L’hiver de mes quinze ans, je me suis plongée dans des ouvrages scientifiques écrits par Isaac Asimov. De fil en aiguille, j’ai emprunté à la bibliothèque d’autres ouvrages, et fait mon éducation dans les domaines de la physique des particules, l’astrophysique, et la chimie.
J’avais jusque-là une vague ambition d’être prof de maths. Mais après ce contact avec le monde de l’infiniment petit et de l’infiniment grand, c’était décidé: je serais physicienne, chercheuse, scientifique — comme Marie Curie.
Du coup, je suis partie en section X au gymnase (ça n’existe plus, mais à l’époque, c’était une spécialité vaudoise qui combinait les programmes des sections latine et scientifique) et en chimie à l’université.
Aujourd’hui, c’est la Journée Ada Lovelace: et la femme admirable dont je veux vous parler, c’est Marie Curie. J’ai longuement hésité entre vous parler d’une figure historique ou d’une des nombreuses femmes contemporaines et plus proches de moi, et je me suis finalement décidée pour Marie Curie.
Je crois que le role qu’elle a joué en tant que modèle dans mes aspirations d’adolescente est une démonstration parfaite de l’importance d’avoir à portée de main des modèles féminins, et par conséquente de la pertinence d’une journée comme Ada Lovelace Day.
Si j’ai entrepris des études scientifiques, c’était donc parce que je me voyais chercheuse. L’image que j’avais dans la tête, c’était Pierre et Marie Curie dans leur labo — et cette femme, prix Nobel du tout début du XXe siècle… j’avoue qu’elle m’impressionnait.
En général, on mentionne “Pierre et Marie Curie”. Le couple un peu romantique de scientifiques découvrant la radioactivité, la main de Marie photographiée aux rayons X par son mari Pierre… Dans de tels cas de figure, on a vite tendance à mettre la femme un peu dans l’ombre de l’homme. Remettons l’eglise au milieu du village, si vous voulez bien.
Tout d’abord, c’est Marie qui entame ses recherches sur le rayonnement de l’uranium pour son doctorat. Un an plus tard, Pierre abandonne ses propres recherches (sur la piézoélectricité) pour la rejoindre dans ses travaux sur la radioactivité (c’est d’ailleurs elle qui a inventé ce terme). Ils obtiennent en 1904 avec Henri Becquerel le prix Nobel de physique. Elle est la première femme à recevoir un prix Nobel, et également la première femme lauréate de la Médaille Davy.
Pierre Curie meurt accidentellement en 1906. Marie vivra jusqu’en 1934 — en fait, la plus grande partie de sa carrière scientifique se fera sans son mari à ses côtés.
Elle reprend le poste de professeur à la Sorbonne de son mari décédé, devenant la première femme à enseigner dans la prestigieuse université (professeur titulaire en 1909). En 1911, deuxième prix Nobel, de chimie cette fois-ci. Elle est la première personne à recevoir deux prix Nobel pour ses travaux scientifiques, et la seule femme à ce jour.
Elle dirigera ensuite le laboratoire de physique et chimie de l’Institut du Radium (futur Institut Curie), passe son permis de conduire en 1916, et participe à la création d’unités de radiographie mobiles (les Petites Curies) pour pouvoir directement prendre des radios des soldats blessés au front, sur place. En 1925, elle crée avec sa soeur l’Institut Radium à Varsovie.
Si la vie et l’oeuvre scientifique de cette femme extraordinaire vous inspirent (j’ai mis des heures et des heures à écrire ce billet, finalement, parce que je me suis plongée dans des lectures de biographies que je n’avais pas prévues!), les articles Wikipedia en français et en anglais sont de bons points de départ (n’hésitez pas à utiliser les liens cités en source à la fin de chaque article… il y a de la lecture!)
Et vous? Qui sont les femmes scientifiques que vous admirez? Choisissez-en une, qu’elle soit célèbre ou non, et parlez-nous d’elle pour la Journée Ada Lovelace. Je me réjouis de vous lire!