Ne plantez pas vos bâtons comme des bûcherons [fr]

[en] I learned to my dismay (injury) that I had been using my ski poles wrong all these years. Go light with them!

Je l’ai appris à mes dépens: on peut faire des dégâts avec une mauvaise technique de planter du bâton.

Je m’explique. Ayant skié (et snowboardé) comme une acharnée de 3 à 20 ans (environ), je me suis remise sérieusement au ski cette année après un bon hiatus (de temps en temps une journée, style “oh mais comment je faisais pour skier autant avant?”). J’ai pris un abonnement de saison, j’ai acheté du bon matériel de ski, j’ai booké mon mois de janvier au chalet et… je me suis lancée.

Mi-janvier, cependant, aïe: je me blesse aux poignets. D’abord un (la faute à une plaque de glace sous la poudreuse), puis l’autre, un peu plus inexplicablement — mais toujours en plantant ce satané bâton.

Médecins, attelle, radios, IRM: kyste arthro-synovial palmaire à gauche, et qui sait quoi à droite (on n’a pas fait d’IRM à droite… donc on sait pas ce qu’on n’a pas vu).

xray steph hands

C’est enquiquinant. Repos (1 semaine de snowboard, plus de judo pour un moment), crème, Flector, ostéo, et on attend pour voir si ça se remet ou s’il faut opérer. Rendez-vous déjà pris avec le spécialiste de la main en mai… au cas où.

En parallèle, je me demande (et une ou deux sages personnes de mon entourage posent aussi la question) si je ne suis pas en train de faire une erreur technique qui me vaut ces blessures. Ce serait trop bête… quand même. Une fois la phase la plus aigüe passée (celle où on demande aux visites de faire la vaisselle et porter les poubelles parce qu’on a trop mal), je reprends mes skis et mes bâtons, et je me dirige vers le bureau de l’école de ski pour un cours de planter de bâton.

Y’a pas d’âge pour prendre son premier cours de ski!

J’explique toute la situation, le moniteur me regarde faire quelques virages, je le rejoins, il sourit et me dit: “OK, je vois le problème”. Je suis à la fois ravie et consternée: je ne suis pas impuissante devant mes poignets qui se déglinguent, mais punaise, apprendre qu’on fait “faux” depuis si longtemps, pas simple!

En gros, je plante mon bâton d’un mouvement ample et décidé, de haut en bas… pauvres petits poignets. Ils pouvaient bien souffrir. Alors je tente de corriger. C’est dur! Je suis toute déséquilibrée. Je vais même jusqu’à skier plusieurs jours sans bâtons, parce que même en corrigeant, je me fais mal.

Et avant-hier, en skiant avec un monsieur suisse-allemand ex-instructeur, ex-coureur, ex-entraîneur, je pige enfin grâce à ses explications (le tout en allemand SVP!) ce que je n’avais pas pigé jusque-là: un bâton, ça ne se plante pas. Je ne parle pas du carving (ça je savais et pratiquais), mais des virages normaux.

Un bâton, ça se tape sur la neige. Et ça se tape dans le sens inverse de la marche. Eh oui: un petit mouvement d’arrière en avant pour venir toucher la piste. Juste avec le poignet. Chping, chping, chping.

Alors je réapprends à skier. Et j’essaie tant bien que mal de corriger mon “taper de bâton”. Et je sens que ça commence gentiment à rentrer. Ouf!

Le matériel de ski, c'est important [fr]

[en] I had no idea skiing gear could make such a difference. Between an old pair of skis I was lent and the ones I ended up buying, I went from despair, on the verge of giving up skiing ("I waited too long, I'm too old for this sh*t"), to feeling 19 again, whizzing down the slopes without ever stopping.

…ou comment j’ai dépensé 800CHF pour avoir 20 ans de moins sur les pistes.

Cet hiver, au lieu d’aller en Inde, j’ai décidé de prendre un abonnement de saison et de profiter du chalet pour me remettre au ski. On m’a mise sur les lattes quand j’étais haute comme trois pommes, et jusqu’à mes vingt ans environ c’était ski tout l’hiver, chaque hiver, chaque week-end, toutes les vacances.

Ces presque vingt dernières années, c’est à peine si j’ai mis un jour par an en moyenne les pieds sur les pistes.

Mon projet était de louer du matériel à l’année, vu que je n’avais plus rien. L’amie de mon père m’a prêté son vieux matériel, au hasard (des skis du début du carving), et je me suis dit que j’allais d’abord essayer ça pour voir. Inutile de payer si c’est pas nécessaire!

Première journée: quel enfer. J’avais mal partout. Aux chevilles, aux genoux. Je n’arrivais pas à contrôler mes skis. Ça partait dans tous les sens. Je devais tout le temps faire des pauses, moi qui skiais avant à toute vitesse de l’ouverture à la fermeture des pistes. Déprimant. “Ma vieille, je me suis dit, tu as trop attendu pour reprendre le ski.”

Le lendemain, j’y retourne quand même, avant de déclarer forfait après deux descentes tellement j’avais mal et pas de plaisir. J’étais vraiment dépitée. Je pensais à mon abonnement de saison (c’est pas donné) et je me demandais comment j’allais bien pouvoir l’amortir dans des conditions pareilles.

Après un jour pour me remettre, je décide de mettre en branle le plan “location”. Je prends une paire de skis (+ chaussures) pour la journée, avec l’idée de les garder pour la saison si ça se passe bien.

Quelle révélation! En changeant de skis, j’ai perdu 10 ans! Je peux à nouveau prendre un peu de vitesse, je tourne où et quand je veux, je fais des descentes sans m’arrêter. Je jubile!

De retour au magasin en fin de journée, je déclare haut et fort que je garde ce matériel pour la saison. Mais le gérant du magasin ne l’entend pas de cette oreille. “Vous ne voulez pas plutôt acheter?” Moi: non, budget, machin (j’avais quand même regardé, et j’avais été un peu estomaquée de réaliser qu’une paire de skis neufs ça allait chercher dans les 8-900CHF). Il me propose ceux que j’ai essayés pour 400CHF — et là, il a mon attention. On commence à parler, il me montre ce qu’il a, on parle encore (je n’ai franchement pas la moindre idée comment on peut bien choisir une paire de skis), il m’explique qu’avec un ski plus dur on se fatigue moins à la longue, j’hésite, je réfléchis, on discute encore, et il me dit qu’il a justement une paire de “skis test” pour un des modèles qui me conviendraient bien.

Pas grand chose à perdre, je me dis. Essayons, et je verrai bien si ça vaut la peine.

Le lendemain, sur les pistes, nouvelle révélation! J’ai perdu 10 ans de plus! Je skie comme à l’époque! Je n’en reviens pas. Les skis tiennent bien la vitesse, je peux carver comme je veux (même si j’ai arrêter de skier régulièrement avant l’apparition du carving, j’ai fait beaucoup de snowboard et vite pigé la technique), ils correspondent vraiment bien à mon style de descente.

Il me reste un doute: et si c’était simplement la forme qui revenait? Je reprends les skis de la veille pour une dernière descente: alors qu’ils m’avaient tant plu le jour d’avant, aujourd’hui ils flottaient, partaient dans toutes les directions, et réagissaient comme un plongeoir réglé sur la position la plus molle.

Ma décision est prise: je vais casser la tirelire pour avoir 19 ans de nouveau quand je skie.

Nouveaux skis Salomon 24HRS

Cette aventure a été une grande révélation pour moi: jamais je n’aurais imaginé que le matériel pouvait autant influencer l’expérience du ski. Je suis de ceux qui pensent qu’il est possible de faire de magnifiques photos avec un appareil jetable, et qu’on peut faire de délicieux gâteaux dans un vieux four. Malgré mon job dans la technologie, je ne suis pas une adepte du dernier cri. Je fonctionne à la récup, à l’entrée de gamme, au deuxième main. Certes, je sais que la qualité peut valoir la peine, mais jamais je n’aurais pensé qu’une paire de skis pouvait faire la différence entre être découragée de skier et retrouver mes vingt ans.

Le gérant m’a même raconté qu’il y a des gens qui arrêtent de skier parce qu’ils n’arrivent plus. Ils prennent sur eux, pensent qu’ils sont trop vieux, plus assez en forme — alors que c’est leur matériel qui a dépassé la date limite. Une paire de skis, ça dure 5 ans environ, peut-être un ou deux ans de plus si on achète du bon matériel.

Alors mon conseil: vos skis qui trainent à la cave depuis une décennie, oubliez les (déchetterie!), et louez pour une demi-journée du matériel récent, juste histoire de voir la différence.

A bientôt sur les pistes!