Ecrire pour ses lecteurs… [en]

Trop de gens ont tendance à  oublier, lorsqu’ils écrivent, qu’ils ont des lecteurs.

Je m’étonne d’autant plus que les weblogueurs, qui a priori sont en contact plutôt étroit avec leurs lecteurs, ne soient pas différents.

Je viens de finir ma tournée de la blogosphère francophone. On peut faire mieux, les amis – on peut faire mieux!

C'est quoi un weblog? [en]

D’autres l’ont déjà  fait, je m’y mets aussi: C’est quoi un weblog?, sur SpiroLattic. Grain de sel d’autrui bienvenu!

Article "weblogs" et construction de l'histoire [en]

A lire, l’article de Chryde sur Les blogues, la deuxième jeunesse d’Internet [pdf].

J’amorce de ce pas une petite réflexion sur la construction de l’histoire (inspirée j’en conviens de certaines constatations sur l’inceste bibliographique, faites en travaillant sur mon mémoire).

Tout article sur les weblogs qui paraît à  présent nous sert la distinction “weblogs technologiques” versus “warblogs”, et insiste sur le tournant du 11 septembre. Mis à  part le fait qu’on ne se lasse de répéter encore et encore l’importance de cette date charnière pour les weblogs, et donc qu’on asseoit ainsi à  chaque itération la vérité de cette affirmation, je ne suis pas convaincue qu’elle mérite toute l’attention qu’on lui donne.

J’étais au milieu du monde des weblogs avant, je suis encore au milieu après, et je ne vois pas vraiment de différence. De plus, le 11 septembre, c’était il y a bien peu de temps pour vouloir en faire de l’histoire…

Est-ce qu’on ne pourrait pas arguer que le discours “meta-webloguesque” au sujet des warblogs est un même, comme disent nos amis anglophones? Une idée séduisante qui se répète d’article en article, mais dont la source est toujours de seconde main? Une légende urbaine du journalisme ou de la recherche académique? Ne sommes-nous pas en ce moment même en train d’assister à  une construction de l’histoire des weblogs en affirmant l’importance de ces warblogs et du 11 septembre dans leur développement?

Oui, je sais, l’histoire est toujours construite.

Science des religions n'est pas théologie… [en]

Je fais des études en histoire et sciences des religions. La plupart des gens à  qui je le dis s’imaginent tout d’abord que j’étudie la théologie. Ce n’est pas la même chose.

Quelques réflexions tirées du dernier cours d’epistémologie en science des religions, qui a eu lieu aujourd’hui.

  • La science des religions est non-apologétique.
  • Elle n’a pas de visée eschatologique ou sotériologique.
  • Elle vise à  une transparence de méthode.
  • C’est une approche qui est le produit d’une culture occidentale et judéo-chrétienne.
  • C’est une discipline scientifique qui vise à  une certaine objectivité (avec les réserves détaillées ci-dessous).
  • Discipline en phase d’émancipation (de la théologie en particulier), elle tend à  se définir par la négative: elle n’est pas de la théologie, elle n’est pas de l’anthropologie religieuse, elle n’est pas de la sociologie de la religion…
  • De même, elle peine à  définir son objet (les “religions”).
  • La science des religions vise à  produire un discours “de l’extérieur” qui soit la transposition d’une compréhension “de l’intérieur”.

Ce désir d’objectivité (bien légitime), visant à  produire un discours qui soit détaché de toute appartenance religieuse, pose problème. Tout discours est idéologique – même celui des sciences dites “exactes”.

Même si je n’ai aucune affiliation religieuse, cela me met dans une certaine classe d’appartenance religieuse. L’exemple de cela que j’aime à  donner est celui de l’athéisme – c’est une prise de position idéologique aussi forte que l’adhérence à  une religion ou à  une croyance.

Ce désir d’objectivité paraît aujourd’hui ne pouvoir être exaucé que par cette transparence de méthode que j’ai mentionnée aussi: je dis qui je suis, comment je procède, ce que je veux montrer – je mets tout sur la table afin que l’on puisse me suivre.

Je ne veux pas débattre ici de terminologie. Que l’on dise histoire des religions, science(s) des religions, histoire et science(s) des religions, history or religions, ou encore religious studies… je considère pour le moment que si on parle de la même chose, il est inutile de nous battre sur les termes.

Rêve [en]

Ce matin, un rêve a refusé de me laisser tranquille. Je l’ai attrapé et collé sur du papier: Fantôme!

Vacances [en]

Les vacances s’étiraient interminablement devant et derrière elle. Une grande plaine de vide, morne et grise.

Elle avait épuisé les activités qu’elle pouvait mener d’elle-même. Elle avait ralenti et n’attendait plus que la rentrée, là , dans plusieurs semaines.

Tout serait simple. On lui dirait quoi faire, elle le ferait, on serait content d’elle, elle serait heureuse en retour. C’est important de faire pour quelqu’un.

Sans le regard des autres, d’ailleurs, elle n’existait pas vraiment. C’est pour cela qu’elle n’aimait pas l’été. Trop long, trop vide, plus personne ne la regardait.

Refus [fr]

Franchement, je préfère ne pas y aller. Il fait noir là-dedans, et il y a des loups. Je te promets, j’en ai même vu, une fois. Puisque je te dis. Je ne m’en sors pas si mal. Tu vois, si je reste debout comme ça assez longtemps, je ne sens plus rien. Donc c’est pas si grave. Je vais attendre que ça passe.

Et puis il y a des moments où je peux même jouer. Ça ne me fait rien quand je joue. C’est quand même mieux que d’aller me promener dans le noir avec les loups!

Tu veux vraiment que j’y aille? Ah non, pas question! Tu ne me feras pas aller là-dedans. Je suis plus forte que toi, tu sais. Surtout quand j’ai peur. Ben oui j’ai peur d’aller toute seule dans le noir! Ah bon? tu veux venir avec moi? Quelle idée! Oui mais bon, ça va rien changer. Il fera toujours aussi noir. Et tu ne pourras pas me sauver des loups.

Non, non et non! Tu ne me feras pas aller. Je m’échapperai! J’oublierai le chemin. Je me perdrai. Je veux rester tranquillement ici. Ça finira bien par s’arranger tout seul, je le sais. Si.

Non, je ne bougerai pas. Puisque je te dis que je n’ai pas de problème! Tout va bien! Mais oui, promis. Regarde, est-ce que j’ai l’air d’aller mal? Je me débrouille très bien toute seule. Je n’ai besoin de personne! Personne, tu entends? Pas même toi!

Tu ne comprends pas que si je suis ici, c’est bien parce qu’il m’est impossible d’aller dans cette saleté de forêt? Les loups ont déjà failli me manger une fois. Ils m’ont attaquée, mordue, déchirée. Alors je me suis mise en boule et j’ai fait la morte. Je ne sais plus trop bien ce qu’il s’est passé ensuite. Peut-être que je me suis endormie, ou alors les loups sont partis, je ne sais plus. Je me suis retrouvée ici &mdash j’avais tellement mal que je ne pouvais plus bouger.

Je suis restée longtemps immobile. J’ai oublié la douleur. Ou bien je m’y suis habituée, je ne sais pas trop. J’ai réappris à  marcher. Je cache mes cicatrices sous de longs habits.

Je suis allée m’installer le plus loin possible des loups. Parfois je les entend hurler la nuit. Alors je me réveille, en sueur, et j’ai mal partout comme s’ils étaient là, à planter leurs dents dans mon corps.

Mais en général ils ne me dérangent pas. Ils sont loin, dans la forêt noire. Moi je reste à  la lumière. Je reste sans bouger à  fixer le ciel, et je ne sens plus rien. Ça me va tout à fait. Un jour ça passera, quand quelqu’un sera venu tuer les loups pour moi. Mais je préfère attendre, je ne veux pas aller là-bas.

Alors arrête de m’embêter, d’accord? J’irai pas. J’ai pas envie d’avoir mal.