Mais sérieux, le suivi psy? [en]

Depuis hier j’écoute, scotchée, le podcast “Mon corps électrique” d’Arnaud Robert. Ecoutez-le, vous ne regretterez pas. C’est du grand podcast, tant sur le fond que sur la forme, qui n’a rien à envier à mes “références” anglo-saxonnes. Chapeau.

Je dois réagir au sujet qui fait surface dans l’épisode 6 (mais commencez au début, hein, écoutez tout). L’accompagnement psychologique, ou plutôt, l’absence criante de celui-ci – à ce stade en tout cas du podcast. Et de ce que j’en ai compris, je précise bien. Si j’ai surinterprété, corrigez-moi.

Je suis estomaquée. Comment peut-on imaginer une seule minute qu’un entretien unique avec un psychiatre afin d’évaluer si un participant est suffisamment stable pour prendre part à une étude dont l’enjeu est de récupérer de la mobilité dans un membre paralysé puisse suffire en matière de prise en charge de l’aspect “santé mentale” d’une telle démarche? Comment peut-on imaginer laisser à des médecins le soin de l’accompagnement psychologique? Un médecin n’est pas un psychologue. Un psychiatre n’est pas un psychologue, ni nécessairement un psychothérapeute, tant qu’à faire. Traverser des mois et des mois, des heures par jour, au service de la science et dans l’espoir d’un miracle, si petit soit-il, comment peut-on imaginer laisser les personnes concernées gérer ça sans impliquer un ou des professionnels de la santé mentale?

Ça fait écho, chez moi, à deux choses.

La première, évidemment, c’est mon accident. Sans mesure de comparaison avec ce qui est arrivé à Arnaud, ne devant “que” me débattre avec un syndrome post-commotionnel, qui plus est avec un pronostic qui a toujours été celui de la récupération complète. Mais pendant tous ces longs mois depuis mi-mars, j’ai heureusement pu compter non seulement sur des séances hebdomadaires avec ma psychothérapeute (psychologue) – un suivi qui était déjà en place avant l’accident, mais qu’on songeait à espacer, des rencontres régulières avec mon psychiatre, dont on a doublé la fréquence par rapport à avant l’accident, et un coaching hebdomadaire spécialisé “commotion”, accompagnant le programme d’entrainement cognitif auquel m’avait adressé mon neurologue. Honnêtement, il a bien fallu tout ça pour m’aider à garder la tête hors de l’eau – et ça continue. Et avant d’avoir le suivi spécifique à ce que je traversais (le neurologue et le coaching), à savoir la récupération d’un syndrome post-commotionnel, malgré mes ressources, le fait que j’étais entourée, le soutien, les autres professionnels de la santé (médecins, physios…), je me sentais très désemparée et livrée à moi-même face à mes difficultés et peurs pour mon avenir.

Cet écho, pour dire: après un accident qui change la vie, que ce soit de façon très visible (Arnaud) ou très peu visible (moi), la santé mentale c’est d’office pas de la tarte. Et aussi, qu’un accompagnement psychologique, quel qu’en soit la qualité, n’en vaut pas un autre, et qu’il y a un sens à en avoir/fournir un spécifique à ce que la personne traverse (par exemple, il y a des psychologues spécialisés pour les personnes en attente de transplantation d’organe).

Le deuxième écho, plus parlant peut-être, c’est la PMA (procréation médicalement assistée). Là aussi, le corps/la personne “subit” le parcours médical, même si c’est voulu, choisi, désiré. Suite au suicide d’une amie cet été qui était justement dans ce type de démarche, j’avais creusé un peu. Même si ce n’est pas quelque chose auquel on penserait spontanément, je pense que ça ne surprendra personne si je vous dit qu’un échec de FIV est un facteur de risque suicidaire conséquent. Ça paraîtrait donc indiqué qu’un parcours PMA soit d’office doublé d’un suivi psy spécialisé? Qu’on prépare les patientes à gérer les échecs qui jalonneront quasi-inévitablement leur parcours, et la perspective d’un échec complet, d’un deuil à faire qu’on cherche désespérément à éviter? Qu’on les sensibilise à l’escalade d’engagement que représente ce processus?

C’est loin d’être le cas. La PMA, c’est un processus où on vend du rêve, de l’espoir, où on paie de son corps, de son temps, de son argent, de sa souffrance, dans l’espoir (parfois peu réaliste, suivant l’âge) de porter un enfant et devenir mère. On s’occupe du corps, et on les laisse se débrouiller avec les retentissements psychologiques.

Je range les échos et je reviens au podcast d’Arnaud et ce que l’écoute de cet épisode 6 en cours m’inspire. Je me dis qu’il semble y avoir, dans certains milieux médicaux, une naiveté extraordinaire concernant ce qui touche à la santé mentale. Je suis consternée. Consternée.

Note: ce billet a commencé sa vie en tant que “petit truc à vite partager sur Facebook“.

Allez, comme on est sur le blog, quelques liens en plus en rapport avec le podcast:

Stories to Listen to, Moderating Blog Comments, Teaching Blogging [en]

[fr] Deux ou trois épisodes de podcasts à écouter. Quelques réflexions sur les commentaires de blog (spam ou non?) et la difficulté d'apprendre à bloguer.

Listen to Greetings from Coney Island. I swear you won’t be disappointed. Just don’t make the same mistake I did, and be a bit distracted early on, not realising there are two parallel stories, told by two women with (to me) very similar voices. I actually reached the end of the story before realising I had missed the whole point, so I listened to it all again. It was worth it.

vue cham

Another episode of Love+Radio reminded me of a Moth story I heard quite a long time ago now. It’s about a volunteer at a suicide prevention hotline. That story made me understand something about suicide (which I am lucky not to know from the inside): it’s not about wanting to die, it’s about wanting the pain to stop. Like many Moth stories, it’s beautifully told and very moving. Well worth the small moment of your life you will spend listening to it.

I know, this blog is turning into a podcast review. But not only. See.

One of the challenges I face as editor-in-chief of Open Ears is approving comments. Not so much because we publish controversial articles that have people biting each other’s heads off in the comments (not at all, actually), but more because

  1. spambots are getting better and better at sounding human
  2. some humans are sounding more and more like spambots.

About the latter: people like me have been saying for years that a great way to get your website or blog known is to comment on other blogs. But that’s not quite the whole story. Aligning fluffy or self-promotional comments on other people’s blogs might get your “nofollowed” links out there, but isn’t really going to do what matters, which is encouraging people to actually know you and read your stuff because they’re interested. Clicks and visits only really mean anything if they come from the heart.

So what does work? Well, actually, being a valued member of the communities you are part of. At the time, during the Golden Age of Blogging, leaving meaningful comments on blogs you read and linked to was a way of being that. It’s not about the links, it’s about the place you respectfully take or are given willingly. Add value. Be helpful. Try and make friends. That’s the spirit of “leaving comments”.

Which brings me to an important piece of blogging advice I came up with while trying to teach my latest batch of students the basics of blogging (it was, to put it kindly, a mixed success): blog about stuff that’s in your head. Write about what you know. If you have to google around to factcheck this or that, find a link, or look up a detail, that’s fine. But if you find yourself doing research and reading up to gather the material for your blog post (and the post is not about your research), chances are you’re “doing it wrong”.

Blogging is this weird thing which as at the same time so easy (for “natural bloggers”) but so hard to learn or teach. I think that is because it touches upon “being” more than “doing”. It’s about daring a certain degree of authenticity that we are not encouraged to wear in our school or professional lives. And it’s definitely not how we learn to write. In a way, teaching blogging is a bit like trying to teach people to dare to be themselves in public. This makes you think of Brené Brown and vulnerability, does it not? Exactly. And that is why, I think, blogging is a powerful tool to connect people.