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Mars III [en]

Je suis malheureux parce que je ne fonctionne pas et que je n’ai jamais fonctionné. En tant que jeune, je n’ai pas été jeune, en tant qu’adulte, je n’ai pas été adulte, en tant qu’homme, je n’ai pas été un homme ; à  tout point de vue je n’ai pas fonctionné. En plus de cela, pour que ce non-fonctionnement soit visible aux yeux du monde entier, voilà  que le corps, de manière à  la fois symbolique et conséquente, ne fonctionne pas non plus, il est malade, il est empoisonné, il est imprégné par la mort. Ce non- fonctionnement, cette mort, la mort des sentiments, la mort du corps, la mort de la vie, voilà  mon malheur. Ce n’est pas « compliqué », au contraire c’est logique, c’est clair, c’est simple, c’est comme ça.

Fritz Zorn, Mars

Mars II [en]

À présent on ne pouvait plus contester qu’en fait j’avais toujours eu bien raison et que mon impression avait été parfaitement correcte, que j’avais été séparé de tout le monde fondamentalement et en tout, et que tout ce que la vie m’avait offert jusqu’à  présent n’avait été que des bagatelles qui n’avaient rien changé à  ce seul fait important que l’essentiel m’avait manqué depuis toujours. Mais lorsque le cours de mes pensées eut atteint le point où fut prononcé le mot « essentiel », ce que c’était donc que cette chose essentielle apparut aussitôt avec évidence : l’amour, naturellement. Or il n’y avait là  rien de nouveau pour moi dans la mesure où, au fond j’avais toujours su, où d’ailleurs tout le monde sait et a toujours su et où chacun aurait pu me dire après avoir lu la première page de ce récit, dans quel domaine se situait ma maladie.

Mais c’était tout de même une nouveauté pour moi. J’ai beaucoup parlé dans ce récit du ne-pas-savoir et du ne-pas-vouloir-savoir et du fait que, quand on apprend une chose, il faut toujours aussi qu’on veuille d’abord savoir cette chose nouvelle avant qu’on puisse dire vraiment qu’on la sait. Au cours de ma vie, j’avais bien dit des sottises en parlant de mes « difficultés d’amour » sans m’avouer que j’aurais dû formuler la chose en disant que par manque d’amour je dépérissais et mourais. Quand quelqu’un est mort d’inanition, on ne dit pas, n’est-ce pas, qu’à  la fin de sa vie il a eu des « difficultés de nutrition », on dit qu’il est mort de faim. Lorsque je dis de moi que j’avais dit « difficultés d’amour », l’expression était à  peu près aussi juste que si j’avais des de quelqu’un qu’il avait des « difficultés de forme » après être passé sous un rouleau compresseur.

Il ne me restait plus qu’à  m’avouer que je n’avais pas eu lesdites « difficultés » mais que dans l’affaire absolument la plus importante de la vie j’avais complètement échoué, que je n’avais pas supporté ce manque essentiel, c’est pourquoi j’étais devenu fou (ou tout bonnement névrosé, pour employer encore une fois cet euphémisme bienséant) et que cette folie avait ensuite déclenché le cancer qui, à  présent, se préparait à  détruire mon corps.

Fritz Zorn, Mars

Bilan d'une tranche de vie [fr]

Je me souviens de ce long été, il y a sept ans de cela. J’avais tourné le dos à  la chimie en échouant mes examens et emménagé dans mon premier appartement, un joli une-pièce au centre-ville. Il y avait un placard immense dans lequel j’avais rangé tous mes habits, une cuisine séparée dans laquelle on pouvait se tenir confortablement, et une baignoire dans la salle de bains.

Je m’étais entraînée tout l’été, entre mes lectures et l’épluchage des fiches que m’avait données l’office d’orientation. Il y avait cette odeur de liberté dans l’air, parce que tout était possible. J’étais chez moi et mon avenir était entre mes mains. J’ai choisi les lettres.

Le début et la suite: Bilan d’une tranche de vie.

Drained Ramble [en]

Zürich-Lausanne train, 5:30 p.m.

Back in the fridge. Luckily, the carriage is packed with warm bodies and I actually did buy myself a jacket in Zürich station on arriving this morning. Quite a nice black jacket too; I’d been wanting one for some time now.

My brain has melted. Trips to Zürich are always nice, but intense. I had a crash course in forecasting and scheduling. I’ll probably be needing more once I get over this first bit.

Back to the “lifelog”? I went to see Hero last night at the Open Air cinema. Beautiful visuals, heroic story, choregraphed fighting scenes. I’ve been to the Open Air a lot this year. I’ll be going again on Wednesday.

The laptop is nice and warm on my knees now, just how I would have liked it this morning. I had to take my jacket off a few minutes ago — body heat seems efficient for countering A/C. Or maybe it’s because this is another type of carriage, which at least doesn’t spout cold air just next to the seats.

This being possibly one of the most boring things I’ve ever written, I think I’ll stop right here and avoid inflicting upon you the rest of the journey to Lausanne. I’d rather advise you to take a peek at what my brother has to say about Argentina, which he will be visiting for the next six weeks.

Frozen Ramble [en]

Lausanne-Zürich train, 10 a.m.

I sometimes get the feeling I spend my life being cold and hungry. They go together usually — one of the first signs of hunger is that I start freezing.

I’ve been in the train for two hours now, finished my book (About a Boy), and covered with goosebumps. Why does the A/C have to be set to winter-temperature when the air outside is as hot as it is? I’ll probably have to stop somewhere in Zürich to buy a jacket if I want to survive the trip home this evening. To say nothing of the day in the office, which has been called “The Fridge” in my mind for quite some time now.

One of the reasons I’m writing this is that I switched on the laptop with the hope that it would give out a bit of warmth. It gets really hot on my lap at times. Not now, of course. It’s behaving like car heating: I guess I’ll start feeling the heat once we enter Zürich station.

Some time from now, I might be provided with a wireless network connection for work. Just think about it! Internet on the train 🙂

You can probably be thankful I don’t write this kind of ramble more often, it’s turning out really lame. My brain hasn’t woken up yet.

Maybe a life update? I’ll be on holidays next week. I’ve been wanting holidays for ages. Now that they’re here, I’m going to spend them trying to translate a Hindi short story by Premchand, because I did my usual thing of waiting until it was too late before getting to work. (No, please don’t ask.) I did have a vague plan to go off somewhere exciting, but it didn’t happen; my last chances of escaping my sad fate as a future-ex-étudiante-éternelle have just drowned somewhere in the ocean. Maybe Aleika will come over a few days. That would be nice, as we haven’t seen each other in ages.

We’re in Zürich. Out of the freezer.

Irritating [en]

  • Car drivers who leave their indicator on at the red light by night.
  • Cashiers who put the coins on top of the banknotes when handing you change.