Assurez vos animaux [en]

En photo: mon vieil Oscar qui dort paisiblement, ses divers maux bien pris en charge sans me ruiner đŸ„°

Avoir une assurance pour son animal, c’est pas pour couvrir les frais courants. C’est pour couvrir les situations-catastrophe. C’est pour couvrir l’abcĂšs au foie qui vous laisse avec un chat mort et 8000.- de frais de vĂ©tĂ©rinaire.

Et Ă  ceux qui diront que c’est insensĂ© de payer des sommes pareilles pour un animal: la mĂ©decine vĂ©tĂ©rinaire a aujourd’hui les moyens et les possibilitĂ©s de la mĂ©decine humaine, et donc le coĂ»t aussi. C’est pas comme il y a 20 ou 30 ans, ou “quand on Ă©tait gosses”. Le monde a changĂ©.

Aussi, les 8000.- de frais vĂ©to, c’est une escalade d’engagement inĂ©vitable. On arrive pas chez le vĂ©to avec un chat pas bien pour s’entendre dire “Madame, vous allez en avoir pour 8000.-“. Parce que lĂ , effectivement, on pourrait se dire: ok, quand bien mĂȘme ça me dĂ©chire le coeur, je peux pas, donc je fais pas.

Non, on arrive chez le vĂ©to avec un chat malade et on en a pour quelques centaines de francs. On rentre Ă  la maisonđŸ€žđŸ» mais ça ne va toujours pas, on retourne, on rajoute 500 balles. On est vite Ă  1000, 1500. On va Ă  l’hĂŽpital ou chez le spĂ©cialiste, on rajoute 1000. Quand on a dĂ©jĂ  investi 2500.- pour sauver le chat, quand est-ce qu’on dit “hmm non lĂ  on arrĂȘte, on fait pas le truc qui devrait lui sauver la vie et qui coĂ»te encore 1000 balles, ou 2000 balles”?

Personne ne sait au dĂ©but combien ça va ĂȘtre.

En Suisse, on a la chance d’avoir des assurances maladies qui nous sensibilisent au coĂ»t de la mĂ©decine. Dans d’autres pays, comme en France, on ne sait souvent pas combien a coĂ»tĂ© notre Ă©chographie ou notre radio, ou notre opĂ©ration. En Suisse, mĂȘme quand c’est payĂ© directement par l’assurance, on reçoit une copie de la facture. Ça aide, je trouve.

Donc l’assurance, elle est pour les situations catastrophe qu’on n’a pas vu venir. Pour les imprĂ©vus. De mon point de vue, aujourd’hui en Suisse, si on n’a pas un bas de laine de 10’000 balles Ă  mettre sur la table en cas de pĂ©pin, il est sage d’avoir une assurance.

Laquelle? C’est la jungle, en Suisse aussi, comme pour les assurances complĂ©mentaires chez les humains. Il faut bien lire les conditions. Ça n’aide pas Ă  faire le pas. Perso je suis chez Epona, parce qu’Ă  l’Ă©poque oĂč j’ai eu Erica, c’Ă©tait la seule assurance Ă  prendre les chats qui n’Ă©taient plus tout jeunes. Tounsi avait Ă©tĂ© assurĂ© chez Animalia (dĂ©cĂ©dĂ© Ă©galement brutalement, avec grosse facture vĂ©to, alors qu’il Ă©tait encore jeune).

Chez Epona, passĂ© un certain Ăąge il y a un questionnaire/rapport qui doit ĂȘtre rempli par le vĂ©to. Il faut dĂ©clarer les maladies passĂ©es ou en cours. Il y aura des rĂ©serves. Par exemple, pour Oscar son diabĂšte n’est pas pris en charge. Ni les consĂ©quences liĂ©es Ă  son amputation. Ni – parce que ça avait Ă©tĂ© dĂ©tectĂ© Ă  l’Ă©poque – sa toux, qui, on l’a appris plus tard, est certainement liĂ©e Ă  l’ancienne hernie diaphragmatique qu’on ne savait pas qu’il avait. Par contre, son arthrose, c’est couvert. Toutes les injections de Solensia, les mĂ©dics, l’ostĂ©o. Sa gingivo-stomatite, y compris extraction totale, soins intensifs avant, couverte. Oscar est un mauvais risque pour l’assurance, trĂšs clairement, ses primes ont Ă©tĂ© doublĂ©es et sa franchise augmentĂ©e (sinon rupture de contrat), mais j’ai fait mes calculs et ça vaut quand mĂȘme encore la peine.

Julius, je l’ai assurĂ© en mode “chat jeune sans soucis”. Environ 175.-/an, franchise de 1000.-, formule C, pas de questionnaire de santĂ© vu son Ăąge estimĂ©. Je ne m’attendais honnĂȘtement pas Ă  avoir de frais vĂ©tĂ©rinaires avec lui. Mais je me suis dit “s’il m’arrive une merde, comme c’est dĂ©jĂ  arrivĂ© avec d’autres de mes chats, au moins je ne vais pas me retrouver avec une ardoise Ă©quivalente Ă  deux mois de salaire, ou la dĂ©cision atroce de devoir euthanasier faute de sous”. Et en l’occurrence, vu le festival de bagarres de ces derniers mois, j’ai dĂ©jĂ  Ă©puisĂ© ma franchise.

Donc, faites assurer vos animaux. MĂȘme s’ils ont dĂ©jĂ  des maladies en cours – Ă  plus forte raison, je dirais, car une maladie n’en empĂȘche pas une autre, et si votre budget est dĂ©jĂ  grĂ©vĂ© par la maladie chronique non prise en charge, vous allez d’autant moins pouvoir gĂ©rer autre chose.

Les foyers Ă  grand nombre d’animaux: oui, lĂ  les primes ça devient un sacrĂ© montant. Mais je crois que si on a beaucoup d’animaux, on a aussi un budget vĂ©to mensuel consĂ©quent en permanence, donc ça veut dire qu’on a des fonds allouĂ©s Ă  ça, et peut-ĂȘtre plus de capacitĂ© d’absorber une dĂ©passement ponctuel de quelques milliers de francs du budget annuel. Si ce n’est pas le cas, peut-ĂȘtre qu’il faut quand mĂȘme rĂ©flĂ©chir Ă  assurer tout ce beau monde, en formule minimale, pour couvrir les catastrophes. Ou mettre sur pied une structure associative.

Amateurs de l’option “bas de laine”: faites les maths. Combien de temps vous auriez du Ă©conomiser pour payer les 8000.- de frais de vĂ©to que j’ai eus avec Erica? ou les deux annĂ©es consĂ©cutives Ă  4000.- avec Oscar?

Une assurance n’est pas un “investissement”. C’est une somme qu’on paie, chaque annĂ©e ou chaque mois, pour s’endormir en sachant que si le ciel nous tombe sur la tĂȘte en matiĂšre de malchance mĂ©dicale, on pourra quand mĂȘme soigner nos animaux sans se retrouver en dĂ©faut de biens.

Mon chat a disparu, je fais quoi? Conseils [fr]

Que faire quand on a perdu son chat? Mes conseils: affiches, rùtisser les alentours, parler aux voisins, contacter vétos/associations.

En trÚs résumé

  • mettre des affiches + annonces en ligne
  • rĂątisser systĂ©matiquement les environs avec une lampe de poche, de proche Ă  loin, en Ă©toile – votre chat ne viendra pas Ă  vous, il est cachĂ© et partez du principe qu’il ne va pas se manifester (Ă©vitez de l’appeler depuis plein d’endroits diffĂ©rents quand vous rĂątissez)
  • appeler les vĂ©tĂ©rinaires, associations, refuges des environs (et la voirie mĂȘme si on aime pas y penser) – d’autant plus si votre chat n’est pas identifiĂ©
  • aller sonner chez tous les voisins et contrĂŽler personnellement caves, garages etc.
  • faites la “mĂ©thode des appels“, surtout si c’est un chat d’intĂ©rieur qui a fui ou un chat d’extĂ©rieur qui a fui hors de son pĂ©rimĂštre habituel ou s’est perdu dans un environnement non familier
  • ne perdez pas votre temps avec la “communication animale” ou les “mauvais bons conseils” comme de mettre la litiĂšre dehors

Les prioritĂ©s seront diffĂ©rentes selon qu’il s’agit d’un chat d’extĂ©rieur qui n’est pas rentrĂ©, un chat d’intĂ©rieur qui s’est Ă©chappĂ© ou s’il est tombĂ© d’une fenĂȘtre ou d’un balcon et est probablement/possiblement blessĂ©. Le tempĂ©rament du chat entre aussi en ligne de compte (craintif ou non).

Si vous lisez l’anglais (ou l’espagnol), je vous recommande de tĂ©lĂ©charger le “lost cat kit” de Kim, qui est une “dĂ©tective Ă  chats” professionnelle = son job est de trouver des chats perdus, depuis plus de 10 ans.

Sinon, voici plus d’explications point par point, pas forcĂ©ment dans l’ordre. J’ai ajoutĂ© en fin d’article une section dĂ©diĂ©e Ă  la prĂ©vention.

Chercher un chat manquant c’est beaucoup de boulot Ă  faire alors qu’on est probablement mort d’angoisse. Faites-vous aider si vous pouvez.

N’attendez pas avant d’agir. Les premiĂšres 24h sont cruciales.

Mettez des affiches

Faites des affiches couleur avec une bonne photo oĂč votre chat est bien reconnaissable, qui met en avant ce qui le rend identifiable (tĂȘte + corps). Ecrivez le texte en gros pour qu’il se voie de loin. Mettez peu de texte, juste les mots-clĂ©s les plus importants. Chat perdu. Nom du chat, signes distinctifs, 2-3 mots sur les circonstances de la disparition (prĂ©sumĂ© blessĂ©?), s’il faut essayer de l’approcher ou simplement vous appeler. PrĂ©cisez s’il est identifiĂ©. Exemples: Luna, Tounsi.

Pensez que les gens vont peut-ĂȘtre photographier l’affiche. Mettez votre numĂ©ro de tĂ©lĂ©phone en gros.

Demandez de l’aide pour coller les affiches, si vous pouvez. MĂȘme, dĂ©lĂ©guez. Prendre du scotch et des fourres plastique. Mettez l’affiche dans la fourre plastique Ă  l’envers, avec un morceau de scotch pour que la feuille ne tombe pas (protĂšge contre la pluie). Collez sur les portes, aux arrĂȘts de bus, sur les poteaux, etc, en commençant par votre immeuble maison, puis en cercles concentriques.

Lorsque vous aurez retrouvĂ© votre chat (ou, mĂȘme si on ne le souhaite pas, abandonnĂ© les recherches), pensez Ă  aller ĂŽter les affiches!

Mettez des annonces en ligne

Il y a normalement des pages facebook dĂ©diĂ©es aux chats perdus par rĂ©gion. Envoyez un MP Ă  la page concernĂ©e. En Suisse: Chats perdus/trouvĂ©s Suisse romande; rĂ©seau Pet Alert: Vaud, Valais, Fribourg, NeuchĂątel, Jura, GenĂšve; STMZ. Regardez aussi si la SPA de votre rĂ©gion a des formulaires d’annonce en ligne, comme la SVPA par exemple. Pensez aussi Ă  regarder si votre chat n’est pas annoncĂ© comme trouvĂ© sur un de ces canaux.

RĂątissez les alentours

Cette action est souvent nĂ©gligĂ©e ou mal faite, surtout pour les chats d’intĂ©rieur. Les maĂźtres pensent parfois que leur chat les reconnaĂźtra et viendra vers eux, mais ce n’est pas le cas. Il faut donc chercher le chat comme on chercherait un objet inerte: systĂ©matiquement, mĂštre carrĂ© par mĂštre carrĂ©, avec une lampe de poche pour bien voir sous les buissons.

S’il s’agit d’un chat d’intĂ©rieur

Il n’est probablement pas loin du tout. Dans un environnement nouveau et probablement terrifiant (si c’est un chat qui n’a jamais connu que l’intĂ©rieur) il va se planquer et bouger le moins possible. Il va falloir des jours pour qu’il ait assez faim ou soif pour ĂȘtre motivĂ© Ă  bouger.

Commencez la recherche Ă  l’endroit de fuite ou de chute. Essayez de “penser chat”: un chat n’aime pas les espaces ouverts et va essayer de rester cachĂ©.

Evitez absolument de faire tout le tour du quartier en appelant votre chat. S’il rĂ©pond Ă  votre voix, vous risquez en fait de l’Ă©loigner de lĂ  oĂč il est. Si vous pensez que cela vaut la peine de l’appeler, appliquez la mĂ©thode des appels.

S’il s’agit d’un chat d’extĂ©rieur

S’il n’est pas rentrĂ© alors qu’il rentre normalement, il est soit enfermĂ©, soit blessĂ©, soit quelque chose lui a fait peur et il est parti loin et ne “retrouve” pas le chemin (peu probable s’il connaĂźt bien les lieux, mais peut arriver s’il sort depuis peu par exemple).

Il faut donc:

  • rĂątisser prioritairement afin de le trouver s’il a Ă©tĂ© blessĂ©, mĂȘme genre de mĂ©thode que pour un chat d’intĂ©rieur (partir du principe qu’il ne va pas forcĂ©ment se montrer), sauf qu’il n’y a probablement pas un “point de chute” clair duquel partir
  • faire le tour du voisinage pour contrĂŽler garages et caves (prĂ©ciser sur les affiches)
  • regarder s’il y a des travaux dans les environs (extĂ©rieurs ou intĂ©rieurs: bruit et aussi portes ouvertes inhabituelles => enfermement)

S’il est dans un environnement pas familier la mĂ©thode des appels peut ĂȘtre intĂ©ressante, surtout s’il a l’habitude de venir sur appel Ă  la maison.

N’oubliez pas l’intĂ©rieur!

RĂątissez Ă©galement Ă  l’intĂ©rieur si vous n’avez pas vu filer ou tomber le chat. Ouvrez toutes les armoires, etc. et contrĂŽlez-les. On ne compte pas le nombre de fois oĂč on s’est retrouvĂ© Ă  chercher un chat dehors alors qu’il Ă©tait enfermĂ© quelque part dans l’appartement. Il ne va pas forcĂ©ment miauler.

Contacter vétérinaires, associations, refuges (et voirie)

A plus forte raison si votre chat n’est pas pucĂ©, il faut prendre les devants pour retrouver sa trace s’il a Ă©tĂ© blessĂ© et pris en charge ou simplement rĂ©cupĂ©rĂ© par une Ăąme charitable. MĂȘme si votre chat est pucĂ©, attention: la puce est un moyen d’identification assez sĂ»r mais pas infaillible, donc ne “comptez” pas dessus les yeux fermĂ©s.

Appelez donc les vétérinaires les plus proches, les refuges, et les associations qui font du sauvetage dans votre région. Si vous savez que votre chat est probablement blessé, essayez de trouver les coordonnées du cabinet vétérinaire qui était de garde à ce moment-là (en demandant aux cabinets que vous appelez).

Pour trouver les cabinets vĂ©tĂ©rinaires, utilisez Google + le nom de votre localitĂ©, et cherchez avec Google Maps. Idem pour la SPA/les refuges. En demandant sur Facebook vous trouverez certainement relativement facilement quelques noms d’associations actives dans votre rĂ©gion. N’oubliez pas la voirie, mĂȘme si on n’aime pas y penser, mĂȘme si votre chat est pucĂ©: malheureusement, les chats ramassĂ©s ne sont pas toujours scannĂ©s.

Faites le tour des voisins

Sonnez aux portes et parlez aux gens. Ayez avec vous des photos de votre chat avec vos coordonnĂ©es que vous pouvez laisser (ou des copies d’affiches). Demandez s’il y a des gens en vacances (apparts/garages fermĂ©s) et si vous pouvez vĂ©rifier cave/garage avec eux – ou au minimum qu’ils le fassent, en leur expliquant bien que le chat va se cacher et pas annoncer sa prĂ©sence (surtout si c’est un chat d’intĂ©rieur ou timide.) Si vous arrivez Ă  recruter des enfants du quartier pour la recherche, ça peut ĂȘtre utile aussi.

Comme pour les affiches, partez de votre logement et faites ça en cercles concentriques. N’allez pas trop loin dans un premier temps, la premiĂšre “couche” d’immeubles autour du vĂŽtre c’est dĂ©jĂ  bien. Rappelez-vous: votre chat est probablement moins loin que ce que vous croyez.

Conseils spécifiques selon les cas de figure

Chat probablement blessé ou malade/vieux

Il ne faut pas attendre, et faire des fouilles actives tout de suite. Le trouver tĂŽt plutĂŽt que tard peut ĂȘtre une question de survie. Surtout s’il n’est pas pucĂ©, appeler immĂ©diatement les vĂ©tos/associations/refuges, car si son Ă©tat est grave, il est bien possible qu’il ait Ă©tĂ© pris en charge. Comme toujours: chercher plutĂŽt prĂšs que loin.

Chat trÚs timide (intérieur) qui a fui

Il est certainement planquĂ© et pas en danger immĂ©diat, mĂȘme s’il est certainement trĂšs stressĂ©. Il va falloir plusieurs jours pour que la faim/soif le motive Ă  bouger, s’il a trouvĂ© une planque. S’il a filĂ© par une porte ou fenĂȘtre ouverte, c’est utile de laisser celle-ci ouverte la nuit pour lui donner une chance de rentrer par lui-mĂȘme quand tout sera calme. Fouiller de jour, faire la mĂ©thode des appels le soir.

Chat pucé

Vérifier que la puce est bien enregistrée dans la base de données (ANIS) avec vos coordonnées à jour. Demandez à votre vétérinaire de contrÎler pour vous.

Chat pas pucé

Votre chat peut avoir Ă©tĂ© recueilli, qu’il soit blessĂ© ou non, sans que personne ne sache Ă  qui il est. Il faut donc redoubler d’efforts de communication, tant en ligne, qu’auprĂšs des refuges et associations, que dans le quartier avec des affiches (ce ne serait pas la premiĂšre fois que quelqu’un de bien-pensant “adopte” un chat qui semble “perdu” alors qu’il habite simplement le quartier, ou s’est Ă©chappĂ© de son intĂ©rieur habituel).

Chat d’extĂ©rieur perdu ailleurs que chez lui

Il va probablement commencer Ă  chercher ses repĂšres mais ne saura pas oĂč aller. La mĂ©thode des appels est utile, et bien rĂątisser large avec les affiches. Dans ce cas de figure, pas dit qu’il se planque, et possible qu’il se dĂ©place (soit chassĂ© par des chats du coin, ou alors pour tenter de rentrer – ça arrive rĂ©guliĂšrement, ce genre de chose).

Les “fausses bonnes idĂ©es”

On entend souvent dire qu’il faut mettre la litiĂšre du chat ou de la nourriture dehors. Ce n’est pas une bonne idĂ©e! A plus forte raison si votre chat n’est pas habituellement dehors lĂ , les odeurs peuvent attirer/intriguer des chats du quartier qui ne seront pas forcĂ©ment sympas avec l’intrus et pourraient mĂȘme le chasser.

Faire tout le tour du quartier en appelant n’est souvent pas une bonne idĂ©e. Si le chat est craintif/planquĂ© et qu’il essaie de vous suivre, et que vous vous dĂ©placez, vous risquez de l’Ă©loigner encore. Exception: chat d’extĂ©rieur potentiellement enfermĂ© qui serait susceptible de miauler pour signaler sa prĂ©sence.

Un mot sur la “communication animale”, qui s’apparente en somme Ă  de la voyance. Ce n’est pas une pratique fiable! Pour toutes les histoires miraculeuses qui circulent il y en a tout autant oĂč il s’est avĂ©rĂ© que ce qui avait Ă©tĂ© “vu” n’avait rien Ă  voir avec la rĂ©alitĂ©… Mais ça ce ne sont pas des histoires qui vont circuler, c’est normal. Vraiment, il ne faut pas baser sa stratĂ©gie de recherche lĂ -dessus, au risque de faire complĂštement fausse route et de se laisser distraire d’actions rĂ©ellement efficaces. Difficile pourtant de faire abstraction des “informations” supposĂ©es – il vaut donc mieux Ă©viter de perdre son temps avec ça et consacrer son Ă©nergie aux mĂ©thodes qui marchent: affiches, rĂątissage, dĂ©marchage, appels de nuit selon la mĂ©thode des appels.

Autres pistes

Si vous avez l’occasion de faire appel Ă  un chien pisteur, c’est une solution intĂ©ressante, mais ce n’est pas simple Ă  trouver (en tous cas en Suisse). Il faut le point de fuite et l’odeur du chat (son dodo dans un sac plastic neutre.) Attention que le chien soit parfaitement Ă©duquĂ© afin qu’il ne risque pas de faire fuir le chat. Un “chien de rouge” (dressĂ© pour retrouver le gibier blessĂ©) peut ĂȘtre une alternative pour trouver un chat blessĂ© (ou pire).

Dans certains cas/environnements un drone avec camĂ©ra thermique peut ĂȘtre Ă  envisager.

En prévention

Si vous avez un chat, vous pouvez vous attendre Ă  ce qu’il se “perde” un jour ou l’autre. Peut-ĂȘtre quelques heures seulement, mais probablement plus. Voici ce que vous pouvez faire pour minimiser le risque que ça arrive.

Pucez votre chat, mĂȘme (surtout!) s’il ne sort pas! Un chat qui ne sort pas, s’il s’Ă©chappe par mĂ©garde, se retrouve dans un environnement Ă©tranger pour lequel il est trĂšs peu prĂ©parĂ©. Les accidents arrivent aussi aux chats d’intĂ©rieur! Quant aux chats d’extĂ©rieur, mĂȘme s’ils s’Ă©loignent peu, un incident peut arriver: une personne bien-pensante qui le ramasse, une camionnette qui passe par lĂ  et dans laquelle le curieux a sautĂ©… La puce peut Ă©viter Ă  votre chat de finir en refuge (et peut-ĂȘtre mĂȘme d’y finir sa vie). Pensez-y. Veillez Ă  bien enregistrer et maintenir Ă  jour vos coordonnĂ©es, si vous changez de numĂ©ro ou dĂ©mĂ©nagez. Vous pouvez aussi vĂ©rifier au cours d’une consultation de contrĂŽle que la puce est toujours bien lisible.

StĂ©rilisez et castrez! Non seulement vous faites votre part pour lutter contre la multiplication des chats (oui c’est un problĂšme, si vous ne me croyez pas, discutez avec les refuges et associations qui croulent chaque annĂ©e sous les chatons, la plupart des misĂ©reux nĂ©s dehors et dont la petite vie de souffrance s’achĂšve souvent bien trop tĂŽt) mais vous diminuez les risques que votre chatte ou votre chat aille “vagabonder” Ă  se perdre ou cherche Ă  s’Ă©chapper, poussĂ© par ses hormones. Chaque annĂ©e les associations recueillent des chats “errants” non castrĂ©s ou stĂ©rilisĂ©s mais qui clairement sont familiers et sociables. Ils Ă©taient Ă  quelqu’un, ces chats! Perdus, mais jamais retrouvĂ©s, car pas pucĂ©s, pas castrĂ©s/stĂ©rilisĂ©s.

ProtĂ©gez vos fenĂȘtres et vos balcons, surtout avec des chats d’intĂ©rieur pour qui ces fenĂȘtres et balcons sont probablement les lieux les plus excitants de leur vie. Les chats tombent des fenĂȘtres et balcons, et pas qu’un peu. Et ils se blessent souvent, malgrĂ© ce qu’on raconte. Discutez lĂ  aussi avec les refuges, associations, et vĂ©tĂ©rinaires qui pourront vous parler de la frĂ©quence avec laquelle ils se retrouvent Ă  prendre en charge des “chats-parachutes”, qui ne s’en sortent pas toujours.

SĂ©curisez vos cages de transport. Ne faites pas de concessions avec ça. Pourtant, des chats qui s’Ă©chappent de leur cage en route ou en revenant de chez le vĂ©to, on en voit rĂ©guliĂšrement! Ayez une cage de bonne qualitĂ©, solide, et utilisez-la. Oui le chat dans les bras c’est cool, mais c’est moins cool s’il prend peur, vous lacĂšre les bras et s’enfuit. Idem en voiture: que se passe-t-il en cas d’accident? La cage est-elle assez solide?

Pensez au tracker (e.g. Invoxia, Tabcat, Weenect…) pour les chats qui sortent, en particulier dans les situations suivantes: dĂ©but de sortie (aprĂšs une adoption ou un dĂ©mĂ©nagement), sortie dans un lieu pas familier (vacances, rĂ©sidence secondaire), chat malade ou vieux, qui a besoin d’un traitement ou est peut-ĂȘtre diminuĂ©. Utiliser un tracker sur un chat un peu vagabond (ou simplement qui sort normalement) peut aussi vous aider Ă  vous familiariser avec ses habitudes et coins prĂ©fĂ©rez.

Pour les chats d’extĂ©rieur, prenez le temps de vous balader avec lui pour connaĂźtre ses habitudes et faire connaissance avec les humains qu’il croise. C’est toujours bien que les gens sachent le nom du chat qu’ils voient passer, et qui en est le maĂźtre! Vous pouvez en profiter pour leur rappeler de ne pas nourrir les chats des autres… ;-). On peut aussi mettre au chat un collier avec le nom du chat et nos coordonnĂ©es pour quelque temps – cela donne aux gens qu’il croise l’information que le chat est Ă  quelqu’un, mĂȘme si aprĂšs il ne porte plus systĂ©matiquement son collier! Vous pouvez aussi mettre une affiche dans l’entrĂ©e de votre immeuble pour que vos voisins sachent que votre chat habite lĂ . Ça peut mĂȘme ĂȘtre une bonne idĂ©e pour un chat d’intĂ©rieur: “si vous me trouvez dans les couloirs, je ne devrais pas y ĂȘtre, j’habite au 3e et je ne sors pas!”

Note concernant la photo d’illustration: Oscar n’est pas perdu. Par contre, il est trĂšs probable qu’il l’ait Ă©tĂ©. Il a Ă©tĂ© recueilli par une association aprĂšs des annĂ©es d’errance, blessĂ© et pas castrĂ©. Et clairement, c’est un chat sociable qui avait vĂ©cu chez des humains au dĂ©but de sa vie.

Alimentation de nos chats (et chiens): Ă  quel saint se vouer? [fr]

[en] Some general information on the petfood industry and its marketing excesses, who would have us believe that grain-free or natural is better, that kibble is bad, etc. Summary? Kibble is fine, wet food is fine, home-made is fine but a lot of work and most recipes are not well-balanced, so get your recipe checked by a veterinary nutritionist. Forget about grain-free (actually worse than with grain), "natural" is just a bias (nature doesn't want your cat to live long, it just wants it to live long enough to reproduce), and you're better off sticking to the big veterinary petfood brands who have their own nutritionists on staff, plants, and quality-control, than smaller brands who actually sell white label products with a lot of fancy marketing on top. Oh, and cats don't need variety if their diet is good quality and balanced, they are grazers and eat throughout the day, and there is no "meat" in petfood, despite the pictures on the packaging.

Lien perçu entre alimentation et santé

Je croise rĂ©guliĂšrement parmi mes connaissances des personnes qui se posent des questions sur la “meilleure” alimentation Ă  donner Ă  leur animal de compagnie. En effet, il y a cette idĂ©e ambiante que l’alimentation c’est crucial. Avec la “bonne” alimentation on pourrait prĂ©venir des maladies et mĂȘme en guĂ©rir, et la “mauvaise” aurait des consĂ©quences dĂ©sastreuses sur la santĂ©. Pour nous humains aussi, d’ailleurs, ces idĂ©es ont la vie dure. On est entourĂ©s d’injonctions “mange comme ci, pas comme ça, Ă©vite ça, essaie ci tu verras” qui nous mĂšnent Ă  penser qu’il y a une bonne façon de faire. Et quand on a des soucis de santĂ©, trĂšs souvent on entendra des conseils touchant Ă  notre rĂ©gime.

Pourquoi cette obsession sur l’alimentaire, une sorte “d’orthorexie” collective, Ă  la limite? Je pense, perso, que c’est parce que l’alimentation est quelque chose de visible, concret, et sur lequel on a du contrĂŽle. Face Ă  un problĂšme, notre cerveau biaise dans la direction de rĂ©ponses simples (simplistes) et tangibles. Le sentiment d’avoir du contrĂŽle est la premiĂšre chose qu’on recherche pour soulager notre anxiĂ©tĂ©. Nos animaux domestiques font partie de notre famille, on les aime, on ne veut pas les perdre (alors mĂȘme qu’on sait bien que vraisemblablement, on les verra mourir avant nous) et donc on veut “tout faire” pour les prĂ©server. L’idĂ©e qu’on puisse “donner la bonne nourriture” pour Ă©viter les maladies et garantir la bonne santĂ© est donc extrĂȘmement sĂ©duisante.

Un “bon” aliment?

Et loin de moi l’idĂ©e de dire que l’alimentation ne joue aucun rĂŽle sur la santĂ©. Clairement pas. Que ce soit pour l’humain ou l’animal, il y a Ă©videmment un lien entre santĂ© et rĂ©gime. Mais ce n’est pas un lien “magique”, genre “tu manges comme ci il va t’arriver ça” ou “tu fais juste tu seras jamais malade”. On sait qu’un rĂ©gime qui rĂ©pond aux besoins nutritionnels va avoir un impact positif, et un rĂ©gime dĂ©sĂ©quilibrĂ© peut mener Ă  des carences ou des maladies. Mais ce n’est toujours qu’une question de probabilitĂ©s. Il y a beaucoup de variation individuelle. Il y a des exceptions. On connaĂźt tous quelqu’un qui mange “n’importe quoi” et reste en bonne santĂ©, ou des gens qui “font tout juste” mais sont quand mĂȘme malades.

On ne peut pas dĂ©duire, des conclusions concernant le lien entre alimentation, santĂ©, et maladie qu’on tire Ă  l’Ă©chelle collective, une sorte de causalitĂ© simple et directe applicable telle quelle Ă  l’individu. Ce n’est pas parce que statistiquement, manger suffisamment de fruits et lĂ©gumes a un effet bĂ©nĂ©fique sur la santĂ© que si je le fais je peux m’assurer de ne pas avoir la maladie xyz. Notre cerveau n’aime pas les probabilitĂ©s
 il prĂ©fĂšre bien mieux ce qu’on appelle les “anecdotes”, des histoires individuelles qu’on peut raconter et dont on croit pouvoir tirer une conclusion. Ça nous rend trĂšs vulnĂ©rables aux “tĂ©moignages”: “moi je donne telle alimentation Ă  mon chien et il est en super forme, ça marche du tonnerre”!

“Naturel”, c’est vraiment mieux?

En parallĂšle (ou conjointement) Ă  cette vague idĂ©ologique qui nous fait surestimer le lien de causalitĂ© (qu’on perçoit donc comme immĂ©diat) entre alimentation et santĂ©/maladie, il y a celle qui voudrait nous faire croire que “la nature sait le mieux”, que “ce qui est naturel est meilleur”, etc. Je ne vais pas m’Ă©tendre dessus (c’est un sophisme bien connu et documentĂ©, “l’appel Ă  la nature“, on trouve facilement des articles et des vidĂ©os explicatives sur le sujet) mais il faut garder en tĂȘte que cette idĂ©e est trĂšs prĂ©sente dans notre Ă©valuation de ce qu’est la “bonne” nourriture: “naturelle”, “bio” (encore tout un chapitre), proche de comment l’animal se nourrirait “dans la nature (allĂŽ le BARF et autres rĂ©gimes crus) – en oubliant que la nature ne cherche pas Ă  faire vivre l’animal longtemps et en bonne santĂ©, mais juste assez longtemps pour qu’il puisse se reproduire.

Besoins nutritionnels

En fait, la “bonne” alimentation est celle qui rĂ©pond aux besoins nutritionnels de l’organisme: l’organisme, il digĂšre la nourriture pour en extraire des composants qu’il va utiliser pour fonctionner et s’entretenir. Des protĂ©ines (dĂ©composĂ©s en acides aminĂ©s), des acides gras, des vitamines et minĂ©raux, du glucose pour produire de l’Ă©nergie dans les cellules. Je simplifie mais c’est ça l’idĂ©e.

La cellule s’en fiche si la molĂ©cule de glucose qu’elle utilise pour produire de l’Ă©nergie provient d’un kiwi ou d’une barre de chocolat. C’est du glucose. Si l’organisme a besoin de thiamine (un acide aminĂ©) car il n’arrive pas Ă  le synthĂ©tiser, peu importe si cet acide aminĂ© provient d’une souris attrapĂ©e dans un champ ou d’une croquette.

Tout l’art du rĂ©gime Ă©quilibrĂ©, c’est donc qu’il doit contenir ce dont a besoin l’organisme et pas trop de choses dont il n’a pas besoin. Je raconte ça de façon simpliste, parce qu’il y a aussi le microbiote dans cette histoire (son Ă©tude est un champ de recherche en plein dĂ©veloppement), et que je parle ici de “besoins nutritionnels” comme si c’Ă©tait quelque chose de complĂštement Ă©lucidĂ©, alors que (mĂȘme si ça l’est en grande partie) c’est extrĂȘmement complexe, et qu’il peut y avoir une marge de manoeuvre plus ou moins grande pour certains nutriments et pas pour d’autres.

Et la variété?

Pour en revenir Ă  nos chats et nos chiens, le bon aliment doit donc tout d’abord ĂȘtre Ă©quilibrĂ© et complet, c’est-Ă -dire qu’il doit couvrir les besoins nutritionnels propres Ă  l’espĂšce. Ça, ce sont des choses qui se calculent et se mesurent, et qui vont bien au-delĂ  d’analyses un peu simplistes comme le taux de protĂ©ines ou de glucides.

L’Ă©quilibre de l’aliment que mange l’animal est d’autant plus important que celui-ci a gĂ©nĂ©ralement un monorĂ©gime. Ce n’est pas une mauvaise chose! Croire qu’un chat ou un chien a “besoin” de variĂ©tĂ©, c’est projeter sur un animal des aspirations ou des fonctionnements humains: l’anthropomorphisme. Un animal mange pour manger. Oui, il a du plaisir Ă  manger. Mais cela ne lui pose normalement aucun problĂšme de manger tout le temps la mĂȘme chose.

Et si vous vous sentez rĂ©sister Ă  cette idĂ©e, posez-vous honnĂȘtement la question: est-ce l’animal qui a ce besoin, ou vous qui l’avez pour lui? Si on a un bon rĂ©gime bien Ă©quilibrĂ©, tout ce qu’on ajoute ou change Ă  ce rĂ©gime va risquer de le dĂ©sĂ©quilibrer. On a la chance, aujourd’hui, d’avoir quand mĂȘme un inventaire assez clair (et vĂ©rifiĂ© sur de nombreuses vies d’animal) des besoins nutritionnels de nos animaux de compagnie.

En fait, varier le rĂ©gime (surtout pour un chat) va plutĂŽt avoir tendance Ă  mener Ă  des troubles du comportement alimentaire: le chat devient “difficile”, se “lasse” d’un aliment au bout d’un moment, mange trop ou pas assez, etc. Ça, c’est aussi tout un chapitre.

D’oĂč ça sort, tout ça?

AprĂšs cette longue intro pour vous rendre attentifs au contexte “idĂ©ologique” dans lequel on navigue, venons-en au vif du sujet. Comment nourrir notre chat ou notre chien?

Pour vous aider Ă  situer un peu les recommandations que je fais ici, quelques prĂ©cisions prĂ©liminaires. D’abord, je ne suis pas nutritionniste, ni vĂ©to ni humaine. J’ai une petite culture gĂ©nĂ©rale scientifique de base (quelques annĂ©es d’Ă©tudes scientifiques quand mĂȘme) et un grand intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral pour tout ce qui touche au mĂ©dical: on peut dire que j’ai tendance Ă  absorber ce type d’infos comme une Ă©ponge.

Depuis cinq ans et demie je gĂšre un gros (et trĂšs sĂ©rieux) groupe de soutien sur le diabĂšte fĂ©lin. Dans ce cadre, je me suis penchĂ©e un peu plus sur la question de l’alimentation (voici notre fichier sur la nourriture), et j’ai aussi suivi il y a quelques annĂ©es une journĂ©e de cours “pour grand public” sur l’alimentation du chat (y compris rations mĂ©nagĂšres) avec un vĂ©tĂ©rinaire spĂ©cialisĂ©.

Et si vous me connaissez, vous savez que j’essaie de faire les choses bien et que j’ai une exigence de rigueur scientifique que je tĂąche d’appliquer aux sujets que j’aborde.

Croquettes, pùtée, ration ménagÚre?

Vous l’aurez compris, ce qui est important c’est que les besoins nutritionnels de l’animal soient couverts, au mieux. La “forme” n’a pas un grand impact. Il est possible d’avoir un rĂ©gime Ă©quilibrĂ© sous forme de croquettes, de pĂątĂ©e, ou de ration mĂ©nagĂšre.

Les croquettes sont rĂ©guliĂšrement diabolisĂ©es mais ça ne repose pas sur du scientifique, on est limite dans du “nutri-complotisme”. Au contraire, les croquettes sont un mode de distribution particuliĂšrement intĂ©ressant pour les chats, car elles permettent une alimentation Ă  volontĂ© et en libre-service qui correspond le mieux aux besoins de l’espĂšce en matiĂšre d’accĂšs Ă  la nourriture.

Le chat est un “grignoteur”, il va manger plutĂŽt 10-15 fois dans la journĂ©e, en petites portions, contrairement au chien qui va faire moins de repas mais plus gros.

L’explication repose sur le mode de chasse des deux espĂšces et qui imprĂšgne encore leurs besoins. Le chat chasse des petites proies, et va donc manger une sauterelle par-ci, une souris par-lĂ , un lĂ©zard ici, une autre souris
 au cours de sa journĂ©e de chasse. Avec les croquettes, on peut donc fournir au chat une alimentation “indĂ©pendante de l’humain” (oĂč l’humain ne joue pas pour le chat le rĂŽle de “distributeur de nourriture”, ce qui peut mener Ă  des problĂšmes de comportement liĂ©es Ă  l’alimentation) et Ă  laquelle il peut avoir accĂšs quand il en a besoin.

On veut aussi un aliment qui soit suffisamment bon pour que le chat le mange, mais pas tellement bon qu’il va aller le manger “parce que c’est bon”. On peut avoir ce souci avec certaines pĂątĂ©es trop appĂ©tantes, ce qui mĂšne Ă  ces situations oĂč le chat devient franc fou et se goinfre dĂšs qu’il est servi (sans compter l’histoire du chat dans les pattes qui miaule pour que le “distributeur de pĂątĂ©e ambulant” serve le repas).

La méchante croquette

Face Ă  cette “diabolisation” de la croquette, alors qu’en fait il s’agit d’un mode de distribution bien adaptĂ© tant aux besoins de l’animal qu’Ă  nos modes de vie, et qui permet tout Ă  fait un rĂ©gime Ă©quilibrĂ©, ça peut ĂȘtre utile d’en savoir un peu plus sur “l’industrie” du petfood.

Mais d’abord: pourquoi cette “diabolisation”? On pourrait certainement Ă©crire une thĂšse sur le sujet, mais disons dĂ©jĂ  que quand quelque chose ne va pas, on aime trouver un coupable (eh bien oui, quelqu’un doit ĂȘtre “responsable”, non? encore tout un chapitre
) – et que si l’on est dans un paradigme qui surĂ©value l’importance de l’alimentation sur la santĂ© et la maladie, qu’on sait que l’Ă©crasante majoritĂ© des animaux domestiques mangent des croquettes, qui plus est des grands groupes (Royal Canin, Hill’s, Purina Pro Plan etc.) dont on va trouver les gammes “pro” en cabinet vĂ©to, eh bien si on a le rĂ©flexe (simpliste je le rĂ©pĂšte) de se dire “mon animal est malade, ça doit ĂȘtre la nourriture” on va regarder le nom sur le paquet et dire “la marque xyz a rendu mon animal malade”.

Ces grandes marques qu’on aime dĂ©tester

Pour s’y retrouver dans l’industrie du petfood, ça aide un peu de savoir comment ça fonctionne. Oui, parce qu’il y a un autre biais dans notre histoire: on aime dĂ©tester les gros industriels et aimer les petites marques perçues comme artisanales ou familiales.

Mais faire du petfood, ce n’est pas simple, vous imaginez bien. L’avantage qu’ont les “grosses marques” sur les plus petites c’est qu’elles ont leurs propres usines, leurs propres vĂ©tĂ©rinaires nutritionnistes pour Ă©laborer et amĂ©liorer les recettes, qu’elles ont aussi suffisamment de masse de production et de moyens pour faire un vĂ©ritable contrĂŽle qualitĂ© des produits qu’elles mettent sur le marchĂ©, mettre sur pied des Ă©tudes pour valider l’action d’aliments Ă  visĂ©e thĂ©rapeutique qu’elles conçoivent (insuffisance rĂ©nale ou obĂ©sitĂ© par exemple), etc.

Les plus petites marques, surtout celles qui vous mettent un joli filet de poulet sur l’emballage (ne rĂȘvez pas) n’ont pas ces moyens. Elles achĂštent le plus souvent des aliments “sur catalogue” (marques blanches) auprĂšs d’usines “petfood” ou alors commandent un aliment en fonction d’une recette qu’ils auront achetĂ©e ou fait dĂ©velopper par un prestataire externe.

Leur coeur de mĂ©tier n’est pas l’alimentation de nos animaux, mais le marketing – parce que oui, c’est un marchĂ© juteux, surtout si on surfe sur la mĂ©fiance envers les gros acteurs Ă©tablis, la recherche de “naturel” (ou “sans cĂ©rĂ©ales” – encore toute une histoire), l’envie de traiter notre animal comme un membre de la famille et donc de le nourrir avec quelque chose qu’on pourrait imaginer manger nous-mĂȘmes. Ces marques ne font gĂ©nĂ©ralement pas de contrĂŽle qualitĂ© sur le produit final et n’ont donc que la parole de l’usine le produisant que ce qui a Ă©tĂ© livrĂ© correspond bien Ă  ce qui a Ă©tĂ© commandĂ©.

Sous couvert de nous offrir quelque chose de plus “sain/naturel/bio” pour notre animal, on se retrouve au final avec un aliment moins stable et moins bien contrĂŽlĂ©, et pour lequel on a parfois payĂ© le budget marketing de la marque bien plus que le budget recherche et dĂ©veloppement, ou production.

Cela ne signifie pas qu’il ne peut pas y avoir de bons produits parmi ces petites marques, mais juste qu’on ne peut pas le savoir, et on ne peut pas garantir que ça le reste.

Les marques (dispo en Suisse) qui font des aliments “qualitĂ© vĂ©to” (c’est donc de ces gammes qu’on parle, pas des produits de la mĂȘme marque mais qu’on trouve en supermarchĂ©, attention) et Ă©galement des aliments “thĂ©rapeutiques” sont au nombre de cinq: Royal Canin, Hill’s, Purina Pro Plan, Specific et Virbac. Tous ces aliments ne sont pas parfaits (l’aliment parfait n’existe pas) mais ils sont dĂ©veloppĂ©s par des professionnels travaillant pour ces marques, produits dans leurs usines qu’ils contrĂŽlent, analysĂ©es rĂ©guliĂšrement. Ce ne sont pas des aliments achetĂ©s sur catalogue Ă  une entreprise tierce.

Marketing quand tu nous tiens

En tant que maĂźtre d’animal, on veut le meilleur pour celui-ci, et vu la complexitĂ© du domaine de la nutrition animale, la quantitĂ© de dĂ©sinformation et nos connaissances souvent
 approximatives sur la question, on est trĂšs vulnĂ©rable au marketing. Celui-ci va jouer sur les biais et tendance idĂ©ologiques que j’ai dĂ©crites en premiĂšre partie de cet article. On va nous vanter du naturel, on va nous montrer des aliments appĂ©tants pour nous sur l’emballage (alors qu’ils ne correspondent pas Ă  la rĂ©alitĂ© de ce qui est dedans), on va surfer sur la vague des “prĂ©occupations” du jour: on veut du cru, on veut pas de cĂ©rĂ©ales – mais le petits pois ça va, donc?, on veut du sans gluten, du sans additifs, du surprotĂ©inĂ©, du “sans glucides” – ça n’existe pas, donc, du vĂ©gane, on veut de la “viande”


Parlant de viande, savez-vous que ce terme est rĂ©servĂ© Ă  l’alimentation humaine? Quelque chose d’autre qu’on aime diaboliser: les fameux “sous-produits animaux”. Mais savez-vous de quoi il s’agit? En fait, une fois que les morceaux destinĂ©s Ă  la consommation humaine ont Ă©tĂ© retirĂ©s de la carcasse, il reste toute une partie de l’animal que l’humain ne consomme pas: les restes de viande sur la carcasse, des abats, les os Ă©videmment, etc.

Pour des questions sanitaires, et pour Ă©viter que des morceaux sortis de la filiĂšre de consommation humaine y reviennent, ce qui reste de la carcasse Ă  ce stade est dorĂ©navant catĂ©gorisĂ© “sous-produit animal” et rĂ©servĂ© Ă  la filiĂšre du petfood. C’est une dĂ©nomination quasi administrative.

Il ne faut pas rĂȘver, on ne met pas de steak ou de filet de poulet dans l’alimentation pour animaux (imaginez simplement le prix, dĂ©jĂ ). Donc en fait, les “sous-produits animaux”, c’est rien d’autre que ce qui reste sur la carcasse aprĂšs qu’on se soit servi, et donc la source “normale” de protĂ©ines animales dans un aliment pour animaux. On peut ensuite y mettre plus ou moins de carcasse, plus ou moins d’abats, et ce genre de chose peut se “dĂ©tecter” avec certains calculs sur les composant analytiques des aliments.

Et la ration ménagÚre?

On peut faire une ration mĂ©nagĂšre Ă©quilibrĂ©e, pour autant qu’on y ajoute un complĂ©ment minĂ©ralo-vitaminĂ©, c’est possible. Mais attention, pas n’importe comment!

Une large majoritĂ© des recettes que l’on trouve sur internet ou dans des livres ne sont pas Ă©quilibrĂ©es. Il est donc impĂ©ratif, si vous souhaitez nourrir votre animal avec une ration mĂ©nagĂšre, de faire Ă©tablir ou au moins vĂ©rifier votre recette par un vĂ©tĂ©rinaire nutritionniste. Tous les vĂ©tĂ©rinaires ne sont pas nutritionnistes, loin de lĂ  – tout comme tous les mĂ©decins gĂ©nĂ©ralistes ne sont pas spĂ©cialisĂ©s en nutrition et diĂ©tĂ©tique.

Cru, ça pose vraiment des problĂšmes sanitaires (et non, congeler ne vous dĂ©barrasse pas des bactĂ©ries, c’est mĂȘme comme ça qu’on les prĂ©serve) donc il faut au minimum faire du mi-cuit.

Perso, pour m’ĂȘtre amusĂ©e lors d’une formation Ă  essayer d’Ă©quilibrer une ration, j’ai pu voir que c’est vraiment pas simple (les maths ne me font pas peur, je prĂ©cise). Ensuite, il y a toute l’organisation et le travail de prĂ©paration, sans parler du coĂ»t. Tout ça, sachant que la ration mĂ©nagĂšre n’apporte pas de bĂ©nĂ©fices nutritionnels en tant que tel, c’est pas “meilleur” en soi que de la pĂątĂ©e ou des croquettes.

Je ne vois pas l’intĂ©rĂȘt, sauf en cas de situations particuliĂšres comme des intolĂ©rances alimentaires ou des besoins trĂšs spĂ©cifiques dĂ»s Ă  des maladies, mais aujourd’hui le rayon des aliments thĂ©rapeutique est vraiment bien fourni.

Que fait Steph?

Chez moi, c’est croquettes gamme vĂ©to, en libre-service et Ă  volontĂ© (silos Ă  croquettes, mais suivant les chats boules Ă  croquettes et plateaux d’activitĂ©). Je n’ai pas de religion particuliĂšre entre les “5 grandes marques”, ce qui m’importe c’est que le chat aime assez l’aliment et le tolĂšre bien.

Ces derniĂšres annĂ©es j’ai plutĂŽt eu de vieux chats malades, donc aliments thĂ©rapeutiques (diabĂšte, insuffisance rĂ©nale, arthrose). Il y a eu une pĂ©riode oĂč j’ai dĂ» donner Ă  un de mes chats de la nourriture humide (inflammation de la bouche), et lĂ  je suis partie sur un Sheba, dont l’analyse Ă©tait pas trop moche (j’ai sollicitĂ© mes copines du groupe DiabĂšte FĂ©lin qui aiment faire ce genre de calculs), pas trop riche en glucides car il s’agissait d’un chat diabĂ©tique (un autre sujet
). Pas mon premier choix d’aliment mais vu le contexte c’Ă©tait le meilleur, pendant quelques mois, avant de pouvoir reprendre l’alimentation habituelle.

Je veux en savoir plus!

Dans ce que je vous ai racontĂ© ici il y a des approximations, peut-ĂȘtre des choses pas 100% prĂ©cisĂ©ment exactes. Ce que j’essaie surtout de faire c’est de vous donner un tableau d’ensemble du contexte dans lequel se posent ces questions alimentaires, et quelques infos sur l’industrie pour ne pas trop se laisser avoir par les marketeux. Si vraiment le sujet de l’alimentation vous intĂ©resse, voici quelques-unes de mes sources prĂ©fĂ©rĂ©es sur le sujet:

RIP Erica [fr]

Ça peut finir comme ça
Une vie de chat
Au Tierspital
Le jardin a fait place
A une cage Ă  oxygĂšne
La liberté
Aux machines
Tu n’es dĂ©jĂ  plus lĂ 
MĂȘme si ton coeur bat
Tu as fait de ton mieux
Et nous aussi
Mais ça n’a pas suffi

Entre mes larmes
Un festival de “j’aurais pu”
Le doute toujours
Inévitable
On aurait bien pu faire autrement
Mais au final

Tu n’as pas juste fait mieux que rien
Me dit-elle sagement avec amour
Tu as été splendide
Tu as donné tout ce que tu pouvais
Quand il en avait besoin
Sans pour autant te griller complĂštement
Au point de ne plus pouvoir ĂȘtre lĂ  pour toi
Ou pour d’autres qui ont et auront besoin
De ce que tu pourras leur donner
Ce que tu fais est suffisant
Et parfait
Parce que tu l’as fait
Les hypothétiques et les regrets
Feront toujours pĂąle figure
Face au vrai
Face au réel
Face au fait

Ça peut finir comme ça
Une vie de chat
Pas comme on voudrait
Jamais vraiment comme il faudrait
Avec des regrets et des doutes
Des larmes plein le coeur
Et des nuits sans sommeil.

17.02.2023
Erica nous a quittĂ©s au petit matin, malgrĂ© l’excellente prise en charge dont il a bĂ©nĂ©ficiĂ© nuit et jour toute cette semaine au Tierspital de Berne pour un abcĂšs au foie.

Quintus, 1 an [fr]

13.12.2021, 21:20

Demain, le 14 dĂ©cembre, cela fera un an jour pour jour que j’ai dit adieu Ă  Quintus. J’ai rĂ©cupĂ©rĂ© ses cendres, comme je l’ai fait pour mes autres chats, et depuis, il y a une petite boĂźte sur ma table de nuit, tout prĂšs du coin du lit oĂč il a passĂ© une grande partie de ses derniĂšres annĂ©es.

Je n’avais pas le coeur de le mettre ailleurs. Alors le projet, c’est d’aller disperser ses cendres dans le jardin, comme je l’ai fait pour Bagha, Safran, et Tounsi avant lui. Alors c’est dur tout court, de faire ça, mais lĂ , doublement dur parce que ses derniĂšres annĂ©es de vies Ă©taient tellement peu dehors.

Mais je veux me souvenir aussi des annĂ©es oĂč il passait des heures installĂ© sous le buisson devant l’immeuble, oĂč on se promenait avec Tounsi autour du bĂątiment, oĂč il courait Ă  travers le gazon, chassait, et grimpait mĂȘme aux arbres.

Alors demain, je prendrai mon courage Ă  deux mains, mĂȘme si je ne suis absolument pas prĂȘte, et je ferai un pas de plus dans ma vie sans Quintus.

14.12.2021, 18:08

Il y a des moments oĂč il faut aller de l’avant avec la vie, mĂȘme si ça fait mal. Se souvenir que le chat qu’on aimait, avec son corps si chaud, ses poils si doux, son odeur, sa truffe humide, son ronron et ses coups de langue, et bien maintenant, c’est un petit tas de poussiĂšre dans une boĂźte. Que c’est fini, qu’il n’est plus lĂ , qu’il est mort, pour toujours. Qu’il est temps d’aller de l’avant dans la vie, sans le chat.

Alors j’ai regardĂ© cette poussiĂšre, qui n’est plus rien du chat que j’aimais, qu’un souvenir, et bien moins vivant que celui qui est dans mon coeur, quelques grammes symboliques que je vais rendre au jardin qu’il aimait, avec quelques larmes, la mĂ©moire des prĂ©cieuses annĂ©es ensemble, la poussiĂšre qui s’envole et le sable qui tombe au sol.

Et puis, renter Ă  la maison, faire un cĂąlin au chat qui est lĂ , tout chaud, tout vivant, et qui un jour aussi, si on a de la chance, sera un petit tas de poussiĂšre et de sable, au fond d’une boĂźte.

Ecouter: partie 1 | partie 2

Avoir un animal est une charge financiĂšre qu’il faut pouvoir assumer [fr]

[en] Having a pet is a financial responsibility. Get health insurance for your pet or start a "health savings" account for them. They will fall sick and die someday, inevitably. See your vet at least once a year for a check-up and head to the clinic early if you suspect something is going on.

Je viens de regarder la vidĂ©o ci-dessous et je souhaiterais reprendre certains des conseils de l’oratrice aux propriĂ©taires de chats et de chiens – auxquels je m’associe:

  • prenez une assurance-maladie pour votre animal – ou bien prĂ©voyez un compte-Ă©pargne pour lui, afin de ne pas vous trouver dans la situation oĂč il a besoin de soins que vous ne pourrez pas vous permettre
  • voyez votre vĂ©tĂ©rinaire au moins une fois par an pour un contrĂŽle, et le plus tĂŽt possible en cas de suspicion de problĂšme
  • ne donnez pas d’animaux en cadeau, mĂȘme dans la famille: un animal est non seulement une charge financiĂšre mais aussi une charge niveau temps, et le maĂźtre doit prendre cette charge en connaissance de cause.

Un animal, mĂȘme si on l’adopte petit, va tĂŽt ou tard tomber malade ou avoir un accident, vieillir, et finalement mourir.

Outre le groupe de chats diabĂ©tiques que je gĂšre, je suis dans nombre de communautĂ©s “chats” en ligne. Et tous les jours ou presque, je vois des situations passer oĂč les soins Ă  l’animal sont compromis par l’aspect financier. Je sais, ce serait moche de devoir dire “si t’as pas de thunes, tu peux pas avoir un animal”, mais un animal ça coute, et il faut tenir compte de ça quand on dĂ©cide d’adopter.

Il y a des gens qui renoncent Ă  avoir une voiture car ça coĂ»te trop cher. Il y a des gens qui renoncent Ă  avoir un enfant de plus pour des raisons financiĂšres. Il y a des gens qui renoncent Ă  vivre dans une plus grande maison ou un plus grand appart car ça coĂ»te trop cher. Et il y a des gens qui renoncent Ă  prendre un animal, de plus ou tout court, parce qu’ils ne pourront pas assumer financiĂšrement les frais inĂ©vitables qui pointeront le bout de leur nez.

Pour info, en Suisse, pour assurer mes vieux chats, je paie environ 350.-/an. Les associations demandent des frais d’adoption, et ce n’est pas juste pour couvrir les frais engagĂ©s pour l’animal jusque-lĂ . Si vous ne pouvez pas payer les frais d’adoption ou la prime annuelle d’assurance, il faut vraiment vous poser la question si la charge d’un animal est quelque chose que vous pouvez assumer financiĂšrement.

Cette annĂ©e, Oscar et sa bouche ont gĂ©nĂ©rĂ© pas moins de 4000.- de frais vĂ©tĂ©rinaires (heureusement, remboursĂ©s par son assurance). D’aucuns diront: je ne paierais jamais autant! Sauf que c’est pas “tu te pointes chez le vĂ©to, et on te fait un devis Ă  4000.-“. C’est d’abord 500. Puis 300. Puis 700. Puis 1000. A quel moment tu dis “OK lĂ  j’arrĂȘte les soins que j’ai dĂ©marrĂ©s et je renonce Ă  faire la chose de plus qui a une chance de rĂ©gler la situation, et j’euthanasie mon animal”? Parce que laisser souffrir un animal malade, j’espĂšre que tout le monde est d’accord que ce n’est pas acceptable.

Je connais maintenant plusieurs vĂ©tĂ©rinaires. Je gĂšre aussi un groupe dans lequel il y a environ 300 vĂ©tĂ©rinaires – le groupe n’est pas trĂšs actif, mais tout de mĂȘme, “l’envers du dĂ©cors”, comme vous l’entendrez dans la vidĂ©o, si vous l’Ă©coutez. Je vous prĂ©viens, c’est dur. C’est pas pour rien que la profession vĂ©tĂ©rinaire affiche un taux de suicides record. J’entends dans les groupes souvent des paroles trĂšs dures envers les vĂ©tĂ©rinaires, et c’est rĂ©guliĂšrement dans des situations oĂč le dĂ©tenteur de l’animal n’a pas les moyens pour les soins qu’il faudrait, ou a longtemps tardĂ© Ă  consulter par peur des frais, pour se retrouver finalement dans une situation critique et bien plus onĂ©reuse.

Dans le groupe DiabĂšte FĂ©lin, il y a une rĂšgle stricte interdisant ce qu’on appelle le “vĂ©to-bashing”. J’y tiens. On peut ĂȘtre en dĂ©saccord sur des dĂ©cisions, on peut mĂȘme considĂ©rer qu’un praticien n’a pas offert une prise en charge adĂ©quate (quand ça touche au diabĂšte fĂ©lin, je vous assure qu’il y a souvent Ă  redire). Mais l’agression, le mĂ©pris, les insultes: cela n’est jamais acceptable.

Comme le dit l’oratrice, le milieu professionnel vĂ©tĂ©rinaire a ses problĂšmes. Mais une partie de ce qui influe sur la pĂ©nibilitĂ© de la profession est entre nos mains Ă  nous, maĂźtres-dĂ©tenteurs-propriĂ©taires-domestiquĂ©s. Et nous pouvons y remĂ©dier relativement simplement, en incluant dans notre planification budgĂ©taire de quoi subvenir aux besoins mĂ©dicaux de nos animaux, d’une façon ou d’une autre.

Ainsi, on prend soin de son animal, de soi, et de son vétérinaire.

Quintus: 6 mois [fr]

Quatorze dĂ©cembre, 14 juin. Six mois. Six mois que j’ai dit adieu Ă  ma vieille boĂźte Ă  ronrons. Je ne pleure plus, enfin je ne pleurais plus avant de commencer Ă  Ă©crire ces mots. Il me manque, mais je suis aussi tellement soulagĂ©e de ne plus vivre dans le stress constant qu’il lui arrive quelque chose, d’ĂȘtre libĂ©rĂ©e de la charge de me soucier de lui et de le soigner au quotidien.

Pourtant, je l’ai fait de bon coeur. Je me sens presque coupable d’apprĂ©cier autant ma libertĂ©. Juste lĂ , je donnerais beaucoup pour pouvoir le tenir encore quelques minutes dans mes bras, sentir sa tĂȘte contre la mienne, entendre son ronron.

Mon Quintus. ?

Oaxaca Little Quintus (02.02.2001-14.12.2020) [fr]

Aujourd’hui, Quintus aurait eu 20 ans. J’avais des doutes concernant ses 16 ans, ses 17, ses 18 et mĂȘme ses 19. Mais les 20 ans, j’y croyais. La vie en aura dĂ©cidĂ© autrement. La vie, la maladie, la vieillesse et la mort, surtout.

Quintus est mort le 14 dĂ©cembre. Il Ă©tait vieux, trĂšs vieux, et trĂšs diminuĂ©. Cette derniĂšre annĂ©e, encore plus. Et dĂ©but dĂ©cembre, il a dĂ©gringolĂ©. Il avait dĂ©jĂ  dĂ©gringolĂ© quelques fois, et on l’avait rĂ©cupĂ©rĂ©. Cette derniĂšre fois, quand j’ai cru que c’Ă©tait clair que c’Ă©tait fini, et que j’avais commencĂ© Ă  prendre mes dispositions pour l’accompagner jusqu’au bout, il a commencĂ© Ă  remonter la pente. J’ai dĂ©cidĂ© de lui laisser une chance.

Mais une semaine plus tard, il Ă©tait clair que cette remontĂ©e de pente Ă©tait insuffisante pour lui donner encore la qualitĂ© de vie qu’il mĂ©ritait. J’ai pu faire venir une de ses vĂ©tĂ©rinaires Ă  domicile, et je lui en suis trĂšs reconnaissante. Je n’ai aucun regret, aucun doute quant Ă  ma dĂ©cision – tant de lui laisser une chance quand je l’ai fait, que de tout arrĂȘter lorsqu’il l’a fallu.

Je ne vous cache pas que ça a Ă©tĂ© horriblement dur. Avant, pendant, et aprĂšs aussi. AprĂšs, au moins, j’avais la sĂ©rĂ©nitĂ© de savoir qu’il ne souffrait plus, ne souffrirait plus, que le temps de ma propre souffrance, Ă  agoniser sur cette dĂ©cision, Ă©tait derriĂšre.

Mais Quintus n’Ă©tait pas qu’un chat vieux et malade. Nous avions une histoire. Moins longue que ses annĂ©es, mĂȘme si je l’ai connu chaton, car c’Ă©tait le chat d’une amie, adoptĂ© Ă  l’occasion d’un changement de continent. Mais une belle histoire tout de mĂȘme, huit annĂ©es de vie commune, huit annĂ©es Ă  dormir sur mon oreiller, Ă  s’installer d’autoritĂ© sur mes genoux, Ă  ronronner dans mes bras, Ă  me regarder les yeux plein d’amour quand ils voyaient encore. Moi, en tous cas, j’y voyais de l’amour.

Je peine Ă  trouver ma place dans ma vie sans lui. D’un certain cĂŽtĂ©, il occupait peu de place depuis longtemps dĂ©jĂ : un coin de mon lit, sur son tapis chauffant, et mon oreiller quand ça lui chantait. Mais dans mon coeur et dans mes prĂ©occupations, c’Ă©tait une place Ă©norme: d’une part je l’aimais, c’Ă©tait mon compagnon fĂ©lin, et d’autre part m’occuper de sa santĂ© Ă©tait trĂšs prenant.

Maintenant, il n’est plus lĂ , et c’est Ă  la fois normal et impossible. Je ne sais pas toujours trop dans quelle couche de rĂ©alitĂ© je vis. Je ne m’attends pas Ă  le voir, ça non, et je pense que c’est parce que sa mort Ă©tait quelque chose auquel je me prĂ©parais depuis fort longtemps. Pas un choc, mis Ă  part celui de la vie qui cesse d’une minute Ă  l’autre et devient la mort. Je m’y attendais. J’ai mĂȘme choisi quand. J’aurais pu dire non, on attend encore.

Ce n’est pas tant qu’il manque visiblement dans mon quotidien. C’est plutĂŽt que ma vie s’est un peu Ă©teinte depuis qu’il n’est plus lĂ . Une source de joie, de bonheur et de rĂ©confort a disparu. J’ai perdu l’ĂȘtre pour lequel j’avais fini par compter plus que tout, et ça Ă©branle ma place dans le monde. Je dĂ©rive un peu.

Il y a 20 ans, Ă  Huddersfield dans le nord de l’Angleterre, naissait Oaxaca Little Quintus. Par un concours de circonstances quasi rocambolesque que l’on pourrait faire remonter jusqu’Ă  une rencontre dans un marchĂ© en Inde, nos chemins se sont rejoints pour de bon en Ă©tĂ© 2012, quand nous avons pris l’avion ensemble pour faire le trajet Birmingham-Lausanne. DĂ©tail: nos lieux de naissance sont distants de moins d’une heure l’un de l’autre. Autre dĂ©tail: Quintus, “cinq” en latin, Ă©tait mon cinquiĂšme chat.

Il a fermé les yeux pour la derniÚre fois ce 14 décembre, un mois et demi avant son vingtiÚme anniversaire. Et moi je pleure toujours.

Just a Cat [en]

28.12.2020 17:19

Just a cat
Nobody said that
I’m even sure nobody thought that
Except maybe me
I shouldn’t feel so sad
I shouldn’t feel so lost
I shouldn’t be so heartbroken
Though even for months
And years
He’d been a shell of himself
A cat asleep
A little life
A few scraps left at the end of a long road
But still there
Still carrying memories
Our years together
Our bond
Still there while he slept
And purred sometimes
And stretched
Under my hand
And rubbed his face onto mine
Even when he stopped seeking my lap
Asleep next to me
Every night
Until the end
Soft fur
Lovely face
Black pads under his paws
So gentle
So trusting
A beautiful being
Just a cat
But my cat
My love
Gone to nothingness
Hardly more absent than when he was still there
In a way
But so much more absent to my tearful heart.

Quintus, Ă©tapes d’un adieu (4) [fr]

Quintus, Ă©tapes d’un adieu (3)

16.12.2020 19:39

Ce soir, pour rentrer du travail, je pĂ©dale le coeur lourd. AprĂšs une journĂ©e de normalitĂ©, je rĂ©alise soudain qu’Ă  mon retour chez moi il n’y aura pas de Quintus, pas la joie de le revoir, de le laisser frotter sa tĂȘte contre la mienne, d’enfouir mon visage dans son ventre pour sentir sa douceur et son odeur.

Pas l’inquiĂ©tude non plus de voir s’il va bien, s’il a mangĂ©, s’il dort bien paisiblement… mais juste lĂ  j’oublie l’inquiĂ©tude, il n’y a que le manque, ma douleur voudrait faire machine arriĂšre, effacer lundi, effacer sa mort, essayer encore quelque chose pour le garder prĂšs de moi, sĂ»rement, il devait bien y avoir encore quelque chose Ă  faire!

C’est bien normal, et je le sais. Mais ça n’ĂŽte rien Ă  ma peine. Et par-dessus tout ça, je me retrouve avec d’autres tracas personnels Ă  gĂ©rer, dont je me passerais bien.

Juste lĂ  Quintus me manque, j’aimerais revenir sur ma dĂ©cision, faire autrement, dĂ©faire tout ça et pouvoir le tenir encore dans mes bras. Ne pas avoir Ă  faire face Ă  son absence. Ce sentiment, c’est celui des larmes qui frappent Ă  la porte, et qu’il faut laisser venir, mĂȘme si ça fait mal.

Parce que ça fait mal, en fait, et que c’est malheureusement le seul chemin vers l’acceptation.

Que je n’aime pas devoir traverser ça Ă  chacun des grands “jamais plus” de la vie. Jamais plus mon chat, jamais plus nos moments partagĂ©s, jamais plus m’Ă©merveiller de ta beautĂ©, jamais plus sentir ta langue rĂąpeuse sur ma joue, jamais plus tes adorables pattes toutes noires dessous, ton sourire quand tu dormais, ton confort quand tu t’Ă©tirais…

Pourtant, on en avait dĂ©jĂ  derriĂšre nous, des jamais plus: tes pattes autour de mon cou quand je te tenais dans mes bras, ton accueil Ă  la porte, te voir grimper les arbres, ramener des souris, courir dans l’herbe, venir d’autoritĂ© sur mes genoux quand j’essayais de travailler, faire la toilette Ă  ton frĂšre, Ă  Tounsi ou aux chatons, observer le monde du balcon, ton regard quand tu me voyais encore, ta queue dressĂ©e bien haut pour montrer ta satisfaction, jusqu’Ă  ce que tu ne puisses plus, les tours d’immeuble que l’on faisait ensemble, quand ta vue baissait mais que je ne le savais pas, tes pattes dans la neige, ton corps sur ma tĂȘte pour mieux dormir, ton ronron fort et quasi constant qui n’Ă©tait Ă  la fin presque plus perceptible…

Une vie, quand elle est finie, se rĂ©sume Ă  des souvenirs et des traces laissĂ©s dans d’autres vies. Quintus aura marquĂ© la mienne, et celle de sa premiĂšre maĂźtresse, mais aussi celles de quantitĂ© d’autres personnes qui l’ont rencontrĂ©, en personne ou par Ă©cran interposĂ©. Il aura aussi marquĂ© la vie de centaines de chats diabĂ©tiques francophones, puisque c’est sa maladie qui m’a inspirĂ©e pour crĂ©er la communautĂ© “DiabĂšte FĂ©lin”. Il a vĂ©cu une belle vie de chat, une belle vieillesse aussi. Mais tout ça ne me console pas. Je m’en fiche de tout ça: je veux juste qu’il ne soit pas mort, que l’Ăąge ne l’ait pas rattrapĂ©, qu’il soit encore sur mes genoux Ă  ronronner, son poil si doux sous ma main.

C’est ainsi. Il faut faire avec l’absence, il faut faire aussi avec ce mouvement qui rejette absolument l’absence tout en sachant que c’est en vain, et accepter de s’effondrer dans la peine qui l’accompagne. Encore et encore, jusqu’Ă  ce qu’au fil des jours, au fil des semaines, l’absence finisse par devenir plus supportable.

18.12.2020 21:49

Je me rends compte qu’au fil du lent dĂ©clin de Quintus, ces derniĂšres annĂ©es, je n’ai jamais vraiment pris le temps de faire le deuil de ce qu’il perdait en route, tellement j’Ă©tais soulagĂ©e et reconnaissante qu’il soit toujours lĂ .

J’ai Ă©tĂ© terriblement triste qu’il perde la vue. Ça a Ă©tĂ© graduel, et sa vie s’est rĂ©trĂ©cie progressivement Ă  mesure qu’elle s’assombrissait. Pendant un temps il me suivait dehors, et on se promenait ensemble. Puis sa mobilitĂ© s’est rĂ©duite, je le portais en haut du chemin, et il rentrait. Au dĂ©but il se repĂ©rait bien dans l’appartement, puis, la confusion de l’Ăąge aidant, c’est devenu de plus en plus difficile, navigant les murs au toucher.

A la mort de Tounsi, ma tristesse terrible de le perdre Ă©tait augmentĂ©e de ma tristesse pour Quintus, car je savais qu’Ă  son Ăąge et dans son Ă©tat de santĂ© les chances qu’il retrouve un “copain chat” Ă©taient trĂšs faibles. Pour lui, fini les siestes Ă  deux, la toilette mutuelle, les chamailleries, la stimulation de la prĂ©sence de l’autre, et simplement, la compagnie.

Chaque fois qu’il a Ă©tĂ© gravement malade, il en est ressorti diminuĂ©. Mais j’Ă©tais dĂ©jĂ  si heureuse qu’il ne soit pas mort. C’est bien de focaliser sur le positif, mais il ne faut se voiler la face non plus pour le nĂ©gatif.

Le Quintus qui est mort lundi Ă©tait bien diffĂ©rent du Quintus qui est arrivĂ© pour de bon dans ma vie en 2012. Il Ă©tait mĂȘme bien diffĂ©rent du Quintus d’il y a 3 ans, d’il y a deux ans, un an. Quelques mois, mĂȘme. J’ai regardĂ© encore et encore ce qui allait: il est autonome pour manger, il se dĂ©place jusqu’au balcon et retour, il aime les caresses, il ronronne. Ce qui me restait de mon chat. Jusqu’Ă  la fin, oĂč il n’en restait plus rien.

22.12.2020 10:29

When a kind of calm washed over me in the couple of days after Quintus’s death, I thought the worst was behind me, in those 10 agonizing days whilst I tried to decide if it was indeed time or not, and how to go through with it.

I may have been wrong. But things are not bad in the way I imagined they might be. I’m not crying all day or feeling actively miserable all the time. It’s more like I feel very down, very empty, not functional. I don’t recognise myself. I broke down at work the other day. I forget things. I make mistakes. I feel like life has been emptied of all its good things. And overall, I just realised I feel ashamed for not “dealing” better, or more as I’d expected. I don’t even feel like writing, or sharing, really.

I just wish I could take a break from myself until it’s all “over”, whatever that means. I’m definitely not in a great place, and I feel like I’ve lost my toolbox for navigating difficult times.

I tell myself that this will pass. I try to hang on to that. I try and trust myself that I will cope, one way or another. But I’m scared that I might be wrong this time around, and that doesn’t help me at all. I’m not sure what to do except wait, try and hold it together when I need to (work), and cut myself some slack when I can (the rest of the time).