Notes fraîches du chalet [en]

Je suis au chalet. Nous sommes mardi soir. Il fait frisquet. 4° quand nous sommes arrivés, 6° un peu plus tard, peut-être huit maintenant. Heureusement j’ai un sur-matelas électrique, un bonnet chaud, et j’ai réussi à convaincre Oscar de venir se mettre contre moi, sous les couvertures, bien au chaud.

Peut-être que c’est le dernier séjour d’Oscar au chalet. Oscar n’aime pas monter au chalet. Il aime y être, pourtant, enfin je crois. Au chalet, il peut sortir. Quand il fait assez chaud, il y a des lézards qui viennent le narguer sur le balcon. A Lausanne, il y a trop de chiens sans laisse dans le jardin et de fourrés impénétrables à l’humain pour que ce soit faisable facilement – peut-être qu’il faut que je creuse la question du harnais, pas évident avec un tripatte amputé à l’avant.

Pourquoi la dernière fois? L’an prochain, c’est l’autre famille copropriétaire du chalet qui l’occupera principalement. Peut-être que je pourrai monter à un moment ou un autre, mais ce sera en fonction d’eux. C’est un bon système, ceci dit, et j’en ai bien profité toute cette année, même si 2024 a un peu mal commencé avec mes maladies à répétition. 2025, donc, sera une année de pas ou peu de chalet.

Oscar est un vieux chat. Un très vieux chat, même. Âge inconnu, car chat de récup’, mais à voir son état, ses yeux, son déclin ces dernières années, ça ne fait pas de doute qu’il a plutôt 19 que 15, ou quelque chose comme ça. Il est à l’âge des très vieux chats dont on se dit, à chaque saison, “tiens, est-ce que c’est son dernier été, sera-t-il là l’an prochain, est-ce que c’est son dernier hiver”. Les chats sont toujours prêts à nous étonner, mais il faut être réalistes et se préparer aussi. Je ne sais pas si, en 2026, “année de chalet” suivante pour moi, il sera toujours là – et s’il est là, s’il sera en état de subir l’heure de trajet pour monter.

Oscar n’aime pas la voiture. Au début, il voyageait bien. Indifférent. Un passager tranquille. Puis il y a eu cette expédition fatidique chez le véto, avec Erica et Oscar dans la voiture (ce que je ne faisais jamais), Erica qui stressait toujours beaucoup dans la voiture, et Oscar qui, en l’espace de deux allers-retours de 10 minutes, s’est transformé en chat qui stressait en voiture. L’heure de trajet pour aller au chalet plus tard dans la même journée a scellé l’affaire. Malgré mes efforts de désensibilisation, de ré-entrainement, l’installation d’une cage XXL sur la banquette arrière contenant une litière et un dodo, depuis ce jour-là, les déplacements en voiture sont devenus toute une histoire. Pas un calvaire tel qu’il faille y renoncer entièrement (ce que j’avais fini par faire avec Erica), mais pas une partie de plaisir non plus. Heureusement qu’au chalet il y a le jardin et les lézards. Ça compense.

Il est mardi soir. Je suis au chalet, même s’il fait frisquet et que je tape ces mots entre mon sur-matelas électrique et mes couvertures, la tête au chaud dans mon bonnet, le bout du nez qui attend le dégel. J’ai mis le cap sur le Chablais vaudois un mardi soir car j’ai le privilège d’avoir un travail qui me permet une certaine autonomie. “Work Smart”, que ça s’appelle. Il y a des responsabilités aussi, évidemment, incluant celle de déterminer ce qui est nécessaire au bon accomplissement de mon travail. Ça va plus loin que le simple “droit à x% de télétravail”, même si ça en fait partie. La pandémie est passée par là, Microsoft Teams ou Zoom font partie de notre quotidien, augmentant l’indépendante géographique de toute un tas de salariés, dont j’ai la chance de faire partie.

J’avais prévu de monter jeudi soir, et redescendre lundi, “comme d’habitude”. Il se trouve que mon jeudi ne requiert pas ma présence au bureau. Et mercredi, j’avais prévu de télétravailler de toute façon. Me voilà donc à respirer l’odeur du chalet un mardi soir, avant une nuit en chaussons qui m’amènera à ma visio de 8h demain matin.

J’ai commencé à composer ce billet mentalement sur l’autoroute, quelque part entre Vennes et Montreux. Bien sûr, être au volant à 120km/h avec un chat qui miaule par intermittence derrière soi n’est pas le moment idéal pour être frappée par un grand élan de motivation à écrire sur son blog. C’est une difficulté récurrente pour moi, ça, et qui m’obsède depuis plusieurs mois. Comment “préserver” ces élans de motivation qui arrivent au mauvais moment, pour pouvoir en bénéficier lorsque le moment serait meilleur? Je sèche encore, même si je commence à entrevoir certaines pistes.

J’ai pensé à bien d’autres choses à dire, encore, au milieu de toutes ces voitures. Mais il se fait tard et demain matin le réveil sonnera. Je ferai de mon mieux pour débusquer ma motivation un de ces prochains soirs, afin de vous raconter ça.

Notes du chalet [fr]

Je suis au chalet. Pour la première fois depuis un an à peu près (sans compter une petite visite sans nuit il y a peu). Mon vieux Quintus, 19 ans, aveugle et chancelant sur ses petites pattes arthritiques, a du mal à retrouver ses marques – mais ça va aller. Oscar a fait le tour sur ses trois pattes et a déjà tenté de s’installer “à la place” de Quintus. De 11 degrés, la température est maintenant montée à 14. Le poêle à bois est à fond et le brûleur à mazout aussi. Il fait moche.

Mais bon, je suis contente d’être là. J’aime la montagne, et cet endroit en particulier. Aujourd’hui je ne bouge pas trop, demain je dois déjà retourner à Lausanne pour des rendez-vous (qu’est-ce que c’est qu’une heure de route, au final), vendredi je prendrai peut-être la cabine pour aller voir à quoi ça ressemble en haut.

Il y a maintenant plus de cas de COVID-19 identifiés dans le canton qu’il n’y en avait dans le pays entier lorsque j’ai écrit la semaine dernière. Plus de 600 cas en Suisse, ça nous paraît énorme mais ça va encore grimper, grimper. L’Italie a placé tout son territoire en “isolement”. Ici, on cesse de tester systématiquement, on cesse aussi de remonter les chaînes de transmission. Les symptômes sont souvent trop peu marqués, et puis bon, il faut se rendre à l’évidence, le virus est maintenant “partout”, donc à quoi bon. Mieux vaut concentrer les ressources sur maintenir le bon fonctionnement des hôpitaux et du système de santé, communiquer auprès de la population pour que les mesures de précaution continuent d’être appliquées (car ralentir la progression a encore un sens, et ça, c’est dans nos gestes du quotidien à tous que ça se joue), que les personnes vulnérables se protègent et qu’on les protège.

Enfin, c’est comme ça que je comprends les choses.

Pour ma part je ne suis ni plus ni moins “inquiète” qu’il y a une semaine ou dix jours. Mes nouvelles habitudes de lavage de mains commencent à devenir, justement, des habitudes. J’essaie d’éviter les transports publics si je peux. Je me demande si la petite toux que je traine depuis 2-3 semaines justifie que je me mette en auto-isolement. Elle date “d’avant”, c’est courant pour moi d’avoir ce genre de petite affection respiratoire, et je n’ai pas de fièvre, mais vu qu’il semble de plus en plus clair que le virus se propage également de façon asymptomatique ou peu symptomatique, je me pose des questions. Mais j’hésite à engorger la hotline pour ça, j’avoue. Coronacheck me dit que oui, mais coronacheck n’a pas mon contexte. Si c’est ma toux “normale”, ça peut durer des semaines et des semaines…

Bon, du coup j’ai appelé la hotline. Et non, petite toux superficielle (je toussote en fait), ça ne justifie pas que je m’enferme. Par contre si ça s’aggrave, si c’est une toux qui commence à m’empêcher de respirer, là oui. Ce qui me mène à la réflexion suivante: vu qu’on a des porteurs asymptomatiques ou peu symptomatiques… est-on plus contagieux si on a de la fièvre et la super-méga-toux? Vu qu’on n’isole pas les porteurs sains ou peu malades (il faudrait tester la population entière à tour de bras et souvent pour les identifier tous), quel est le sens d’isoler les “gros tousseurs”?

Sur ce, le chalet se réchauffe et le soleil est sorti, je vais aller faire un tour au jardin avec Quintus!