Lunettes de lecture [fr]

[en] Reading glasses.

Je crois bien que c’était à Kolkata, en 2015, que j’ai réalisé que je peinais un peu à lire, le soir. J’ai toujours eu une “bonne vue”, mais je me suis dit, passé les 40, ce serait peut-être bien d’aller faire un contrôle.

D’oculiste en ophtalmo, je ressors avec un oeil bizarrement astygmate et compliqué à corriger, et une presbytie pas tellement dramatique à +0.75. Enfin, strictement parlant, j’étais entrée avec aussi.

L’oeil astygmate, je pense que c’est la conséquence de l’éclat en métal qu’il a fallu déloger en rasant un peu de cornée. Etait-ce justement en été 2015? On avait accusé ma décapotable, mais je suis maintenant persuadée que le coupable est le store rouillé du balcon du chalet. Ne pas regarder en haut quand on le déroule…

J’ai donc acheté une paire de loupes toutes faites en pharmacie. J’ai trouvé du +0.75! Pas de garantie pour le style, mais pas de trou dans le budget, surtout pour des engins que je n’étais même pas certaine que j’allais vraiment porter beaucoup. C’était surtout utile pour faire des coloriages (et ne pas déborder).

Au final, les coloriages ont un peu pris une pause, et j’ai augmenté la taille de la police sur ma Kindle.

Deux bonnes années plus tard, je prends mes premières vacances (non-malades) d’employée depuis plus d’une décennie. Et je me dis que je pourrais faire un peu de coloriage, au chalet, pour me vider la tête. Et je retrouve mes lunettes. Et je les embarque. J’avais en passant regretté de ne pas savoir où je les avais rangées lors du diabète de Quintus: viser la petite veine capillaire dans l’oreille à 6h du matin, mesurer des mini-doses d’insuline entre les graduations de la seringue, tout ça aurait probablement été plus facile avec.

Premier coloriage, effectivement, ça fait une grosse différence! Le soir, sur ma Kindle, je me souviens que j’ai des lunettes, j’essaie, et oui, c’est vachement pas mal. Je prends gentiment le pli de la lecture avec lunettes.

Puis je me demande si ça aiderait devant l’écran. Surprise: oui!

Je passe donc deux semaines en compagnie de mes lunettes.

De retour au travail, je prends conscience que je suis en train de froncer quand même pas mal le front devant mon ordinateur de travail… Et si…? Parce que c’est comme avec les appareils auditifs, en fait, on réalise qu’on pourrait (devrait!)  faire moins d’effort, et le cerveau se rebelle. Se rendre la tâche inutilement plus pénible, c’est fini!

Du coup, aujourd’hui, j’ai amené mes lunettes avec moi, et on va voir si elles m’aident avec mon écran au travail.

Ah oui! Depuis quelques années (?) j’ai des maux de têtes plus fréquents que par le passé. Et si c’était lié?

Eyes And Ears: So Different? [en]

As the founding editor of Phonak’s community blog “Open Ears” (now part of “Hearing Like Me“) I contributed a series of articles on hearing loss between 2014 and 2015. Here they are.

Since I started spending so much time thinking about hearing loss and hearing technology, one of the things I’ve obviously been thinking about it social stigma related to hearing loss. Stigma is immediately cited as the reason people wait so long to get fitted, and the reason for which “invisible” is a great quality for a hearing aid. (Not everybody agrees, though.)

Corinne with glasses
Photo credit: Corinne Stoppelli

In an attempt to wrap my head around some of these issues, I’ve been trying to make parallels between eyes and ears, glasses and hearing aids. Why is “not hearing well” considered so differently from “not seeing well”? Saying “there’s more stigma” is not really an answer. Social stigma comes from somewhere, right?

I think the main thing we need to consider here is that hearing loss impacts our relationships to other people, whereas visual loss (!) mainly impacts our relationship to the world. If you have trouble seeing, you will stumble, you will not be able to read the signs, you will not recognise objects (maybe even people), but you will not be prevented in a significant way from interacting with others. Whereas with hearing loss, even “a bit” of it can mess up relationships: hearing loss can mean you pass for rude, or stupid, or uncaring, or distracted, or uninterested — because you just couldn’t hear what the other person thought you did.

I think this is the deep, social root of the issue. Being short-sighted isn’t perceived as a disability. It’s a reasonably normal, common condition. In Switzerland, your health insurance covers your glasses to some extent. If you’re “short of hearing”, however, it immediately falls under the “disability” label. What financial contribution there is to your hearing aids (if you’re entitled to it) comes from the Invalidity insurance.

To reinforce this, glasses are “in your face” visible and all over the place, whereas hearing aids go unnoticed most of the time. Since I was fitted, my keen eye for detail has been scanning ears in public transport and supermarkets. There are actually lots of people with hearing aids out there, but if you’re not paying attention, you won’t notice them!

One thing that has been bugging me a lot is how there is a linguistic double-standard for ears and eyes. We have a specific word for those things we put on our nose to compensate for bad eyesight: “glasses”. But what words do we have for those devices we wear in or on our ears? “Hearing aids.” I’ll probably do a proper article about the language issue, actually. Stay tuned 😉