Opérations médiatiques: marre [fr]

[en] Sick and tired of being asked to do stuff for free particularly when it's a media stunt. I rant about two recent situations where I've been contacted for "unpaid work" which is obviously going to benefit "the client" more than me.

Deux opérations médiatiques auxquelles j’ai été conviée de participer me laissent songeuse — et un peu inconfortable. Laissez-moi d’abord vous en dire quelques mots, puis on verra où part ce billet (j’avoue ne pas très bien le savoir moi-même).

La première, “Tapis rouge pour les APEMS”, a eu lieu pour moi hier (il y a aussi un vernissage de l’expo ce soir à Lausanne, mais vu mon état, je n’y serai pas). D’après ce que j’ai compris, il s’agit d’un événement monté par l’agence Plates-Bandes pour faire mieux connaître les APEMS. Les APEMS sont une structure d’accueil lausannoise pour les enfants de première à quatrième primaire, avant et après l’école ainsi que durant la pause de midi. L’événement comporte deux volets: une exposition à l’hôtel de ville (un APEMS éphémère y est recréé) et la visite de personnalités de la région dans les différents APEMS durant la journée, sous forme “d’invités suprise” pour les enfants (“Devine qui vient aujourd’hui?”).

Voici l’essentiel de l’invitation que j’ai reçue par e-mail il y a quelques mois:

“Devine qui vient aujourd’hui” invitent 20 personnalités de la région à venir
passer un moment (soit le petit déjeuner, soit le repas de midi, soit le
temps de jouer ou les quatre heures), avec les enfants, dans un des 20 APEMS
de Lausanne. Cette action sera fortement médiatisée.

Votre nom est ressorti dans les invités souhaités par les enfants ou les
professionnels des APEMS et nous aurions grand plaisir à vous associer à
cette journée.

Hier midi, je suis donc allée dîner à l’APEMS de Pierrefleur. C’était une expérience assez perplexante. J’avoue que je ne savais pas trop ce que je faisais là (les indications que j’avais reçues disaient simplement qu’il suffisait que je m’y rende, l’idée étant que je passe un moment là-bas avec les enfants) — et pour tout dire, le personnel de l’APEMS ne semblait pas avoir reçu beaucoup plus d’informations que moi à ce sujet.

Dans un premier temps, j’ai eu une conversation tout à fait sympathique avec la responsable de l’APEMS (après avoir été chaleureusement accueillie). Nous avons parlé de nos parcours respectifs, du fonctionnement de l’APEMS, de ce que je faisais professionnellement.

Au fur et à mesure que les enfants arrivaient et que le temps passait, mes doutes quant au choix de ma petite personne comme “invitée surprise” pour ces enfants grandissaient. Ils n’ont jamais entendu parler de moi, et c’est bien normal. Je ne travaille pas avec leur tranche d’âge (ils ne chattent pas, ne bloguent pas, vont peut-être sur Internet, mais franchement, ce que j’ai à leur raconter à ce sujet ne les intéresse sans doute guère). Les trois garçons de quatrième année avec qui j’ai partagé une table de repas ont parlé entre eux des jeux vidéos et films qu’ils appréciaient (“Le silence des agneaux”, à neuf ans, avec bénédiction parentale?!). J’avoue que cette partie de l’expérience avait pour moi un désagréable goût de flash-back, me renvoyant à quelques traumatismes scolaires de cette époque (mais bon, ça, c’est mes histoires, hein).

D’une opération annoncée comme “fortement médiatisée”, on est passé à “la presse a été prévenue, peut-être qu’ils viendront” et finalement à “ben non, sont pas venus”.

Je ne suis pas certaine de saisir les tenants et aboutissants de cette opération médiatique, mais j’avoue qu’elle me laisse avec la relativement désagréable impression d’être allée faire acte de présence (et un peu tapisserie) dans une APEMS afin que mon nom puisse figurer sur une liste transmise aux médias pour un coup de pub, accompagnée d’autres noms plus ou moins connus de la région.

Déformation professionnelle oblige: m’est avis qu’un bon site web, bien référencé et vivant, présentant les APEMS et leurs activités (il existe peut-être mais j’ai été incapable de le trouver) serait déjà un bon moyen de rendre cette structure d’accueil plus visible. (Là, je parie, ça va faire le coup classique, comme d’habitude: cet article va se retrouver sur la première page de Google pour le mot-clé “APEMS” d’ici peu.)

Voilà donc pour ma première “opération médiatique”.

La seconde, c’est “Le Temps des femmes”. Le journal Le Temps fête ses 10 ans en début d’année prochaine, et s’offre (et offre à ses lecteurs) un numéro spécial entièrement rédigé par des femmes influentes dans divers domaines en Suisse Romande. Idée fort sympathique, même si je doute que ce genre d’opération fait vraiment avancer la cause des femmes (je ne peux m’empêcher de penser qu’on donne ainsi un jour de congé aux hommes en offrant aux femmes le “privilège” de venir travailler). Il me semble que c’est tout bénéfice pour le journal — rien dans l’invitation n’indique que les bénéfices de ce numéro spécial seront reversés à une organisation faisant avancer la cause des femmes, par exemple (et on pourrait encore bien sûr débattre de l’utilité d’une telle action).

Mais là n’est pas vraiment la question. Mon malaise est ailleurs. Voyez-vous, le ton de l’e-mail (et de l’invitation Word à imprimer et renvoyer par fax!) est assez clair: je suis invitée à participer à cette journée de rédaction du numéro spécial, ainsi qu’au débat qui aura lieu le lendemain, et on espère que la proposition m’aura “séduite”. Après un rapide e-mail pour plus d’informations, je comprends que ce qu’on me propose de faire, c’est le “making-of” de la journée, en la bloguant. Du live-blogging d’événement, en somme.

Vous voyez où je veux en venir? Je me demande si Le Temps réalise qu’en m’invitant ainsi, ils sont en train de me demander de venir travailler pour eux une journée? Car oui, c’est du travail. Mettre au service d’une entreprise (ou de tout autre organisme) mon expertise dans le domaine des blogs, c’est ce que je fais pour gagner ma croûte. Bloguer, ce n’est pas juste “écrire dans un outil de blog” — je caresse l’espoir qu’un jour le monde comprenne que c’est une compétence spécialisée qui s’apprend.

En m’invitant à venir couvrir leur événement online, Le Temps s’assure les services d’une blogueuse qui sait vraiment ce qu’elle fait (en d’autres mots, on appelle ça une “professionnelle”). Mettez aux commandes de la couverture live une personne qui sait écrire mais qui ne connaît pas aussi bien le média “blog”, et vous n’aurez pas quelque chose d’aussi bon. Ça ne viendrait à l’idée de personne de penser que “journaliste” est un métier ou une compétence qui s’improvise, alors que sans cesse, on imagine que “blogueur” est un boulot à la portée de n’importe qui. Oui, ça l’est — d’un point de vue technique. Tout comme n’importe qui peut utiliser Word ou PageMaker pour publier un journal. Comme partout, il y a des gens qui sont capables d’apprendre “sur le tas” et qui d’amateurs autodidactes, deviennent des pros. Mais ça n’est pas donné à tout le monde — et ça prend du temps. Des blogueurs francophones qui font ça depuis bientôt huit ans, vous en connaissez beaucoup?

Je m’emporte, hein. Ben voilà, on vire au coup de gueule. J’avoue que ces temps-ci j’en ai un peu ma claque. Ma claque qu’on sous-value mes compétences et ce qu’elles peuvent apporter, ma claque d’avoir de la peine à me “vendre” et de trouver si difficile le côté “business” de mon activité professionnelle, et ma claque aussi de ces tentatives répétées de venir me faire travailler gratuitement, sous prétexte qu’on a pas de budget (ce qui peut être vrai, mais c’est pas à moi de me serrer la ceinture à cause de ça), sous prétexte (et c’est pire) que “ça m’apportera de la visibilité” et donc que j’y gagne. Oui, messieurs-dames, la plupart de mes activités professionnelles sont “visibles”, et c’est pour cette raison que je peux me permettre de ne pas facturer le double afin de financer mon budget marketing/pub. (Je sais, je suis en train de râler, mais qu’est-ce que ça fait du bien, de temps en temps!)

Donc, bref, me voilà une nième fois devant le même problème: comment expliquer à quelqu’un qui me contacte pour une participation bénévole (que ce soit une stratégie un peu puante pour obtenir les gens à bon marché ou le résultat d’un manque de conscience honnête et peut-être pardonnable n’y change pas grand chose) que oui, volontiers, mais il faudra ramener les pépettes? Parce que je l’avoue, c’est pas une position très agréable: “ah oui, sympa votre invitation et votre projet, je participe volontiers mais faudra me payer!” Ça me rappelle furieusement cette grosse entreprise européenne qui a invité mon amie Suw Charman à donner une conférence chez eux… et qui ne s’attendait pas à la payer! Elle en parle brièvement dans notre podcast Fresh Lime Soda.

Oui, j’ai conscience qu’en bloguant cette histoire Le Temps risque de lire ce billet et de laisser un commentaire qui me sauvera la vie, genre “oh mais bien sûr qu’on va vous payer, combien coûte une journée de votre temps?” — et je me rends compte que si je me sens assez libre de m’exprimer ainsi sur ma petite tribune ouverte (ce blog), les relations “clients-fournisseurs” restent très codifiées et je me verrais mal déverser ce lot d’explications dans un mail. Ce ne serait pas vraiment approprié. Je m’en tiendrai probablement à un “je viens volontiers passer une journée dans vos locaux à couvrir la journée en bloguant, cependant ceci fait partie des prestations que je facture. Qu’aviez-vous prévu de ce côté-là?” assez convenu et un peu plus léché. (Oui, ça m’emmerde vraiment que ces négociations pécuniaires soient si compliquées — je suis en plein dedans ces jours avec au moins deux autres clients.)

Bon, ben voilà, comme on dit. Essayons de finir sur une note constructive: si vous contactez un blogueur (ou une blogueuse) pour participer à un événement, ou bloguer pour vous, par exemple, gardez à l’esprit qu’il s’agit peut-être d’un service pour lequel il (ou elle) s’attend à être payé(e). Et de grâce, approchez les choses ainsi. Si vous n’êtes pas familier avec le milieu (et même si vous l’êtes un peu) il est possible que vous sous-estimiez complètement (a) le travail nécessaire à acquérir les compétences auxquelles vous faites appel et (b) ce que vous allez en retirer comme valeur en fin de compte.

Physical, Digital, Categories, Tags, Experts… [en]

[fr] Le numérique révolutionne la façon dont nous organisons l'information. "Une place pour chaque chose, et chaque chose à sa place" vaut pour les objects physiques. Cette excellente petite vidéo démontre ces changements. C'est en anglais, mais il n'y a rien à écouter (sauf de la musique) -- il suffit de lire.

If you’re still a bit in a fuzz about how exactly the internet is revolutionizing the way we store and retrieve information, this great little video should help. It’s pretty fast-paced (watch it twice if necessary) and the music is very nice.

Thanks to Euan Semple for pointing it out.

Seesmic Doubts [en]

[fr] Le texte et la vidéo sont fondamentalement différents. Je ne pense pas qu'il soit possible de "recréer" un dynamique comme celle de Twitter avec du contenu vidéo.

So, now that I’ve discovered what Loïc‘s startup, Seesmic, is about (thanks to Ben twittering his tests), here is my initial reaction to reading about it on Techcrunch.

I’m not certain a “video-based Twitter” is a viable concept: the huge difference between video and text is that the latter is scannable, and that’s precisely what allows the presence/flow dimension in Twitter. You can “keep an eye” on a stream of text, but can you “keep an eye” on a stream of videos? Also, it takes much less time to keep up with a stream of text than with a stream of videos.

Me, commenting on Techcrunch

Now, not to say that Seesmic is doomed (that would be a bit pretentious of me) — and I haven’t checked it out directly — but I do want to go on record saying that the dynamics created by Twitter and other flow/presence apps with text cannot simply be transferred to other media.

If it turns out I’m right, I’ll be able to say “I told you so” — and if I’m wrong, nobody will care. 🙂

Recherche de Fonds [fr]

[en] Basically, some version of A Day at the Frankfurter Buchmesse.

Je reviens de Francfort avec les idées un peu plus claires. Même si cette dans l’ensemble peu encourageant, j’ai trouvé à la foire du livre des informations qui me permettent d’avancer. En particulier, une discussion avec le responsable de l’ASDEL et une autre avec Hunter Lovins et mon ami Joi Ito m’ont fourni des informations précieuses.

Tout d’abord, j’abandonne mon espoir un peu naïf d’obtenir une avance via un agent ou un éditeur. Le monsieur de l’ASDEL (dont j’ai oublié le nom) m’a fait remarquer qu’il fallait vendre beaucoup d’exemplaires (500 déjà !) pour pouvoir donner ne serait-ce que CHF 1000 à un auteur. De ses mots : « il n’y a aucune raison que les éditeurs entretiennent certains auteurs pour qu’ils puissent écrire… » ou quelque chose comme ça.

Certes. En attendant, je trouve qu’il y a quelque chose de cassé avec ce système. Je ne parviens pas encore tout à fait à mettre mes pensées à ce sujet clairement en mots. Je pense que cela a quelque chose à voir avec le fait que ce n’est pas en se pliant aux impératifs économiques que l’on fait avancer le monde. Enfin si, chercher à être rentable fait bouger les choses, mais je remarquais l’autre jour que les « amateurs » avaient un avantage sur les « professionnels » : il peuvent se consacrer à leur passion sans se soucier de sa rentabilité.

Je digresse un peu. Pour en revenir à ma situation, me lancer dans l’écriture d’un livre est quelque chose de stressant. C’est une entreprise difficile, mais dans laquelle je désire me lancer, d’une part parce que je crois vraiment qu’un livre au sujet des adolescents et Internet, à destination des parents et en français, sera utile à de nombreuses personnes (sans avoir pour autant la prétention de m’imaginer que ce sera un best-seller), et d’autre part parce que je m’écrire, et que je suis certaine qu’une fois dedans, je trouverai une certaine satisfaction personnelle à mener à terme un tel projet d’écriture.

Et sans vouloir avoir l’air de me plaindre (parce que c’est bien moi qui l’ai choisi), un statut d’indépendante s’accompagne d’un stress financier certain. Même si j’en aurais objectivement le temps, cela me rend d’autant plus difficile de me libérer l’esprit pour écrire (tâche qui n’est déjà pas simple en soi) alors que je « devrais » être en train de faire 50’000 autres choses pour améliorer ma visibilité professionnelle et attirer des clients (si tant est qu’une chose pareille est possible).

Bref, dans ces circonstances, très difficile de m’y mettre. Ne serait-il donc pas « raisonnable », d’un point de vue « société », qu’il existe un moyen pour me permettre de produire cet ouvrage qui — je l’espère — sera une aide précieuse à une génération de parents ? Vous voyez où je veux en venir… Je ne suis pas sûre des ramifications politiques de mes idées… Mais à une certaine époque, il y avait des mécènes ? (Non, je ne suis pas une artiste, je suis au courant…)

Encore une fois brève, parce que je vois que je divague franchement, j’abandonne l’idée d’obtenir une avance de la part d’un éditeur, et (à plus forte raison puisqu’il s’agit d’un projet à visée éducative) je vais simplement chercher un organisme qui consentira à subventionner ce projet. Cela doit bien exister quelque part ?

On m’a suggéré la Loterie Romande, mais d’après ce que je vois, elle ne subventionne que des institutions qui sont là à long terme. Je pense regarder aussi du côté de l’enseignement et de la santé, mais pour le moment, cela reste un peu vague. Ou précisément ? À qui m’adresser ?

Côté publication, par contre, cela paraît relativement simple : le marché est complètement saturé et les éditeurs croulent sous les manuscrits (encore plus en France qu’en Suisse). Faut pas rêver. Heureusement, à l’ère d’Internet, l’auto publication est presque devenue un jeu d’enfant, grâce à Blur ou Lulu.com, par exemple. Pourquoi aurait-on encore besoin d’un éditeur ?

Le monsieur de l’ASDEL (qui m’a d’ailleurs indiqué trois ou quatre éditeurs romands susceptibles de publier des ouvrages du genre du mien) me répond : « parce que l’éditeur, lui, sait ce qui est bon ». Donc, mise en avant du travail d’édition. Hunter Lovins, quant à elle, me dit qu’à moins de toucher une avance faramineuse, il n’est pas utile de s’encombrer d’un éditeur, et que l’expertise éditoriale que celui-ci peut apporter ne fait que mettre des bâtons dans les roues. D’après elle, le rôle principal de l’éditeur est de négocier avec l’imprimeur et les distributeurs, puis de prendre une généreuse part des bénéfices. En faisant un peu ses devoirs et avec un bon réseau, on peut facilement s’en passer. Son expérience avec les éditeurs est américaine cependant ; peut-on transposer ses conclusions à la Suisse ? Le désavantage, là, clairement, ce qu’il faut avancer l’argent pour l’impression.

Joi, lui, suggère d’auto-publier si je rencontre trop de difficultés à intéresser un éditeur. Une fois que le livre aura commencé à se vendre, et aura attiré un peu d’attention médiatique (online et offline), il devrait être plus facile d’en trouver un. Scénario optimiste je l’admets, mais c’est aussi vers celui-là que je penche. J’ai l’avantage d’avoir déjà un bon réseau, une crédibilité déjà établie dans le domaine, et une certaine maîtrise dans l’art de se rendre visible via Internet.

Dans tous les cas, la question de l’éditeur est moins urgente maintenant, puisque mon premier souci est de m’assurer une certaine tranquillité financière afin d’écrire. Si je décroche un mandat en or « au travail », ou que je gagne Lotto (il faudrait déjà commencer par acheter des billets), cela peut aussi jouer 😉

Très chers lecteurs, je fais donc comme d’habitude appel à votre soutien et à vos sages conseils. À qui m’adresser pour une demande de fonds ? Avez-vous des contacts directs avec des personnes qui pourraient m’aider ? Êtes-vous un riche mécène qui cherchait justement un auteur en devenir à subventionner ?

Il va sans dire que je prépare un dossier en béton qui démontrera que ce livre répond à un vrai besoin et qu’il se vendra extrêmement bien !

Note: article dicté, et pas vraiment relu, donc pas de craintes si vous voyez des fautes bizarres: c’est la faute au Dragon!

Reading The Black Swan [en]

[fr] Notes de lecture de "The Black Swan", sur l'impact des événements hautement improbables.

One of the things I did yesterday during my time offline was read a sizeable chunk of The Black Swan: The Impact of the Highly Improbable by Nassim Nicholas Taleb.

It’s a fascinating read. (Thanks again to Adam Hill for saying I should read it.) I just find myself a little frustrated that I can’t effortlessly copy-paste quotes from the book into a text file or my Tumblr as I read. (And no, I wouldn’t want to be reading this online. I like books. They just lack a few features. Like searchability, too.)

Anyway, I’ve been twittering away while I read, and here are a few things I noted. These are not exact quotes, but paraphrases. Consider them “reading notes.” (And then a few me-quotes, hehe…).

  • oh, one quote I did copy to Tumblr (check it, if you’re lucky, you might find more quotes!)
  • Finding Taleb’s concepts of Mediocristan and Extremistan fascinating and insightful.
  • Probably in Extremistan: number of contacts, length of relationships? Not sure.
  • High-impact, low-probability events (Black Swans) are by nature unpredictable. Now apply that to the predator problem.
  • We confuse ‘no evidence of possible Black Swans’ with ‘evidence of no possible Black Swans’ and tend to remember the latter.
  • ‘No evidence of disease’ often interpreted as ‘Evidence of no disease’, for example.
  • Taleb: in testing for a hypothesis, we tend to look for confirmation and ignore what would invalidate it.
  • Interesting: higher dopamine = greater vulnerability to pattern recognition (less suspension of disbelief)
  • So… Seems we overestimate probability of black swans when we talk about them. Terrorism, predators, plane crashes… And ignore others.
  • Anecdotes sway us more than abstract statistical information. (Taleb)
  • That explains why personal recommendations have so much influence on our decisions. Anecdotes, rather than more abstract facts or stats. (That’s from me, not him.)
  • Journalists according to Taleb: ‘industrial producers of the distortion’

Update: Anne Zelenka wrote a blog post taking the last and, unfortunately, quite incomplete citation as a starting-point. Check my clarification comment on her blog. And here’s the complete quote:

Remarkably, historians and other scholars in the humanities who need to understand silent evidence the most do not seem to have a name for it (and I looked hard). As for journalists, fuhgedaboutdit! They are industrial producers of the distortion. (p. 102)

Update 2: Anne edited her post to take into account my comment and our subsequent discussion. Thanks!

Advice for a Translating Tool [en]

[fr] Quelques conseils pour mettre en place un outil de traduction d'interfaces en ligne.

I was asked for some advice for a soon-to-be-released online interface translation tool. (Hint: maybe my advice would be more useful earlier on in the project…) Here’s what I said:

  1. allow for regional forking of languages. e.g. there was a merciless
    war on the French wikipedia between the French and the Belgians over
    “Endive” which is called “Chicon” in Belgium. One is not more right than
    another, and these differences can be important.

  2. remember that words which are the same in English can have two
    different translations in other languages. e.g. “Upload” can be
    translated as “Téléchargez” (imperative verb form) or “Téléchargement”
    (noun)

  3. if you’re doing some sort of string-based thing (which I suppose
    you are) like translate.wordpress.com, let people see what they’re
    translating in context. (See the interface in English, with the place
    the string is in highlighted, and then see the interface in French,
    with the string highlighted too.)

Note: yes, this person had already watched my Google Tech Talk on languages online — and yes, I’m going to collect my language stuff somewhere neat on a static page at some point.

A Day at the Frankfurter Buchmesse [en]

[fr] Etat des lieux sur mes recherches de fonds et exploration du monde de l'édition pour mon livre sur les ados et internet. Envies de publier (via internet) des livres avec mes photos, aussi.

A month or two ago, I was chatting about my book project and decision to find funding to Joi. He suggested that a trip to the Frankfurt book fair might be useful.

First on, the Messe is just huge. I spent a morning there and just walked, and walked, and walked. Overall, I found my visit rather disappointing, though I did learn some useful things (though they weren’t exactly what I wanted to hear). Here’s the information I gathered, from a visit to the Swiss booth and discussions with a few people.

  • I have a list of Swiss (French-speaking) publishers, and a shortlist of 4-5 who could be suitable for my project.
  • Publishers, distributors, and bookstores are all part of the same organisation (in CH).
  • The market is saturated, publishers are swamped with manuscripts, and it’s even worse in France than Switzerland (so, I should stick with local publishers — the fact I’m already recognised as a local authority also pushes in that direction).
  • I can forget about a deal with an advance, so I need to look at other sources to finance the writing part (Loterie Romande, educational associations, foundations… I’ll hunt around a bit to compile a list.)
  • Swiss publishers don’t like agents, and having one might make it even more difficult for me to find a publisher.
  • The publisher deals with the printing guys to get the book published, and deals with the distribution guys to get it distributed. Hunter, a seasoned bookwriter, tells me that unless I’m getting a huge advance, having a publisher is not worth it — I can deal with printers and distributors myself. Will just have to check if this is a viable approach in the Swiss market.
  • The publisher is precious for the editing process, because he knows what is good and what is not, the head of this Swiss association tells me. Hunter, on the contrary, tells me this mostly gets in the way. A good editor can be precious but chances are I won’t be getting one.
  • If I go the self-publishing way (offline), then I’ll need funding for the printing, which could be a problem.
  • One option, which Joi suggests and I’d been getting at, is to start off by online-self-publishing (Lulu, Blurb, or another), and once there is enough buzz, sales, reviews, etc, approaching publishers.
  • I really need to work on a proper proposal, and I have a better understanding of what such a proposal needs to look like. I got some advice from talking with a publisher over dinner (thanks again!) and Chris Webb left me a pointer to his interesting series on book proposals in the comments to my previous post. From what I gather, the more there is in the proposal, the better.

So, where do I go from now?

  • Write a proper proposal in French (as the book will be in French). This obviously needs to be broken down into manageable pieces (GTD-style), and I realise that the big nasty bit for me is the outline. I have tons of ideas of stuff that I want to put in the book, but I’m not sure how to organise it all yet. I’ve been mind-mapping, but it’s a bit overwhelming and messy. So I’ll start by writing all the rest (the easy bits).
  • Write a project funding proposal which will probably not be as detailed as the one for the publisher.
  • Ask around for leads to getting funding, compile a list, send out funding requests with proposal.
  • Send the proposal to the 4-5 publishers on the list, once it’s done.

Language? Isn’t it kind of weird I’m speaking about this in English? On the other hand, I don’t want to “cut out” my English network by blogging exclusively in French about this book project.

All this thinking about self-publishing has given me the desire to put together one or more photo books. I’ve barely been printing since I went digital, and it’s nice to have photos in physical form too, as Moo‘s success demonstrates. My friend Andrea Lindenberg has put together a collection of her best riding show photographs — if you like horses, you should definitely check it out. She’s very talented.

My Flickr photo collection is approaching 10’000 photos. So, again, the inevitable choice problem. I’ll certainly make a book of my best Indian photos at some point (most of them aren’t on Flickr but are either slides (first trip), negatives (second trip), or digital-dumped-in-directories (third trip). I have a set called My Favourites, but it’s very out-of-date and doesn’t contain any recent photos. I can probably dig out the photos I use for Moo cards or stickers and add them, though.

Any opinions? If you see any photos of mine that you think deserve ending up in the (a) photo book, don’t hesitate to tag them “forthebook”. Thanks!

First Draft of Book Presentation [en]

[fr] Un premier jet de ce que pourrait être une présentation de mon projet de livre, en anglais.

// Here’s a first draft of what a short presentation of my book project would be. Comments and nitpicking welcome. Is this convincing? Does it sound solid?

A Book About Teenagers and the Internet

Teenagers are very active internet users. Parents and educators, however, less so. There is often quite a bit of confusion over what teenagers are doing online and how risky their online occupations are. Attitudes range from complete lack of interest (probably fuelled by fear of technological incompetence) to outright panic (particularly about sexual predators, with complicity of the media).

Adults who are not particularly internet-savvy (and even those who are familiar with it) need a sane guide to precisely what all this “online stuff” is about. What is beneficial? What is harmless? Where are the real dangers? How does being “totally wired” (in Anastasia Goodstein’s terms) influence relationships and social life?

This book will be is a guide to understanding today’s online world, aimed at parents, teachers, and educators. It will helps them make informed educational decisions about teenagers’ use of the internet. The focus will be is on de-dramatizing a lot of the “risks” the mainstream media have been very vocal about (sexual predators, for instance) and on promoting a deep understanding of how online and offline are integrated in teens’ lives. This brings about new issues with are maybe not dramatic, but which can be challenging for our youth, and which they should not have to face without the support of the adults they love or trust in their lives.

Part “tourist guide to the online world”, part essay, this book should be is a precious ally for those living or working with teenagers, and who sometimes feel at loss with what the internet is all about;, as well as contributing it also contributes to a more general understanding of how the internet is changing our lives.

About the Author

Stephanie Booth has been a very active and respected online citizen for close to ten years. After graduating in arts (Indian religions and culture, philosophy, French), she worked first as a project manager and then as a middle-school teacher. She left teaching in 2006 to devote herself exclusively to helping others understand internet culture and technology, and make good use of it.

An important part of her work has been giving lectures in French-speaking Switzerland about “the living internet” (blogging, instant messaging…) to teenagers, parents, and schoolteachers. Her extensive personal experience of “internet life” married to a strong academic background and her ability to explain tricky concepts to a variety of audiences in a down-to-earth and convincing fashion have led her to be recognized by both the media and school authorities as an expert on “teenagers and internet” issues.

She has been writing regularly on her blog Climb to the Stars for over seven years, both in English and in French. A lot of her thinking about the internet can be found there.

Contents

  • Kids online, parents offline: why is it a problem?
  • How teenagers use the internet: it’s a town, not a library
  • Where can it go wrong?
  • Core online publication issues: anonymity, permanence, findability
  • How afraid should we be of sexual predators?
  • How online communication affects relationships
  • What can parents do?
  • The bigger picture: media education

Public cible ou blabla promotionnel [fr]

[en] Who my book will be for: parents, educators, and people interested in how the internet is affecting our lives.

*// Je stocke sur mon blog les bouts que j’écris par-ci par-là — ça me permet de les retrouver, et je profite également de votre immense sagesse si vous décidez de me faire part de vos réflexions. (C’est pas obligatoire bien sûr, hein.)*

Cet ouvrage se veut à la fois un guide touristique de l’internet d’aujourd’hui, à l’attention de parents perplexes ou même perdus face à la vie en ligne de leurs enfants, et une réflexion sur l’impact de ces nouveaux espaces technologiques sur les relations humaines.

Il intéressera également ceux qui travaillent avec les adolescents (enseignants, éducateurs, psychologues) et toute personne qui se préoccupe des changements qu’amène internet dans nos vies.

Comment j'en suis arrivée à m'intéresser aux blogs d'adolescents [fr]

[en] The story of how I took an interest in teenage blogging, and from there, teenagers and the internet. It involves a difficult first year of teaching and a naked bottom on one of my students' skyblogs.

// Entrée en matière possible pour mon livre, dans le genre “premier jet écrit dans le train”. Commentaires et suggestions bienvenus, comme toujours.

Au début des années 2000, je me souviens qu’on plaisantait entre blogueurs en se rappelant que d’après les quelques enquêtes disponibles sur le sujet, le “blogueur type” était une lycéenne québécoise de 15 ans. On était un peu consternés par la quantité d’adolescents blogueurs et la futilité (voire la bêtise) de leurs publications en ligne. “Complètement inintéressant, le blog est bien plus qu’un journal d’adolescente!” On continuait à bloguer dans notre coin, et les ados dans le leur.

// Voir si j’arrive à trouver des références à ça.

J’étais loin d’imaginer que cinq ans plus tard, les blogs d’adolescents m’auraient amené à changer de métier et à écrire un livre. Ce livre, vous l’avez entre les mains.

La genèse de mon intérêt pour la vie adolescente sur internet mérite d’être racontée. Elle permet de situer ma perspective. Mais, plus important, elle et illustre assez bien un des “problèmes” auxquels on peut se heurter si on fait l’économie de comprendre comment les adolescents vivent leurs activités sur internet.

Il y a quelques années de cela, j’ai quitté mon poste de chef de projet dans une grande entreprise suisse pour me tourner vers l’enseignement. Forte de mes respectables années d’expérience personnelle de la vie sur internet, je me suis lancée dans un projet de rédaction de blogs avec mes élèves.

Ce fut un désastre. Si j’étais bien une blogueuse adulte expérimentée, je me suis bien vite rendue compte que les “blogs” que je leur proposais avaient bien peu à voir avec ce dont ils avaient l’habitude dans leurs tribulations sur internet. Certains d’entre eux avaient des skyblogs (des blogs pour adolescents et jeunes, hébergés par le groupe Skyrock).

Munie de l’adresse d’un de ces skyblogs, j’ai commencé mes explorations du monde en ligne de mes élèves. Peut-être qu’en me familiarisant avec ce qu’ils faisaient déjà sur internet, je réussirais à mieux les comprendre, et trouverais ainsi des clés pour remettre sur pied un projet qui battait sérieusement de l’aile. Chaque skyblog arborait fièrement une liste de liens vers ceux des amis (“hors ligne” aussi bien que “en ligne”). Il suffisait de cliquer un peu pour faire le tour.

Sur ces skyblogs, comme je m’y attendais, rien de bien fascinant à mes yeux: beaucoup de photos (de soi-même, des copains et copines, du chien, du vélomoteur), du texte à l’orthographe approximative, voire carrément “SMS”, des appels aux commentaires (“lâchez vos coms!”) et, justement, des commentaires (souvent assez vides de contenu, mais qui jouaient clairement un rôle côté dynamique sociale).

Soudain, catastrophe: je me retrouve face à une paire de fesses, sur le skyblog d’un de mes élèves. Et pas juste des fesses d’affiche publicitaire pour sous-vêtements, non, les fesses d’un de ses camarades de classe, qui les expose visiblement tout à fait volontairement à la caméra.

Que faire? Intervenir, ou non? Ils ont beau être mes élèves, alimenter leurs skyblogs fait partie de leurs activités privées (par opposition à “scolaires”) et je suis tombée sur cette image un peu par hasard (ce n’est pas comme si un élève m’avait donné directement l’adresse pour que j’aille la regarder).

En même temps, puis-je ne pas réagir? Si cette photo était découverte plus tard et qu’elle soulevait un scandale, et qu’on apprenait que j’étais au courant mais que je n’avais rien dit… Je me doute bien qu’il y a derrière cette photo un peu de provocation et pas mal d’inconscience, plus que de malice.

// Retrouver les dates d’expulsion des lycéens français — est-ce avant ou après ça?

Jeune enseignante inexpérimentée, je me tourne vers mes supérieurs pour conseil. On discute un peu. On ne va pas en faire un fromage, mais on va demander au propriétaire du skyblog de retirer cette photo inconvenante — ce que je fais. Il accepte sans discuter, un peu surpris peut-être.

// “Pour conseil” c’est français, ou c’est un anglicisme?

// Un autre élément qui est rentré en ligne de compte est que les photos avaient été prises (visiblement) dans les vestiaires de l’école. Pas certain que ce ne soit pas durant des activités extra-scolaires, cependant. Est-ce un détail utile?

Une semaine plus tard, la photo est toujours en place. Je suis un peu étonnée, et je réitère ma demande auprès de l’élève blogueur. “Oui, mais Jean, il est d’accord que je laisse cette photo sur mon blog, ça le dérange pas, hein.” J’explique que là n’est pas la question, que c’est une demande qui émane de la direction, et que d’accord ou pas, “ça se fait pas” pour les élèves de notre établissement d’exposer leurs fesses au public sur internet.

// J’ai l’impression que je traîne un peu en longueur, là. On s’ennuie? Les détails sont-ils utiles? Faut-il raccourcir?

Le lendemain matin, je me retrouve littéralement avec une révolte sur les bras:

  • “Pourquoi vous avez demandé à Jules de retirer la photo de son skyblog?”
  • “Ça vous regarde pas! L’école n’a pas à s’en mêler!”
  • “Vous aviez pas le droit d’en parler au directeur, c’est sa vie privée!”
  • “Et qu’est-ce que vous faisiez sur son skyblog, d’abord?”
  • “C’est son blog, il peut faire ce qu’il veut dessus! Et la liberté d’expression?”

Je suis sidérée par la violence des réactions. Certes, ma relation avec ces élèves n’est pas exactement idéale (c’est le moins qu’on puisse dire), mais là, ils sont complètement à côté de la plaque. Si l’élève en question avait affiché la photo de ses fesses dans le centre commercial du village, auraient-ils réagi aussi fortement si l’école (représentée par moi-même, en l’occurrence) avait demandé leur retrait?

// Comment on dit “challenging” en français? (Pour décrire les élèves sans utiliser l’affreux “difficile”.)

*// Le temps de narration change durant ce récit, vérifier si c’est “utile” ou si c’est “une erreur”.

Visiblement, ils considéraient ce qu’ils publiaient sur internet comme étant “privé” et semblaient ne pas avoir réellement pris conscience du caractère public de leurs skyblogs, ou du droit de quiconque d’y accéder et d’y réagir. Et pourtant, j’avais passé plusieurs heures avec ces mêmes élèves à préparer une charte pour la publication de leurs weblogs scolaires. Nous avions abordé ces points. Ils “savaient” qu’internet était un lieu public et que tout n’y était pas permis. Qu’est-ce qui s’était donc passé?

Cet incident particulier s’est terminé par une intervention énergique du directeur qui a remis quelques points sur quelques “i”. Restaient cependant deux problèmes de taille, que cette histoire avait rendus apparents:

  • l’école a-t-elle un “devoir d’ingérence” lors d’événements impliquant les élèves mais sortant de son cadre strict — et si oui, où s’arrête-t-il?
  • que pouvons-nous faire pour aider nos enfants et adolescents à devenir des “citoyens d’internet” informés et responsables?

La première question est du ressort des autorités scolaires, directions, enseignants — et je ne prétends pas apporter grand chose à ce débat ici.

La deuxième question, par contre, est l’objet de cet ouvrage.