Désapprendre la peur [fr]

Voilà où on en est: désapprendre la peur. L’arrivée de la crise sanitaire nous a appris, en très peu de temps, à avoir peur. Aujourd’hui, avec le recul de la pandémie dans notre pays, le “déconfinement” (même si nous n’avons pas eu à proprement parler de confinement), on doit apprendre à se détendre. Reprendre une vie “normale”, mais pas tout à fait normale quand même.

Aller voir une copine. Prendre un passager dans sa voiture. Cesser de faire des écarts quand on croise les gens sur le trottoir. Se rappeler qu’avec une poignée de nouveaux cas détectés chaque jour dans le canton, les chances de se casser le nez sur une personne infectée sont très réduites. Comprendre où sont les risques de transmission (lire l’original en anglais): les espaces clos comprenant beaucoup de monde, les activités qui nous font vider nos poumons (chant, sport, toux, éternuements).  Le temps passé à proximité.

Echanger trois mots avec quelqu’un d’asymptomatique qu’on croise dehors: zéro souci. S’enfermer avec 100 autres personnes dans une salle pour chanter durant deux heures: souci.

Pour ma part, voilà où j’en suis:

  • je mets sagement mon masque là où c’est demandé, mais pas autrement (typiquement, pas pour marcher dans la rue ou aller à la pharmacie)
  • je continue à me laver les mains, mais peut-être un peu moins frénétiquement (la grande majorité des transmissions sont par voie aérienne)
  • j’évite de prendre les transports publics
  • je vais bientôt retourner au judo, mais chanter, faudra attendre…
  • j’évite d’aller faire mes courses à la Migros et je commande plutôt via LeShop, surtout parce que mes expéditions courses de 3h durant la période confinée m’ont donné envie de ne plus mettre pied dans un magasin pour un moment
  • je n’aime pas que les gens portent des gants, c’est en fait contre-productif (le virus colle mieux aux gants qu’aux mains qu’on peut facilement laver ou désinfecter)
  • je vais volontiers au restau en terrasse, mais pas encore prête à m’installer à l’intérieur
  • pas encore prête à aller au cinéma – ce serait un bon été pour faire un Open Air, non?
  • je suis frustrée de ne pas pouvoir faire la bise à mes amis et ma famille, ou serrer la main aux gens – on pourra quand?
  • les gens qui portent leur masque de travers m’embêtent beaucoup moins, maintenant qu’on nage dans les masques et que le virus ne traine plus partout
  • je vais installer SwissCovid
  • je suis toujours très contente de rester chez moi et d’être relativement asociale!

La normalité reprend ses droits [fr]

L’habituel commence gentiment à reprendre ses droits. Le temps reste mou; hier j’étais convaincue qu’on était samedi, au point que quand une personne que je devais voir lundi m’a dit “à demain!” j’étais à deux doigts de la rectifier. La sensation de crise aiguë m’a quittée. J’ai trié mes tupperware.

Mes objectifs quotidiens sont modestes: m’installer pour lire mon roman, finir ma journée assez tôt pour regarder ma série, faire des boulettes de viande avec le kg de viande hâchée que j’ai achetée en action à la Migros. Et, la normalité revenant au galop, je procrastine. Bref, je me retrouve face aux mêmes challenges qu’il y a 2 mois, qu’il y a deux ans.

Je fais partie des grands privilégiés de cette crise, vu que je peux me payer le luxe de me débattre avec mes difficultés habituelles.

Ce qui n’est pas habituel, par contre, c’est que je me trouve extrêmement irritable. Je pars au quart de tour. Alors que d’habitude j’arrive à garder une saine distance émotionnelle par rapport aux choses qui ont tendance à m’énerver (les gens “qui font faux”, “qui ont tort”, “qui réfléchissent pas”, bref, vous voyez le schéma, c’est pas très glorieux), maintenant c’est un peu comme si je n’avais plus de fusible pour ça. Un effet de bord du confinement, rien d’anormal, mais c’est ennuyeux. La solution est assez simple, heureusement. Dormir assez (j’ai le luxe de pouvoir), sortir et bouger assez (idem), garder un rythme au quotidien (plus difficile). Et limiter un peu les contacts sociaux.

Je suis clairement sortie de ma phase “tout lire, tout apprendre” au sujet de coronavirus. Maintenant, ça m’ennuie même un peu. Je crois avoir fait le tour, j’attends surtout que la science avance (mais ça, ça sert à rien d’être au taquet dessus chaque jour), les décisions au niveau politique ont été faites et je me doute bien de ce qui nous attend, encore des semaines ou des mois de la même chose. Sur Vaud les chiffres commencent à se stabiliser, ce qui veut dire que la courbe grimpe moins raide, alors on tient bon, on pense fort à ceux qui sont au front, on évite de prendre des risques ou d’en faire courir à autrui, et on attend. Je suis consciente que c’est facile pour moi de dire ça, je n’ai que ça à faire, de toute façon, attendre, pas d’urgence.

J’ai fait des semis. Je suis allée chercher du levain, qui bulle à côté de celui que je tente de démarrer ici. J’essaie de me mettre chaque matin au soleil sur mon balcon, avec les chats. J’essaie de manger correctement, ni trop ni trop peu.

A ce propos, j’ai installé MyFitnessPal. Alors c’est très bien, la base de données de nourriture est super (on y trouve même les brownies de la Migros), on peut scanner les codes-barres… Mais le problème est que même si je me suis dit que j’allais juste noter ce que je mange pour prendre meilleure conscience de où sont les calories (je n’ai jamais fait de régime de ma vie, donc je suis assez peu au fait de la densité énergétique de ce que je mange), je me retrouve à regarder cet objectif total journalier et à me stresser pour essayer de l’atteindre. Et ça, c’est pas le but. Alors j’ai changé mon fusil d’épaule: je rentre les choses mangées le soir, après-coup. Et j’arrête d’essayer de faire attention – juste manger raisonnablement, comme je fais d’habitude (et comme je ne l’ai pas fait cette dernière année…).

Je trouve difficile de ne pas me mettre de pression, de façon générale. Tant pis si je ne “profite” pas de cette période. Ça aussi, c’est pas le but. Le but c’est de vivre. Et c’est pas si facile.

Mes top tips pour les courses en temps de pandémie [fr]

Histoire d’éviter les crises cardiaques, cette photo date du 16 mars 2020

Par les temps qui courent, faire les courses pour plusieurs personnes quand on y va (seule ou seul!) c’est une bonne idée. Ça permet aux personnes à risque d’éviter une sortie, ça fait une personne de moins qui se balade dans le magasin, bref, les courses groupées ont la cote.

Deux petits “trucs” pour vous simplifier la vie:

  1. Utilisez Google Keep pour les listes de courses. On peut y faire une liste avec des petites cases à cocher, et partager cette liste avec qui on veut. La personne peut mettre à jour sa liste quand elle veut, et on a toujours accès à la dernière version à jour. Quand on fait les achats, on coche, et les achats cochés disparaissent de la liste. Super pratique!
  2. Demandez aux personnes pour qui vous faites les courses de vous envoyer un bonne photo du code-barres de leur Cumulus (ou Supercard, ou…) et utilisez-les pour prendre autant de scanners que de personnes. Cela permet de scanner séparément, de faire des tickets de caisse séparés, et d’éviter (littéralement!) des comptes d’épicerie une fois les courses faites.

Sinon, pour les personnes que mes “pratiques d’hygiène” intéresseraient:

  • Je me lave les mains avant de partir de chez moi, je les désinfecte à l’entrée du magasin avec le désinfectant fourni, je passe aux WC les laver après avoir chargé la voiture, je les lave en arrivant chez moi, et encore une fois après avoir rangé mes courses.
  • Je ne désinfecte pas mes courses.
  • Je ne porte pas de gants. Le virus s’accroche mieux et survit plus longtemps sur les gants que sur la peau, et il ne peut pas rentrer dans le corps via la peau.
  • Je ne porte pas de masque. Dans un contexte où nous manquons de masques, il faut les laisser en priorité aux soignants, qui de par leur métier, ne peuvent respecter la distanciation sociale dans leur travail, et sont en contact avec des personnes malades ou particulièrement vulnérables (hôpitaux, EMS, soins à domicile), et aux personnes malades (pour éviter de contaminer autrui ou de faire paniquer l’assemblée en toussant). Ce serait différent si nous avions un stock de masques suffisant pour couvrir toute la population, en plus des soignants.
  • Je scanne et je paie avec Twint.
  • Je fais les courses une fois par semaine au max pour limiter mon exposition.

Pour terminer, un tuyau “rangement”: pour vos denrées non périssables, si vous fonctionnez comme moi un peu aux stocks, rangez-les par année de date de péremption (un étage pour 2019 et avant – oui vous pouvez sans autres manger une conserve “périmée”, un autre pour 2020, puis pour 2021, et 2022 et plus ça peut aller dans le placard du couloir ou la réserve de la cave). Ça vous aidera à utiliser les aliments les plus anciens en premier.

La texture du confinement [fr]

Ce qui a changé, c’est la texture du temps qui passe. Ce n’est plus un temps qui me file entre les doigts et que je cherche désespérément à retenir. C’est un temps bien plus immobile, qui ressemble un peu à celui du premier mois après mon opération, où il n’y a pas grand chose d’autre à faire que d’attendre qu’il passe, en tentant de vivre agréablement son quotidien. C’est un temps sombre, et au bout il y aura de la lumière, donc ce sera bien, après, mieux, probablement, mais si, un jour, plus tard.

C’est un peu le temps de l’attente, l’attente peu agréable d’un futur qui va nous en libérer.

Et dans ce temps un peu étrange, bizarrement, je me trouve fort capable de vivre.

Un jour ordinaire de confinement [fr]

Aujourd’hui, j’ai réorganisé mon armoire à épices (j’en ai beaucoup), et j’ai pleuré en écoutant Joan Baez chanter “Hello in There” (une chanson qui m’émeut toujours en temps normal), dédiée à son ami John Prine, chanteur que j’ai découvert via une interview de Terry Gross dans Fresh Air, qui est dans un état critique, victime du Covid-19.

On est tous en deuil, sous une forme ou une autre, même sans avoir perdu personne. On est en deuil de notre normalité, de notre vie d’avant qui ne sera jamais plus, de notre liberté, de notre sécurité physique soudainement compromise, de notre quotidien avec les enfants à l’école et le travail au bureau, des nos rencontres avec nos proches et nos amis, d’un avenir dont on ne sais plus précisément de quoi il sera fait.

L’état de stupeur, le sentiment d’irréalité, le temps qui passe lentement, la perte de conscience du jour qu’on est, le déni à divers degrés, l’incapacité de se concentrer, de bien fonctionner… tout ça c’est du deuil.

Adieu le monde qu’on tenait pour acquis. Adieu aussi, le sentiment de sécurité qu’on avait ici, vivant dans un pays ultra privilégié, de ne pas courir grand risque de choper une saleté de maladie qui pourrait nous terrasser.

J’ai l’impression d’être le jour de la Moisson dans les Hunger Games. On attend tous, plus ou moins tétanisés, de savoir où le couperet va tomber. Chaque semaine qui passe, le bilan s’alourdit, les personnes touchées se rapprochent. La grande majorité, sans gravité, heureusement. Mais pas toutes.

Ça commence à me faire peur. Mon déni commence à fléchir. La réalité rentre, insensiblement. Mais fermement.

Alors j’ai pleuré en pensant à John Prine, à Joan Baez qui chante pour un ami qu’elle risque de perdre, à tous les autres proches ou lointain qui sont touchés ou le seront. Je me recentre sur mon petit canton, ma petite ville, ma petite personne, en espérant très fort qu’on s’en tirera le moins mal possible.

J’essaie de ne pas trop penser au reste du monde, à l’Italie, à l’Inde, parce que juste là c’est trop dur.

Alors je vais aller me promener dans mon voisinage désert, parce que même si “je refuse de me réjouir“, cela ne veut absolument pas dire que je suis incapable de voir et de prendre plaisir au positif.

Et demain, je rangerai mon armoire à thés.

Ça fait combien de temps, déjà? [fr]

Cette semaine j’ai passé plus de temps hors ligne, et c’est bien. Depuis hier, facebook me gonfle un peu. Je pense que j’ai fait le tour de ce que j’avais besoin de savoir pour ma tranquillité d’esprit. Je pense que cette histoire va durer, je ne porterai pas de gants dans les magasins, les masques oui ça sert mais si toute la population en porte, sinon de grâce laissez-les aus soignants et ne les gaspillez pas pour vous protéger en faisant vos courses (restez à distance des gens plutôt), la chloroquine j’attends sagement de voir les résultats de vraies études, restez chez vous, confinement, isolement…

En fait je me rends compte que je ne suis pas trop mal dans cette période de distanciation sociale, pour le moment. Moins de contact, ça me convient, on dirait.

Donc facebook me gonfle: le confinement et la réalité de l’épidémie ce n’est plus nouveau. La chloroquine et Raoult me sortent par les oreilles. La paranoïa autour de la contamination des surfaces aussi. Les grands cris à plus de sévérité, plus de masques, plus de tests… allô le principe de réalité, les gens? Les gens qui obsèdent sur des chiffres qui ne veulent pas forcément dire grand chose. Les témoignages de patients et de soignants. Les articles plus ou moins complotistes et plus ou moins fumeux. Alors moi aussi je fais l’épidémiologiste et la politicienne de salon, j’en ai conscience, mais je crois que j’ai plus ou moins dit ce que j’avais à dire, et je commence à me répéter, et j’en ai marre.

Hier j’ai rangé mes réserves alimentaires. J’ai toujours des réserves en temps normal. Je dis souvent en rigolant que je tiens un mois facile avec ce qui est dans les armoires et le congel. En voyant l’épidémie arriver, je me suis simplement assurée que mes réserves étaient à jour. Et hier, en rangeant, j’ai trouvé des tas de vieilles conserves (c’est pas grave hein ça tient des années), et je me suis dit que ce serait peut-être intelligent de les ranger par date et non par sorte. Donc j’ai un rayon “2019 et avant”, un rayon 2020, un 2021, et un 2022 et après. A différents endroits. Alors bien sûr s’il me faut une boîte de thon et que la seule que j’ai est bonne jusqu’en 2022, je vais la prendre. Mais comme ça je peux facilement regarder d’abord dans la pile 2019, puis 2020, puis 2021… Même si ça se garde des années, autant commencer avec les plus vieilles.

J’entends des récits de personnes qui galèrent avec le télétravail. J’imagine bien que c’est pas simple pour tout le monde (surtout avec des enfants dans les pattes). Je vais faire un petit Live sur facebook tout à l’heure avec quelques conseils (plus de 10 ans à mon compte… je vous promets qu’on apprend des choses). Peut-être je ferai un article, aussi, on verra.

Cette semaine a passé plus vite que les précédentes. Je me dis que c’est bon signe, ça veut dire que le choc se dissipe, que je m’habitue. Ma peur de tomber malade ou de perdre des proches augmente, par contre (indicateur qui va dans le même sens: le choc/déni se relâche). Je connais des personnes malades, personne gravement à ma connaissance, et je connais des gens qui ont perdu des connaissances. Ça se rapproche.

Le dimanche perpétuel [fr]

Je viens de faire un petit tour dans le quartier avec mes jambes et mes bâtons. Peu de monde, beaucoup de calme. J’ai toujours aimé les dimanches et les jours fériés, ici, où tout est fermé et rien ne bouge.

Cette période c’est comme un dimanche, mais tous les jours.

C’est trompeur, pourtant. En fait, cette crise n’est pas également distribuée. Elle nous touche tous, nous bouleverse tous, mais alors que certains se trouvent ralentis voire arrêtés, d’autres ne savent plus où donner de la tête. Je pense aux soignants évidemment, mais aussi aux parents télétravailleurs, aux employés des supermarchés, aux profs qui doivent du jour au lendemain apprendre à enseigner à distance (si possible autrement que “je donne des exercices, ils font, je corriger”), à tous ceux dont le revenu est en train de s’évaporer et qui doivent dare-dare trouver des solutions pour payer les employés et les charges, ou simplement remplir le frigo.

On commence à le lire, femmes et hommes ne sont pas non plus frappés équitablement. Les femmes assument la plus grande part des soins et de l’aide à autrui. (Oui je sais qu’il y a des hommes aidants, mais regardons les choses à l’échelle de la population.)

La maladie non plus ne frappe pas équitablement: ça va de rien du tout à la mort, en passant par la petite toux, la vilaine pneumonie et les soins intensifs. Les seniors, les jeunes.

Je vous préviens, je risque de répéter des choses que j’ai déjà dites. Parce que là, j’écris parce que ça me fait du bien d’écrire.

Donc, je reviens de ma petite promenade sous un soleil radieux, sans croiser personne. Paradisiaque pour moi, mais avec un arrière-goût amer parce que je ne peux pas oublier pourquoi la rue est si calme. J’avoue avoir du mal avec ceux qui se réjouissent du confinement ou des conséquences de l’arrêt global de notre monde. Je trouve qu’il y a là quelque chose d’indécent.

Qu’on cherche pour soi du positif, par contre, évidemment qu’il faut. Pour moi, j’avoue que le ralentissement dans lequel on est plongés (tant qu’on ne bosse pas dans un hôpital ou un supermarché ou un service de distribution) m’aide à mieux supporter l’inactivité et “l’inutilité” qui m’accompagne depuis des mois. Donc moi, je le vis assez bien. Et les oiseaux chantent, même si les dauphins ne sont pas en train de se balader dans les canaux de Venise.

Je suis en train de réussir à prendre un peu de distance avec l’océan d’informations dans lequel nous baignons en ligne. J’ai fait du rangement, hier. J’ai décrété que le matin serait consacré autant que possible aux activités hors ligne. J’essaie de me poser la question “qu’est-ce que j’ai envie de faire?” même si ça ne donne généralement pas grand-chose. Je reste fatiguée, et je me demande au bout de combien de doses matinales de 2000UI de vitamine D celle-ci commencera à sortir de ses chaussettes. (Oui, bilan sanguin il y a quelque temps, vitamine D dans les chaussettes, ce qui explique probablement la fatigue que je traine… depuis loooooongtemps.)

Je me demande évidemment quel rôle je joue dans cet écosystème de partages et de communication frénétique. Je lis beaucoup, je partage beaucoup, je commente beaucoup… je me rends bien compte que si pour moi, être informée au max me rassure, pour d’autres, trop d’information est anxiogène. En fait, j’ai aussi mes “infos anxiogènes”: j’évite d’aller lire les récits de gens malades, les témoignages “première personne”… les chiffres, les analyses, les faits scientifiques, voilà ce qui me convient. La détresse à la première personne, j’en reste bien loin. Je sais qu’elle est là et ça m’est déjà assez difficile.

Ces jours j’aime lire Thierry Crouzet, un “énervé” (ses mots) qui écrit et pense bien. Je vous recommande aussi d’écouter les podcasts “Radiographies du coronavirus” (France Culture), un bel exemple de journalisme scientifique avec les pieds sur terre, et “La vie aux temps du coronavirus” (RTS, oui le “aux” me dérange mais c’est comme ça), un peu plus narratif-première-personne, mais qui donne la parole à des spécialistes divers, chaque fois sur une thématique différente. En anglais, il y a “Coronavirus Daily” (NPR), une dizaine de minutes chaque jour pour être à la page.

J’essaie de lâcher face à la chloroquine, à Raoult, aux gants, aux masques portés de travers dans les magasins, aux appels aux tests généralisés alors que c’est juste pas possible. J’essaie de ne pas trop penser aux “anti-vaccins” et à ce qu’on va entendre quand on aura enfin un vaccin contre ce virus. Je n’arrive pas toujours bien. Je me demande comment être utile au-delà de mon entourage immédiat pour notre petit monde romand qui se retrouve trainé de force dans le numérique, bon gré, mal gré. Je découvre le plaisir des appels vidéo, moi qui les snobais plutôt (je préfère mille fois mieux “voir en vrai” les gens). Je m’inquiète un peu pour mon vieux chat qui n’a plus ses traitements “doux” pour son arthrose et commence à peiner en montant et descendant son petit escalier pour accéder au lit.

Mais dans l’ensemble ma vie s’est simplifiée, juste là. C’est comme si la pression de me conformer à certaines attentes concernant comment je devrais vivre ma vie s’étaient envolées. Parce que tout le monde maintenant est en train de faire du mieux qu’il peut, le fait que moi aussi, je suis juste en train d’essayer de faire du mieux que je peux avec ce que j’ai, eh bien ça me pèse beaucoup moins. J’ai plus d’indulgence avec moi-même.

Restez dedans, sauf quand il faut. Restez loin des gens que vous voyez, même si vous les connaissez. Il me semble avoir constaté que les gens restent bien loin des étrangers, mais que cette détermination à maintenir la distanciation sociale se ramollit un peu quand la personne à garder à distance est un proche. Je vois des gens qui se baladent ensemble à moins de 2m, et qui certainement ne vivent pas ensemble. N’oublions pas que chaque “contact” relie non seulement deux personnes, mais toutes les personnes avec qui ces deux personnes sont en contact. L’enfant qui a le droit de jouer avec “un unique copain” et qui ne reste pas assez à distance, eh bien ce sont les deux familles qu’il relie. Ayons conscience de qui on “porte” avec nous dans nos interactions, et de qui ces personnes-là “portent”. Rester dedans règle toutes ces questions.

Should I Stay Or Should I Go [fr]

Chalet ou appartement? Montagne ou plaine? J’ai de la chance que ceci soit ma seule préoccupation vraiment importante en ce moment. “Tout le monde” me dit de rester au chalet. Mais mon appartement est plus grand, j’ai un balcon, de la bande passante, un troisième chat, des tas de choses à ranger… Je pense que ce sera une façon “facile” de m’occuper. Ici évidemment je peux “faire” des choses, j’ai pris mon crochet et mon tricotin mais… comment dire. Ranger me semble plus cathartique.

Aujourd’hui ça va. Hier soir j’ai eu un gros coup de tristesse. Je pense que notre monde ne sera plus jamais le même. J’espère avoir tort, et je suis parfois pessimiste, mais si je n’ai effectivement pas peur pour l’humanité, qui s’en sortira d’une façon ou d’une autre, j’ai peur pour notre mode de vie, notre société, peut-être même notre civilisation.

C’est peut-être le moment de me mettre à écrire sérieusement, catégorie roman d’anticipation dystopique. A quoi ressemblera le monde de demain, avec un virus qui peut tuer et qui traine partout, qu’on peut porter et répandre autour de soi sans qu’aucun indice soit visible… Un monde ou la rencontre en chair et en os est une transgression, où l’on ne se touche plus, où nos mouvements et notre température sont surveillés en permanence… Il y a à faire avec ça, je trouve.

Je manque de patience avec les gens qui ne respectent pas les mesures de distanciation sociale. Heureusement ici au chalet je ne les vois pas (ou presque). Est-ce que ce sera différent en plaine? Je manque aussi de patience avec les personnes qui s’enthousiasment pour la chloroquine (ou l’hydroxychloroquine) alors que les résultats sont tellement préliminaires qu’on peut juste dire “faut investiguer plus”. Oui, on est désespérés, oui, on aimerait un remède miracle, oui, on veut croire que le confinement tel que nous le vivons maintenant ne durera que quelques semaines… mais il ne faut pas se leurrer.

Alors oui, quand quelqu’un est en train de mourir, on va tenter le tout pour le tout, mais ça ne veut pas dire qu’on a un traitement. Et un vaccin encore moins. Il y a des gens qui travaillent d’arrache-pied aux deux – traitement et vaccin – et tôt ou tard, il y a aura des résultats. Mais ça va prendre des mois. Des longs mois. Pas mal de mois probablement. Des mois durant lesquels notre vie restera cette nouvelle vie déconnectée de celle d’avant, une vie d’isolement et de conversations vidéo, de promenades solitaires et de rues vides. J’espère que ce ne sera que des mois.

Comme je serai heureuse d’avoir tort dans mes sombres prédictions et de pouvoir profiter des terrasses cet été. Me préparer au pire, c’est mon mode de fonctionnement, j’avoue. Mais j’essaie de faire une évaluation informée des situations avant de me préparer. J’avale les articles et les analyses, j’essaie de comprendre les tenants et les aboutissants. Et ce que je comprends, jusqu’ici, c’est que d’une part ça va être catastrophique (du point de vue sanitaire et économique), et d’autre part ça va durer. Longtemps.

Le Conseil Fédéral fait le choix, pour l’instant, de ne pas prononcer de confinement obligatoire. Il interdit les réunions de plus de 5 personnes et impose de respecter les mesures de distanciation sociale lors de celles-ci. (Ecouter la conférence de presse du 20.03.2020, vers 5 min après le début.) Je suis tiraillée. Toute la population de respecte pas les mesures. Mais est-ce que renforcer l’obligation et réduire encore nos libertés changera quelque chose pour ces personnes? Berset explique le choix (7min environ après le début). Il va falloir tenir sur la durée. Et la santé n’est pas que physique, elle est également mentale.

Nous devons donc tous prendre sur nous. Respecter ces mesures et les faire respecter autour de nous. Je ne parle pas juste des enfants mineurs qui “doivent” (!) obéissance. Je parle de notre entourage, nos proches, nos moins proches. Chacun d’entre nous a un rôle à jouer, non seulement en restant chez soi au maximum et en respectant les mesures, mais en prenant position dans notre entourage pour que tout le monde le fasse. Si on connaît des gens qui ne prennent pas les choses au sérieux, il est de notre devoir, à mon sens, de déployer argumentation, persuasion, et même pression pour amener à la prise de conscience. Alors oui, je sais, on ne fait pas boire un âne qui n’a pas soif, mais là il ne s’agit pas de la sécurité individuelle, mais collective. On doit essayer autant que possible.

Pour changer de sujet, avec l’augmentation de l’activité en ligne, et l’arrivée de toute une population “peu numérique” sur le réseau, il est important de ne pas négliger les questions de cybersécurité. Si vous êtes “lettré du numérique”, prenez soin de ceux qui vous entourent, encore plus que d’habitude. Installez des gestionnaires de mots de passe. Utilisez Teamviewer pour vous connecter à distance, installer des applications, montrer comment faire des choses (lancer un skype vidéo ou faire ses courses en ligne… quand le service reprendra). Activez l’authentification à deux facteurs partout où vous pouvez (et si possible avec Google Authenticator ou équivalent plutôt que des codes par SMS).

La sécurité “utilisateurs” est l’affaire de tous. Et dans un monde où le présentiel s’est réduit comme peau de chagrin, l’intégrité de notre identité numérique compte encore plus. Pour la grande majorité des gens, être la cible explicite d’une attaque n’est pas le scénario qui doit inquiéter. Etre une victime collatérale d’une attaque à large échelle: voilà la réalité du risque que nous courons, vous et moi.

J’aimerais aussi attirer votre attention sur l’importance de faire preuve d’esprit critique face à toutes les informations qui nous parviennent en ligne. C’est valable en tout temps, mais d’autant plus maintenant, où l’anxiété est l’émotion dominante, où la peur nous motive à chercher des réponses. Si l’info vous parvient par “copier-coller” sur WhatsApp ou Messenger, il y a toutes les chances que vous puissiez l’ignorer. Contrôlez-la dans Hoaxbuster par exemple, ou au pire, envoyez-moi un message pour me demander. Il y a assez de raisons réelles d’avoir peur aujourd’hui sans s’en rajouter encore des fausses.

Toutes les sources d’information ne se valent pas. Privilégiez les sources officielles, les grands médias sérieux ou spécialistes. Recoupez les informations. Essayez de remonter à la source première d’une info. Vous avez le monde entier de l’information au bout des doigts! Quand quelque chose est plein d’adjectifs alarmistes, anxiogènes, ou au contraire victorieux, c’est une raison de vous méfier. Si c’est trop beau pour être vrai, ça l’est probablement.

On a vu que la crise actuelle pouvait avoir un impact sur le bon fonctionnement de nos plate-formes sociales, avec les soucis de modération dont a été victime Facebook. Les processus et outils en place pour essayer de trier en amont le vrai du faux sont faillibles. Imaginez une boîte mail sans filtre à spam! Il n’est donc pas impossible que nos fils soient plus pleins que d’habitude de fake news et autres intox. Faites gaffe.

Autre sujet: les magasins ne vont pas manquer de vivres, on ne va pas mourir de faim, par contre l’accès tant aux magasins qu’à certains produits peut manquer temporairement. Ayez un peu de marge. N’attendez pas d’être à sec. Soyez proactifs. De même avec vos animaux et la nourriture et les médicaments dont ils ont besoin. Les services de livraison en ligne sont saturés, les commandes ont du retard ou sont donc même parfois carrément annulées. Donc sans paniquer, sans faire des stocks apocalyptiques, organisez-vous pour avoir “un peu plus” et “un peu plus tôt”.

Au rayon des choses sympas et positives, j’ai démarré un petit groupe Messenger avec des personnes intéressées, pour se soutenir et se motiver mutuellement à garder une activité physique malgré le confinement. Faites-moi signe si vous voulez nous rejoindre. Et si vous avez besoin d’aide pour votre “transformation numérique expresse”, je suis là aussi.

Day N, because I don’t know when day 1 was [en]

I am restless. My mind is restless. I feel stuck out of time, watching the slow-motion train wreck of the epidemic unfold before me. We are in the midst of a global crisis of historic proportion, and I’m not sure how to be, in the middle of it.

Actually, I know what the answer is. Try to live as normally as possible. But I feel like I’ve lost my normal a long time ago, in between going from freelance to government employee, then unemployed, then stuck in the weird limbo of long-term sick leave.

The sun is shining and I’m at the chalet. The cats are healthy. The building in the chalet below is getting on my nerves, because it bangs through the day, and ruins my peace. At least I would want to make the most of the peace of quiet while we are all pretty much locked up.

More than usual, I struggle figuring out what to do with myself. I’m not scared for right now, but I feel a deep dread down inside me, the fear of impeding catastrophe you cannot avert. Our world is going to change in ways we have trouble imagining right now. We are heading into the unknown, or even the unknowable.

I brought my crochet and knitting loom. My wrist is well enough that I can think of such activities again. But they haven’t left the bag. I have books to read, photos to sort. Too many things knocking around in my head that would need to be written down.

I want to be useful. I understand the online world, and with lockdown and confinement, many people who shunned or ignored it are turning towards it. There are things to do, but I’m not quite sure which ones.

And I am torn because trying to be useful is what I always do to escape from dealing with myself and my mortal life, and right now I’m trying to take care of myself first, but this is a crisis, and isn’t a crisis when one is expected to step up?

I’m trying to take things easy. Nothing I do today is going to change the face of the world, except staying at home, and I’m doing that. Thankfully we are allowed to go out here, so I can go for walks. I’m not locked up. I feel guilty for not taking advantage of that when so many others have no choice, and I am privileged to be in such a beautiful region. I’ve stayed in today.

My attempts to disconnect from the news have failed. I don’t know if it’s worth “fighting” or if I should just give in.

Even though it is not very concrete right now, I guess I am scared about people dying. And maybe me.

That fear isn’t on the surface, but I guess it messes with my head.

Au temps du coronavirus [fr]

[en] The last three weeks in Vaud, coronavirus-style.

J’ai beaucoup de mal à penser à autre chose qu’à la crise actuelle. Normal, j’imagine. Comme tout le monde je suppose, je suis un peu sous le choc, quand même. On est mardi matin, 17 mars. Hier, fermeture de tous les commerces “non vitaux”, état de nécessité prononcé pour le canton. Vendredi, fermeture des stations de ski, des écoles, restrictions de distance dans les restaurants. Lundi passé seulement (il y a une éternité), l’Etat exhorte les personnes à risque de s’isoler au max. De mon côté, je vais chez le psy, à la physio, chez le véto, et j’ai une séance de comité pour Elles Entr’Aide. A ce moment-là, c’est clair, on ne se fait plus la bise, on ne se serre plus la main. Alors qu’une semaine avant, quand le Conseil Fédéral rajoute dans les mesures de protection de la population d’éviter les poignées de main, l’ambiance générale était à trouver tout ça excessif et je me demandais comment faire pour ne pas serrer la main aux gens.

C’était il y a deux semaines!

Alors effectivement, à ce moment-là, la situation locale ne paraissait pas dramatique. Le premier cas avait été détecté dans le canton le jeudi d’avant (le 27), le lendemain on apprenait l’annulation de toutes les manifestations de plus de 1000 personnes. Personnellement, c’est ça qui m’a fait l’effet d’un électrochoc, et qui m’a fait passer de “euh mais bon c’est un peu comme une grippe en plus grave” à “branle-bas de combat”. Et l’annonce “pas de poignées de main” le 3 (un gros truc quand même ici, culturellement) a fini de me faire prendre conscience qu’on n’allait pas y échapper. Y échapper? A tout ce qu’on a vu jusqu’à présent, et aux mesures encore plus sévères qui nous attendent dans les jours et semaines qui viennent.

Entre lundi et mardi (le 2 et le 3) les annulations ont commencé à pleuvoir: les cours de judo, décision difficile prise en urgence pour le lundi soir, chapeau à mon prof, sa femme, et l’équipe “de crise” qui a eu le courage d’agir rapidement alors que le public n’était pas forcément sur cette longueur d’onde; les répétitions de chant pour le concert prévu en 2021 en l’honneur de mon ancien chef de choeur décédé, qui devaient commencer mercredi; une réunion “conférence-réseautage” prévue jeudi soir. Samedi, une copine est venue chez moi; dimanche, je suis allée au hammam avec une autre.

Le 28, j’avais déjà acheté quelques boîtes de conserve supplémentaires. Je fonctionne “aux stocks” en temps normal, donc mes armoires et mon congel sont plus ou moins toujours pleins, ce qui fait que je n’ai eu qu’à compléter un peu. Mardi 3 j’ai rajouté une couche et acheté du savon liquide pour les mains (il n’en restait plus des masses en rayon). Samedi 7 j’ai fait des commandes de réserve pour les chats, vérifié que j’avais de l’avance dans mes médicaments et les leurs. Comme ça je serais tranquille.

Le premier décès dans le canton c’était le jeudi 5, une semaine tout juste après l’annonce du premier cas. Donc après-demain, cela fera trois semaines depuis le premier cas et 2 semaines depuis le premier décès.

Je sais, je n’arrête pas de calculer les jours et les semaines, parce que le temps a pris une tout autre texture que d’habitude et je m’y perds.

Hier à midi je suis allée faire des courses pour un proche et sa famille. Les rayons à Denner et à la Migros étaient encore bien vides. Certes pas par manque de vivres, mais parce que tout remettre dans les rayons, ça nécessite des bras et ça prend du temps. Tout ça en effectif réduit vu que les personnes à risques doivent rester chez elles. Le rayon des légumes était bien fourni, par contre, je pense que c’est celui qu’ils ont restocké en priorité.

Si on fait une commande sur Le Shop, elle n’arrivera pas avant le 1er avril (hier c’était le 31 mars, dimanche soir le 27). Les gens ont peur, c’est normal, mais de grâce, ne cédez pas à la panique. Si vous avez de quoi tenir 2 semaines, vous êtes OK. Si vous êtes “à risque” (plus de 65 ans ou maladie chronique”, de grâce, faites-vous livrer ou demandez à vos proches ou voisins de faire vos courses. Il y a sur Facebook des groupes d’entraide qui voient le jour, et j’y vois plein de personnes proposer leur aide pour ce genre de chose. (Lausanne, Morges, Riviera, Yverdon… cherchez “entraide” et le nom de votre ville/région sur Facebook.)

Je ne suis pas trop inquiète pour moi. Je suis non seulement hors du temps mais hors du monde, en arrêt de travail encore, alors qu’avant mon opération j’étais déjà en recherche d’emploi. Proprement dans les limbes, mais ça rend le confinement facile. Alors bon, je tournicote un peu, cherchant comment je peux être utile autrement qu’en ne sortant pas (déjà utile), en “faisant campagne” autour de moi pour que les gens prennent les mesures au sérieux et se protègent (beaucoup sur Facebook), en me demandant où mes compétences en transformation numérique pourraient servir, parce que faut se le dire, cette crise va donner un gros coup d’accélérateur à la numérisation. (Si vous avez besoin d’aide pour vous mettre à Skype ou aux achats en ligne, faites-moi signe.)

Je suis un peu inquiète pour mes proches à risque, mais ils semblent être sages. Bien plus inquiète pour nous en tant que collectivité, pour les professionnels de la santé et tout ceux qui voient leurs conditions de travail chamboulées, mes anciens collègues indépendants qui voient venir la grande galère financière (j’espère vraiment que l’Etat va mettre en place quelque chose pour eux). Inquiète aussi pour les personnes déjà isolées et qui en souffrent, qui vont se voir encore plus isolées avec le confinement actuel. Je me demande à quoi ressemblera notre monde post-crise, avec le coût économique et humain que nous allons payer, la récession inévitable, mais peut-être aussi des transformations positives.

Il y a bien des années, alors que je m’étais retrouvée en consultation aux urgences psychiatriques, on m’avait dit “alors vous êtes en crise, mais la crise c’est une chance, car c’est l’opportunité de réel changement”. Je crois que c’est également vrai à l’échelle de la société.

Prenez soin de vous et de vos proches. Soyez sages. Et pour les “colibris” parmi vous, ici on est réellement dans une situation où “chacun doit faire sa part”. C’est le moment de mettre en pratique.