C’est quand même très étrange et déroutant, ce que cette blessure fait à mon cerveau. Hier je me suis reposée, assez. Ce matin je me suis réveillée sans mal de tête, et j’ai trainé tranquille. Cet après-midi j’ai fait un peu d’administratif. Dont un peu de rédaction. Pas de la rédaction comme ici où je parle à voix haute, de la rédaction où on tente de composer un truc administratif tourné comme il faut avec les infos qu’il faut et pas trop long. Au bout d’un moment, 30-45 minutes peut-être, j’ai senti que ça patinait. Et quand ça patine, c’est comme si mon cerveau souffrait de vision tunnel. Je peux me focaliser sur la phrase que j’écris, mais je n’arrive pas bien à garder en tête le contexte: ce qui vient avant, après, le mot que je veux placer, la partie de phrase que je veux bouger, l’idée que je veux exprimer. Décrit comme ça, ça fait clairement penser à une mémoire de travail réduite. (Ce qui fait sens, c’est décrit comme un symptôme en cas de syndrome post-commotionnel.) L’expérience subjective est vraiment désagréable. C’est vraiment comme si mon cerveau ne “voyait” plus en grand angle mais en zoom. Et encore, le gros zoom sans stabilisateur qui tremblote et qu’on peine à garder sur le sujet.
Alors bon, j’ai arrêté, j’ai fait une croix sur ma sortie de la soirée, et je me mets au repos, vive la glande. Mais ces moments de cerveau en mode vision tunnel, j’avoue que ça m’effraie. Et que j’aimerais que ça passe. Je l’aime bien, mon cerveau, vous voyez, et ça m’embête de le voir galérer comme ça.