Fenêtre de tolérance émotionnelle: comment me ressourcer? [en]

Mon retour d’Inde a été (est?) difficile. Aujourd’hui ça va – en fait, depuis une petite semaine, “ça va”. La semaine dernière j’ai galéré, par contre. Et depuis, je réfléchis pas mal, non pas à ce qui fait ou a fait que ça va pas, mais à ce que j’ai fait, ou comment ça se fait, que j’ai réussi à me sortir du fossé où j’étais embourbée.

En fait, à un moment donné, je me suis souvenue que j’avais une boîte à outils (cognitive) pour faire face au type de situation où j’étais coincée. Je l’ai mise en action, et ça a tout de suite été mieux – même si évidemment, globalement, ceci reste une période difficile. C’est un schéma que je connais, à part ça: aller mal et n’avoir plus aucune conscience qu’on sait faire des choses pour aller mieux. La boîte à outil n’existe plus, comme les légumes au fond du bac en bas du frigo. Si je le vois pas, c’est pas là.

J’ai eu une discussion fort enrichissante lors de ma séance en début de semaine à As’trame. Petite parenthèse, cette fondation ne s’adresse pas qu’aux enfants, et en ce qui me concerne je suis enchantée par leur accompagnement. Si je devais résumer cette discussion, pour ce qui nous intéresse ici, elle portait sur l’idée de la fenêtre de tolérance émotionnelle, et sur identifier les choses qui me ressourçaient.

La métaphore de la fenêtre de tolérance émotionnelle (window of tolerance) est intéressante et me permet de mettre des mots sur quelque chose que j’avais de la difficulté à exprimer jusque-là. Ce sentiment de ne pas avoir “d’amortisseurs”, ou de rouler sur les jantes, les pneus usés jusqu’à ne plus être là, et donc de ne pas avoir la capacité à faire faire ou “gérer” les événements un peu contrariants de la vie.

L’idée est la suivante (si vous googlez vous allez trouver ce concept proposé en 2019 à un peu toutes les sauces, y compris pseudoscientifiques; j’ai mis deux liens plus haut qui me semblent pas trop mal): il y a une zone dans laquelle on arrive à réguler correctement ses émotions. C’est la fameuse “fenêtre”. Hors de cette zone, on n’arrive plus, ou pas assez bien, on peut avoir le sentiment que l’émotion prend le dessus et on tombe soit d’un côté “hyperactivation” (crise de colère ou de panique par exemple, “ON”), soit “hypoactivation” (dépression, engluement… “OFF”). La largeur de cette fenêtre peut être variable selon les individus (merci la loterie et les aléas de la vie) et aussi selon les périodes, suivant ce qui nous arrive. J’ai trouvé un article avec des illustrations/schémas un peu parlants.

Donc là, clairement, je suis dans une période où ma fenêtre de tolérance émotionnelle n’est pas très large. Ma tolérance au stress ou aux contrariétés est très limitée. Il suffit de pas grand chose pour que je “dégringole”. Clairement, un deuil, ou la réactivation de celui-ci, ça fait rétrécir la fenêtre. Avec le temps, mais aussi avec certaines activités, elle va tranquillement s’élargir. Mais ce n’est pas un processus linéaire.

La question suivante c’est donc: quelles sont les choses qui, pour moi, permettent d’élargir cette fenêtre? En somme, les choses qui me ressourcent? J’avais toujours eu du mal avec cette question, “qu’est-ce que tu fais pour te ressourcer”, parce que je ne comprenais pas bien ce qu’on entendait concrètement par “se ressourcer”. Maintenant, si on dit “se ressourcer = élargir la fenêtre de tolérance”, ça me parle beaucoup plus. (On pourrait discuter: est-ce élargir la fenêtre, ou revenir dedans quand on en est sorti? et est-ce qu’on y revient de la même façon si on a filé du côté “hypo” ou “hyper”? Laissons ça de côté pour le moment.)

J’ai donc commencé à faire un inventaire de ces activités. L’une d’entre elles, un peu surprenante, c’est de faire un puzzle, par exemple. La semaine passée j’ai eu une impulsion soudaine de démarrer un puzzle, et quelques heures après je me sentais déjà bien mieux. Pourquoi? Que s’est-il passé? Comme je le comprends, j’étais dans un état émotionnel qui n’était pas gérable pour moi. Je ne voulais plus sentir ce que je sentais parce que c’était “trop”, et je n’arrivais pas à en faire quoi que ce soit si ce n’est rester bloquée dans une spirale descendante. En faisant un puzzle, je sors de cet état “figé”, parce que c’est une activité facile pour mon cerveau, qui demande de la concentration mais qui est très rentable niveau gratification: les couleurs, le toucher, et surtout, trouver deux pièces qui vont ensemble! C’est donc une activité qui me demande très peu d’effort à initier, qui est active, gratifiante, et m’aide à prendre de la distance avec mes émotions.

Sinon, clairement, les activités sportives “intenses” comme le judo, le ski, la voile dans certains contextes, ça permet d’une part de me dépenser physiquement (et les émotions… c’est physiologique!) et en faisant une activité qui m’oblige à y consacrer mon attention. Quand je suis en train de combattre au judo, je laisse toutes mes préoccupations du moment au vestiaire. Je n’y pense pas une seconde. En combat, on ne peut pas être distrait: on se fait tourner. Et avec les années (30 ans bientôt) il y a un ancrage qui se fait: personnellement, dès le moment où je me change et où je suis sur les tapis, je suis, par habitude, en “mode judo”. Le ski, comme j’aime skier, vite, c’est similaire. Si je ne suis pas ultra concentrée, je risque la chute. Je suis donc 100% concentrée sur ce que je fais, ma trajectoire, les sensations corporelles, etc.

Marcher en montagne ça le fait aussi, être dehors, dans la nature, avec de grands espaces autour de moi. Un bain chaud, un massage, un hammam, les bains thermaux – plus directement corporel, mais ça le fait. Ecrire, évidemment, et aussi les moments de lien et de partage véritable, où je peux être entendue. Un peu de méditation, une turbo sieste, de la relaxation. Il y en a peut-être d’autres mais maintenant que j’ai compris de quoi on parle, je vais enrichir mon inventaire.

Il y a des activités que j’aime mais qui ne me ressourcent pas, ou pas toujours. Le chant par exemple, ou voir du monde. Les jeux de société, j’adore, mais après je suis épuisée dans la tête. Faire à manger, j’aime mais ça ne me ressource pas. Ça fait quelques années que j’ai mis ensemble que le fait d’aimer quelque chose ne signifie pas qu’on se “ressource” ou qu’on en sort en étant “mieux” après. Avant, je n’avais pas fait ce lien. C’est important.

Aujourd’hui j’ai une journée assez libre devant moi, et je réalise, en contraste avec mes journées tranquilles au Rajasthan, que j’ai du mal à vraiment ralentir, me poser et “débrancher” (mon cerveau des soucis de la vie). Et je me demande pourquoi. Et j’ai une piste. Ici, je n’arrive pas à ne pas avoir en tête la liste interminable des choses que je devrais ou pourrais faire. Il y a la poubelle à vider, un peu de vaisselle à faire, la lessive, le coin du couloir à ranger, la valise à finir de ranger, l’autre coin ici à ranger (en gros tout l’appart est à ranger), faire des choses pour décorer mon lieu de vie et le rendre plus accueillant, chaleureux et agréable, du courrier à ouvrir, des photos à regarder et avec lesquelles jouer (je n’aime plus dire traiter ou trier), quelques soucis sur mon site web à gérer, des vidéos à faire pour Diabète Félin, une pile de documents à compléter, je pourrais sortir faire une promenade, ah oui descendre au bord du lac voir le bateau après tout ce gros temps, faire les courses, planifier les prochaines vacances, regarder ma série, aller au cinema, pourquoi pas, enfin commander les cartes de crédit avec cashback dont m’a parlé mon père, organiser une après-midi jeux de société, réorganiser les armoires de la cuisine, les habits pour la saison froide, acheter ou louer des skis… Ça vous fatigue, tout ça? Eh bien moi aussi.

Donc, même quand j’ai décidé de prendre une journée tranquille pour me relaxer, je n’arrive pas à ne pas “voir” tout ça. Je lutte contre une paralysie du choix, soit je fais des trucs utiles et je me suis pas ressourcée, soit j’essaie de me ressourcer mais je culpabilise de ne pas avoir avancé sur toutes ces choses que j’ai à faire.

Au Rajasthan c’était simple. J’étais en vacances, physiquement loin. Sur le menu, je pouvais: prendre des photos, sortir me balader, m’étendre sur mon lit en écoutant un podcast si j’étais pas trop en forme, regarder mes photos, écrire, attendre le repas suivant…

Je pense qu’il me manque des outils, par là, ou que je n’ai pas encore bien trouvé comment adapteur ceux que j’ai à cette situation. Je sens que c’est à chercher en direction de la restriction – je fais ça quand j’ai une “obligation de productivité” et que je n’arrive pas à démarrer sur quoi que ce soit: au lieu d’essayer encore et encore, je me donne 15 minutes avec timer pour essayer, et si ça ne marche pas, je laisse tomber jusqu’à l’heure suivante (ou la journée suivante, la semaine suivante). Donc là, pour créer un contexte où je me sens plus libre de faire des activités ressourçantes, inventorier/limiter les activités productives que j’ai le droit de faire dans la journée? Je réfléchis à haute voix en écrivant, c’est gentil de me tenir compagnie.

Aujourd’hui par exemple: la lessive et les courses, c’est assez obligatoire que je les fasse. Et les poubelles. Ce week-end il faut que j’ouvre mon courier et probablement que je fasse un peu d’administratif. Les autres choses, même la valise éventrée dans ma chambre à coucher, ça peut attendre. Le bateau, ce serait quand même bien que j’y passe. Samedi je suis au chalet toute la journée pour m’occuper du jardin avec mon frère. Donc je pourrais dire, aujourd’hui je fais la lessive, les courses, les poubelles et je fais un crochet au bateau en allant aux courses. Dimanche, je fais 1 à 2h d’admin et c’est tout. Et le reste du temps, je n’ai pas le droit de faire des choses “productives”. Ça me stresse, l’idée de procéder comme ça, je vous dis pas! C’est pas évident de trouver l’équilibre entre “j’ai besoin de faire des activités qui me ressourcent” et “j’ai besoin de diminuer ma pile de “je devrais” pour me sentir moins stressée et sous pression.

Sur ce, je vais chercher une photo sympa et sans rapport pour illustrer cet article, et aller mettre ma lessive. Puis je vais démarrer un nouveau puzzle. Ah ben voilà: je vais vous mettre en photo le puzzle que j’ai terminé hier, celui qui m’a aidée à sortir de mon trou. Je sais, il manque deux pièces. C’est triste mais ça ne me sort pas de ma fenêtre de tolérance émotionnelle!

Cold Switzerland and New Things [en]

One thing I have succeeded in bringing back from my holidays is the desire and determination to blog. I’m trying to lower the bar, and not worry too much if I seem to be rambling on more than crafting content. I’ve always loved the “interaction/expression” aspect of blogging – over “communication”. Anyway, it’s cold here in Switzerland, and dark, and gloomy, and did I mention it was cold? Today was my first day back at work. I’m a bit disoriented, to be honest, but it went OK enough.

At home tonight I listened to The Secret of a Long Life (a Radiolab episode). It is about our sense of passing time, and how it is linked to memories and novelty. You know, the way the first few days of holiday go slowly by, and then everthing speeds up and suddenly you’re on the plane home? During the first days, everything is new and memorable. So it feels like the days were long. But then your days are less and less different from one another, and time starts shrinking. Taking the research on the subject literally, Sindhu goes off to try and live a week of absolute novelty. Doing only new things, eating only new things, sleeping in a different place every night.

Having just made the decision to spend 10 days of holidays in the same bed in Rajasthan every night instead of in a different place in Nepal every night, of course this had my attention. It also had strong echoes to my early 2019 realisation regarding making memories (yes, another podcast episode involved). Following that, I remember I had been very deliberate, when Aleika came to visit shortly after, about planning various activities to make for more memories. I must admit that over the last years, my focus has moved more towards creating routine and stability. I need it, but I know I also need novelty. How does one find a balance between the two?

All this reminds me of another podcast episode, Making the Good Times Last, which I listened to a few months back. It is about the science of savoring, and this connects with an idea put forward near the end of the Radiolab episode: it’s not just/so much doing new things that counts, but focusing our attention on them. You can see how this fits in with some kinds of mindfulness practice, or the importance of sensory perception in hypnotherapy (yes I still need to write about hypnotherapy).

As I try to navigate through life, I find myself cooking up plans (mental plans) to organise and schedule my life and activities. For example, I brought back a recipe book from Rajasthan: how about I cook one recipe from the book every week? Or, doing new or unusual things. Maybe I should make sure I do it at least once every month? Peak experiences: should I go to the cinema more often, for example? The list can go on and on, and the problem is that if I did try and put this into practice, I would probably quickly end up suffocated by everything I want to do. (I already tend to, just as things are – thanks, hyperactivity.)

So, how much routine? How much newness? How much simply paying attention to things differently? How do I navigate life whilst at the same time respecting my need to spend time in my comfort zone, and my need to discover new and exciting things, and hold down a job? Should I move the furniture around in my flat more? (23 years in the same flat, heavens.) I feel I already don’t have enough time to do all the things I know I enjoy doing, how many more should I explore?

So many questions. I didn’t take a photograph of the lake and the clouds and the mountains with snow on top this morning on my commute – it was stunning – so I’ll leave this post without a photo, for once.

Flight Podcasts [en]

On my flight back home, I listened to a certain number of podcasts. I had some fitful sleep too, but not enough (overnight flight).

After finishing the episode of Heavyweight I was listening to, I immediately went for part 2 of the Search Engine piece on ADHD medication. (I talk about part 1 in a previous post.) As promised, and expected, the story it told was much closer to mine: a woman who discovers methylphenidate in her mid-thirties, which is life-changing for her – and she wonders why it took her so long.

Her story and mine are at the same time very different and very similar. Very different: she started really struggling with reading in childhood after surgery to remove a brain tumour when she was eight. I had none of that. I did, however, have heart surgery when I was six. And what she describes about how her operation is talked about (or not talked about) in her family feels very familiar. What she says about getting the implicit message, again and again, that “everything is ok”, “it’s normal”, “nothing is wrong”.

She was very objectively struggling as a child, and I think I can honestly say I was not. Academically, that is. Socially was another matter. Being good at school ended up defining me. At one point in the podcast, PJ and his guest talk about the two different paths they ended up going down, regarding their difficulties in school: “I’m not even going to try” and “I’ll manage, whatever the cost”. I think I spent a lot of my life “managing” without even realising there was a cost. It was “normal”, right. I do remember one episode, though, where I was getting a bad evaluation (it had to do with presenting science reports). I made some effort at improvement, and still got the same bad evaluation. My reaction was clearly “forget about this”. Thankfully my parents intervened, we talked things through with the teacher and started over with more support for me and an assurance that my efforts would be rewarded.

This reminds me of the Hidden Brain episode on perfectionism I listened to a few weeks back. It was a revelation to me. I’ve always seen myself as “over perfectionism”. I understood, as a teenager, that wanted to do things “too well” was keeping me from doing them. So I made a deal with myself that it was better to “just do, even not well” than “not do, perfectly”. And generally, what I do still is viewed as at least “very good”. I thought I had cracked perfectionism. For me, perfectionists are people who spend hours doing and redoing their tasks until they are perfect. People who are hard workers.

I’m none of that. I’m a first draft person. Quickly throw something together and be done with it. One might even say, on my internal compas, minimalistic. You know, Pareto’s Law – I do the 20%.

But listening to the podcast, I was shocked to hear that my strategy was in fact another kind of perfectionism. The drive behind is the same. The bar I set for myself is still impossibly high. Only, I set myself up to fail reaching it, from the start. If I don’t really try, then it makes sense I won’t reach it, right? If I didn’t really give it my all, then it hurts less when it’s not as good as it could.

Looks like I’ve been fooling myself all these years, and I am indeed a perfectionist, despite my frantic attempts not to. I have to say this realisation upset me – not because I was wrong, but because it forced me to realise that there is where lies the source of the excruciating pressure I put on myself.

Back to the Search Engine episode: the first part had bothered me also by the use of “amphetamine” (and “speed”) to cover ADHD medication. Methylphenidate is not amphetamine, and at least in Switzerland, amphetamine is not prescribed unless there fails to be a result with methylphenidate. I thought the tone was a bit dramatising of the drug (which is understandable given PJ’s personal history). So, I’m really glad this second part showed another type of ADHD story. In a way, it’s all very well to want to throw away the meds when you’ve lived your whole life on them, but that’s also maybe forgetting that they helped you bring you where you are. I’m surrounded by so many people who have gone through life with no diagnosis and no meds (like me), only to come crashing down somewhere in their forties or fifties. And at least in Switzerland, getting an ADHD diagnosis as an adult is hard, so imagine try to get that sorted out when you’re reached a state where you’re barely functioning anymore.

Unlike PJs guest, I take my medication even on my days off, because what I struggle with (without) is simply managing daily tasks, emotions, life in general. It’s not “just” for reading or concentrating. It’s to reign in some of my hyperactivity so that I can actually get somewhere, and not feel too shitty while I’m getting there.

So, definitely an episode to listen to, probably before the first part, actually.

After that I continued with Radiolab’s Poison Control. A rerun that I hadn’t heard the first time around (I think), and as always, very interesting. I’m not sure it’s the kind of episode that’s supposed to make you cry, however – the fact I was in tears listening to it probably says more about my mental state on that plane in the middle of the night than about the podcast itself. Do listen.

One of my very favorite podcasts is Meta de Choc, a French podcast on “why we believe what we believe”. It often covers topics linked to New Age spirituality – not as innocuous as you may think. The host, Elisabeth Feytit, does an extraordinary job of explaining very clearly what is at stake, why these beliefs are problematic, and where they stem from. This episode was on modern day witches (think wicca) and the sacred feminine. If you understand French, I definitely encourage you to listen. It’s possible that like me, you’ll feel a mixture of gratitude (and relief) that somebody is putting in words your concerns, and discouragement at how difficult/impossible it is to talk somebody out of this type of belief. As somebody said, you can’t reason somebody out of the position they didn’t reason themselves into in the first place.

To continue losing hope in humanity (what was I thinking?) I followed with the first three episodes of The Kids of Rutherford County. Seriously, in what dystopian world is it even imaginable to consider throwing elementary school age kids into jail (handcuffs, jumpsuit and all – as young as 8 years old) for a schoolyard fight scene? I listened at those three episodes in shock and disbelief. What is WRONG with people? I just don’t have the words (and you know me, usually I have more than enough words). It boggles the mind.

For good measure, I did include two Heavyweight episodes (Nick & The Elliotts) in my listening queue. That’s probably what saved my remaining sanity.

Aside from podcast recommendations: I made it home, tired (couldn’t stay awake in the train from Geneva, was afraid of missing my stop) and drained, but happy to see Oscar, who was visibly happy to see me too. It’s rainy and foggy and windy and stormy and cold here. I’m glad I planned on having a day off to settle before going back to work on Tuesday. I’ll go back to trying to fix my Lightroom sync problems (very annoying), eat something, watch a series or two and have an early night (easy with the jetlag). Bright side of things: I should be up nice and early tomorrow morning!

La fin en vue [en]

On sait tous comment c’est. Le début des vacances, les jours s’étirent et le temps ralentit. Et soudain, on se retrouve presque à la veille de rentrer, un peu désorienté et dépaysé, à se demander si le monde normal de “à la maison” existe vraiment.

Demain, je rentre à Sonipat. Une nuit et un jour là-bas, puis direction Delhi pour prendre mon avion au milieu de la nuit, très tôt dimanche matin. Cela fait bien une semaine que je ne sais plus quel jour on est. On est jeudi, mais ça ne veut plus rien dire.

Juliette Armanet chante “c’est la fin” en boucle dans ma tête. Je pense à toutes les choses que je n’aurais pas faites durant mon séjour, tous ces possibles qui ne se sont pas réalisés, je m’exerce à “lâcher”. Des choses que je pensais ramener, bijoux, tissus, et autres peut-être, pour lesquels il me semble maintenant déraisonnable de fournir l’effort, au risque de regretter plus tard, de me dire “j’étais là, j’aurais quand même dû profiter”. Les habits que je voulais acheter avant-hier (ou était-ce hier?) et que j’ai remis au rayon car les cabines d’essayage n’avaient pas de lumière (nuit noire) et que ma capacité à communiquer avec le personnel du magasin n’a pas suffi à les faire marcher, ou apparaître, et après avoir attendu et attendu j’ai cru comprendre qu’à midi il y aurait la lumière, et je n’allais pas attendre là une heure dans ce magasin-fournaise alors que mon idée initiale était de rentrer dans le magasin, trouver 2-3 trucs, essayer, acheter, rentrer. J’accepte relativement bien tout ça.

Mais c’est la fin. Je ne l’ai pas vu venir. On est jeudi soir, dimanche matin je suis de retour à Lausanne, quelques heures de décalage horaire perdues en l’air entre Delhi et Zurich.

Me suis-je assez reposée? Ai-je assez récupéré? Y a-t-il un bilan à ces vacances qui ont démarré par un changement d’aiguillage assez brutal? Ai-je fait ce qu’il fallait? Vais-je revenir dans ce coin du monde un jour, ou est-ce que je quitte à tout jamais le Rajasthan, cette ville, ces gens? Vais-je réussir à ramener dans ma vie en Suisse un peu de ralentissement, de sérénité, d’équilibre? Non pas que j’idéalise mon temps ici, je ne veux pas croire ou faire croire que j’ai trouvé la paix et la sérénité ou un rythme de vie que je pense transposable en Suisse dans une vie professionnelle active, mais j’ai pu reprendre contact avec un certain goût du temps qui passe, du faire, de l’être, qui m’ont un peu manqué ces dernières années dans ma vie, et je rentre avec l’espoir de réussir à me servir un peu dans cette petite boîte à épices indienne que représente cette dizaine de jours à Nawalgarh, et aussi la crainte d’échouer complètement à cela.

Les phrases longues c’est pour vous montrer comment c’est dans ma tête.

J’ai peur d’arriver à la fin, alors que je suis déjà sur le seuil. La fin, comme la fin de la vie, c’est clore, c’est dire adieu à tous les potentiels, à tous les possibles. Quand on meurt, la somme de notre vie est faite. Elle est entière. Elle est comme elle est, ou plutôt a été. Il n’y a plus de marge de manoeuvre pour changer, pour être autre chose, faire autre chose, surprendre ou se surprendre, décevoir ou être déçu.

Loin de moi l’idée de mettre sur le même plan deux semaines de vacances et une vie qui s’achève, mais le mécanisme de clôture est là aussi. Tant que les vacances sont encore en cours, leur sens n’est pas complet. Elles peuvent encore apporter ceci ou cela, donner l’opportunité de faire, d’observer ou d’accomplir – de mettre du sens dans cette parenthèse au milieu de la vie ordinaire. Une fois que c’est fini, une fois dans l’avion du retour, l’histoire est écrite, la pièce est jouée, ce qui est fait est fait et ce qui n’est pas fait n’est pas fait. On peut tirer un bilan. On n’est plus dedans, on est dehors, à chercher à faire sens, peut-être, mais ça ce n’est plus du vivre, c’est de l’analyse, du commentaire, de l’interprétation, du discours sur. Un voyage qui se termine, c’est un espace qui se ferme. Un délai avant lequel il reste encore un peu de temps pour quelque chose, qui réveille désagréablement en moi ce sentiment d’urgence de vivre dont je parlais hier.

Comment faire, pour vivre ce jour qui vient comme s’il pouvait être suivi de tant d’autres, alors que je sais pertinemment que c’est le dernier? Aujourd’hui, alors que j’étais couchée sous mon ventilateur entre un repas et une sieste, j’écoutais un épisode du podcast The Pulse: How We Talk About Death. Il y a une histoire qui me prend à rebrousse-poil, mais qui me fascine aussi, parce que ça va tellement à l’encontre de mes croyances sur le monde que je me demande si je ne suis pas en train de rater quelque chose. Ce couple, dont l’un des deux est HIV+, qui se rencontrent dans les années 90, et vivent ensemble 30 ans sans jamais avoir les fameuses discussions sur la mort qui est à l’horizon, restant sciemment dans le déni en quelque sorte, et malgré les alertes, les hospitalisations, les “ça n’a pas passé loin”, continuent à vivre comme si cette épée de Damoclès n’était pas là – une formule qui leur a fort bien réussi, semble-t-il.

Alors, en continuant avec mon parallèle douteux entre les vacances et la vie, la fin du voyage et la mort, est-ce que j’arrive à vivre demain matin comme si je ne rentrais pas? A ne pas voir ce mur dans le temps devant moi, à me balader en ville comme si je pouvais y revenir demain? Est-ce souhaitable? Qu’est-ce qui me retient?

Je ne sais pas.

Avoir le temps [en]

J’ai toujours vécu avec un sentiment d’urgence vitale. Littéralement. Il y a tant de choses que je souhaite faire (hyperactivité, allô) et nous ne sommes pas éternels (j’ai appris jeune que chacun pouvait mourir demain). Il y a en moi une énorme pression interne à “profiter de la vie”, “faire”, accomplir des choses afin que ma vie ait un sens. Un sentiment de “pas assez de temps”, qui se manifeste également par une absence d’envie de dormir, une activité que j’ai tendance à percevoir comme du “temps perdu”.

Tout ceci est pas mal pourri, évidemment, et certainement le résultat de la combinaison entre TDAH et parcours de vie. Maintenant, j’ai quand même du recul par rapport à ça, et il y a eu du changement depuis que je suis sous traitement. J’aime beaucoup plus mes nuits, par exemple, et comme j’arrive effectivement à “faire” plus, je me sens beaucoup mieux par rapport à ma vie. Mon angoisse existentielle a également largement disparu. Auparavant, j’avais déjà compris que cette pression à faire et profiter me paralysait, et m’empêchait ironiquement de “profiter” de ma vie. Pourri, je vous ai dit.

Il y a quelques mois, mon chef m’a posé une question dont la réponse était évidente pour moi, mais qui m’a permis de vraiment expliciter un aspect de mon fonctionnement. Il m’a demandé si, dans une situation où j’avais du mal à avancer sur une tâche, un peu de pression supplémentaire m’aidait ou non. Clairement, cri du coeur, la réponse est non. En fait je me mets déjà une énorme pression interne pour à peu près tout (y’a quelque chose à écrire là au sujet du perfectionnisme et de ses manifestations), et comme dit plus haut, plus le stress grimpe, plus la pression augmente, plus je culpabilise de ne pas faire (“assez” – et je vous laisse imaginer à quelle hauteur est la barre) et moins j’arrive à faire. Typique des mécanismes de procrastination, typique TDAH.

Là où je suis le plus capable de produire, c’est quand il n’y a pas de pression (“il faut faire”) mais de la motivation interne (“j’ai envie” ou “c’est important”). Cette motivation interne, c’est une sorte de cri du coeur (“impulsivité/impulsion” si on veut un vocabulaire un peu plus scientifique) qu’il m’est difficile de commander. C’est là où c’est pas là. C’est “on” ou “off“. Qu’est-ce que j’aimerais en avoir la clé! A nouveau, avec mon traitement c’est plus nuancé, et c’est plus facile qu’avant d’accomplir des choses pour lesquelles je n’ai pas une grande motivation. Je suis moins susceptible d’être embarquée par mes élans à des moments moins opportuns, aussi. Je peux résister.

Un domaine où je vois ça très fortement à l’oeuvre, c’est dans la création de vidéos et de documentation pour la communauté Diabète Félin. Si l’élan est là, hop, je fais une vidéo ou je passe 3 heures à écrire, et c’est fait. Mais si l’élan n’est pas là, j’ai beau me rappeler que cette tâche est importante pour un projet global qui me tient à coeur, ça ne prend pas. Idem pour l’écriture. Les rares fois où j’ai écrit dans le cadre d’un mandat où il fallait produire, c’était vraiment pénible. Par contre, quand j’ai une idée pour un article, hop, j’écris, et voilà.

Comme mon chef l’a très bien résumé: le management par objectifs, c’est pas trop pour moi. Ce qui peut être difficile à comprendre, toutefois, c’est que si les objectifs et la pression ont tendance à me “casser”, je fonctionne plutôt bien face à une bonne situation de crise (mais une vraie, pas une fabriquée: l’importance et l’urgence doivent être une évidence).

Depuis quelques années, j’écris moins. D’une part, depuis que je ne suis plus indépendante, je me suis retrouvée avec la priorité soit du travail pour un employeur, soit de la recherche d’emploi. Et pré-diagnostic, il faut bien l’avouer, je n’allais pas super bien. Depuis mon diagnostic, aussi (ou peut-être même avant? c’est dur de s’y retrouver dans les années qui passent), je ressens moins le besoin d’écrire. J’ai beaucoup écrit pour me comprendre, comprendre le monde, digérer des émotions. J’ai beaucoup écrit car ça bouillonnait à l’intérieur et j’avais besoin de poser quelque part une information qui me tenait à coeur ou une prise de position. J’ai moins ça, maintenant. Une part le traitement, mais une autre part, déjà là je pense, simplement l’âge et peut-être un peu de sagesse et de maturité qui vient avec. J’ai bientôt le double de l’âge que j’avais quand j’ai ouvert ce blog. Plus du double de quand j’ai démarré ce site.

Mais aussi, je réalise de plus en plus, parce que pour écrire (et faire certaines autres choses que j’aime), j’ai besoin d’avoir le temps. J’ai besoin d’avoir du temps ouvert devant moi. J’ai besoin de ne pas sentir le poids des choses à faire, de ne pas avoir un temps limité à disposition. Je suis sûre que pour certains d’entre vous, ça semble complètement anodin de réaliser ça. La réalisation c’est une chose, réussir à en faire quelque chose, à mettre en pratique, c’en est une autre. Comment, dans mon quotidien surchargé (pas que d’obligations, aussi de choses que j’ai choisies et que j’aime), est-ce que je m’octroie suffisamment de temps ouvert pour qu’émerge l’élan de vouloir? Parce que voici quelque chose qui ne marche pas: me dire, allez, cet après-midi je ne m’oblige à rien, donc je vais pouvoir prendre le temps d’écrire, ou alors de lire, ou alors de trier mes photos… Ça ne suffit pas.

Ici, en Inde, en vacances, voilà que je retrouve ça. L’Inde est un pays rempli de temps morts, de chaleur qui cloue sur le lit sous le ventilo, de digestion capricieuse qui oblige à rien faire, d’imprévus et d’annulations, de moments dans la journée où tout s’arrête, soi-même y compris. Ce n’est pas pour rien que j’ai énormément écrit et lu en Inde. Les vacances, c’est bien aussi. On est hors du quotidien, on laisse nous soucis derrière nous, pour autant que les vacances soient assez longues et qu’elles comportent assez d’espace pour se laisser vivre.

Je suis ici depuis 10 jours. Dix jours, un début chaotique avec des projets de vacances annulés dans des circonstances difficiles, un changement radical de programme, et là une semaine, à une demi-heure près, que j’ai posé mes valises à Apani Dhani au Rajasthan. Durant mon trajet en voiture depuis le Nord de Delhi, je me suis dit “ah! je vais pouvoir écrire!” et j’ai même enregistré 45 minutes de notes sur le début de mon voyage, à défaut de pouvoir directement sortir mon ordinateur dans la voiture pour me mettre à taper. Au final, ce n’est qu’avant-hier que l’élan d’écrire est arrivé, après quelques premiers jours un peu trop actifs et un ralentissement soudain imposé par mon système digestif (rien de grave… juste le truc qui assomme et fait rester allongé sous le ventilo en attendant que ça passe…).

Quelle est la recette? Quelles sont les “conditions-cadre” (si vous avez bossé en Suisse allemande vous apprécierez la référence) pour que j’aie envie d’écrire, et écrive? Est-ce réalisable avec moins de deux semaines à disposition, en Suisse ou quelque part de plus proche? Pourquoi est-ce que des fois ça vient, des fois pas?

Une autre chose pour laquelle j’ai pu apprécier de prendre du temps c’est de trier et retoucher les photos que je suis en train de prendre ici. Comme j’avais “tout le temps du monde”, j’en ai aussi profité pour apprendre à utiliser certaines fonctions de Lightroom que je ne connaissais pas (il y en a tellement). Qu’est-ce que c’était agréable de pouvoir trainouiller à essayer des choses, sans la culpabilité d’avoir le sentiment que je “perds mon temps”!

Of Brains and Drugs [en]

India offers time to slow down, specially when your gut is unhappy. I might also have overdone it when it comes to activities – so I’ve been taking it slow these last two days and catching up on my podcasts, lying on my bed under the fan.

I’ve just listened to the episode “Why’d I take speed for twenty years?” by PJ Vogt (who used to do Reply All, and before that TL;DR). It’s about ADHD medication, its history, and PJ’s history with it. It was a slightly unsettling listen for me, given my history. There is a second part coming up, which maybe will tell a story closer to mine. I’m looking forward to hearing it.

In the meantime, here are some thoughts. Clearly the contexts in which PJ and I live are very different, regarding ADHD diagnosis and medication. The US clearly seems to have an overdiagnosis problem, and is generally very pill-happy with anything that has to do with mental health. Just take the pill and off you go. At least, that’s how I perceive it, seen from Switzerland – where ADHD is sorely underdiagnosed and even when it is, getting medication is far from easy.

PJ tells how after 20 years of taking various ADHD meds (+ antidepressants), since he was a teenager, he went off meds following the advice of his new psychiatrist to see how things would go, and figure out what was necessary. He’s still off them (a couple of years later, if my memory hasn’t been digested by my microbiome). And he has had a chance to discover – and like – the way his brain functions without. The podcast also walks us through the early years and decades of amphetamine and the search for a condition it could be the answer to. Initially an attempt at managing asthma, it turned out to not be great at it. So, there is this underlying idea of drugs looking for illnesses. In the early seventies, amphetamine (+ methylphenidate) became tightly regulated and stopped being authorised to treat depression. And that’s when ADHD diagnoses started to become more common, increasing dramatically over the next decades.

Now, nobody here is saying ADHD isn’t a real thing. However – and this is an issue I’m acutely aware of – it is a clinical diagnosis. It means that how you perform on this or that test does not determine if you have ADHD or not. What counts is the impact it has on your life. Does it prevent you from functioning, and to what extent.

PJ tells us he initially went through a series of psychometric tests, and it turns out he was below the threshold for the number of criteria required for a diagnosis (he discovered this whilst fact-checking the episode and reading through his initial medical report for the first time as an adult). One should note that diagnostic criteria evolve with time – those in the DSM-5 do not exactly match those in the DSM-IV. This means that “having ADHD” or not does contain an element of arbitrariness and subjectivity to it. Also, as it has to do with the capacity to function, one person could exhibit sufficient ADHD traits in one context, and not in another. It is not like the influenza or covid, where you “have it” or “don’t have it”.

It’s more like hearing loss, where there is a continuum starting with normalcy, and somewhere there is a cut-off point where the inability to function in the subjects life requires outside measures to compensate. I really like the parallel with hearing loss, as this is an issue I also have to deal with. Let’s dive in there.

I was born with hearing loss. I was born with ADHD. In both cases, they are not severe. I functioned for 13 years before knowing I had hearing loss, for 38 years with hearing aids, and for 47 years without knowing I had ADHD, and without medication.

As far as my hearing loss is concerned, if I live a life made up mainly of one-on-one interactions, with people who do not speak too quietly, if I don’t have to follow too many discussions with multiple people (particularly in noisy places or places with bad acoustics), if people around me take the trouble of coming up to me to speak instead of trying to communicating from the other room, and if my pace of life is mellow enough that I can recuperate from the extra effort I make in many social situations, I can live without hearing aids. And maybe, even, without “hearing loss”. When I am alone at home, my hearing loss doesn’t have much impact on my life. But I need to work, I want to have a social life, I want to have easy interactions with strangers and be able to communicate with soft-spoken people. At one point I was tired of struggling with all that, and took the plunge to get myself fitted with hearing aids. I have never looked back.

As for ADHD, maybe there is a life configuration for me somewhere in an alternate universe where it doesn’t have an impact on my life. Maybe a life where I don’t live alone, don’t have to work – or only when I feel like it, am free to fill my days with exciting things, have support for dealing with housekeeping, admin, troublesome emotions. And in a way, there have been times in my life where my life was rather well-adjusted to how I function – when I was self-employed, for example. Without really realising to what extent, I had built a career for myself which made excellent use of the particularities of the way my brain works. But as with living with hearing loss without hearing aids, it also came at a cost: missed opportunities, extra unrecognised efforts for the same accomplishments, and yes, pain, isolation and exhaustion.

I’m going through this because there is some vision of disability that leans towards “there is no disability, it’s just that we live in a world which is not adapted to our needs, abilities, or specific ways of functioning”. It comes in different shades and intensities, of course, but from my point of view, although obviously we must strive towards inclusion, it is normal that society is built to function with the “normal” in mind. It is normal that people expect me to hear when they are talking from the other room, because that is what works with the overwhelming majority of people to interact with. It is normal that people expect others to be able to be roughly on time at a meeting, because most people are able to. It is normal to write text in size 10 to 12, because most people are capable of reading at that size. Again: I’m not arguing we should not be inclusive, but I do think that there are objective differences in individuals’ ability to participate “normally” in the world we live in, and that it does nobody service to negate disability with ideas like “you shouldn’t have to take meds to be able to work and manage your household, society should adapt to you”.

Anyway. ADHD is a real thing. It’s not a black-or-white thing, but it is a neurodevelopmental disorder, it has a basis in physiology, and it can be more or less severe, and for similar “objective” severity, it can create big problems in one individual’s life and hardly any in another. I am saying this because when the discussion turns to ADHD and medication, or other neuropsychological or psychiatric conditions, there is always somebody to say that you should eat less sugar, do more yoga, tell society to go f*** itself, give yourself a kick in the pants, try harder, and also, taking meds long-term can’t be good for you.

That being said, what I really want to write about is how disturbing it is when you realise that taking a pill can change your life. Because that is what happened to me. I only have a couple of years of hindsight (who knows, maybe I started taking my pills when PJ stopped taking his), but the change is shocking for me. I went through years (approaching decades) of therapy way before I suspected I might have ADHD. I figured out a lot of stuff, sorted through it, grew a lot, came up with an impressive amount of what I now understand are coping strategies for ADHD. But my life was still collapsing. And taking a pill changed it pretty much overnight.

Five years ago, I experienced the real shock of understanding how much chemistry could transform what we think of as psychological. I had rather nasty vitamin D deficiency. After a couple of weeks of supplementation, my mood had lifted, I had stopped feeling tired and down all the time, life seemed to make sense once again. Because of a vitamin. A few years later a colleague told me how vitamin B deficiency had made her suicidal before they understood what was going on with her. We like to think that the mind conquers the body, but as an upset stomach in India can remind you, it’s more often the other way around.

Twenty years ago I was dead against taking any kind of psychoactive medication. Life put me face to the wall a couple of times and I revised my position. I still think drugs should come with therapy or counselling. Just like when you take antibiotics for an infection you’re also going to rest, if you’re on blood pressure medication you are also going to do what you can with your lifestyle to not make it worse, and if you need glasses or hearing aids you also learn to do things like sit in the front of the class, pick a quiet restaurant if you’re going to have an important conversation, and take care to preserve your eyesight or hearing.

I see two important reasons which, for me, explain why there is so much negativity around taking medication for psychological issues. First, our culture does think mind and body, spirit and physical, as separate. Taking medications that help your brain do its work better, and have an impact on what we think of as “me”, well, that kind of negates this separation of mind and matter. So it’s uncomfortable.

Second, we know enough about the placebo effect to be wary of it, but not enough about it to really understand what it does and how it works (to say nothing about how it is a key element of a double-blind randomised clinical trial). So, the assumption is “it’s all in your head”, right, you’re feeling better because you took a pill that you think is going to make you better. Improvement of psychological symptoms is not as simple to measure objectively as an infection or fever disappearing.

What makes it worse is that after some time, one gets used to the “new normal” with the medication. I have no temptation to stop my blood pressure medication because my blood pressure is well-controlled and I start to wonder if the medication is actually doing something. But life with ADHD meds, yeah, it feels all normal now, and sometimes the doubt creeps in. Do I really need these meds as much as I think I do? Was it really that bad “before”? I recognise that doubt for what it is – it happens with my hearing aids too. It’s super easy to check, however. I just have to try and go to work one day without my hearing aids and I’ll see how bad it is. Nobody will say “you’re struggling because you know you’re not wearing your hearing aids”. If I do the same thing with my medication, of course that will be the obvious assumption: it’s in your head.

For what it’s worth, I once went to a concert with people from my singing group without my hearing aids. Completely forgot them. And didn’t know I’d forgotten them. As we were waiting to go in, and I had a few exchanges with the people there, I couldn’t help but gradually notice how bad and muffled the acoustics in the hall were. I really had trouble understanding what people were saying to me. I thought it was the room. I only realised it was the absence of hearing aids when I reached up to press the button that allows me to increase the volume.

This has happened to me a bunch of times with my ADHD meds. Every now and again (rarely) I’ll forget to take them. (Scoop for people lamenting about these “horrible addictive meds”: people with ADHD regularly forget to take them… draw the conclusions.) I find myself faffing around, or having a really hard time getting something done at work or at home, and after an hour or so it slowly dawns on me… wait… did I take my meds?

Of course I wonder if I “lost” anything in the process of going “on medication”. I can clearly see what I gained. I’m happier, I’m able to do things, my mood is more stable, emotions are more manageable, my friends tell me I’m less scattered, I’m tired in the evening and actually want to go to sleep, I’m functional in the morning. I’m making plans for the future. But have I left anything behind? When you lose your hearing, what you don’t hear doesn’t exist. You don’t know that you’re not hearing the things you don’t hear. So, do I know what I left behind, if anything, with medication? Will I be like PJ in ten years, going off meds and rediscovering aspects of myself I had forgotten existed? Right now I’m happy with how things are, and have no objective reason to be concerned. But my mind wanders around and goes places, by curiosity, and this is one of them.

I’m looking forward to listening to the next episode.

Conte d’une vie [en]

Il était une fois dans un pays très, très lointain, il y a très, très longtemps, une jeune fille qui partit à l’aventure à travers le monde, car elle voulait comprendre ce qui était important dans la vie, ce qui faisait que la vie était la vie. 

Elle traversa d’abord la ville, les rues animées durant la journée, et la nuit avec les lumières. Elle demandait aux gens qu’elle croisait: “dis-moi, qu’est-ce qui est important dans la vie? qu’est-ce qui fait que la vie est la vie?” 

Certains lui disaient, “c’est l’amour qui est important, qui fait que la vie est la vie.” D’autres lui disaient, “il faut gagner beaucoup d’argent, voilà ce qui est important dans la vie”. 

Les gens lui donnaient tous des réponses différentes, et elle, elle continuait son chemin, à travers les rues et les parcs. 

Un forgeron par exemple lui dit, “tu vois, moi je fais des outils en métal, et mes outils permettent aux hommes de faire leur travail, et c’est ça qui compte vraiment.” 

Après la ville elle traversa la campagne, là encore, parlant aux gens, parfois s’arrêtant quelques temps dans un endroit, et parfois quelqu’un faisait un bout de chemin avec elle. Mais jamais elle n’était vraiment convaincue ou satisfaite par ce qu’elle entendait. 

Elle voyagea ainsi durant de longues années. Après la campagne, elle traversa la forêt, avec ses arbres immenses.

Ensuite vint la montagne, parfois sur des petits sentiers au milieu de la végétation, puis elle traversa les rivières et les déserts, et escalada les pics escarpés. Elle revit d’autres villes et d’autres campagnes, d’autres montagnes et d’autres forêts.

Finalement, son long voyage la mena au bord de la mer, sur une plage. Une plage de sable où crissaient ses pas, et dans le sable il y avait des galets et des coquillages. Au bord de cette plage, bercé par les vagues, il y avait un bateau, dans lequel elle monta, pour traverser la mer et l’océan, toujours plus loin dans sa quête interminable. 

Et dans ce bateau, à la barre, il y avait un vieux sage. 

Alors elle lui demanda, comme elle demandait à tous ceux qu’elle croisait: “Dis-moi, qu’est-ce qui est important dans la vie? Qu’est-ce qui fait que la vie est la vie?” 

Et le vieux sage lui répondit: “Je crois que j’ai peut-être une réponse pour toi. Mais avant que te réponde: tu as fait un très long voyage, et j’aimerais que tu me racontes d’abord ce que tu as vu, ce que tu as entendu, ce que tu as senti, perçu, et touché, les odeurs que tu as senties et les goûts que tu as goûtés.” 

Alors la jeune fille devenue femme lui raconta. Elle lui raconta les sons de la ville, l’odeur des échoppes qui préparaient de la nourriture. Elle ferma les yeux et lui raconta les couleurs des lumières la nuit, l’odeur des blés en été, le poids de son bagage sur ses épaules. Il y avait aussi les paysages magnifiques et les couchers de soleil, le son des chants le soir autour du feu, la chaleur des flammes sur son visage alors que l’air de la nuit fraîchissait. Elle raconta le son de ses pas sur ce petit sentier de montagne, la voix d’une vieille femme, l’odeur de la terre humide dans la forêt, la fatigue dans ses jambes après une longue journée de marche. 

Elle lui raconta tout. Et pendant tout son récit, le vieux sage la regardait avec douceur, en souriant avec bienveillance. 

Enfin, elle lui raconta la sensation du sable sous ses pieds nus sur la plage, les formes des coquillages, le son des vagues qui clapotaient sur la coque du bateau, l’odeur du sel dans l’air de la mer. 

Et là, elle comprit qu’elle avait trouvé sa réponse.

Paradoxe ou punition? [fr]

Que faire quand on a tendance à “zapper” des choses qu’on devrait faire, quotidiennement par exemple? La vaisselle, se doucher, préparer ses affaires, passer le fil dentaire, répéter son voc allemand…

Généralement, on tente par tous les moyens de se pousser à “faire”. On met des rappels. On construit des habitudes. On essaie de se motiver. On se récompense. Mais des fois ça ne suffit pas. Et si on a un TDAH, la difficulté est encore augmentée, car le passage de l’intention à l’action présente un challenge particulier.

L’autre jour, je mentionnais qu’une approche “paradoxale” pouvait aussi fonctionner pour ce genre de problème. C’est d’ailleurs grâce à ça que j’ai mis en place l’habitude (maintenant solide) de faire ma vaisselle au moins tous les soirs. De façon très résumée, l’approche est la suivante: si je “zappe” ma vaisselle, alors je n’ai pas le droit de la faire durant 4 jours.

A mon étonnement, cette façon de faire a été comprise comme punitive. J’aimerais expliquer ici en quoi elle ne l’est pas.

La situation de départ, c’est que la personne ne fait pas la tâche X. Elle ne fait pas sa vaisselle, ou ne se douche pas, ou ne prépare pas ses affaires. Elle aimerait, ou pense qu’elle devrait, mais n’arrive pas. Elle se dit “il faut que je le fasse! je vais le faire! je veux le faire! je devrais le faire!” – bref, tout va dans le sens de “faire”.

Le grand et simple enseignement de l’approche systémique de Palo Alto (à laquelle je me forme) est que si une situation indésirable persiste, malgré nos efforts répétés pour y remédier, c’est de toute évidence que ce que nous faisons pour tenter d’en sortir ne marche pas. Si ça marchait, le problème serait résolu. Si me dire “promis, à partir de maintenant je fais ma vaisselle tous les soirs” marchait, je ne me retrouverais plus jamais devant une pile de 4 jours de vaisselle. On croit souvent avoir “tout essayé”, mais notre “tout essayé” va toujours dans le même sens. Il y a un thème commun à toutes nos “tentatives de solution”. Ici: “je peux et je dois faire”.

Pire que de ne pas résoudre le problème auquel on se confronte, ces “tentatives de solution” participent à l’entretenir. (Ça, c’est un peu complexe à expliquer simplement, donc je ne vais pas le faire ici, mais ça a à voir avec la théorie des systèmes.)

Un moyen “punitif” d’essayer de se pousser à faire serait: “si je ne me douche pas aujourd’hui, je n’ai pas le droit de regarder la télé”. Mais on reste toujours dans le même thème “je dois faire”. Alors qu’en réalité on est (souvent activement) en train de ne pas faire.

L’approche paradoxale, qu’on retrouve dans l’idée de “prescrire le symptôme”, cherche à nous sortir de ce thème du “je dois faire”. Le but, c’est de changer la dynamique “énergétique” (pas au sens ésotérique, hein vous me connaissez) de notre posture face au problème. On sort de “je dois faire” et on va vers “en fait non, je dois pas faire”. Ça ôte la pression. C’est OK de ne pas faire. Et d’un autre côté, ça en met (et donc ça change la motivation) car on va dire: “c’est OK de pas faire, mais si tu fais pas, c’est sans doute que pour le moment c’est trop pour toi de le faire, donc prends un break et ne fais pas pendant x jours”. On prend la logique de ce que fait la personne (elle dit qu’elle veut faire mais en réalité, dans ses actes, elle ne fait pas) et on la met à plat sur la table, on dit “OK”, alors voyons ce qui se passe si on va dans ce sens, si on pousse cette logique plus loin au lieu de lutter contre. Ne faisons pas! Et voyons où ça nous mène.

L’autre levier qu’actionne cette approche c’est que ça neutralise le discours qu’on se tient souvent quand on “ne fait pas”: on se dit “bah, tant pis, je fais pas aujourd’hui mais je ferai demain; aujourd’hui j’ai pas le courage; je saute juste un jour, c’est pas grave, un jour.” C’est en se racontant cette histoire, qu’on va se raconter également le lendemain, qu’on se retrouve à ne pas avoir touché son voc allemand pendant une semaine. Parce que sur le moment, à chaque fois qu’on renonce ou abandonne, on se dit “c’est juste une fois, c’est pas grave”.

Mais si on dit “tu peux ne pas faire, c’est OK, mais alors quand tu ne fais pas, vas-y à fond quoi, ne fais pas pendant 3 jours”, alors on ne peut plus se dire “je fais pas aujourd’hui mais je ferai demain.” Ça devient: je fais aujourd’hui, ou bien je saute les 3 prochains jours? Les deux sont OK. Il n’y a pas de punition. Ne pas faire, c’est la situation par défaut. C’est ce que la personne fait déjà. Donc au pire, elle est pas moins avancée qu’avant, avec le bonus qu’on déculpabilise le fait de ne pas faire. Et au mieux, ça marche.

Vous aurez compris que le succès de cette méthode dépend de la logique interne qui sous-tend la procrastination. Elle ne peut donc pas s’appliquer à l’aveugle. Mais si vous sentez que la pression que vous vous mettez à faire a plutôt tendance à empirer le problème que l’arranger, c’est peut-être une piste à envisager. Mais je vous préviens: il faut du courage.

Chez qui laisser l’inconfort? [fr]

Vous les femmes qui me lisez, je pense que vous connaissez bien ce scénario: on vous fait une remarque sexiste ou paternaliste, un compliment non sollicité, un truc qui s’apparente à de la drague lourdingue ou au sexisme ordinaire.

Généralement, mal à l’aise, on part sur la pointe des pieds. L’auteur de la remarque ou de la drague mal placée a toutes les chances de ne pas recevoir de “feedback” de la part des femmes qu’il met mal à l’aise. (Je dis “il”, car généralement, n’en déplaise au ceux qui s’écrieront “#notallmen!?”, ce sont des hommes.)

Alors au lieu de juste disparaître, ou bloquer, ou fuir: dire les choses. Confronter l’autre, même maladroitement. Il ne s’est pas privé d’être maladroit, alors donc? Il n’avait pas de mauvaises intentions? Il a quand même le droit de savoir qu’il a foutu mal la personne en face.

Ce n’est pas à nous de garder l’inconfort. Il faut le remettre chez l’autre.

Il s’excuse? Est consterné, horrifié? Eh bien, il a peut-être appris quelque chose aujourd’hui sur l’effet que ça fait aux autres, et qui sait, peut-être que ça rendra service à la prochaine femme à qui il serait tenté de dire quelque chose de semblable. Laissons-le avec son malaise. Ce n’est pas à nous de le tirer de là.

(Soit dit en passant, ce qui s’applique aux remarques sexistes et aux approches lourdingues peut aussi s’appliquer aux compétences exercées entre les draps. Le gars qui ne sait pas s’y prendre pour deux sous et qui vous assure que toutes les femmes ayant passé entre ses mains étaient satisfaites… Peut-être que si l’une d’entre elles avait pris le risque de le mettre mal à l’aise en lui donnant un feedback honnête… Passons. Je précise que ce n’est pas pour rejeter la responsabilité pleine et entière sur les femmes, hein! Mais ouvrons notre gueule.)

Un autre cas de figure qui sort des rapports entre les sexes mais qui touche à cette notion d’inconfort. Vous fournissez des prestations en indiquant clairement que vous ne faites ni crédit, ni facture. Qu’on paie sur place, direct. Une personne arrive et demande, la bouche en coeur, une facture. Est-ce à vous de vous plier en disant “mais bien sûr”, pour ne pas la mettre mal à l’aise (et donc prendre le malaise sur vous), ou bien n’est-il peut-être pas plus approprié de lui renvoyer l’inconfort: “non, nous ne faisons pas de facture, nous avons bien précisé que cette prestation se payait comptant. Que proposez-vous?”

En prenant sur soi l’inconfort de la situation, on garantit à peu près qu’elle se répètera, avec nous ou autrui. En laissant la personne qui n’a pas respecté le cadre (implicite ou explicite) avec son inconfort, il y a une chance que les choses changent.

Pour beaucoup de personnes, c’est dur de ne pas prendre l’inconfort sur soi, pour épargner l’autre, même quand c’est l’autre qui nous met dans l’embarras. Ça vous parle?

What Goes On My To-Do List? [en]

As far as I can remember, I’ve used lists as a strategy to keep track of what I needed to do. Lists of things to pack when I was a child, lists of things to deal with when I was a scout leader or youth camp organiser, lists of topics to revise or courseworks to work on when I was a student… and so on.

In 2006, I discovered “Getting Things Done” and the concept of “next action”, which was hugely helpful. I’ve used various tools and methods over the years but the one I fall back to in times of stress (which tells me it’s the easiest for me to manage) is simply to write down my tasks on a double page, as they come, and cross them out when they’re done. Once the double page is full, I start a new double page, copy over the remaining tasks from the old one, and go from there.

But what is a task? What goes on this comprehensive to-do list?

In short, anything that I’m going to have to think about, or need a reminder for, or risk postponing or forgetting in the daily flow of things. Anything that will not naturally get done. Brushing my teeth doesn’t go on it, because it’s part of my routine and I do it automatically. Things in my calendar (appointments, etc.) aren’t either. But “contact garage to get new tyres” is, as is “sort through mail”, because it tends to pile up and I haven’t succeeded in building a routine for it yet. I also put things I want to do in my list, like “go to the museum for the samurai exhibit” or “write poetry” because I know now that they won’t just happen if I don’t prioritise or plan them.

If I find myself going “oh, I need to do this!” or “omg, I’d forgotten about that!” it means it needs to go on the list. Time horizon? Within a month or two.

Isn’t a comprehensive list overwhelming?

It can be, but it’s certainly less overwhelming than trying to keep it all in your head and running around like a headless chicken (forgetting important things along the way or staying up late because you forgot a deadline).

How do you use it?

Making a list is one thing, actually using it is another (and maybe the topic of another blog post). The trick is to set aside (plan!) a little time each day to check in on the list and update it. What I do these days is excerpt a weekly list from my comprehensive list when I prepare my week. During the week I work with the weekly list to produce and plan my daily set of tasks.

What about work?

I’ve always had a separate planning system (and list, or notebook) for work and non-work. Work usually happens in a defined timespace, particularly if you’re an employee. This, by the way, explains why I often struggled with my personal life organisation even though things were going fine at work: it’s quite obvious that at work I will keep track of my tasks, plan my days, etc. It’s taken me time to realise I also needed to manage my personal life in a similar fashion – and implement it.

I’ve tried, it doesn’t work!

In that case, what is interesting is to examine how it didn’t work for you. For example, looking back to when lists and planning failed for me, I realised that the key element of failure is that I was not scheduling time to plan, update my list, and schedule. Planning is a task and it needs to be planned for.

What about priorities, deadlines, task classification?

Over the years I tried many shiny task management tools, and saw that anything more than just jotting down something or crossing it out adds friction, and decreases the likelihood that I will keep using the system. If something has a hard deadline I might forget, I’ll write it down with the task. As for priorities, I find that my intuitive feeling of dread when I look at a task on the list is generally a good indicator of what needs to be dealt with first. However, bear in mind that setting priorities for my personal projects is still tricky for me (not enough constraints, compared to a work environment which makes things way easier), and I may have more to say about this as I progress in that regard.

How do you word a task?

I’m more relaxed about this than I used to be. The most important thing is to write it down, so if how you formulate it is keeping you from writing it down… don’t worry so much about the words. But over all, “next concrete action” is always good, especially if you can express it in terms of behaviour. A typical example is “find garage phone number and call for tyres” rather than “change tyres” or even “tyres”. The less your brain has to work to transform the item on your to-do list into an action, the better. I find that when I’m copying over what’s left of my comprehensive to-do list, I’ll often tweak the wording of the list items to make them more actionable (and avoid copying them over a third time in a few weeks!)

Got more questions? Ask away in the comments.