Réflexions de convalescence solitaire [en]

Notes dictées lors d’une balade le 15.08.2025, laborieusement remises un peu au propre presque trois mois plus tard. Même si la situation a évolué depuis, c’était un moment que je voulais capturer.

Quand on vit seul, on n’a personne pour nous dire : “viens, on va aller se promener”, ou bien “viens, on va au cinéma”, ou bien « ok, maintenant on sort, prépare-toi, on prend la voiture, on va aller au bord du lac, on va rendre visite à tel-et-tel, on va aller à la montagne, on va faire ceci, faire cela ».

On n’a personne d’extérieur qui nous voit au quotidien, qui peut donc nous aider à sortir d’une éventuelle spirale un peu vicieuse, genre on en fait moins, on en fait donc encore moins… Ou bien, on n’a pas le moral, donc on fait moins, ou bien on est fatigué, donc on fait moins. Mais des fois, bouger, ça réénergise. Parfois c’est le contraire qu’il faudrait, comme ça m’est arrivé, quand je suis restée coincée pendant des jours à faire du troubleshooting pour mon réseau Wi-Fi. On n’a pas une personne qui est là pour dire : “ok, maintenant stop, ça suffit, t’as fait assez, lâche ce machin et viens regarder un film avec moi.”

Pour quelqu’un comme moi (allô TDAH) toute la partie fonctionnement exécutif bat un peu de l’aile de base. Le fonctionnement exécutif ça comprend, entre autres, la gestion des activités, du temps, des tâches. C’est donc quelque chose qui est déjà compliqué pour moi, qui me demande de l’énergie, des stratégies de compensation, et qui me fatigue.

Ces problématiques que j’ai déjà sont aggravées par la commotion. La commotion, c’est une blessure au cerveau. Elle ne se voit pas, il n’y a rien au scanner, et les mini-dégâts physiques invisibles sont réparés, depuis le temps. Mais le cerveau, c’est fonctionnel, pas juste structurel. Même si physiquement “il n’y a rien”, le syndrome post-commotionnel signifie que j’ai plus de difficultés d’attention, de concentration, d’endurance, de fatigabilité.

Donc vous voyez le problème. Je dois gérer la bonne quantité d’activités, mais c’est déjà quelque chose qui est compliqué en temps normal, et là je n’ai même plus les ressources habituelles dont j’ai besoin pour faire ça. Du coup, ça me fatigue encore plus.

Cela veut dire que je vais peut-être avoir un moins bon programme de récupération, je vais moins bien réussir à équilibrer mes activités, me reposer quand j’ai besoin de me reposer, être active quand j’ai besoin d’être active — parce que le travail qu’il faut faire, justement, pour gérer ça, c’est une des choses que j’arrive moins bien à faire. Et qui me fatigue. C’est le serpent qui se mord la queue.

Quand on vit seul, on est donc seul à se dépatouiller avec ça. J’ai des amies, mais elles ne vivent pas avec moi, donc elles ne me voient pas au quotidien. Elles ne sont pas là pour me dire “stop” ou “allez, viens”.

Vivre seul, ça vient en fait avec un gros risque de perte de chance face à des atteintes dans notre santé qui impactent justement notre capacité à nous gérer. Même quand on est entouré — et je le suis, j’ai des amis, j’ai plein de gens qui ont répondu présent pour venir m’aider après l’accident, etc. Mais c’est quand même largement moi qui dois mobiliser ces ressources, et j’ai la chance d’avoir la capacité de le faire (mais pas toujours).

J’apprécie d’ailleurs infiniment les quelques amis qui me proposent des choses, qui me disent : “voilà, je viens, je pourrais venir tel jour pour souper avec toi, je pourrais venir à tel moment…” Des fois ça ne va pas toujours, des fois je dis non, mais ils·elles continuent.

Et ça, en fait, surtout maintenant, alors qu’on approche des 5 mois post-accident, c’est précieux, parce que ce n’est pas facile non plus de demander de l’aide.

Les difficultés auxquelles je fais face, eh bien elles ne sont pas forcément visibles. Quand on me voit, ça ne se voit pas. Ça passe inaperçu.

Donc je dois penser à le dire, je dois le verbaliser, je dois réussir à faire passer le message. Ce n’est pas forcément évident de faire passer le message qu’on galère à s’organiser, par exemple, quand ce que les gens voient de l’extérieur, c’est quand même qu’on ne gère pas si mal. En plus, on a l’air d’être toujours la même personne qu’on a été — on l’est largement, mais pas tout à fait. Ce n’est pas simple.

Et particulièrement ces temps, je trouve que c’est de moins en moins simple aussi de garder le moral.

Après l’accident, il y a le choc, et tout. Ensuite, le début de la récupération, c’est assez rapide. Bien sûr, il y a des hauts et des bas, ce n’est pas linéaire une récupération.

Et puis plus on avance, plus la récupération est lente, moins les progrès sont visibles. Plus on est proche de la normalité, moins ça se voit qu’on galère encore. Et donc moins on a d’opportunités d’être entendu par rapport à ça, de se sentir vu ou compris.

Donc là, je trouve dur de rester positive, de ne pas me laisser embarquer dans des spirales d’inquiétude. Est-ce que je vais vraiment réussir à retravailler ? Le neurologue n’a pas changé d’avis là-dessus. Il n’y a pas de raison. On ne peut jamais rien garantir à 100 %, mais il n’y a pas de raison que je ne fasse pas une récupération complète.

Mais il reste des choses au quotidien qui me font peur. Laisser la clé dans le contact dans la voiture parquée en plein centre-ville quand je pars souper au restaurant. Des trucs qui m’échappent. Des maladresses qui sont, à mon avis, attentionnelles. Pas moteurs — attentionnelles. D’ailleurs on le voit bien : laisser échapper un truc qu’on vient de scanner à la Migros et laisser la clé dans la voiture, il y en a un où on pourrait effectivement se dire que c’est moteur, mais pas l’autre.

J’ai l’impression qu’il y a toute une série de stratégies que j’ai en place depuis des décennies pour fonctionner, qui marchaient tellement automatiquement que je ne me rendais pas compte qu’elles étaient là. Et qu’elles fonctionnaient au niveau où elles fonctionnaient parce que je les entrainais en permanence.

Comment éviter ces incidents d’un genre nouveau pour moi ? Ce qui était déjà un peu limite avant, ou que je savais que je gérais/compensais, les choses pour lesquelles je savais que je devais être prudente avant, ça va. Je peux être plus prudente.

J’essaie de trouver des exemples qui pourraient parler à d’autres personnes que moi. Imaginons… je ne sais pas… imaginons que vous êtes quelqu’un qui n’oublie jamais ses clés, ou qui ne perd jamais ses clés. Ça ne fait simplement pas partie de votre vie, des choses qui pourraient vous arriver.

Un beau jour, vous perdez ou oubliez vos clés. Une fois. Vous pouvez vous dire « ah, merde, pas de chance ». Combien de fois vous faudra-t-il perdre vos clés pour vous dire « oh, il faut dorénavant que je fasse vraiment attention et que je mette en place des stratégies de compensation pour ne pas perdre ou oublier mes clés » ?

Une fois que l’incident est arrivé, on se dit : bon alors ok, la clé dans le contact de la voiture, ça, c’est assez simple à prévenir. Ça m’est arrivé, et c’est vrai que j’avais déjà eu un ou deux signaux d’alerte par le passé, des fois où je suis sortie de la voiture en laissant la clé dans le contact. J’avais d’ailleurs identifié que c’était des situations où j’étais en train d’écouter quelque chose, que je voulais continuer à écouter, et donc on comprend aisément que l’oubli puisse avoir lieu, mon attention étant ailleurs.

Dans ce cas, je peux mettre en place une stratégie. Je crée une sorte de “règle” : j’arrête la voiture, j’enlève la clé du contact, je la mets dans la poche. Facile.

Renverser des trucs, c’est moins facile d’y remédier. Faut-il porter chaque chose comme si elle était une chose fragile et précieuse? Faut-il mesurer chaque geste du quotidien? Jusqu’où aller?

Ce qui est difficile aussi avec cet accident, enfin, avec les changements depuis l’accident (même s’ils ne sont pas énormes), c’est que c’est venu d’un coup.

Quand on vieillit, et que petit à petit nos capacités physiques et cognitives diminuent, doucement, ce n’est pas du jour au lendemain. On se rend donc compte des changements et des adaptations à apprivoiser, petit à petit. Avec la quarantaine, la périménopause, je vois déjà bien ce processus. On se dit: “mais purée, ça m’arrive de plus en plus souvent de faire des erreurs ou d’oublier quelque chose, avant ça m’arrivait jamais.”

Donc voilà. Petit à petit, on s’habitue. Petit à petit, on adapte notre image de nous.

Mais là, c’est comme s’il y avait une mise à jour du système d’exploitation du téléphone suite à laquelle il y a des trucs qui ne marchent plus. Avant, ça marchait tout le temps, mais maintenant, ça ne marche plus. De temps en temps, il y a des gros bugs.

Tenez, un autre truc automatique qui ne marche plus aussi bien post-accident: c’est le calcul mental.

Exemple très concret. Je me dis OK, je vais faire deux heures de promenade, je regarde sur Swisstopo une destination qui est à 45 minutes, et je me dis, ah mais non, ça va faire trop loin pour être de retour en une heure, donc je trouve un objectif à 25 minutes pour faire une boucle d’une heure — alors que c’était en fait deux heures. J’ai divisé par deux une fois.

Ou alors, comme l’autre jour, je fais 4 + 2 + 3 = 7.

Ce genre de truc. C’est quand même flippant.

Un autre exemple: je regarde les résultats du Bol d’Or, je lis 1h30 pour les vainqueurs — en fait c’était 1h30 du matin — et j’enregistre dans ma tête qu’ils ont mis 1h30 pour faire l’aller-retour du Bal d’Or, ce qui est totalement impossible. Mais je ne réalise pas que c’est complètement impossible, et je répète même cette “info mal interprétée” à quelqu’un.

C’est comme s’il y avait une sorte de processus de vérification ou de validation des chiffres qui n’est plus là, ou qui n’est plus aussi bien là, ou qui bugue. Ça, c’est super chiant et déstabilisant.

Lâcher prise [en]

J’y bossais déjà, mais depuis mon accident, je prends des cours avancés de lâcher-prise. Avoir du temps mais ne pas avoir d’énergie, donc renoncer. Dire non à des propositions. Dire oui en sachant que j’aurais dû dire non, faire quand même et payer derrière, me promettre que la prochaine fois je dis non. Non aux autres c’est des fois pas toujours simple, mais le pire c’est de devoir me dire non à moi.

J’ai déjà assez de “je veux” pour faire déborder une vie sans commotion, à la base. Alors là, je vous laisse imaginer.

Ne pas aller en randonnée. Ne pas aller au judo. Ne pas ranger les cartons qui attendent pourtant. Ne pas faire mon admin qui commence à peser sur ma liste des tâches. Ne pas voir des gens – des gens que j’aime et que j’aimerais voir, mais mon quota d’énergie disponible est épuisé ou pris par autre chose.

Faire des projets et les défaire au fur et à mesure. Annuler. Décommander. Déplacer. Dire “ah oui ça je vais faire”, pas juste à moi, mais à l’autre, et ne pas faire, semaine après semaine. C’est pas nouveau, ça, vous me direz, mais c’est d’autant plus cuisant que je fais des efforts immenses pour justement ne plus garder que le minimum. Même le minimum, à mes yeux, c’est trop pour ma vie juste là.

Voir passer les mois amorphes et regarder en arrière: certes, une ou deux choses de faites, une poignée peut-être, mais surtout de la convalescence, de la récupération, du repos.

Ah, le repos. Le Graal, l’objectif, le truc à apprendre, en plus du lâcher-prise. Mais c’est pas simple. Y’a un ou deux films sympas, genre Flow et Moana, que je veux regarder depuis des mois. Parce qu’au moins quand je regarde un film, ou une série, je suis pas en train d’agiter mon cerveau à faire autre chose. Puzzles? Bien sûr – ça fait des semaines que j’ai tout le temps “mieux à faire” que de me mettre au suivant. Y’a toujours des choses plus importantes à faire que de me reposer. Ranger le coin de bordel à l’entrée par exemple. Mettre les habits propres de la lessive de la semaine dernière dans l’armoire. Ecrire un article sur mon blog (oups).

Lâcher prise, aussi, quant à l’illusion que “gérer sa vie” est un objectif réaliste. C’est nouveau comme idée, ça. Mon perfectionnisme, il se manifeste moins dans les choses que je livre ou que j’accomplis que dans ma façon d’organiser ou de gérer. L’organisation ou la gestion, ça doit être fait “juste”. J’aspire à la sérénité que m’apporterait une vie où je n’ai ni piles de bordel à ranger ni piles d’habits à plier ni tas d’admin à faire ni légumes morts au fond du frigo que j’aurais dû cuisiner. Une vie un peu sous contrôle. Pas rigide, hein. Juste, gérée – comme quand on arrive à la gare avec une minute ou deux en rab, qu’on peut marcher tranquille, même profiter de regarder autour de soi, de respirer un peu.

Je regarde autour de moi, et je crois que personne n’a ça. Et je me dis que les vies de 2025, en fait, si ça se trouve c’est juste pas possible de réussir à suivre. Il y a toujours des choses qui vont nous échapper. Je dois m’avouer que je ne suis pas encore prête à lâcher prise, là, je m’accroche à cette illusion: il doit bien y avoir un moyen de gérer tout ça pour que ça roule. Il faut juste que je le trouve.

Lâcher prise: de retour au travail cette semaine. Je veux dire et redire que mon employeur, dans toute cette histoire, a été exemplaire. Soutien, empathie, zéro pression, un vrai allié. Je n’ose pas imaginer que qu’auraient été ces sept derniers mois avec un employeur moins compréhensif. Mais lâcher prise, parce qu’au moment de mon accident, j’étais arrivée à un rythme de croisière dans mon projet, j’avais réussi à commencer à mettre en mouvement des choses, j’avais planté des graines, lancé des pistes, activé des contacts.

C’est comme si en février-mars j’avais préparé mon joli jardin: retourné la terre, identifié quoi planter où, mis mes semis, commencé à regarder les petites pousses sortir de terre. Et maintenant, je retrouve mon jardin après sept mois laissé à l’abandon, je ne sais plus ce que j’ai planté où, il y a des mauvaises herbes partout, la moitié des semis sont morts, il y a des trucs qui poussent mais que je n’arrive pas à identifier. C’est dans l’ordre des choses vu la nature de mon job. Mais là, je ne peux pas juste revenir et continuer à m’occuper du joli jardin. Je dois d’abord identifier ce qui a poussé, ôter les mauvaises herbes, voir s’il y a des petites plantes à sauver ici ou là, s’il est encore temps de planter pour une récolte tardive…

Allez, je laisse la métaphore du jardin, faut pas la pousser trop loin, mais là aussi, qu’est-ce qu’il y a à lâcher prise.

Accepter ce qui est hors de mon contrôle.

En l’occurrence, mes limites. On choisit pas ses limites. On choisit ce qu’on en fait, si on les écoute, déjà, si on les respecte, ensuite.

Et pour la majeure partie de cette année, non seulement mes limites se sont manifestées de façon à ce que je ne puisse pas les ignorer, mais en plus de ça, elles ont déménagé pour venir s’installer juste devant ma porte. Je n’ai qu’à ouvrir, et hop, elles sont là.

Alors, ne dramatisons pas: je vais bien, dans l’ensemble, j’ai passé un cap il y a deux mois ou quelque chose comme ça, je suis en reprise de travail et je suis prête pour (pas comme en avril où j’y suis allée en me disant qu’on n’était jamais à l’abri d’une bonne surprise, mais que ça me semblait tout de même bien chaud). Je reprends mes activités.

Mais toujours à vitesse réduite – comme le travail.

C’est ultra frustrant. C’est ultra frustrant de voir tous ces mois “perdus”, moi qui ressens toujours très fort l’urgence de le vie parce que la mort est à nos trousses et qu’on ne sait pas quand elle nous rattrapera. J’ai appris jeune que ça pouvait être très tôt. La vie n’a cessé de me le confirmer.

Mais je sais que si je veux pouvoir être active à l’avenir, je dois apprendre à ralentir. Donc oui, bien sûr, ces mois ne sont pas “perdus”. J’ai appris et j’apprends encore: à ralentir, à lâcher prise, à dire non, à accepter que je ne peux pas faire ceci, ni cela, ni ça.

Je me répète, vous trouvez?

Après sept mois de ça, et c’est pas fini, je crois que je peux me répéter un peu.

Je pense à des gens, j’ai envie de les voir, mais je m’arrête avant de lancer une invitation ou une proposition, parce qu’avant il y a: le sommeil, manger correctement, avoir un minimum d’activité physique, gérer mon ménage et mon admin sans griller mes neurones, m’occuper de mes chats et de ma santé (sérieux des fois j’ai l’impression que gérer sa santé et son admin c’est déjà un 50%), essayer d’aller au judo et au chant (ce qui implique: m’organiser pour avoir assez d’énergie à ce moment-là), faire un peu de place pour mes proches, ne pas complètement délaisser la communauté DF, me reposer… et maintenant, on rajoute 30% de travail, pour commencer.

Ça c’est juste la base.

Alors je me rends bien compte que la complexité de ma vie a un impact direct sur la complexité de sa gestion, que ce soit côté temps ou admin.

Lâcher des choses? Lâcher prise. Mais quoi? Pas pour le moment.

Je m’accroche encore à l’idée qu’il y aura moyen de faire fonctionner tout ça.

Et donc aujourd’hui, j’ai lâché prise: dans le train en rentrant de ma première journée de travail au bureau depuis ma reprise, j’ai sorti mon calendrier, j’ai posé une plage d’admin, en me disant “allez hop je fais une heure d’admin je vais régler des trucs qui trainent”, puis une petite pause, puis une autre plage pour ma “correspondance” (je vous dis pas le nombre de gens à qui je dois répondre un truc ou un autre), et puis je vais aller au judo, ça le fait, le vendredi le cours commence toujours un peu en retard, donc si je quitte la maison à 17h45 ça ira.

Lâché prise, dites-vous? Ça ne ressemble pas trop à ça. Et vous avez raison. Lâcher prise, c’est ce qui est venu après, quand je suis descendue du train chercher mon vélo, après avoir réalisé que j’avais quand même un sacré coup de barre (c’était l’heure des médics, mais quand même), que j’avais fermé mon ordi parce que les phrases que je lisais sur l’intranet n’atteignaient plus mes neurones, que j’étais au bout de ma première semaine de reprise de travail et que je n’avais pas trop mal à la tête mais que peut-être, peut-être, ce serait sage de me reposer d’abord un peu.

Donc j’ai lâché prise: j’ai envoyé valser la plage d’admin, la correspondance, et même le judo. Ce soir je me donne un seul objectif: faire les courses. C’est tout. Si je liquide un ou deux petits trucs d’admin qui me chatouillent le bout des doigts, c’est du bonus (j’ai fait: deux paiements, envoyer une facture pour remboursement, 5 minutes chrono). Si je suis inspirée pour écrire un truc, j’écris – c’est plutôt reposant, en fait, car pour moi c’est un moyen de penser tranquillement, plus lentement parce qu’il faut écrire. Ecrire, ça canalise mes réflexions.

Les habits à ranger, qui attendent depuis plus d’une semaine, ils attendront. La pile de courrier à moitié ouverte, le coin en bordel à l’entrée, les légumes au fond du frigo: ils ne sont pas à ça près. Je lâche prise. J’accepte que juste là, me reposer est plus important que “faire”.

Enfin, j’essaie.