Double Life [en]

I came back home a bit late this evening. Bagha was not waiting for me in front of the building, as he often does, so I toured the neighbourhood to find him.

It gave me a chance to talk to a couple who live in the block behind mine, and who saw me pick Bagha up from their ground-floor balcony, where they were having a late supper.

He had been coming to their house very regularly during the last weeks (months?), sleeping there during the day, and eating too. They bought canned food (oh my God!) and fish to feed him. They actually gave him a name, thinking he was a stray.

I was wondering why Bagha’s appetite seemed to have diminished since I left for India.

I knew very well that the unfaithful feline found his way into other people’s flats. I also suspected that he probably got more to eat in his day than what I fed him (he did spend his youth stealing from kitchens in India, so he has the practice). I knew he could charm people. But I never suspected he had actually been adopted.

I think I’m really going to put some fancy collar around his neck with a notice in a bottle: “Hello, my name is Bagha. My mistress lives in the neighbourhood and feeds me very well. Please do not give me anything to eat, even if I know how to be quite persuasive!”

View [en]

During my absence, the building opposite my balcony was pulled down. I now have a nice view on the mountains from my living-room (I can see them now as I type). Maybe I should complain when they try to build something there, and keep my new view?

Non-dit [en]

Je sais que nous n’en parlerons pas. Ce serait briser cette magie que l’on a tant de mal à  faire naître, étouffer le futur et rendre mensonge le passé. On a tant dit que la parole est d’argent mais le silence d’or que l’on oublie de se taire. Il y a des choses qui sont mieux laissées souterraines, le temps qu’elle éclosent.

Unrest [en]

I know it is easy to worry when someone you know is far away. I won’t say anything about the situation, apart that there is too much to say, and that I have the feeling it has all been said.

I just wanted to assure you that I am safe, that there is no unrest in the country, and that I will be travelling back to Pune until the middle of next week – so don’t you worry if I’m not answering emails.

Lost Life [en]

IUCAA, 18 August 01, 0:30 pm

For the first time in my life, I find myself missing the life I had at some point. I have often felt unsatisfied by the present, but as far as I can remember I have always coped by looking ahead into the unforseeable future: “things will be better when…”

I really miss the life I had with Somak and Aleika in IUCAA. I miss it in the sense that I would really like to be able to go back to that time. I don’t have the feeling that I’m particularly unsatisfied with my present, though – I just wish I could still be living in the cosy little family we had.

Visiting them in Birmingham is a way of finding a bit of this life again, but much too briefly. Coming here is a way of looking straight into what hurts – a chance to realise where exactly the hurt is, maybe, and hopefully to help heal it.

Déchirure [en]

IUCAA, 17 Août 01, 0h30

Durant les deux derniers jours, j’ai croisé nombre de personnes qui faisaient partie de mon petit monde à  Pune. J’ai fait du shopping, j’ai exercé mes talents diplomatiques indiens avec les vendeurs de divers magasins, j’ai mangé dehors avec Madhav et revu ses copains étudiants, et parlé hindi avec Nisha.

J’avais bien des choses à  écrire, mais elles sont un peu dans l’arrière-plan, maintenant. Après un téléphone à  Aleika, me revoilà  toute nostalgique de l’époque ou nous vivions ici ensemble. La vie que nous avions me manque – et elle aussi, elle me manque. Je crois bien qu’il reste une déchirure qui n’a pas guéri. Quitter un lieu ou une personne trop vite et un peu en catastrophe, ça n’aide pas à  passer à  la phase suivante dans de bonnes conditions.

Et d’un coup, je me demande si d’une certaine façon, je n’ai pas passé une bonne partie de l’année passée à  payer mon départ brutal de Pune. Je crois que je n’étais pas prête à  rentrer – peut-être bien parce que mon départ initial de suisse ne s’était pas passé non plus le mieux qu’il aurait pu.

Il me reste un peu moins de dix jours pour parvenir à  quitter IUCAA en paix.

Départ [en]

Vol KLM pour Amsterdam, 13 août 01

La suisse est belle vue d’en haut. Le Lac Léman, le Rhône — qui, on a bien tendance à l’oublier, file plutôt vers le nord à la sortie du lac — le Jura sous mes pieds et les Alpes blanches en arrière-fond. Le Lac de Neuchâtel est immense — bien plus que sur les cartes.

Ce départ vers l’Inde me renvoie inévitablement à celui d’il y a deux ans. Mon année dans ce pays, si elle a été très enrishissante et source de grandes joies, a aussi été passablement traumatisante. L’Inde n’est pas un pays où il est facile de vivre.

Un an après mon retour, je suis consciente que je me suis souvent blindée pour survivre émotionellement. Je me rends compte que mon départ de suisse, mon arrivée en Inde et mes premières semaines là-bas ont été bien plus pénibles que ce que je pensais sur le moment. Sur place, j’ai du faire face à la mort de mon chat (ce qui n’était pas une petite affaire), à des problèmes sentimentaux de taille, et à la séparation de mes parents. Et pour couronner le tout, le moment de rn entrer est venu lorsque j’étais bien installée dans une petite vie sympathique, avec des gens que je considère comme ma deuxième famille.

Et il ne s’agit là  que de mon histoire personnelle – je vous épargnerai tout le chapitre du choc culturel

Bref, tout cela pour dire que j’ai plus que certainement un nombre respectable de unresolved issues (comme on dit en anglais) liées à  l’Inde, et que mon retour dans ce pays est en train de me donner l’occasion d’y faire face.

Mes craintes liées à  ce voyage sont assez vagues – comme toutes les inquiétudes sans trop de fondement, d’ailleurs: peur de ne pas rentrer, peur de ne pas retrouver mon monde intact lorsque je rentre, peur d’être incapable de me sentir bien dans cette culture étrange à  laquelle j’avais pourtant fini par me faire.

Je ne pars que six semaines, mais je réagis comme si je m’en allais pour une année…

Vie [en]

Ce soir, le patriotisme s’écrit dans le ciel à  coups de feux d’artifice plus ou moins bruyants. Je n’ai jamais eu trop de goût ni pour le patriotisme ni pour les explosions sonores, mais j’aime bien les jolies lumières dans la nuit. Le balcon de mon frère offre une vue privilégiée sur le spectacle réjouissant de la transformation de l’argent des contribuables des communes voisines en nuages de fumée colorée.

Je suis rentrée chez moi à  pied. Ce chemin que j’ai fait maintes fois avec Cali ces derniers mois, je l’ai fait seule pour ce qui est peut-être la deuxième ou la troisième fois. C’est étrange de me retrouver dans ces lieux familiers sans elle. Elle était comme une extension de moi-même, que je guidais d’un mot ou d’un geste, qui connaissait mes promenades aussi bien que moi.

Comme toute absence, la sienne est pénible parce qu’elle touche ma vie quotidienne. Je dois me refaire à  tout. C’est étrange de quitter mon appartement sans Cali, sans pour autant devoir fermer la porte de ma chambre à  coucher, sous peine de trouver sur mon duvet l’empreinte encore chaude d’un corps de chien – chien qui bien entendu me regarderait la tête de côté, hausserait un sourcil avec un air de dire “qu’est-ce que t’as? regarde comme je suis restée sagement à  ma place pendant que tu étais loin!”

Mon appartement semble vide quand j’y rentre. Cali m’accueillait en remuant son arrière-train avec tant d’enthousiasme que cela lui valait souvent de s’étaler sur le parquet à  mes pieds, ne sachant plus où placer ses trois pattes pour garder son équilibre. Bagha bien sûr m’accueille aussi, mais on le sait bien, les chats sont plus discrets que les chiens dans ce genre d’exercice (et leur préoccupation première semble tout de même être le contenu de leur assiette).

Avec le temps, je vais m’habituer à  ce changement dans ma vie, re-baliser mon territoire en solitaire, retrouver un peu de liberté sacrifiée à  ma compagne de près d’une année. Et surtout, à  plus forte raison puisque ma meilleure amie s’y trouve à  présent, je vais retourner à  Birmingham cet automne.

Life without Cali [en]

Today is the night where patriotism is spellt with loud bangs and fire in the sky. I personally am not that enthusiastic about either the patriotism or the loud bangs, but I have to admit I appreciate the expensive fireworks which light up the sky.

I’ve just come home from my brother’s flat, whose balcony offers a splendid view of the neighbouring towns’ taxpayers’ money disappearing into a puff of smoke – though only after having offered a coloured show, and quite pleasing to the eye, too.

The reason this is notable enough to deserve mention in these pages is that today was my first day in Lausanne without Cali — and that during the last couple of months, I have walked back and forth numerous times with her between my brother’s flat and mine. It is so strange to be without her.

It’s strange to be home without her following me around or lurking in a corner. It’s strange to leave home “without the dog”, and not have to close the door to my bedroom (she’d take possession of my bed if I didn’t). It’s strange to arrive home without her greeting me. Bagha comes to greet me, of course, but we all know dogs are much more demonstrative than cats for this kind of thing. Cali, trying to make me believe I had been away for ever, would wag her tail with so much enthusiasm that her whole behind would sway to and fro, to the point where she would forget how to stay standing on my slippery wooden floor and end up on her belly, in my feet.

What makes her absence difficult is the way it impacts my life. It’s the same with any separation, by the way. All the places I would go to with her, all the things I used to do with her present, all our interactions, have all been chopped out of my life.

A dog, especially if well-trained and with a sweet character like Cali, becomes an extension of oneself. Cali knew my walks as well as I did; I could guide her with a word, a whistle or a sign of my hand. Everywhere I went, one of my eyes would be following her, and I would be giving out these little signals to her permanently. When I walk alone, it is no longer necessary. I don’t have to stop anymore before crossing roads to make her sit. No need to look out for nice green lawns she isn’t allowed on. No need to keep an eye open for the “dogs forbidden” signs.

These feelings will go away in a few weeks. I’ll get used to driving alone. I’ll get used to living with just Bagha. Of course, I’ll miss our walks around the university. I’ll miss encouraging her up the stairs, when she was tired or seemed to think it was a long way up (stairs aren’t easy when you have only one hind leg).

I’ll find a way to go to Birmingham in October. I will.