La problématique des formations de pointe [fr]

[en] I write a weekly column for Les Quotidiennes, which I republish here on CTTS for safekeeping.

Chroniques du monde connecté: cet article a été initialement publié dans Les Quotidiennes (voir l’original).

Depuis que mon expertise en matière de blogs et autres médias sociaux me permet de gagner ma vie, une question revient régulièrement sur les lèvres de mes interlocuteurs: “Mais, tu t’es formée où pour pouvoir faire ça?”

La réponse, c’est à la fois “nulle part” et “partout”. Quand on fait un métier que l’on invente au fur et à mesure, basé sur des technologies qui sont parfois obsolètes en moins d’un an, on ne peut qu’être formé sur le tas. On n’a pas d’autre choix qu’être autodidacte. On fait peut-être un métier comme ça parce qu’on a le goût d’apprendre la nouveauté, celle qui échappe à la plupart des gens car non seulement elle ne se pavane pas au grand jour, mais en plus, il faut l’apprendre par ses propres moyens.

Je me souviens que lorsque je vivais en Inde, on m’avait dit qu’un des grands problèmes du pays était la séparation, instaurée par Nehru si ma mémoire est bonne, entre la recherche et l’enseignement académique. En sciences, en particulier, ceux qui formaient les nouveaux étudiants étaient complètement coupés des nouveaux développements de la recherche, et donnaient depuis des années les mêmes cours désuets.

Cette analyse un peu à l’emporte-pièces a sans doute besoin d’être vérifiée et raffinée, mais je vous la donne comme ça parce qu’elle met le doigt sur quelque chose d’important. Si on ne prend pas soin de relier étroitement ceux qui développent de nouvelles pratiques professionnelles et ceux qui enseignent, on se retrouve dans la situation qu’on connaît en fait fort bien, dans le cas des nouvelles technologies, où les étudiants apprennent des pratiques qui ne correspondent plus à ce que fait le monde professionnel.

Et malheureusement, ce phénomène est inévitable. Quelqu’un qui passe sa semaine à enseigner ne peut pas en même temps la passer à être un professionnel actif dans le monde de l’entreprise. Alors certes, il faut cumuler les mandats, être un peu consultant et un peu formateur, mais encore faut-il que les organismes de formation se prêtent à ce jeu — et dans tous les cas, ce consultant-formateur devra limiter son activité en entreprise (et donc son expertise) pour dégager le temps nécessaire à enseigner. (Je ne mentionne même pas le fait que l’enseignement est en général moins bien payé que le consulting, et que les meilleurs consultants ne sont pas nécessairement les meilleurs formateurs, et vice-versa…)

Voilà la situation. Je n’ai pas de solution magique à proposer. Il y a des structures de formation qui sont conscientes de ces enjeux, comme le SAWI (je vous le mentionne de façon un peu intéressée, vous verrez bientôt pourquoi), qui s’assurent que leurs formateurs sont également des professionnels actifs dans leur branche. Mais toujours est-il qu’en matière de médias sociaux et culture numérique, l’offre en formations de qualité est encore assez pauvre.

Depuis des années, donc, on me demande où on peut se former à toutes ces choses que je fais. Et depuis des années, je réponds “je crois qu’on ne peut pas, en tous cas pas vraiment”. Je ne suis pas omnisciente, bien sûr, et la formation de mes rêves a peut-être échappé à mon attention, mais j’en doute.

La solution? Mettre sur pied moi-même une telle formation, mais oui. Pas si simple, par contre. Si l’idée me trotte dans la tête depuis plusieurs années, impossible à faire seule, et impossible à faire en-dehors d’une structure de formation reconnue.

C’est l’occasion qui nous a été donnée justement par le SAWI, à Geneviève Morand, Bernard Barut et moi-même (Médialogues en parle ce matin). Vingt journées de cours réparties sur une année académique, une brochette d’intervenants internationaux, un projet d’étude individuel à mener, de la pratique, et à la fin, un diplôme de spécialiste en management de communautés et médias sociaux — le tout en français et à Lausanne.

J’arrête ici la page de pub: téléchargez la brochure de la formation ou rendez-vous à la soirée d’information, ce jeudi 24 juin à 18h30 à la Maison de la Communication, si vous désirez en savoir plus.

Quant à moi, je vais enfin avoir une réponse positive à donner à ceux qui veulent acquérir des compétences pointues dans le domaine des communautés en ligne et des médias sociaux!

10 jours d'habits dans son bagage à main [en]

[fr] As the editor for ebookers.ch's travel blog, I contribute there regularly. I have cross-posted some of my more personal articles here for safe-keeping.

Cet article a été initialement publié sur le blog de voyage ebookers.ch (voir l’original).

Ça fait des semaines et des semaines que je veux vous parler de ce reportage photo “pratique” du New York Times, 10 Days in a Carry-On. Heather Poole, hôtesse de l’air, nous explique comment elle range 10 jours d’habits dans un bagage à main (mais sans le chat).

Chat dans bagage à main, par Chris D @ Flickr.

Crédit Photo: Chris D

Impressionnant! Pour vous mettre l’eau à la bouche (carrément), voici la liste de ce qu’elle arrive à y caser.

  • 2 paires de chaussures
  • 3 paires de shorts
  • 3 paires de pantalons classe
  • 1 jupe
  • 3 paires de pantalons relax ou jeans
  • 3 chemises de nuit
  • 3 maillots de bain
  • 1 sarong
  • 3 pulls légers
  • 4 robes
  • 10 chemises relax
  • 6 chemises classe
  • 1 petit sac à main
  • trousse de toilette

(Moi qui croyais que je prenais toujours trop d’habits avec moi dans ma valise, j’ai encore de la marge on dirait!)

Si vous voulez savoir comment elle fait, allez regarder le reportage en photos. C’est en anglais, mais il y a suffisamment d’images pour que vous puissiez suivre sans problème. (Un tuyau: il faut rouler les habits et non les plier…)

La seule chose qui me chicane, c’est qu’il n’est nulle part question de sous-vêtements dans cette histoire!

Comment approcher les blogueurs [fr]

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Chroniques du monde connecté: cet article a été initialement publié dans Les Quotidiennes (voir l’original).

Suite à une petite mésaventure de relations publiques que je raconte en détail sur mon blog, voici quelques petits conseils aux entreprises qui désirent nouer des contacts avec les blogueurs potentiellement intéressés à en apprendre plus sur elles.

  • Ne lésinez pas sur le travail en amont pour décider à qui vous désirez parler.
  • Ne faites par l’erreur de penser que tout blogueur parlant des médias sociaux n’attend que de pouvoir rencontrer le directeur de votre entreprise.
  • Communiquez clairement l’objectif de la rencontre aux blogueurs que vous contactez, de façon à ce qu’ils ne risquent pas d’y venir avec de fausses attentes (c’est pire que tout!)
  • Conversez! Parlez avec la personne, pas “à“. (C’est une des bases de la culture blogosphérique, donc si vous passez à côté de ça, votre crédibilité en tant qu’interlocuteur va en prendre un grand coup.) Pas de langue de bois, pas de blabla marketing, pas de recrachage de communiqué de presse. Restez en lien avec votre interlocuteur.
  • Si vous vous plantez, adoptez une attitude constructive et excusez-vous amplement. Certains blogueurs sont susceptibles…

Ceci devrait vous permettre de ne pas faire trop de casse lors de vos incursions dans la blogosphère!

Sur un sujet plus aquatique, j’espère que vous avez tous et toutes remarqué que c’est un équipage presque exclusivement féminin qui a mené Ladycat à la victoire, lors du Bol d’Or de ce week-end! Ça vaut quand même la peine de le relever, non?

BlogTalk 2010: Call for Papers, For You Too! [en]

[fr] Il est encore temps d'envoyer des propositions pour la conférence BlogTalk. Ne ratez pas cette occasion si vous travaillez dans le domaine des médias sociaux ou applications sociales, que vous soyez académique dans le monde des affaires.

Like last year, I’m on the programme committee for BlogTalk, the international conference on social software. BlogTalk was the first ever conference I went to, way back in 2004, in Vienna. It’s interesting in that it tries to bridge the academic and business worlds, with speakers and attendees from both sides.

We’re currently looking for people to submit papers on topics related to social software and social media. The submission date has been extended to 21 June 2010. You can submit the paper through the BlogTalk 2010 EasyChair site. More details are available on the BlogTalk 2010 Call for Papers page. There is also the later date of 7 July for those who want to submit demonstration or poster proposals.

If you are doing any work in the field of social media/social software and would like a chance to talk about it to a smart and diverse audience, I really encourage you to submit a proposal.

What do bloggers do at conferences? [en]

In the process of getting ready for managing blogger accreditations for LeWeb’10 in Paris (for the third time, but warning, the system will be different this year!), I’m having a good hard think about what bloggers actually do at conferences that makes them a valuable audience.

I mean, everybody today is live-tweeting (a bit of a pleonasm). Clearly, if a conference is to invite “new media people” or have “official bloggers”, something more is expected than a brain-dump in the real-time stream. (Not that I have anything against that, but the interest of such a dump fades quickly with time.)

Bloggers (and podcasters) have various talents. I’ve finally learned (after years of finding what I did pretty normal) that mine is live-blogging. Others, like Charbax, catch people in the corridors and interview them — I was so impressed by his Lift’08 videos (you can find his interview of me somewhere on the 2nd or 3rd page) that I invited him to come and do the same thing at Going Solo. These are just two examples amongst many others.

So, here’s where I need your help: I’m trying to make a list of “blogger/podcaster missions” for conferences. Here’s what I’ve got:

  • live-blogging of sessions
  • synthetic/critical blogging of sessions/event (somewhat less live)
  • photography (live and less live)
  • speaker interviews (written, audio, video)
  • corridor interviews (written, audio, video)
  • start-up/entrepreneurial scene coverage (maybe this needs to be broken up into sub-missions?)
  • “off” coverage: parties, networking events…

What else can you think of? If you’re a blogger or podcaster who likes to attend tech conferences, what value do you consider you bring to the event? I’m all ears 🙂

Liste de discussion n'est pas newsletter [fr]

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Chroniques du monde connecté: cet article a été initialement publié dans Les Quotidiennes (voir l’original).

Malgré tout le foin qu’on fait aujourd’hui autour des médias sociaux, on est loin d’être à l’heure où la participation active de tous en matière de communication numérique va de soi. Exemple: la liste de discussion par e-mail.

Elle n’est pas jeune, la liste de discussion. Elle est même plus vieille que le web. Et pourtant… mes tentatives de mettre en place des listes de discussion parmi des populations “moyennement connectées” se heurtent souvent au fait que les gens peinent à s’imaginer y participer activement — ou alors n’osent pas.

Regardons ça de plus près.

Il y a, tout d’abord, l’omniprésence de la newsletter, forme de mailing-liste dont le propriétaire communique en masse avec les abonnés. Les abonnés peuvent s’ils le désirent répondre au propriétaire de la liste, mais pas aux autres membres. (En passant, la newsletter c’est le scénario “poli”, parce que souvent, les mass-mailings sont gérés de telle sorte qu’il est impossible de se désabonner sans devoir affronter en personne le gestionnaire de la liste.) La newsletter éclipse tant sa petite soeur la liste de discussion que les gens sont “formattés” à voir les communications par e-mail à de multiples destinataires comme étant à sens unique, et sont tout surpris quand ils apprennent qu’ils pourraient eux aussi écrire à tout ce monde.

Ensuite, il y a le fait que la liste de discussion représente, malgré son caractère purement numérique, une prise de parole en public. Ceux d’entre nous qui avons l’habitude d’enseigner, d’animer ou diriger des groupes, de nous exprimer dans les médias, ou d’intervenir comme orateurs oublions facilement à quel point la prise de parole publique ne va pas de soi pour la grande majorité des gens. Il ne faut pas, à mon avis, sous-estimer cette difficulté.

Troisièmement, il y le frein qu’à défaut de mieux, je nomme “ça n’intéresse personne” ou “ça n’intéresse pas tout le monde”. C’est l’idée si quelqu’un n’a pas absolument besoin de savoir quelque chose, eh bien, il est plus prudent d’éviter de lui donnere cette information. Pour éviter des ennuis, ou simplement éviter de fatiguer notre interlocuteur. On ne communique que ce qui est nécessaire: cloisonnement et rétention d’information, avec en prime une conception du destinataire un peu “pauvre victime” qui ne saurait pas se défendre contre un déluge d’informations qui ne lui sont peut-être pas capitales.

La philosophie de communication accompagnant internet et les médias sociaux, sans aller nécessairement jusqu’à la transparence radicale et absolue, est assez différente: à moins qu’il soit dommageable de diffuser cette information, diffusons-la donc! En tandem avec des outils qui permettent de filtrer l’information ainsi diffusée ou d’attirer à soi celle qui nous intéresse, le résultat est une communication bien plus fluide et productive.

Finalement, il convient de noter que dans notre utilisation des technologies de la communication plus “classiques”, les échanges se limitent généralement au dialogue. Les conversations à plus que deux sont rares. Téléphone, SMS, tout se limite à la communication entre une personne et une autre. L’adoption d’une nouvelle technologie est facilitée par l’existence de comportements compatibles soutenus par des technologies existantes. Ici, on a peu de points de repères pour les échanges entre de multiples personnes se trouvant au même niveau — sauf peut-être la réunion. Du coup, la liste de discussion met les gens dans une situation sociale avec laquelle ils sont peu familiers.

Voilà le problème posé. Après, il faut y chercher des solutions, et ça, c’est une autre paire de manches… pour une prochaine semaine peut-être!


Vie privée: "Big Brother" contre "ta mère sur Facebook" [fr]

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Chroniques du monde connecté: cet article a été initialement publié dans Les Quotidiennes (voir l’original).

Le thème de la vie privée en ligne (ou son absence) est plutôt présent ces jours. Facebook, oui, bien sûr. Je vous ai déjà dit que ça me sortait un peu par les oreilles, ces histoires de vie privée, partiellement parce qu’on ne cesse de me questionner sur le sujet (enfin là on cesse, enfin, ouf) et partiellement parce que je pense qu’une fois encore, on se fait un peu mousser pour rien.

Je m’explique.

La “problématique” de la vie privée en ligne se résume à mon sens en deux volets.

Premièrement, celui que j’appellerais “ta mère/ton boss sur Facebook“. Dans les espaces numériques semi-publics, il n’est pas toujours aisé de garder à l’esprit qui a accès à quoi. On ne comprend pas bien comment fonctionnent les droits d’accès. On oublie que les objets numériques sont infinement copiables et diffusables, acquérant par là une forme d’immortalité.

Du coup, on s’attire des ennuis parce qu’on publie dans un espace plus public qu’on ne l’imaginait des informations que l’on aurait souhaité garder un peu plus privée. On fait des choses bêtes comme se plaindre amèrement de son travail sur Facebook alors que son patron y a accès. On pense que son mur est visible uniquement aux amis, alors qu’il s’étale sous les yeux des amis d’amis (autant dire “tout le monde”). On voit ressortir des photos de jeunesse publiées à l’époque sur un forum peu fréquenté, et qu’on avait complètement oubliées entre-temps.

Vous voyez l’idée?

Deuxièmement, “Big Brother“. On confie à des entreprises ou des institutions (même des gouvernements) une quantité effrayante d’informations à notre sujet, et l’on peut craindre qu’il en sera à un moment donné fait mauvais usage. Facebook et Google s’en servent pour nous mettre des pubs ciblées sous le nez, mais ça peut aller plus loin. 1984 est loin derrière nous, mais le spectre de Big Brother est encore bien présent.

Même si ces deux problématiques se rejoignent par endroits, je crois qu’il est important de les distinguer dans nos discussions autour de la vie privée en ligne. A mélanger les deux, on plaque sur des incidents genre “ton directeur sur Facebook” les peurs de Big Brother, alors qu’on paie par carte de crédit sans sourciller depuis des années, que Cumulus et Supercard se tiennent bien chaud dans notre portefeuille, que nos banques sont informatisées depuis belle lurette, nos dossiers médicaux sont en bonne voie de le devenir, et qu’on parle régulièrement de vote électronique.

Vous voyez où je veux en venir? On a deux poids, deux mesures pour notre peur de Big Brother: on flippe dès qu’il s’agit d’internet, alors qu’on n’y pense même plus pour les actes quotidiens que l’on fait depuis des années. Et en ligne comme hors ligne, les garde-fous sont avant tout juridiques et règlementaires, avant d’être technologiques — ou même éducatifs. A mon avis, donc, pas mal de bruit pour rien, surtout s’il provient de personnes qui sortent sans hésiter VISA ou Mastercard. Il faut en parler, certes, mais s’alarmer, c’est plutôt contre-productif.

Je pense que la problématique “ta mère sur Facebook”, par contre, est à prendre beaucoup plus sérieusement qu’elle ne l’est. Nous avons un besoin urgent d’apprendre à vivre dans ces espaces numériques semi-privés, où notre intuition ne nous sert malheureusement pas tellement. La solution, là, est de l’ordre de l’éducation — et je peux vous dire, il y a du boulot.

Kickstarter: un modèle pour financer les projets créatifs [fr]

[en] I write a weekly column for Les Quotidiennes, which I republish here on CTTS for safekeeping. This one is about Kickstarter -- and I strongly encourage you to back my friend Suw Charman-Anderson's Argleton project (writing, bookbinding, and geo-location game all in one!)

Chroniques du monde connecté: cet article a été initialement publié dans Les Quotidiennes (voir l’original).

Dans ma chronique de la semaine dernière, je vous invitais à écouter Dan Pink parler de motivation. Je résume très grossièrement: une fois que la paie pour une tâche (ou un travail) règle les préoccupations monétaires de base (avoir “assez d’argent pour vivre”), ajouter plus d’argent à l’équation tend à réduire la qualité et l’efficacité du travail (à moins que celui-ci soit de nature purement mécanique ou machinale). Les véritables motivateurs sont intrinsèques (autonomie, maîtrise, sens).

Je vois ceci appliqué pratiquement un peu partout sur le web et dans mon milieu professionnel. De ma décision personnelle (et celle de bien d’autres!) de ne pas avoir de tarif horaire à des projets comme Kickstarter, le message est clair: du moment qu’on s’y retrouve financièrement, c’est autre chose qui nous pousse à faire ce que l’on fait.

Je voudrais m’arrêter aujourd’hui quelques instants sur Kickstarter (et ses frères). Etes-vous le genre de personne qui rêve d’entreprendre un projet créatif (écrire un livre, faire un film, partir en reportage à l’autre bout du monde, enregistrer un album, ou développer un programme extraordinaire…) — seulement voilà, pour réaliser votre projet, il vous faudrait prendre trois mois de congé non payé ou réduire votre pourcentage de travail, ce que vous ne pouvez pas vous permettre?

Kickstarter prend quelque chose qui existe (le mécénat collectif, le soutien financier de parents, amis et fans) et le formalise. Voici comment ça marche:

  • le porteur de projet inscrit celui-ci dans Kickstarter
  • il définit le montant dont il a besoin pour pouvoir mener à bien son projet, et une date-butoir
  • il crée un certain nombre de “packs”: par exemple, si vous contribuez 5.- ou plus au projet, vous recevez une version électronique du livre, si vous contribuez 50.-, vous recevez une copie du livre autographiée, etc. (c’est là qu’il faut être créatif!)
  • les personnes désirant soutenir un projet font une promesse de versement via le site
  • dès que le montant total de financement est atteint, toutes les versements promis sont débités (ainsi, les “backers”, comme le site les appelle, ne risquent pas d’investir de l’argent dans un projet qui ne verra pas le jour)

Bien entendu, il n’y a rien de magique là-dedans: il faut un bon projet, convaincre autrui d’y contribuer financièrement, et remercier correctement les contributeurs. Parmi bien d’autres, Robin Sloan a trouvé près de 600 personnes pour soutenir l’écriture de son petit roman Annabel Scheme. Quatre étudiants en informatique récoltent près de $200’000 (20 fois plus que ce qu’ils attendaient) afin de pouvoir consacrer leur été à la finalisation de diaspora, un réseau social décentralisé qui se présente comme une alternative ouverte et non-commerciale à Facebook.

Et sans grande surprise, dans ces deux projets (et bien d’autres que vous trouverez), le produit final est mis gratuitement à disposition au public.

A ceux qui se lamentent sur la désagragation des modèles économiques traditionnels des “industries créatives” (quel oxymore!), il y a à mon avis beaucoup d’inspiration à trouver pour l’avenir dans des initatives comme Kickstarter.

Update 31.05.2010: mis en route ce dimanche par mon amie Suw Charman-Anderson, un projet d’écriture et de jeu collectif à soutenir: Argleton.

Cascais, les pieds dans l'Atlantique [fr]

[en] As the editor for ebookers.ch's travel blog, I contribute there regularly. I have cross-posted some of my more personal articles here for safe-keeping.

Cet article a été initialement publié sur le blog de voyage ebookers.ch (voir l’original).

J’ai profité de ma dernière journée entière à Lisbonne (26°C) pour aller faire un saut du côté de Cascais (prononcer “cache-caillche” — comme cache-cache mais avec un “y” vers la fin). J’avais envie de voir l’océan et d’y tremper mes orteils.

(Je sais, je vous avais promis l’Océanarium lors de mon dernier article sur Lisbonne, mais comme Nathalie est passée par là avec l’aquarium de Barcelone, je préfère ne pas vous assomer d’articles aquatiques et pisciformes. En attendant, vous pouvez toujours jeter un oeil aux photos.)

Donc, Cascais. Pas loin de Lisbonne (10-20km), petit village de pêche à l’origine qui s’est bien touristisé, et qui ne semble pas encore complètement pourri par le processus, en tous cas à cette période de l’année.

Cascais 02

Cascais 05

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Carotte et créativité ne font pas bon ménage [fr]

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Chroniques du monde connecté: cet article a été initialement publié dans Les Quotidiennes (voir l’original).

Plutôt que de vous parler de la nouvelle boulette (je suis gentille) de Facebook au sujet de nos vies privées (le sujet me sort par les oreilles, pour être honnête), je vais faire une petite digression pour vous parler de motivation.

Le monde connecté, ce n’est pas que la technologie (j’espère ne pas vous avoir donné l’impression que c’était le cas). C’est aussi le hasard des rencontres qui n’auraient jamais eu lieu sans cette technologie. C’est les réseaux et les communautés, dopés par ce qu’on appelle aujourd’hui les médias sociaux (rassurez-vous, demain on aura trouvé un autre nom). C’est les choses intéressantes qui vous tombent entre les mains d’on-ne-sait-où, sans qu’on les ait cherchées. Le réseau qui vous les offre en cadeau.

J’écris cette chronique de Lisbonne. J’ai bravé le nuage de cendres pour aller donner une poignée de conseils pour indépendants lors de la conférence SWITCH à Coimbra — conférence mise sur pied par Ricardo Sousa, 17 ans, et son équipe à peine plus âgée. A SWITCH, j’ai fait quelques rencontres marquantes, dont , sur le blog duquel j’ai fait un saut en début d’après-midi après avoir retrouvé mon wifi lisbonnais.

Et c’est là que je tombe sur cette vidéo, que Zé nous dit de regarder et regarder à nouveau. Elle est en anglais — je vous encourage à braver la barrière linguistique durant 10 minutes, et à revenir ensuite ici. Je ne bouge pas.

Dan Pink, l’orateur que vous entendez dans la vidéo, nous apprend qu’il a été scientifiquement démontré (je pèse mes mots) que les récompenses monétaires élevées ont un effet néfaste sur le travail lorsque celui-ci fait appel un tant soit peu à nos forces créatives. Les meilleurs motivateurs sont intrinsèques: l’autonomie, la maîtrise, et le sens. Quand on réalise que le monde du business fonctionne en grande partie sur des principes que la science a démontré comme erronés…

A mon avis, on peut appliquer tout ceci à l’utilisation des médias sociaux en entreprise, et surtout à la volonté hypertrophiée de tout mesurer — parfois à tort et à travers — afin de savoir si on en retire réellement quelque chose. Mais c’est pour un autre jour!

Si je vous ai donné envie d’écouter Dan Pink mais que votre anglais pédale un peu dans la choucroute, vous pouvez voir ici sa conférence TED sur la motivation, avec sous-titres français. C’est beau le web, non?