Mathématiques et logique, situées comme elles le sont au centre de notre organisation conceptuelle, tendent à se voir accorder une telle immunité, conséquence de notre préférence conservatrice pour les révisions qui dérangent le système le moins possible; et là réside peut-être la “nécessité” dont nous sentons que jouissent les lois des mathématiques et de la logique.
Finalement, il revient peut-être au même de dire, comme on le fait souvent, que les lois des mathématiques et de la logique sont vraies simplement en vertu de notre organisation conceptuelle. […]
Il faut toutefois remarquer à présent que notre préférence conservatrice pour les révisions qui dérangent le système le moins possible a contre elle une force adverse importante, une force en faveur de la simplification. […]
Les lois logiques sont les énoncés les plus centraux et les plus décisifs de notre organisation conceptuelle, et pour cette raison les mieux protégés de la révision par la force du conservatisme; mais, toujours à cause de leur position décisive, ce sont aussi les lois dont une révision convenable pourrait provoquer la simplification la plus radicale de notre système de connaissance tout entier.
W.V.O Quine, Méthodes de logique, p. 13