Inondation [en]

J’ai envie d’écrire depuis plusieurs jours. Ma vie a été pleine, tant que je n’ai presque pas allumé l’ordinateur. Pleine de gens aussi, et j’ai besoin de solitude pour écrire. Mais je ne m’en plains pas.

J’ai beaucoup à  dire, mais je suis bien trop fatiguée pour le faire. Les jours à  venir ne me laisseront pas non plus de répit. Il va donc falloir que je déverse tout ça en version abrégée.

Les examens se sont bien passés – j’attends les résultats. J’aurais voulu m’étaler sur le plaisir retrouvé de l’étude, dont j’avais perdu le goût depuis longtemps. Dire aussi le départ en Angleterre, les jours passés dans ma famille adoptive (ou adoptée?) de Birmingham, le voyage à  Londres, les frissons durant la pièce, l’avion du retour presque raté après un trajet en train interminable… Le cinéma, les discussions, les repas, le verre de Martini, la robe, la chaleur, ce mot de sept lettres en “A” avec lequel la petite famille apprend à  vivre, le dentifrice d’Akirno, ses pleurs et ses rires…

Le retour au travail un peu mouvementé, mon chat qui sent bon, la bibliothèque de l’université quand il n’y a plus que moi dedans, les livres dans ma valise, la fatigue d’avoir vraiment vécu.

Vous voyez, je n’arrive pas à  vous raconter. Il faudrait dire aussi les grands changements que subit ma vie ces jours, les décisions qui sont en train de se prendre, les prises de conscience et le sol sous mes pas. Ça viendra, mais d’abord, il me faut manger et dormir.

Rêve [en]

Ce matin, un rêve a refusé de me laisser tranquille. Je l’ai attrapé et collé sur du papier: Fantôme!

Naissance [en]

Le 7 juillet 1974, naissance de Stephanie Jane...

Et pas n’importe laquelle: la mienne. Deux carnets, trésor retrouvé au fond d’une boîte bleue en métal, mémoire d’un passé sinon oublié.

Studies [en]

Just in case you were wondering what my final philosophy exam was about: Ricœur and Changeux: What Makes Us Think?

Vacances [en]

Les vacances s’étiraient interminablement devant et derrière elle. Une grande plaine de vide, morne et grise.

Elle avait épuisé les activités qu’elle pouvait mener d’elle-même. Elle avait ralenti et n’attendait plus que la rentrée, là , dans plusieurs semaines.

Tout serait simple. On lui dirait quoi faire, elle le ferait, on serait content d’elle, elle serait heureuse en retour. C’est important de faire pour quelqu’un.

Sans le regard des autres, d’ailleurs, elle n’existait pas vraiment. C’est pour cela qu’elle n’aimait pas l’été. Trop long, trop vide, plus personne ne la regardait.

Procrastinons [en]

Il y a la fuite. Et il y a la fuite de la fuite.

C’est cette dernière qui empêche la fuite d’être productive.

Refus [fr]

Franchement, je préfère ne pas y aller. Il fait noir là-dedans, et il y a des loups. Je te promets, j’en ai même vu, une fois. Puisque je te dis. Je ne m’en sors pas si mal. Tu vois, si je reste debout comme ça assez longtemps, je ne sens plus rien. Donc c’est pas si grave. Je vais attendre que ça passe.

Et puis il y a des moments où je peux même jouer. Ça ne me fait rien quand je joue. C’est quand même mieux que d’aller me promener dans le noir avec les loups!

Tu veux vraiment que j’y aille? Ah non, pas question! Tu ne me feras pas aller là-dedans. Je suis plus forte que toi, tu sais. Surtout quand j’ai peur. Ben oui j’ai peur d’aller toute seule dans le noir! Ah bon? tu veux venir avec moi? Quelle idée! Oui mais bon, ça va rien changer. Il fera toujours aussi noir. Et tu ne pourras pas me sauver des loups.

Non, non et non! Tu ne me feras pas aller. Je m’échapperai! J’oublierai le chemin. Je me perdrai. Je veux rester tranquillement ici. Ça finira bien par s’arranger tout seul, je le sais. Si.

Non, je ne bougerai pas. Puisque je te dis que je n’ai pas de problème! Tout va bien! Mais oui, promis. Regarde, est-ce que j’ai l’air d’aller mal? Je me débrouille très bien toute seule. Je n’ai besoin de personne! Personne, tu entends? Pas même toi!

Tu ne comprends pas que si je suis ici, c’est bien parce qu’il m’est impossible d’aller dans cette saleté de forêt? Les loups ont déjà failli me manger une fois. Ils m’ont attaquée, mordue, déchirée. Alors je me suis mise en boule et j’ai fait la morte. Je ne sais plus trop bien ce qu’il s’est passé ensuite. Peut-être que je me suis endormie, ou alors les loups sont partis, je ne sais plus. Je me suis retrouvée ici &mdash j’avais tellement mal que je ne pouvais plus bouger.

Je suis restée longtemps immobile. J’ai oublié la douleur. Ou bien je m’y suis habituée, je ne sais pas trop. J’ai réappris à  marcher. Je cache mes cicatrices sous de longs habits.

Je suis allée m’installer le plus loin possible des loups. Parfois je les entend hurler la nuit. Alors je me réveille, en sueur, et j’ai mal partout comme s’ils étaient là, à planter leurs dents dans mon corps.

Mais en général ils ne me dérangent pas. Ils sont loin, dans la forêt noire. Moi je reste à  la lumière. Je reste sans bouger à  fixer le ciel, et je ne sens plus rien. Ça me va tout à fait. Un jour ça passera, quand quelqu’un sera venu tuer les loups pour moi. Mais je préfère attendre, je ne veux pas aller là-bas.

Alors arrête de m’embêter, d’accord? J’irai pas. J’ai pas envie d’avoir mal.