“Une femme sans enfant” [en]

Aujourd’hui je me sens triste, triste et vidée.

La cérémonie hier était belle, c’était intense, fort de liens et de larmes, de rencontres du coeur, de mots et de bras qui soutiennent dans la peine.

Mais le rouleau compresseur émotionnel et physique de la semaine écoulée me laisse épuisée malgré les neuf heures de sommeil de la nuit, et en ce dimanche calme et sans urgences à accomplir, je me sens triste, triste, et triste encore.

Triste d’avoir perdu mon amie, triste de sa souffrance et de celle de ses proches, mais triste aussi de ce monde qui met un pareil poids sur les femmes concernant la maternité.

Bien sûr que quand quelqu’un quitte cette vie ainsi de son propre chef, on reste avec un grand “pourquoi?” dont la totalité nous échappera toujours. Mais on va construire du sens, tant bien que mal, parce que c’est humain d’avoir besoin de sens, et parce que la mort déjà ça nous bouleverse, mais si en plus il n’y a pas de sens, c’est encore moins supportable. On met ensemble des morceaux, des pièces du puzzle, sachant bien que ce n’est pas une cause unique qui mène à cet instant singulier, mais un faisceau d’éléments intérieurs et extérieurs, essentiels et contingents, personnels et collectifs, existentiels et triviaux, anciens et récents, dont la conjonction résulte en un tout – la mort – qui est irréductible à la somme de ses parties.

Et donc aujourd’hui je suis triste de ce poids que portent toujours les femmes, qu’elles soient mères ou non. Triste parce qu’il était lourd pour mon amie, et qu’elle n’était pas seule. Triste parce que le deuil de maternité reste tabou, parce que la société ne nous offre toujours pas un mode d’emploi de la vie ou une identité qui n’inclut pas d’avoir des enfants, triste parce qu’une fois mère il faut lutter pour ne pas être réduite à ça, et que si on ne l’est pas on est au mieux ignorée ou objet de pitié, au pire jugée ou méprisée.

Voici des choses que j’ai écrites au fil des années, et qui résonnent à nouveau fortement pour moi ces jours:

C’est assez parlant que je n’ai pas écrit plus sur le sujet, compte tenu de combien le deuil de maternité a été une période charnière (longue, difficile, mais charnière) dans ma vie. J’ai un milliard de choses à dire sur le sujet, mais j’en ai dites très peu. Durant cette période, près d’un an, je n’ai en fait presque rien écrit ici, alors que ça fait 25 ans jour pour jour que ce blog existe.

Parce que le deuil de maternité, il n’a pas “d’existence” dans notre société. Il n’y a pas de rituel, pas de reconnaissance, pas de copines qui passent avec un tup’ ou de connaissances qui présentent des condoléances. Non, le deuil de maternité, c’est avant tout un “échec” pour celle qui le vit, parce que oui quoi, “quand on veut on peut”, et avec tous les progrès de la médecine moderne, n’est-ce pas, avoir un enfant, c’est “si je veux, quand je veux”! Il n’y a pas de place là-dedans pour tous les scénarios vécus réels et douloureux qui contredisent ces refrains usés, la myriade de façons différentes dont on peut se retrouver à dépasser sa date limite de procréation, parfois sans même s’en rendre compte. Le deuil de maternité, c’est un deuil qui se traverse le plus souvent sans soutien, dans la honte, la culpabilité, et la perte de repères quant au sens de la vie et à son identité de femme.

Les femmes sans enfant les plus visibles sont celles qui le sont par choix. Pour elles, la honte, l’échec et la culpabilité sont moins un enjeu. (Je dis “moins”.) Ne pas vouloir d’enfant est un combat, quelque chose qu’on revendique, qu’on va assumer peut-être même avec colère face à un monde qui nous dit qu’on devrait “vouloir autrement”, que tant qu’on n’a pas eu d’enfants on ne sait pas quel est le véritable amour, que si on n’en veut pas c’est qu’on est un peu cassée dedans et qu’on devrait d’abord panser nos blessures profondes pour accéder enfin à la lumière du désir de maternité.

Mais les femmes sans enfant “par choix” sont en fait une minorité. Pour la majorité des femmes qui n’ont pas d’enfant, ce n’était pas un choix, une décision claire. Parfois, c’est une ambivalence qu’on va transformer rétroactivement en choix inconscient parce que oui, c’est moins lourd d’assumer d’être rebelle, de ne pas vouloir entrer dans les cases toutes faites de la société, que d’avouer qu’on aurait voulu, au fond, mais que pour mille raisons, ça ne s’est pas fait. Mais souvent, on voulait on voulait, et les circonstances ne se sont pas alignées pour, une rupture au mauvais moment, un décès, un déménagement, ou simplement “pas de bol” dans la vie amoureuse (un autre article…)

Si les mères souffrent que leur identité soit réduite à leur maternité, les non-mères sont regardées avec suspicion. Et si elles ne sont pas en couple, d’autant plus! Une femme sans enfant et sans partenaire, elle doit pas être tout à fait “normale”. Pourquoi personne n’a voulu d’elle? (Remarquez que ce sera rarement “pourquoi n’y avait-elle personne digne d’elle…?) Elle doit avoir peur d’aimer. Elle a probablement un glaçon à la place du coeur. Si elle ose évoquer qu’elle aurait voulu que les choses soient autrement, on lui dira d’abord “mais pourquoi tu as pas adopté, du coup?” ou bien “mais bon y’a pas besoin d’homme de nous jours pour avoir un enfant” ou encore “c’est pas trop tard, regarde, Hilary Swank vient d’avoir un enfant à 48 ans, tu as encore le temps, ne baisse pas les bras!” et évidemment “probablement qu’au fond de toi tu ne voulais pas vraiment…”

Promettez-moi svp qu’avant de réagir à ce que je raconte ici vous allez lire les articles que j’ai écrits sur le sujet il y a bientôt dix ans et dont j’ai mis les liens plus haut… merci.

Dans ces circonstances, on apprend vite à souffrir toute seule. Et le “business” de la PMA n’aide pas forcément, car il vient au final alimenter deux discours avec lesquels il faudrait peut-être prendre un peu de distance: “quand tu veux tu peux” et “être mère c’est le truc le plus important que puisse faire une femme de sa vie”.

Nous avons un besoin urgent de “modes d’emploi” sociaux pour comment se comporter vis-à-vis des femmes par rapport à leur maternité (exit les questions brise-glace genre “et alors, tu as des enfants?” pour commencer), le deuil de maternité (quoi dire? quoi ne pas dire? comment offrir du soutien?) et aussi pour redéfinir à quoi ressemble une “bonne vie”, une “vie réussie” d’une façon qui n’inclut pas systématiquement la maternité comme passage entendu et évident, comme point central de la vie d’une femme.

Les hommes peuvent évidemment morfler face à un deuil de paternité. Mais (pardon messieurs si vous me lisez et que vous êtes concerné, il ne s’agit pas de nier votre douleur) ils ne subissent pas le même poids à ce sujet que les femmes. Un homme sans enfant est bien plus acceptable qu’une femme sans enfant. Lisez simplement les biographies des gens, vous savez, les conférenciers, les auteurs, les petites présentations des nouveaux collègues. Et notez quelle place est faite à la progéniture de la personne concernée dans le texte, chez les hommes, chez les femmes. Vous verrez.

Alors, comment on fait ces modes d’emploi? Je ne sais pas, honnêtement. Mais je sais qu’on peut déjà commencer en ouvrant notre gueule, en n’acceptant pas le tabou, le silence et la honte, la culpabilité face à un état de fait qui n’est pas de notre faute, en osant mettre l’inconfort sur la personne qui nous dit “et alors, tu voulais pas d’enfants?” plutôt que de le prendre sur nous (“si, je voulais mais j’ai pas pu”), en racontant nos histoires, en donnant à nos “soeurs” plus jeunes des modèles de vies belles et épanouies hors de la maternité, en ne partant pas du principe que toutes les petites filles voudront être maman, en sensibilisant garçons et filles aux enjeux temporels liés à la fertilité féminine et en adaptant les modèles de parcours de vie en conséquence (tu fais tes études, tu fais ton post-doc, tu trouves un job stable, tu te cases après un ou deux ratages, tu profites un peu de la vie de couple quand même, et ensuite tu fondes ta petite famille… non mais sérieux?), en évitant de glorifier la maternité, et en continuant la lutte contre les valeurs patriarcales qui imprègnent encore implicitement notre société. Les femmes en paient le prix fort, mais les hommes n’en sortent pas indemnes non plus: c’est perdant-perdant.

Pour traverser un deuil, la souffrance doit être entendue. A 51 ans, c’est largement derrière moi, parce que j’ai trouvé à l’époque un espace où j’étais soutenue et entendue. Mais je vais continuer à ouvrir ma gueule parce que je me rends compte que même mes amies (vous êtes plusieurs) ploient sous la honte et la culpabilité de leur non-maternité, et je veux croire qu’ensemble on est plus fortes, qu’ensemble on peut faire bouger les choses, qu’en faisant assez de bruit assez longtemps notre société nous fera une vraie place, et pas juste une place en note de bas de page parce qu’il faut bien nous mettre quelque part.

Raising Boys [en]

Cindy Gallop (you should follow her on Facebook) shares a piece about the Weinstein scandal and excerpts this:

Begin young: Jaclyn Friedman said culture must adopt a new definition of what it means to be a man: “We have to start raising boys to think girls are cool. … If we raised boys to assume that girls are fully three dimensional and human and interesting, then they will be more horrified when people don’t act the same way,” she said.

USA TODAY

Indeed. From reading « Bitter Chocolate » way back when (on child sexual abuse in India), it’s been clear to me that the way out of this is largely in the way we raise our boys. Starting from when they are very little.

Mothers, fathers: this is on you.

Over the last year, I’ve become increasingly sensitive to two things that we do with kids that now feels very wrong:

  • forcing physical contact upon toddlers and small kids when they don’t want it (how do you then explain to them that it’s wrong to do it to others once they are teenagers or grown men?)
  • « romanticising » childhood friendships by making fun of (even in a nice day) « girlfriends » or « boyfriends » when our kids are three, four, five… Why does every interaction between the sexes have to be seen through that lens? And after that, we complain that our kids are « sexually precocious »…

Seriously, just like you’d educate a cat or a puppy: don’t, when they’re small, encourage behavior you don’t want to see when they’re big. 300 grammes of kitten climbing up your jeans is cute. 5kg of adult cat is not. Then don’t let the kitten do it. 4-year-old running after a little girl to kiss her: will that be cute when he’s 40? Don’t let him.

Un joli Bol d’Or rapide! [fr]

[en] This week-end was the Bol d'Or, a sailing race on Lac Léman. Geneva-Bouveret-Geneva, or 15 hours of sailing madly with a lot of wind for our little boat. But we made it, didn't make any big mistakes or break anything, and are all happy!

Ce week-end, c’était le Bol d’Or. Brian, Yves, Corinne et moi. Et la bise. Pas mal de bise. Sortir du port samedi matin, c’était déjà cotton: à 9h00, on était encore bloqués par un tas de bateaux! Si ma mémoire est bonne, on a été libérés vers 9h20.

9h et encore dedans… Ça commence à stresser ! #BOM17 #farrniente

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Deux ris, le petit génois, ça allait bien pour nous, mais c’était déjà clair que certains concurrents étaient un peu en-dehors de leur zone de confort. Après le départ à 10h, festival de “triboooord!”, on a dû dévier de notre course plusieurs fois pour éviter la collision alors qu’on était prioritaires. Juste après la ligne, un bateau a déjà un homme à la mer, mais ils arrivent à le récupérer sans trop de difficulté.

On a tiré des bords, des bords, puis un très très long bord jusqu’à la côte française quelque part entre Thonon et Evian, si ma mémoire est bonne. Avec les vagues, on s’est fait gicler de nombreuses fois (surtout Yves, qui était devant – même tout équipé il s’est vite retrouvé trempé). A peine avions-nous réussi à sécher qu’un nouveau seau d’eau venait nous tremper. On confirme qu’utiliser le seau-WC dans un bateau qui roule avec les sous-vêtements mouillés, c’est pas une partie de plaisir!

Vers Meillerie, ou était-ce un peu avant, le vent tombe un peu. On lâche les ris. On les reprend une heure plus tard, ou moins, ou plus. On arrive au Bouveret à 19h12, record pour nous! Sitôt passée la barge, on manque se faire couper la route par deux bateaux qui avaient décidé de virer “un petit peu” tôt. On proteste bruyamment, ils s’écartent, on peut continuer. Le vent se lève, ou ne se lève pas, on hésite avec les ris, on les lâche, et on reste du coup un peu côté français où il y a moins de vent.

On reprendra assez rapidement nos ris, et on est contents de les avoir quand on regarde les bateaux plus toilés se battre et perdre le contrôle, et surtout à l’entrée du Petit Lac. Vers minuit, le vent se lève de plus en plus. On part au lof de temps en temps, et finalement le vent est si fort que même avec nos deux ris et notre petit génois il n’est pas possible de redresser le bateau. On descend donc la grand-voile, avec difficulté, mais on y arrive. On surfe toujours, avec juste le petit génois. Lors d’une accalmie on tente de remonter la grand-voile, mais on se rend rapidement compte que ce n’est pas une bonne idée. On n’arrive simplement pas à la hisser, et pour la descendre je dois m’y suspendre avec tout mon poids.

15h04 après notre départ, à une heure du matin, on passe la bouée d’arrivée. On est raides, quasi personne n’a dormi, on a mal partout, on n’a pas arrêté. Mais on est contents: on a “fait juste”, on a bien fonctionné, pas eu de casse, pas de grosses erreurs, et on a fait un joli temps!

Le Farrniente finit 386e au classement général en temps réel, 264e en temps compensé (14h29), 24e des TCF4 (sur 42 à l’arrivée mais 56 inscrits).

On s’amarre dans le port, où et comme on peut. On remarque ensuite que le bateau contre lequel nous nous sommes mis a le mât cassé en deux. En descendant l’estacade, j’en vois un autre. Au matin, Yves en dénombre sept. Une copine me raconte qu’un Toucan a coulé. On apprend que la fumée que Corinne et moi avions observée au loin, puis sans doute l’odeur d’essence qui m’a alarmée bien des heures plus tard un peu avant Meillerie, c’est un bateau du staff qui a pris feu.

J’ai pris quelques photos, mais les conditions n’étaient franchement pas idéales pour faire du reportage. Ma foi, c’est l’expérience qui compte!

D'habitude on est plutôt ici au petit matin… ça va vite, pas beaucoup l'occasion de poster! #farrniente #BOM17

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Il y a quelques photos sur la page facebook du Farrniente, et j’ai mis ce que j’ai pris en vrac dans un album Google Photos pour les curieux.

Après quelques heures de sommeil dans un vrai lit (de 4 à 9!) on a ramené le bateau lundi. Merci à Mélanie pour les photos de notre arrivée à Vidy!

On attend avec impatience le récit de Corinne, qui faisait son premier Bol d’Or!

 

Quick Notice [en]

[Fixed!] My server is not happy after an upgrade it digested badly. Permalinks are broken. I have temporarily reinstated “ugly” permalinks. Use the search box for the title of the article you are looking for. Should be fixed soon, hopefully!

“Have You Thought About Adopting?” [en]

[fr] Pourquoi l'adoption n'est pas une "solution miracle" à l'absence d'enfant. Et pourquoi "tu as pensé à adopter?" n'est pas vraiment la chose à dire...

— “What about you, have you?”

More than one well-intention person asked me if I’d considered adoption when I came out about my childlessness and the associated grief I was experiencing.

Procreating and adopting are two very different ways of becoming a parent. They are not interchangeable. Adopting is not a de facto fallback plan for infertility.

The boys

In addition to becoming a parent, there is a biological dimension to the desire to procreate. For some people, it’s important, for others, it’s not. Being pregnant, giving birth, passing along genes — all this is absent in adoption.

Adoption is also costly (tens of thousands of francs here), and requires serious commitment to get through all the paperwork and years of waiting (5 on average here).

Not everybody wants to adopt. Not everybody wants to procreate. Some people will do IVF. Some won’t.

Adoption can be a “plan B” to becoming a parent, but it is a whole other way of becoming a parent, which has to be chosen for itself. And for those who turn to adoption after being incapable of conceiving, it means dealing with the grief of “plan A” for having a family.

In Switzerland, about 200 children are adopted each year, most of them from abroad (30 or so from Switzerland). 15 or so by single people. The numbers are falling steadily.

I have not thought much about adoption, for myself. Just like I have not thought much about becoming a single parent. Had I know what I know now in my mid-twenties or early thirties, about fertility, about the social context leading so many women of my generation to childlessness (did anybody know then? had anybody guessed?), maybe I would have made different decisions. Maybe I would have made a plan to become a single parent.

But I haven’t, and I need to look at where I am now. And now, I don’t think it is for me.

I can understand where the “why don’t you just adopt?” or “have you considered adoption?” questions are coming from. It’s hard to be powerless before somebody else’s grief. Adoption seems like a good “fix” to the grief of childlessness.

As a society, we are uncomfortable with grief in general, and we are even more uncomfortable with the grief of childlessness. It disturbs the narrative.

Yes, you can want something and not manage to have it.

No, there is not somebody somewhere out there for everybody.

Despite all the progress in reproductive technology, our biology still has hard limits.

And we are in denial about how following the male-designed progression of studies, dating, career, settling can impact women’s ability to reproduce.

We also are caught in the cult of parenthood.

If somebody dies, we have scripts like “sorry for your loss”. We don’t have a script for what to tell a childless woman who is grieving. So it’s uncomfortable, I get it.

Also, bear in mind that making suggestions or asking people questions about their reproductive life can be extremely tactless. You never know what people may be going through. A bit along the lines of “so, how’s your sex life these days?”

I’m currently reading The Kid by Dan Savage, which tells the story about how he and his husband adopted their son. As one would expect, he deals with some tough questions with honesty and depth.

Along the same lines, I recently listened to Radiolab’s Birthstory episode, the story of an Israeli couple (two guys) who decide to have children. Not a walk in the park either.

And remember. The infertile/childless person you’re speaking to has probably already thought about adoption. And if they aren’t committed to such a project already, there is little chance a comment about it will have much impact, aside from being hurtful.

Le vrac du samedi soir qui va du coq à l’âne [fr]

[en] Lots of random things. Too many to list.

Hah ben oui, je pourrais écrire un article, tiens.

Serveur qui continue à s’étouffer sur son MySQL.

Serveur maison qui a passé l’arme à gauche, la relève se porte bien, le NAS est commandé, les sauvegardes CrashPlan entrantes ne fonctionnent pas, malgré des heures de troubleshooting. Si seulement toutes les sauvegardes étaient bloquées! Mais non, y’en a 2-3 qui marchent.

J’arrête de m’arracher les cheveux et j’attends la nouvelle Internet-Box de Swisscom, la fin de l’ISDN, bye-bye le téléphone fixe de l’eclau (personne ne l’utilisait de toute façon).

Cygnes pas coqs

J’utilise “Dis Siri“. Il y a des années, plus d’une décennie, dans une autre vie, je travaillais pour Orange. Je parlais à mon ordinateur. Y compris pour des commandes. Je disais “ouvre Firefox”, “insérer lien”, et autres choses du genre. C’était tellement clair pour moi que ce genre d’interface était beaucoup plus direct qu’une interface graphique. Il suffit de savoir quoi dire, pas besoin de trouver la commande cachée dans un menu. Je me souviens avoir tenté de convaincre quelques collègues que c’était l’avenir, et qu’on devrait y penser pour notre centre d’appels et le service client. Aujourd’hui, tout le monde a Siri dans la poche. D’ailleurs, utilisez-vous le petit micro à côté du clavier pour dicter vos textes, ou bien est-ce que vous tapez tout avec un doigt ou deux pouces? Apprenez à dicter, ça change la vie.

Dans Messages, Messenger et autres WhatsApp, il y a aussi une fonction “message vocal”. C’est la version 2015 du message sur le répondeur. On appuie sur le micro, on parle en gardant appuyé, on relâche, on envoie. Notre interlocuteur l’écoute à sa guise. Hyper pratique aussi.

Il y a un moment déjà, j’ai croisé cet article. Je l’ai lu. Je crois. Et je me suis dit, non, je ne suis pas d’accord, je ne passe pas mon temps à essayer de montrer une image parfaite de ma vie sur Facebook. Et mes contacts non plus. Bref. Les semaines (et les mois?) ont passé, et cet article est resté dans un coin de ma tête. En cette période où je me sens un peu fragile professionnellement (où vais-je? où courge? dans quelle étagère?), je bataille avec des sentiments d’inadéquation et de dévalorisation par rapport à mes pairs. Toutes les personnes que je connais semblent avoir écrit un livre, ou sont en train d’en écrire un. Moi pas. Elles sont en train d’avoir des enfants. Moi pas. Il y a les gens qui tournent à donner des conférences aux quatre coins du monde. Moi pas. Il y a des gens dont les mandats les amènent à travailler avec les grands de ce monde. Moi pas. Qui lancent des entreprises ambitieuses, des projets qui font rêver. Moi… vous voyez le refrain.

Mais bon sang, je suis en plein dedans! Mes contacts ne postent pas ces infos pour frimer, ils sont comme moi: ils parlent de ce qu’ils font, partagent les choses dont ils sont heureux. C’est évident, évident: on compare son intérieur qu’on ne partage pas (trop) avec l’extérieur des autres qui est tout ce qu’on voit d’eux.

Et oui… la jalousie, l’envie. A quelque part, c’est bien là. Je mets en parallèle ce que je vois des autres et ce que je sais de moi, et je me trouve bien insuffisante. Le piège. Alors maintenant, quand je me prends les pieds là-dedans, je me stoppe. Moins de Facebook, plus de Kindle! C’est le refrain que j’ai mis en place en Inde, pour m’extirper de la couverture des attentats parisiens.

Eléphants pas ânes

Tiens, à propos, une série de cartes et graphiques pour raconter l’histoire du terrorisme, et une thèse extrêmement intéressante (et pertinente il me semble) d’Umair Haque sur la montée du néo-fascisme dont nous sommes témoins en ce moment.

Parlant de plus de Kindle, j’ai fini l’autre jour L’Aube de la nuit de Peter F. Hamilton. Attention si vous pensez le lire, ne vous attardez pas sur la page Wikipedia qui vous spoilera à n’en plus finir. Lisez en anglais si vous pouvez. C’est magistral. Une trilogie, et chaque tome fait passé 1000 pages. Ça vous occupe un moment, un truc comme ça. Et maintenant j’ai envie de lire tout le reste de son oeuvre (oui, je suis comme ça). Mais j’ai déjà plongé dans Ancillary Justice, avant ça.

En fouillant dans mes liens sauvegardés (je fais ça quand j’écris un post, j’ai décidé d’accepter il y a quelques mois que je ferai du vrac, tant pis, c’est comme ça que je suis) je suis tombée sur cet article présentant le livre Le Temps de la consolation. Il faut que je le lise aussi, celui-ci. L’auteur, philosophe, nous montre qu’on a oublié comment consoler. Ça rejoint un de mes constats, celui qu’on n’a pas le droit d’être triste, dans le monde d’aujourd’hui. Ça rend le deuil problématique, un contexte comme ça, vous ne trouvez pas? Personne ne veut nous laisser être triste. Si on est triste, qu’on dit être triste, le premier réflexe d’autrui c’est de tenter de nous tirer de là coûte que coûte. C’est inconfortable, quelqu’un qui est triste. Si on apprenait à nouveau comment consoler, on serait peut-être moins mal à l’aise.

Le souci avec la Kindle, c’est que les livres à lire s’accumulent, mais qu’on n’a pas une pile visuelle pour nous peser sur la conscience. Voilà, c’est comme ça maintenant. Je crois que je n’ai lu qu’un seul livre papier depuis l’achat de ma Kindle, parce qu’il n’existait qu’en papier. Et pourtant, qu’est-ce que j’ai été réfractaire à la Kindle! J’adore les livres, j’adore le papier. Mais j’aime encore plus lire. Et avec la Kindle, c’est plus facile de lire. Un seul objet pour toute sa bibliothèque. Léger, tient dans le sac à main, tient dans les bagages. Toujours avec soi. Toujours ouvert à la bonne page. Alors dans le bus, hop, hop, on lit quelques pages.

Je rêve d’un Bebop 2 ou équivalent. Vraiment. Mais j’ai fait mes devoirs, et je pense qu’il vaut mieux attendre un peu que cette ligne de produits mûrisse. Il y a encore des faiblesses qui font mal pour un objet de cette gamme de prix. Mais bon sang, qu’est-ce que je rêve.

J’ai installé un terminal sur mon iPad. C’est pratique pour remettre sur pied un serveur qui se casse tout le temps la figure.

J’y ai aussi installé les Colons de Catane. J’ai pas mal joué. Mes voisins sont moyennement contents, parce que du coup, j’ai progressé en stratégie de jeu. Oui, je joue aux Colons de Catane avec mes voisins. Ils sont cool, mes voisins. J’adore mon immeuble, pour ça, en fait. Alors la version online est sympa, et présente quelques variantes par rapport à la version de base plateau, mais ce qui est vraiment tellement mieux hors ligne, c’est la partie “commerce”. On perd tout l’aspect humain de cette partie clé du jeu quand on joue en ligne. Mais quand on n’a pas d’humains et de table sous la main, ça fait l’affaire.

Et quand je vous aurai dit que je fais maintenant du pain au levain dans ma cuisine, version paresseuse, je pense que j’aurai vraiment sauté du coq à l’âne dans cet article.

Stories to Listen to, Moderating Blog Comments, Teaching Blogging [en]

[fr] Deux ou trois épisodes de podcasts à écouter. Quelques réflexions sur les commentaires de blog (spam ou non?) et la difficulté d'apprendre à bloguer.

Listen to Greetings from Coney Island. I swear you won’t be disappointed. Just don’t make the same mistake I did, and be a bit distracted early on, not realising there are two parallel stories, told by two women with (to me) very similar voices. I actually reached the end of the story before realising I had missed the whole point, so I listened to it all again. It was worth it.

vue cham

Another episode of Love+Radio reminded me of a Moth story I heard quite a long time ago now. It’s about a volunteer at a suicide prevention hotline. That story made me understand something about suicide (which I am lucky not to know from the inside): it’s not about wanting to die, it’s about wanting the pain to stop. Like many Moth stories, it’s beautifully told and very moving. Well worth the small moment of your life you will spend listening to it.

I know, this blog is turning into a podcast review. But not only. See.

One of the challenges I face as editor-in-chief of Open Ears is approving comments. Not so much because we publish controversial articles that have people biting each other’s heads off in the comments (not at all, actually), but more because

  1. spambots are getting better and better at sounding human
  2. some humans are sounding more and more like spambots.

About the latter: people like me have been saying for years that a great way to get your website or blog known is to comment on other blogs. But that’s not quite the whole story. Aligning fluffy or self-promotional comments on other people’s blogs might get your “nofollowed” links out there, but isn’t really going to do what matters, which is encouraging people to actually know you and read your stuff because they’re interested. Clicks and visits only really mean anything if they come from the heart.

So what does work? Well, actually, being a valued member of the communities you are part of. At the time, during the Golden Age of Blogging, leaving meaningful comments on blogs you read and linked to was a way of being that. It’s not about the links, it’s about the place you respectfully take or are given willingly. Add value. Be helpful. Try and make friends. That’s the spirit of “leaving comments”.

Which brings me to an important piece of blogging advice I came up with while trying to teach my latest batch of students the basics of blogging (it was, to put it kindly, a mixed success): blog about stuff that’s in your head. Write about what you know. If you have to google around to factcheck this or that, find a link, or look up a detail, that’s fine. But if you find yourself doing research and reading up to gather the material for your blog post (and the post is not about your research), chances are you’re “doing it wrong”.

Blogging is this weird thing which as at the same time so easy (for “natural bloggers”) but so hard to learn or teach. I think that is because it touches upon “being” more than “doing”. It’s about daring a certain degree of authenticity that we are not encouraged to wear in our school or professional lives. And it’s definitely not how we learn to write. In a way, teaching blogging is a bit like trying to teach people to dare to be themselves in public. This makes you think of Brené Brown and vulnerability, does it not? Exactly. And that is why, I think, blogging is a powerful tool to connect people.

Living on a Boat [en]

[fr] Ce matin, j'ai passé une heure et demie à lire les aventures de Capucine et Tara Tari.

I’m writing this (“yesterday’s”) post late, because I unexpectedly ended up joining a party of one of my clients’ — I sailed past it as I was bringing the boat back into the marina, saw the big banner with their name on it, texted my contact, and he promptly invited me to join them.

On Wednesday nights during the “good” season I usually go sailing. We have training races. Tonight I was at the till, and we did good, better than I expected. That means there were more than one or two boats behind us when we crossed the finish line.

I might have mentioned it: sometimes I dream of living on a boat. I’ll probably never do it, but I like dreaming of it. This morning Corinne sent me a link to Where is Tara Tari? — the blog of Capucine and Tara Tari, her boat. She crossed the Atlantic with it. Corinne told me it made her think of a cross between she and I: a nomad on a boat.

I spent an hour and a half reading through the blog, and reading articles about Capucine and Tara Tari. Check out the blog. The boat is beautiful. It’s a 9m boat built in Bangladesh on the model of traditional fishing boats, using a jute composite. The guy who built it sailed it to France, and Capucine took over from there.

The Mollymawks also get me dreaming. I have spent hours reading their blog and books. Unlike Capucine who is at sea alone with her boat, the Mollymawks are a whole family with three children born at sea — now grown and growing up.

Funny how some dreams or obsessions we have seem destined to remain just that. And I say this without bitterness. I’m not sure I would like living on a boat “permanently”. But I like dreaming about it.

3rd #back2blog challenge (3/10), with: Brigitte Djajasasmita (@bibiweb), Baudouin Van Humbeeck (@somebaudy), Mlle Cassis (@mlle_cassis), Luca Palli (@lpalli), Yann Kerveno (@justaboutvelo), Annemarie Fuschetto (@libellula_free), Ewan Spence (@ewan), Kantu (@kantutita), Jean-François Genoud (@jfgpro), Michelle Carrupt (@cmic), Sally O’Brien (@swissingaround), Adam Tinworth (@adders), Mathieu Laferrière (@mlaferriere), Graham Holliday (@noodlepie), Denis Dogvopoliy (@dennydov), Christine Cavalier (@purplecar), Emmanuel Clément (@emmanuelc), Xavier Bertschy (@xavier83). Follow #back2blog.

Bol d'Or Mirabaud 2013 avec le Farrniente [fr]

[en] YouTube video and Storify of my three days sailing on the lake with the Farrniente for the Bol d'Or.

C’était mon troisième Bol d’Or, le week-end dernier. Genève-Bouveret-Genève à la voile. Ça va pas forcément vite (29h de course pour le Farrniente) mais ça donne un peu le même sentiment de satisfaction qu’une longue randonnée en montagne: tout ce chemin parcouru sans source d’énergie extérieure!

J’ai posté quelques photos et séquences vidéo en cours de route, jusqu’à ce que mon iPhone rende l’âme (malgré le chargeur de secours que j’ai vidé aussi). Grâce à Storify, voici donc le Bol d’Or 2013 du Farrniente presque comme si vous y étiez. J’ai pris pas mal de photos que je dois encore trier (avec celles des éditions 2009 et 2012!) et en attendant de faire mieux, j’ai collé bout à bout les séquences vidéo pour en faire le film d’une quinzaine de minutes que vous pouvez voir ici:

Moins pénible peut-être que la vidéo, le Storify mentionné plus haut (et il paraît que les liens vers les vidéos dans Facebook marchent quand même, même si on n’a pas de compte Facebook!):

[View the story “Bol d’Or Mirabaud 2013 sur le Farrniente” on Storify]

J’ai profité de l’engouement provoqué par la possibilité de suivre le Farrniente live durant la course pour créer une page Facebook pour le bateau. Click click!

Downtown Project Las Vegas [en]

[fr] Quelques infos sur Downtown Project Las Vegas, un projet très inspirant.

Yesterday, before diving back into #joiito, I was rummaging around a little to see what Zappos and Tony Hsieh had been upto since the Amazon acquisition, where Tony’s book Delivering Happiness ends.

A bit of googling later, I understand that Tony is in fact the driving force behind the Downtown Project in Las Vegas. I first head of Downtown Project through Cathy Brooks, who was moving from San Francisco to Las Vegas to start Downtown Dog House. I was happy for her (as I pretty much always am when I see friends embark on big life changes) but also curious as to what was bringing her to move. The answer was the Downtown Project. I visited the website a bit then, got the gist of it, but only truly got what it was about when I understood that this is the continuation of Tony’s community and values-based vision.

I invite you to check out these links for more info:

I personally find all this inspiring, and next time I go to the US (no trip planned at this stage) it definitely makes me want to visit.

Serendipitiously, one of the first people I ended up chatting with last night on #joiito, Thomas Knoll, is also involved in Downtown Project. I took that as a sign that #joiito has to live on.