
Je reviens (pas trop à chaud) sur la soirée de samedi à Genève. Dans l’ensemble, ce fut une bonne soirée, malgré mon rhume bien installé. Quelques réflexions en vrac. J’ai pris quelques photos que je suis en train de mettre en ligne.
Accueil
Je suis de plus en plus sensible à la qualité de l’accueil lorsque je me rends quelque part pour une conférence ou un interview. Est-ce que quelqu’un est là pour m’accueillir, déjà ? Dois-je payer mon café? Ce sont des petites choses qui ne sont jamais spécifiées dans le “contrat”, mais qui comptent. Quand je me déplace pour parler dans une école, on me paie, certes, mais je suis quand même une “invitée”.
Par exemple, j’ai récemment commencé à insister pour qu’une personne soit présente quelques minutes avant le début de mon intervention pour régler les problèmes techniques s’il y en a. J’ai déjà à porter le poids de la prestation publique (si on peut appeler ça ainsi) sans avoir à courir à droite et à gauche juste avant de parler parce que telle ou telle chose ne fonctionne pas.
Lorsque je me déplace pour un interview, je suis sensible aussi à ce genre d’attention. Est-ce qu’on me fait poireauter dans la cafétéria durant près d’une demi-heure,
comme cela m’est arrivé récemment? Est-ce qu’on s’occupe de mes frais de transport? Comme je l’ai dit ici il y a quelque temps, j’ai passé le stade où je suis heureuse de donner du temps et de l’argent simplement pour figurer dans la presse.
Assez de grogne: l’accueil à la Nuit du Journal Intime était très bon. Petit salon pour les débattaires, choses à grignoter, boissons, petit cadeau joli (un carnet d’écriture et une boîte de thé), souper offert après le débat. Foie gras, s’il vous plaît. Très bon de surcroît. J’ai un peu poireauté dans le hall, mais par ma faute: j’ai marmonné un peu trop timidement au réceptionniste que j’avais rendez-vous à 18h30, sans annoncer clairement que je venais pour participer au débat. Ça m’apprendra, pour la prochaine fois.
Intimité

Qu’est-ce que l’intimité? Qu’est-ce qui est intime, pour moi? Pour ouvrir le débat, on nous a demandé à chacun d’expliciter un peu notre rapport à l’intimité. Quelles sont les choses qui font partie de notre sphère intime? J’ai de la peine à répondre. De prime abord, je dirais “ce que je ne publie pas dans mon blog,” car pour moi, l’intime s’oppose au public. Mais ce n’est pas aussi simple que ça. On peut étaler son intimité en public — cela reste l’intimité. Ou non?

Disons plutôt que pour moi, ce qui est intime est ce que je ne partage pas facilement. Ce que je ne livre qu’à des personnes choisies, et pas au monde. Ou encore, c’est ce qui m’expose quand je le partage. Dans ce sens là , on peut trouver dans ce blog quelques (rares) passages qui abordent des sujets intimes.
Je pense qu’il y a une distinction importante à faire entre “l’intimité personnelle” (ce que je considère intime) et “l’intimité sociale” (ce que le société considère comme faisant partie de la sphère intime). Catherine Millet, auteur de La vie sexuelle de Catherine M., disait lors du débat que pour elle, l’intimité se situait plutôt au niveau émotionnel que corporel/sexuel. Voici à mon avis un exemple de cas où son intimité personnelle ne coïncide pas avec l’intimité sociale.
Ambiance
Ambiance très sérieuse, pour moi qui sortait directement de LIFT’06. Les événements geeks et le milieu des blogs en général sont très relax. On se tutoie, on ne se prend pas (trop) au sérieux, on se plante et on recommence. Me retrouver sur scène, avec des personnes que je connais à peine et que je vousoie (c’est bête, mais pour moi ça fait vraiment une différence), qui ont clairement plus l’habitude que moi de ce genre d’exercice, éblouie par les projecteurs… J’avoue que je me sentais relativement peu à ma place.
Ça s’est bien passé, pourtant. J’ai “fait ma blogueuse”, j’ai dit un peu mes doutes, ce que je ne savais pas, et aussi un peu ce que je savais. J’en prends conscience en écrivant: il y avait beaucoup plus de mise en scène ce soir-là que ce dont j’ai l’habitude. C’est ça: la mise en scène. C’est étrange pour moi.

J’ai trouvé le débat un peu difficile à suivre par moments. Je ne voyais pas tellement, en fait, où était le débat. C’était intéressant d’écouter ce que les autres invités avaient à dire, mais des fois j’avais l’impression que l’on ne s’entendait pas vraiment.
Hors de la grande salle de spectacles, de retour dans le lounge avec bougies, velours rouge et petites tables pour les lectures de journaux intimes et le repas, c’était très joli et chaleureux.

Ce que j’ai beaucoup aimé, c’est l’interview-radio avec la DRS, après le débat, de retour dans le petit salon. La journaliste nous a demandé de revenir sur le débat, sur ce qu’on y avait appris, ce qu’on en avait gardé. Puis on a commencé à discuter. On a abordé des choses qui n’étaient pas intervenues dans le débat. Pour moi, c’était plus riche, finalement, que la forme un peu dirigée du débat. Ce n’est pas étonnant que ma préférence aille dans ce sens: les blogs, les podcasts, internet… c’est le lieu de la conversation, sans forme prédéfinie. C’est dans ce milieu-là que je me sens à l’aise.
Droits d’auteur
Après l’interview, j’ai demandé à la journaliste s’il était possible d’avoir une copie de ce qu’elle avait enregistré, entre autres parce que j’y avais mis en mots des choses que j’avais envie de pouvoir garder et utiliser. (En passant, ça m’a fait très bizarre, durant le débat, de penser que nous n’étions pas enregistrés. J’ai trop l’habitude, avec le web, de laisser des traces derrière moi.)
Nous avons ensuite parlé de droits d’auteur, parce que j’exprimais mon désir de rendre disponible certaines choses sur le web. J’ai lu récemment (je ne sais plus sur quel blog, honte à moi) qu’un blogueur avait reçu l’interdiction de la part d’une journaliste de publier l’interview par e-mail qu’il lui avait accordé. Le blogueur en question disait quelque chose comme ceci: de quel droit peut-on m’interdire de mettre à disposition mes propres mots? De même, la DRS peut-elle prétendre détenir des droits sur ce que j’ai dit durant cet interview, parce qu’elle a fourni le matériel d’enregistrement? Et si j’avais enregistré en parallèle avec mon matériel? J’ai mentionné l’épisode du vidéocast de Robert Scoble, où j’ai fait précisément ça, avec l’accord des intervenants.
En fait, a précisé la journaliste, ce n’est que sur ses mots à elle que la DRS détient des droits d’auteur. Cela fait, sens, car lorsqu’elle nous interviewe, elle représente la radio pour laquelle elle travaille. Quand j’aurai reçu le CD, je ferai donc un montage avec mes propres mots et le mettrai en ligne.
La journaliste connaissait EFF, Creative Commons, etc… j’en suis baba!
Et vous? Etiez-vous à cette soirée? Qu’en avez-vous pensé?