Paroles de Maeterlinck II [en]

Notre soif de justice vient uniquement de l’idée anthropomorphe que nous nous faisons de Dieu.

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Le libre arbitre et la préscience divine sont ou universelle sont inconciliables.

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Chercher Dieu, c’est se chercher sur les hauteurs.

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Maurice Maeterlinck, L’ombre des ailes

Paroles [en]

Car il n’est pas normal d’être mort aujourd’hui, et ceci est nouveau. Etre mort est une anomalie impensable, toutes les autres sont inoffensives en regard de celle-ci. La mort est une délinquance, une déviance incurable. Plus de lieu ni d’espace/temps affecté aux morts, leur séjour est introuvable, les voilà  rejetés dans l’utopie radicale – même plus parqués: volatilisés.

Jean Baudrillard, L’échange symbolique et la mort

Paroles de Maeterlinck I [en]

[…] l’enfant qui se tait est mille fois plus sage que Marc-Aurèle qui parle. Et cependant, si Marc-Aurèle n’avait pas écrit les douze livres de ses Méditations, une partie des trésors ignorés que notre enfant renferme ne serait pas la même.

Maurice Maeterlinck, introduction à  “Fragments” de Novalis

Notes de lecture [en]

Mathématiques et logique, situées comme elles le sont au centre de notre organisation conceptuelle, tendent à  se voir accorder une telle immunité, conséquence de notre préférence conservatrice pour les révisions qui dérangent le système le moins possible; et là  réside peut-être la “nécessité” dont nous sentons que jouissent les lois des mathématiques et de la logique.

Finalement, il revient peut-être au même de dire, comme on le fait souvent, que les lois des mathématiques et de la logique sont vraies simplement en vertu de notre organisation conceptuelle. […]

Il faut toutefois remarquer à  présent que notre préférence conservatrice pour les révisions qui dérangent le système le moins possible a contre elle une force adverse importante, une force en faveur de la simplification. […]

Les lois logiques sont les énoncés les plus centraux et les plus décisifs de notre organisation conceptuelle, et pour cette raison les mieux protégés de la révision par la force du conservatisme; mais, toujours à  cause de leur position décisive, ce sont aussi les lois dont une révision convenable pourrait provoquer la simplification la plus radicale de notre système de connaissance tout entier.

W.V.O Quine, Méthodes de logique, p. 13

Notes de lecture [en]

Oswald Ducrot (en collab. avec M.-C. Barbault), dans La preuve et le dire (p. 85).

Cette étude est destinée à  illustrer la façon dont nous concevons la mise en rapport des opérateurs logiques et des mots du langage ordinaire. Il ne s’agit en aucun cas, on le verra, d’élaborer un code permettant de traduire automatiquement une langue dans l’autre. Au contraire, nous sommes persuadés que la traduction linguistico-logique (plus encore que celle qui va d’une langue naturelle à  une autre) exige, à  chaque fois, une réflexion spécifique, qui porte, d’une part, sur l’énoncé à  traduire, et, d’autre part, sur les possibilités d’expression de la langue dans laquelle on traduit.

Le projet de l’article présenté ici recouvre celui du travail de séminaire que je suis en train de rédiger. On ne s’étonnera donc pas que cet intéressant ouvrage de Ducrot soit une de mes sources principales.

Le point sur la traduction linguistico-logique me paraît tout à  fait pertinent. Certes, la nécessité de cette réflexion spécifique à  chaque cas frappera d’autant plus lors de la traduction d’une langue “organique” dans une langue artificielle (aux visées sémantiques plus précises et restreintes). Mais cette remarque reste parfaitement appliquable à  la traduction dans le cadre des langues naturelles.

HTML et linguistique [en]

Dans un éclair vengeur de lucidité, je viens de comprendre la différence fondamentale entre <cite> et <q>. Que ne l’ai-je compris plus tôt, cela m’aurait évité de me trouver à  présent face à  des dizaines de pages truffées de <cite> employés à  mauvais escient.

Je m’explique. Autrement dit, faisons un peu de linguistique. Je me permets en passant de vous recommander l’excellent ouvrage de Anne Herschberg Pierrot: Stylistique de la prose (Belin), qui explique dans un langage clair et à  grand renfort d’illustrations bon nombre de subtilités de la langue française. Un livre à  avoir dans sa bibliothèque si l’on écrit un tant soit peu.

Ma confusion vient, je le soupçonne, de l’existence d’un seul mot en français (citer) pour rendre compte de to cite et to quote en anglais. Eclaircissons.

Dans tous les cas, lorsque l’on cite, on intègre dans son propre discours des paroles qui ne sont pas les notres. Une signalisation typographique comme l’italique ou les guillemets indique dans ce cas au lecteur une frontière entre “mes mots” et “les mots de quelqu’un d’autre”. (Ce n’est bien sûr pas le seul rôle des italiques et des guillemets – on en parlera un autre fois, si ça vous intéresse…)

On peut distinguer deux façons principales d’employer les mots de la langue:

  • en usage: “mon chat s’appelle Bagha”
  • en mention: “chat est un mot de quatre lettres”

Le plus souvent, lorsque l’on cite le discours d’autrui, on se trouve dans un cas hybride que les linguistes appellent la connotation autonymique. Sous ce terme barbare (je vous l’accorde) se cache le phénomène suivant: en rapportant le discours en question, on vise à  la fois ce dont il parle, ce qu’il dit, et sa qualité de discours prononcé par autrui, sa matérialité de paroles étrangères. En même temps on dit avec lui (usage) et on le montre (mention ou autonymie).

Lorsqu’un mot, une expression ou un discours fait entendre ainsi deux voix (ou plus!), on parle de polysémie (“plusieurs sens”). La polysémie est très répandue dans tous les niveaux de discours, du bavardage quotidien (mais oui, ne serait-ce que dans les fameux sous-entendus) à  la poésie. Et c’est elle qui donne au langage une grande partie de sa richesse.

Maintenant que j’ai fini mon petit cours de linguistique, je me rends compte que la différence entre <cite> et <q> n’est pas la même que celle entre mention et usage, comme je croyais tout d’abord l’avoir compris. Quel dommange! Disons que ça aura servi de prétexte, je ne vais pas du coup vous priver de ce petit étalage de culture linguistique. A ma décharge, je crois qu’on peut néanmoins voir une parenté entre les deux. Enfin, si on veut vraiment.

Revenons-en donc à  notre préoccupation première. <cite> sert à  indiquer une référence de type bibliographique, comme le nom d’un auteur, le titre d’un livre ou d’un magazine. <q> sert à  rapporter les paroles d’autrui. C’est donc le lieu privilégié de la connotation autonymique… euh oui, ok, je vous lâche avec la linguistique! ; )

Remarquons en passant qu’une fois compris cette nuance, les explications du W3C pour <cite> et <q> sont parfaitement claires. Disons tout de même que c’est mon fidèle HTML, The Definitive Guide qui m’a permis de trancher avec certitude.

Hypothesis [en]

As you might have noticed by peeking at the sidebar, I’m currently reading The Web of Belief (W.V.O. Quine & J.S. Ullian). It is a little study of rational belief. What makes us believe this or that is true? How are our beliefs held together? What makes us give up one belief for another?

Truth and even reasonable beliefs cannot be deduced solely from observation or self-evident truths. In science as well as everyday life, we frame hypotheses to help hold together our web of beliefs. A hypothesis would explain, if it were true, some things that we already believe.

Hypothesis, where successful, is a two-way street, extending back to explain the past and forward to predict the future. What we try to do in framing hypotheses is to explain some otherwise unexplained happenings by inventing a plausible story, a plausible description or history of relevant portions of the world.

Five virtues count in favor of a hypothesis:

  • conservatism of existing beliefs
  • modesty – as opposed to extravagance
  • simplicity
  • generality
  • refutability

I find these are interesting criteria to measure one’s beliefs about the world upon.

Women's Work [en]

Women’s Work : The First 20,000 Years : Women, Cloth, and Society in Early Times by Elisabeth Wayland Barber is a book of Aleika’s that I read in India, and that I started reading again this afternoon during Akirno’s nap.

This book is definately a must-read for anybody interested in gender issues, textiles, prehistory, anthropology or women.

Elisabeth Wayland Barber’s account of women’s work with textiles throughout the times makes a fascinating read. It is amazing how much information from our past can be deduced from a few bits of string or cloth.

The author’s basic assumption is that the division of labour between men and women is mainly related to childbearing. I think that in today’s rush towards equality, this is an issue which is sometimes rather hastily walked past by some – especially in this age of formula bottles, cribs, pacifiers, prams, nurseries and tv-baby-sitting.

Certainly, a woman doing the same job as a man should earn the same salary. There is no question for me about that. I don’t either think that women should stay at home doing nothing but cook and sew and raise the children. But women and men will never occupy the same place in society. Some jobs will always be occupied by men rather than women. Women will always bear and nurse the children.

A man with a young child can technically hold a management job which keeps him in the office 70 hours a week. A woman with a nursing baby can difficultly do the same thing, can she? And even if she did so before her maternity break, how much time will go by before she is up to it again? And – maybe more important – what consequences are there for the child’s development when her mother goes rushing back to her busy life after 12 small weeks of mat’ leave?

Do you still wonder that more men than women occupy this kind of position? I don’t.

Aryan Invasion [en]

The Myth of The Aryan Invasion of India, by David Frawley.

My classes on Indian culture have often put to doubt the famous “Aryan invasion” theory. My own observations of its use today by Indians to justify just about anything (superiority of fair people, caste system, North vs. South, superiority of Dravidian culture… and so on) have also brought me to cast on it a very critical eye.

Here is my account of Frawley’s article – maybe not the best nor the last writing on the subject, but nevertheless interesting and convincing.

Compte-rendu de séminaire [en]

Pour ceux que ça intéresse (on peut toujours rêver!), voici le compte-rendu de mon séminaire sur le cosmos chez Maeterlinck.

Bonne lecture…