Conte d’une vie [en]

Il était une fois dans un pays très, très lointain, il y a très, très longtemps, une jeune fille qui partit à l’aventure à travers le monde, car elle voulait comprendre ce qui était important dans la vie, ce qui faisait que la vie était la vie. 

Elle traversa d’abord la ville, les rues animées durant la journée, et la nuit avec les lumières. Elle demandait aux gens qu’elle croisait: “dis-moi, qu’est-ce qui est important dans la vie? qu’est-ce qui fait que la vie est la vie?” 

Certains lui disaient, “c’est l’amour qui est important, qui fait que la vie est la vie.” D’autres lui disaient, “il faut gagner beaucoup d’argent, voilà ce qui est important dans la vie”. 

Les gens lui donnaient tous des réponses différentes, et elle, elle continuait son chemin, à travers les rues et les parcs. 

Un forgeron par exemple lui dit, “tu vois, moi je fais des outils en métal, et mes outils permettent aux hommes de faire leur travail, et c’est ça qui compte vraiment.” 

Après la ville elle traversa la campagne, là encore, parlant aux gens, parfois s’arrêtant quelques temps dans un endroit, et parfois quelqu’un faisait un bout de chemin avec elle. Mais jamais elle n’était vraiment convaincue ou satisfaite par ce qu’elle entendait. 

Elle voyagea ainsi durant de longues années. Après la campagne, elle traversa la forêt, avec ses arbres immenses.

Ensuite vint la montagne, parfois sur des petits sentiers au milieu de la végétation, puis elle traversa les rivières et les déserts, et escalada les pics escarpés. Elle revit d’autres villes et d’autres campagnes, d’autres montagnes et d’autres forêts.

Finalement, son long voyage la mena au bord de la mer, sur une plage. Une plage de sable où crissaient ses pas, et dans le sable il y avait des galets et des coquillages. Au bord de cette plage, bercé par les vagues, il y avait un bateau, dans lequel elle monta, pour traverser la mer et l’océan, toujours plus loin dans sa quête interminable. 

Et dans ce bateau, à la barre, il y avait un vieux sage. 

Alors elle lui demanda, comme elle demandait à tous ceux qu’elle croisait: “Dis-moi, qu’est-ce qui est important dans la vie? Qu’est-ce qui fait que la vie est la vie?” 

Et le vieux sage lui répondit: “Je crois que j’ai peut-être une réponse pour toi. Mais avant que te réponde: tu as fait un très long voyage, et j’aimerais que tu me racontes d’abord ce que tu as vu, ce que tu as entendu, ce que tu as senti, perçu, et touché, les odeurs que tu as senties et les goûts que tu as goûtés.” 

Alors la jeune fille devenue femme lui raconta. Elle lui raconta les sons de la ville, l’odeur des échoppes qui préparaient de la nourriture. Elle ferma les yeux et lui raconta les couleurs des lumières la nuit, l’odeur des blés en été, le poids de son bagage sur ses épaules. Il y avait aussi les paysages magnifiques et les couchers de soleil, le son des chants le soir autour du feu, la chaleur des flammes sur son visage alors que l’air de la nuit fraîchissait. Elle raconta le son de ses pas sur ce petit sentier de montagne, la voix d’une vieille femme, l’odeur de la terre humide dans la forêt, la fatigue dans ses jambes après une longue journée de marche. 

Elle lui raconta tout. Et pendant tout son récit, le vieux sage la regardait avec douceur, en souriant avec bienveillance. 

Enfin, elle lui raconta la sensation du sable sous ses pieds nus sur la plage, les formes des coquillages, le son des vagues qui clapotaient sur la coque du bateau, l’odeur du sel dans l’air de la mer. 

Et là, elle comprit qu’elle avait trouvé sa réponse.

Alimentation de nos chats (et chiens): à quel saint se vouer? [fr]

[en] Some general information on the petfood industry and its marketing excesses, who would have us believe that grain-free or natural is better, that kibble is bad, etc. Summary? Kibble is fine, wet food is fine, home-made is fine but a lot of work and most recipes are not well-balanced, so get your recipe checked by a veterinary nutritionist. Forget about grain-free (actually worse than with grain), "natural" is just a bias (nature doesn't want your cat to live long, it just wants it to live long enough to reproduce), and you're better off sticking to the big veterinary petfood brands who have their own nutritionists on staff, plants, and quality-control, than smaller brands who actually sell white label products with a lot of fancy marketing on top. Oh, and cats don't need variety if their diet is good quality and balanced, they are grazers and eat throughout the day, and there is no "meat" in petfood, despite the pictures on the packaging.

Lien perçu entre alimentation et santé

Je croise régulièrement parmi mes connaissances des personnes qui se posent des questions sur la “meilleure” alimentation à donner à leur animal de compagnie. En effet, il y a cette idée ambiante que l’alimentation c’est crucial. Avec la “bonne” alimentation on pourrait prévenir des maladies et même en guérir, et la “mauvaise” aurait des conséquences désastreuses sur la santé. Pour nous humains aussi, d’ailleurs, ces idées ont la vie dure. On est entourés d’injonctions “mange comme ci, pas comme ça, évite ça, essaie ci tu verras” qui nous mènent à penser qu’il y a une bonne façon de faire. Et quand on a des soucis de santé, très souvent on entendra des conseils touchant à notre régime.

Pourquoi cette obsession sur l’alimentaire, une sorte “d’orthorexie” collective, à la limite? Je pense, perso, que c’est parce que l’alimentation est quelque chose de visible, concret, et sur lequel on a du contrôle. Face à un problème, notre cerveau biaise dans la direction de réponses simples (simplistes) et tangibles. Le sentiment d’avoir du contrôle est la première chose qu’on recherche pour soulager notre anxiété. Nos animaux domestiques font partie de notre famille, on les aime, on ne veut pas les perdre (alors même qu’on sait bien que vraisemblablement, on les verra mourir avant nous) et donc on veut “tout faire” pour les préserver. L’idée qu’on puisse “donner la bonne nourriture” pour éviter les maladies et garantir la bonne santé est donc extrêmement séduisante.

Un “bon” aliment?

Et loin de moi l’idée de dire que l’alimentation ne joue aucun rôle sur la santé. Clairement pas. Que ce soit pour l’humain ou l’animal, il y a évidemment un lien entre santé et régime. Mais ce n’est pas un lien “magique”, genre “tu manges comme ci il va t’arriver ça” ou “tu fais juste tu seras jamais malade”. On sait qu’un régime qui répond aux besoins nutritionnels va avoir un impact positif, et un régime déséquilibré peut mener à des carences ou des maladies. Mais ce n’est toujours qu’une question de probabilités. Il y a beaucoup de variation individuelle. Il y a des exceptions. On connaît tous quelqu’un qui mange “n’importe quoi” et reste en bonne santé, ou des gens qui “font tout juste” mais sont quand même malades.

On ne peut pas déduire, des conclusions concernant le lien entre alimentation, santé, et maladie qu’on tire à l’échelle collective, une sorte de causalité simple et directe applicable telle quelle à l’individu. Ce n’est pas parce que statistiquement, manger suffisamment de fruits et légumes a un effet bénéfique sur la santé que si je le fais je peux m’assurer de ne pas avoir la maladie xyz. Notre cerveau n’aime pas les probabilités… il préfère bien mieux ce qu’on appelle les “anecdotes”, des histoires individuelles qu’on peut raconter et dont on croit pouvoir tirer une conclusion. Ça nous rend très vulnérables aux “témoignages”: “moi je donne telle alimentation à mon chien et il est en super forme, ça marche du tonnerre”!

“Naturel”, c’est vraiment mieux?

En parallèle (ou conjointement) à cette vague idéologique qui nous fait surestimer le lien de causalité (qu’on perçoit donc comme immédiat) entre alimentation et santé/maladie, il y a celle qui voudrait nous faire croire que “la nature sait le mieux”, que “ce qui est naturel est meilleur”, etc. Je ne vais pas m’étendre dessus (c’est un sophisme bien connu et documenté, “l’appel à la nature“, on trouve facilement des articles et des vidéos explicatives sur le sujet) mais il faut garder en tête que cette idée est très présente dans notre évaluation de ce qu’est la “bonne” nourriture: “naturelle”, “bio” (encore tout un chapitre), proche de comment l’animal se nourrirait “dans la nature (allô le BARF et autres régimes crus) – en oubliant que la nature ne cherche pas à faire vivre l’animal longtemps et en bonne santé, mais juste assez longtemps pour qu’il puisse se reproduire.

Besoins nutritionnels

En fait, la “bonne” alimentation est celle qui répond aux besoins nutritionnels de l’organisme: l’organisme, il digère la nourriture pour en extraire des composants qu’il va utiliser pour fonctionner et s’entretenir. Des protéines (décomposés en acides aminés), des acides gras, des vitamines et minéraux, du glucose pour produire de l’énergie dans les cellules. Je simplifie mais c’est ça l’idée.

La cellule s’en fiche si la molécule de glucose qu’elle utilise pour produire de l’énergie provient d’un kiwi ou d’une barre de chocolat. C’est du glucose. Si l’organisme a besoin de thiamine (un acide aminé) car il n’arrive pas à le synthétiser, peu importe si cet acide aminé provient d’une souris attrapée dans un champ ou d’une croquette.

Tout l’art du régime équilibré, c’est donc qu’il doit contenir ce dont a besoin l’organisme et pas trop de choses dont il n’a pas besoin. Je raconte ça de façon simpliste, parce qu’il y a aussi le microbiote dans cette histoire (son étude est un champ de recherche en plein développement), et que je parle ici de “besoins nutritionnels” comme si c’était quelque chose de complètement élucidé, alors que (même si ça l’est en grande partie) c’est extrêmement complexe, et qu’il peut y avoir une marge de manoeuvre plus ou moins grande pour certains nutriments et pas pour d’autres.

Et la variété?

Pour en revenir à nos chats et nos chiens, le bon aliment doit donc tout d’abord être équilibré et complet, c’est-à-dire qu’il doit couvrir les besoins nutritionnels propres à l’espèce. Ça, ce sont des choses qui se calculent et se mesurent, et qui vont bien au-delà d’analyses un peu simplistes comme le taux de protéines ou de glucides.

L’équilibre de l’aliment que mange l’animal est d’autant plus important que celui-ci a généralement un monorégime. Ce n’est pas une mauvaise chose! Croire qu’un chat ou un chien a “besoin” de variété, c’est projeter sur un animal des aspirations ou des fonctionnements humains: l’anthropomorphisme. Un animal mange pour manger. Oui, il a du plaisir à manger. Mais cela ne lui pose normalement aucun problème de manger tout le temps la même chose.

Et si vous vous sentez résister à cette idée, posez-vous honnêtement la question: est-ce l’animal qui a ce besoin, ou vous qui l’avez pour lui? Si on a un bon régime bien équilibré, tout ce qu’on ajoute ou change à ce régime va risquer de le déséquilibrer. On a la chance, aujourd’hui, d’avoir quand même un inventaire assez clair (et vérifié sur de nombreuses vies d’animal) des besoins nutritionnels de nos animaux de compagnie.

En fait, varier le régime (surtout pour un chat) va plutôt avoir tendance à mener à des troubles du comportement alimentaire: le chat devient “difficile”, se “lasse” d’un aliment au bout d’un moment, mange trop ou pas assez, etc. Ça, c’est aussi tout un chapitre.

D’où ça sort, tout ça?

Après cette longue intro pour vous rendre attentifs au contexte “idéologique” dans lequel on navigue, venons-en au vif du sujet. Comment nourrir notre chat ou notre chien?

Pour vous aider à situer un peu les recommandations que je fais ici, quelques précisions préliminaires. D’abord, je ne suis pas nutritionniste, ni véto ni humaine. J’ai une petite culture générale scientifique de base (quelques années d’études scientifiques quand même) et un grand intérêt général pour tout ce qui touche au médical: on peut dire que j’ai tendance à absorber ce type d’infos comme une éponge.

Depuis cinq ans et demie je gère un gros (et très sérieux) groupe de soutien sur le diabète félin. Dans ce cadre, je me suis penchée un peu plus sur la question de l’alimentation (voici notre fichier sur la nourriture), et j’ai aussi suivi il y a quelques années une journée de cours “pour grand public” sur l’alimentation du chat (y compris rations ménagères) avec un vétérinaire spécialisé.

Et si vous me connaissez, vous savez que j’essaie de faire les choses bien et que j’ai une exigence de rigueur scientifique que je tâche d’appliquer aux sujets que j’aborde.

Croquettes, pâtée, ration ménagère?

Vous l’aurez compris, ce qui est important c’est que les besoins nutritionnels de l’animal soient couverts, au mieux. La “forme” n’a pas un grand impact. Il est possible d’avoir un régime équilibré sous forme de croquettes, de pâtée, ou de ration ménagère.

Les croquettes sont régulièrement diabolisées mais ça ne repose pas sur du scientifique, on est limite dans du “nutri-complotisme”. Au contraire, les croquettes sont un mode de distribution particulièrement intéressant pour les chats, car elles permettent une alimentation à volonté et en libre-service qui correspond le mieux aux besoins de l’espèce en matière d’accès à la nourriture.

Le chat est un “grignoteur”, il va manger plutôt 10-15 fois dans la journée, en petites portions, contrairement au chien qui va faire moins de repas mais plus gros.

L’explication repose sur le mode de chasse des deux espèces et qui imprègne encore leurs besoins. Le chat chasse des petites proies, et va donc manger une sauterelle par-ci, une souris par-là, un lézard ici, une autre souris… au cours de sa journée de chasse. Avec les croquettes, on peut donc fournir au chat une alimentation “indépendante de l’humain” (où l’humain ne joue pas pour le chat le rôle de “distributeur de nourriture”, ce qui peut mener à des problèmes de comportement liées à l’alimentation) et à laquelle il peut avoir accès quand il en a besoin.

On veut aussi un aliment qui soit suffisamment bon pour que le chat le mange, mais pas tellement bon qu’il va aller le manger “parce que c’est bon”. On peut avoir ce souci avec certaines pâtées trop appétantes, ce qui mène à ces situations où le chat devient franc fou et se goinfre dès qu’il est servi (sans compter l’histoire du chat dans les pattes qui miaule pour que le “distributeur de pâtée ambulant” serve le repas).

La méchante croquette

Face à cette “diabolisation” de la croquette, alors qu’en fait il s’agit d’un mode de distribution bien adapté tant aux besoins de l’animal qu’à nos modes de vie, et qui permet tout à fait un régime équilibré, ça peut être utile d’en savoir un peu plus sur “l’industrie” du petfood.

Mais d’abord: pourquoi cette “diabolisation”? On pourrait certainement écrire une thèse sur le sujet, mais disons déjà que quand quelque chose ne va pas, on aime trouver un coupable (eh bien oui, quelqu’un doit être “responsable”, non? encore tout un chapitre…) – et que si l’on est dans un paradigme qui surévalue l’importance de l’alimentation sur la santé et la maladie, qu’on sait que l’écrasante majorité des animaux domestiques mangent des croquettes, qui plus est des grands groupes (Royal Canin, Hill’s, Purina Pro Plan etc.) dont on va trouver les gammes “pro” en cabinet véto, eh bien si on a le réflexe (simpliste je le répète) de se dire “mon animal est malade, ça doit être la nourriture” on va regarder le nom sur le paquet et dire “la marque xyz a rendu mon animal malade”.

Ces grandes marques qu’on aime détester

Pour s’y retrouver dans l’industrie du petfood, ça aide un peu de savoir comment ça fonctionne. Oui, parce qu’il y a un autre biais dans notre histoire: on aime détester les gros industriels et aimer les petites marques perçues comme artisanales ou familiales.

Mais faire du petfood, ce n’est pas simple, vous imaginez bien. L’avantage qu’ont les “grosses marques” sur les plus petites c’est qu’elles ont leurs propres usines, leurs propres vétérinaires nutritionnistes pour élaborer et améliorer les recettes, qu’elles ont aussi suffisamment de masse de production et de moyens pour faire un véritable contrôle qualité des produits qu’elles mettent sur le marché, mettre sur pied des études pour valider l’action d’aliments à visée thérapeutique qu’elles conçoivent (insuffisance rénale ou obésité par exemple), etc.

Les plus petites marques, surtout celles qui vous mettent un joli filet de poulet sur l’emballage (ne rêvez pas) n’ont pas ces moyens. Elles achètent le plus souvent des aliments “sur catalogue” (marques blanches) auprès d’usines “petfood” ou alors commandent un aliment en fonction d’une recette qu’ils auront achetée ou fait développer par un prestataire externe.

Leur coeur de métier n’est pas l’alimentation de nos animaux, mais le marketing – parce que oui, c’est un marché juteux, surtout si on surfe sur la méfiance envers les gros acteurs établis, la recherche de “naturel” (ou “sans céréales” – encore toute une histoire), l’envie de traiter notre animal comme un membre de la famille et donc de le nourrir avec quelque chose qu’on pourrait imaginer manger nous-mêmes. Ces marques ne font généralement pas de contrôle qualité sur le produit final et n’ont donc que la parole de l’usine le produisant que ce qui a été livré correspond bien à ce qui a été commandé.

Sous couvert de nous offrir quelque chose de plus “sain/naturel/bio” pour notre animal, on se retrouve au final avec un aliment moins stable et moins bien contrôlé, et pour lequel on a parfois payé le budget marketing de la marque bien plus que le budget recherche et développement, ou production.

Cela ne signifie pas qu’il ne peut pas y avoir de bons produits parmi ces petites marques, mais juste qu’on ne peut pas le savoir, et on ne peut pas garantir que ça le reste.

Les marques (dispo en Suisse) qui font des aliments “qualité véto” (c’est donc de ces gammes qu’on parle, pas des produits de la même marque mais qu’on trouve en supermarché, attention) et également des aliments “thérapeutiques” sont au nombre de cinq: Royal Canin, Hill’s, Purina Pro Plan, Specific et Virbac. Tous ces aliments ne sont pas parfaits (l’aliment parfait n’existe pas) mais ils sont développés par des professionnels travaillant pour ces marques, produits dans leurs usines qu’ils contrôlent, analysées régulièrement. Ce ne sont pas des aliments achetés sur catalogue à une entreprise tierce.

Marketing quand tu nous tiens

En tant que maître d’animal, on veut le meilleur pour celui-ci, et vu la complexité du domaine de la nutrition animale, la quantité de désinformation et nos connaissances souvent… approximatives sur la question, on est très vulnérable au marketing. Celui-ci va jouer sur les biais et tendance idéologiques que j’ai décrites en première partie de cet article. On va nous vanter du naturel, on va nous montrer des aliments appétants pour nous sur l’emballage (alors qu’ils ne correspondent pas à la réalité de ce qui est dedans), on va surfer sur la vague des “préoccupations” du jour: on veut du cru, on veut pas de céréales – mais le petits pois ça va, donc?, on veut du sans gluten, du sans additifs, du surprotéiné, du “sans glucides” – ça n’existe pas, donc, du végane, on veut de la “viande”

Parlant de viande, savez-vous que ce terme est réservé à l’alimentation humaine? Quelque chose d’autre qu’on aime diaboliser: les fameux “sous-produits animaux”. Mais savez-vous de quoi il s’agit? En fait, une fois que les morceaux destinés à la consommation humaine ont été retirés de la carcasse, il reste toute une partie de l’animal que l’humain ne consomme pas: les restes de viande sur la carcasse, des abats, les os évidemment, etc.

Pour des questions sanitaires, et pour éviter que des morceaux sortis de la filière de consommation humaine y reviennent, ce qui reste de la carcasse à ce stade est dorénavant catégorisé “sous-produit animal” et réservé à la filière du petfood. C’est une dénomination quasi administrative.

Il ne faut pas rêver, on ne met pas de steak ou de filet de poulet dans l’alimentation pour animaux (imaginez simplement le prix, déjà). Donc en fait, les “sous-produits animaux”, c’est rien d’autre que ce qui reste sur la carcasse après qu’on se soit servi, et donc la source “normale” de protéines animales dans un aliment pour animaux. On peut ensuite y mettre plus ou moins de carcasse, plus ou moins d’abats, et ce genre de chose peut se “détecter” avec certains calculs sur les composant analytiques des aliments.

Et la ration ménagère?

On peut faire une ration ménagère équilibrée, pour autant qu’on y ajoute un complément minéralo-vitaminé, c’est possible. Mais attention, pas n’importe comment!

Une large majorité des recettes que l’on trouve sur internet ou dans des livres ne sont pas équilibrées. Il est donc impératif, si vous souhaitez nourrir votre animal avec une ration ménagère, de faire établir ou au moins vérifier votre recette par un vétérinaire nutritionniste. Tous les vétérinaires ne sont pas nutritionnistes, loin de là – tout comme tous les médecins généralistes ne sont pas spécialisés en nutrition et diététique.

Cru, ça pose vraiment des problèmes sanitaires (et non, congeler ne vous débarrasse pas des bactéries, c’est même comme ça qu’on les préserve) donc il faut au minimum faire du mi-cuit.

Perso, pour m’être amusée lors d’une formation à essayer d’équilibrer une ration, j’ai pu voir que c’est vraiment pas simple (les maths ne me font pas peur, je précise). Ensuite, il y a toute l’organisation et le travail de préparation, sans parler du coût. Tout ça, sachant que la ration ménagère n’apporte pas de bénéfices nutritionnels en tant que tel, c’est pas “meilleur” en soi que de la pâtée ou des croquettes.

Je ne vois pas l’intérêt, sauf en cas de situations particulières comme des intolérances alimentaires ou des besoins très spécifiques dûs à des maladies, mais aujourd’hui le rayon des aliments thérapeutique est vraiment bien fourni.

Que fait Steph?

Chez moi, c’est croquettes gamme véto, en libre-service et à volonté (silos à croquettes, mais suivant les chats boules à croquettes et plateaux d’activité). Je n’ai pas de religion particulière entre les “5 grandes marques”, ce qui m’importe c’est que le chat aime assez l’aliment et le tolère bien.

Ces dernières années j’ai plutôt eu de vieux chats malades, donc aliments thérapeutiques (diabète, insuffisance rénale, arthrose). Il y a eu une période où j’ai dû donner à un de mes chats de la nourriture humide (inflammation de la bouche), et là je suis partie sur un Sheba, dont l’analyse était pas trop moche (j’ai sollicité mes copines du groupe Diabète Félin qui aiment faire ce genre de calculs), pas trop riche en glucides car il s’agissait d’un chat diabétique (un autre sujet…). Pas mon premier choix d’aliment mais vu le contexte c’était le meilleur, pendant quelques mois, avant de pouvoir reprendre l’alimentation habituelle.

Je veux en savoir plus!

Dans ce que je vous ai raconté ici il y a des approximations, peut-être des choses pas 100% précisément exactes. Ce que j’essaie surtout de faire c’est de vous donner un tableau d’ensemble du contexte dans lequel se posent ces questions alimentaires, et quelques infos sur l’industrie pour ne pas trop se laisser avoir par les marketeux. Si vraiment le sujet de l’alimentation vous intéresse, voici quelques-unes de mes sources préférées sur le sujet:

“I Will Adapt” [en]

A few years ago (don’t ask me exactly when), I started watching Star Trek as my “goodnight” TV series. I chose it because it was entertaining enough but not so fascinating that I would stay up watching episode after episode. Well, that worked out pretty well for TOS and the early seasons of TNG, and completely broke down with DS9 (do watch, if you haven’t yet). But still, by that time, I’d gotten better at “just saying no” to “just another episode”. I’m currently making my way through Voyager and am hugely enjoying the developing character of Seven of Nine.

Hence the title for this blog post: “I will adapt”, which I have heard her say many times these last days.

What will I adapt to?

For the first time in my life, I feel like I have a hold on my future, instead of being swept this way and that by the whims of life. Two major life changes explain this:

  • ADHD diagnosis and treatment – seriously, this is like finally getting admin rights to the operating system my life
  • a stable (employed) job for the foreseeable future – something I haven’t had in a very long time, between self-employment, short-term “this’ll do for the time being” positions, and unemployment.

I’ll probably get more into this in a future post, but one of the effects of ADHD for me is that I was caught in a “permanent present”, slave to immediate gratification and impulses. I definitely harnessed this way of functioning to make the most of it. I built a 10+ year freelance career out of it, a huge network, knowledge, expertise and skills in all sorts of fields, and more. I have been (am) an expert at seizing the opportunities that present themselves. Having a long-term objective and doing things to reach it was, however, pretty much impossible. Short-term planning, yes. Project management, yes – because I have to “project manage” pretty much everything I want to do. So my career went where the winds took me, and my personal life and ambitions lacked a sense of direction – though I always did know what I found interesting and what I didn’t.

This means that now, concretely, I am in a situation where not only do I have a pretty clear vision of what available time I have “for myself”, but making plans for these moments is a lot less daunting. I have 5 weeks of holidays this year: I’ve put them down in the calendar, and thinking about what I want to do/where I want to go for each of them does not fill me with dread. This kind of exercise used to.

I have week-ends, too, and the ability to make plans for them. This week-end I’m at the chalet. Next week-end I’ve saved a day for a hike. I write these things down in my calendar and I follow through, with way less effort than it used to take.

That is the positive change I’m adapting to. Being able to make plans. Even for next year! I’ve been wanting to go to Thailand for a long time, and now, between the job stability and my new-found ability to project myself in future activities, I can say things like “hmm, in 2024 I’m going to use two of my vacation weeks to go to Thailand”. For example.

The more difficult changes I’m adapting to is how “little” time I have outside of work. One of the aspects of my hyperactivity is that I am never short of ideas, projects, people to see or new things to discover. Previously, I had more available time, but my ability to actually use that time for things I wanted was impaired. Now, I am able to be much more productive with the time I have, but… there are a few buts.

First, I’m working four days a week, and work does tire me (surprise). So, I need to rest (another surprise). I have evening activities (judo, singing) 3-4 days a week. Does that already sound like a lot? I’m just getting started…

Basically, my “new life” is very clearly confronting me to the fact that I have to make choices and that I cannot do everything I would like to do. This is life, it isn’t news, of course, but for me, in my “old life”, this wasn’t so much of an issue. In a weird way, because I was pretty much always stuck taking what was in front of me, I didn’t have a clear view of how unrealistic my aspirations were. I was always failing, but also always doing-or-trying-to-do, and on the forefront was a state of constant frustration and overwhelm that I wasn’t managing to do where I really wanted. I was, generally, quite unhappy.

So, now I can see clearly: if I’m doing judo and singing four nights a week, and managing a very busy support community on Facebook, and trying to go to the chalet and ski in winter, hike and take the boat out in summer, in addition to working 80%, managing my household and admin obligations, and getting the rest I need… that doesn’t leave much time for keeping up with people I’m not otherwise seeing through shared activities.

RIP my social life.

This really sucks. I’ve always had a huge social life, lots of friends, and already before, too many lovely people I want to keep in touch with on a regular basis. But now it’s worse on a whole different level. I already struggle to keep to seeing my family from time to time.  But I have to accept that with the choices I’ve made and priorities I’ve set, I have less time to socialise and maintain friendships, less time to “hang out”, less time to dive into new exciting projects, less time for the unexpected.

I will adapt.

Life as an individual has its challenges, but despite all, it definitely beats being a Borg drone.

RIP Erica [fr]

Ça peut finir comme ça
Une vie de chat
Au Tierspital
Le jardin a fait place
A une cage à oxygène
La liberté
Aux machines
Tu n’es déjà plus là
Même si ton coeur bat
Tu as fait de ton mieux
Et nous aussi
Mais ça n’a pas suffi

Entre mes larmes
Un festival de “j’aurais pu”
Le doute toujours
Inévitable
On aurait bien pu faire autrement
Mais au final

Tu n’as pas juste fait mieux que rien
Me dit-elle sagement avec amour
Tu as été splendide
Tu as donné tout ce que tu pouvais
Quand il en avait besoin
Sans pour autant te griller complètement
Au point de ne plus pouvoir être là pour toi
Ou pour d’autres qui ont et auront besoin
De ce que tu pourras leur donner
Ce que tu fais est suffisant
Et parfait
Parce que tu l’as fait
Les hypothétiques et les regrets
Feront toujours pâle figure
Face au vrai
Face au réel
Face au fait

Ça peut finir comme ça
Une vie de chat
Pas comme on voudrait
Jamais vraiment comme il faudrait
Avec des regrets et des doutes
Des larmes plein le coeur
Et des nuits sans sommeil.

17.02.2023
Erica nous a quittés au petit matin, malgré l’excellente prise en charge dont il a bénéficié nuit et jour toute cette semaine au Tierspital de Berne pour un abcès au foie.

Looking at 2022 [en]

[fr] Un récapitulatif de mon année 2022

I haven’t written in ages (a familiar refrain) and figured I would use the pretext of 2022 coming to a close to jot a few things down. No particular order, just follow my brain.

I’m still listening to a lot of podcasts. Here are some: Meta de choc, On The Media, This American Life, Vethologie, Radiolab, Conspirituality, Atlas Obscura, The Moth, Hidden Brain, The Ezra Klein Show, NPR Politics, Short Wave, Science Vs, The Pulse, TWiV, Planet Money, Vacarme, Fresh Air, 99 Percent Invisible, The Daily (NYT), Brian Lehrer, Consider This, Hacking Humans, Trade Offs, Throughline, My Cat’s Tale, Gates Investigates… and Sleep With Me when I can’t sleep. Just realised writing this list that I’ve dropped a lot of Gimlet shows now they’ve gone Spotify-only (I use overcast to listen to my podcasts). In the “serialised investigations” department, The Trojan Horse Affair (Serial), Will Be Wild (Trump, Inc) and The Disappearance of Nuseiba Hasan (Conviction season 3).

After finishing Star Trek The Next Generation, I’m deep in Deep Space Nine, which is absolutely wonderful. I’ve also picked up (intermittently) the last books of the Foreigner series, that I’ve been reading for years now and highly recommend.

This has been a year of managing to do judo reasonably regularly (of course, still also regularly absent because of injuries), singing, hiking. Not much sailing and just a little skiing, but I hope to do more next year. I tried stand-up paddling and to my surprise, really enjoyed it and am planning on taking it up this spring. Along with snow-shoeing this winter. I figure that with 50 on the horizon, I should make sure I also have physical activities available that are a little less “rough” than judo and skiing.

The big event of the year has been starting a new job. It’s with the national train company, in the field of energy maintenance, near Bern. Quite a change from what has been my professional life until now, in a way (and I’m glad about it), but also a perfect continuation for my interest in management, strategy, and basically, how a business runs. I’m learning a lot and improving my German – at the same time, discovering what it is to function in an environment where I’m linguistically challenged, not something I’m used to. I’m really enjoying the environment I’m in and super happy about my new position.

2022 is the first complete year I’ve been through since my ADHD diagnosis and treatment (end 2021). And I can really say that it has changed my life. I finally feel alive and not surviving. I started being able to accomplish things I wanted to again. I stopped feeling overwhelmed all the time. My life felt like it was like it was supposed to be, instead of feeling like there was something horribly wrong with me all the time. Despite the stress of not having a job during the first part of the year, I was able to enjoy my life and learn more and more about how I function and how to manage myself. I already had quite a lot figured out (or I wouldn’t have made it this far), but the tweaks I started putting in place really made a difference. Long-term personal projects didn’t seem like something out of reach anymore. I even felt up to inviting my family over for Christmas.

Starting my new job has of course been a big change in the way I organise my life, and I do feel I have temporarily backtracked in some of my progress (personal admin and projects, social life). But it’s pretty normal and I’m not too worried that I’ll catch up again with myself over the coming year.

During 2022 I also lost 10kg – on purpose, of course. I’d been slowly putting on weight over the years, and it sped up these last couple of years. Coming close to 90kg on the scale got me serious about doing something. My ADHD treatment also helped, certainly (better impulse control). I was followed by a nutritionist who really helped me tweak my food habits for better balance and more reasonable portions. I have never been on a diet in my entire life and didn’t intend to – I just knew I was eating “too much” and probably not making the best decisions regarding what to eat, and when (I never looked at the calorie count on food, so for example had no idea cheese was so… energy-dense). Overall the effort required was minimal, I feel better in my body (mobility) and fit in my large collection of 14L trousers again.

I’m still active managing the Feline Diabetes community I founded nearly 5 years ago on Facebook. 2022 is clearly the year the community for veterinarians took off (1.2k members and counting). I was even invited to give a talk on the occasion of the annual veterinary congress in France. An accomplishment I’m pretty proud of!

I still have my coworking space eclau, but have really had trouble getting it going again after the pandemic. I’ve also kept a small independent side-business in consulting, but I’m keeping it very minimal right now as I want to focus my energy on my new job and my personal activities and projects first and foremost. I continued my training in the Palo Alto brief therapy approach, and that is also on the back burner until next summer, when I’ll be going to Paris for a course in hypnosis and brief therapy. I should have gone this year but I got covid just before I was supposed to leave.

Overall, 2022 was a really good year for me, and I can’t wait to see what 2023 has in store!

Twitter Exodus and Mastodon [en]

My online world is abuzz with people leaving Twitter, discussing Twitter, discussing what Elon Musk is doing with Twitter and its employees, and how Mastodon is going to deal with the influx of Twitter refugees, in a September that never ended kind of way.

Clearly, my Twitter usage has seriously dwindled over the years. I joined early – December 2006. A few internet lifetimes ago. Facebook has clearly taken over my online presence, and if I’m making an overt effort to be present elsewhere, it’s here, on this blog. TikTok makes me feel old, and miss the good ol’ days we had with Seesmic.

So I’m not “leaving” Twitter. I honestly rarely saw the point of ever “leaving” anything. I tend to fade away. But I’ve had a mastodon account, on octodon.social, since April 17th 2017, my mailbox tells me. It was the first time in a long time that a new platform started showing up on my radar and it felt worth trying it out. I even wrote about it in my newsletter (looks like this is a post I forgot to import here… note for later). But I didn’t use it much. I’d drop in every now and again to see how things were, like I was doing with Twitter these last years.

Given so many people are joining Mastodon now, I looked for an easier way to find the people I’m following on Twitter there: fedfinder really helped (tip: add your Mastodon handle somewhere in your username or description so that scrapers such as this one can find it) and allowed me to follow a good hundred people or so I knew on Mastodon, in a few clicks and a few minutes of patience. So, now my Mastodon news feed feels a bit more like a familiar place. It still has the feel of the social media platforms of old, in the early days, but I’m not sure it will last.

What is happening with Twitter is making me think of other social situations where the good people leave because bad things are happening, and the only ones left in the room at the end are the bullies or the extremists. That’s one of the reasons I’m not leaving. I’m not fighting for the platform either, but I don’t want to remove myself and contribute to creating the void into which ugliness can freely pour.

I feel sad about what’s happening. The sadness of the favorite park or field of your childhood being bulldozed to build apartment blocks. The sadness of a restaurant you used to hang out with changing owners and becoming unrecognisable. The sadness of the world changing, whether it’s leaving you behind, or you leaving it behind.

I honestly don’t think Twitter will survive this, at least not in a form that will be recognisable as the Twitter we knew and loved. But it’s not time for me to pull the plug on it yet.

Traitez d’abord les mails récents au retour de vacances! [fr]

Quand vous revenez de vacances ou d’absence et que vous êtes devant une pile de mails, traitez les mails les plus récents en premier.

Je réalise régulièrement que cette façon de procéder ne va pas forcément de soi. C’est vrai qu’on a tendance à penser chronologiquement, ou bien commencer par le début, et donc se dire qu’on va faire les choses dans l’ordre.

Mais la réalité c’est que le mail d’il y a trois semaines a bien des chances d’être caduque, surtout s’il était un peu urgent. Les urgences d’il y a trois semaines ne sont plus des urgences, par contre les urgences d’aujourd’hui le sont encore. Il vaut donc mieux commencer par elles.

Ce mail d’il y a trois semaines a peut-être aussi été suivi par un mail il y a une semaine qui dit “laisse tomber, j’ai trouvé une solution”. Ne vaut-il donc pas la peine de voir ce mail-là en premier?

A plus forte raison si vous êtes en copie d’une “discussion mail” à plusieurs, il vaut mieux voir l’état de la discussion aujourd’hui (qui est peut-être close) plutôt que de répondre d’abord au premier mail, puis au deuxième, etc. – pour ensuite découvrir que nos réponses sont inutiles parce que la situation a évolué entre-temps.

Il arrive aussi que l’on ait tellement de mails qu’on n’arrive pas à tout rattraper. Dans la plupart des cas de figure, ce n’est pas un désastre, pour autant que l’on traite d’abord les mails récents! Si un mail envoyé reste sans réponse et était important, la personne va se manifester à nouveau et donc se retrouver en haut de votre boîte de réception, et son mail sera traité.

Il vaut aussi la peine, avant de passer beaucoup de temps sur une ancienne demande, de vérifier avec l’expéditeur si celle-ci est toujours d’actualité.

Bonne reprise!

Paradoxe ou punition? [fr]

Que faire quand on a tendance à “zapper” des choses qu’on devrait faire, quotidiennement par exemple? La vaisselle, se doucher, préparer ses affaires, passer le fil dentaire, répéter son voc allemand…

Généralement, on tente par tous les moyens de se pousser à “faire”. On met des rappels. On construit des habitudes. On essaie de se motiver. On se récompense. Mais des fois ça ne suffit pas. Et si on a un TDAH, la difficulté est encore augmentée, car le passage de l’intention à l’action présente un challenge particulier.

L’autre jour, je mentionnais qu’une approche “paradoxale” pouvait aussi fonctionner pour ce genre de problème. C’est d’ailleurs grâce à ça que j’ai mis en place l’habitude (maintenant solide) de faire ma vaisselle au moins tous les soirs. De façon très résumée, l’approche est la suivante: si je “zappe” ma vaisselle, alors je n’ai pas le droit de la faire durant 4 jours.

A mon étonnement, cette façon de faire a été comprise comme punitive. J’aimerais expliquer ici en quoi elle ne l’est pas.

La situation de départ, c’est que la personne ne fait pas la tâche X. Elle ne fait pas sa vaisselle, ou ne se douche pas, ou ne prépare pas ses affaires. Elle aimerait, ou pense qu’elle devrait, mais n’arrive pas. Elle se dit “il faut que je le fasse! je vais le faire! je veux le faire! je devrais le faire!” – bref, tout va dans le sens de “faire”.

Le grand et simple enseignement de l’approche systémique de Palo Alto (à laquelle je me forme) est que si une situation indésirable persiste, malgré nos efforts répétés pour y remédier, c’est de toute évidence que ce que nous faisons pour tenter d’en sortir ne marche pas. Si ça marchait, le problème serait résolu. Si me dire “promis, à partir de maintenant je fais ma vaisselle tous les soirs” marchait, je ne me retrouverais plus jamais devant une pile de 4 jours de vaisselle. On croit souvent avoir “tout essayé”, mais notre “tout essayé” va toujours dans le même sens. Il y a un thème commun à toutes nos “tentatives de solution”. Ici: “je peux et je dois faire”.

Pire que de ne pas résoudre le problème auquel on se confronte, ces “tentatives de solution” participent à l’entretenir. (Ça, c’est un peu complexe à expliquer simplement, donc je ne vais pas le faire ici, mais ça a à voir avec la théorie des systèmes.)

Un moyen “punitif” d’essayer de se pousser à faire serait: “si je ne me douche pas aujourd’hui, je n’ai pas le droit de regarder la télé”. Mais on reste toujours dans le même thème “je dois faire”. Alors qu’en réalité on est (souvent activement) en train de ne pas faire.

L’approche paradoxale, qu’on retrouve dans l’idée de “prescrire le symptôme”, cherche à nous sortir de ce thème du “je dois faire”. Le but, c’est de changer la dynamique “énergétique” (pas au sens ésotérique, hein vous me connaissez) de notre posture face au problème. On sort de “je dois faire” et on va vers “en fait non, je dois pas faire”. Ça ôte la pression. C’est OK de ne pas faire. Et d’un autre côté, ça en met (et donc ça change la motivation) car on va dire: “c’est OK de pas faire, mais si tu fais pas, c’est sans doute que pour le moment c’est trop pour toi de le faire, donc prends un break et ne fais pas pendant x jours”. On prend la logique de ce que fait la personne (elle dit qu’elle veut faire mais en réalité, dans ses actes, elle ne fait pas) et on la met à plat sur la table, on dit “OK”, alors voyons ce qui se passe si on va dans ce sens, si on pousse cette logique plus loin au lieu de lutter contre. Ne faisons pas! Et voyons où ça nous mène.

L’autre levier qu’actionne cette approche c’est que ça neutralise le discours qu’on se tient souvent quand on “ne fait pas”: on se dit “bah, tant pis, je fais pas aujourd’hui mais je ferai demain; aujourd’hui j’ai pas le courage; je saute juste un jour, c’est pas grave, un jour.” C’est en se racontant cette histoire, qu’on va se raconter également le lendemain, qu’on se retrouve à ne pas avoir touché son voc allemand pendant une semaine. Parce que sur le moment, à chaque fois qu’on renonce ou abandonne, on se dit “c’est juste une fois, c’est pas grave”.

Mais si on dit “tu peux ne pas faire, c’est OK, mais alors quand tu ne fais pas, vas-y à fond quoi, ne fais pas pendant 3 jours”, alors on ne peut plus se dire “je fais pas aujourd’hui mais je ferai demain.” Ça devient: je fais aujourd’hui, ou bien je saute les 3 prochains jours? Les deux sont OK. Il n’y a pas de punition. Ne pas faire, c’est la situation par défaut. C’est ce que la personne fait déjà. Donc au pire, elle est pas moins avancée qu’avant, avec le bonus qu’on déculpabilise le fait de ne pas faire. Et au mieux, ça marche.

Vous aurez compris que le succès de cette méthode dépend de la logique interne qui sous-tend la procrastination. Elle ne peut donc pas s’appliquer à l’aveugle. Mais si vous sentez que la pression que vous vous mettez à faire a plutôt tendance à empirer le problème que l’arranger, c’est peut-être une piste à envisager. Mais je vous préviens: il faut du courage.

Heatwave [en]

It’s 9am, Sunday morning. I’m back in my flat to check the temperature. It’s creeping up already. I close everything up and shed a tear.

I got the temperature under 27°C this morning. Downstairs, in the coworking space I’m lucky to be able to hang out in, it’s nearly 1°C cooler, but also rising. At 8:30, it was already too hot to have breakfast on my balcony, like I usually do.

Lausanne is hardly the worst-hit place. I guess the lake helps a bit. Other parts of the country are suffering way worse. France, Spain… India of course.

I’ve dealt with worse heat than now when I was in India, of course. But buildings here aren’t designed for heat. My flat covers the south side of the building. Even at night when the temperature goes down (not that far down) the walls are still packed with heat they ate up during the day. The bathroom downstairs is close to 30°, though it’s on the inside of the building, because it shares a wall with the heating room.

The heating room is an oven. Now I understand (maybe) why in India we just heat the water we need when we need it, instead of having permanent hot water running around in the taps. But that’s not all of it: a few days ago I realised the radiators weren’t cold. I’d turned of the central thermostat, but clearly, the central heating was still keeping them warm. I turned them all off manually, of course, but WTF. Shouldn’t central heating be turned off in June when we already had troublesome heat in May? SMH.

I remember my first real heatwave here, back in 2003. I was writing (dictating) my dissertation. I was living and sleeping on my balcony. It was exciting.

For a few years now, we’ve had these “exceptional heatwaves” every summer. They are not exciting at all now. It’s clear they are not going away. I bought a portable A/C two years ago. I have a bunch of fans. I’m seriously thinking about putting up a ceiling fan in my bedroom. I’m wondering if heat will drive me up in the mountains ten, fifteen years from now. The fact that this will not get better is sinking in.

Until recently, I’d managed to not feel too panicky about climate change. Not that I was in denial that it was happening, but rather that I had other stuff to get worked up about. I know that solutions to a global problem like this are not individual but collective, and there are people fighting the fight. But it’s not working. I read an opinion piece the other day that actually helped me understand Extinction Rebellion – particularly the “unauthorised demonstration” part that I previously looked upon rather disapprovingly. Governments and institutions need public pressure to prioritise climate change. It’s sad, but that’s how it is. Those whose interests do not go in the direction of protecting the environment have their own ways of putting pressure on governments, and they are not shy of using them.

So today, as I closed the windows in my flat to keep the heat out, some of the hope I used to have rolled down my cheeks.