Réalité [en]

La plupart des gens admettent le fait que nous n’avons pas un accès direct et immédiat aux choses et au monde. Nous pouvons dire avec certitude ce que nous percevons, nous pouvons parler de ce qui apparaît à  nous, mais nous pouvons plus difficilement nous prononcer sur ce qui est véritablement.

Cette situation est une des grandes préoccupations de la phénoménologie, courant dont la paternité remonte à  Edmund Husserl (mais comme toujours en philosophie, ça a commencé bien avant!) et dont quelques illustres représentants plus proches de nous sont Maurice Merleau-Ponty, Paul Ricoeur et Jacques Derrida.

Lorsque l’on parle de ses croyances, convictions, et opinions sur le monde, je trouve que l’on mélange souvent deux niveaux de discours – particulièrement lorsque l’on discute de choses qui ne sont pas “prouvables” scientifiquement.

Le premier niveau pourrait être appelé celui du Fond du Monde. Il s’agit de ce que l’on dit sur la réalité, sur ce que sont les choses en elles-mêmes. On pourrait parler aussi d’ontologie. C’est à  ce niveau (pour prendre un exemple flagrant) que l’on dira “Dieu existe” ou “Dieu n’existe pas”.

Le deuxième niveau serait donc celui de notre Experience du Monde. Ce que je perçois, sens et pense, ce que je vis aussi: un plan plus phénoménal. Pour rester dans le domaine du religieux, on dirait “j’ai vécu une expérience que je ne peux expliquer autrement que par l’intervention de Dieu”.

On pourrait aussi distinguer ces deux niveaux en les nommant “la Réalité objective” et “ma réalité subjective” – bien que les termes d’objectif et subjectif soient quelque peu réducteurs, et que ma distinction ne les recouvre pas tout à  fait.

Un domaine dans lequel cette confusion de discours apparaît souvent est celui des “coincidences” ou “hasards”. Pour certains, des hasards trop fréquents indiquent que le Fond du Monde a une intentionnalité, un sens. Pour d’autres, le Fond du Monde ne contient pas de sens en lui-même, et c’est nous qui projetons du sens sur ce qui n’en a pas.

La question de savoir ce que l’on fait de ce sens est en fait une autre question (bien qu’elle soit cependant liée à  la première): en effet, même si je n’accorde pas de sens immanent au monde, je peux juger que le sens que je projette autour de moi enrichit ma vie – ou bien alors je peux décider que je veux vivre au plus près de ce que je crois réel et accepter l’absence de sens. De même, je peux aussi décider de suspendre mes inférences concernant le Fond du Monde: je vois du sens ou je n’en vois pas, mais je ne me prononce pas quand à  la présence de sens dans le monde en-dehors de moi-même.

Breasts and Bottles [en]

The IFBAN site will give you some extra food for thought about bottle and breastfeeding. Thanks Karl [get well soon!]

Eschatology [en]

The SOUL button in the “current” box will save you from the Weird Wild Web. Trust me and peruse for your salvation.

Culture [en]

Annette is in Senegal to bridge the digital divide. What she writes about her first weeks in a different culture reminds me strangely of what I went through in India.

Breastfeeding [en]

Breastfeeding in a Capitalist Society by Rebecca Blood.

I’ll just add that modern western culture is the only one not to find long-term breastfeeding normal, and that Nestlé et al. didn’t put baby food on the market that long ago.

It has also been shown that breastfed babies are exposed to a much wider variety of flavors (mother’s food influencing the taste of milk) than formula-fed babies.

Exciting [en]

Send 1000 journals out around the world. Let those who find one fill in a page or two, and pass it on. A website keeps track of where the journals have been sighted, offering scanned glimpses of their treasures if you are lucky.

It’s like a message in a bottle, only better.

[Picked up on MeFi.]

Life [en]

This evening I was introduced to Meena, who came over from India some three months ago with her french husband. We are going to meet regularly so that I can practice my conversational Hindi – and in return I will teach her some French and show her around Lausanne.

I had the very pleasant surprise to see that I am still capable of holding a perfectly respectable conversation in Hindi!

Sexisme et Majuscules [en]

Je viens de faire péniblement le tour du dernier numéro de L’auditoire, le journal des étudiantEs de Lausanne. Je ne parlerai pas des articles, dont certains commencent franchement à  ne plus valoir le papier (recyclé) sur lequel ils sont imprimés, mais des abérrations typographiques supposées faire avancer la cause de la femme.

Il s’agit, vous l’aurez compris, de l’introduction de majuscules au milieu des mots comme dans “étudiantEs”, et de l’utilisation systématique d’expressions comme “il·elle” ou “attentif·ves” – procédés qui en plus de déranger la lecture (je vous mets au défi de lire un texte ainsi traité sans que vos yeux tressaillent à  leur contact), m’irritent profondément par leur inutilité.

La féminisation des noms de professions m’est déjà  parfois pénible. Lire “professeure”, “auteure” ou (pire) “cheffe” me fait en général sourire. D’autant plus que l’on ne s’amuse pas à  dire d’un jeune homme qui fait son service militaire qu’il est “un recru”. Appelez-moi conservatrice si vous le voulez.

J’ai déjà  abordé il y a quelques semaines la question de l’égalité des sexes, et des places respectives de l’homme et de la femme dans la société. C’est une évidence qu’il y a à  l’égard des femmes préjugés et discrimination. C’est une évidence aussi qu’un homme et une femme faisant le même travail devraient gagner le même salaire.

Mais c’est une évidence aussi que les hommes et les femmes sont différents, et que lorsque l’on postule pour une place de travail, on ne peut pas dissocier son “moi professionnel” de son “moi personnel”. Les frontières ne sont pas étanches. On est engagé pour qui l’on est aussi bien que pour ce que l’on fait. Et si je suis une femme, je ne suis pas un homme. On ne peut pas faire abstraction du sexe d’une personne.

Revenons-en au langage et aux majuscules à  l’intérieur des mots. Je suis la première à  dire que le langage influence la pensée et qu’on sous-estime souvent sa force. Mais il y a des limites. Les règles d’accord du français voient la dominance du masculin sur le féminin. Clairement, on peut y voir l’héritage d’une culture patriarcale. Mais est-ce vraiment en forçant la langue hors d’elle-même que l’on fera avancer la cause féminine?

Je pense personnellement que c’est plutôt en mettant en place des structures sociales telles que des crèches, l’assurance maternité, le congé paternité et que sais-je, en encourageant le travail à  mi-temps et en insistant sur le dépistage et la lutte contre le harcèlement à  la place de travail (qu’il soit sexuel ou moral) que les choses bougeront.

J’attends vos remarques sur le coup de gueule de la journée!

Chat and Standards [en]

Do you ever get caught up on heated discussions in chatrooms? It happens to me all the time – well, when I do chat. I don’t chat half as much as I used to.

I usually feel strongly for what I believe in, and I have the (annoying) habit of trying to dissect my opponent’s arguments into little bits and pieces, turn them around and counter-check them until I reach the lowest common premisse from which I can rebuild my point of view, dragging my discussion partner with me through each step until we finally agree. So I guess I’m a real pain in the neck to argue with ; )…

Well, yesterday I had a fiery discussion about web standards in one of my favourite chatrooms. The person I was talking with saw web standards not as a common base on which greater freedom, creativity, accessibility, and efficiency can be achieved, but as a quasi-totalitarian attempt to dumb down the web to a set of arbitrary regulations.

It was very frustrating. I don’t know if he didn’t understand me, if I didn’t understand him, if my fierceness in discussion put him off, or if I simply didn’t have the right arguments, but we ended up in a dead end.

I have a strong belief that even if it is not possible for everybody to agree on everything, two people with different opinions should be able to come to a point where the discussion allows them to understand why and how the other thinks like s/he does. And it usually comes down to diverging premisses – or “hypotheses” on the world, if you prefer.

After all this, if you understand French and would like to see how irritating I can be, view the log …awaiting comments!