Comment j'en suis arrivée à m'intéresser aux blogs d'adolescents [fr]

[en] The story of how I took an interest in teenage blogging, and from there, teenagers and the internet. It involves a difficult first year of teaching and a naked bottom on one of my students' skyblogs.

*// Entrée en matière possible pour mon [livre](http://climbtothestars.org/categories/livre), dans le genre “premier jet écrit dans le train”. Commentaires et suggestions bienvenus, comme toujours.*

Au début des années 2000, je me souviens qu’on plaisantait entre blogueurs en se rappelant que d’après les quelques enquêtes disponibles sur le sujet, le “blogueur type” était une lycéenne québécoise de 15 ans. On était un peu consternés par la quantité d’adolescents blogueurs et la futilité (voire la bêtise) de leurs publications en ligne. “Complètement inintéressant, le blog est bien plus qu’un journal d’adolescente!” On continuait à bloguer dans notre coin, et les ados dans le leur.

*// Voir si j’arrive à trouver des références à ça.*

J’étais loin d’imaginer que cinq ans plus tard, les blogs d’adolescents m’auraient amené à changer de métier et à écrire un livre. Ce livre, vous l’avez entre les mains.

La genèse de mon intérêt pour la vie adolescente sur internet mérite d’être racontée. Elle permet de situer ma perspective. Mais, plus important, elle et illustre assez bien un des “problèmes” auxquels on peut se heurter si on fait l’économie de comprendre comment les adolescents vivent leurs activités sur internet.

Il y a quelques années de cela, j’ai quitté mon poste de chef de projet dans une grande entreprise suisse pour me tourner vers l’enseignement. Forte de mes respectables années d’expérience personnelle de la vie sur internet, je me suis lancée dans un projet de rédaction de blogs avec mes élèves.

Ce fut un désastre. Si j’étais bien une blogueuse adulte expérimentée, je me suis bien vite rendue compte que les “blogs” que je leur proposais avaient bien peu à voir avec ce dont ils avaient l’habitude dans leurs tribulations sur internet. Certains d’entre eux avaient des skyblogs (des blogs pour adolescents et jeunes, hébergés par le groupe Skyrock).

Munie de l’adresse d’un de ces skyblogs, j’ai commencé mes explorations du monde en ligne de mes élèves. Peut-être qu’en me familiarisant avec ce qu’ils faisaient déjà sur internet, je réussirais à mieux les comprendre, et trouverais ainsi des clés pour remettre sur pied un projet qui battait sérieusement de l’aile. Chaque skyblog arborait fièrement une liste de liens vers ceux des amis (“hors ligne” aussi bien que “en ligne”). Il suffisait de cliquer un peu pour faire le tour.

Sur ces skyblogs, comme je m’y attendais, rien de bien fascinant à mes yeux: beaucoup de photos (de soi-même, des copains et copines, du chien, du vélomoteur), du texte à l’orthographe approximative, voire carrément “SMS”, des appels aux commentaires (“lâchez vos coms!”) et, justement, des commentaires (souvent assez vides de contenu, mais qui jouaient clairement un rôle côté dynamique sociale).

Soudain, catastrophe: je me retrouve face à une paire de fesses, sur le skyblog d’un de mes élèves. Et pas juste des fesses d’affiche publicitaire pour sous-vêtements, non, les fesses d’un de ses camarades de classe, qui les expose visiblement tout à fait volontairement à la caméra.

Que faire? Intervenir, ou non? Ils ont beau être mes élèves, alimenter leurs skyblogs fait partie de leurs activités privées (par opposition à “scolaires”) et je suis tombée sur cette image un peu par hasard (ce n’est pas comme si un élève m’avait donné directement l’adresse pour que j’aille la regarder).

En même temps, puis-je ne pas réagir? Si cette photo était découverte plus tard et qu’elle soulevait un scandale, et qu’on apprenait que j’étais au courant mais que je n’avais rien dit… Je me doute bien qu’il y a derrière cette photo un peu de provocation et pas mal d’inconscience, plus que de malice.

*// Retrouver les dates d’expulsion des lycéens français — est-ce avant ou après ça?*

Jeune enseignante inexpérimentée, je me tourne vers mes supérieurs pour conseil. On discute un peu. On ne va pas en faire un fromage, mais on va demander au propriétaire du skyblog de retirer cette photo inconvenante — ce que je fais. Il accepte sans discuter, un peu surpris peut-être.

*// “Pour conseil” c’est français, ou c’est un anglicisme?*

*// Un autre élément qui est rentré en ligne de compte est que les photos avaient été prises (visiblement) dans les vestiaires de l’école. Pas certain que ce ne soit pas durant des activités extra-scolaires, cependant. Est-ce un détail utile?*

Une semaine plus tard, la photo est toujours en place. Je suis un peu étonnée, et je réitère ma demande auprès de l’élève blogueur. “Oui, mais Jean, il est d’accord que je laisse cette photo sur mon blog, ça le dérange pas, hein.” J’explique que là n’est pas la question, que c’est une demande qui émane de la direction, et que d’accord ou pas, “ça se fait pas” pour les élèves de notre établissement d’exposer leurs fesses au public sur internet.

*// J’ai l’impression que je traîne un peu en longueur, là. On s’ennuie? Les détails sont-ils utiles? Faut-il raccourcir?*

Le lendemain matin, je me retrouve littéralement avec une révolte sur les bras:

– “Pourquoi vous avez demandé à Jules de retirer la photo de son skyblog?”
– “Ça vous regarde pas! L’école n’a pas à s’en mêler!”
– “Vous aviez pas le droit d’en parler au directeur, c’est sa vie privée!”
– “Et qu’est-ce que vous faisiez sur son skyblog, d’abord?”
– “C’est son blog, il peut faire ce qu’il veut dessus! Et la liberté d’expression?”

Je suis sidérée par la violence des réactions. Certes, ma relation avec ces élèves n’est pas exactement idéale (c’est le moins qu’on puisse dire), mais là, ils sont complètement à côté de la plaque. Si l’élève en question avait affiché la photo de ses fesses dans le centre commercial du village, auraient-ils réagi aussi fortement si l’école (représentée par moi-même, en l’occurrence) avait demandé leur retrait?

*// Comment on dit “challenging” en français? (Pour décrire les élèves sans utiliser l’affreux “difficile”.)*

*// Le temps de narration change durant ce récit, vérifier si c’est “utile” ou si c’est “une erreur”.

Visiblement, ils considéraient ce qu’ils publiaient sur internet comme étant “privé” et semblaient ne pas avoir réellement pris conscience du caractère public de leurs skyblogs, ou du droit de quiconque d’y accéder et d’y réagir. Et pourtant, j’avais passé plusieurs heures avec ces mêmes élèves à préparer une charte pour la publication de leurs weblogs scolaires. Nous avions abordé ces points. Ils “savaient” qu’internet était un lieu public et que tout n’y était pas permis. Qu’est-ce qui s’était donc passé?

Cet incident particulier s’est terminé par une intervention énergique du directeur qui a remis quelques points sur quelques “i”. Restaient cependant deux problèmes de taille, que cette histoire avait rendus apparents:

– l’école a-t-elle un “devoir d’ingérence” lors d’événements impliquant les élèves mais sortant de son cadre strict — et si oui, où s’arrête-t-il?
– que pouvons-nous faire pour aider nos enfants et adolescents à devenir des “citoyens d’internet” informés et responsables?

La première question est du ressort des autorités scolaires, directions, enseignants — et je ne prétends pas apporter grand chose à ce débat ici.

La deuxième question, par contre, est l’objet de cet ouvrage.

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Airport Security [en]

[fr] Je déteste les procédures de sécurité dans les aéroports. Devoir enlever ses chaussures systématiquement, déjà, en signe d'humilité et de respect devant la "sécurité de la nation" (les responsables qui se couvrent en cas d'incident, plutôt), et maintenant, être en mesure de prouver durant 15 secondes que l'on ne prend à bord "qu'un seul sac". Encore un traumatisme de voyage pour moi, super.

I officially hate going through airport security.

It’s bad enough to have to submit to random searches, and go through metal detectors which will beep regularly depending on what jewellery or shoes you’re wearing. Actually, the shoes issue is solved now in many airports by demanding that passengers remove their shoes and walk through the detectors in socks or barefoot.

I personally find this rather degrading. Think of it. As far as I know, removing one’s shoes is a sign of submission, respect or humility before a figure of power, most of the time in some way religious or spiritual. Think temples, kings, and washing others’ feet.

So now, we are forced to walk “barefooted” through the holy ground of airport security, and submit to procedures which, if you think of it honestly, are probably there more to ensure that certain arses are covered in case of a security incident. When metal detectors beep and bags are searched day after day, and all these are “false alarms”, surely the efficiency of the security screening process suffers. Imagine an anti-virus program which generates many false alerts everyday — inevitably, you’re going to pay less attention to them.

Anyway. I’d more or less started to get used to removing my laptop from my bag, sealing my liquids in a transparent bag, taking off shoes and bracelet and patiently let people wave metal rods around me or open my bags.

I’m about to climb on my 11th plane since the end of September (lots of bad connections, I’ll admit, but still — I’ve been through security a bit). Here in London Heathrow, I have just discovered yet another feature of the security screening process: “one bag only”. As far as I can remember, cabin luggage has always been “one bag only”, and it meant that women could still carry their handbag in addition to that. Unfair, yeah, poor guys, but that’s how it was. And indeed, I’ve never had a problem with that before today.

So, freshly off my totally uneventful British Airways flight from San Francisco to Heathrow (thanks partly to [melatonin-induced slumber](http://twitter.com/stephtara/statuses/2791753)), I was following the connecting flights signs when I was stopped by a first security barrier. As an aside, it always kind of amazes me that you have to go through security multiple times when you have connecting flights. I assume this means that airports do not trust security staff in other countries to conduct security screening properly.

Anyway, this was “one bag only” pre-screening. I had my new [Hello Kitty laptop bag](http://flickr.com/photos/chrisheuer/355912920/), crammed with stuff like clothes to sleep in on the plane (really worth it), and my (equally new and Hello Kitty) handbag with the usual random stuff I carry with me everywhere (including laptop, camera, sunglasses, notebook, purse, phone, etc… — I put all the cables in my check-in luggage, for those who were thinking about asking). The security guy stopped me, and rather harshly told me that it was one bag only, to which I pointed out that one of them was my handbag. The line was repeated, with a little extra information: “One bag only, so unless you can make them into one bag, you can’t come through.”

Great. I couldn’t make them into one bag, I told — and showed — him. “Then you have to go through passport control, find your airline, go through check-in.”

That sounded weird. My first thought was that this was some kind of express security passage, but I had a sneaking doubt the idea behind that option was to make me check in one of my bags. I queued at passport control, on the verge of tears (I’m starting to realise travelling is a perfectly dreadful and stressful experience, and really need to find a way to not end up in tears each time I travel at the point where obstacles start showing up.)

I told the immigration guy I wasn’t really sure why I had been sent this way and what I should do, and he told me that indeed, if I went out this way it would be to check one of my bags in. When I told him I couldn’t (neither of my bags were fit for it), he basically said it wasn’t his problem, that he could show me where to go to check one of my bags in, that he refused to argue with me, and that I could go back to argue with the security guys instead. Well, guess what, that was just what I needed to hear to take from fighting tears to giving in to them. I tried to tell him I didn’t want to argue, I just wanted to know who I could talk to. He stuck to his script, and told me to go and argue with security again.

I was stuck, and what I needed just there was somebody I could talk with to try to figure out a solution, and who wouldn’t just spew out script lines at me. Immigration on the left, security on the right, and they had both proved equally unfriendly and drone-like in that respect.

Back to security anyway, I picked another guy than the one I had dealt with to start with, and was lucky (or maybe I was just crying enough by that time). Anyway, this one was nice, stepped out of the line, listened to me, took matters into his own hands by throwing out my empty water bottles, removing my laptop from the bag (I could carry it by hand), and squashing my poor handbag into my bigger Hello Kitty bag, which almost needed to be sat on to be shut. Great, I had one bag.

I thanked him, walked straight through that first bit of pre-security without anybody even looking at me, got into the longer line for the proper security screening, and promptly separated my too bags again — I was afraid my laptop bag would explode and my more delicate stuff would be crushed.

Nobody asked me to “make them into one bag” to screen them. Basically, I went through all that to prove during 15 seconds that my two bags could pass for one.

I just feel totally disgusted by all this. Next time I’ll carry a strap so I can strap my two bags together to “make one bag” instead of squashing them.

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Récit de rêve [fr]

Un rêve de cette nuit qui vient de me revenir subitement.

[en] A dream I had last night. It just came back to me.

Passant devant Mémoire Vive, je glisse et tombe, me faisant mal aux doigts. Je passe ensuite par le marché, je souffre, et en examinant mon annulaire gauche je vois qu’il y a un gros morceau de verre bleu dans la blessure. Je l’enlève, et vois qu’à  l’intérieur de mon doigt il y a encore plein d’autres morceaux de verre coloré, comme des perles pour collier vertes et bleues.

Je décide qu’il faut que j’aille au CHUV me faire opérer. Je pleure tellement j’ai mal. J’appelle l’école, en retard, pour dire qu’il faut me remplacer. Je passe voir la secrétaire, je n’arrive pas à  penser clairement, je cherche mes bagues et mes clés de voiture pour pouvoir partir. Elle me dit que si je peux conduire, je ne dois pas avoir si mal que ça. Elle ne me prend pas au sérieux, semble penser que je suis en train de me défiler, que je joue les douillettes. Je lui explique que j’avais la voiture avant l’accident. Je l’ai laissée au parking du Valentin et je veux simplement trouver mes clés.

Je suis en Inde, au Kérala. Je laisse mes bagages chez quelqu’un, sans y faire vraiment attention, et je pars pour Kochin. J’y retrouve Madhav. Mon doigt me fait toujours horriblement souffrir, et je me rends compte que je suis au mauvais endroit. Je devrais être au CHUV! J’envisage d’aller me faire opérer à  Pune. Misère, j’ai laissé mes bagages à  Allepey, à  1h30 de train, et dans l’autre direction! Je dis à  Madhav que je ferais peut-être mieux de rentrer en Suisse… mais je dois de toute façon aller récupérer mes bagages, et je ne sais pas trop où ils sont. Comment diable ai-je pu être aussi insouciante avec mes affaires? Je me sens complètement paniquée, dépassée, angoissée. Jamais je ne serai de retour à  l’école à  temps.

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Firefox Only For White Anglo-Saxon Males? No! [en]

Browse Happy needs testimonials from happy Firefox users who fall outside the “white high-tech anglo-saxon male” profile.

[fr] Browse Happy, un site qui encourage les gens à  se "convertir" à  Firefox, a besoin de témoignages de personnes qui ne tombent pas dans la catégories "homme anglo-saxon blanc branché technologie"... a bon entendeur!

Browse Happy is a neat site encouraging users to switch to Firefox, by publishing testimonials of happy switchers.

However, it does suffer from a problem: the people featured on the site tend to fit the white high-tech male anglo-saxon profile pretty dramatically. This strikes me as an unhappy coincidence, so maybe we can lend a hand in helping them gather a more respresentative sample of testimonials?

If you don’t fit that profile, and want to help spread the word that Firefox is for everybody… send in your testimonial!

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