Vrac avant reprise de travail [fr]

Je peine à trouver du temps pour écrire, ça c’est pas nouveau. Ce qui est nouveau, c’est que je me suis rendu compte, ces derniers jours, que quand j’écris pas il y a une sorte d’accumulation de charge mentale qui se crée. Pas juste de “l’activité d’écriture” remise encore et encore à plus tard, mais du contenu de ladite activité d’écriture qui s’entasse dans mon cerveau déjà bien chargé.

Au-delà de la pile d’articles en gestation dans ma tête, je me suis dit que ça me ferait peut-être du bien de juste partager ici ce qui vient. C’est pas la première fois que je fais ça, évidemment. Mais si on regarde, je suis sûre qu’on verra que c’est un type de publication qui vient souvent après une période de sécheresse rédactionnelle. C’est probablement pas pour rien.

Et puis, depuis mon accident, j’ai au fond peu réussi à donner des nouvelles de comment se passaient les choses et ma vie. On va commencer par là.

Lundi, je reprends le travail, à temps très partiel les premières semaines, déjà, puis on avisera (je refais le point avec le neurologue à la fin du mois). Après sept mois d’arrêt complet, il est temps. Je crains un tout petit peu la “mauvaise surprise” côté fatigue, parce que regardons les choses en face, en sept mois j’en ai collectionné, y compris une tentative prématurée de retour au travail à Pâques. Quand j’y repense maintenant, ça me paraît surréaliste. Au fond, toute cette histoire me paraît surréaliste. Parce que, comme je l’ai déjà mentionné, il y a un large pan de ma vie où je me vis comme “tout à fait normale”. Mais s’il y a ça, c’est aussi grâce au fait que je ne travaille pas, que mes activités sont réduites, que je ne mets pas de réveil le matin, que je peux faire une sieste si j’ai besoin. C’est quand même une période de vie bien étrange.

Au-delà de mes réflexions de fond sur le sens de ma vie (il faudra que je vous parle de la Révélation des Bois du Jorat), mon avenir professionnel à moyen terme, la façon dont je gère mes activités, mes relations et ma fatigue, je réfléchis beaucoup aux outils qui nous permettent de nous connecter les uns aux autres en ligne. Ce n’est pas nouveau, comme intérêt – on pourrait même dire que c’est un des fils rouges de ma vie – mais la suspension de mon compte Facebook fin août m’a donné un coup de pied aux fesses salutaire pour me pencher sérieusement sur la possibilité de construire un écosystème d’outils et de plateformes ouvert, qui ne soit pas régi par la logique capitaliste du profit à tout prix.

Au début il y avait le blog, pourrait-on dire (pas tout à fait vrai, mais quand même un peu), et il y a quelque chose d’assez magique dans le fait de pouvoir jardiner son petit coin à soi d’internet tout en étant en interconnexion avec autrui. Mais tout le monde n’est pas jardinier. Certains veulent juste avoir quelques pots sur leur balcon, ou admirer les jardins des autres, ou acheter quelques fleurs coupées. Il faut trouver un moyen d’amener ensemble ces différentes personnes, ce que fait une plateforme comme facebook, mais en limitant les jardiniers à une petite parcelle bien délimitée qui ne leur appartient pas, genre jardins familiaux. J’ai rien contre les jardins familiaux, mais les vrais sont conçus selon le modèle associatif ou coopératif, pas gérés à la façon d’un gouvernement totalitaire par une grosse entreprise capitaliste. Je pense qu’on peut creuser et filer encore un peu cette métaphore.

Si ce sujet vous intéresse, je vous invite à lire ma série “Rebooting the Blogosphere“, en la mettant dans un traducteur si l’anglais est un obstacle. C’est un peu technique par moments, mais pas que.

Donc, difficile de trouver le temps d’écrire, comme toujours. A quoi me suis-je occupée?

Après le week-end du Jeûne, j’ai eu une semaine très étrange où j’ai dormi une bonne heure de plus par nuit en moyenne que d’habitude, avec maux de tête en continu et sensation d’avoir passé sous un rouleau compresseur dès le réveil – zéro énergie. Ça s’est gentiment arrangé au bout d’une semaine, dix jours. J’ai initialement pensé que j’en avais trop fait durant le week-end (une “petite balade” qui s’est transformée en randonnée de 5h30 sur un mini sentier au pied des falaises de l’Ardèche), mais à ce stade le consensus semble être que ça devait être un virus. On ne saura probablement jamais. Mais bref, une semaine durant laquelle j’avais prévu de pouvoir faire plein de choses, parce que j’allais vraiment beaucoup mieux depuis quelque temps, “perdue” au final. Et ça m’a stressée, vu la reprise de travail programmée. Mais là ça va, c’est passé.

Oscar a eu chaud (et moi aussi): pancréatite, anorexie, j’ai dû lui faire mettre une sonde oesophagienne (sinon il ne s’en sortait pas). Ça n’a pas été simple a gérer, ça a été stressant (d’autant plus avec mon absence durant le week-end du Jeûne), mais il s’est bien remis et a maintenant repris sa petite vie, avec 300g en moins. Sa vie: descendre à l’eclau pour occuper la place et taper sur Juju s’il est là, se faire servir “au lit” la pâtée du matin et du soir (médics) sur mes doigts, faire un saut sur le balcon, sortir quelques fois par semaine et tenter de rattraper Juju (mais le bougre bouge vite!) ou plonger dans les buissons impénétrables, manger, boire, faire un petit brin de toilette de la patte qui reste et du museau quand ça le prend, faire la tournée des différents dodos à différents moments de la journée.

Allez, d’autres choses en vrac:

  • devoir mettre un titre à un article de blog ajoute beaucoup de friction (je commence d’ailleurs de plus en plus souvent à écrire sans mettre de titre, et je rajoute un truc après)
  • Juju ressemble à un petit tonneau, j’attends depuis plus d’une semaine qu’arrivent ses nouvelles croquettes pour chat vieillissant et grassouillet
  • Café-Café, le choeur dans lequel je chante, sera en concert demain à Payerne (concert-brunch!) et le 1er novembre à Courtételle; moi pas, car si j’ai repris le répétitions, je ne suis pas encore au point pour la scène et vu la coincidence avec ma reprise de travail, il est plus sage que je me repose; déçue et frustrée mais c’est comme ça
  • j’ai fait le saut et pris un abonnement chez Backblaze (100.-/an) pour faire une sauvegarde distante de tout mon ordi, disques durs externes compris, et la sauvegarde départ a fini de tourner (près de 3TB) – rappel: Google Drive, iCloud, Dropbox et cie ce ne sont pas des sauvegardes, c’est de la synchronisation; mieux que rien mais pas une aussi bonne assurance contre la perte de vos données
  • j’ai pris le temps d’exporter tout mon contenu Facebook (profil depuis sa création, pages de mes chats, etc) – y’a un article à écrire car c’était quand même un peu laborieux
  • à qui appartient le contenu d’une communauté? quand j’exporte mes données facebook, elles perdent leur contexte interactionnel: les discussions dans les commentaires, etc… c’est très insatisfaisant; il y a des conversations auxquelles j’ai pris part et qui comptent pour moi dans les commentaires de publications qui ne sont pas les miennes, par exemple
  • j’ai testé le support Meta Verified, celui qu’on a quand on “paie” facebook et instagram pour avec le petit vu bleu et ne pas avoir de pubs; bilan mitigé mais j’ai quand même passé 10 min au téléphone avec un vrai être humain! Là aussi y’a des articles à écrire pour rentrer dans les détails
  • je réfléchis à comment faciliter la transition des personnes habituées à facebook vers le web social ouvert, c’est encore en train de mûrir
  • dans le même ordre d’idées, je réfléchis à comment gérer la transition future (horizon un an, disons) de la communauté Diabète Félin vers Discourse, et quel rôle pourra ensuite jouer le groupe facebook dans l’écosystème de la communauté (car il faut encore garder un pied dans Facebook pour être trouvé)
  • concernant ce blog, il y a pas mal de ménage à faire, entre autres dans le but de le “pluguer” dans le Fédivers/Fediverse, où est en train de se construire le web social de demain (voir Join the Social Web, le plugin ActivityPub, brid.gy, etc)
  • Fediverse? ActivityPub? Vous savez comme l’e-mail, chacun peut faire une adresse e-mail un peu où il veut (Gmail, Hotmail, Bluewin, Outlook, Yahoo, Proton) ou même l’héberger soi-même, et que ça n’a pas d’incidence sur à qui on peut envoyer des mails et de qui on peut en recevoir? Idem avec les numéros de téléphone, ou les sites web et les flux RSS; l’idée c’est d’avoir quelque chose de similaire pour les réseaux sociaux (parce que là maintenant si on est sur Facebook, les seules personnes avec qui on peut se connecter c’est les gens qui sont déjà sur Facebook… LinkedIn idem)
  • j’ai réinstallé mon téléphone qui souffrait de manque de place… aussi un article à écrire: j’avais 65Gb (sur 128!) de “System Data” alors que normalement ça doit tourner autour de 10Gb… chiant et stressant mais je suis contente de l’avoir fait, je revis!
  • j’ai aussi fait pas mal de ménage sur mon ordi, entre autres pour ranger correctement sur un disque dur externe toutes mes vidéos live et mes sauvegardes de réseaux sociaux, blogs, google drive et compagnie; les nuages c’est top, perso je suis fan, mais il faut avoir des sauvegardes! J’ai pris des notes, mais je devrais mettre ça dans un article pour que ça puisse servir à d’autres
  • on saute du coq à l’âne: j’ai de nouveau remarqué (de nouveau) que quand je fais mes courses, j’achète des choses en pensant aux repas que je vais cuisiner avec, mais une fois à la maison, je mets tout au frigo et pouf, les idées et le “planning” de repas disparaît; donc je suis en train d’essayer de noter sur post-it mes idées (avec dates limites) quand je rentre et que je réduis les courses, et de les coller sur mon planning semaine; ça me permettra aussi d’apprendre à mieux évaluer quelle est ma capacité (énergie) de cuisiner au fil de la semaine
  • je continue l’entrainement cognitif chez Holisquare et mes performances progressent, ce qui est rassurant! je trouve ultra intéressant ce sur quoi ils travaillent, et j’avoue que ça titille ma fibre entrepreneuriale, d’autant plus que ça concerne entre autres une problématique de santé (la commotion) généralement très mal prise en charge par notre système de santé
  • parlant de système de santé, là aussi y’a un article à écrire (des), je croise de plus en plus d’histoires horrifiantes qui montrent que même dans notre jolie Suisse, si tu as pas les connaissances médicales, pas la connaissance du système, pas les ressources pour défendre ou faire défendre tes intérêts, t’as toutes les chances de pas être bien pris en charge (entre autres: deux nanas de mon entourage très certainement dopées au GHB et qui ont été traitées comme des cas de cuite à l’alcool aux urgences)
  • parlant de systèmes tout court, j’ai le sentiment qu’on voit maintenant dans tous nos systèmes administratifs les conséquences d’années de gestion “capitaliste”, même dans le service public: on veut économiser, être plus performant, faire plus avec moins, optimiser, rationaliser… et maintenant les machines (systèmes, processus) commencent à casser, et on en fait les frais; j’ai perdu toute confiance lorsque je dois faire des démarches administratives: je dois faire le suivi, relancer, relancer encore, protester, réclamer, me fâcher ou pleurer suivant les cas…
  • parlant de la dégradation de tous nos systèmes administratifs: dans le monde du travail d’aujourd’hui, il faut tout faire plus vite; j’en parlais avec un contact cadre dans une grosse entreprise: on fait les mêmes heures mais le rythme d’activités pendant ces heures n’a plus rien à voir avec il y a 20 ou 30 ans, on enchaine les réunions, on n’a plus le temps de réfléchir, il faut faire, faire, faire et en plus, faire vite…

Allez, ça fait une heure et quart que j’écris, je m’étais dit une heure, je vais vous laisser là. Pour aujourd’hui. Je me suis dit que ce serait peut-être un bon exercice, de m’entrainer à faire des articles qui tiennent en une heure. Pour pouvoir me dire (oui je me dis beaucoup de choses): “OK, j’ai une heure, j’écris” – alors que jusqu’ici, pour écrire, souvent j’ai besoin d’avoir le sentiment d’avoir tout le temps du monde pour m’y mettre. Peut-être qu’il y a écrire et écrire, d’ailleurs. Je m’étais dit la même chose pour la vidéo: je veux faire plus de vidéos (maintenant que Facebook a plus ou moins tué les Lives en ce qui me concerne), mais avec une limite de temps. Vingt minutes? dix minutes? A méditer.

Comme toujours, merci de m’avoir lue si vous avez tenu jusqu’au bout. Laissez un commentaire pour me dire coucou, c’est vrai qu’après avoir été formatée Facebook pendant des années, on a parfois l’impression de bloguer dans le désert (l’intégration avec le Fediverse devrait contribuer à résoudre ce problème).

Assurez vos animaux [en]

En photo: mon vieil Oscar qui dort paisiblement, ses divers maux bien pris en charge sans me ruiner 🥰

Avoir une assurance pour son animal, c’est pas pour couvrir les frais courants. C’est pour couvrir les situations-catastrophe. C’est pour couvrir l’abcès au foie qui vous laisse avec un chat mort et 8000.- de frais de vétérinaire.

Et à ceux qui diront que c’est insensé de payer des sommes pareilles pour un animal: la médecine vétérinaire a aujourd’hui les moyens et les possibilités de la médecine humaine, et donc le coût aussi. C’est pas comme il y a 20 ou 30 ans, ou “quand on était gosses”. Le monde a changé.

Aussi, les 8000.- de frais véto, c’est une escalade d’engagement inévitable. On arrive pas chez le véto avec un chat pas bien pour s’entendre dire “Madame, vous allez en avoir pour 8000.-“. Parce que là, effectivement, on pourrait se dire: ok, quand bien même ça me déchire le coeur, je peux pas, donc je fais pas.

Non, on arrive chez le véto avec un chat malade et on en a pour quelques centaines de francs. On rentre à la maison🤞🏻 mais ça ne va toujours pas, on retourne, on rajoute 500 balles. On est vite à 1000, 1500. On va à l’hôpital ou chez le spécialiste, on rajoute 1000. Quand on a déjà investi 2500.- pour sauver le chat, quand est-ce qu’on dit “hmm non là on arrête, on fait pas le truc qui devrait lui sauver la vie et qui coûte encore 1000 balles, ou 2000 balles”?

Personne ne sait au début combien ça va être.

En Suisse, on a la chance d’avoir des assurances maladies qui nous sensibilisent au coût de la médecine. Dans d’autres pays, comme en France, on ne sait souvent pas combien a coûté notre échographie ou notre radio, ou notre opération. En Suisse, même quand c’est payé directement par l’assurance, on reçoit une copie de la facture. Ça aide, je trouve.

Donc l’assurance, elle est pour les situations catastrophe qu’on n’a pas vu venir. Pour les imprévus. De mon point de vue, aujourd’hui en Suisse, si on n’a pas un bas de laine de 10’000 balles à mettre sur la table en cas de pépin, il est sage d’avoir une assurance.

Laquelle? C’est la jungle, en Suisse aussi, comme pour les assurances complémentaires chez les humains. Il faut bien lire les conditions. Ça n’aide pas à faire le pas. Perso je suis chez Epona, parce qu’à l’époque où j’ai eu Erica, c’était la seule assurance à prendre les chats qui n’étaient plus tout jeunes. Tounsi avait été assuré chez Animalia (décédé également brutalement, avec grosse facture véto, alors qu’il était encore jeune).

Chez Epona, passé un certain âge il y a un questionnaire/rapport qui doit être rempli par le véto. Il faut déclarer les maladies passées ou en cours. Il y aura des réserves. Par exemple, pour Oscar son diabète n’est pas pris en charge. Ni les conséquences liées à son amputation. Ni – parce que ça avait été détecté à l’époque – sa toux, qui, on l’a appris plus tard, est certainement liée à l’ancienne hernie diaphragmatique qu’on ne savait pas qu’il avait. Par contre, son arthrose, c’est couvert. Toutes les injections de Solensia, les médics, l’ostéo. Sa gingivo-stomatite, y compris extraction totale, soins intensifs avant, couverte. Oscar est un mauvais risque pour l’assurance, très clairement, ses primes ont été doublées et sa franchise augmentée (sinon rupture de contrat), mais j’ai fait mes calculs et ça vaut quand même encore la peine.

Julius, je l’ai assuré en mode “chat jeune sans soucis”. Environ 175.-/an, franchise de 1000.-, formule C, pas de questionnaire de santé vu son âge estimé. Je ne m’attendais honnêtement pas à avoir de frais vétérinaires avec lui. Mais je me suis dit “s’il m’arrive une merde, comme c’est déjà arrivé avec d’autres de mes chats, au moins je ne vais pas me retrouver avec une ardoise équivalente à deux mois de salaire, ou la décision atroce de devoir euthanasier faute de sous”. Et en l’occurrence, vu le festival de bagarres de ces derniers mois, j’ai déjà épuisé ma franchise.

Donc, faites assurer vos animaux. Même s’ils ont déjà des maladies en cours – à plus forte raison, je dirais, car une maladie n’en empêche pas une autre, et si votre budget est déjà grévé par la maladie chronique non prise en charge, vous allez d’autant moins pouvoir gérer autre chose.

Les foyers à grand nombre d’animaux: oui, là les primes ça devient un sacré montant. Mais je crois que si on a beaucoup d’animaux, on a aussi un budget véto mensuel conséquent en permanence, donc ça veut dire qu’on a des fonds alloués à ça, et peut-être plus de capacité d’absorber une dépassement ponctuel de quelques milliers de francs du budget annuel. Si ce n’est pas le cas, peut-être qu’il faut quand même réfléchir à assurer tout ce beau monde, en formule minimale, pour couvrir les catastrophes. Ou mettre sur pied une structure associative.

Amateurs de l’option “bas de laine”: faites les maths. Combien de temps vous auriez du économiser pour payer les 8000.- de frais de véto que j’ai eus avec Erica? ou les deux années consécutives à 4000.- avec Oscar?

Une assurance n’est pas un “investissement”. C’est une somme qu’on paie, chaque année ou chaque mois, pour s’endormir en sachant que si le ciel nous tombe sur la tête en matière de malchance médicale, on pourra quand même soigner nos animaux sans se retrouver en défaut de biens.

Mon chat a disparu, je fais quoi? Conseils [fr]

Que faire quand on a perdu son chat? Mes conseils: affiches, râtisser les alentours, parler aux voisins, contacter vétos/associations.

En très résumé

  • mettre des affiches + annonces en ligne
  • râtisser systématiquement les environs avec une lampe de poche, de proche à loin, en étoile – votre chat ne viendra pas à vous, il est caché et partez du principe qu’il ne va pas se manifester (évitez de l’appeler depuis plein d’endroits différents quand vous râtissez)
  • appeler les vétérinaires, associations, refuges des environs (et la voirie même si on aime pas y penser) – d’autant plus si votre chat n’est pas identifié
  • aller sonner chez tous les voisins et contrôler personnellement caves, garages etc.
  • faites la “méthode des appels“, surtout si c’est un chat d’intérieur qui a fui ou un chat d’extérieur qui a fui hors de son périmètre habituel ou s’est perdu dans un environnement non familier
  • ne perdez pas votre temps avec la “communication animale” ou les “mauvais bons conseils” comme de mettre la litière dehors

Les priorités seront différentes selon qu’il s’agit d’un chat d’extérieur qui n’est pas rentré, un chat d’intérieur qui s’est échappé ou s’il est tombé d’une fenêtre ou d’un balcon et est probablement/possiblement blessé. Le tempérament du chat entre aussi en ligne de compte (craintif ou non).

Si vous lisez l’anglais (ou l’espagnol), je vous recommande de télécharger le “lost cat kit” de Kim, qui est une “détective à chats” professionnelle = son job est de trouver des chats perdus, depuis plus de 10 ans.

Sinon, voici plus d’explications point par point, pas forcément dans l’ordre. J’ai ajouté en fin d’article une section dédiée à la prévention.

Chercher un chat manquant c’est beaucoup de boulot à faire alors qu’on est probablement mort d’angoisse. Faites-vous aider si vous pouvez.

N’attendez pas avant d’agir. Les premières 24h sont cruciales.

Mettez des affiches

Faites des affiches couleur avec une bonne photo où votre chat est bien reconnaissable, qui met en avant ce qui le rend identifiable (tête + corps). Ecrivez le texte en gros pour qu’il se voie de loin. Mettez peu de texte, juste les mots-clés les plus importants. Chat perdu. Nom du chat, signes distinctifs, 2-3 mots sur les circonstances de la disparition (présumé blessé?), s’il faut essayer de l’approcher ou simplement vous appeler. Précisez s’il est identifié. Exemples: Luna, Tounsi.

Pensez que les gens vont peut-être photographier l’affiche. Mettez votre numéro de téléphone en gros.

Demandez de l’aide pour coller les affiches, si vous pouvez. Même, déléguez. Prendre du scotch et des fourres plastique. Mettez l’affiche dans la fourre plastique à l’envers, avec un morceau de scotch pour que la feuille ne tombe pas (protège contre la pluie). Collez sur les portes, aux arrêts de bus, sur les poteaux, etc, en commençant par votre immeuble maison, puis en cercles concentriques.

Lorsque vous aurez retrouvé votre chat (ou, même si on ne le souhaite pas, abandonné les recherches), pensez à aller ôter les affiches!

Mettez des annonces en ligne

Il y a normalement des pages facebook dédiées aux chats perdus par région. Envoyez un MP à la page concernée. En Suisse: Chats perdus/trouvés Suisse romande; réseau Pet Alert: Vaud, Valais, Fribourg, Neuchâtel, Jura, Genève; STMZ. Regardez aussi si la SPA de votre région a des formulaires d’annonce en ligne, comme la SVPA par exemple. Pensez aussi à regarder si votre chat n’est pas annoncé comme trouvé sur un de ces canaux.

Râtissez les alentours

Cette action est souvent négligée ou mal faite, surtout pour les chats d’intérieur. Les maîtres pensent parfois que leur chat les reconnaîtra et viendra vers eux, mais ce n’est pas le cas. Il faut donc chercher le chat comme on chercherait un objet inerte: systématiquement, mètre carré par mètre carré, avec une lampe de poche pour bien voir sous les buissons.

S’il s’agit d’un chat d’intérieur

Il n’est probablement pas loin du tout. Dans un environnement nouveau et probablement terrifiant (si c’est un chat qui n’a jamais connu que l’intérieur) il va se planquer et bouger le moins possible. Il va falloir des jours pour qu’il ait assez faim ou soif pour être motivé à bouger.

Commencez la recherche à l’endroit de fuite ou de chute. Essayez de “penser chat”: un chat n’aime pas les espaces ouverts et va essayer de rester caché.

Evitez absolument de faire tout le tour du quartier en appelant votre chat. S’il répond à votre voix, vous risquez en fait de l’éloigner de là où il est. Si vous pensez que cela vaut la peine de l’appeler, appliquez la méthode des appels.

S’il s’agit d’un chat d’extérieur

S’il n’est pas rentré alors qu’il rentre normalement, il est soit enfermé, soit blessé, soit quelque chose lui a fait peur et il est parti loin et ne “retrouve” pas le chemin (peu probable s’il connaît bien les lieux, mais peut arriver s’il sort depuis peu par exemple).

Il faut donc:

  • râtisser prioritairement afin de le trouver s’il a été blessé, même genre de méthode que pour un chat d’intérieur (partir du principe qu’il ne va pas forcément se montrer), sauf qu’il n’y a probablement pas un “point de chute” clair duquel partir
  • faire le tour du voisinage pour contrôler garages et caves (préciser sur les affiches)
  • regarder s’il y a des travaux dans les environs (extérieurs ou intérieurs: bruit et aussi portes ouvertes inhabituelles => enfermement)

S’il est dans un environnement pas familier la méthode des appels peut être intéressante, surtout s’il a l’habitude de venir sur appel à la maison.

N’oubliez pas l’intérieur!

Râtissez également à l’intérieur si vous n’avez pas vu filer ou tomber le chat. Ouvrez toutes les armoires, etc. et contrôlez-les. On ne compte pas le nombre de fois où on s’est retrouvé à chercher un chat dehors alors qu’il était enfermé quelque part dans l’appartement. Il ne va pas forcément miauler.

Contacter vétérinaires, associations, refuges (et voirie)

A plus forte raison si votre chat n’est pas pucé, il faut prendre les devants pour retrouver sa trace s’il a été blessé et pris en charge ou simplement récupéré par une âme charitable. Même si votre chat est pucé, attention: la puce est un moyen d’identification assez sûr mais pas infaillible, donc ne “comptez” pas dessus les yeux fermés.

Appelez donc les vétérinaires les plus proches, les refuges, et les associations qui font du sauvetage dans votre région. Si vous savez que votre chat est probablement blessé, essayez de trouver les coordonnées du cabinet vétérinaire qui était de garde à ce moment-là (en demandant aux cabinets que vous appelez).

Pour trouver les cabinets vétérinaires, utilisez Google + le nom de votre localité, et cherchez avec Google Maps. Idem pour la SPA/les refuges. En demandant sur Facebook vous trouverez certainement relativement facilement quelques noms d’associations actives dans votre région. N’oubliez pas la voirie, même si on n’aime pas y penser, même si votre chat est pucé: malheureusement, les chats ramassés ne sont pas toujours scannés.

Faites le tour des voisins

Sonnez aux portes et parlez aux gens. Ayez avec vous des photos de votre chat avec vos coordonnées que vous pouvez laisser (ou des copies d’affiches). Demandez s’il y a des gens en vacances (apparts/garages fermés) et si vous pouvez vérifier cave/garage avec eux – ou au minimum qu’ils le fassent, en leur expliquant bien que le chat va se cacher et pas annoncer sa présence (surtout si c’est un chat d’intérieur ou timide.) Si vous arrivez à recruter des enfants du quartier pour la recherche, ça peut être utile aussi.

Comme pour les affiches, partez de votre logement et faites ça en cercles concentriques. N’allez pas trop loin dans un premier temps, la première “couche” d’immeubles autour du vôtre c’est déjà bien. Rappelez-vous: votre chat est probablement moins loin que ce que vous croyez.

Conseils spécifiques selon les cas de figure

Chat probablement blessé ou malade/vieux

Il ne faut pas attendre, et faire des fouilles actives tout de suite. Le trouver tôt plutôt que tard peut être une question de survie. Surtout s’il n’est pas pucé, appeler immédiatement les vétos/associations/refuges, car si son état est grave, il est bien possible qu’il ait été pris en charge. Comme toujours: chercher plutôt près que loin.

Chat très timide (intérieur) qui a fui

Il est certainement planqué et pas en danger immédiat, même s’il est certainement très stressé. Il va falloir plusieurs jours pour que la faim/soif le motive à bouger, s’il a trouvé une planque. S’il a filé par une porte ou fenêtre ouverte, c’est utile de laisser celle-ci ouverte la nuit pour lui donner une chance de rentrer par lui-même quand tout sera calme. Fouiller de jour, faire la méthode des appels le soir.

Chat pucé

Vérifier que la puce est bien enregistrée dans la base de données (ANIS) avec vos coordonnées à jour. Demandez à votre vétérinaire de contrôler pour vous.

Chat pas pucé

Votre chat peut avoir été recueilli, qu’il soit blessé ou non, sans que personne ne sache à qui il est. Il faut donc redoubler d’efforts de communication, tant en ligne, qu’auprès des refuges et associations, que dans le quartier avec des affiches (ce ne serait pas la première fois que quelqu’un de bien-pensant “adopte” un chat qui semble “perdu” alors qu’il habite simplement le quartier, ou s’est échappé de son intérieur habituel).

Chat d’extérieur perdu ailleurs que chez lui

Il va probablement commencer à chercher ses repères mais ne saura pas où aller. La méthode des appels est utile, et bien râtisser large avec les affiches. Dans ce cas de figure, pas dit qu’il se planque, et possible qu’il se déplace (soit chassé par des chats du coin, ou alors pour tenter de rentrer – ça arrive régulièrement, ce genre de chose).

Les “fausses bonnes idées”

On entend souvent dire qu’il faut mettre la litière du chat ou de la nourriture dehors. Ce n’est pas une bonne idée! A plus forte raison si votre chat n’est pas habituellement dehors là, les odeurs peuvent attirer/intriguer des chats du quartier qui ne seront pas forcément sympas avec l’intrus et pourraient même le chasser.

Faire tout le tour du quartier en appelant n’est souvent pas une bonne idée. Si le chat est craintif/planqué et qu’il essaie de vous suivre, et que vous vous déplacez, vous risquez de l’éloigner encore. Exception: chat d’extérieur potentiellement enfermé qui serait susceptible de miauler pour signaler sa présence.

Un mot sur la “communication animale”, qui s’apparente en somme à de la voyance. Ce n’est pas une pratique fiable! Pour toutes les histoires miraculeuses qui circulent il y en a tout autant où il s’est avéré que ce qui avait été “vu” n’avait rien à voir avec la réalité… Mais ça ce ne sont pas des histoires qui vont circuler, c’est normal. Vraiment, il ne faut pas baser sa stratégie de recherche là-dessus, au risque de faire complètement fausse route et de se laisser distraire d’actions réellement efficaces. Difficile pourtant de faire abstraction des “informations” supposées – il vaut donc mieux éviter de perdre son temps avec ça et consacrer son énergie aux méthodes qui marchent: affiches, râtissage, démarchage, appels de nuit selon la méthode des appels.

Autres pistes

Si vous avez l’occasion de faire appel à un chien pisteur, c’est une solution intéressante, mais ce n’est pas simple à trouver (en tous cas en Suisse). Il faut le point de fuite et l’odeur du chat (son dodo dans un sac plastic neutre.) Attention que le chien soit parfaitement éduqué afin qu’il ne risque pas de faire fuir le chat. Un “chien de rouge” (dressé pour retrouver le gibier blessé) peut être une alternative pour trouver un chat blessé (ou pire).

Dans certains cas/environnements un drone avec caméra thermique peut être à envisager.

En prévention

Si vous avez un chat, vous pouvez vous attendre à ce qu’il se “perde” un jour ou l’autre. Peut-être quelques heures seulement, mais probablement plus. Voici ce que vous pouvez faire pour minimiser le risque que ça arrive.

Pucez votre chat, même (surtout!) s’il ne sort pas! Un chat qui ne sort pas, s’il s’échappe par mégarde, se retrouve dans un environnement étranger pour lequel il est très peu préparé. Les accidents arrivent aussi aux chats d’intérieur! Quant aux chats d’extérieur, même s’ils s’éloignent peu, un incident peut arriver: une personne bien-pensante qui le ramasse, une camionnette qui passe par là et dans laquelle le curieux a sauté… La puce peut éviter à votre chat de finir en refuge (et peut-être même d’y finir sa vie). Pensez-y. Veillez à bien enregistrer et maintenir à jour vos coordonnées, si vous changez de numéro ou déménagez. Vous pouvez aussi vérifier au cours d’une consultation de contrôle que la puce est toujours bien lisible.

Stérilisez et castrez! Non seulement vous faites votre part pour lutter contre la multiplication des chats (oui c’est un problème, si vous ne me croyez pas, discutez avec les refuges et associations qui croulent chaque année sous les chatons, la plupart des miséreux nés dehors et dont la petite vie de souffrance s’achève souvent bien trop tôt) mais vous diminuez les risques que votre chatte ou votre chat aille “vagabonder” à se perdre ou cherche à s’échapper, poussé par ses hormones. Chaque année les associations recueillent des chats “errants” non castrés ou stérilisés mais qui clairement sont familiers et sociables. Ils étaient à quelqu’un, ces chats! Perdus, mais jamais retrouvés, car pas pucés, pas castrés/stérilisés.

Protégez vos fenêtres et vos balcons, surtout avec des chats d’intérieur pour qui ces fenêtres et balcons sont probablement les lieux les plus excitants de leur vie. Les chats tombent des fenêtres et balcons, et pas qu’un peu. Et ils se blessent souvent, malgré ce qu’on raconte. Discutez là aussi avec les refuges, associations, et vétérinaires qui pourront vous parler de la fréquence avec laquelle ils se retrouvent à prendre en charge des “chats-parachutes”, qui ne s’en sortent pas toujours.

Sécurisez vos cages de transport. Ne faites pas de concessions avec ça. Pourtant, des chats qui s’échappent de leur cage en route ou en revenant de chez le véto, on en voit régulièrement! Ayez une cage de bonne qualité, solide, et utilisez-la. Oui le chat dans les bras c’est cool, mais c’est moins cool s’il prend peur, vous lacère les bras et s’enfuit. Idem en voiture: que se passe-t-il en cas d’accident? La cage est-elle assez solide?

Pensez au tracker (e.g. Invoxia, Tabcat, Weenect…) pour les chats qui sortent, en particulier dans les situations suivantes: début de sortie (après une adoption ou un déménagement), sortie dans un lieu pas familier (vacances, résidence secondaire), chat malade ou vieux, qui a besoin d’un traitement ou est peut-être diminué. Utiliser un tracker sur un chat un peu vagabond (ou simplement qui sort normalement) peut aussi vous aider à vous familiariser avec ses habitudes et coins préférez.

Pour les chats d’extérieur, prenez le temps de vous balader avec lui pour connaître ses habitudes et faire connaissance avec les humains qu’il croise. C’est toujours bien que les gens sachent le nom du chat qu’ils voient passer, et qui en est le maître! Vous pouvez en profiter pour leur rappeler de ne pas nourrir les chats des autres… ;-). On peut aussi mettre au chat un collier avec le nom du chat et nos coordonnées pour quelque temps – cela donne aux gens qu’il croise l’information que le chat est à quelqu’un, même si après il ne porte plus systématiquement son collier! Vous pouvez aussi mettre une affiche dans l’entrée de votre immeuble pour que vos voisins sachent que votre chat habite là. Ça peut même être une bonne idée pour un chat d’intérieur: “si vous me trouvez dans les couloirs, je ne devrais pas y être, j’habite au 3e et je ne sors pas!”

Note concernant la photo d’illustration: Oscar n’est pas perdu. Par contre, il est très probable qu’il l’ait été. Il a été recueilli par une association après des années d’errance, blessé et pas castré. Et clairement, c’est un chat sociable qui avait vécu chez des humains au début de sa vie.

Alimentation de nos chats (et chiens): à quel saint se vouer? [fr]

[en] Some general information on the petfood industry and its marketing excesses, who would have us believe that grain-free or natural is better, that kibble is bad, etc. Summary? Kibble is fine, wet food is fine, home-made is fine but a lot of work and most recipes are not well-balanced, so get your recipe checked by a veterinary nutritionist. Forget about grain-free (actually worse than with grain), "natural" is just a bias (nature doesn't want your cat to live long, it just wants it to live long enough to reproduce), and you're better off sticking to the big veterinary petfood brands who have their own nutritionists on staff, plants, and quality-control, than smaller brands who actually sell white label products with a lot of fancy marketing on top. Oh, and cats don't need variety if their diet is good quality and balanced, they are grazers and eat throughout the day, and there is no "meat" in petfood, despite the pictures on the packaging.

Lien perçu entre alimentation et santé

Je croise régulièrement parmi mes connaissances des personnes qui se posent des questions sur la “meilleure” alimentation à donner à leur animal de compagnie. En effet, il y a cette idée ambiante que l’alimentation c’est crucial. Avec la “bonne” alimentation on pourrait prévenir des maladies et même en guérir, et la “mauvaise” aurait des conséquences désastreuses sur la santé. Pour nous humains aussi, d’ailleurs, ces idées ont la vie dure. On est entourés d’injonctions “mange comme ci, pas comme ça, évite ça, essaie ci tu verras” qui nous mènent à penser qu’il y a une bonne façon de faire. Et quand on a des soucis de santé, très souvent on entendra des conseils touchant à notre régime.

Pourquoi cette obsession sur l’alimentaire, une sorte “d’orthorexie” collective, à la limite? Je pense, perso, que c’est parce que l’alimentation est quelque chose de visible, concret, et sur lequel on a du contrôle. Face à un problème, notre cerveau biaise dans la direction de réponses simples (simplistes) et tangibles. Le sentiment d’avoir du contrôle est la première chose qu’on recherche pour soulager notre anxiété. Nos animaux domestiques font partie de notre famille, on les aime, on ne veut pas les perdre (alors même qu’on sait bien que vraisemblablement, on les verra mourir avant nous) et donc on veut “tout faire” pour les préserver. L’idée qu’on puisse “donner la bonne nourriture” pour éviter les maladies et garantir la bonne santé est donc extrêmement séduisante.

Un “bon” aliment?

Et loin de moi l’idée de dire que l’alimentation ne joue aucun rôle sur la santé. Clairement pas. Que ce soit pour l’humain ou l’animal, il y a évidemment un lien entre santé et régime. Mais ce n’est pas un lien “magique”, genre “tu manges comme ci il va t’arriver ça” ou “tu fais juste tu seras jamais malade”. On sait qu’un régime qui répond aux besoins nutritionnels va avoir un impact positif, et un régime déséquilibré peut mener à des carences ou des maladies. Mais ce n’est toujours qu’une question de probabilités. Il y a beaucoup de variation individuelle. Il y a des exceptions. On connaît tous quelqu’un qui mange “n’importe quoi” et reste en bonne santé, ou des gens qui “font tout juste” mais sont quand même malades.

On ne peut pas déduire, des conclusions concernant le lien entre alimentation, santé, et maladie qu’on tire à l’échelle collective, une sorte de causalité simple et directe applicable telle quelle à l’individu. Ce n’est pas parce que statistiquement, manger suffisamment de fruits et légumes a un effet bénéfique sur la santé que si je le fais je peux m’assurer de ne pas avoir la maladie xyz. Notre cerveau n’aime pas les probabilités… il préfère bien mieux ce qu’on appelle les “anecdotes”, des histoires individuelles qu’on peut raconter et dont on croit pouvoir tirer une conclusion. Ça nous rend très vulnérables aux “témoignages”: “moi je donne telle alimentation à mon chien et il est en super forme, ça marche du tonnerre”!

“Naturel”, c’est vraiment mieux?

En parallèle (ou conjointement) à cette vague idéologique qui nous fait surestimer le lien de causalité (qu’on perçoit donc comme immédiat) entre alimentation et santé/maladie, il y a celle qui voudrait nous faire croire que “la nature sait le mieux”, que “ce qui est naturel est meilleur”, etc. Je ne vais pas m’étendre dessus (c’est un sophisme bien connu et documenté, “l’appel à la nature“, on trouve facilement des articles et des vidéos explicatives sur le sujet) mais il faut garder en tête que cette idée est très présente dans notre évaluation de ce qu’est la “bonne” nourriture: “naturelle”, “bio” (encore tout un chapitre), proche de comment l’animal se nourrirait “dans la nature (allô le BARF et autres régimes crus) – en oubliant que la nature ne cherche pas à faire vivre l’animal longtemps et en bonne santé, mais juste assez longtemps pour qu’il puisse se reproduire.

Besoins nutritionnels

En fait, la “bonne” alimentation est celle qui répond aux besoins nutritionnels de l’organisme: l’organisme, il digère la nourriture pour en extraire des composants qu’il va utiliser pour fonctionner et s’entretenir. Des protéines (décomposés en acides aminés), des acides gras, des vitamines et minéraux, du glucose pour produire de l’énergie dans les cellules. Je simplifie mais c’est ça l’idée.

La cellule s’en fiche si la molécule de glucose qu’elle utilise pour produire de l’énergie provient d’un kiwi ou d’une barre de chocolat. C’est du glucose. Si l’organisme a besoin de thiamine (un acide aminé) car il n’arrive pas à le synthétiser, peu importe si cet acide aminé provient d’une souris attrapée dans un champ ou d’une croquette.

Tout l’art du régime équilibré, c’est donc qu’il doit contenir ce dont a besoin l’organisme et pas trop de choses dont il n’a pas besoin. Je raconte ça de façon simpliste, parce qu’il y a aussi le microbiote dans cette histoire (son étude est un champ de recherche en plein développement), et que je parle ici de “besoins nutritionnels” comme si c’était quelque chose de complètement élucidé, alors que (même si ça l’est en grande partie) c’est extrêmement complexe, et qu’il peut y avoir une marge de manoeuvre plus ou moins grande pour certains nutriments et pas pour d’autres.

Et la variété?

Pour en revenir à nos chats et nos chiens, le bon aliment doit donc tout d’abord être équilibré et complet, c’est-à-dire qu’il doit couvrir les besoins nutritionnels propres à l’espèce. Ça, ce sont des choses qui se calculent et se mesurent, et qui vont bien au-delà d’analyses un peu simplistes comme le taux de protéines ou de glucides.

L’équilibre de l’aliment que mange l’animal est d’autant plus important que celui-ci a généralement un monorégime. Ce n’est pas une mauvaise chose! Croire qu’un chat ou un chien a “besoin” de variété, c’est projeter sur un animal des aspirations ou des fonctionnements humains: l’anthropomorphisme. Un animal mange pour manger. Oui, il a du plaisir à manger. Mais cela ne lui pose normalement aucun problème de manger tout le temps la même chose.

Et si vous vous sentez résister à cette idée, posez-vous honnêtement la question: est-ce l’animal qui a ce besoin, ou vous qui l’avez pour lui? Si on a un bon régime bien équilibré, tout ce qu’on ajoute ou change à ce régime va risquer de le déséquilibrer. On a la chance, aujourd’hui, d’avoir quand même un inventaire assez clair (et vérifié sur de nombreuses vies d’animal) des besoins nutritionnels de nos animaux de compagnie.

En fait, varier le régime (surtout pour un chat) va plutôt avoir tendance à mener à des troubles du comportement alimentaire: le chat devient “difficile”, se “lasse” d’un aliment au bout d’un moment, mange trop ou pas assez, etc. Ça, c’est aussi tout un chapitre.

D’où ça sort, tout ça?

Après cette longue intro pour vous rendre attentifs au contexte “idéologique” dans lequel on navigue, venons-en au vif du sujet. Comment nourrir notre chat ou notre chien?

Pour vous aider à situer un peu les recommandations que je fais ici, quelques précisions préliminaires. D’abord, je ne suis pas nutritionniste, ni véto ni humaine. J’ai une petite culture générale scientifique de base (quelques années d’études scientifiques quand même) et un grand intérêt général pour tout ce qui touche au médical: on peut dire que j’ai tendance à absorber ce type d’infos comme une éponge.

Depuis cinq ans et demie je gère un gros (et très sérieux) groupe de soutien sur le diabète félin. Dans ce cadre, je me suis penchée un peu plus sur la question de l’alimentation (voici notre fichier sur la nourriture), et j’ai aussi suivi il y a quelques années une journée de cours “pour grand public” sur l’alimentation du chat (y compris rations ménagères) avec un vétérinaire spécialisé.

Et si vous me connaissez, vous savez que j’essaie de faire les choses bien et que j’ai une exigence de rigueur scientifique que je tâche d’appliquer aux sujets que j’aborde.

Croquettes, pâtée, ration ménagère?

Vous l’aurez compris, ce qui est important c’est que les besoins nutritionnels de l’animal soient couverts, au mieux. La “forme” n’a pas un grand impact. Il est possible d’avoir un régime équilibré sous forme de croquettes, de pâtée, ou de ration ménagère.

Les croquettes sont régulièrement diabolisées mais ça ne repose pas sur du scientifique, on est limite dans du “nutri-complotisme”. Au contraire, les croquettes sont un mode de distribution particulièrement intéressant pour les chats, car elles permettent une alimentation à volonté et en libre-service qui correspond le mieux aux besoins de l’espèce en matière d’accès à la nourriture.

Le chat est un “grignoteur”, il va manger plutôt 10-15 fois dans la journée, en petites portions, contrairement au chien qui va faire moins de repas mais plus gros.

L’explication repose sur le mode de chasse des deux espèces et qui imprègne encore leurs besoins. Le chat chasse des petites proies, et va donc manger une sauterelle par-ci, une souris par-là, un lézard ici, une autre souris… au cours de sa journée de chasse. Avec les croquettes, on peut donc fournir au chat une alimentation “indépendante de l’humain” (où l’humain ne joue pas pour le chat le rôle de “distributeur de nourriture”, ce qui peut mener à des problèmes de comportement liées à l’alimentation) et à laquelle il peut avoir accès quand il en a besoin.

On veut aussi un aliment qui soit suffisamment bon pour que le chat le mange, mais pas tellement bon qu’il va aller le manger “parce que c’est bon”. On peut avoir ce souci avec certaines pâtées trop appétantes, ce qui mène à ces situations où le chat devient franc fou et se goinfre dès qu’il est servi (sans compter l’histoire du chat dans les pattes qui miaule pour que le “distributeur de pâtée ambulant” serve le repas).

La méchante croquette

Face à cette “diabolisation” de la croquette, alors qu’en fait il s’agit d’un mode de distribution bien adapté tant aux besoins de l’animal qu’à nos modes de vie, et qui permet tout à fait un régime équilibré, ça peut être utile d’en savoir un peu plus sur “l’industrie” du petfood.

Mais d’abord: pourquoi cette “diabolisation”? On pourrait certainement écrire une thèse sur le sujet, mais disons déjà que quand quelque chose ne va pas, on aime trouver un coupable (eh bien oui, quelqu’un doit être “responsable”, non? encore tout un chapitre…) – et que si l’on est dans un paradigme qui surévalue l’importance de l’alimentation sur la santé et la maladie, qu’on sait que l’écrasante majorité des animaux domestiques mangent des croquettes, qui plus est des grands groupes (Royal Canin, Hill’s, Purina Pro Plan etc.) dont on va trouver les gammes “pro” en cabinet véto, eh bien si on a le réflexe (simpliste je le répète) de se dire “mon animal est malade, ça doit être la nourriture” on va regarder le nom sur le paquet et dire “la marque xyz a rendu mon animal malade”.

Ces grandes marques qu’on aime détester

Pour s’y retrouver dans l’industrie du petfood, ça aide un peu de savoir comment ça fonctionne. Oui, parce qu’il y a un autre biais dans notre histoire: on aime détester les gros industriels et aimer les petites marques perçues comme artisanales ou familiales.

Mais faire du petfood, ce n’est pas simple, vous imaginez bien. L’avantage qu’ont les “grosses marques” sur les plus petites c’est qu’elles ont leurs propres usines, leurs propres vétérinaires nutritionnistes pour élaborer et améliorer les recettes, qu’elles ont aussi suffisamment de masse de production et de moyens pour faire un véritable contrôle qualité des produits qu’elles mettent sur le marché, mettre sur pied des études pour valider l’action d’aliments à visée thérapeutique qu’elles conçoivent (insuffisance rénale ou obésité par exemple), etc.

Les plus petites marques, surtout celles qui vous mettent un joli filet de poulet sur l’emballage (ne rêvez pas) n’ont pas ces moyens. Elles achètent le plus souvent des aliments “sur catalogue” (marques blanches) auprès d’usines “petfood” ou alors commandent un aliment en fonction d’une recette qu’ils auront achetée ou fait développer par un prestataire externe.

Leur coeur de métier n’est pas l’alimentation de nos animaux, mais le marketing – parce que oui, c’est un marché juteux, surtout si on surfe sur la méfiance envers les gros acteurs établis, la recherche de “naturel” (ou “sans céréales” – encore toute une histoire), l’envie de traiter notre animal comme un membre de la famille et donc de le nourrir avec quelque chose qu’on pourrait imaginer manger nous-mêmes. Ces marques ne font généralement pas de contrôle qualité sur le produit final et n’ont donc que la parole de l’usine le produisant que ce qui a été livré correspond bien à ce qui a été commandé.

Sous couvert de nous offrir quelque chose de plus “sain/naturel/bio” pour notre animal, on se retrouve au final avec un aliment moins stable et moins bien contrôlé, et pour lequel on a parfois payé le budget marketing de la marque bien plus que le budget recherche et développement, ou production.

Cela ne signifie pas qu’il ne peut pas y avoir de bons produits parmi ces petites marques, mais juste qu’on ne peut pas le savoir, et on ne peut pas garantir que ça le reste.

Les marques (dispo en Suisse) qui font des aliments “qualité véto” (c’est donc de ces gammes qu’on parle, pas des produits de la même marque mais qu’on trouve en supermarché, attention) et également des aliments “thérapeutiques” sont au nombre de cinq: Royal Canin, Hill’s, Purina Pro Plan, Specific et Virbac. Tous ces aliments ne sont pas parfaits (l’aliment parfait n’existe pas) mais ils sont développés par des professionnels travaillant pour ces marques, produits dans leurs usines qu’ils contrôlent, analysées régulièrement. Ce ne sont pas des aliments achetés sur catalogue à une entreprise tierce.

Marketing quand tu nous tiens

En tant que maître d’animal, on veut le meilleur pour celui-ci, et vu la complexité du domaine de la nutrition animale, la quantité de désinformation et nos connaissances souvent… approximatives sur la question, on est très vulnérable au marketing. Celui-ci va jouer sur les biais et tendance idéologiques que j’ai décrites en première partie de cet article. On va nous vanter du naturel, on va nous montrer des aliments appétants pour nous sur l’emballage (alors qu’ils ne correspondent pas à la réalité de ce qui est dedans), on va surfer sur la vague des “préoccupations” du jour: on veut du cru, on veut pas de céréales – mais le petits pois ça va, donc?, on veut du sans gluten, du sans additifs, du surprotéiné, du “sans glucides” – ça n’existe pas, donc, du végane, on veut de la “viande”

Parlant de viande, savez-vous que ce terme est réservé à l’alimentation humaine? Quelque chose d’autre qu’on aime diaboliser: les fameux “sous-produits animaux”. Mais savez-vous de quoi il s’agit? En fait, une fois que les morceaux destinés à la consommation humaine ont été retirés de la carcasse, il reste toute une partie de l’animal que l’humain ne consomme pas: les restes de viande sur la carcasse, des abats, les os évidemment, etc.

Pour des questions sanitaires, et pour éviter que des morceaux sortis de la filière de consommation humaine y reviennent, ce qui reste de la carcasse à ce stade est dorénavant catégorisé “sous-produit animal” et réservé à la filière du petfood. C’est une dénomination quasi administrative.

Il ne faut pas rêver, on ne met pas de steak ou de filet de poulet dans l’alimentation pour animaux (imaginez simplement le prix, déjà). Donc en fait, les “sous-produits animaux”, c’est rien d’autre que ce qui reste sur la carcasse après qu’on se soit servi, et donc la source “normale” de protéines animales dans un aliment pour animaux. On peut ensuite y mettre plus ou moins de carcasse, plus ou moins d’abats, et ce genre de chose peut se “détecter” avec certains calculs sur les composant analytiques des aliments.

Et la ration ménagère?

On peut faire une ration ménagère équilibrée, pour autant qu’on y ajoute un complément minéralo-vitaminé, c’est possible. Mais attention, pas n’importe comment!

Une large majorité des recettes que l’on trouve sur internet ou dans des livres ne sont pas équilibrées. Il est donc impératif, si vous souhaitez nourrir votre animal avec une ration ménagère, de faire établir ou au moins vérifier votre recette par un vétérinaire nutritionniste. Tous les vétérinaires ne sont pas nutritionnistes, loin de là – tout comme tous les médecins généralistes ne sont pas spécialisés en nutrition et diététique.

Cru, ça pose vraiment des problèmes sanitaires (et non, congeler ne vous débarrasse pas des bactéries, c’est même comme ça qu’on les préserve) donc il faut au minimum faire du mi-cuit.

Perso, pour m’être amusée lors d’une formation à essayer d’équilibrer une ration, j’ai pu voir que c’est vraiment pas simple (les maths ne me font pas peur, je précise). Ensuite, il y a toute l’organisation et le travail de préparation, sans parler du coût. Tout ça, sachant que la ration ménagère n’apporte pas de bénéfices nutritionnels en tant que tel, c’est pas “meilleur” en soi que de la pâtée ou des croquettes.

Je ne vois pas l’intérêt, sauf en cas de situations particulières comme des intolérances alimentaires ou des besoins très spécifiques dûs à des maladies, mais aujourd’hui le rayon des aliments thérapeutique est vraiment bien fourni.

Que fait Steph?

Chez moi, c’est croquettes gamme véto, en libre-service et à volonté (silos à croquettes, mais suivant les chats boules à croquettes et plateaux d’activité). Je n’ai pas de religion particulière entre les “5 grandes marques”, ce qui m’importe c’est que le chat aime assez l’aliment et le tolère bien.

Ces dernières années j’ai plutôt eu de vieux chats malades, donc aliments thérapeutiques (diabète, insuffisance rénale, arthrose). Il y a eu une période où j’ai dû donner à un de mes chats de la nourriture humide (inflammation de la bouche), et là je suis partie sur un Sheba, dont l’analyse était pas trop moche (j’ai sollicité mes copines du groupe Diabète Félin qui aiment faire ce genre de calculs), pas trop riche en glucides car il s’agissait d’un chat diabétique (un autre sujet…). Pas mon premier choix d’aliment mais vu le contexte c’était le meilleur, pendant quelques mois, avant de pouvoir reprendre l’alimentation habituelle.

Je veux en savoir plus!

Dans ce que je vous ai raconté ici il y a des approximations, peut-être des choses pas 100% précisément exactes. Ce que j’essaie surtout de faire c’est de vous donner un tableau d’ensemble du contexte dans lequel se posent ces questions alimentaires, et quelques infos sur l’industrie pour ne pas trop se laisser avoir par les marketeux. Si vraiment le sujet de l’alimentation vous intéresse, voici quelques-unes de mes sources préférées sur le sujet:

RIP Erica [fr]

Ça peut finir comme ça
Une vie de chat
Au Tierspital
Le jardin a fait place
A une cage à oxygène
La liberté
Aux machines
Tu n’es déjà plus là
Même si ton coeur bat
Tu as fait de ton mieux
Et nous aussi
Mais ça n’a pas suffi

Entre mes larmes
Un festival de “j’aurais pu”
Le doute toujours
Inévitable
On aurait bien pu faire autrement
Mais au final

Tu n’as pas juste fait mieux que rien
Me dit-elle sagement avec amour
Tu as été splendide
Tu as donné tout ce que tu pouvais
Quand il en avait besoin
Sans pour autant te griller complètement
Au point de ne plus pouvoir être là pour toi
Ou pour d’autres qui ont et auront besoin
De ce que tu pourras leur donner
Ce que tu fais est suffisant
Et parfait
Parce que tu l’as fait
Les hypothétiques et les regrets
Feront toujours pâle figure
Face au vrai
Face au réel
Face au fait

Ça peut finir comme ça
Une vie de chat
Pas comme on voudrait
Jamais vraiment comme il faudrait
Avec des regrets et des doutes
Des larmes plein le coeur
Et des nuits sans sommeil.

17.02.2023
Erica nous a quittés au petit matin, malgré l’excellente prise en charge dont il a bénéficié nuit et jour toute cette semaine au Tierspital de Berne pour un abcès au foie.

Quintus, 1 an [fr]

13.12.2021, 21:20

Demain, le 14 décembre, cela fera un an jour pour jour que j’ai dit adieu à Quintus. J’ai récupéré ses cendres, comme je l’ai fait pour mes autres chats, et depuis, il y a une petite boîte sur ma table de nuit, tout près du coin du lit où il a passé une grande partie de ses dernières années.

Je n’avais pas le coeur de le mettre ailleurs. Alors le projet, c’est d’aller disperser ses cendres dans le jardin, comme je l’ai fait pour Bagha, Safran, et Tounsi avant lui. Alors c’est dur tout court, de faire ça, mais là, doublement dur parce que ses dernières années de vies étaient tellement peu dehors.

Mais je veux me souvenir aussi des années où il passait des heures installé sous le buisson devant l’immeuble, où on se promenait avec Tounsi autour du bâtiment, où il courait à travers le gazon, chassait, et grimpait même aux arbres.

Alors demain, je prendrai mon courage à deux mains, même si je ne suis absolument pas prête, et je ferai un pas de plus dans ma vie sans Quintus.

14.12.2021, 18:08

Il y a des moments où il faut aller de l’avant avec la vie, même si ça fait mal. Se souvenir que le chat qu’on aimait, avec son corps si chaud, ses poils si doux, son odeur, sa truffe humide, son ronron et ses coups de langue, et bien maintenant, c’est un petit tas de poussière dans une boîte. Que c’est fini, qu’il n’est plus là, qu’il est mort, pour toujours. Qu’il est temps d’aller de l’avant dans la vie, sans le chat.

Alors j’ai regardé cette poussière, qui n’est plus rien du chat que j’aimais, qu’un souvenir, et bien moins vivant que celui qui est dans mon coeur, quelques grammes symboliques que je vais rendre au jardin qu’il aimait, avec quelques larmes, la mémoire des précieuses années ensemble, la poussière qui s’envole et le sable qui tombe au sol.

Et puis, renter à la maison, faire un câlin au chat qui est là, tout chaud, tout vivant, et qui un jour aussi, si on a de la chance, sera un petit tas de poussière et de sable, au fond d’une boîte.

Ecouter: partie 1 | partie 2

Avoir un animal est une charge financière qu’il faut pouvoir assumer [fr]

[en] Having a pet is a financial responsibility. Get health insurance for your pet or start a "health savings" account for them. They will fall sick and die someday, inevitably. See your vet at least once a year for a check-up and head to the clinic early if you suspect something is going on.

Je viens de regarder la vidéo ci-dessous et je souhaiterais reprendre certains des conseils de l’oratrice aux propriétaires de chats et de chiens – auxquels je m’associe:

  • prenez une assurance-maladie pour votre animal – ou bien prévoyez un compte-épargne pour lui, afin de ne pas vous trouver dans la situation où il a besoin de soins que vous ne pourrez pas vous permettre
  • voyez votre vétérinaire au moins une fois par an pour un contrôle, et le plus tôt possible en cas de suspicion de problème
  • ne donnez pas d’animaux en cadeau, même dans la famille: un animal est non seulement une charge financière mais aussi une charge niveau temps, et le maître doit prendre cette charge en connaissance de cause.

Un animal, même si on l’adopte petit, va tôt ou tard tomber malade ou avoir un accident, vieillir, et finalement mourir.

Outre le groupe de chats diabétiques que je gère, je suis dans nombre de communautés “chats” en ligne. Et tous les jours ou presque, je vois des situations passer où les soins à l’animal sont compromis par l’aspect financier. Je sais, ce serait moche de devoir dire “si t’as pas de thunes, tu peux pas avoir un animal”, mais un animal ça coute, et il faut tenir compte de ça quand on décide d’adopter.

Il y a des gens qui renoncent à avoir une voiture car ça coûte trop cher. Il y a des gens qui renoncent à avoir un enfant de plus pour des raisons financières. Il y a des gens qui renoncent à vivre dans une plus grande maison ou un plus grand appart car ça coûte trop cher. Et il y a des gens qui renoncent à prendre un animal, de plus ou tout court, parce qu’ils ne pourront pas assumer financièrement les frais inévitables qui pointeront le bout de leur nez.

Pour info, en Suisse, pour assurer mes vieux chats, je paie environ 350.-/an. Les associations demandent des frais d’adoption, et ce n’est pas juste pour couvrir les frais engagés pour l’animal jusque-là. Si vous ne pouvez pas payer les frais d’adoption ou la prime annuelle d’assurance, il faut vraiment vous poser la question si la charge d’un animal est quelque chose que vous pouvez assumer financièrement.

Cette année, Oscar et sa bouche ont généré pas moins de 4000.- de frais vétérinaires (heureusement, remboursés par son assurance). D’aucuns diront: je ne paierais jamais autant! Sauf que c’est pas “tu te pointes chez le véto, et on te fait un devis à 4000.-“. C’est d’abord 500. Puis 300. Puis 700. Puis 1000. A quel moment tu dis “OK là j’arrête les soins que j’ai démarrés et je renonce à faire la chose de plus qui a une chance de régler la situation, et j’euthanasie mon animal”? Parce que laisser souffrir un animal malade, j’espère que tout le monde est d’accord que ce n’est pas acceptable.

Je connais maintenant plusieurs vétérinaires. Je gère aussi un groupe dans lequel il y a environ 300 vétérinaires – le groupe n’est pas très actif, mais tout de même, “l’envers du décors”, comme vous l’entendrez dans la vidéo, si vous l’écoutez. Je vous préviens, c’est dur. C’est pas pour rien que la profession vétérinaire affiche un taux de suicides record. J’entends dans les groupes souvent des paroles très dures envers les vétérinaires, et c’est régulièrement dans des situations où le détenteur de l’animal n’a pas les moyens pour les soins qu’il faudrait, ou a longtemps tardé à consulter par peur des frais, pour se retrouver finalement dans une situation critique et bien plus onéreuse.

Dans le groupe Diabète Félin, il y a une règle stricte interdisant ce qu’on appelle le “véto-bashing”. J’y tiens. On peut être en désaccord sur des décisions, on peut même considérer qu’un praticien n’a pas offert une prise en charge adéquate (quand ça touche au diabète félin, je vous assure qu’il y a souvent à redire). Mais l’agression, le mépris, les insultes: cela n’est jamais acceptable.

Comme le dit l’oratrice, le milieu professionnel vétérinaire a ses problèmes. Mais une partie de ce qui influe sur la pénibilité de la profession est entre nos mains à nous, maîtres-détenteurs-propriétaires-domestiqués. Et nous pouvons y remédier relativement simplement, en incluant dans notre planification budgétaire de quoi subvenir aux besoins médicaux de nos animaux, d’une façon ou d’une autre.

Ainsi, on prend soin de son animal, de soi, et de son vétérinaire.

Quintus: 6 mois [fr]

Quatorze décembre, 14 juin. Six mois. Six mois que j’ai dit adieu à ma vieille boîte à ronrons. Je ne pleure plus, enfin je ne pleurais plus avant de commencer à écrire ces mots. Il me manque, mais je suis aussi tellement soulagée de ne plus vivre dans le stress constant qu’il lui arrive quelque chose, d’être libérée de la charge de me soucier de lui et de le soigner au quotidien.

Pourtant, je l’ai fait de bon coeur. Je me sens presque coupable d’apprécier autant ma liberté. Juste là, je donnerais beaucoup pour pouvoir le tenir encore quelques minutes dans mes bras, sentir sa tête contre la mienne, entendre son ronron.

Mon Quintus. ?

Oaxaca Little Quintus (02.02.2001-14.12.2020) [fr]

Aujourd’hui, Quintus aurait eu 20 ans. J’avais des doutes concernant ses 16 ans, ses 17, ses 18 et même ses 19. Mais les 20 ans, j’y croyais. La vie en aura décidé autrement. La vie, la maladie, la vieillesse et la mort, surtout.

Quintus est mort le 14 décembre. Il était vieux, très vieux, et très diminué. Cette dernière année, encore plus. Et début décembre, il a dégringolé. Il avait déjà dégringolé quelques fois, et on l’avait récupéré. Cette dernière fois, quand j’ai cru que c’était clair que c’était fini, et que j’avais commencé à prendre mes dispositions pour l’accompagner jusqu’au bout, il a commencé à remonter la pente. J’ai décidé de lui laisser une chance.

Mais une semaine plus tard, il était clair que cette remontée de pente était insuffisante pour lui donner encore la qualité de vie qu’il méritait. J’ai pu faire venir une de ses vétérinaires à domicile, et je lui en suis très reconnaissante. Je n’ai aucun regret, aucun doute quant à ma décision – tant de lui laisser une chance quand je l’ai fait, que de tout arrêter lorsqu’il l’a fallu.

Je ne vous cache pas que ça a été horriblement dur. Avant, pendant, et après aussi. Après, au moins, j’avais la sérénité de savoir qu’il ne souffrait plus, ne souffrirait plus, que le temps de ma propre souffrance, à agoniser sur cette décision, était derrière.

Mais Quintus n’était pas qu’un chat vieux et malade. Nous avions une histoire. Moins longue que ses années, même si je l’ai connu chaton, car c’était le chat d’une amie, adopté à l’occasion d’un changement de continent. Mais une belle histoire tout de même, huit années de vie commune, huit années à dormir sur mon oreiller, à s’installer d’autorité sur mes genoux, à ronronner dans mes bras, à me regarder les yeux plein d’amour quand ils voyaient encore. Moi, en tous cas, j’y voyais de l’amour.

Je peine à trouver ma place dans ma vie sans lui. D’un certain côté, il occupait peu de place depuis longtemps déjà: un coin de mon lit, sur son tapis chauffant, et mon oreiller quand ça lui chantait. Mais dans mon coeur et dans mes préoccupations, c’était une place énorme: d’une part je l’aimais, c’était mon compagnon félin, et d’autre part m’occuper de sa santé était très prenant.

Maintenant, il n’est plus là, et c’est à la fois normal et impossible. Je ne sais pas toujours trop dans quelle couche de réalité je vis. Je ne m’attends pas à le voir, ça non, et je pense que c’est parce que sa mort était quelque chose auquel je me préparais depuis fort longtemps. Pas un choc, mis à part celui de la vie qui cesse d’une minute à l’autre et devient la mort. Je m’y attendais. J’ai même choisi quand. J’aurais pu dire non, on attend encore.

Ce n’est pas tant qu’il manque visiblement dans mon quotidien. C’est plutôt que ma vie s’est un peu éteinte depuis qu’il n’est plus là. Une source de joie, de bonheur et de réconfort a disparu. J’ai perdu l’être pour lequel j’avais fini par compter plus que tout, et ça ébranle ma place dans le monde. Je dérive un peu.

Il y a 20 ans, à Huddersfield dans le nord de l’Angleterre, naissait Oaxaca Little Quintus. Par un concours de circonstances quasi rocambolesque que l’on pourrait faire remonter jusqu’à une rencontre dans un marché en Inde, nos chemins se sont rejoints pour de bon en été 2012, quand nous avons pris l’avion ensemble pour faire le trajet Birmingham-Lausanne. Détail: nos lieux de naissance sont distants de moins d’une heure l’un de l’autre. Autre détail: Quintus, “cinq” en latin, était mon cinquième chat.

Il a fermé les yeux pour la dernière fois ce 14 décembre, un mois et demi avant son vingtième anniversaire. Et moi je pleure toujours.

Just a Cat [en]

28.12.2020 17:19

Just a cat
Nobody said that
I’m even sure nobody thought that
Except maybe me
I shouldn’t feel so sad
I shouldn’t feel so lost
I shouldn’t be so heartbroken
Though even for months
And years
He’d been a shell of himself
A cat asleep
A little life
A few scraps left at the end of a long road
But still there
Still carrying memories
Our years together
Our bond
Still there while he slept
And purred sometimes
And stretched
Under my hand
And rubbed his face onto mine
Even when he stopped seeking my lap
Asleep next to me
Every night
Until the end
Soft fur
Lovely face
Black pads under his paws
So gentle
So trusting
A beautiful being
Just a cat
But my cat
My love
Gone to nothingness
Hardly more absent than when he was still there
In a way
But so much more absent to my tearful heart.