Lecture [en]

IUCAA, 14 août 01, 23h00

Je suis en train de lire Si c’est un homme de Primo Levi. Récit de camp de concentration, lecture difficile — peut-être à  cause d’une sensibilité fragilisée par ce voyage — durant laquelle j’ai dû quoi qu’il en soit à  plusieurs reprises poser le livre quelques minutes avant de pouvoir continuer mon chemin à  travers ces mots disant tant de souffrance et d’humiliation.

Le plus dur est ce constat de Primo Levi qui se dessine au fil des pages: ce n’est pas le meilleur qui survit au camp, ni le plus digne, ni le plus courageux. Le camp pervertit l’humanité, et pour y survivre, il faut intégrer cette perversion. Etre un bon travailleur de camp qui “fait ses heures” et “se contente de sa ration”, c’est se destiner à  finir plutôt tôt que tard sous forme d’un petit tas de cendres. Les valeurs morales de notre société ne peuvent plus s’appliquer, et c’est le règne de la dé-solidarité.

Primo Levi attribue les principales raisons de sa survie à  la chance et au hasard, et même si au fond je sais à  quel point le hasard joue dans nos vies, je ne peux me résoudre à  l’accepter. Je crois bien trop fort que nous sommes maîtres de nos destins, et que le cas échéant, une providence doit veiller sur nous. Le fait que la vie ou la mort dépende du hasard me révolte.

Mis à  part le fait qu’en tant que femme, j’aurais eu bien peu de chances de finir dans un camp de travail, je ne peux m’empêcher de me demander si donné les circonstances, j’aurais fait partie des élus ou des damnés. Et bien pire, je ne puis décider ce qui eût été préférable…

Life [en]

For any of you who were wondering, we made it home to Switzerland safely last night. Bagha was waiting for me, plump and hungry, and the temperature was so hot (even at 3:30 am!) that sleeping was near to impossible.

I’m deep in the Hitchhicker’s Guide to the Galaxy, and wondering how I managed to live so long without reading it.

Mars and Venus [en]

After a long and fruitful phone call with my sister, we have reached the following conclusions:

  • we both are “John Grayish” in our way of viewing relationships
  • most women who think John Gray is a backwards machist keen on bringing relationships back to the previous century have enough anger stocked up against men to last them a rather long time; the same phenomenon can be observed for a certain type of “man-hating feminism”
  • most men who think John Gray is a brutish machist with no sensitivity have enough wagons of anger against women at their disposal to last them a rather long time; they also seem to have a healthy load of anger against men, too, and to have dismissed a good part of their masculinity
  • inspired by the previous observation, we notice that the women stated above tend to have a troubled relationship with their “inner woman”
  • all this brings us to believe that the healthy development of one’s inner man is dependant on one’s overall relationship with women, and vice-versa

The observations above are generalities based on our personal experience. There are (and will always be) exceptions. Please do not feel free to flame if you disagree.

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Paroles [en]

Depuis ma plus tendre enfance, j’ai la vicieuse
tournure d’esprit de me considérer comme différent du commun des mortels.
Cela aussi est en train de me réussir.

*

Les ânes voudraient que j’observe pour moi-même
les conseils que je proclame pour les autres. C’est impossible puisque moi
je suis complètement différent…

Salvador Dali, Journal d’un génie

Le fait que moi-même, au moment de peindre, je ne
comprenne pas la signification de mes tableaux, ne veut pas dire que ces
tableaux n’ont aucune signification: au contraire leur signification est
tellement profonde, complexe, cohérente, involontaire, qu’elle échappe à 
la simple analyse de l’intuition logique.

Salvador Dali, Oui

Flot [en]

L’intégralité de l’oeuvre de Maeterlinck a été mise à  l’Index, si jamais vous aviez des doutes. Ils ne sont pas beaucoup à  avoir eu cet “honneur”.

Paroles de Maeterlinck II [en]

Notre soif de justice vient uniquement de l’idée anthropomorphe que nous nous faisons de Dieu.

*

Le libre arbitre et la préscience divine sont ou universelle sont inconciliables.

*

Chercher Dieu, c’est se chercher sur les hauteurs.

*

Maurice Maeterlinck, L’ombre des ailes

Paroles [en]

Car il n’est pas normal d’être mort aujourd’hui, et ceci est nouveau. Etre mort est une anomalie impensable, toutes les autres sont inoffensives en regard de celle-ci. La mort est une délinquance, une déviance incurable. Plus de lieu ni d’espace/temps affecté aux morts, leur séjour est introuvable, les voilà  rejetés dans l’utopie radicale – même plus parqués: volatilisés.

Jean Baudrillard, L’échange symbolique et la mort

Paroles de Maeterlinck I [en]

[…] l’enfant qui se tait est mille fois plus sage que Marc-Aurèle qui parle. Et cependant, si Marc-Aurèle n’avait pas écrit les douze livres de ses Méditations, une partie des trésors ignorés que notre enfant renferme ne serait pas la même.

Maurice Maeterlinck, introduction à  “Fragments” de Novalis

Notes de lecture [en]

Mathématiques et logique, situées comme elles le sont au centre de notre organisation conceptuelle, tendent à  se voir accorder une telle immunité, conséquence de notre préférence conservatrice pour les révisions qui dérangent le système le moins possible; et là  réside peut-être la “nécessité” dont nous sentons que jouissent les lois des mathématiques et de la logique.

Finalement, il revient peut-être au même de dire, comme on le fait souvent, que les lois des mathématiques et de la logique sont vraies simplement en vertu de notre organisation conceptuelle. […]

Il faut toutefois remarquer à  présent que notre préférence conservatrice pour les révisions qui dérangent le système le moins possible a contre elle une force adverse importante, une force en faveur de la simplification. […]

Les lois logiques sont les énoncés les plus centraux et les plus décisifs de notre organisation conceptuelle, et pour cette raison les mieux protégés de la révision par la force du conservatisme; mais, toujours à  cause de leur position décisive, ce sont aussi les lois dont une révision convenable pourrait provoquer la simplification la plus radicale de notre système de connaissance tout entier.

W.V.O Quine, Méthodes de logique, p. 13

Notes de lecture [en]

Oswald Ducrot (en collab. avec M.-C. Barbault), dans La preuve et le dire (p. 85).

Cette étude est destinée à  illustrer la façon dont nous concevons la mise en rapport des opérateurs logiques et des mots du langage ordinaire. Il ne s’agit en aucun cas, on le verra, d’élaborer un code permettant de traduire automatiquement une langue dans l’autre. Au contraire, nous sommes persuadés que la traduction linguistico-logique (plus encore que celle qui va d’une langue naturelle à  une autre) exige, à  chaque fois, une réflexion spécifique, qui porte, d’une part, sur l’énoncé à  traduire, et, d’autre part, sur les possibilités d’expression de la langue dans laquelle on traduit.

Le projet de l’article présenté ici recouvre celui du travail de séminaire que je suis en train de rédiger. On ne s’étonnera donc pas que cet intéressant ouvrage de Ducrot soit une de mes sources principales.

Le point sur la traduction linguistico-logique me paraît tout à  fait pertinent. Certes, la nécessité de cette réflexion spécifique à  chaque cas frappera d’autant plus lors de la traduction d’une langue “organique” dans une langue artificielle (aux visées sémantiques plus précises et restreintes). Mais cette remarque reste parfaitement appliquable à  la traduction dans le cadre des langues naturelles.