen d’expression. J’aime mettre par écrit des choses qui sont dans ma tête. J’aime m’exprimer par écrit, “parler” par écrit, réfléchir par écrit.

La rédaction pure, prendre un contenu arbitraire et le mettre en forme par écrit, collecter des infos de différentes sources pour en faire quelque chose de digeste, en tant que tel, ce n’est pas ma tasse de thé.

C’est certainement pour cela que durant toute ma carrière j’ai relativement peu écrit “sur commande”. Même lors des mandats rédactionnels que j’ai eus, j’avais une motivation forte à communiquer la matière dont il était question. Et lorsque ce n’était pas le cas, la rédaction était pénible. Oh, je l’ai fait, et je le ferai sans doute encore, mais je n’aime pas particulièrement ça.

Gagner ma vie en écrivant, ça n’a jamais été un objectif pour moi. Gagner ma vie en réfléchissant, ou en communiquant mes idées, ça oui, c’est attractif.

Je blogue depuis plus de dix-sept ans. Il y a eu des pauses plus ou moins longues, la fréquence rédactionnelle a beaucoup varié, le genre d’écrits aussi. Ici, je pense et je parle à haut clavier. Et c’est pour ça que ça dure.

 

At Some Point I Started Caring About What I Wrote Here [en]

[fr] A un moment donné j'ai commencé à me soucier de ce que j'écrivais ici. Dans le sens de me soucier de ce qu'on allait en penser.

When did it happen? I’m not so sure. At some point, I started caring about what I wrote on my blog. I started thinking about what others would think. I used to just write what I felt like writing. I didn’t have this sense that I had an “audience”. Sixteen years ago, pretty much nobody I knew was online. I knew online people, of course. But they were online people. My tribe.

I realised that after following an online course called Writing Your Grief. It was just after Tounsi’s death, but I’d already signed up – it was coincidental. For the first time in a long time I was writing things that weren’t meant to be published, but that weren’t journaling either. It was an extraordinary experience: not just as related to my grief, but for the writing. We had a private Facebook group in which we could share our writing and read each other’s pieces. A room full of compassionate strangers. I hadn’t written like that in years. More than a decade, maybe. And I loved what I wrote. You know, when words seem to write themselves, and your writing actually tells you something?

Morning Pages do that, but they are less structured. More stream-of-consciousness. I haven’t been able to pick up Morning Pages again since Tounsi died. Maybe I will someday. Right now I feel like I’m holding on by the skin of my teeth, so I don’t have the courage to dive back in.
While I was mulling over this new/old writing I’ve connected with (again?), Adam shared a link to this piece about blogging. Which I read.

You know it’s a recurring theme here on Climb to the Stars. I miss the Golden Age of Blogging. And when I was reading the piece linked above, about how blogging went from carefree online writing to being all about influencers, my feelings finally collided into a thought: yes, that was it. I missed writing without caring too much about what people would think. About being judged. About having to be “good” because my job depends on it now. Similarly, I noted the other day on Facebook that I wasn’t online to sell or market stuff, I was online because I liked it here. Because I enjoy it.

Catch-22, right? Because I enjoy it, I made it my job, and now it matters. I’m not a nobody anymore. I have clients. Colleagues in the industry. And I care what they think. And so I write less. I’m careful. I self-censor – more. I enjoy it less.

And now I’ve found a different pleasure in writing. Writing things I’m scared to show people, because I hope they’re good, but fear they’re banal. Expectations. Ah, expectations.

I guess I’ll just keep writing.

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Comment écrit-on? Plagiat, paraphrase et compagnie [fr]

[en] Contact with a few batches to bachelor students these last years has led me to believe that "writing" for many of them means "copy, paste, remix a bit". Cue an article on plagiarism...

Il y a très longtemps, j’écrivais sur du papier. Brouillon, ratures, prévoir du temps pour recopier au propre. Depuis la fin de l’uni, et même avant, ça ne m’arrive plus. J’écris sur clavier. J’ai la grande chance d’être douée d’un excellent premier jet. Souvent, je ne relis même pas avant de publier. C’est “facile” pour moi. Avec les années, j’ai appris que ce n’était pas le cas pour tout le monde.

J'écris mal

Je viens de finir d’écouter un épisode de Note to Self sur le plagiat. On y parle de quelque chose que j’ai constaté ces deux dernières années avec mes étudiants de bachelor: pour beaucoup, écrire signifie copier, coller, et, si on a de la chance, remixer un coup. En saupoudrant de paraphrase.

Pour nous qui avons appris à écrire “avant les ordinateurs”, cela n’avait pas des masses de sens de recopier mot pour mot ce qu’on trouvait dans nos manuels ou encyclopédies. Certes, certains le faisaient certainement, mais comparez l’effort requis à celui de copier-coller puis changer quelques mots.

Dans mes cours de blog, j’ai jusqu’ici laissé pas mal de liberté à mes étudiants concernant leur choix de thématique. Une chose sur laquelle je ne fais aucune concession, toutefois: ils doivent publier du contenu original. Du contenu qu’ils ont écrit eux-mêmes. Je suppose qu’il est clair pour eux que le plagiat est un péché capital, mais dans le doute, on repasse une couche.

Malgré cela, je me retrouve avec chaque classe face à une collection d’articles qui sont au mieux de la paraphrase maladroite. Cela devient un point de contention avec les étudiants. Je me demande s’ils me prennent vraiment pour une idiote, mais avec le recul, je me dis qu’ils n’ont peut-être simplement jamais vraiment appris à écrire, et qu’ils s’en sont tiré “en faisant ça” dans leurs études jusqu’ici.

En particulier, je pense qu’on ne leur a jamais appris comment paraphraser correctement (digérer le texte source, cacher celui-ci, écrire avec ses propres mots, contrôler pour la justesse des idées/faits et l’absence de citation directe involontaire).

Après “un peu” de recherche en ligne (ahem! ça aussi c’est une compétence qui manque souvent!), il me semble que les sources francophones que j’ai trouvées insistent sur “c’est mal, voici ce qu’il ne faut pas faire” mais ne montrent pas avec beaucoup de détail comment faire mieux. En anglais, il y a plagiarism.org, qui semble très bien, un tutoriel de l’Université du Missouri, des indications sur comment éviter le plagiat “copier-coller” grâce aux citations, des exemples de paraphrases acceptables et non acceptables (ici aussi).

On me demande parfois comment je “détecte” le copier-coller sous-jacent. Je n’utilise pas de programme anti-plagiat (probablement pourtant que ça m’épargnerait les nerfs). Mais à force d’années de linguistique, d’analyse de texte, de lecture et d’écriture, je sens immédiatement le changement d’auteur à la lecture. La plupart des étudiants que j’ai croisés dans mes cours n’écrivent pas aussi bien que les textes qu’ils plagient, et ne savent pas ménager une transition. De plus, dans un cours de blog, on travaille un certain style d’écriture qui est rarement celui des sources “d’inspiration”.

Alors c’est clair, on cite avec moins de rigueur académique quand on blogue, mais le principe sous-jacent reste le même: éviter de faire passer les idées ou les mots d’autrui pour les siens. Le moyen le plus simple d’éviter ça? Ecrire des choses qui sont déjà dans sa tête, et qu’on n’a pas besoin d’aller piquer sur des sites existants. Et faire des liens vers nos sources.

Il reste après le problème du plagiat involontaire, mais ça, c’est une autre histoire…

(Zut, je voulais parler aussi de la difficulté constatée chez mes étudiants à simplement “construire” un texte, à argumenter, etc — mais ce sera pour une autre fois, ce billet est déjà assez long!)

From Essay to Fiction [en]

[fr] Exercice d'écriture: une aventure à la recherche de personnages pour porter ses histoires.

It’s an adventure. The adventure of a mind bubbling with ideas and things to say and write. The adventure of a mind which would like to bubble with fiction that makes people dream big things, and read on in wonder at the worlds created.

But all she can come up with are disasters and worst-case scenarios. And she wonders: do people want to read about all that will go wrong? Should she give in to the dystopian fantasies her mind produces on a daily basis?

She’s not that sure about the dystopia bit, either. Because on the flip side, she has hope, hope so huge and solid that it smothers everything else. Beyond all reasonable hope, she hopes, and imagines things working out against all odds.

She has imagination.

What she lacks is characters. She needs characters to fall in love with and to pull her along through her stories.

Her adventure will be the adventure of conjuring up characters to carry her stories.

She will delve in herself and those around her, clumsily at first, cobbling together patchworks which will barely stand on their two feet. But with practice and patience she will grow nimble, and her characters will breathe life and love. They will dance through her worlds under sunlight and starlight, singing the stories their lives will weave.