Incompetent? Never! [en]

Abstract: People tend to hold overly favorable views of their abilities in many social and intellectual domains. The authors suggest that this overestimation occurs, in part, because people who are unskilled in these domains suffer a dual burden: Not only do these people reach erroneous conclusions and make unfortunate choices, but their incompetence robs them of the metacognitive ability to realize it. Across 4 studies, the authors found that participants scoring in the bottom quartile on tests of humor, grammar, and logic grossly overestimated their test performance and ability. Although their test scores put them in the 12th percentile, they estimated themselves to be in the 62nd. Several analyses linked this miscalibration to deficits in metacognitive skill, or the capacity to distinguish accuracy from error. Paradoxically, improving the skills of participants, and thus increasing their metacognitive competence, helped them recognize the limitations of their abilities.

Unskilled and Unaware of It [PDF]

The article is pretty long: read the beginning, hop over the study reports and go directly to the analysis at the end.

A very interesting article which studies the fact that unskilled individuals tend to overestimate their skills. There seems to be a correlation between lack of expertise and lack of metacognitive ability.

[via Glenn]

Original? [en]

Nothing is new. Only your ignorance of what came before makes things seem original.

Peter Cooper (on MeFi)

Langage: analyse et synthèse [en]

[…] Le changement d’échelle [herméneutique -> sémantique lexicale -> sémantique structurale] du problème [le double-sens] fait apparaître une constitution fine qui seule permet un traitement scientifique du problème: la voie de l’analyse, de la décomposition en unités plus petites, c’est la voie même de la science, comme on le voit dans l’usage de cette analyse en traduction automatique. Mais je voudrais montrer en retour que la réduction au simple consacre l’élimination d’une fonction fondamentale du symbolisme qui ne peut apparaître qu’au niveau supérieur de manifestation, et qui met le symbolisme en relation avec la réalité, avec l’expérience, avec le monde, avec l’existence (je laisse à  dessein le choix libre entre ces termes). Bref, je voudrais établir que la voie de l’analyse et la voie de la synthèse ne coïncident pas, ne sont pas équivalentes: sur la voie de l’analyse se découvrent les éléments de la signification, qui n’ont plus aucun rapport avec les choses dites; sur la voie de la synthèse, se révèle la fonction de la signification qui est de dire, et finalement de “montrer“.

Paul Ricœur, Le problème du double-sens (in Le conflit des interprétations)

Langage: fiction, histoire, temps [en]

Avant que vous vous lanciez avec courage dans le paragraphe ci-dessous, quelques mots de commentaire.

Ricœur fait remarquer la division entre œuvres ayant prétention à  la vérité et œuvres de fiction. Je crois que c’est une distinction très importante. On peut flirter avec les limites, certes, mais lorsqu’un genre tente de se faire passer pour l’autre (c’est en général dans le sens fiction -> histoire), il y a malhonnêteté. C’est entre autres ceci qui m’a fait réagir comme je l’ai fait à  l’affaire Kaycee Nicole.

Sous cette fracture entre histoire et fiction, il y a cependant une unité sous-jacente: le caractère temporel de l’expérience humaine que l’on peut raconter. Cela semblerait bien confirmer une remarque que je faisais cet été en Inde, concernant le fait que l’on raconte facilement ses mésaventures, mais plus difficilement ses moments de bonheur – justement parce que les premières s’inscrivent dans le temps et font une bonne matière à  récit.

[…]Au cours du développement des cultures dont nous sommes héritiers, l’acte de raconter n’a cessé de se ramifier dans des genres littéraires de plus en plus spécifiés. Cette fragmentation pose aux philosophes un problème majeur, en raison de la dichotomie majeure qui partage le champ narratif et qui oppose massivement, d’une part, les récits qui ont une prétention à  la vérité comparable à  celle des discours descriptifs à  l’œuvre dans les sciences — disons l’histoire et les genres littéraires connexes de la biographie et de l’autobiographie — et, d’autre part, les récits de fiction, tels que l’épopée, le drame, la nouvelle, le roman, pour ne rien dire des modes narratifs qui emploient un autre médium que le langage: le film par exemple, éventuellement la peinture et d’autres arts plastiques. A l’encontre de ce morcellement sans fin, je fais l’hypothèse qu’il existe une unité fonctionnelle entre les multiples modes et genres narratifs. Mon hypothèse de base est à  cet égard la suivante: le caractère commun de l’expérience humaine, qui est marqué, articulé, clarifié par l’acte de raconter sous toutes ses formes, c’est son caractère temporel. Tout ce qu’on raconte arrive dans le temps, prend du temps, se déroule temporellement; et ce qui se déroule dans le temps peut être raconté. Peut-être même tout processus temporel n’est-il reconnu comme tel que dans la mesure où il est racontable d’une manière ou d’une autre. […] En traitant la qualité temporelle de l’expérience comme référent commun de l’histoire et de la fiction, je constitue en problème unique fiction, histoire et temps.

Paul Ricœur, Du texte à  l’action (De l’interprétation)
[je souligne]

Langage: explication et compréhension [en]

Ne vous en faites pas si c’est un peu obscur, toute cette linguistique. La crise passera, n’ayez crainte.

Une position purement dichotomique du problème consisterait à  dire qu’il n’y a pas de rapport entre une analyse structurale du texte et une compréhension qui resterait fidèle à  la tradition herméneutique romantique. Pour les analystes, partisans d’une explication sans compréhension, le texte serait une machine au fonctionnement purement interne auquel il ne faudrait poser aucune question — réputée psychologisante —, ni en amont du côté de l’intention de l’auteur, ni en aval du côté de la réception par un auditoire, ni même dans l’épaisseur du texte du côté d’un sens, ou d’un message distinct de la forme même, c’est-à -dire de l’entrecroisement des codes mis en œuvre par le texte. Pour les herméneutes romantiques, en revanche, l’analyse structurale procéderait d’une objectivation étrangère au message du texte inséparable lui-même de l’intention de son auteur: comprendre serait établir entre l’âme du lecteur et celle de l’auteur une communication, voire une communion, semblable à  celle qui s’établit dans un dialogue face à  face.

Ainsi, d’une part, au nom de l’objectivité du texte, tout rapport subjectif et intersubjectif serait éliminé par l’explication; d’autre part, au nom de la subjectivité de l’appropriation du message toute analyse objectivante serait déclarée étrangère à  la compréhension.

Paul Ricœur, Du texte à  l’action (Expliquer et comprendre)

Langage: interprétation [en]

Je continue de vous faire profiter de ma lecture de Ricœur: explication du texte par sa dynamique interne, interprétation en le replaçant dans son contexte de production.

Repartons de notre analyse du texte et du statut autonome que nous lui avons reconnu par rapport à  la parole et à  l’échange de paroles. Ce que nous avons appelé l’occultation du monde ambiant par le quasi-monde des textes engendre deux possibilités. Nous pouvons, en tant que lecteur, rester dans le suspens du texte, le traiter comme texte sans monde et sans auteur; alors nous l’expliquons par ses rapports internes, par sa structure. Ou bien nous pouvons lever le suspens du texte, achever le texte en paroles, le restituant à  la communication vivante; alors nous l’interprétons. Ces deux possibilités appartiennent toutes les deux à  la lecture et la lecture est la dialectique de ces deux attitudes.

Paul Ricœur, Du texte à  l’action (Qu’est-ce qu’un texte?)

Langage: polysémie [en]

Lorsque je parle, je réalise seulement une partie du potentiel signifié; le reste est oblitéré par la signification totale de la phrase, qui opère comme unité de parole. Mais le reste des virtualités sémantiques n’est pas annulé, il flotte autour des mots, comme une possibilité non complètement abolie; le contexte joue donc le rôle de filtre; lorsqu’une seule dimension du sens passe par un jeu d’affinités et de renforcements entre toutes les dimensions analogues des autres termes lexicaux, un effet de sens est créé, qui peut atteindre à  l’univocité parfaite, comme dans les langues techniques; c’est ainsi que nous faisons des phrases univoques avec des mots multivoques grâce à  cette action de tri ou de crible du contexte; mais il arrive que la phrase soit ainsi faite qu’elle ne réussisse pas à  réduire à  un usage monosémique le potentiel de sens, mais qu’elle maintienne ou même crée la concurrence entre plusieurs lieux de signification; par divers procédés, le discours peut réaliser l’ambiguïté qui apparaît ainsi comme la combinaison d’un fait de lexique: la polysémie, et d’un fait de contexte: la permission laissée à  plusieurs valeurs distinctes ou même opposées du même nom de se réaliser dans la même séquence.

Paul Ricœur, Le problème du double-sens (in Le conflit des interprétations)

Voilà  ce que j’aime dans la langue: la polysémie. Cela fait longtemps que je frôle Ricœur à  l’université, surtout dans mes cours de linguistique française. J’ai la chance de l’approcher d’un peu plus près pour mes derniers examens de philo – alors je vous en fais un peu profiter.

Books [en]

Books won’t die, I tell you. Because you can read your book in the loo, can’t you?

If people love paper, there must be a reason for it. And there is. It is highly portable (you can even read it on the loo), infinitely flexible (when was the last time you were able to scribble on an electronic document?) and embodies very high-resolution display technology, which consumes no battery power. And it doesn’t have to be booted up before you can read it.

John Naughton in The Observer, Nov. 25 2001 column

11 Septembre [en]

En ce qui me concerne, un bon résumé de la situation par Jacques Poget (rédacteur en chef de 24 heures – dernier article de la page indiquée ci-dessus).

Le drame de l’après-11 septembre, c’est que la réaction reste superficielle. Confrontés à  un assaut d’une cruauté uniquement imaginable dans les superproductions hollywoodiennes, l’Amérique et l’Occident peinent à  s’attaquer aux racines du mal.