Allez, je vais faire un peu ma Nadine de Rothschild, et vous proposer une petite séance de savoir-vivre blogosphérique. Les manières pour les manières, c’est clair, c’est barbant, mais elles ont généralement un sens. En l’occurence, faire preuve de bonnes manières lorsque l’on laisse un commentaire sur le blog de quelqu’un, c’est avant tout:
- s’assurer que celui-ci ne sera pas confondu avec du spam
- lui assurer au moins une chance de publication.
Mais de quelles bonnes manières est-ce que je parle? Etre poli, c’est bien joli (en effet, même sur un blog, être respectueux et éviter d’insulter son prochain passe toujours bien) — mais est-ce que ça m’évitera d’être confondu avec un spammeur?
Je m’explique un peu avant de vous donner ma petite liste de préceptes à suivre (ou ne pas suivre). Les spammeurs sont malins. Les créateurs de filtres anti-spam (comme Akismet) le sont aussi. On assiste à une véritable course aux armements, et les spammeurs font tout ce qu’ils peuvent pour embrouiller les filtres à spam, et faire en sorte que leur spam ressemble à un véritable commentaire. (C’est exactement le même processus pour ce qui est du spam d’e-mails.) Parfois, il n’est pas aisé de reconnaître au premier coup d’oeil (même pour un blogueur expérimenté) s’il s’agit ou non de spam.
Une autre plaie des commentaires de blog, c’est la déferlante de marketeux ou autres individus auto-promotionnels maladroits ou carrément imbéciles: mon blog n’est pas une plate-forme de promotion pour autrui, et l’art de ramener du traffic vers son blog en laissant ailleurs des commentaires est délicat, et doit être manié avec goût.
Donc, histoire d’éviter que votre commentaire se retrouve à la poubelle (ou pire, dans le piège à spam), voici ce que je vous recommande.
- Signez de votre nom: vous avez un nom, utilisez-le. Une discussion a lieu entre êtres humains. Si vous signez du nom de votre boîte, c’est au mieux déplaisant (je ne discute pas avec des boîtes, moi), au pire une utilisation de mon blog comme plateforme publicitaire. Il va sans dire qu’un pseudonyme bien établi peut servir de nom, mais attention: je ne fais pas une enquête en ligne au sujet de l’auteur de chaque commentaire que je dois approuver, donc à vos risques et périls.
- Donnez une URL personnelle: à la base, les commentaires se faisaient entre blogueurs, et le champ URL ou “site web” était là, bien évidemment, pour qu’on y mette l’adresse de son blog. L’adresse, donc, d’un site personnel qui pourra informer sur l’auteur du commentaire. En près de neuf ans, le paysage a certes changé, mais si l’URL que vous fournissez ne semble pas mener au “site de quelqu’un”, mauvais point. Faire un lien vers un article particulier pue l’auto-promo excessive, la plupart du temps. Un lien vers le site de son entreprise, c’est limite: n’avez-vous pas d’autre identité que celle d’employé? Si vous êtes là pour représenter votre boîte, à la limite… mais cela ne marchera bien que dans un contexte de support.
- Orthographe! Je sais que je suis parfois une pinailleuse sur ce sujet (ex-prof de français, on ne se refait pas), mais là aussi, il y a les limites raisonnables et le dépassement de ces limites. Language SMS-kikou-lolllll? Passez votre chemin (votre commentaire, en tous cas, passera le sien). Ponctuation et orthographe frisant l’illétrisme? Préférez un commentaire vidéo (lien Seesmic en bas de chaque champ de commentaires). On a le droit de faire des fautes, tout comme on a le droit de sortir mal vêtu. Mais pas tout nu.
- Ajoutez de la valeur: de nombreux spammeurs essaient de pourrir les filtres en laissant des commentaires gentils comme “super article!” ou encore “merci, ça m’a été très utile”. On apprend vite à ne pas se laisser aveugler par la flatterie! Si vous laissez un commentaire, assurez-vous que vous apportez quelque chose aux lecteurs futurs de l’article commenté. Sinon… abstenez-vous. Si on se connaît, c’est différent, mais si on ne se connaît pas, s’arrêter pour “lâcher un comm'” un peu vide, ce n’est pas une entrée en matière très respectueuse de l’autre.
- Freinez vos élans dissertatifs: les commentaires sont là pour apporter des compléments d’information à l’article principal, ou héberger un débat ou une discussion y prenant naissance. Veillez donc à ce que vos contributions soient digérables dans un contexte conversationnel. S’il vous prend l’envie de partir dans une envolée lyrique sans fin, ou de rédiger sur un coup de tête votre travail de thèse, votre blog est le meilleur endroit pour le faire. Laissez ensuite un commentaire aux dimensions modestes incluant un lien vers votre article. Pas de blog? C’est par ici. Je ne dis pas qu’on ne peut pas faire de longs commentaires, juste… qu’il y a des limites. (Une dissertation dans les commentaires d’autrui, c’est soit dit en passant le meilleur moyen de tuer toute conversation en ayant justement l’air de lancer le débat.)
- Restez dans le sujet: l’article que vous commentez parle d’un problème de ventilateur MacBook? Evitez d’y laisser un commentaire détaillant votre dernière visite de Rome (sauf éventuellement si c’est en lien avec un problème de ventilateur MacBook). Les conversations dévient, on peut parler de choses en rapport par association, mais si le lien n’est pas évident, ça ne fait pas de mal d’expliquer pourquoi on laisse le commentaire qu’on laisse.
- Publicisez avec doigté: si vous êtes là pour (entre autres, on l’espère) attirer l’attention sur un autre produit ou article, réfléchissez à deux fois et dégainez votre tact. Est-ce que votre commentaire apporte véritablement quelque chose aux autres lecteurs, ou n’est-il qu’un prétexte à pousser un lien, un nom, ou une idée? Avez vous assez de “capital social” pour le faire? (Tiens, une idée d’article vient de germer dans mon cerveau…) — Chez moi, les commentaires trop franchement publicitaires (à plus forte raison si je n’en connais pas l’auteur) passent direct à la trappe. Dans le doute, abstenez-vous.
- Politesse, respect, tout ça: ça ne fait jamais de mal de le redire, mais personne n’est obligé d’accepter dans son salon un individu irrespectueux, malpoli, et qui crache par terre. Vos commentaires sont votre présence dans le salon du blogueur qui les héberge. On peut ne pas être d’accord (c’est même là pour ça, les commentaires) — mais un minimum de politesse et de respect s’impose.
Comme vous le voyez, les trois premiers conseils ont vraiment trait à la forme ou aux métadonnées de votre commentaire. C’est la première chose que regardera celui qui modère les commentaires (avec un coup d’oeil au contenu).
Et vous autres blogueurs, quelle politique exercez-vous pour la validation de commentaires sur votre blog? Durant longtemps, j’ai tout tout tout publié (sauf le spam), mais ces dernières années, le spam devient parfois franchement difficile à distinguer de certains commentaires vides de contenu et de présence humaine, et je sabre donc plus lourdement qu’auparavant dans les commentaires “douteux”.